lundi 13 juin 2011

Le chef du Parlement européen appuie à Gaza la réconciliation palestinienne

13/06/2011
Le président du Parlement européen Jerzy Buzek s'est prononcé lundi à Gaza pour la formation du gouvernement palestinien d'indépendants que négocient le Fatah et le Hamas, jugeant "important" qu'il reconnaisse Israël et respecte les accords signés.
"Nous soutenons un gouvernement d'unité en Palestine, mais il est très important que ce gouvernement reconnaisse le droit d'Israël à exister et les accords antérieurs", a déclaré lors d'une conférence de presse à Gaza M. Buzek, au début d'une visite de quatre jours dans les territoires palestiniens et en Israël.
Il a estimé nécessaire que "le nouveau gouvernement d'unité se tienne à l'écart des négociations" avec Israël et soit placé sous l'autorité du président Mahmoud Abbas.
Le Fatah de M. Abbas, qui gouverne les zones autonomes de Cisjordanie, et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza doivent reprendre mardi au Caire leurs discussions sur la formation de l'exécutif transitoire d'indépendants prévu par leur accord de réconciliation conclu le 27 avril.
Le président du Parlement européen a par ailleurs estimé "nécessaire de lever le blocus de Gaza", imposé par Israël après la capture d'un de ses soldats en juin 2006 et renforcé un an plus tard à la suite de la prise de contrôle du territoire par le Hamas.
"Il est impossible de développer l'économie, l'éducation, et il est également impossible pour les habitants de Gaza de se sentir libres", a-t-il souligné.
L'UE a accueilli favorablement la réconciliation palestinienne mais considère le Hamas comme un mouvement "terroriste", exigeant pour traiter avec lui la reconnaissance d'Israël, la renonciation à la violence et le respect des accords signés. 

Netanyahu remercie Rome de s'opposer à la reconnaissance d'un État palestinien

13/06/2011
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a remercié lundi son homologue italien Silvio Berlusconi pour l'opposition italienne à la reconnaissance d'un Etat palestinien à l'ONU, lors d'une conférence de presse conjointe à Rome.

Une député américaine veut suspendre le financement de l'ONU si elle reconnait l'Etat palestinien

13/06/2011
Washington – PNN – Une des principales députés républicaine, présidente de la commission des affaires étrangère de la chambre des représentants, Ileana Ros_Lehtinen, prépare un projet de loi qui interdirait tout participation financière des États-Unis aux organes des Nations Unies qui reconnaitrait un État Palestinien ou qui changerait le statut de l'OLP.
Si une branche de l'ONU venait à accorder une telle reconnaissance, que se soit en passant par une résolution des Nations Unies ou par l'octroie d'une adhésion de la Palestine à tout organisme de l'ONU, elle ne recevrait plus aucun financement de la part des USA.
Cette mesure serait incluse dans un grand projet de loi visant à réformer l'ONU, que la député espère voir déposé les prochaines semaines.
Son bureau a déclaré que cette décision aurai comme objectif que les États-Unis ''s'opposent aux efforts de l'Autorité Palestinienne de se soustraire à un règlement de la situation négocié avec Israël, sapant l'objectif de paix en cherchant une reconnaissance de facto d'un État palestinien par l'ONU''.
En septembre prochain, le Président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a prévue de plaider en faveur de la reconnaissance de la Palestine par une déclaration d'indépendance unilatérale aux Nations Unies. Bien que les USA vont certainement utiliser leur droit de veto au Conseil de Sécurité, l'Assemblée Générale devrait elle adopter un déclaration symbolique.1
Le Président Obama a répété mardi, lors d'une conférence avec la chancelière Allemande, sa désapprobation concernant une telle évolution. ''Nous sommes d'accord pour dire que toute action unilatérale -telle que la demande des Palestinien sur la déclaration d'un État à l'Assemblée Générale de l'ONU- doit être évitée'' a-t-il dit.
Et il ajouta ''Les principes que j'ai évoqué le mois dernier comme base de négociations entre israéliens et palestiniens'' qui suppose les frontières de 67 et des échanges de territoires négociés, ''serait la base d'un État palestinien''.
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Le Gouvernement Israelien Autorise l'Exploition des ressources gazières au large de Gaza

13/06/2011 
Tel Aviv – PNN – Le ministère israélien de l'infrastructure a demandé à la compagnie pétrolière Nobel Energy la permission de commencer à exploiter les ressources gazières trouvées au large de la bande de Gaza, sous prétexte qu'Israël craint une pénurie d'ici la fin de l'année.
Durant une conférence de presse ce lundi, le ministre israélien de l'infrastructure a déclaré qu'il a officiellement demandé à Nobel Energy de présenter un programme de travail pour commencer le forage et le développement des gisements dès juillet.
Le ministère a expliqué que la raison d'une demande officielle avant de forer vient du fait que le filon se trouve à proximité des eaux territoriales de la bande de Gaza.
Israël importe son gaz naturel de l'Égypte grâce à un accord qui lui permet de l'acheter en dessous du prix du marché. Mais après la Révolution égyptienne et la chute de Moubarack, le peuple égyptien a demandé que la distribution de gaz vers Israël cesse, jusqu'à ce qu'un nouvel accord qui lui permettrait de bénéficier en premier de ses ressources naturelles soit signé.
Une grande concentration de gaz naturel a été trouvée au large de Gaza et le groupe pétrolier britannique et son partenaire libanais ont obtenue le droit de l'exploiter et de le commercialiser grâce à un accord signé avec l'autorité palestinienne en novembre 1999.
La compagnie britannique a déjà implanté deux puits gazier nommés Gaza Marine 1 et Gaza Marine 2. D'après le groupe britannique, les réserves naturelles au large de Gaza sont estimées à 1,5 milliard de mètres cubes, ce qui représente une valeur nette de 4 milliards de dollars.
Chossodovsky, économiste canadien, estime quant à lui que la quantité de gaz présente en Palestine est bien plus importante, ajoutant que cela pourrait faire du future État Palestinien un pays aussi riche que le Koweït, en raison de la faible population de Gaza et de la Cisjordanie.
Nobel Energy est une entreprise américaine basée à New York qui exploite du pétrole et du gaz partout dans le monde.
Dmitry Dliani, haut fonctionnaire du Fatah, estime de la décision du ministère israélien est un permit de voler le gaz de Gaza, ainsi qu'une atteinte aux Droits des Palestiniens. Dliani a demandé la protection de la communauté internationale pour préserver les ressources naturelles palestiniennes de Gaza.

Appel en faveur de la Flottille de la Liberté II depuis Gaza assiégée, en Palestine occupée

Gaza - 13 juin 2011
Par Gaza
12 juin 2011 - Nous, Palestiniens de la Bande de Gaza assiégée, disons aujourd'hui, cinq ans après le début du bouclage de Gaza : assez d'inaction, assez de discussions, assez d'attente - le siège de la Bande de Gaza doit prendre fin. Peu après les élections démocratiques de 2006, supervisées par des personnalités et des organes de la communauté internationale, des nations qui apportaient leur soutien aux organismes caritatifs et culturels à Gaza ont retiré leur aide. A la mi-2007, nos frontières, contrôlées par Israël et par l'Egypte, ont été totalement fermées, enfermant les Palestiniens et empêchant les importations et les exportations de traverser nos frontières.
Appel en faveur de la Flottille de la Liberté II depuis Gaza assiégée, en Palestine occupée
Le port de Gaza (photo Mohammed Omer)
Du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, Israël a lancé un massacre tout azimuth sur Gaza, tuant plus de 1500 Palestiniens, dont la grande majorité étaient des civils et parmi eux plus de 430 enfants, et détruisant des milliers de maisons, de commerces, d'usines et de bâtiments, dont des universités, des écoles, des hôpitaux et des centres de soins, et ravageant nos systèmes d'eau et d'assainissement.
Deux ans et demi après la fin des attaques d'Israël, presque aucune maison et très peu d'immeubles ont été reconstruits, notre système d'assainissement et d’égout est plus inopérant que jamais, les déchets continuent d'être déversés dans notre mer - par manque d'usines de retraitement adéquates - polluant notre eaux et les poissons le long de la côte où les pêcheurs sont obligés de pêcher parce qu'il leur est interdit de travailler dans les 20 miles nautiques de mer accordés aux Palestiniens selon l'accord d'Oslo - contaminant notre eau potable et nos aliments.
Les soldats israéliens continuent de tirer sur nos fermiers, le long de notre frontière, et les empêchent de travailler leur terre, de la cultiver et d'y faire des récoltes, nous refusant une ressource riche en produits et en vitamines. Les carences nutritionnelles et la malnutrition continuent d'augmenter, affectant la croissance de nos enfants et leur capacité à faire des études. Notre économie est en faillite par manque d'usines qui fonctionnent et d'électricité. Nos étudiants ont peu ou pas de perspectives de sortie pour faire leurs études à l'étranger, même lorsqu'ils obtiennent des places et des bourses, à cause du contrôle israélien du passage d'Erez et du contrôle égyptien du passage de Rafah, qui est plus souvent fermé qu'ouvert. Nos malades souffrent du manque de médicaments, de fournitures et d'équipements médicaux.
En 2005, plus de 170 organisations palestiniennes ont appelé au Boycott, au Désinvestissement et aux Sanctions pour faire pression sur Israël jusqu'à ce qu'il se conforme au droit international. Depuis 2005, des Palestiniens se rassemblent toutes les semaines dans des villages de Cisjordanie occupée et à Jérusalem Est occupée pour protester contre la politique d'occupation d'Israël.
Les initiatives civiles créatives comme les bateaux de Free Gaza, qui ont forcé le siège cinq fois, la Marche de la Liberté pour Gaza, la Flottille de la Liberté pour Gaza, et les nombreux convois terrestres ne doivent jamais arrêter leurs tentatives de briser le siège, ils mettent en lumière l'inhumanité qui consiste à maintenir 1,5 million de Gazaouis dans une prison à ciel ouvert.
Le 2 décembre 2010, 22 organismes internationaux, dont Amnesty, Oxfam, Save the Children, Christian Aid et Medical Aid for Palestiniens ont publié le rapport "Des espoirs réduits à néant - prolongement du blocus de Gaza" et ont appelé à une action internationale pour obliger Israël à lever inconditionnellement le blocus, disant que les Palestiniens de Gaza sous siège israélien continuent de vivre dans les mêmes conditions désastreuses. Human Rights Watch a publié un rapport complet, "Séparés et Inégaux" qui dénonce la politique israélienne comme étant de l'apartheid, en écho à des sentiments similaires par des activistes anti-apartheid sud-africains.
L'ouverture du passage de Rafah annoncée récemment doit encore être mise en vigueur. Même lorsqu'elle sera effective, elle signifiera peu de chose pour ce qui concerne les importations et les exportations de marchandises entrant et sortant de Gaza, et elle n'améliorera pas la détresse des pêcheurs et des fermiers, ni les taux de chômage et de pauvreté fabriqués de Gaza.
Nous demandons que les citoyens du monde s'opposent à ce blocus meurtrier et médiéval. Le fait que les Nations Unies et ses nombreux organismes n'aient pas condamné de tels crimes montre leur complicité. Seule la société civile est à même de mobiliser et d'exiger l'application du droit international pour mettre fin à l'impunité d'Israël. L'intervention de la société civile a été efficace, à la fin des années 1980, contre le régime d'apartheid d'Afrique du Sud. Nelson Mandela et l'archevêque Desmond Tutu ont non seulement décrit le contrôle oppressif et violent des Palestiniens par Israël comme de l'apartheid, mais ils se sont également joint à cet appel d'une nouvelle intervention de la société civile mondiale.
Nous appelons les organisations de la société civile du monde entière à intensifier les campagnes de sanctions anti-Israël pour l'obliger à mettre fin à son agression. Nous appelons les nations et les citoyens du monde qui participent à la Flottille de la Liberté 2 à maintenir leur projet de venir à Gaza, où les Palestiniens seront heureux de les accueillir. Les initiatives de la société civile des Flottilles de la Liberté prennent position pour la justice et la solidarité avec les Palestiniens assiégés quand vos gouvernements ne le font pas.
Nous appelons les initiatives des flottilles à croitre et à continuer à prendre la mer jusqu'à ce que le siège sur Gaza sont entièrement levé et que les Palestiniens de Gaza jouissent des droits humains fondamentaux et la liberté de circulation, comme tous les autres citoyens du monde.

Signé par :
University Teachers' Association
Palestinian Nongovernmental Organizations  Network
Al-Aqsa University
Palestine Red Crescent Society in Gaza
General Union of Youth Entities
Arab Cultural Forum
General Union for Health Services Workers
General Union for Public Services Workers
General Union for Petrochemical and Gas Workers
General Union for Agricultural Workers
Union of Women’s Work Committees
Union of Synergies—Women Unit
Union of Palestinian Women Committees
Women’s Studies Society
Working Woman’s Society
Palestinian Students’ Campaign for the Academic Boycott of Israël
One Democratic State Group
Palestinian Youth against Apartheid
Association of Al-Quds Bank for Culture and Info
Palestine Sailing Federation
Palestinian Association for Fishing and Maritime
Palestinian Women Committees
Progressive Students Union
Medical Relief Society
The General Society for Rehabilitation
Afaq Jadeeda Cultural Centre for Women and Children
Deir Al-Balah Cultural Centre for Women and Children
Maghazi Cultural Centre for Children
Al-Sahel Centre for Women and Youth
Ghassan Kanfani Kindergartens
Rachel Corrie Centre, Rafah
Rafah Olympia City Sisters
Al Awda Centre,
Rafah Al Awda Hospital,
Jabaliya Camp Ajyal Association,
GazaGeneral Union of Palestinian Syndicates
Al Karmel Centre,
Nuseirat Local Initiative,
Beit Hanoun Union of Health Work Committees
Red Crescent Society Gaza Strip
Beit Lahiya Cultural Centre
Al Awda Centre, Rafah  
Al-Quds Bank for Culture and Information Society
Women section -union of Palestinian workers  syndicate
Middle East Childrens’  Alliance -Gaza
Local Initiative -Beit Hanoun

Traduction : MR pour ISM

Le Premier ministre palestinien soutient la candidature israélienne au poste de directeur du FMI

Israël - 13 juin 2011
Par Yahoo.news
Le chef de la banque centrale d'Israël a un nouveau supporteur pour sa candidature au poste de directeur du Fonds monétaire international : le Premier ministre palestinien. Salam Fayyad a dit que Stanley Fischer ferait un "grand directeur" et qu'il était un "être humain superbe".
Le Premier ministre palestinien soutient la candidature israélienne au poste de directeur du FMI
L'autorité palestinienne ne participe pas au processus électoral, mais Fayyad a dit qu'il devait voter, il le ferait pour Fisher.
Fayya, économiste formé aux Etats-Unis et ancien responsable au FMI, a dit à Associated Press dimanche qu'il connaissait Fischer depuis vingt ans car ils avaient travaillé ensemble au FMI.
Né en Zambie et économiste internationalement respecté, Fischer dirige la Banque d'Israël depuis 2005. Il a annoncé sa candidature au poste de directeur du FMI samedi.
Source : Yahoo.news
Traduction : MR pour ISM

Un soldat israélien à des activistes détenus près de Beit Ommar : "Je pourrais vous tuer"

Beit Ommar - 13 juin 2011
Par ISM
Samedi 11 juin, trois activistes d'ISM ont été arrêtés par l'armée israélienne alors qu'ils essayaient d'entrer dans le village de Beit Ommar, au sud-ouest d'Hébron, pour participer à une manifestation non violente contre les colonies illégales du secteur. Les soldats leur ont affirmé que le secteur avait été déclaré zone militaire fermée. Interrogé sur leur incapacité à produire le document qui le prouvait, un soldat a montré une pancarte disant que le secteur était sous autorité palestinienne et qu'aucun Israélien n'était autorisé à y pénétrer ; tel est l'argument qu'il a utilisé pour ne pas autoriser les internationaux à entrer. Il a poursuivi en se plaignant que les Israéliens ne puissent entrer dans le village, bien qu'il fasse "partie d'Israël", a-t-il précisé !
Les activistes allaient partir quand les soldats ont apparemment changé d'avis et les ont traînés hors de l'autobus dans lequel ils se trouvaient, sans aucune explication sur la raison de leur arrestation. Un des soldats était plus agressif que les autres et semblait avoir envie de discuter politique avec les activistes. Il les a traités de "gauchistes de merde" et leur a dit "je pourrais vous tuer", avant de leur cracher dessus et de les insulter en hébreu. Pour faire bonne mesure, il a ajouté que les Palestiniens étaient des terroristes et que Beit Ommar était un village dangereux.
Puis les soldats ont menti aux activistes, leur disant qu'ils les libèreraient s'ils leurs montraient leurs passeports, ce qu'ils n'ont pas fait lorsque l'un d'entre eux a présenté son passeport. Un des militants a réussi à échapper à la détention et a quitté les lieux, tandis que les deux autres étaient invités à monter dans une jeep lorsqu'elle est arrivée. Refusant de le faire, les soldats ont traîné les deux activistes de force dans la jeep. Ils ont été emmenés au commandant qui, entre autres choses, a accusé les militants d'être "des terroristes et des espions syriens espionnant l'armée israélienne" !
Ils ont été ensuite emmenés au poste de police de Kiryat Arba, une colonie illégale à Hébron, où ils ont été libérés quelques minutes après leur arrivée.
La manifestation à Beit Ommar a eu lieu comme prévu et les manifestants ont réussi à atteindre les terres appartenant aux fermiers de Beit Ommar où ils avaient décidé de travailler.
Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM

Egypte : la nouvelle diplomatie égyptienne dans l'impasse ou le retour de la politique de Moubarak

Egypte - 13 juin 2011
Par Khaled al Shami
Des pressions états-uniennes pour reprendre la fourniture du gaz égyptien à Israël et des obstacles saoudiens contre la normalisation avec l'Iran
La société Ampal-American Israel Corporation, l'un des principaux exploitants du projet de construction de pipelines entre l'Egypte et Israël, a annoncé que la fourniture du gaz naturel égyptien à Israël avait repris vendredi 10/06 après une interruption de près de six semaines due à une série d'explosions qui avaient visé les pipelines qui acheminent le gaz à la Jordanie et à l'entité, au nord du Sinaï. Zeev Feiner, porte-parole de la société, a indiqué que "les fournitures ont repris ce jour (vendredi) après deux jours d'essais".
Pour rappel, Israël exporte près de 40% de ses besoins en gaz naturel de l'Egypte, et l'éventualité d'une baisse des fournitures de gaz qui entraînerait une baisse de la production électrique pendant l'été, avait suscité des craintes dans l'entité.
Des experts considèrent que la reprise des exportations de gaz est principalement due à des pressions exercées par les Etats-Unis et Israël plutôt qu'au prétendu souhait du gouvernement égyptien d'éviter les arbitrages internationaux relatifs au contrat conclu, suite aux menaces de la société israélienne.
Ibrahim Youssri, expert en droit international et ex-ambassadeur d'Egypte, a déclaré : "Nous savons tous qu'Israël aurait perdu la bataille de l'arbitrage international, ce qui se passe aujourd'hui est le résultat de pressions états-uniennes, j'ai conseillé récemment au ministre des Affaires étrangères (Nabil el Arabi) de dire aux Américains qu'ils demandent à Israël de payer le prix du gaz égyptien au tarif mondial normal, ce qui nous ferait gagner 13 millions de dollars supplémentaires par jour."
Il a ajouté : "Malheureusement l'Egypte vend le gaz à Israël à un prix ridicule, ce qui correspond à un cadeau de 10 milliards de dollars, et les négociations pour relever le prix sont refusées par Israël ; je vais demander l'exécution de la décision de justice définitive qui a statué sur l'arrêt de l'exportation du gaz égyptien à Israël, et si le ministre du Pétrole refuse de l'exécuter, il devra aller en prison."
En ce qui concerne la signification de cette reprise des exportations dans le cadre de la politique étrangère égyptienne, notamment après l'échec de la normalisation des relations avec l'Iran et l'instauration de conditions supplémentaires à la circulation des Palestiniens par le terminal de Rafah, l'ancien diplomate a déclaré : "Le comportement du gouvernement actuel est incohérent, et on ne sait plus qui gouverne, l'ancien régime ou le nouveau ?"
Pendant ce temps, le Procureur de la République égyptienne a exprimé sa réserve sur l'enquête concernant les accusations d'"espionnage" à l'encontre de Sayed Qassem el Husseini, diplomate iranien, ce qui confirme le manque de sérieux de l'enquête en question.
Pour rappel, le Procureur avait accusé le diplomate iranien de violation du protocole de coopération diplomatique en créant un nombre de réseaux d'espionnage, dont les membres étaient chargés de recueillir des informations politiques, économiques et militaires sur l'Egypte et certains pays du Golfe arabe moyennant rémunération.
Ces atermoiements remettent sur le tapis l'origine du déclenchement de cette affaire d'espionnage, et notamment de son objectif, à savoir l'annulation par l'Egypte du processus de normalisation diplomatique avec l'Iran.
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Ali Akbar Salihi, a déclaré il y a deux jours que son pays avait bien compris que des pressions extérieures étaient exercées sur l'Egypte pour l'empêcher de reprendre des relations diplomatiques normales avec l'Iran, et que ces pressions avaient ralenti le processus de normalisation, et il avait souligné que Téhéran était prête à réinitialiser les relations immédiatement.
Des sources diplomatiques indiquent que la position égyptienne s'explique par une série de pressions exercées précisément par l'Arabie saoudite, parmi lesquelles la menace de renvoyer chez eux un million à un million et demi d'ouvriers égyptiens travaillant en Arabie sous prétexte du non-renouvellement des contrats de travail au bout de six ans de résidence.
Ces même sources ajoutent que le royaume saoudien s'est engagé le mois dernier à fournir à l'Egypte des aides économiques d'un montant supérieur à quatre milliards de dollars sous réserve (implicite mais claire) que "la dignité du président Moubarak soit préservée et que la normalisation avec l'Iran soit stoppée."
Le gouvernement égyptien a effectivement décidé de prolonger le séjour de Hosni Moubarak à l'hôpital international de Sharm el Sheikh "jusqu'à nouvel avis pour des raisons de santé", tandis que confusion et rumeurs contradictoires continuent de semer le doute sur le procès de Moubarak, dont les audiences doivent commencer le 3 août 2011.
Alors que la révolution égyptienne avait revendiqué l'arrêt des exportations du gaz à l'entité sioniste, l'arrêt du blocus de Gaza et la reprise du rôle de leader régional pour l'Egypte, les évolutions contraires de la politique étrangère actuelle posent des questions cruciales sur "l'impasse diplomatique" du gouvernement de la révolution et sur la réalité du processus de décision politique à l'intérieur du conseil militaire au pouvoir.
Traduction : Nadine Acoury

Citoyen illégal dans un Etat, citoyen inférieur dans l'autre - brève histoire de ma souffrance en tant que détenteur d'une carte d'identité bleue et résident de la ville occupée de Jérusalem

Palestine - 13 juin 2011
Par Jalal Abukhater
Article mis en ligne sur Salem News le 10 juin 2011
Selon le droit israélien, je suis un citoyen illégal en Cisjordanie palestinienne, et je suis censé l'éviter comme zone dangereuse, pendant que les colons juifs du monde entier sont autorisés à y venir et à s'y installer en toute légalité (selon le droit israélien). Je suis un Palestinien qui vit dans la partie orientale occupée de Jérusalem, je suis tenu d'avoir sur moi ma carte d'identification bleue qui me permet de passer tous les jours les checkpoints entre ma maison, à Jérusalem, et mon école à Ramallah, et retour. Ma carte d'identité (CI) bleue m'autorise à circuler "librement" en Cisjordanie et en Palestine 1948, tandis que ceux qui ont une carte d'identité de Cisjordanie et de Gaza ne peuvent quitter ces secteurs sans une autorisation israélienne spéciale. Cela dit, toutefois, porter cette CI bleue est plus une malédiction qu'une bénédiction.
Citoyen illégal dans un Etat, citoyen inférieur dans l'autre - brève histoire de ma souffrance en tant que détenteur d'une carte d'identité bleue et résident de la ville occupée de Jérusalem
C'est incroyable qu'on ait à faire ce genre de déclaration à une époque moderne. "Arrêtez le nettoyage ethnique", pancarte sur une maison à Sheikh Jarrah (photo Jalal Abukhater)
Je ne suis pas un citoyen à part entière d'"Israël", pas plus que je ne suis un citoyen à part entière des territoires sous Autorité palestinienne. Je ne suis même pas jordanien, je n'ai aucune nationalité officielle et je ne suis pas autorisé à en avoir une. J'ai un demi-passeport israélien et un demi-passeport "temporaire" délivré par la Jordanie. Vivre dans ces conditions est parfaitement insupportable.
Les Arabes vivant en Palestine 1948 ("Israël") ont une citoyenneté israélienne "officielle", les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza sont officiellement considérés comme Palestiniens et ont une citoyenneté officielle. Chaque fois qu'on me demande de remplir un document de quelque nature qu'il soit qui demande qui je suis et où je vis, j'inscris que je suis de nationalité jordanienne et que j'habite à Jérusalem, Israël. C'est malheureusement la réalité que vivent tous les résidents palestiniens de Jérusalem qui ne sont pas citoyens d'Israël, je ne sais pas exactement comment ils nous définissent, mais ce n'est certainement pas comme citoyens d'Israël mais comme citoyen temporaire en attente d'expulsion quelque part ailleurs, bientôt.
Photo
Démolition de maison à Jérusalem Est, quartier Abu Tur
Nous, citoyens de Jérusalem, sommes menacés de perdre notre CI de Jérusalem si les autorités israéliennes découvrent que nous avons une maison en Cisjordanie palestinienne. Nous ne sommes pas autorisés à vivre en Cisjordanie pas plus qu'il ne nous est facile d'acheter ou de louer un appartement pour vivre à l'intérieur d'Israël. Les lois de l'Etat d'apartheid d'Israël rendent extrêmement difficile d'obtenir un permis de construire, ou de rénover une maison, où que ce soit. Partout à Jérusalem Est, les habitants se battent pour obtenir des permis de construire pour loger les nouveaux membres de leurs familles, pendant qu'une personne juive peut facilement obtenir un permis et faire construire un immeuble résidentiel pour sa famille. Tout ceci fait partie d'un plan de nettoyage ethnique de tous les Arabes, musulmans et chrétiens, à Jérusalem et en Palestine.
C'est la raison pour laquelle quiconque a une CI de Jérusalem et vit en Cisjordanie a la plupart du temps une adresse à Jérusalem pour dissimuler son domicile de Cisjordanie aux autorités fascistes israéliennes.
Le gouvernement sioniste prétend que les colonies répondent à la croissance naturelle et l'augmentation de la population juive, mais l'augmentation de la population arabe n'est prise en compte avec aucun programme de logements, les Arabes ne sont même pas autorisés à ajouter une pièce supplémentaire à leurs maisons, d'après les lois israéliennes d'apartheid.
D'un autre côté, avoir une CI de Jérusalem ne nous autorise pas à avoir une autre nationalité ! Si les autorités israéliennes d'apartheid découvrent que quelqu'un ayant une CI de Jérusalem est détenteur d'un passeport étranger (par ex. canadien ou américain), elles lui retirent sa CI, il est expulsé et ses biens sont confisqués. Ce qui extrêmement gênant ici, c'est le préjugé racial.
N'importe quel citoyen juif d'Israël a le droit d'avoir autant de passeports et de nationalités étrangers en plus de son passeport israélien. Vous trouverez un juif israélien avec un passeport américain, un passeport allemand, un passeport français et un passeport belge en plus de son passeport israélien, alors qu'un citoyen arabe avec un carte d'identité de Jérusalem ne peut même pas avoir un passeport palestinien ou un passeport israélien à part entière, comme si nous étions des humains inexistants.
Photo
Jérusalem, publicité pour une nouvelle colonie juive illégale
Mon père m'a toujours dit que notre lutte pour obtenir cette carte d'identité est une lutte pour l'existence. Si nous pensions jamais à abandonner cette carte d'identité pour aller vivre ailleurs, nous abandonnerions notre droit éternel à la terre de Palestine et à Jérusalem. Le complot sioniste est et a toujours été la réalisation d'une Jérusalem juive ethniquement pure. Comme je l'ai écrit dans un autre article, Jérusalem n'a jamais censée être pour un peuple, une race ou une religion spécifiques. Jérusalem est la ville sainte qui accepte les gens du monde entier et de toutes les religions.
Je n'accepte pas d'être traité comme un citoyen inférieur, j'exige de vivre dans l'égalité.
Jérusalem est ma ville, je suis un être humain existant qui exige les droits de l'homme comme n'importe quel autre citoyen vivant dans n'importe quel autre pays au monde.
Les lois d'apartheid de l'Etat d'Israël doivent être abolies. Ce système glisse lentement vers un système extrêmement semblable à celui de l’Allemagne nazi de 1935, nous ne voulons pas qu'il se transforme en l'Allemagne nazie de 1939. Nous existons ! Nous avons le droit d'exister et de circuler librement sur notre terre sans nous soucier à chaque instant d'être expulsés selon notre choix de lieu de vie.
Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM

Ministre allemand des A.E. en Israel

13 Juin 2011 14:05 
IRIB- Le chef de la Diplomatie allemande est attendu ce lundi 13 juin à Beytolmoghadas. Il devra rencontrer le premier ministre de l’entité sioniste ainsi que son homologue israélien. Mardi, il devra s’entretenir avec les autorités palestiniennes du processus du compromis et de la création d’un état indépendant palestinien.  
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Haniyeh félicite la victoire d'Erdogan aux élections

[ 13/06/2011 - 12:09 ]
Gaza – CPI
Le premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a félicité, le dimanche soir 12/6, son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, et le parti de la justice et du développement "AKP" pour leur victoire aux élections turques, et a souhaité le succès pour Erdogan et son parti dans la prochaine phase.
L'AKP a remporté plus de 50% des sièges dans le parlement turc, ce qu'il faut pour former un gouvernement de façon unilatérale et pour la troisième fois consécutive.

L’Odyssée de Hassan Hijazi, un jeune palestinien aux cheveux noirs

lundi 13 juin 2011 - 06h:35
Uri AvneryI - Counterpunch
Mon héro de l’année (à ce stade) est un jeune réfugié Palestinien aux cheveux noirs qui vit en Syrie et qui s’appelle Hassan Hijazi.
(JPG)
Hassa Hijazi a fait voler en éclats tout le grotesque de la prétention sioniste sur la Palestine
Il faisait partie des centaines de réfugiés qui ont manifesté du côté syrien de la frontière du Golan pour commémorer la Nakba (la catastrophe) qu’a été l’exode de plus de la moitié du peuple palestinien du territoire conquis par Israël pendant la guerre de 1948. Quelques uns de ces manifestants ont escaladé les clôtures et ont traversé un champ de mines. Heureusement aucune n’a explosé, peut-être qu’elles étaient trop vieilles.
Ils sont entrés dans le village druze de Majdal Shams occupé par Israël depuis 1967 et s’y sont dispersés. Les soldats israéliens ont tiré et tué et blessé plusieurs d’entre eux. Les autres ont été attrapés et immédiatement déportés vers la Syrie.
Sauf Haasan. Il a rencontré un bus transportant des militants de la paix israéliens et internationaux qui l’ont emmené avec eux ; Peut-être qu’ils savaient d’où il venait, peut-être qu’ils ne le savaient pas. Il n’a pas le type arabe.
Il est descendu près de Tel Aviv. Il a continué son voyage en auto-stop et est arrivé à Jaffa, la ville d’où venait son grand-père.
Et là, sans argent et sans connaître personne, il a essayé de retrouver la maison de sa famille. Il n’y est pas arrivé, l’endroit avait trop changé.
Finalement il a réussi à contacter un journaliste de la télévision israélienne qui l’a aidé à se rendre à la police et il a été déporté en Syrie.
Un exploit tout à fait remarquable.
* * * * * * * * * * * *
Le fait que les réfugiés aient traversé la frontière a causé une quasi panique en Israël.
Il y a eu d’abord les récrimination habituelles. Pourquoi l’armée ne s’était-elle pas préparée à cette éventualité ? Qui était responsable, le commandement du nord ou les renseignements militaires ?
Derrière toute cette agitation se profile le cauchemar qui hante Israël depuis 1948 : et si les 750 000 réfugiés et leurs descendants, environ 5 millions aujourd’hui, marchaient un jour vers les frontières d’Israël du nord de l’est et du sud, brisaient les clôtures et inondaient le pays. Ce cauchemar est le miroir du rêve des réfugiés.
Pendant les premières années d’Israël, ça a été un cauchemar épouvantable. Le jour de sa création, il y avait 650 000 Juifs en Israël. Le retour des réfugiés aurait donc submergé le jeune état israélien. Plus tard, avec 6 millions de citoyens juifs, cette peur est passé à l’arrière-plan mais elle est toujours là. Les psychologues diraient qu’elle est l’écho de la culpabilité refoulée de la psyché nationale.
* * * * * * * * * * * *
Cette semaine la scène s’est répétée. Les Palestiniens réfugiés dans les pays qui entourent Israël ont institué le 5 juin "jour de la Naksa" pour commémorer le "revers" de 1967 quand Israël a spectaculairement écrasé les armées d’Egypte, de Syrie et de Jordanie renforcées par des troupes iraquiennes et saoudiennes.
Cette fois les israéliens étaient prêts. La clôture a été renforcée et un fossé anti-char a été creusé devant. Quand les manifestants ont essayé d’atteindre la clôture -à nouveau près de Majdal Shams - des tireurs d’élites leur ont tiré dessus, faisant 22 morts et des dizaines de blessés. Les Palestiniens ont dit que des personnes qui essayaient d’aider les blessés et de les ramasser ont aussi été tuées.
Il s’agissait sans aucun doute d’une tactique délibérée et décidée à l’avance par le commandement de l’armée après le fiasco du jour de la Nakba et approuvée par Binyamin Netanyahu et Ehud Barak. Comme cela a été dit ouvertement, il fallait donner aux Palestiniens une leçon qu’ils n’oublieraient pas afin de leur enlever toute velléité d’organiser des actions pacifiques de masse.
Cela rappelle dangereusement ce qui s’est passé il y a dix ans. Après la première intifada, pendant laquelle des adolescents et des enfants qui lançaient des pierres avaient obtenu une victoire morale qui a mené aux accords d’Oslo, notre armée s’est entraînée en vue d’une seconde intifada. Elle a éclaté après le désastre politique de Camp David et l’armée était prête.
La nouvelle intifada a commencé avec des manifestations de masse de Palestiniens désarmés. Ils furent accueillis par des tireurs d’élite spécialement entraînés. A côté de chaque tireur d’élite il y avait un officier qui lui désignait les gens sur lesquels il fallait tirer parce qu’ils avaient l’air d’être des meneurs : "Le gars avec la chemise rouge... Maintenant le garçon au pantalon bleu..."
Les manifestations pacifiques se tarirent et furent remplacées par des attentats suicide, par des bombes sur le bord des routes et autres actes "terroristes". Avec ce genre d’opérations notre armée se sentait en terrain familier.
J’ai bien peur que nous ne soyons en train de revivre la même chose. Des tireurs d’élite spécialement entraînés opérent sous les ordres d’officiers.
Il y a pourtant une différence. En 2001 on nous a raconté que nos soldats tiraient en l’air. Maintenant on nous dit qu’ils visent les jambes des Arabes. Autrefois, semble-t-il, les Palestiniens devaient sauter très haut pour se faire tuer, aujourd’hui ils n’ont qu’à se baisser.
* * * * * * * * * * * *
Tout cela n’est pas seulement meurtrier c’est aussi complètement idiot.
Cela fait maintenant des dizaines d’années que les territoires occupés en 1967 sont au coeur de tous les pourparlers de paix. Le président Mahmoud Abbas, le président Barack Obama et le mouvement israélien pour la paix parlent tous des "frontières de 1967." Quand mes amis et moi avons commencé (en 1949) à parler de la solution de deux états, nous ausi nous voulions parler de ces frontières-là. (Les "frontières de 1967" sont en fait simplement la ligne d’armistice de la guerre de 1948).
La plupart des gens, même dans le mouvement israélien pour la paix, ont complètement laissé de côté la question des réfugiés. Ils se maintenaient dans l’illusion que ce problème avait disparu ou en tous cas disparaîtrait quand la paix serait signée entre Israël et l’Autorité Palestinienne. J’ai toujours dit à mes amis que ce ne se passerait pas ainsi -on ne peut tout simplement pas balayer de la sorte 5 millions d’êtres humains. Cela ne sert à rien de faire la paix avec la moitié du peuple palestinien tout en ignorant l’autre moitié. Cela n’amènera pas "la fin du conflit" quelque soit la teneur de l’accord conclu.
Mais après des années de discussions, la plupart à huis clos, on est arrivé à un consensus. Presque tous les leaders palestiniens ont accepté, explicitement ou implicitement, ce qu’on a convenu d’appeler : "une solution négociée juste du problème des réfugiés." - ce qui fait que la solution doit être approuvée par Israël. J’en ai souvent parlé avec Yasser Arafat, Faisal al-Husseini et d’autres.
En pratique cela signifie qu’un nombre symbolique de réfugiés sera autorisé à rentrer en Israël (le nombre exact sera négocié) et les autres seront rapatriés dans l’état palestinien (qui doit être assez grand et viable pour que cela soit possible) ou recevront une généreuse indemnisation qui leur permettra de commencer une nouvelle vie là où ils vivent ou ailleurs.
Pour que cette solution pénible et compliquée soit plus facile à élaborer, tout le monde a convenu qu’il serait préférable d’en discuter à la fin des pourparlers de paix, lorsque les partenaires auraient une plus grande confiance mutuelle et que l’atmosphère serait plus détendue.
Et voilà notre gouvernement qui essaie de résoudre le problème avec des tireurs d’élite -et pas même en dernier ressort mais d’entrée de jeu. Au lieu de contrer les manifestants avec des méthodes pacifiques efficaces, ils tuent des gens. Cela ne fera bien sûr qu’intensifier la protestation, mobiliser des quantités de réfugiés et mettre le "problème des réfugiés" sur la table, et même carrément au centre de la table, avant que les négociations n’aient même commencé.
En d’autres termes, le conflit est ramené de 1967 à 1948. Pour Hassan Hijazi, le petit fils d’un réfugié de Jaffa, c’est une grande victoire.
Rien ne pouvait être plus idiot que ce que Netanyahu et Cie ont fait.
A moins bien sûr, qu’ils ne l’aient fait exprès, dans le but de rendre les négociations de paix impossibles.
(JPG)
* Uri Avnery est un écrivain israélien et un militant pour la paix de Gush Shalom. Il a contribué au livre de CounterPunch : The Politics of Anti-Semitism.
10 mai 2011 - CounterPunch - Pour consulter l’original :
http://www.counterpunch.org/avnery0...
Traduction : Dominique Muselet
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Et maintenant, où allons-nous ?

lundi 13 juin 2011 - 06h:22
Jeff Halper - ICAHD/The Palestine Chronicle
Imaginons. Nous sommes le 22 septembre (ou le 23 ou le 24), au lendemain de la reconnaissance par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Palestine en tant qu’État membre à l’intérieur des frontières de 1967, et de sa ratification par l’Assemblée générale, par plus de 150 pays :
-  Le drapeau palestinien rejoint ceux des 192 autres États membres, dont l’intégrité territoriale, pour tous, est assurée par les Nations unies (en effet, il s’agit-là de l’une des tâches les plus fondamentales de l’ONU).
-  Toute la matrice de contrôle élaborée par Israël au cours des 44 années passées s’effondre. Plus de Zones A, B et C, plus d’interdictions à l’entrée de Jérusalem puisque la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza sont tout entières le territoire souverain de l’État de la Palestine. Des dizaines de milliers de Palestiniens commencent à se déplacer à travers leur pays, et avec eux des milliers de sympathisants venus de l’étranger, passant et démantelant les check-points qui n’avaient aucun statut légal. Afin de ne pas provoquer de confrontations inutiles, les colonies sont évitées. Le gouvernement palestinien informe les colons qu’ils sont acceptés à rester chez eux mais qu’il est clair que maintenant leurs communautés se retrouvent sous la loi palestinienne et que les citoyens palestiniens peuvent y entrer librement. Les maisons se trouvant sur des terres palestiniennes privées devront, soit être enlevées, soit après indemnisation des propriétaires palestiniens, être remises aux réfugiés ou aux familles dont les maisons ont été démolies par les autorités israéliennes (quelque 25 000 maisons depuis 1967).
-  Toutes les innombrables campagnes pour les droits palestiniens, dont celle du BDS, se concentrent désormais sur un seul objectif commun : qu’Israël sorte de la Palestine. Pas de négociations sur les frontières (à moins que le gouvernement palestinien ne recherche des ajustements frontaliers) ; pas de négociations sur les colonies. Comme cela se fait entre deux pays, la Palestine et Israël négocieront les questions relatives à la sécurité, mais avec l’idée que cela profite aux deux. Aucune mesure de sécurité n’a besoin d’être adoptée - comme par exemple une présence militaire israélienne dans la vallée du Jourdain, un changement des frontières de 1967 pour permettre à Israël de conserver ses principaux blocs de colonies, ou le contrôle par Israël de l’espace aérien de la Palestine - ce qui, de toute manière, irait à l’encontre de la souveraineté de la Palestine.
-  Les ambassadeurs palestiniens remplacent les « représentants » dans les capitales du monde, de même qu’aux Nations-Unies. Le gouvernement palestinien est maintenant en mesure de saisir les tribunaux internationaux et de lancer les procédures onusiennes pour demander justice et réparation pour des décennies d’occupation, sans avoir à passer par des intermédiaires. Tous les stratagèmes israéliens pour échapper à la loi internationale sont déjoués. La Palestine est maintenant explicitement occupée. Finies les discussions sur la réalité même de l’occupation, plus moyen d’exploiter des termes ambigus comme territoires « disputés » ou territoires « administrés » pour brouiller les pistes. Finie l’ « annexion » de Jérusalem-Est. Maintenant ce sont les gouvernements et les Nations-Unies, pas seulement les amis de la société civile, qui appellent à des sanctions internationales efficaces contre Israël, notamment le boycott des matériels militaires. Et, de première importance : ils insistent sur les obligations d’Israël remontant à 1948, au premier rang desquelles, le droit au retour des réfugiés palestiniens.
-  L’Autorité palestinienne, désormais gouvernement provisoire d’union nationale, prend l’initiative d’élections auxquelles tous les Palestiniens du monde auront le droit de participer. La citoyenneté palestinienne est accordée à tout Palestinien qui la demande, et ceux qui vivent dans les camps de réfugiés à l’étranger comme ceux de la diaspora sont invités à rentrer chez eux.
-  Même avant le vote de septembre, il doit être clair que la vision palestinienne n’est pas d’une « solution » à deux États, mais plutôt d’une étape à deux États dans un processus qui conduira à un État unique : démocratique, binational, ou intégré dans une confédération régionale (*).
La dynamique même de deux peuples qui partagent la même terre, dans la paix et ayant des relations entre eux, avec l’existence d’une communauté palestinienne à l’intérieur d’Israël et le droit des réfugiés à revenir effectivement chez eux, cette dynamique conduira à une évolution ultérieure. Cela prendre peut-être des décennies, mais l’idée est que les deux pays seront alors transformés en une entité ouverte à tous, sur tout le territoire entre Méditerranée et Jourdain.
(JPG)
Une confédération économique du Moyen-Orient qui devrait englober Israël,
la Palestine, la Jordanie, la Syrie et le Liban.
Une impulsion en septembre pour l’existence d’un État palestinien semble être envisagée par l’Autorité palestinienne, bien qu’elle laisse de façon exaspérante la porte ouverte à des « négociations ». Même si certains Palestiniens ont des réserves quant à la sagesse ou la portée de l’initiative - elle ne traite pas de la question des réfugiés, soutiennent-ils, et elle ne peut obliger au retrait de l’occupant -, il est un peu tard pour les exprimer. A moins que nous frappions un grand coup d’ici septembre, à moins que la direction palestinienne ne se joigne à sa société civile pour mobiliser les masses qui soutiennent la cause palestinienne à travers le monde, l’initiative de septembre pourrait bien devenir une plaisanterie, une molle tentative visant seulement à marquer un point, un geste vide de sens qui mettrait en avant, surtout, l’incapacité de la direction palestinienne à contrer efficacement Israël. Ce serait un véritable désastre.
S’il veut exploiter à fond le « moment » de septembre, le gouvernement d’union nationale doit, sans équivoque et immédiatement, déclarer que s’il va aux Nations-Unies en septembre, c’est pour gagner son indépendance et son entrée aux Nations-Unies. Cette déclaration doit être suivie, très vite, d’une mobilisation efficace de la société civile sympathisante dans la monde entier. Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne en général doivent voir cela comme un élément de la stratégie palestinienne.
La société civile internationale est le plus important des alliés pour les Palestiniens, mais comme nous ne sommes pas palestiniens, nous ne pouvons qu’organiser la réponse à l’Appel palestinien. La mobilisation, alors, commencera par un « Appel à soutenir » publié par les élus du peuple palestinien dans les territoires occupés (le gouvernement d’union nationale), ensemble avec les Palestiniens des camps de réfugiés, ceux d’Israël, et ceux de la diaspora. Immédiatement après, les militants de terrain à travers le monde publieront un Appel de la société civile à soutenir l’initiative palestinienne aux Nations-Unies, le faisant signer par des milliers et des milliers de sympathisants et le remettant aux Nations-Unies en septembre.
La mobilisation atteindra son point culminant aux Nations-Unies, dans une immense « attraction » accompagnant la demande d’adhésion, manifestation de soutien qui aura lieu au siège des Nations-Unies à New York, en présence de dizaines de milliers de personnes venues du monde entier. Ceci permettrait de créer une popularisation et une anticipation de l’adhésion au point qu’il serait bien difficile pour les États-Unis et l’Europe d’aller contre. Il reste très peu de temps, mais l’infrastructure existe pour y parvenir - si nous agissons vite.
Et enfin, il faut que l’AP se désigne un dirigeant de premier plan, sachant parler, crédible et doué sur le plan organisationnel, qui coordonnera la campagne et mobilisera la société civile. L’absence de porte-parole capable de porter la cause palestinienne devant l’opinion - ce en quoi Israël excelle - entrave depuis des décennies notre capacité à informer et à persuader l’opinion. Ce responsable à la communication aura l’autorité pour monter toute une équipe de porte-parole compétents, basés à la fois en Palestine et dans les pays clés à l’étranger, une équipe qui fournira le cadre et qui s’opposera à la campagne qu’Israël et ses partisans ont déjà lancée contre l’initiative de septembre. L’absence d’un tel orateur dynamique dans le corps diplomatique palestinien a également contribué à la mauvaise qualité notoire des relations publiques de l’AP.
Quelle que soit notre opinion sur septembre - et nous devons nous demander si nous pouvons nous permettre de rater une telle opportunité politique -, si l’AP décide de poursuivre pour son entrée à l’ONU, nous devons faire tout notre possible pour en assurer le succès. Et même si cela ne réussit pas (car nous savons tous qu’un veto américain est inévitable), la cause palestinienne aura progressé de deux façons.
En premier lieu, elle sera sortie des « négociations » stériles. Le soutien international pour septembre, dont celui des grands pays européens, émane précisément de la prise de conscience que les négociations ont été rendues impossibles par Israël et son protecteur américain. Le brouillard s’est levé. Plus de prétendues négociations comme façade pour la poursuite de l’occupation israélienne. En effet, les positions avancées par Netanyahu - la reconnaissance d’Israël en tant qu’État juif ; la rétention par Israël de ses blocs de colonie ; une Jérusalem « unifiée » sous contrôle israélien ; un État palestinien démilitarisé sans pouvoir sur ses frontières, son territoire, ses ressources, ni possibilités de mouvements pour sa population ; une solution au problème des réfugiés « à l’extérieur d’Israël » ; et pas de négociations avec un gouvernement qui comprendrait le Hamas -, toutes ces positions sont manifestement impossibles à accepter.
En second lieu, le rejet de l’entrée palestinienne aux Nations-Unies reviendrait à mettre fin à la « solution à deux États ». Or tant que la possibilité de deux États résistait, toute autre option, dont celle pour un État unique ou une confédération régionale, était de fait écartée. Avoir dépassé cela après septembre ouvre la voie à la seule authentique et possible solution : un État ouvert à tous.
Septembre apparaît comme un moment politique inévitable et qui, s’il est prolongé sérieusement, engrangera des gains positifs pour la lutte palestinienne, quelle que soit sa tournure. Ou nous nous trouvons de bonnes raisons pour ne pas y aller en septembre et nous présentons alors une stratégie alternative valable, ou il nous faut y aller. « Y aller » dépend de la direction de l’Autorité palestinienne qui n’a jamais manifesté d’intérêt pour la mobilisation de la société civile et semble être encore indécise.
Le soutien massif que nous pouvons apporter à l’AP pour septembre doit être suffisamment fort pour lui donner le courage de faire passer un État palestinien - une étape à deux États - aux Nations-Unies.
(*) Voir notamment la proposition de Jeff Halper :
-  Jeff Halper : « Alors, un État commun »
(JPG) Jeff Halper est directeur du Comité israélien contre les démolitions de maisons (ICAHD) et auteur de An Israeli in Palestine : Resisting Dispossession, Redeeming Israel (Pluto Press, 2008). Son adresse mel : jeff@icahd.org.
10 juin 2011 - ICAHD - The Palestine Chronicle - traduction : JPP
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Le Jour de la Naksa à Qalandya

publié le lundi 13 juin 2011
Tamar Fleishman
 
Il a commencé par une manifestation. Les femmes marchaient en tête, pour une protestation civile non violente.
Les manifestants qui se dirigeaient vers le check-point ont été bloqués par les armes. Des lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Les plus jeunes des manifestants n’ont pas reculé, et ils se sont mis à lancer des pierres. Certains d’entre eux étaient de vieilles connaissances, d’autres se voyaient pour la première fois. Ils habitaient le camp et les villes voisines où ils passaient leur enfance et leur adolescence dans des ghettos qui les emprisonnaient, corps et âme.
Quand le désordre s’est installé, les soldats se sont mis à leurs postes à l’épreuve des balles : à l’entrée des maisons, aux fenêtres des étages supérieurs et sur les terrasses.
Maintes et maintes fois, les grenades ont tonné, les balles ont sifflé et les émanations étouffantes des gaz ont survolé la manifestation.
Il n’y avait que le vent à ne pas obéir aux lois ni respecter les ordres, il changeait de direction et retournait les gaz sur ceux qui les avaient lancés. Les désarmés ont eu de courts moments de satisfaction. Mais l’arsenal militaire est varié, et inventif : le véhicule « Moufette » s’est mis dans la danse, il a aspergé les jeunes d’un liquide bleu incandescent dégageant une puanteur de carcasses en décomposition. Cette odeur ajoutée aux émanations de gaz et à celle des eaux usées qui, comme toujours, ruisselaient dans les ruelles, tout cela formait une puanteur difficile à supporter.
Pendant les courts répits entre les périodes de tirs, les jeunes se préparaient en poussant leurs chants de protestation. Même si on ne comprenait pas les paroles, on reconnaissait bien la mélodie. En réponse, les autres se mettaient à tirer, provoquant le repli des chanteurs.
Les deux camps ne différaient pas seulement par leur nationalité, leurs tenues et leur armement.
Les militaires avaient été postés à cet endroit éloigné et inhabituel, ils exécutaient intégralement les ordres et étaient soutenus par un système gouvernemental ; de leur côté, les troupes de jeunes n’avaient été postées là par personne, et elles ne recevaient aucun soutien. Personne ne les avait envoyées là. Chaque jeune était venu et se battait de lui-même, selon son propre code moral personnel.
Dès que les chefs militaires eurent repéré, parmi les manifestants, deux frères de la famille Abu-Rahma, deux héros de Bil’in, des soldats furent envoyés pour les maîtriser et les arrêter. Les frères ont alors été agressés et leurs visages aspergés. En geste de solidarité, des dizaines de personnes se sont regroupées autour d’eux, repoussant les soldats et formant un barrage humain impénétrable qui ne fut brisé qu’une fois que les amis des deux frères les eurent emmenés en ambulance et éloignés du lieu.
Le Jour de la Naksa, c’est le nom donné à ce jour, le jour de revers. Aucun des manifestants ne semblait avoir subi un revers ou une défaite.
Nous en avons vu des centaines de la jeune génération - la troisième depuis l’occupation - et ils étaient fiers, crâneurs et audacieux.
A voir les individus qui composaient tout cet ensemble, il aurait été plus approprié que cette journée soit appelée, « le jour de la honte ».
Beaucoup de ceux qui ont provoqué ces évènements devraient se cacher le visage de honte. Mais ils ne réalisent pas le côté scandaleux de leurs actes, ils ne sont pas allés jusqu’au fond de leur âme.
Ils n’ont pas ressenti la honte alors qu’ils s’emparaient du bien des autres et s’en servaient comme s’il était le leur, alors qu’ils empêchaient les commerçants d’entrer dans leur boutique pour gagner leur vie, alors qu’ils envahissaient l’entrée ombragée et soignée d’un domaine, et qu’ils en faisaient un lieu de gîte et de couvert, laissant sur le seuil leurs restes et les douilles de leurs cartouches.
Ils n’ont pas rougi de honte et ne se sont pas tordus les mains d’horreur en entendant l’ordre : « Permission de tirer à balles caoutchouc contre les lance-pierres ! », après quoi des rafales de tirs ont retenti, les tireurs xx applaudissaient et dansaient sur les terrasses en voyant leurs victimes se faire évacuer.
Même chose pour leurs amis qui n’ont pas hésité à ouvrir leur pantalon pour uriner à l’entrée d’un jardin de derrière dans une allée du camp de réfugiés.
Tous, chefs et subordonnés, ont quitté l’endroit, enjoués et rieurs, sans noter la marque de Caïn qui s’était imprimée au fer rouge sur leur front.
Membre de Machsom Watch*, Tamar Fleishman s’en va, une fois par semaine, sur les check-points entre Jérusalem et Ramallah, pour informer sur ce qui s’y passe. Cette documentation (rapports, photos et vidéos) est disponible sur le site de l’organisation : www.machsomwatch.org (en hébreu). La majorité des focus (page d’opinion) qui sont publiés sur le site ont été écrits par elle. Elle est également membre de la "Coalition des Femmes pour la paix", et militante dans l’organisation "Briser le Silence". Elle a écrit cet article pour PalestineChronicle.com
* Machsom Watch est une association israélienne de femmes se consacrant à la surveillance du comportement des soldats sur les points de contrôle de l’armée israélienne. Machsom est le mot hébreu (et devenu palestinien) des « checkpoints ». Watch est le mot anglais pour surveillance.
Traduit en anglais par Fleishman Ruth
et de l’anglais par JPP pour l’AFPS

"Le peuple reprend peu à peu du pouvoir"

publié le lundi 13 juin 2011
entretien avec Frank Barat du Tribunal Russell pour la Palestine
 
Frank Barat répond à Emanuel Stoakes de Counterfire sur Le Tribunal Russell pour la Palestine, l’ouverture de la frontière de Rafah, l’accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah, la reconnaissance d’un État Palestinien par les Nations Unies, la prise de position d’Obama en faveur d’une solution à deux États, le discours de Netanyahou devant le Congrès américain....
ES : Frank, vous êtes connu pour votre travail avec le Tribunal Russell pour la Palestine. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce groupe et sur ses objectifs ?
FB : Le Tribunal Russell pour la Palestine (TRpP) est un tribunal populaire international créé en réaction à l’inaction de la communauté internationale devant les violations avérées de la loi internationale commises par Israël.
Le TRpP, qui procède par sessions, traite de différents aspects de la complicité et de la responsabilité d’États, d’organismes internationaux et de multinationales dans l’occupation des territoires Palestiniens par Israël, ainsi que des perpétuelles violations du droit international par Israël. Ces sessions permettent aussi de mettre en lumière la continuité logique de la politique israélienne dont l’objectif final est d’empêcher la création d’un État Palestinien.
“Le TRpP tient sa légitimité de son impuissance absolue et de son universalité.” Le TRpP n’a pas de statut légal et tire sa force de la volonté de citoyens voulant mettre un terme à l’impunité dont jouit Israël alors qu’il prive les Palestiniens de leurs droits les plus fondamentaux. Le TRpP ne rivalise avec aucune autre juridiction (domestique ou internationale), mais travaille en complémentarité avec elles pour faire appliquer la loi en Palestine.
La première session du tribunal s’est tenue à Barcelone, du 1 au 3 mars 2010, et portait sur la complicité et la responsabilité de l’Union Européenne et de ses États membres dans la continuelle occupation israélienne des territoires Palestiniens, et les perpétuelles violations de la loi internationale commises par Israël en toute impunité.
Les conclusions de cette première session ont mis l’accent sur les manquements dont font preuve l’Union Européenne et ses membres quand il s’agit de faire appliquer la loi internationale (promouvoir le droit à l’autodétermination, l’obligation de respecter et d’assurer le respect des lois humanitaires, la juridiction universelle...) et la loi européenne (l’Accord de Stabilisation et d’Association, le respect de la règle d’origine, les exportations d’armes vers Israël en contradiction avec le Code de conduite européen, l’exportation de produits issus des colonies, la participation des colonies aux programmes de recherche européens...).
Ces conclusions ont été envoyées à tous les chefs de gouvernements et ministres des Affaires Étrangères européens, aux présidents de l’Union Européenne, à la Commission et au Parlement, aux Nations Unies, à Israël, à l’Autorité Palestinienne et à la Ligue Arabe.
La deuxième session internationale du TRpP s’est tenue à Londres les 20, 21 et 22 novembre 2010. Y a été examinée la complicité des multinationales dans les violations par Israël des Droits de l’Homme et des Droits Humanitaires.
Le jury a jugé les multinationales concernées complices des violations de la loi internationale commises par Israël, dont des crimes de guerre. Ces multinationales pourraient donc être traduites en justice devant le tribunal civil ou pénal de leurs pays ; et leurs dirigeants pourraient être amenés à comparaître devant un tribunal pénal national et/ou international s’ils ont pris des décisions afin d’aider Israël dans ses violations de la loi internationale. Les États ont l’obligation de faire appliquer la loi existante aux multinationales lorsqu’elles agissent en violation des Droits de l’Homme et des Droits Humanitaires.
Le Tribunal en appelle aussi aux individus, groupes et associations afin qu’ils prennent toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que les corporations multinationales agissent en accord avec les Droits de l’Homme et les Droits Humanitaires.
La troisième session du TRpP se déroulera en Afrique du Sud au mois de novembre 2011. Elle traitera de l’applicabilité à Israël du crime d’apartheid en vertu du traitement infligé au peuple Palestinien dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO) et au sein même d’Israël.
ES : L’Égypte a annoncé qu’elle allait ouvrir le barrage de Rafah – décision importante, susceptible d’entrainer une forte réaction du monde politique israélien – qu’elles conséquences cela va avoir, à votre avis, sur la population de Gaza et les Palestiniens en général ? Et le barrage peut-il/va-t-il rester ouvert ?
FB : L’Égypte a annoncé le 25 mai que la frontière de Rafah serait ouverte de façon permanente à partir du samedi 28 mai de 9h à 21h, tous les jours sauf les vendredis et pendant les vacances.
N’oublions pas que des restrictions seront appliquées. Toutes les femmes et tous les enfants de moins de 18 ainsi que les hommes de plus de 40 ans seront autorisés à sortir. En revanche, pour les hommes entre 18 et 40 ans, un VISA sera nécessaire. Un VISA délivré à Ramallah. Pour l’instant, il n’y a aucun bureau égyptien à Ramallah en mesure de délivrer de tels documents (les autorités égyptiennes ont dit récemment avoir l’intention d’en ouvrir un prochainement).
C’est évidemment une excellente nouvelle pour les habitants de la bande de Gaza, dont certains y sont enfermés depuis des décennies, avec absolument aucune chance de quitter un jour leur minuscule enclave. L’ouverture de cette frontière va sans conteste améliorer la vie des habitants de Gaza. Quand vous avez été emprisonnés dans une cage pendant des années, la moindre ouverture est une chance de survie. La population de Gaza va peut-être se sentir un peu plus humaine grâce à ça. Dans les situations désespérées, il est également important de ne pas se sentir abandonnés, de sentir que des gens, autour, vous soutiennent. Que le soulèvement égyptien aie conduit à l’ouverture de la frontière de Rafah est une nouvelle fantastique. Les Palestiniens vivant à Gaza savent, depuis des années, que le peuple égyptien est solidaire de leur cause. Le problème était que sous le régime dictatorial de Moubarak, soutenu par l’Occident, tout soulèvement (et il y en a eu d’autres contrairement à ce que les médias de masse veulent nous faire croire) ont été réprimés par l’usage brutal de la force (qui a fait de nombreuses victimes), par la torture et l’emprisonnement. Maintenant que Moubarak n’est plus là (grâce au courage et à la persévérance du peuple égyptien), les choses sont différentes.
D’un point de vue plus global, l’ouverture de la frontière de Rafah est un coup dur porté à la propagande israélienne (hasbara). Pendant des années, Israël et ses alliés (les États-Unis, l’Union Européenne...) ont pu dire « même les frères arabes des Palestiniens sont d’accord avec nous et pensent qu’il est nécessaire que les frontières soient fermées. Nous ne sommes pas les seuls. Si vous êtes en colère contre le blocus, pourquoi ne boycottez-vous pas l’Égypte ? » Aujourd’hui, ça ne tient plus.
Israël est maintenant dos au mur et n’a plus d’alternative. Le siège illégal de Gaza (punition collective interdite par la loi internationale) doit cesser.
L’ouverture du barrage de Rafah est une grande nouvelle mais ne va pas changer grand chose en terme de niveau de vie. La population de la bande de Gaza va enfin pouvoir jouir de la liberté de mouvement (droit inaliénable garanti par la Charte des Nations Unies et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme) mais va toujours manquer de ressources et de matériel pour vivre une vie normale.
La frontière restera-t-elle ouverte ? Cela va dépendre du prochain gouvernement égyptien, mais je tends à penser qu’une fois ouverte il sera difficile à n’importe quel gouvernement de la refermer.
ES : Que pensez-vous de la réconciliation entre le Hamas et le Fatah ? Pourquoi, à votre avis, est-ce arrivé maintenant ? Quelles en seront les conséquences d’après vous ?
FB : C’est évidemment un pas en avant très important, mais nous ne savons toujours pas de façon certaine comment cela va se traduire en pratique. La plupart des commentateurs ont appelé cela « la réunification du peuple palestinien ». C’est du discours médiatique évidemment, et ce n’est pas correct. Le peuple palestinien a toujours été uni. Le Fatah et le Hamas sont des partis politiques. Ce sont deux choses très différentes, et cela montre, une fois encore, l’écart qu’il existe entre les populations et leurs leaders selon que vous vivez en Europe ou au Moyen Orient
Pour revenir à la forme que prendra cet accord sur le terrain au quotidien, nous n’avons pas encore la réponse. Il semblerait, pour l’instant, que peu de choses vont changer. L’Autorité Palestinienne se charge toujours de la sécurité (en collaboration avec Israël) et avec de potentielles négociations, Salam Fayad pourrait rester Premier Ministre. Rien de bien nouveau, donc, pour la population de Cisjordanie.
Il nous faut attendre qu’un gouvernement d’unité soit formé et qu’un programme politique soit établi pour connaître vraiment les tenants et aboutissants de cet accord.
Pour l’instant cela reste une annonce. Pas beaucoup plus.
Par contre, le fait que cela arrive maintenant est très révélateur et facile à comprendre. L’Autorité Palestinienne a perdu toute la crédibilité qui lui restait après les Palestine Papers ; le Hamas est de plus en plus considéré comme une entité répressive dans la bande de Gaza ; il y a aussi la perspective d’une déclaration unilatérale des Nations Unies ; et, après le « Printemps Arabe », l’Autorité Palestinienne et le Hamas savaient qu’ils devaient agir vite ou faire face à un soulèvement interne.
Quant aux conséquences sur la communauté internationale, rien d’inattendu ne s’est produit. Israël condamne l’initiative et annonce qu’il ne négociera pas avec le Hamas (même s’il a secrètement négocié avec lui pendant des années sur le cas Shalit) ; les États-Unis, comme d’habitude, suivent la ligne israélienne ; et l’Union Européenne fait des déclarations qui manquent de substance et sont politiquement insignifiantes.
Espérons que le “Printemps Arabe” fasse que les pouvoirs impérialistes aient de moins en moins d’impact sur les affaires internes palestiniennes.
ES : Il semblerait que les Palestiniens aient prévu de se rendre aux Nations Unies en septembre, pour demander la reconnaissance de leur État. Il semble improbable que les américains ne bloquent pas cette mesure. Quel sera l’impact sur la cause palestinienne ?
FB : Ce n’est pas fait. Mahmoud Abbas a déclaré hier qu’ils iraient aux Nations Unies si ils ne parviennent pas à trouver un accord permettant de retourner à la table des négociations. Je pense que l’Autorité Palestinienne sait, qu’en fin de compte, sa survie dépend plus de négociations que d’une déclaration d’indépendance.
La déclaration unilatérale d’un État par les Nations Unies est un concept un peu bancal vis à vis de la loi internationale. N’oublions pas qu’en 1988, Arafat avait déjà déclaré un État Palestinien et rien n’avait changé.
Une autre question à se poser est : de quoi ont besoin les Palestiniens ? Un État virtuel ou la liberté et la fin de l’occupation ?
L’argument avancé par l’Autorité Palestinienne est que si l’Assemblée Générale des Nations Unies vote pour (ce qu’elle va faire), Israël se retrouvera piégé et devra rendre des comptes devant la loi internationale. C’est un argument très faible. La Syrie et le Liban sont membres des Nations Unies, et le sont depuis des années, Israël a-t-il mis un terme à l’occupation de leurs terres ? À leur bombardement ? S’est-il mis en ordre au niveau de la loi internationale ? Bien sûr que non.
Israël se fiche de la loi internationale, et que l’AG reconnaisse l’État Palestinien n’y changera rien.
Aussi longtemps que les États-Unis continueront de poser leur veto sur tout ce qui concerne Israël, Israël n’a aucun souci à se faire.
Les États-Unis vont très certainement voter contre cette mesure, comme quelques pays européens (Obama a ouvertement demandé à ses partenaires européens de ne pas reconnaître un État Palestinien en Septembre. Et quand le maître donne des ordres...). La cause palestinienne en sera laissée au même point qu’actuellement. Une position assez intéressante d’ailleurs. Avec le soulèvement du monde arabe, le peuple commence peu à peu à reprendre du pouvoir. La société civile palestinienne reprend progressivement la main, sans se soucier de ce que disent les politiques.
ES : Une prochaine attaque sur les Palestiniens ou une nouvelle Intifada contre Israël sont-elles inévitables ?
FB : L’assaut israélien contre les Palestiniens n’a jamais cessé. Des gens sont blessés et tués toutes les semaines à Gaza. Des pêcheurs, des agriculteurs se font tirer dessus tous les jours. Les attaques sont constantes. Les incursions de l’armée israélienne en Cisjordanie, les passages à tabac et les kidnappings sont quotidiens. En Israël, de plus en plus de palestiniens sont arrêtés et envoyés en prison sans raison.
Si vous voulez parler d’une attaque d’une plus grande ampleur (comme l’Opération Plomb Durci), oui, elle est inévitable. Israël n’aspire qu’à la guerre, c’est une addiction.
ES : Que pouvez-vous nous dire de l’impact des sanctions imposés par l’État d’Israël sur la population civile de Gaza ? Quels sont les objectifs de ces sanctions, ont-elles une chance de les atteindre ?
FB : Le blocus israélien de la Bande de Gaza (soutenu par les États-Unis et l’Union Européenne) a, comme n’importe quelle sanction (par exemple en Irak), eu un effet dévastateur sur la population civile. Les prix ont flambé, la reconstruction après l’Opération Plomb Durci a été impossible, 80% de l’eau n’est pas buvable, 80% de la population ne vivent que grâce à l’assistance et la majorité vit sous le seuil de pauvreté. La plupart des rapports (d’Amnesty International, Medical Aid for Palestinians, Human Rights Watch, la Croix Rouge Internationale, Christian Aid, PCHR, PHR Israël) sont terrifiants.
Les sanctions ont aussi un impact psychologique terrible. Auquel s’ajoute le fait que la population vive dans un état de terreur constant. L’analyse démographique montre que la population de Gaza est une des plus jeunes de la planète, avec presque 55% de moins de 18 ans. De récents sondages faits, entre autres, par The Lancet, montrent que 70% des jeunes sont déprimés et ont perdu le goût de vivre.
Quant à l’efficacité de ces sanctions, cela dépend de leur but premier.
L’objectif officiel était de “déstabiliser le Hamas”. Cela n’a pas marché.
L’objectif réel était de “priver les Palestiniens de nourriture et les affamer lentement” [http://www.guardian.co.uk/world/2006/apr/16/israel]. Si le blocus perdure, cela va sûrement être un succès.
Remettons les choses dans leur contexte. Ce dont il s’agit ici, c’est une population vivant sous occupation militaire, ce qui est pire qu’une prison (les prisonniers ont des droits même en prison). Nous parlons d’une population essentiellement constituée de réfugiés. Ce peuple est, en plus, soumis par son occupant à un blocus destructif, avec l’accord de la Communauté Internationale. Avez-vous déjà vu une chose pareille ?
ES : Pour revenir aux affaires courantes, que pensez-vous de la prise de position d’Obama en faveur d’une solution à deux États le long des frontières de juin 1967 ? Croyez-vous qu’il est sincère, et qu’il va réussir à mettre cela en pratique ?
FB : Premièrement, il faut garder à l’esprit qu’Obama a fait un discours. Ce n’est qu’un discours, rien de plus. Nous devrions arrêter de nous appuyer sur ce que disent les politiciens. Nous devrions les juger sur leurs actes uniquement. Les mots n’ont aucune utilité. Encore moins ceux qui sortent de la bouche d’un homme politique en début de campagne.
Deuxièmement, si un discours d’Obama compte, c’est celui qu’il a donné devant l’AIPAC. Pas le précédent.
Troisièmement, Obama n’a jamais dit qu’il oeuvrerait pour une solution à deux États sur les frontières de 67, il a même plutôt dit le contraire. Cela s’appelle du double discours. Évidemment, les médias de masse ont repris quelques phrases sorties de leur contexte et ça a fait la une. Ce qu’Obama a dit, c’est que le futur État Palestinien sera basé sur les frontières de 67, avec de nombreux échanges d’énormes portions de terres. Ce qui veut dire, réellement, “les futures frontières palestiniennes ne seront pas basées sur le tracé de 1967” (qui devrait être appelée “la ligne d’armistice de 1949”)
Il est crucial de garder en mémoire que le fait que l’État Palestinien doit être basé sur le tracé de l’armistice de 1949 ne doit pas être débattu.
Alors oui, je crois qu’Obama est sincère. Il pense vraiment que son idée d’un possible État Palestinien "Bantoustanisé" vaut la peine d’être considérée. Je crois, également, que cela n’arrivera pas, grâce à la résistance et à la ténacité palestiniennes, et au soutien de la population partout dans le monde.
ES : Que pensez-vous du récent discours de Netanyahou devant le Congrès et de la réaction des politiciens américains qui y ont assisté (applaudissements, standing ovations...) ?
FB : Encore une fois, ce n’est rien de nouveau. Trois quarts des membres du Congrès avaient assisté à la conférence annuelle de l’AIPAC et soutiennent inconditionnellement l’État d’Israël.
En fait, Netanyahou s’est adressé à son Congrès. Il a reçu plus de standing ovations qu’Obama lors de son discours d’investiture.
Ce qui est effrayant, c’est que le discours de Netanyahou enterrait, en fait, toute possibilité de futures négociations pour la paix (il refuse le retour au frontière de 67, le retour des réfugiés, le partage de Jérusalem pour capitale). Certains palestiniens ont, à juste titre, qualifié ce discours de « déclaration de guerre. » Le fait que le Congrès l’ait acclamé à l’unisson est extrêmement dangereux.
D’un autre côté, Mark Twain a un jour dit que les membres du Congrès étaient “les esprits les plus petits et les plus égoïstes des âmes et les coeurs les plus lâches que Dieu ait faits”. Alors....
ES : Dans l’hypothèse que les Palestiniens acceptent toutes les demandes de Netanyahou, qu’elles en seraient les conséquences pour eux ?
FB : Les Palestine Papers ont révélé que les négociateurs palestiniens avaient déjà été tout prêt d’accepter chacune des demandes israéliennes, et même davantage.
Qu’ont fait Barak, Olmert, Livni.... ? Ils ont demandé toujours plus. C’est un cycle sans fin, et la raison pour laquelle, à mon sens, les négociations sont inutiles.
Un des peuples les plus faibles (politiquement) de l’Histoire, ne peut pas négocier avec un occupant surpuissant. C’est insensé. Il y aura toujours un perdant. C’est une réalité.
Il est encore plus difficile de négocier avec un gouvernement qui ne vous reconnaît pas comme peuple,
qui nie votre existence et qui, en fait, poursuit le rêve sioniste : Eretz Israël, un État qui s’étendrait de la mer méditerranée au Jourdan.
Si les Palestiniens devaient accepter les demandes de Netanyahou, il finiraient en Jordanie ou en Égypte. Point final.
ES : Quel est votre avis sur le deuil du Hamas pour Ben Laden, sur le fait qu’il cible les civils israéliens (dont des enfants – et, dernièrement, leur grand soulagement devant la mort de nombre d’entre eux dans un bus scolaire), les tortures avérées qu’ils font subir à leurs opposants politiques palestiniens - à l’encontre des valeurs défendues par les activistes occidentaux ? Il est évident que le Hamas est coupable d’actes indéfendables, et devrait être soumis à un examen moral aussi poussé que celui visant Israël, non ?
FB : Effectivement, le Hamas devrait être soumis à pareil examen... une fois la Palestine libérée. Le Hamas a commis, et commet encore, des actes répréhensibles, mais jamais n’a jamais eu l’occasion de réellement gouverner. Une fois que la Palestine sera libérée, alors oui, le Hamas et le Fatah devront répondre de leurs actes. Jusqu’alors, je refuse de “juger” un parti qui est, comme son peuple, sous occupation.
Il me semble beaucoup plus important d’examiner intensément les agissements d’un pays qui se qualifie de “seule démocratie au Moyen Orient”, et de ses alliés qui, alors qu’il prônent, dans leurs discours, les Droits de l’Homme, font l’exact opposé dans leurs actes (l’invasion de la Coalition en Irak, en Afghanistan, les drones bombardant le Pakistan, les assassinats extra-judiciaires partout dans le monde, le soutien accordé aux dictateurs du Bahreïn, de l’Arabie Saoudite...).
ES : Est-ce que les Forces de Défenses Israéliennes torturent des mineurs ?
FB : Oui. Et même si les principaux médias n’en parlent jamais, il existe de nombreux documents qui le prouvent. Chaque année, plus de 700 enfants sont arrêtés ou kidnappés et finissent torturés dans les prisons israéliennes.
La liste d’exemples est trop longue. Le plus simple est d’aller lire les rapports de Defence for Children International
ES : Enfin, vous êtes-vous rendu dans les Territoires Occupés et à Gaza ? Le cas échéant, qu’elle impression générale vous a laissé votre visite ?
FB : Je suis régulièrement allé en Cisjordanie ces dernières années mais n’ai jamais eu la chance de visiter la Bande de Gaza. Je sais que cela arrivera un jour.
Chacune de mes visites m’a conforté dans l’idée que les Palestiniens étaient les personnes les plus sympathiques, amicales, les plus renseignées politiquement, les plus déterminées et les plus dévouées que j’ai rencontrées.
C’est cela qui nous donne, à moi comme à des milliers d’activistes un peu partout dans le monde, la force de continuer.
Au fond, nous savons qu’un jour ce peuple exceptionnel sera libre. L’aider à cela est un devoir moral, une obligation pour ceux pour qui la justice et les Droits de l’Homme comptent, pour ceux qui veulent oeuvrer pour un monde fondé sur des valeurs plus humaines.
Frank Barat est coordinateur du Tribunal Russell pour la Palestine. Il a récemment travaillé sur deux livres : "Gaza in crisis » avec Noam Chomsky et Ilan Pappe (http://www.gazaincrisis.org/) et "Corporate complicity in Israel’s Occupation" avec Asa Winstanley(http://www.plutobooks.com/display.a...). publié par Agoravaox
traduction : Florent Barat