mercredi 16 mars 2011

L'Uruguay reconnaît l'Etat palestinien comme Etat "indépendant"

MONTEVIDEO - L'Uruguay a reconnu mardi la Palestine comme "Etat indépendant", suivant l'exemple récent d'autres pays d'Amérique du Sud dont le Brésil et l'Argentine, a annoncé le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Luis Almagro.
Le président uruguayen, José Mujica, a remis à l'ambassadeur palestinien en Argentine, Salid Muaggat, une lettre dans laquelle il annonce la décision de l'Uruguay de "reconnaître l'Etat palestinien en tant qu'Etat indépendant et souverain", sans préciser de tracé de frontières.
La lettre affirme que la décision a été prise en accord avec "la résolution 181 de l'Assemblée générale des Nations unies, votée le 29 novembre 1947, tout comme la Résolution 3236 de l'Assemblée générale des Nations unies du 22 novembre 1974 et la résolution 242 adoptée par le Conseil de Sécurité du 22 novembre 1967".
La résolution 242 a été votée après la Guerre des Six jours, qui s'est soldée par l'occupation par Israël de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Le président uruguayen fait part de l'"engagement ferme de l'Uruguay en faveur du processus de paix au Moyen-Orient et du renforcement progressif des liens de l'Uruguay avec le peuple et l'Autorité nationale palestinienne".
Une centaine d'Etats ont reconnu la Palestine, la plupart depuis les années qui ont suivi la déclaration d'"indépendance" proclamée en 1988.
Face au récent blocage du processus de paix, les responsables palestiniens ont intensifié leurs efforts pour obtenir la reconnaissance de leur Etat par de nouveaux pays dans les frontières d'avant la guerre des Six Jours.
L'ambassadeur palestinien en Argentine, Salid Muaggat, a remercié "tous les peuples sud-américains pour solidarité" avec la "cause juste du peuple palestinien".
Désormais, douze des treize pays d'Amérique du Sud ont reconnu l'Etat palestinien. Neuf l'ont fait dans ses frontières d'avant 1967: le Venezuela, dès 2005, et plus récemment, le Brésil, l'Argentine, l'Equateur, la Bolivie, le Guayana, le Suriname et le Paraguay. Le Chili et le Pérou, outre l'Uruguay, l'ont reconnu sans faire mention de tracé.
Seule la Colombie, principale alliée des Etats-Unis et d'Israël dans la région, fait bande à part.
L'Etat palestinien a également été reconnu par Cuba, ainsi que par le Costa Rica et le Nicaragua, deux pays d'Amérique centrale.
L'Amérique latine et les pays arabes se sont rapprochés depuis le sommet de l'Aspa (Amérique du Sud-Pays arabes) de 2005 à Brasilia.
Le troisième sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Aspa, qui devait initialement avoir lieu le 16 février à Lima, a été repoussé au deuxième semestre 2011 en raison des révoltes dans les pays arabes.
(©AFP / 16 mars 2011 00h41)
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Homicide d'une famille de colons

Amnesty International condamne l’homicide d’une famille de colons perpétré vendredi 11 mars dans la soirée et demande à Israël de mettre fin à la vague persistante de représailles menées par les colons de Cisjordanie contre les Palestiniens.
Cinq membres d’une famille de colons ont été poignardés à mort chez eux, près de Naplouse, dans la colonie d’Itamar, en Cisjordanie. Les responsables de ce massacre n’ont pas encore été identifiés.
L’Autorité palestinienne a condamné l’assassinat des cinq membres de la famille Fogel – les parents Udi, 37 ans, et Ruth, 36 ans, et trois de leurs enfants, Yoav, Elad et Hadas, respectivement âgés de 10 ans, quatre ans et trois mois.
«Nous condamnons avec la plus grande fermeté le massacre de la famille Fogel à Itamar. Les autorités doivent mener dans les meilleurs délais une enquête efficace pour identifier les auteurs présumés de cet acte et garantir qu’ils soient jugés dans le cadre d’un procès équitable, a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
Les principaux groupes armés palestiniens, notamment les Brigades des martyrs d'Al Aqsa (la branche armée du Fatah) et les Brigades Ezzedine al Qassam (la branche armée du Hamas), ont nié toute responsabilité dans cette attaque. Le groupe Imad Mughniyya qui en avait initialement revendiqué la responsabilité s’est plus tard rétracté, le 12 mars.

Flambée de violences

Cet événement intervient après une flambée de violence. Depuis samedi 12 mars, les colons israéliens auraient lancé des pierres et des cocktails Molotov, et utilisé fusils, matraques et couteaux pour attaquer des Palestiniens, à bord de leurs voitures ou chez eux, dans les villes et villages de Cisjordanie.  Les colons ont également incendié des champs, des voitures et des biens.
«Les forces de sécurité israéliennes doivent prendre les mesures qui s’imposent pour empêcher les actes de représailles visant les civils palestiniens et imputables à des colons israéliens armés, et traduire les responsables présumés en justice», a ajouté Philip Luther.
Dans certains cas, les Palestiniens ont rapporté que les forces de sécurité israéliennes présentes sur les lieux n’avaient rien fait pour stopper les attaques des colons. En outre, l’armée israélienne aurait instauré un couvre-feu dans le village d’Awarta, près d’Itamar, depuis le 12 mars au matin, et arrêté quelque 300 villageois.

Constrution de 500 nouveaux logements de colons

Dimanche 13 mars, le gouvernement israélien a donné son aval à la construction de 500 nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie, en réaction au massacre de la famille Fogel.
«Le choix de la date de l’annonce de ce projet ne doit rien au hasard. Toutefois, les autorités israéliennes ne doivent pas se servir du meurtre horrible de la famille Fogel pour mener des actions qui se traduisent par de nouvelles atteintes aux droits humains, a estimé Philip Luther.
«Amnesty International leur a demandé à maintes reprises de stopper la construction des colonies, première étape vers la suppression complète des colonies israéliennes illégales dans les territoires palestiniens occupés.»
La politique d’Israël qui consiste à implanter des colonies en Cisjordanie occupée, notamment à Jérusalem-Est, viole la Quatrième Convention de Genève.

Juppé n'exclut pas la reconnaissance d'un État palestinien par l'UE

15/03/2011
Source AFP
Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a déclaré mardi que la reconnaissance par l'Union européenne de l'État palestinien, en l'absence d'accord de paix avec Israël, est "une hypothèse qu'il faut avoir en tête". "Reconnaître l'État palestinien tout seul, cela ne sert à rien. Il faut le faire ensemble", avec les autres pays de l'Union européenne, a déclaré le chef de la diplomatie, lors d'une audition devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. "Nous n'en sommes pas là mais, personnellement, je pense que c'est une hypothèse qu'il faut avoir en tête", a-t-il ajouté.
Depuis la fin de l'année dernière, plusieurs pays d'Amérique latine ont reconnu unilatéralement l'État palestinien. Le Brésil, d'abord, puis l'Argentine, la Bolivie, l'Équateur, le Chili et le Pérou ont pris une telle décision. L'Uruguay devrait faire de même dans le courant de l'année 2011. Face au blocage persistant des pourparlers de paix avec Israël, les responsables palestiniens ont appelé de nombreux pays à reconnaître l'État palestinien à l'intérieur des frontières de juin 1967. Les dirigeants israéliens, de leur côté, ont multiplié les mises en garde contre ces reconnaissances de l'État palestinien.
L'un des prédécesseurs d'Alain Juppé, Bernard Kouchner, avait lui aussi évoqué en janvier 2010 l'hypothèse d'une reconnaissance unilatérale de l'État palestinien en l'absence d'accord entre Israël et les Palestiniens. Mais le président Nicolas Sarkozy ne l'avait pas reprise à son compte. Les pourparlers de paix directs israélo-palestiniens ont brièvement repris début septembre dernier avant de s'interrompre presque aussitôt à la suite de l'expiration d'un gel israélien de dix mois de la colonisation en Cisjordanie. Les négociations de paix sont actuellement bloquées, alors que l'objectif de la communauté internationale est de parvenir à un accord sur le statut final, et que la Palestine devienne membre de l'ONU dès septembre 2011.
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Abbas pour des élections rapides

AFP 15/03/2011 
Le président palestinien Mahmoud Abbas a promis aujourd'hui  "la tenue d'élections présidentielle, législatives et au Conseil national dès que possible", en réponse aux manifestations populaires en faveur de l'unité entre Palestiniens. 
"Je suis d'accord avec la revendication des manifestants en Cisjordanie et dans la bande de Gaza qui appellent à la fin de la division, en tenant des élections présidentielle, législatives et au Conseil national dès que possible", a déclaré Mahmoud Abbas lors d'une conférence de presse conjointe avec le président chypriote Demetris Christofias.  
"Nous sommes avec le peuple pour mettre fin à la division par la tenue d'élections présidentielle et législatives et à l'occupation et au siège de la bande de Gaza", a-t-il ajouté.

Le village d'Awarta sous couvre-feu total depuis samedi

Naplouse - 15 mars 2011
Par Saed Bannoura
Les forces israéliennes maintiennent le bouclage du village d'Awarta depuis trois jours, et empêchent tous les habitants de quitter leurs maisons, sans indication de date de la fin du couvre-feu, ni de quand les villageois seraient autorisés à sortir de chez eux. Tous ceux qui sont sortis, pour quelle raison que ce soit, ont été arrêtés par les troupes israéliennes. 3 activistes d'ISM sont piégés, avec la population.
Le village d'Awarta sous couvre-feu total depuis samedi
Localisation du village d'Awarta, près de la colonie illégale Itamar (image Poica.org) - cliquer pour la voir plus grande
Le couvre-feu a été imposé peu après le meurtre d'une famille israélienne, dont un bébé et deux jeunes enfants, dans la nuit de vendredi dernier dans la colonie illégale Itamar, située près du village d'Awarta, près de Naplouse.
Awarta étant le village le plus proche de la colonie, les forces israéliennes à la recherche de l'attaquant ont envahi le village aux premières heures de samedi matin, et sont restées à Awarta depuis, fouillant et saccageant les maisons, et maintenant un bouclage strict.
Trois activistes de l'ISM, Cinda, 23 ans, Chad, 25 ans, suédois, et Cissy, 53 ans, norvégienne, sont dans le village et ont rapporté que plusieurs habitants avaient été tabassés par les soldats en leur présence.
Ils ont également rapporté qu'une centaine d'hommes avaient été raflés lundi et qu'ils étaient détenus dans l'école du village pour interrogatoire.
L'armée israélienne n'a fait aucune déclaration sur l'identité du meurtrier, mais continue d'arrêter des Palestiniens pour les interroger (alors que l'enquête semble se diriger sur la communauté des employés thaïs qui travaillent à l'intérieur de la colonie, ndt).
Source : IMEMC
Traduction : MR pour ISM

La dernière manœuvre de Netanyahu

Israël - 15 mars 2011
Pressé de toutes parts pour débloquer le processus de paix avec les Palestiniens, et particulièrement préoccupé par les conséquences négatives possibles pour Israël des révolutions en cours dans le monde arabe, en particulier en Égypte, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit qu'il se préparait à lancer une nouvelle initiative de paix pour la résolution du conflit palestino-israélien. La nouvelle proposition, dont Netanyahu espère qu'elle jouira d'une large publicité, est basée sur le concept de la création d'un État palestinien provisoire sur 60% de la Cisjordanie, avec des frontières temporaires, et peu ou pas de souveraineté.
La dernière manœuvre de Netanyahu
Netanyahu et des soldats de l'occupation sioniste dans la Vallée du Jourdain, 8 mars 2011 (Photo Associated Press)
Selon des informations divulguées par la presse israélienne, le nouveau plan maintiendrait l'armée israélienne dans la Vallée du Jourdain et dans presque toute l'ainsi dénommée "Zone C", ou zones en dehors des grands centres palestiniens de population. Aucune des colonies juives ne serait démantelée et les travaux continueraient dans les soi-disant "colonies légales" (les colonies construites avec l'accord du gouvernement israélien).
"Les Palestiniens ne sont pas prêts à parvenir à un accord de statut final pour mettre fin au conflit, au vu de l'instabilité dans la région," a affirmé Netanyahu, qui a ajouté : "Nous ne cherchons pas à nous soustraire un accord de statut final, mais un accord intérimaire est la manière d'y arriver."
Les Palestiniens, qui ont rejeté la nouvelle "magouille de relations publiques", font peu de cas de discussions sur un "État provisoire" et des "frontières temporaires". Ils craignent qu'un "État intérimaire" soit une manipulation israélienne sournoise pour voler et annexer jusqu'à 50% de la Cisjordanie .
L'initiative proposée n'est nouvelle qu'en apparence. La plupart des commentateurs et éditorialistes israéliens la considèrent comme rien d'autre qu'un coup de publicité destiné à "occuper tout le monde" et à anticiper la pression internationale de plus en plus prévisible, en particulier européenne, sur Israël au sujet des négociations de paix avec les Palestiniens.
Les pourparlers de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne (AP) sont maintenant au point mort, après que le Président Obama ait récemment admis qu'il n'avait pas réussi à obtenir du gouvernement israélien qu'il gèle l'expansion coloniale juive en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Les dirigeants palestiniens, dont le président de l'AP Mahmoud Abbas, ont catégoriquement refusé de reprendre les discussions avec Israël en l'absence d'un véritable gel de la colonisation.
Bien sûr, Abbas a accusé Israël de faire preuve de mauvaise volonté et d'intentions nuisibles, à savoir de chercher à voler et à engloutir autant que possible de territoire palestinien occupé avant qu'un accord de paix ne soit atteint, une accusation qui semble tout-à-fait plausible. Le dirigeant palestinien Nabil Shaath a raillé le nouveau plan israélien, le qualifiant de coup médiatique et de farce.
"Netanyahu essaie de contourner tout ce qui a à voir avec le droit international et la légitimité internationale. Il n'y a aucun espoir de paix avec un gouvernement qui ne reconnaît aucun accord en cours. En outre, nous n'accepterons pas qu'un seul soldat stationne sur notre sol," a dit Shaath.
La raison pour laquelle Netanyahu a choisi ce moment pour arriver avec un nouveau plan de paix n'est pas très claire, même si l'initiative est une imposture. L'administration Obama, qui s'est aliéné les Palestiniens et autres Arabes lorsqu'il a opposé son veto au projet de résolution présenté au Conseil de Sécurité des Nations unies condamnant l'expansion des colonies juives le mois dernier, semble attendre de Netanyahu la réciprocité en proposant "quelque chose de vraiment sérieux".
D'un autre côté, le Premier ministre israélien espère pouvoir maintenir son gouvernement belliciste en obtenant que des membres-clés comme le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman soutienne son projet. Lieberman, un extrémiste qui prône le nettoyage ethnique des Palestiniens, est le promoteur en chef d'un État palestinien intérimaire aux frontières provisoires. Il a proposé la création d'un État palestinien à long terme sur 45 à 50% de la Cisjordanie , avec l'intention ostensible d'annexer le reste du territoire occupé à Israël.
Lieberman et les autres dirigeants israéliens partageant les mêmes opinions semblent calculer qu'Israël finira par être en mesure de se maintenir sur le terrain en créant davantage de "réalités démographiques" et en faisant échouer l’exigence palestinienne d'un État dans les frontières de 1967, avantageuses pour les Israéliens et défavorables aux Palestiniens. Et il est hautement probable que Netanyahu soit en train de lancer cette initiative, en fanfares, en sachant - et même avec la certitude - que les Palestiniens la refuseront d'emblée.
Une nouvelle initiative vide de sens ne coûte rien à Israël, en particulier avec le soutien décisif des États-Unis aux positions israéliennes. Netanyahu espère probablement que l'initiative aidera à renvoyer la balle proverbiale dans le camp palestinien, et à démontrer que ses arguties de relations publiques selon lesquelles ce sont les Palestiniens, et pas Israël, qui bloquent les discussions et donc empêchent la conclusion d'un accord de paix.
Netanyahu, comme les autres dirigeants israéliens, est on-ne-peut-plus inquiet des développements stratégiques récents en Égypte. Il sent que pour anticiper les positions anti-israéliennes des nouveaux dirigeants égyptiens, il a besoin d'un maximum de pression américaine sur le nouveau régime du Caire.
La nomination de Nabil Al-Arabi au poste de ministre des Affaires étrangères égyptien pourrait être une mauvaise nouvelle pour Israël. Diplomate accompli et vétéran de l'époque des négociations israélo-égyptiennes d'après Camp David, Al-Arabi ne se fait certainement aucune illusion sur les intrigues et les tergiversations israéliennes.
L’Égypte a d'ores et déjà assoupli les restrictions de voyage entre l’Égypte et la Bande de Gaza au terminal frontalier de Rafah, et on s'attend à d'autres gestes de bonne volonté de l’Égypte envers les Palestiniens.

A l'occasion du 5ème anniversaire de l'enlèvement de Sa'adat, rejoignez le mouvement pour en finir avec Oslo

Palestine - 15 mars 2011
Par Campagne pour la libération d'Ahmad Saadat
Le 15 mars 2011 marque le cinquième anniversaire de l'attaque de la prison de Jéricho et de l'enlèvement du leader national palestinien Ahmad Sa'adat et de ses camarades par l'armée d'occupation israélienne. Pour cet anniversaire, la Campagne pour la libération d'Ahmad Sa'adat souligne que la force du peuple palestinien et sa détermination à libérer tous les prisonniers des prisons de l'occupation restent fermes, et elle fait appel à tous pour soutenir et se joindre à la protestation du 15 mars pour l'unité palestinienne et contre l'accord d'Oslo. Malgré les sévices et l'isolement qu'ils subissent, les prisonniers et le peuple palestiniens continueront de résister à l'occupation, au racisme et à la colonisation pour obtenir leurs droits à la liberté, à l'auto-détermination et au retour.
A l'occasion du 5ème anniversaire de l'enlèvement de Sa'adat, rejoignez le mouvement pour en finir avec Oslo
Depuis son enlèvement, Ahmad Sa'adat a été soumis à des mauvais traitements répétés, au déni de visites familiales et de soins médicaux dans les prisons de l'occupation. Il est détenu en isolement depuis le 19 mars 2009, et la mesure d'isolement est systématiquement renouvelée. Malgré les pratiques des prisons de l'occupation, qui contreviennent aux normes du droit international et des droits de l'homme, Sa'adat continue de soutenir, ferme et résolu, le peuple palestinien et ses droits, et même si les geôliers ont isolé Sa'adat physiquement, ils n'ont pas réussi à isoler ses paroles ou son esprit - le peuple palestinien et le monde se tiennent à ses côtés.
Cet anniversaire de l'enlèvement d'Ahmad Sa'adat se conjugue avec les protestations du 15 mars 2011 pour mettre fin à la division interne palestinienne et pour renverser l'accord d'Oslo et toutes ses conséquences. L'enlèvement de Sa'adat d'une prison de l'Autorité palestinienne créée selon les conditions d'Oslo et de sa "coopération sécuritaire", était en elle-même une manifestation d'Oslo et de la fracture du front intérieur palestinien.
En cet anniversaire, la Campagne pour la libération d'Ahmad Sa'adat se fait l'écho de l'appel de Sa'adat à soutenir les manifestations du 15 mars. La femme de Sa'adat, Abla, a rapporté le 11 mars qu'il appelait tous les Palestiniens, en Palestine et à l'étranger, à participer aux manifestations et qu'il "saluait sincèrement tous les efforts de la jeunesse palestinienne, et affirmait que tous les prisonniers dans les geôles de l'occupant sont avec eux, soutiennent leur initiative et leurs exigences."
La Campagne pour la libération d'Ahmad Sa'adat appelle tous ses supporters dans le monde entier à rejoindre et à soutenir les efforts palestiniens pour les protestations du 15 mars dans tous les domaines, y compris les actions et manifestations organisées par les communautés palestiniennes, et à porter la lutte des prisonniers palestiniens, une des exigences centrales des protestations du 15 mars.
Nous rejoignons Ahmad Sa'adat et partageons sa conviction de la capacité du peuple palestinien à prendre les initiatives et à faire pression pour changer, mettre fin au division et mettre fin à l'ère destructrice des accords et "négociations" d'Oslo.
En ce cinquième anniversaire de l'enlèvement d'Ahmad Sa'adat, il est largement temps de mettre fin une fois pour toutes à la politique dangereuse et profondément néfaste de la coordination sécuritaire, une politique responsable de la répression en cours, des violations des droits de l'homme et des menaces sur la cause palestinienne. Nous soulignons que la politique de coordination sécuritaire de l'Autorité palestinienne avec l'occupation israélienne est la cause non seulement de l'emprisonnement d'Ahmad Sa'adat, mais aussi des arrestations, des poursuites, de la torture et de la peur des Palestiniens en Cisjordanie . La Campagne palestinienne en solidarité avec Ahmad Sa'adat a qualifié la politique de coordination sécuritaire de "trahison nationale contre le peuple et la résistance". La politique de coordination sécuritaire est une menace pour la cause palestinienne et le peuple palestinien tout entier, et une gifle aux milliers de prisonniers palestiniens dans les prisons de l'occupant, et menace l'ensemble des réalisations de la révolution palestinienne au cours des décennies.
En cet anniversaire, nous réitérons notre appel à toutes les organisations solidaires de la Palestine, aux organisme de défense des droits des prisonniers et des droits de l'homme, à rejoindre la Campagne, et pour les autorités internationales, dont les Nations Unies et le Comité international de la croix-rouge, à assumer leurs responsabilités et à répondre aux souffrances et aux sévices des prisonniers politiques palestiniens par les forces de l'occupation, dont les sévices aux enfants prisonniers et le déni de soins médicaux aux prisonniers malades.
Cinq après l'enlèvement d'Ahmad Sa'adat et de ses camarades de la prison de Jéricho, la famille Sa'adat, les prisonniers et le peuple palestiniens restent résolument dans la confrontation à l'occupation et à l'oppression. En cet anniversaire, nous saluons Ahmad Sa'adat et tous les prisonniers palestiniens, et nous nous engageons à poursuivre notre travail jusqu'à ce que tous les prisonniers politiques palestiniens - et toute la Palestine - soient libres.
Traduction : MR pour ISM

Le premier ministre Turc Erdogan passe outre l’interdiction de photographier l’entité sioniste

lundi 14 mars 2011 - 09h:59
Mounadil al Djazaïri
2013 sera l’année du lancement du 1er satellite d’observation militaire de l’armée turque. Baptisé Göktürk, ce satellite est construit par des firmes italienne et française (Finmeccanica et Thales) qui assurent la maîtrise de l’ouvrage en partenariat avec des entreprises turques.
(JPG) Outre le fait que Göktürk sera le premier satellite d’observation militaire de la Turquie, sa grande particularité d’être le premier contrat à l’export pour un satellite doté d’une optique de très haute résolution.
Selon Jane’s Defence Weekly, Göktürk donnera des images d’objets de 0,8 mètre de diamètre. Actuellement, 2 mètres de diamètre est la plus haute résolution disponible quand il s’agit d’images d’Israël, grâce surtout à une législation des États-Unis qui remonte aux années 1990.
Si vous avez besoin d’un décodeur, c’est pourtant simple : les satellites d’observation à haute résolution sont relativement répandus, du moins dans les pays ayant certaines capacités techniques. Pourtant ces pays n’échangent et ne publient pas d’images en très haute résolution de l’État sioniste en vertu d’une loi des États-Unis qui l’interdit tout simplement.
Mais les lois des États-Unis ne s’appliquent qu’aux États-Unis ?
Oui, sauf si votre satellite d’observation comporte ne serait-ce qu’un boulon fabriqué aux États-Unis ou sous licence des États-Unis. A ce moment, vous avez vite fait d’être justiciable auprès des tribunaux de ce pays.
Mais il y a mieux que la loi, peut-on lire dans Haaretz, un journal de l’entité sioniste :
« Nous essayons de nous assurer que nous ne sommes pas photographiés en très haute résolution, et la plupart [des pays] satisfont à notre demande, » a déclaré un haut responsable de la défense israélienne. « Devrions-nous faire cette requête auprès des Turcs ? Il n’y a personne avec qui parler. »
Ce qui veut dire que les autorités sionistes ont fait la démarche, en vain, et en dit long aussi sur l’état des relations Ankara/Tel Aviv. Vous aurez noté au passage que beaucoup de pays semblent capables de s’obliger devant les demandes sionistes. On croit rêver ! (en réalité c’est un cauchemar).
De fait, les autorités turques ne se sont pas engagées à ne pas prendre et/ou à ne pas vendre des photos de l’entité sioniste en très haute résolution.
Le gouvernement turc a réagi ainsi aux prétentions sionistes par la voix du premier ministre Erdogan :
« Nous allons envoyer notre satellite Göktürk dans l’espace en 2010. Cela dérange certains. Ils disent : la Turquie va nous observer depuis l’espace à l’avenir. Vous nous observez depuis de nombreuses années, des dizaines d’années, » a déclaré Erdogan aux membres de la jeunesse de du parti AKP au pouvoir, sans mentionner l’ex-allié israélien.
Erdogan confirme ainsi que l’armée turque ne se gênera pas pour faire ce qu’elle veut avec son matériel d’observation. D’autant que l’objectif affiché du gouvernement turc est de ne plus dépendre des capacités d’observation de l’armée des États-Unis.
11 mars 2011 - Mounadil
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Meurtre d’une famille de colons : la police israélienne réoriente son enquête

mardi 15 mars 2011 - 10h:54
Ma’an News
Les forces israéliennes d’occupation ont convoqué lundi après-midi tous les travailleurs thaïlandais employés dans la colonie d’Itamar, le site de l’assassinat de cinq membres de la famille Fogel, et et les a retenus pour interrogatoire.
(JPG)
Troupes d’occupation à proximité de la colonie juive d’Itamar - Le pouvoir sioniste n’a rien eu de plus pressé que de vouloir exploiter le meurtre en le mettant sans preuve sur le dos des Palestiniens
Des sources proches de certains des travailleurs ont déclaré que tous les travailleurs avaient été rassemblés et emmenés pour interrogatoire concernant la mort à coups de couteau d’une famille de colons dans la nuit de vendredi.
Tandis que les travailleurs palestiniens ont été exclus dans les colonies du nord de la Cisjordanie, des travailleurs étrangers, principalement en provenance de Thaïlande et des Philippines, ont été engagés.
On ne sait pas si les enquêteurs israéliens ont décidé d’élargir leur enquête pour inclure la possibilité qu’un travailleur étranger ait été impliqué dans l’attaque, qui a été automatiquement attribuée à des Palestiniens dans les médias israéliens.
Les responsables israéliens ont refusé de commenter l’affaire. Le porte-parole de la police Mickey Rosenfeld a déclaré à Ma’an que le silence était la règle concernant l’information liée à l’enquête.
Un agent de sécurité israélien, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a dit qu’il n’y avait aucun changement dans les accusations d’Israël selon lesquelles les Palestiniens étaient responsables [du fait que les Israéliens cherchent à tirer le maximum de bénéfice politique de ce meurtre, leur intérêt est de continuer à accuser les Palestiniens - N.d.T].
Les déclarations officielles aux médias soutiennent également que les forces sont la recherche de militants palestiniens dans le cadre de l’assassinat.
Pendant ce temps, les forces israéliennes ont kidnappé plus de 300 Palestiniens dans le village d’Awarta dans le district de Naplouse, après avoir imposé un couvre-feu de trois jours aux habitants. Deux agents de renseignement travaillant pour l’Autorité de Ramallah sont parmi les détenus.
Le mouvement Hamas, le Jihad islamique et le Fatah ont nié toute implication dans les meurtres. Ce lundi les Brigades Al-Aqsa [Fatah] ont déclaré dans un communiqué qu’elles « s’opposaient aux attaques sur des civils et au meurtre d’enfants des enfants quel que soit le prétexte. »
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé l’Autorité palestinienne d’incitation, en disant que les commentaires contre les colonies illégales israéliennes sont à l’origine de l’attaque violente.
Le gouvernement de Gaza a accusé Israël de s’être précipitée sur l’hypothèse d’un meurtre perpétré par des Palestiniens, disant que les médias israéliens et le porte-parole du gouvernement ont fait des déclarations prématurées en qualifiant l’incident une « d’attaque terroriste ».
14 mars 2011 - Ma’an news Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine
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Meurtre d’Itamar : un travailleur thaïlandais soupçonné

mardi 15 mars 2011 - 19h:06
Al Qassam Webiste
Un travailleur asiatique est soupçonné de l’assassinat de la famille Fogel, une famille de colons de la colonie d’Itamar près de la ville de Naplouse en Cisjordanie, selon des sources de la presse palestinienne.
(JPG)
Quds Net news a rapporté le fait qu’un travailleur [de la colonie] avait été rendu furieux par un colon israélien qui ne lui avait pas versé son salaire, et qu’il aurait assassiné la famille de ce même colon à Itamar, selon des sources en provenance de la presse palestinienne.
L’agence de nouvelles Quds Net ce lundi, a cité une famille palestinienne du village d’Awarta près de la colonie disant que Fogel avait refusé de payer 10 000 shekels de salaire qu’il devait à un travailleur asiatique qu’il avait embauché. Le travailleur avait alors menacé de tuer le colon et sa famille.
Cet employé est soupçonnée d’avoir commis le crime après minuit, le vendredi, avec un couteau, puis d’avoir pris la fuite en direction des villages palestiniens, a ajouté le communiqué.
Il est dit aussi a que l’armée israélienne est au courant du fait, mais refuse d’en faire état pour des raisons politiques ainsi que des raisons de sécurité.
Pendant ce temps, l’ex-président palestinien Mahmoud Abbas a condamné le crime avec des mots très forts, le décrivant comme « ignoble ».
S’exprimant lors d’une interview avec la radio israélienne lundi, M. Abbas s’est engagé à apporter toute l’aide nécessaire pour dévoiler les responsabilités du crime, en ajoutant qu’il avait transmis cette prise de position au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une conversation téléphonique ce samedi peu après que le crime ait été signalé.
Il a également invité Israël et les Etats-Unis à discuter avec l’autorité à Ramallah les documents étudiés dans les écoles palestiniennes en Cisjordanie afin de s’assurer qu’ils ne contiennent pas de « provocation ».
Abbas a cependant omis de mentionner le comportement violent et hors de tout contrôle des colons israéliens, et les punitions collectives imposées par l’armée israélienne contre les Palestiniens dans les villages autour de Naplouse après le crime, en dépit du fait qu’aucune preuve concrète n’ait été trouvée incriminant des Palestiniens.
15 mars 2011 - Al Qassam Website - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.qassam.ps/news-4293-Pres...
Traduction : Info-Palestine.net
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Comment les soit disant gardiens de la liberté d’expression musèlent le messager

mardi 15 mars 2011 - 07h:54
John Pilger
L’hypocrisie des USA et de la Grande Bretagne qui cherchent actuellement un prétexte pour envahir un autre pays arabe riche en pétrole, nous est familière.
(JPG)
Irak... Commettre des crimes de guerre c’’est bien, les dénoncer est passible de prison à vie, voir de torture et de condamnation à mort
Le colonel Kadhafi est "fou" et "assoiffé de sang" tandis que les auteurs de l’invasion d’Iraq qui a coûté la vie à un million d’Iraquiens, ceux-là mêmes qui ont kidnappé et torturé en notre nom, sont, eux, tout à fait sains d’esprit et pas le moins du monde assoiffés de sang et s’autoproclament une fois de plus les arbitres de la "stabilité".
Mais quelque chose a changé. La réalité n’est plus ce que les puissants décident qu’elle doit être. De toutes les révolutions qui secouent actuellement la planète, la plus intéressante est l’insurrection de l’information que Wikileaks a déclenchée. Ce n’est pas une idée nouvelle. En 1792, le révolutionnaire Tom Paine a alerté ses lecteurs sur le fait que leur gouvernement pensait "qu’il faut tromper le peuple et le maintenir dans une ignorance superstitieuse en brandissant quelque vision cauchemardesque". L’ouvrage "Les droits de l’homme" de Paine a été considéré comme une telle menace par les élites au pouvoir qu’elles ont ordonné à un Grand Jury qui délibère à huis clos de l’accuser d’être " un dangereux conspirateur et un traître". Il a été assez avisé pour aller se réfugier en France.
La Fondation pour la paix de Sydney a fait référence au calvaire et au courage de Tom Paine quand elle a remis à Julian Assange la médaille d’or australienne du prix des droits de d’homme. Comme Paine, Assange est un non-conformiste qui ne sert aucun système et qui est menacé par un grand jury qui délibère à huis clos, une instance sinistre à laquelle la Grande Bretagne a renoncé mais pas les USA. S’il est extradé aux USA, il peut très bien disparaître dans le monde kafkaïen qui a engendré le cauchemar de la baie de Guantanamo et qui accuse maintenant Bradley Manning, la source présumée de Wikileaks, d’avoir commis un crime passible de la peine de mort.
Si l’appel qu’a fait Assange devant la Cour britannique contre son extradition vers la Suède devait être rejeté, il serait probablement enfermé, une fois l’acte d’accusation émis, sans pouvoir communiquer et sans pouvoir bénéficier de la liberté provisoire sous caution, jusqu’à son procès à huis clos. L’accusation portée contre lui avait déjà été considérée comme irrecevable par un procureur respecté et elle n’a été relancée que lorsqu’un politicien de droite, Claes Borgstrom, a affirmé en public la "culpabilité" d’Assange. Borgstrom, un avocat, représente à l’hure actuelle les deux femmes concernées. Il a comme associé Thomas Bodstrom qui, quand il était le ministre suédois de la justice en 2001 a été impliqué dans le kidnapping de deux réfugiés égyptiens innocents par la CIA à l’aéroport de Stokholm. Plus tard, la Suède a été obligée de leur octroyer des dommages et intérêts en réparation des tortures qu’ils avaient subies.
Ces faits ont fait l’objet d’un communication au parlement australien de Canberra le 2 mars. En soulignant que pesait sur Assange la menace d’une énorme erreur judiciaire, l’expert responsable de l’enquête a mis en évidence que, selon les standards internationaux de justice, le comportement de certains officiels suédois pouvait être qualifié de "hautement inapproprié et répréhensible [et] ne permettrait pas un juste procès". Un ancien diplomate australien haut placé, Tony Kevin, a décrit les liens étroits qu’il y avait entre le premier ministre suédois, Frederic Reinheldt, et la droite républicaine étasunienne. Selon lui "Reinheldt et [George W. Bush] sont des amis". Reinheldt a attaqué Assange publiquement et a engagé Karl Rove, l’ancien copain de Bush, pour le conseiller. Tout cela augure très mal des chances qu’a Assange d’échapper à une extradition de la Suède vers les USA.
L’enquête australienne a été ignorée en Grande Bretagne où l’on a un faible pour la farce noire. Le 3 mars, le Guardian a annoncé que Stephen Spielberg rêvait de réaliser un "film à suspense dans le genre de "Tous les hommes du Président" à partir du livre "Wikileaks : Inside Julian Assange’s War on Secrecy" (la guerre intérieure de Julian Assange contre le secret). J’ai demandé à David Leigh qui avait écrit le livre avec Luke Harding, combien Spielberg avait payé le Guardian pour les droits d’auteur et combien il comptait gagner personnellement. "Je n’en ai pas la moindre idée" m’a répondu, à ma grande surprise, "le directeur d’enquêtes" du Guardian. Le Guardian n’a pas donné un sou à Wikileaks pour le trésor de fuites que ce dernier a trouvé. C’est pourtant Assange et Wikileaks -et pas Leigh ni Harding- qui sont à l’origine de ce que le directeur du Guardian, Alan Rusbridger, appelle "un des plus grands scoops journalistiques des 30 dernières années".
Le Guardian ne cache pas qu’il n’a plus besoin d’Assange. C’est un cowboy solitaire incapable de s’intégrer au monde du Guardian et qui s’est révélé un négociateur exigeant et insociable. Et courageux. Dans l’histoire autocentrée que le Guardian écrit dans ses colonnes, Assange est amputé de son l’extraordinaire courage. Il devient une personne sans importance qui fait sourire, un "australien bizarre" dont la mère "a des cheveux crépus" et que le Guardian insulte gratuitement en le traitant de "sans coeur" et de "personne perturbée" qui "a des tendances autistiques". Comment Spielberg décrira-t-il l’assassinat de ce personnage infantile ?
Dans l’émission Panorama de la BBC, Leigh s’est empressé de colporter des ouï-dire selon lesquels Assange se ficherait de mettre en danger les gens dont les noms figurent dans les fuites. Par ailleurs Assange a catégoriquement démenti en les qualifiant de "complètement fausses dans la lettre et dans l’esprit" les allégations selon lesquelles il se serait plaint d’une "conspiration juive", allégations qui ont suivi sur Internet le torrent d’inepties qui en faisait un agent du Mossad.
Il est difficile de décrire, et encore plus d’imaginer, le sentiment d’isolement et l’impression d’être assiégé que doit avoir Julian Assange qui d’une manière ou d’une autre paie le prix fort pour avoir déchiré la façade du pouvoir cupide. Le cancer ici n’est pas l’extrême droite mais le manque de respect pour la liberté d’expression de ceux qui en gardent les frontières. Le New York Times est celui qui a le plus déformé et censuré le matériel de Wikileaks. "Nous allons remettre tous les câbles à l’administration" a dit Bill Keller, le directeur. Ils nous ont convaincus qu’il serait sage de retraiter certaines informations". Dans un article Keller insulte personnellement Assange. A l’école du journalisme de Columbia, le 3 février, Keller a dit sans détour qu’il serait dangereux de publier d’autres câbles car cela pouvait causer une "cacophonie". Le garde-barrière a parlé.
L’héroïque Bradley Manning est obligé de rester nu en pleine lumière sous l’oeil des caméras des caméras 24 heures sur 24. Grey Barns, le directeur de l’Alliances des avocats australiens a dit que les craintes de Julian Assange de "se retrouver dans une prison étasunienne de haute sécurité et d’y être torturé" étaient fondées.
Qui partagera la responsabilité d’un tel crime ?
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10 mars 2011 - Countercurrents - Pour consulter l’original :
http://countercurrents.org/pilger10...

Traduction : Dominique Muselet
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Pourquoi les Palestiniens manifestent le 15 mars

mardi 15 mars 2011 - 19h:35
Rawan Abu-Shahla - The Electronic Intifada
Nous, un groupe de jeunes Palestiniens, nous sommes réunis dans le seul but de laisser derrière nous nos identités et nos affiliations politiques, et de décider de placer notre intérêt avant tout, unis sous le drapeau palestinien.
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Mardi 15 mars 2011 - Manifestation à Gaza
Nous avons appelé à des manifestations pacifiques, ce mardi 15 mars, à travers la nation palestinienne - dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, les territoires de 1948 et la diaspora palestinienne, avec un seul slogan : « Le peuple veut mettre fin à la division ! »
Nous appelons à des actions pacifiques en faveur de l’unité sur la scène politique palestinienne, et sous une même bannière, celle de l’Organisation de Libération de la Palestine [OLP].
La division dans le corps politique palestinien a touché tous les aspects de notre vie : social, économique, éducatif et intellectuel. Ce sont les Palestiniens ordinaires qui ont payé le prix de la division qui dure depuis quatre ans et ne sert rien d’autre que l’occupant israélien.
Notre campagne pour mettre fin à la division a commencé comme une simple idée qui suscite la discussion, et certains jeunes ont décidé de lui donner réalité et de faire tout son possible pour faire que cette initiative aboutisse.
Jour après jour, l’idée a grandi et est devenu un projet et ensuite une décision publique de ne plus se taire, de n’être ni terrorisés ni opprimés et, surtout, de ne pas être ignorés et oubliés. Voilà comment nous sommes arrivés à notre décision de manifester le 15 mars, refusant le statu quo et les pratiques de la politique du « leadership ».
C’est une idée si belle dans sa simplicité et sa pureté que toutes les tentatives des partis politiques de la modifier, la compliquer, ou d’accuser ceux qui sont derrière elle de servir les objectifs de la subversion ont échoué. Et après avoir découvert qu’il s’agit d’un véritable mouvement qui reflète rien de plus que la conscience en éveil de l’opinion publique palestinienne, les partis politiques sont dans l’inquiétude et la confusion. Réprimer ou de ne pas réprimer ? Telle est la question à laquelle ils sont confrontés aujourd’hui.
Ces dernières semaines, nous avons travaillé à diffuser l’idée parmi les gens, les encourageant à participer avec leurs familles, à avoir confiance dans le fait que leur voix sera entendue une fois qu’elle sera exprimée, et à se faire mutuellement confiance et à comprendre que nous sommes tous pareillement impliqués, indépendamment de nos affiliations politiques ou nos croyances. Nous avons cherché à les convaincre que unis dans notre appel comme sur le terrain, nous allons vaincre la peur qui niché à l’intérieur de nous, et que lorsque nous nous tenons ensemble comme un seul homme pour affirmer nos droits, personne ne peut ni nous nuire ni nous opprimer.
Les manifestations pacifiques du 15 mars seront le début d’une série d’initiatives, et le premier jour d’une série illimitée de sit-in. L’idée principale est que nous restions sur place jusqu’à ce que la politique de « leadership » se soumette aux exigences du peuple et prenne des mesures sérieuses pour les respecter. Ce qui se passera ensuite est totalement entre les mains du peuple.
Ce mouvement est celui du peuple, et pour lui. En ce qui concerne Gaza Youth Breaks Out (GYBO), et tous les autres groupes travaillant sur le même terrain, nous avons seulement l’honneur de l’initiative. Tout le reste dépend maintenant de la façon dont la rue palestinienne réagit, et sur ​​sa force.
Les choses seront difficiles, il y aura des menaces, qu’il s’agisse de la violence des partis dominants ou de la peur du chaos. Mais nous avons une confiance totale dans notre appel et dans notre peuple. Nous parions sur la conscience patriotique palestinienne, et pour que tous nous apprenions à accepter, à respecter et à saluer nos différences, à pardonner le passé et à recommencer à zéro, à montrer au monde entier un véritable exemple de tolérance parmi les Palestiniens. Nos appels sont pacifiques et notre seul but est de restaurer l’harmonie perdue dans la société palestinienne.
La campagne pour mettre fin à la division est une décision attendue depuis longtemps par beaucoup, pour abandonner toutes les craintes. Il y a une longue liste de raisons qui font que les gens en ont assez et qu’ils sortent dans la rue pour faire entendre leurs revendications.
Les Palestiniens ont fini par comprendre que par leur silence et leur soumission aux volontés des partis politiques, en acceptant d’être manipulés et terrorisés, ils deviennent les complices tout aussi coupables que ces partis eux-mêmes.
Les gens prennent la rue, amenant leur part du travail pour imposer le changement et pour sortir de l’atmosphère générale d’indifférence qui a paralysé nos cœurs ces quatre dernières années.
Nous, Palestiniens, avec toutes nos différences, ne seront plus ignorés. Nous revendiquons nos droits en tant que citoyens et êtres humains qui doivent être respectés, protégés et reconnus comme la seule source d’un pouvoir légitime. Notre gouvernement doit comprendre que nous, le peuple, représentons une force avec laquelle il faut compter. Nous ne nous laisserons pas tromper par des discours - nous en avons assez. Nous croyons que les actions sont plus éloquentes que les mots, et nous, l’opinion publique palestinienne, contribuons à cette initiative pour donner au « leadership » encore une chance de gagner notre confiance.
Après le 15 mars, la relation à sens unique entre les gouvernants et le peuple sera abolie.
La division entre les Palestiniens doit être terminée. Elle a affaibli notre cause et au lieu de rester le symbole, de renommée internationale, de la lutte juste et légitime qu’elle a toujours été, elle s’est détériorée dans une illusion de pouvoir et de postes, permettant à notre occupant et notre vrai oppresseur, Israël, de nous martyriser.
Israël continue de kidnapper et d’emprisonner les Palestiniens innocents, à envahir nos terres, à détruire nos maisons, à arracher nos arbres, à voler notre patrimoine, à bombarder nos villes et à assiéger la bande de Gaza depuis cinq années consécutives. Israël continue à violer les résolutions de l’ONU sans que personne ne le tienne pour responsable. Et en l’absence d’un leadership palestinien adéquat, il n’y aura rien qui empêchera Israël de faire ce qu’il veut.
Donc, notre message est clair et simple : mettre fin à la division, se tourner vers l’opinion publique palestinienne et travailler pour la prospérité des Palestiniens en ouvrant la voie à la création de notre État palestinien démocratique et indépendant. L’unité est une nécessité.
Notre appel est lancé à tous les Palestiniens, à nous-mêmes, pour que nous soyons fidèles à notre cause, aux sacrifices que notre grand peuple a supporté tout au long de 63 années de souffrance. Sortez dans la rue le 15 mars, dénoncez la division et tous ceux qui ne vivent que par elle.
Ensemble, au nom de notre cause sacrée, de nos martyrs et de nos prisonniers, nous appelons à l’unité sous notre drapeau palestinien. Il n’y a absolument aucun doute dans nos cœurs que nos manifestations pacifiques seront l’aube d’un jour nouveau.
* Rawan Abu-Shahla appartient au mouvement Gaza Youth Break Out et vit à Gaza
14 mars 2011 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
TRaduction : Naguib
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Un agent du Mossad parle

publié le lundi 14 mars 2011
Peter Myers

 
Ostrovsky [1], un ancien agent du Mossad, dit que la devise de ce dernier est : « Au moyen de la tromperie, tu feras la guerre ».
Le Mossad, dit-il, a provoqué la frappe aérienne américaine sur la Libye en 1986 en faisant apparaître que des ordres terroristes étaient transmis par le gouvernement libyen à ses ambassades autour du monde. Mais les messages provenaient d’Israël et étaient retransmis par un système spécial de communication – un « cheval de Troie » – que le Mossad avait placé à l’intérieur de la Libye.
Le Mossad se retourna ensuite contre Saddam, poussant les Etats-Unis à lui faire la guerre.
Les sayanim sont des résidents d’autres pays qui coopèrent avec les katsas (les officiers traitants du Mossad).
Les commentaires de Peter Myers sont indiqués ainsi.
Avant-propos d’Ostrovsky
p. vii REVELER LES FAITS tels que je les connais de mon point de vue de quatre années passées à l’intérieur du Mossad ne fut en aucune manière une tâche facile.
Venant d’un milieu sioniste ardent, je m’étais vu enseigner que l’Etat d’Israël était incapable de mauvaise conduite. Que nous étions le David dans l’éternel combat contre le Goliath toujours grandissant. Qu’il n’y avait personne pour nous protéger à part nous-mêmes – un sentiment renforcé par les survivants de l’Holocauste qui vivaient parmi nous. Nous, la nouvelle génération des Israélites, la nation ressuscitée sur sa propre terre après plus de deux mille ans d’exil, étions en charge du sort de la nation toute entière. Les commandants de notre armée étaient appelés champions, pas généraux. Nos dirigeants étaient les capitaines à la barre d’un grand navire. Je fus transporté de joie lorsque je fus sélectionné et que je reçus le privilège de rejoindre ce que je considérais comme l’équipe d’élite du Mossad.
Mais ce furent les idéaux pervertis et le pragmatisme autocentré que je rencontrai dans le Mossad, associés à l’avidité, la soif de pouvoir et le total manque de respect pour la vie humaine dans cette soi-disant équipe, qui me motivèrent à raconter cette histoire. C’est par amour d’Israël en tant que pays libre et juste que je mets ma vie en danger en faisant cela, faisant face à ceux qui se sont autorisés à transformer le rêve sioniste en cauchemar d’aujourd’hui.
Le Mossad, étant le corps de renseignement chargé de la responsabilité de reconnaître la route pour les dirigeants à la barre de la nation, a trahi cette confiance. En agissant en son nom propre, et pour des raisons étroites et égoïstes, il a placé la nation sur la voie d’un choc avec une guerre totale.
Avant-propos de Claire Hoy
p. ix L’un des principaux thèmes de ce livre est la conviction de Victor que le Mossad est hors de contrôle, que même le Premier Ministre, bien qu’étant ostensiblement responsable, n’a pas d’autorité réelle sur ses actions…
[…] Le Mossad – croyez-le ou non – a seulement 30 à 35 officiers traitants, ou katsas, opérant dans le monde au même moment. La principale raison pour ce total extraordinairement faible, comme vous le lirez dans ce livre, est que, à la différence des autres pays, Israël peut exploiter le cadre important et loyal de la communauté juive mondiale en-dehors d’Israël. Cela est réalisé à travers un système unique de sayanim, auxiliaires juifs volontaires.
texte écrit conjointement – le reste du livre
p. 52 Mes six premières semaines furent vides d’événements. Je travaillai au bureau du centre-ville, essentiellement comme homme à tout faire et documentaliste. Mais un jour glacial de février 1984, je me retrouvai avec quatorze autres dans un petit bus. … Ce cours devait être connu sous le nom de Cadet 16, puisque c’était le seizième cours des cadets du Mossad.
p. 53 Il marcha vivement vers le bout de la table pendant que les deux autres s’asseyaient au fond de la salle. « Mon nom est Aharon Sherf », dit-il. « Je suis le directeur de l’Académie. Bienvenue au Mossad. Son nom complet est Ha Mossad, le Modiyn ve le Tafkidim Mayuhadim [Institut pour le Renseignement et les Opérations Spéciales]. Notre devise est : « Au moyen de la tromperie, tu feras la guerre ».
p. 86 Le jour suivant Ran S. donna un cours sur les sayanim, une partie unique et importante des opérations du Mossad. Les sayanim – assistants – doivent être juifs à 100%. Ils vivent à l’étranger, et bien qu’ils ne soient pas des citoyens israéliens, beaucoup sont contactés par l’intermédiaire de leurs parents en Israël. Un Israélien ayant un parent en Angleterre, par exemple, peut se voir demander d’écrire une lettre disant que la personne porteuse de la lettre représente une organisation dont le principal but est d’aider à sauver des Juifs de la diaspora. Le parent britannique pourrait-il aider d’une manière quelconque ?
Il y a des milliers de sayanim dans le monde. Rien qu’à Londres, il y en a environ 2.000 qui sont actifs, et 5.000 autres sur la liste. Ils remplissent beaucoup de rôles différents. Un sayan-voiture, par exemple, dirigeant une agence de location, pourrait aider le Mossad à louer une voiture sans avoir à remplir la documentation habituelle. Un sayan-appartement pourrait trouver un logement sans provoquer de suspicions, un sayan-banque pourrait vous trouver de l’argent si vous en aviez besoin au milieu de la nuit, un sayan-docteur traiterait une blessure par balle sans le dire à la police, et ainsi de suite. L’idée est d’avoir une réserve de gens disponibles si nécessaire, qui peuvent rendre des services mais qui n’en parleront pas, par loyauté à la cause. On leur rembourse seulement les coûts. Souvent la loyauté des sayanim est abusée par des katsas qui tirent avantage de l’aide disponible pour leur propre usage personnel. Il n’y a aucun moyen pour le sayan de le vérifier.
Une chose dont vous pouvez être sûr, c’est que même si un Juif sait que c’est le Mossad, il n’est peut-être pas d’accord pour travailler avec vous – mais il ne vous dénoncera pas. Vous avez à votre disposition un système de recrutement sans risque qui vous donne en fait une réserve de millions de Juifs à exploiter en-dehors de vos propres frontières. Il est beaucoup plus facile d’opérer avec ce qui est disponible sur place, et les sayanim offrent un incroyable appui pratique partout. Mais ils ne sont jamais mis en danger – et ne sont jamais mis au courant d’informations classifiées.
Supposez que pendant une opération un katsa ait soudain besoin d’un magasin d’électronique comme couverture. Un appel à un sayan dans ce secteur peut rapporter 50 téléviseurs, 200 magnétoscopes – tout ce qui est nécessaire – à votre projet, et en un rien de temps vous avez un magasin avec 3 ou 4 millions de dollars de matériel en stock. Comme la plus grande part de l’activité du Mossad est en Europe, il peut être préférable d’avoir une adresse commerciale en Amérique du Nord. Ainsi, il y a des sayanim-adresses et des sayanim-téléphones. Si un katsa doit donner une adresse ou un numéro de téléphone, il peut utiliser celle/celui du sayan. Et si le sayan reçoit une lettre ou un coup de téléphone, il saura immédiatement comment procéder. Certains sayanim-commerciaux ont une équipe de 20 opérateurs pour répondre au téléphone, taper des lettres, faxer des messages, tout cela au nom du Mossad. Le plus drôle est que 60% du trafic de ces sociétés de service téléphonique en Europe vient du Mossad. Elles fermeraient autrement.
Le seul problème avec le système est que le Mossad ne semble pas réaliser à quel point cela pourrait être dévastateur pour le statut des Juifs de la diaspora si c’était connu. La réponse que vous obtenez si vous posez la question est : « Et qu’est-ce qui peut arriver de pire à ces Juifs ? Ils viendraient tous en Israël ? Génial ! ».
Les katsas des stations sont en charge des sayanim, et les sayanim les plus actifs recevront la visite d’un katsa une fois tous les trois mois à peu près, ce qui pour le katsa signifie entre deux et quatre rencontres face-à-face par jour avec les sayanim, en plus de nombreuses conversations téléphoniques. Le système permet au Mossad de travailler avec un personnel squelettique. C’est pourquoi, par exemple, une station du KGB emploierait environ cent personnes, alors qu’une station comparable du Mossad n’en nécessiterait que six ou sept.
p. 269 Pollard [célèbre espion pris la « main dans le sac » aux USA en 1985, NDT] n’était pas du Mossad, mais beaucoup d’autres qui espionnent, recrutent, organisent et mènent des activités secrètes – principalement à New York et Washington, qu’ils appellent leur « terrain de jeu » – appartiennent à une division spéciale et super-secrète du Mossad appelée simplement « Al », le mot hébreu pour « au-dessus » ou « au sommet ».
L’unité est si secrète et si séparée de l’organisation principale que la majorité des employés du Mossad ne sait même pas ce qu’elle fait et n’a pas accès à ses dossiers sur l’ordinateur.
Mais elle existe, et emploie entre 24 et 27 vétérans du terrain, trois en tant que katsas actifs. La plus grande partie de leur activité, mais pas toute, est à l’intérieur des frontières US. Leur tâche essentielle est de rassembler des informations sur le monde arabe et l’OLP, et non de rassembler des renseignements sur les activités US. Mais comme nous le verrons, la ligne de partage est souvent floue, et en cas de doute, Al n’hésite pas à la franchir.
Dire qu’elle ne rassemble pas d’informations sur les Américains revient à dire que la moutarde n’est pas l’essentiel, mais que vous en aimez un peu sur votre hot-dog. Supposons, par exemple, qu’il y ait un sénateur dans le comité des armes qui intéresse le Mossad. Al utilise rarement des sayanim, mais les papiers de ce sénateur, tout ce qui se passe dans son bureau, seraient des informations importantes, donc un assistant deviendrait une cible. Si l’assistant était juif, il (ou elle) serait approché en tant que sayan. Autrement, la personne serait recrutée comme agent, ou même seulement comme ami, pour infiltrer et écouter.
Le circuit de cocktails de Washington est très important pour cela. Certains attachés en suivent les progrès. Ce n’est pas un problème d’ajouter quelqu’un à ce circuit et de lui donner un groupe légitime.
Supposez, par exemple, que McDonnell Douglas veuille vendre des avions US à l’Arabie Saoudite. Est-ce une affaire US ou une affaire israélienne ? Eh bien, en ce qui concerne l’Institut, c’est l’affaire d’Israël. Quand vous avez quelque chose comme ça en place, c’est très difficile de ne pas l’utiliser. Donc ils le font.
p. 270 L’une des plus célèbres activités de Al a impliqué le vol de matériel de recherche à certaines grandes firmes aéronautiques US pour aider Israël à s’assurer un contrat de cinq ans de 25,8 millions de dollars en janvier 1986 pour équiper la marine US et le corps des Marines avec 21 drones de 4,87 mètres de long, ou Mazlat Pioneer 1 sans pilote, plus l’équipement de contrôle au sol, de lancement et de récupération. Les drones, qui ont un moniteur de télévision monté sous le ventre, sont utilisés dans le travail de reconnaissance militaire. Mazlat, une filiale des Israeli Aeronautical Industries and Tadiran, étatisées, « remporta » le contrat après avoir renchéri sur les firmes US dans un appel d’offre en 1985.
En réalité, Al avait volé la recherche. Israël avait travaillé sur un drone, mais n’avait pas encore assez avancé pour entrer dans cette compétition. Quand vous n’avez pas à inclure le coût des recherches dans votre offre, cela fait une différence substantielle.
Après avoir remporté le contrat, Mazlat entra dans un partenariat avec AAI Corp. de Baltimore dans le Maryland, pour le terminer.
Al est similaire au Tsomet, mais elle n’entre pas dans la juridiction du chef du Tsomet. Au contraire, elle fait ses rapports directement au chef du Mossad. A la différence des stations normales du Mossad, elle n’opère pas à l’intérieur de l’ambassade israélienne. Ses stations sont situées dans des maisons ou des appartements sûrs.
Les trois équipes de Al sont établies en station, ou unité. Supposons que pour une raison ou une autre, les relations entre Israël et la Grande-Bretagne s’effondrent demain et que le Mossad doive quitter le Royaume-Uni. Ils pourraient envoyer une équipe d’Al à Londres et avoir un réseau clandestin complet le jour suivant. Les katsas de Al sont parmi les plus expérimentés de l’Institut.
Les Etats-Unis sont un endroit où les conséquences de la négligence sont immenses. Mais le fait de ne pas travailler à travers l’ambassade crée des difficultés, spécialement pour les communications. Si les gens de Al se font attraper aux Etats-Unis, ils sont emprisonnés comme espions. Ils n’ont pas d’immunité diplomatique. Le pire qui puisse arriver à un katsa dans une station normale, parce qu’il a l’immunité diplomatique, est l’expulsion. Officiellement, le Mossad a une station de liaison à Washington, mais rien d’autre.
p. 271 Les Américains ne réalisent pas combien d’informations nous sont données à travers l’OTAN, des informations qui peuvent être manipulées pour présenter une image beaucoup plus vivante
Les stations de Al, bien qu’étant en-dehors de l’ambassade, opèrent néanmoins comme des stations pour la plus grande part. Elles communiquent directement avec le QG de Tel-Aviv par téléphone, télex ou modem d’ordinateur. Elles n’utilisent pas de système de brouillage de communications, parce que même si les Américains ne pouvaient pas décoder les messages, ils sauraient qu’il y a une activité clandestine dans le voisinage, ce que le Mossad veut éviter. La distance est aussi un facteur.
p. 276 Dans un pays où tout le monde sert dans l’armée, le service militaire est important. C’est pourquoi vous vous retrouvez avec un gouvernement qui est composé à 70% de généraux. Les gens ne semblent pas comprendre que cela n’est pas bon – avec des gens dont les narines se dilatent à l’odeur de la poudre.
p. 277 Au milieu de tout cela, le Mossad avait eu son premier contact avec les producteurs d’opium en Thaïlande. Les Américains tentaient d’obliger les fermiers à cesser de produire de l’opium et à faire pousser du café à la place. L’idée du Mossad était d’entrer là-dedans, de les aider à faire pousser du café, mais en même temps de les aider à exporter de l’opium comme moyen de récolter de l’argent pour les opérations du Mossad.
p. 286 Le Mossad ne reconnaît toujours pas l’existence de Al. A l’intérieur de l’Institut, on dit que le Mossad ne travaille pas aux Etats-Unis. Mais la plupart des gens du Mossad savent que Al existe, même s’ils ne savent pas exactement ce qu’elle fait. Le plus drôle de tout cela est que quand le LAKAM éclata avec l’affaire Pollard, les gens du Mossad disaient toujours : « Une chose est sûre. Nous ne travaillons pas aux Etats-Unis ».
fin des citations
Victor Ostrovsky, The Other Side of Deception, Editions Harper & Collins, New York 1994.
p. 24 Jeudi 13 février 1986, 07:45
p. 31 Vendredi 21 février
p. 32 Il semblait que tout l’immeuble devenait fou. Tout le monde était à la recherche d’informations qui pourraient stopper les efforts du roi Hussein de Jordanie pour une initiative de paix…
La communauté juive américaine était divisée en une équipe d’action à trois niveaux. D’abord il y avait les sayanim individuels (si la situation avait été l’inverse et si les Etats-Unis avaient convaincus des Américains travaillant en Israël de travailler secrètement pour le compte des Etats-Unis, ils auraient été traités comme des espions par le gouvernement israélien). Ensuite il y avait l’important lobby pro-israélien. Il mobiliserait la communauté juive dans un effort forcené dans la direction que le Mossad lui indiquerait. Et enfin il y avait la B’naï B’rith. On pouvait faire confiance aux membres de cette organisation pour se faire des amis parmi les non-juifs et dénoncer comme antisémites tous ceux qu’ils ne pouvaient pas gagner à la cause israélienne. Avec ce genre de tactique un-deux-trois, rien ne pouvait nous résister.
p. 113 « C’est le vieux truc du couillon de Troie ». Il alluma une cigarette.
« Qu’est-ce c’est que ça ? ». Je ne pus m’empêcher de sourire ; je ne l’avais jamais entendu appeler comme ça avant.
« Je savais que ça attirerait ton attention », dit-il avec un grand sourire. « Shimon a activé l’Opération ‘Troyan’ en février de cette année » le seul Shimon dans la liste est Shimon Peres.
J’approuvai de la tête. J’étais déjà au Mossad quand cet ordre fut donné, et du fait de mon passé naval et de ma connaissance de la plupart des commandants de la marine, j’avais participé au planning de l’opération en tant que liaison avec la marine. Un « Trojan » [Troyen] était un système spécial de communication qui pouvait être implanté par des commandos de marine loin à l’intérieur du territoire ennemi. Le système agirait comme station relais pour de fausses transmissions conçues par l’unité de désinformation du Mossad, appelée LAP note : LAP : LohAma Psicologit. Guerre psychologique, ou, comme on le dit en Occident, désinformation, et destinées à être reçues par les stations d’écoute américaines et britanniques. Provenant d’un navire de guerre israélien en mer, les transmissions numériques préenregistrées ne pouvaient être captées que par le Trojan. Le système réémettrait ensuite la transmission sur une autre fréquence, une fréquence utilisée pour les affaires officielles dans le pays ennemi, moment auquel la transmission serait finalement captée par les « grandes oreilles » américaines en Grande-Bretagne.
Les gens à l’écoute n’auraient aucun doute d’avoir intercepté une communication authentique, d’où le nom de Trojan, rappelant le mythique cheval de Troie. De plus, le contenu des messages, après déchiffrage, confirmerait les informations venant d’autres sources de renseignement, c’est-à-dire le Mossad. Le seul problème était que le Trojan lui-même devait être situé aussi près que possible de l’origine normale de telles transmissions, à cause des méthodes sophistiquées de triangulation que les Américains et d’autres utiliseraient pour vérifier la source.
Dans l’opération spéciale dont parlait Ephraim, deux unités d’élite de l’armée avaient été chargées de placer le système « troyen » à l’endroit approprié. L’une était l’unité de reconnaissance Matkal [Sayeret Matkal : unité d’élite de reconnaissance de l’armée israélienne] et l’autre était la Flottille 13, les commandos de marine. Les commandos étaient chargés de la tâche d’implanter le système « troyen » à Tripoli, en Libye. La nuit du 17-18 février, deux navires lance-missiles israéliens, le Moledet de la classe SAAR 4, armé de missiles mer-mer Harpoon et Gabriel, entre autres armements, et le Geula, un navires lance-missiles de classe Hohit avec une plate-forme pour hélicoptère et l’armement habituel des SAAR 4, effectuait ce qui semblait être une patrouille de routine en Méditerranée, se dirigeant vers le canal de Sicile et passant juste en-dehors des eaux territoriales de la Libye. Juste au nord de Tripoli, les navires de guerre, qui étaient visibles au radar depuis Tripoli ainsi que depuis l’île italienne de Lampedusa, ralentirent jusqu’à quatre nœuds – juste assez longtemps pour permettre la mise à l’eau d’une équipe de douze commandos de marine dans quatre mini sous-marins appelés « cochons » et deux vedettes rapides à silhouette basse appelées « oiseaux ». Les « cochons » pouvaient porter deux commandos chacun et tout leur équipement de combat. Les « oiseaux », équipés d’une mitrailleuse de calibre MG 7,62 montée sur la proue et d’une série de lance-roquettes antichar, pouvaient transporter six commandos chacun, tout en remorquant les « cochons » vides. Les « oiseaux » amenaient les « cochons » aussi près du rivage que possible, réduisant ainsi la distance que les « cochons » auraient à parcourir seuls (les « cochons » étaient submersibles et silencieux mais relativement lents).
A trois kilomètres au large de la côte libyenne, on pouvait voir scintiller les lumières de Tripoli au sud-est. Huit commandos se glissèrent doucement dans les « cochons » et se dirigèrent vers le rivage. Les « oiseaux » restèrent derrière au point de rendez-vous, prêts à entrer en action si la situation l’exigeait. Dès qu’ils atteignirent la plage, les commandos laissèrent leurs transports en forme de cigare submergés dans l’eau peu profonde et se dirigèrent vers l’intérieur des terres, portant un cylindre « troyan » vert foncé de 1,80 m de long et de 178 cm de diamètre. Il fallait deux hommes pour le porter.
Un fourgon gris était arrêté sur le coté de la route à environ trente mètres de l’eau, sur la route côtière allant de Sabratah à Tripoli puis à Benghazi. Il ne risquait guère d’y avoir de la circulation à cette heure de la nuit. Le conducteur du fourgon semblait être en train de réparer un pneu à plat. Il cessa de travailler lorsque l’équipe approcha et ouvrit les portes à l’arrière du fourgon. C’était un combattant du Mossad. Sans dire un mot, quatre des hommes montèrent dans le fourgon et se dirigèrent vers la ville. Les quatre autres repartirent vers l’eau, où ils se mirent en position défensive près des « cochons » submergés. Leur travail était de tenir cette position pour assurer une voie de retraite à l’équipe qui se dirigeait maintenant vers la ville.
En même temps, un escadron de chasseurs israéliens refaisait le plein au sud de la Crète, prêt à intervenir. Ils étaient capables de maintenir toute force terrestre [ennemie] à distance des commandos, en cas de retour plus difficile. A ce moment, la petite unité de commando était divisée en trois détachements – son moment le plus vulnérable. Si l’un des détachements se heurtait aux forces ennemies, il avait pour instruction d’agir avec une prudence extrême, avant que l’ennemi ne devienne hostile. Le fourgon se gara derrière un immeuble d’habitation de la rue Al Jamhuriyh à Tripoli, à moins de trois rues des casernes qui étaient connues pour abriter le quartier général et la résidence de Kadhafi. Entre-temps, les hommes dans le fourgon avaient revêtu des vêtements civils. Deux restèrent dans le fourgon comme guetteurs et les deux autres aidèrent le combattant du Mossad à monter le cylindre au dernier des cinq étages de l’immeuble. Le cylindre était enveloppé dans un tapis.
Dans l’appartement, la partie supérieure du cylindre fut ouverte et une petite antenne en forme de saladier fut déployée et placée en face de la fenêtre située au nord.
L’engin fut activé, et le cheval de Troie fut en place.
Le combattant du Mossad avait loué l’appartement pour six mois et avait payé le loyer à l’avance. Il n’y avait pas de raison pour que quelqu’un entre dans l’appartement à part le combattant. Cependant, si quelqu’un décidait de le faire, le « Trojan » s’autodétruirait, emportant avec lui le plus gros de la partie supérieure de l’immeuble.
Les trois hommes retournèrent au fourgon et vers leur rendez-vous avec leurs amis sur la plage.
Après avoir amené les commandos à la plage, le combattant retourna vers la ville, où il surveillerait le Trojan pendant les semaines à venir. Les commandos ne perdirent pas de temps et repartirent vers la mer. Ils ne voulaient pas être surpris dans les eaux libyennes au lever du jour. Ils atteignirent les « oiseaux » et se dirigèrent à pleine vitesse vers un point de ramassage prévu, où ils retrouvèrent les navires lance-missiles qui les avaient amenés.
A la fin mars, les Américains interceptaient déjà des messages émis par le Trojan, qui était activé seulement pendant les heures de trafic radio intense. En utilisant le Trojan, le Mossad tentait de faire croire qu’une longue série d’ordres terroristes était transmise à diverses ambassades libyennes dans le monde (ou, comme elles étaient appelées par les Libyens, des Bureaux du Peuple). Ainsi que le Mossad l’avait espéré, les transmissions furent déchiffrées par les Américains et interprétées comme une preuve largement suffisante que les Libyens étaient des soutiens actifs du terrorisme. De plus, remarquèrent les Américains, les rapports du Mossad le confirmaient.
Les Français et les Espagnols, cependant, ne croyaient pas à ce nouveau flot d’informations. Pour eux, il leur semblait suspect que soudain, à l’improviste, les Libyens, qui avaient été extrêmement prudents dans le passé, commencent à claironner leurs actions futures. Ils trouvaient également suspect qu’en plusieurs occasions des rapports du Mossad aient été rédigés de manière similaire à des communications libyennes codées. Ils arguaient de plus que, s’il y avait vraiment eu des communications libyennes après-coup concernant l’attaque, alors l’attentat terroriste contre la discothèque La Belle [discothèque La Belle : l’attentat terroriste à cet endroit fut considéré comme lié aux Libyens et fut le catalyseur pour le bombardement américain du 14 avril sur la Libye] à Berlin-Ouest le 5 avril aurait pu être empêché, puisqu’il y aurait sûrement eu des communications avant, permettant aux agences de renseignement à l’écoute de l’empêcher. Puisque l’attaque n’avait pas été empêchée, ils raisonnaient qu’elle ne devait pas avoir été faite par les Libyens, et que les « nouvelles communications » devaient être fausses. Les Français et les Espagnols avaient raison. L’information était fausse, et le Mossad n’avait pas la moindre idée de l’identité de ceux qui avaient placé la bombe qui avait tué un militaire américain et blessé plusieurs autres. Mais le Mossad était lié à de nombreuses organisations terroristes européennes, et il était convaincu que dans l’atmosphère volatile qui régnait en Europe, un attentat avec une victime américaine n’était qu’une question de temps. Les chefs du Mossad comptaient sur la promesse américaine d’effectuer des représailles contre tout pays qui serait surpris en flagrant délit de soutien au terrorisme. Le Trojan donnait aux Américains la preuve qu’ils demandaient. Le Mossad intégrait aussi dans l’équation l’image fanatique et les déclarations mémorables de Kadhafi, qui n’étaient destinées en réalité qu’à la consommation intérieure. Il faut se rappeler que Kadhafi avait tracé une ligne dans l’eau à cette époque, déclarant le Golfe de Syrte comme faisant partie des eaux territoriales libyennes et appelant la nouvelle frontière maritime la ligne de la mort (une action qui ne lui donna pas vraiment une image modérée). Finalement, les Américains tombèrent la tête la première dans le stratagème du Mossad, entraînant avec eux les Britanniques et les Allemands quelque peu renâclants. L’Opération Trojan fut l’un des plus grands succès du Mossad. Elle provoqua sur la Libye la frappe aérienne que le président Reagan avait promise – une frappe qui eut trois importantes conséquences. D’abord, elle fit capoter un accord pour la libération des otages américains au Liban, conservant ainsi le Hezbollah (le Parti de Dieu) comme ennemi numéro un aux yeux de l’Occident. Deuxièmement, elle envoya un message à tout le monde arabe, leur disant exactement où se situaient les Etats-Unis concernant le conflit arabo-israélien. Troisièmement, elle renforça l’image que le Mossad se faisait de lui-même, puisque c’est lui qui, par un ingénieux tour de passe-passe, avait poussé les Etats-Unis à faire ce qu’il fallait. Les Français furent les seuls à ne pas croire à la ruse du Mossad et furent déterminés à ne pas s’associer à l’acte agressif des Américains. Les Français refusèrent le survol de leur territoire par les bombardiers américains en route pour attaquer la Libye.
Le 14 avril 1986, cent soixante avions américains lâchèrent plus de soixante tonnes de bombes sur la Libye. Les attaquants bombardèrent l’aéroport international de Tripoli, les casernes de Bab el Azizia, la base navale de Sidi Bilal, la ville de Benghazi, et le terrain d’aviation de Benine en-dehors de Benghazi. La force de frappe consistait en deux groupes principaux, l’un venant d’Angleterre et l’autre des porte-avions en Méditerranée. D’Angleterre vinrent vingt-quatre F-111 de Lakenheath, cinq EF-111 de Upper Heyford, et vingt-huit avions ravitailleurs de Mildenhall et Fairford. Dans l’attaque, les F-111 et les EF-111 de l’Air Force furent rejoints par dix-huit avions de soutien A-6 et A-7, six chasseurs F/A-18, quatorze avions EA-6B de brouillage électronique, et d’autres appareils de soutien. Les avions de la marine furent catapultés des porte-avions Coral Sea et America. Du coté libyen, il y eut environ quarante victimes civiles, y compris la fille adoptive de Kadhafi. Du coté américain, un pilote et son observateur furent tués quand leur F-111 explosa.
Après le bombardement, le Hezbollah rompit les négociations concernant les otages qu’il détenait à Beyrouth et exécuta trois d’entre eux, incluant un Américain nommé Peter Kilburn. Quant aux Français, ils furent récompensés pour leur non-participation à l’attaque par la libération à la fin de juin de deux journalistes français retenus en otages à Beyrouth (il se trouve qu’une bombe perdue toucha l’ambassade de France à Tripoli pendant le raid).
Ephraim m’avait tout expliqué et m’avait confirmé certaines informations que je connaissais déjà. Il poursuivit alors : « Après le bombardement de la Libye, notre ami Kadhafi va sûrement se tenir tranquille pendant quelque temps. L’Irak et Saddam Hussein sont la prochaine cible. Nous allons maintenant commencer à le présenter comme le grand méchant. Cela prendra quelque temps, mais pour finir, il n’y a pas de doute que ça marchera ».
« Mais Saddam n’est-il pas considéré comme modéré envers nous, allié à la Jordanie et grand ennemi de l’Iran et de la Syrie ? »
« Oui, c’est pourquoi je suis opposé à cette action. Mais c’est la directive, et je dois la suivre. J’espère que toi et moi en aurons fini avec notre petite opération avant que quelque chose d’important ne se passe. Après tout, nous avons déjà détruit son installation nucléaire, et nous gagnons de l’argent en lui vendant de la technologie et de l’équipement par l’intermédiaire de l’Afrique du Sud. »
p. 254 Dans les semaines suivantes, de plus en plus de découvertes furent faites concernant le canon géant et d’autres éléments de la machine de guerre de Saddam. Le Mossad ne faisait que saturer le domaine du renseignement avec des informations concernant les mauvaises intentions de Saddam le Terrible, misant sur le fait que sous peu, il aurait suffisamment de corde pour se pendre. Le but principal du Mossad était très clair. Il voulait que l’Occident fasse le travail à sa place, tout comme les Américains l’avaient fait en Libye avec le bombardement de Kadhafi. Après tout, Israël ne possédait pas de porte-avions ni d’énorme force aérienne, et bien qu’il soit capable de bombarder un camp de réfugiés à Tunis, ce n’était pas la même chose. Les chefs du Mossad savaient que s’ils pouvaient faire apparaître Saddam comme suffisamment mauvais et comme une menace pour les champs pétrolifères du Golfe, dont il avait été le protecteur jusqu’à maintenant, alors les Etats-Unis et leurs alliés ne le laisseraient pas s’en tirer à bon compte, mais prendraient des mesures pour éliminer totalement son armée et son potentiel militaire, particulièrement s’ils étaient conduits à croire que cela pourrait être leur dernière chance avant qu’il obtienne la puissance nucléaire.
Le Mossad entraînant les DEUX CAMPS dans la guerre civile au Sri Lanka ; et son appui aux fondamentalistes musulmans, pour faire capoter le processus de paix ; et son plan pour tuer George Bush père, en réponse au processus de paix qu’il avait initié.
Autres citations extraites des deux livres d’Ostrovsky sur le Mossad : Victor Ostrovsky et Claire Hoy, By Way of Deception, St Martin’s Press, New York 1990.
p. 130 La sympathie pour les Tamouls est très forte dans l’Etat du sud de l’Inde, le Tamil Nadu, où vivent 40 millions de Tamouls. Beaucoup de Tamouls sri lankais, fuyant le bain de sang, ont trouvé refuge ici, et le gouvernement sri lankais a accusé les officiels indiens d’armer et d’entraîner les Tamouls. Il devrait accuser le Mossad. Les Tamouls s’entraînaient à la base navale des commandos, apprenant les techniques d’infiltration, de minage, de communications, et comment saboter les navires similaires au Devora. Ils étaient environ 28 hommes dans chaque groupe, donc il fut décidé que Yossi prendrait les Tamouls à Haïfa cette nuit pendant que je prendrais les Cinghalais à Tel-Aviv, évitant ainsi toute chance de rencontre.
Le vrai problème commença après environ deux semaines de cours, alors que les Tamouls et les Singhalais – ne se connaissant pas entre eux, bien sûr – s’entraînaient tous à Kfar Sirkin. C’est une assez grande base, mais même ainsi, un jour les deux groupes passèrent à quelques mètres les uns des autres alors qu’ils faisaient du jogging. Après leur entraînement de base à Kfar Sirkin, les Cinghalais furent emmenés à la base navale pour apprendre essentiellement à maîtriser toutes les techniques que les Israéliens venaient d’enseigner aux Tamouls. C’était sacrément trépidant. Nous devions imaginer des punitions ou des exercices de nuit juste pour les occuper, afin que les deux groupes ne se retrouvent pas à Tel-Aviv en même temps. Les actions de cet homme (Amy) auraient pu compromettre la situation politique en Israël si ces groupes s’étaient rencontrés. Je suis sûr que Peres n’en aurait pas dormi de la nuit s’il avait su ce qui se passait. Mais bien sûr, il n’en savait rien.
Alors que les trois semaines venaient de s’écouler et que les Singhalais se préparaient à aller à Atlit, la base top-secrète des commandos de marine, Amy me dit qu’il n’irait pas avec eux. La Sayeret Matkal s’occuperait de leur entraînement. C’était le groupe d’élite de reconnaissance, celui qui avait mené le fameux raid sur Entebbe (les commandos de marine sont l’équivalent des Navy Seals américains).
« Regarde, nous avons un problème », dit Amy. « Nous avons un groupe de 27 types des SWAT qui arrivent d’Inde ».
« Mon Dieu », dis-je, « qu’est-ce que c’est que ça ? Nous avons eu les Cinghalais, les Tamouls, et maintenant les Indiens. Qui d’autre après ? »
En même temps, je rencontrais un général de l’aviation taiwanaise nommé Key, le représentant de leurs services de renseignements en Israël. Il travaillait à l’ambassade japonaise, et il voulait acheter des armes. On me dit de le promener un peu, mais de ne rien lui vendre, parce que les Taiwanais copieraient en deux jours tout ce qu’ils achèteraient, et finiraient par faire concurrence à Israël sur le marché.
p. 221 C’est pourquoi Israël voulait avoir le sien pour le tester, mais ils ne pouvaient pas l’acheter ouvertement aux Français. La France avait un embargo sur les ventes d’armes à Israël. Beaucoup de pays en ont encore un, parce qu’ils savent que dès qu’Israël aura certaines armes, il les copiera.
p. 222 Et juste pour montrer à quel point le Mossad ne pratique pas la discrimination, il entraîna les deux camps dans les sanglants troubles civils en cours au Sri Lanka : les Tamouls et les Cinghalais, ainsi que les Indiens qui furent envoyés pour restaurer l’ordre.
Victor Ostrovsky, The Other Side of Deception HarperCollins Publishers, New York 1994.
p. 196 Mais comme nous n’étions pas encore prêts à installer le réseau d’espionnage israélien chez les Jordaniens comme je l’avais promis, je ne pouvais pas laisser Ephraim en dehors plus longtemps. Il sentait qu’il était nécessaire de prévenir le renseignement égyptien contre le Mossad. Cela devait être fait avant qu’un incident quelconque survienne qui révélerait l’assistance du Mossad (principalement logistique) aux fondamentalistes musulmans à travers ses contacts en Afghanistan.
La paix avec l’Egypte pesait lourdement sur la droite israélienne. Par elle-même, la paix, si soigneusement respectée par les Egyptiens, était la preuve vivante que les Arabes sont un peuple avec lequel la paix est possible, et qu’ils ne sont pas du tout ce que le Mossad et d’autres éléments de la droite ont dit qu’ils étaient. L’Egypte respecta sa paix avec Israël, même quand Israël devint l’agresseur au Liban en 1982 et en dépit des mises en garde du Mossad disant que les Egyptiens étaient en fait en train de développer une préparation militaire de dix ans qui amènerait une guerre avec Israël en 1986-87 (une guerre qui ne se matérialisa jamais).
Le Mossad comprenait qu’il devait trouver une nouvelle menace dans la région, une menace d’une ampleur telle qu’elle justifierait n’importe quelle action que le Mossad jugerait nécessaire d’entreprendre.
Les éléments de droite dans le Mossad (et dans tout le pays, pour cette question) avaient ce qu’ils considéraient comme une philosophie saine. Ils pensaient (à juste titre, manifestement) qu’Israël était la plus forte présence militaire au Moyen Orient. En fait, ils pensaient que la puissance militaire de ce qui était devenu la « forteresse Israël » était plus grande que celle de toutes les armées arabes combinées, et qu’elle était responsable de la sécurité d’Israël. La droite pensait aussi – et le pense encore – que cette force venait du besoin de répondre à une constante menace de guerre.
La croyance corollaire était que des ouvertures de paix déclencheraient inévitablement un processus de corrosion qui affaiblirait l’armée et provoquerait finalement la disparition de l’Etat de d’Israël, puisque, d’après cette philosophie, ses voisins arabes ne sont pas dignes de confiance, et qu’aucun traité signé avec eux ne vaut le papier sur lequel il est écrit.
Le soutien aux éléments radicaux du fondamentalisme musulman cadrait bien avec le plan général du Mossad pour la région. Un monde arabe dirigé par les fondamentalistes ne serait jamais un partenaire pour des négociations de paix avec l’Occident, laissant ainsi à nouveau Israël comme le seul pays démocratique et rationnel de la région. Et si le Mossad pouvait s’arranger pour que le Hamas (les fondamentalistes palestiniens) arrache les rues palestiniennes à l’OLP, alors le tableau serait complet.
p. 247 Le Mossad considérait Saddam Hussein comme son meilleur atout dans la région, car il était totalement irrationnel en ce qui concerne la politique internationale, et il était d’autant plus susceptible de faire une action stupide dont le Mossad pourrait tirer avantage.
Ce que craignait réellement le Mossad, c’était que l’énorme armée de l’Irak, qui avait survécu à la guerre Iran-Irak et qui était équipée par l’Occident et financée par l’Arabie Saoudite, tombe entre les mains d’un leader qui pourrait être moins accommodant pour l’Occident et qui serait encore une menace pour Israël.
La première mesure fut prise en novembre 1988, quand le Mossad dit au ministère israélien des Affaires étrangères de stopper toutes les discussions avec les Irakiens concernant un front de la paix. A cette époque, des négociations secrètes avaient lieu entre Israéliens, Jordaniens et Irakiens sous les auspices des Egyptiens et avec la bénédiction des Français et des Américains. Le Mossad le manipula de sorte que l’Irak apparut comme étant le seul pays non désireux de parler, convainquant les Américains que l’Irak avait un programme différent.
En janvier 1989, la machine LAP du Mossad s’occupa à dépeindre Saddam comme un tyran et un danger pour le monde. Le Mossad joua tous les atouts qu’il avait, à tous les endroits possibles, des agents volontaires dans Amnesty International aux membres totalement achetés du Congrès américain. Saddam avait tué son propre peuple, clamait-on ; à quoi pouvaient s’attendre ses ennemis ? Les horribles photos de mères kurdes mortes étreignant leurs bébés morts après une attaque aux gaz de l’armée de Saddam étaient réelles, et les actes étaient épouvantables. Mais les Kurdes étaient engagés dans une guérilla tous azimuts contre le régime de Bagdad et avaient été soutenus pendant des années par le Mossad, qui envoyait des armes et des conseillers dans les camps de montagne de la famille Barzani ; cette attaque des Irakiens pouvait difficilement être appelée une attaque contre leur propre peuple. Mais, comme me le dit Uri, dès que l’orchestre commence à jouer, tout ce que vous pouvez faire c’est de fredonner avec lui. Les médias reçurent des informations et des tuyaux venant de sources crédibles, sur la façon dont le dirigeant fou de l’Irak tuait les gens avec ses mains nues et utilisait des missiles pour attaquer les villes iraniennes. Ce qu’ils négligeaient de dire aux médias, c’était que la plus grande partie de la programmation de tir des missiles était faite par le Mossad avec l’aide des satellites américains. Le Mossad préparait la chute de Saddam, mais pas par lui. Ils voulaient que les Américains fassent le travail de détruire cette énorme armée dans le désert irakien, pour qu’Israël n’ait pas à l’affronter un jour sur sa propre frontière. C’était en soi une noble cause pour un Israélien, mais mettre le monde en danger avec la possibilité d’une guerre globale et la mort de milliers d’Américains était une pure folie.
p. 252 Il était temps d’attirer l’attention sur les armes de destruction massive de Saddam.
Seulement trois mois auparavant, le 5 décembre 1989, les Irakiens avaient lancé le Al-Abid, un missile balistique à trois étages. Les Irakiens affirmaient que c’était un lanceur de satellite que Gerald Bull, un scientifique canadien, les aidait à développer. Les services de renseignement israéliens savaient que le lancement, bien que claironné comme un grand succès, était en fait un échec total, et que le programme n’atteindrait jamais ses buts. Mais ce secret ne fut pas partagé avec les médias. Au contraire, l’importance du lancement de missile fut exagérée et gonflée démesurément.
Le message que les Renseignements israéliens envoyaient était celui-ci : maintenant toutes les pièces du puzzle sont rassemblées. Ce maniaque est en train de développer une capacité nucléaire (rappelez-vous de l’attaque israélienne contre le réacteur irakien en 1981) et de mener une guerre chimique (comme nous le voyons par ses attaques contre son propre peuple, les Kurdes). De plus, il méprise les médias occidentaux, les considérant comme des espions israéliens. Très bientôt, il aura la capacité de lancer un missile à partir de n’importe où en Irak contre n’importe quelle cible au Moyen-Orient et au-delà. p. 264 Plusieurs jours plus tard, je réussis à prendre contact avec Ephraïm. J’appris que le Mossad allait me laisser vivre pour l’instant. Si des mesures devaient être prises contre moi, ce serait dans le département de désinformation et pas contre ma personne. Je savais déjà que c’était une garantie très instable et que si je devais quitter le Canada et m’aventurer même simplement aux Etats-Unis, les choses pouvaient changer assez rapidement.
En conséquence, je décidai de faire de la publicité pour By Way of Deception en faisant des présentations radio à travers les Etats-Unis et le Canada au moyen du téléphone. Je réussis à faire plus de cent présentations en mois de trois mois, et je fis aussi une longue série de présentations télévisées par satellite.
Depuis Toronto, je passai sur Good Morning America avec Charles Gibson, et le trouvai aussi charmant comme interviewer que comme hôte. Ce fut un grand plaisir pour moi, car je l’avais regardé chaque matin depuis le jour où il avait commencé l’émission. Ensuite il y eut le Larry King Show, époque à laquelle la consigne de silence fut levée, où je reçus un traitement un peu plus dur. Pour provoquer une querelle pendant l’heure d’émission, le producteur avait invité Amos Perelmuter, un professeur de l’Université de Washington D.C., à rejoindre King et moi. Dès le début, il apparut que Perelmuter était un supporter enthousiaste d’Israël, et que ce qu’il avait entendu sur mon livre – il reconnut qu’il ne l’avait pas lu – ne lui plaisait pas.
Il n’y avait jamais assez de temps dans de telles émissions pour mettre en difficulté Perelmuter et les autres « champions désignés d’Israël ». Comment pouvaient-ils savoir que tout ce que je disais était des mensonges ? C’était moi qui avais servi dans le Mossad, pas eux. Pourquoi ces loyaux Américains étaient-ils prêts à accepter toute la boue déversée sur la CIA sans même réfléchir, mais insistaient pour défendre bec et ongles une agence de renseignement d’un pays étranger qui était connue pour avoir espionné les Etats-Unis (comme dans l’affaire Pollard) et qui ne s’était pas abstenue d’attaquer les intérêts américains (comme dans l’affaire Lavon2 en Egypte, entre autres) ?
La première vague de fureur que le livre causa fut due à sa révélation que le Mossad avait eu connaissance à l’avance du célèbre attentat de Beyrouth (y compris la marque et la couleur de la camionnette) mais n’avait pas transmis cette information aux Renseignements américains. En octobre 1983, 241 Marines US furent tués quand une camionnette, bourrée d’explosifs, heurta leur casernement à Beyrouth. En de nombreux cas, cette histoire fut tirée du livre hors de son contexte et présentée
p. 277 MERCREDI 30 OCTOBRE 1991, MADRID
Air Force One était sur le point d’atterrir, suivi par le second Air Force One jumeau. Les deux Jumbo Jets (qui sont identiques en tout sauf pour le numéro inscrit sur leur fuselage ; l’un transporte le président, et le second emmène le reste de l’entourage et est utilisé comme appui en cas d’urgence) étaient en route pour amener le président des Etats-Unis et un important contingent des médias aux pourparlers de paix de Madrid qui étaient sur le point de commencer entre Israël et tous ses voisins arabes, y compris la Syrie et les Palestiniens, qui faisaient partie de la délégation jordanienne.
Durant les mois précédant cette occasion spectaculaire, le président américain avait vraiment cru qu’il pourrait amener un changement dans les attitudes obstinées qui avaient prévalu dans la région pendant des décennies. Dans une tentative d’amener le gouvernement de droite de Yitzhak Shamir à la table de négociation dans ce qui devait être une conférence de paix internationale, le président avait appliqué le genre de pressions qu’un président américain a rarement été assez courageux pour appliquer. Contre les souhaits d’une communauté juive en colère, George Herbert Bush avait gelé toutes les garanties de prêts à Israël, qui devaient s’élever à un total de dix milliards de dollars pour les cinq prochaines années. Ce gel n’était pas destiné à punir Israël pour la construction de colonies sur la Rive gauche occupée et dans la bande de Gaza (considérées comme illégales par les Etats-Unis), mais à forcer le gouvernement du Likoud à court d’argent à venir à la table de négociation.
Après avoir pris cette décision, le président fut instantanément placé sur la liste noire de toutes les organisations juives aux Etats-Unis, et considéré comme le plus grand ennemi de l’Etat d’Israël. En Israël, des affiches montrant le président avec une coiffure de pharaon et l’inscription « Nous avons triomphé des pharaons, nous triompherons de Bush » furent collées dans tout le pays. Shamir qualifia l’action du président de « AmBush » [guet-apens, en anglais].
Des messagers israéliens arrivèrent à toute vitesse dans toutes les communautés des Etats-Unis, lançant des attaques contre le président. Ils abreuvèrent les médias d’un flot incessant de critiques, tout en tentant en même temps de faire savoir au vice-président Dan Quayle qu’il était toujours leur chéri et que ce que le président faisait n’affectait en rien leur opinion de lui.
Cette histoire d’amour avec un vice-président n’était pas chose nouvelle ; elle avait été presque une procédure standard depuis la création de l’Etat d’Israël. Chaque fois qu’un président n’était pas dans les meilleurs termes avec Israël, les organisations juives avaient pour instruction de courtiser le vice-président. Ce fut le cas avec Dwight Eisenhower, que Israël considérait comme le pire président de l’histoire (bien que, ironiquement, le vice-président qu’ils considéraient comme un ami, c’est-à-dire Richard Nixon, devint lui-même un ennemi dès qu’il fut président). C’est ce qui était derrière le fort soutien qu’Israël et la communauté juive donnèrent à Lyndon Johnson, qui doubla presque l’aide à Israël dans sa première année de présidence, après que John Kennedy ait durement critiqué le programme nucléaire israélien, pensant que c’était un dangereux premier pas vers la prolifération des armes nucléaires dans la région. Cette stratégie était derrière leur haine pour Nixon et leur admiration pour Gerald Ford. Et ensuite il y eut Jimmy Carter, dont toute la présidence fut considérée comme une grosse erreur en ce qui concernait Israël, une erreur qui avait coûté à Israël la totalité du Sinaï en échange d’une paix tiède avec l’Egypte.
Et maintenant il y avait ce processus de paix, poussé en avant par l’idiot du country club. Le souhait silencieux de la droite était de stopper le processus d’une façon ou d’une autre, car ils pensaient que celui-ci mènerait à un compromis qui forcerait Israël à rendre davantage de territoires. Refusant de croire qu’un tel compromis puisse même être fait, les colons des territoires occupés avaient lancé une nouvelle vague de constructions, avec l’aide constante d’Ariel Sharon, le ministre du Logement.
Une certaine clique de droite dans le Mossad considérait la situation comme une crise désespérée et décidèrent de prendre les choses en main, pour résoudre le problème une fois pour toutes. Ils pensaient que Shamir aurait ordonné ce qu’ils étaient sur le point de faire s’il n’avait pas été bâillonné par la politique. Comme beaucoup d’autres avant eux, dans d’innombrables pays et gouvernements, ils allaient faire ce que le gouvernement voulait vraiment mais ne pouvait pas demander, tout en laissant le gouvernement en-dehors du coup – ils allaient devenir des versions israéliennes du colonel Oliver North, mais à un niveau beaucoup plus létal.
p. 279 Pour cette clique, ce qu’ils devaient faire était clair. Il n’y avait pas de doute que Bush serait hors de son élément le 30 octobre lorsqu’il arriverait à Madrid pour ouvrir les pourparlers de paix. Ce devait être l’événement le plus protégé de l’année, avec tant d’ennemis potentiels se rencontrant en un seul endroit. En plus de cela, il y a avait tous ceux qui étaient contre les pourparlers : les extrémistes palestiniens et les Iraniens et les Libyens, sans parler des Irakiens décimés appelant sans cesse à la revanche pour la guerre du Golfe.
Le gouvernement espagnol avait mobilisé plus de dix mille policiers et gardes civils. De plus, le Secret Service américain, le KGB soviétique, et tous les services de sécurité de tous les pays impliqués seraient disponibles.
Le Palais Royal de Madrid serait l’endroit le plus sûr de la planète à ce moment, à moins que vous n’ayez les plans de sécurité et que vous puissiez y trouver une faille. C’était exactement ce que le Mossad prévoyait de faire. Il était clair depuis le début que l’assassinat serait porté à la charge des Palestiniens – mettant peut-être fin une fois pour toutes à leur irritante résistance et faisant d’eux les gens les plus haïs de tous les Américains.
Trois extrémistes palestiniens furent capturés par une unité du Kidon dans leur cache à Beyrouth et placés au secret dans un lieu de détention spécial dans le désert du Néguev. Les trois étaient Beijdun Salameh, Mohammed Hussein et Hussein Shahin.
En même temps, diverses menaces, certaines réelles et d’autres non, furent faites contre le président. La clique du Mossad ajouta sa contribution, afin de définir plus précisément la menace comme si elle venait d’un groupe affilié à rien moins qu’Abou Nidal. Ils savaient que ce nom portait avec lui une certaine garantie d’attirer l’attention et de la conserver. Donc si quelque chose devait arriver, les médias seraient prompts à réagir et à dire : « Nous le savions, et n’oubliez pas où vous l’avez vu en premier ».
Quelques jours avant l’événement, la police espagnole fut informée que les trois terroristes étaient en route pour Madrid et qu’ils préparaient probablement quelque action extravagante. Comme le Mossad avait tous les plans de sécurité en main, ce ne serait pas un problème pour cette clique particulière d’amener les « tueurs » aussi près qu’ils pourraient du président et ensuite de d’organiser un meurtre. Dans la confusion qui s’ensuivrait, les gens du Mossad tueraient les « coupables », enregistrant ainsi une autre victoire pour le Mossad. Ils seraient vraiment désolés de n’avoir pas pu sauver le président, mais sa protection n’était pas leur travail à eux. Avec toutes les forces de sécurité impliquées et les assassins morts, il serait extrêmement difficile de découvrir où avait eu lieu le manquement dans la sécurité, sauf que plusieurs des pays impliqués dans la conférence, comme la Syrie, étaient considérés comme des pays qui aidaient les terroristes. Avec cela à l’esprit, on savait d’avance où chercher le responsable. En ce qui concernait cette clique du Mossad, c’était une situation où l’on gagne à tous les coups.
Ephraim m’appela le mardi 1er octobre. Je pus sentir d’après le ton de sa voix qu’il était extrêmement stressé. « Ils ont l’intention de tuer Bush », dit-il. D’abord je ne compris pas de quoi il parlait. Je pensais qu’il voulait dire qu’ils allaient ruiner la réputation du président. J’avais déjà entendu parler de plusieurs livres qui étaient en préparation sur l’homme, et il y avait une affaire de diffamation concernant son implication alléguée dans l’affaire de l’Irangate (dont je savais personnellement qu’elle était fausse).
« Qu’est-ce qu’il y a de nouveau avec ça ? Ils ont décidé de l’avoir depuis longtemps. »
« Je veux dire tuer pour de bon, assassiner. »
« De quoi est-ce que tu parles ? Tu n’es pas sérieux. Ils n’oseraient jamais faire une chose comme ça. »
« Arrête de faire le naïf avec moi », dit-il. « Ils vont le faire durant les pourparlers de paix de Madrid. »
« Pourquoi n’appelles-tu pas la CIA pour leur dire ? Je veux dire, ce n’est pas une simple petite opération dans laquelle tu ne voudrais pas être impliqué. »
« J’appellerai tous ceux que je connais dans les services de renseignement européens. Je n’ai pas d’amis chez les Américains, personne de confiance, en tous cas. »
« Alors que veux-tu que je fasse ? »
« Nous allons faire tout ce que nous pouvons. Mais rien de ce que nous ferons ne sera rendu public. Je veux que tu rendes cette affaire publique. S’ils savent que les Américains le savent, il y a une bonne chance qu’ils n’aillent pas plus loin. »
Je savais que ce qu’il disait était vrai. Si je pouvais attirer l’attention sur cela et le rendre public, ça ferait plus pour les stopper que toutes les agences de renseignement réunies. Le truc serait de le rendre public sans apparaître comme un fanatique avec une nouvelle théorie du complot. J’aurai à dire quelque chose dans un forum relativement restreint et je devrai espérer que ça sortirait. Si ça ne marchait pas, je contacterai quelques journalistes que je connaissais et je leur donnerai le tuyau.
Il se trouve que je fus invité à parler lors d’un déjeuner dans l’immeuble du Parlement à Ottawa pour un groupe appelé le Middle East Discussion Group. C’est un groupe de réflexion assez large soutenu par le Conseil National pour les Relations Arabo-canadiennes, dirigé par un ancien parlementaire de gauche nommé Ian Watson. Le but de ce groupe est d’informer les membres du Parlement et de la communauté diplomatique des questions qui ne peuvent pas être librement approfondies par les médias et de promouvoir le dialogue au Moyen-Orient.
Le déjeuner réunissait quelque vingt membres du groupe de réflexion et quelques parlementaires. Je fis une courte présentation dans laquelle j’expliquai les buts du Mossad et le danger qu’il représentait pour toute initiative de paix dans la région. Je dis aussi qu’à mon avis, au point où en étaient les choses, la seule chance de paix pour le Moyen-Orient était que les Etats-Unis coupent l’aide financière à Israël. Je soulignai qu’une grande partie de cette aide finissait dans la Rive gauche et dans les colonies, qui étaient probablement le plus gros obstacle à l’initiative de paix. Ensuite je demandai s’il y avait des questions.
On me demanda ce que le Mossad ferait pour stopper le processus qui avait lieu en ce moment. Je dis que d’après les sources que j’avais, et en me fondant sur ma connaissance du Mossad, je ne serais pas du tout surpris s’il y avait un complot juste en ce moment pour tuer le président des Etats-Unis et pour porter le blâme sur quelque groupe palestinien extrémiste.
Plus tard, j’appris que l’un des participants au déjeuner avait appelé un ancien membre du Congrès de Californie, Pete McCloskey. L’essentiel de ce que j’avais dit lui fut rapporté, et comme McCloskey était un vieil ami proche du président, la personne qui appelait pensait qu’il pourrait entreprendre quelque action.
Le 15 octobre, McCloskey m’appela et se présenta. Il dit qu’il savait par un ami ce que j’avais dit concernant le président et qu’il voulait savoir si à mon avis il y avait une menace réelle, ou si c’était seulement une métaphore quelconque, pour faire une remarque ? Je lui dis clairement que ce n’était pas une métaphore et que j’étais très sérieux concernant la menace contre le président. Je dis aussi que je pensais que la révélation publique de cette menace pourrait être suffisante pour l’éliminer, car sa mise en œuvre deviendrait alors trop risquée.
Il dit qu’il pouvait venir à Ottawa dans quelques jours et me demanda si j’étais prêt à le rencontrer. Je ne voyais pas de raison pour ne pas le faire, et nous prîmes rendez-vous pour le 19 octobre, qui était un week-end.
Je rencontrai Pete au Westin Hotel, et nous allâmes dans un petit café où nous restâmes pendant plusieurs heures. Il me posa des questions sous tous les angles possibles, tentant de comprendre ce dont je parlais. Je pouvais voir qu’il désirait des informations qu’il pourrait présenter de sorte à rendre la menace réaliste. Je ne pouvais en aucune manière lui dire que j’avais eu l’information directement de source sûre, mais je devais lui faire savoir que je n’étais pas complètement déconnecté du Mossad. C’était un risque en soi ; c’était la première fois que je parlais de ça. Je m’y sentais obligé, cependant, par les enjeux impliqués.
p. 282 Le jour suivant, dimanche 20 octobre, McCloskey était à Washington pour participer aux rencontres de la Commission pour les Services National et Communautaire. Il resta à l’hôtel Phoenix Park, d’où il appela le Secret Service à la Maison Blanche. On l’orienta vers l’Agent spécial Allan Dillon aux bureaux du Secret Service, 1050 Connecticut Avenue, N.W., Washington, D.C.
Pete faxa à Dillon une copie du mémo qu’il avait rédigé après notre rencontre à Ottawa. Le même jour, il rencontra un ancien employé de la Maison Blanche pendant l’ère Ford, nommé Don Penny, qui lui donna le dossier sur moi. Je ne fus pas du tout surpris quand McCloskey me dit plus tard que Penny lui avait dit qu’il avait entendu parler de moi par le sénateur Sam Nunn et par d’autres sources de la CIA qui disaient que j’étais un traître à Israël et totalement indigne de confiance. Et que si McCloskey s’associait avec moi, il deviendrait lui-même une cible. Il se trouve que Pete parla plus tard à Nunn, mais le sénateur ne se souvint pas d’avoir parlé de moi. Cependant, un chroniqueur bien connu de Washington, Rowland Evans, dit à Pete qu’il avait interrogé ses sources à la CIA à mon sujet plusieurs mois plus tôt, et qu’ils lui avaient dit que je parlais « pour de vrai ».
McCloskey eut une entrevue le 22 octobre avec l’agent Terry Gallagher de la Protection Diplomatique du Département d’Etat et ensuite, le même jour, une rencontre avec Dillon du Secret Service. Le 24 octobre, le Secret Service demanda à me parler. Ils firent une requête formelle via l’ambassade américaine à Ottawa par l’intermédiaire du CSIS (le service de sécurité canadien), et je rencontrai un membre du Secret Service en présence d’un membre du CSIS.
Je dis à l’homme ce qui allait avoir lieu d’après moi, omettant seulement que j’avais obtenu l’information par un membre actif du Mossad. Je lui fis clairement comprendre que j’avais un contact, que j’utilisais principalement pour connaître les dangers me menaçant personnellement.
L’information filtra jusqu’aux médias, et dans une chronique syndiquée [= publiée dans plusieurs journaux différents], Jack Anderson présenta toute l’histoire. Jane Hunter fit la même chose dans sa lettre d’information, qui est un must pour tous les politiques de Washington spécialisés dans le Moyen Orient.
J’étais sûr que maintenant le président n’était plus en danger imminent, bien que moins il passerait de temps à Madrid, mieux cela vaudrait. Mais la décision de l’éliminer ne serait pas retirée ; elle serait seulement retardée. J’avais fait remarquer à l’agent du Secret Service que le président était extrêmement vulnérable à bord de Air Force One, à la fois à une attaque par un missile sol-air et à un bagage avec une charge explosive qui pouvait être placé à bord par un reporter sans méfiance qui ne comprendrait pas qu’une partie de son équipement d’enregistrement ou de photographie avait été remplacée par un engin mortel.
Par Ephraim, j’appris plus tard qu’après l’atterrissage du président à Madrid, l’ambassade américaine avait reçu une menace à la bombe au téléphone, et qu’une aile de l’ambassade avait été évacuée alors que le président était dans le bâtiment. Mais le reste du plan fut annulé, et même si la police espagnole reçut les noms et les descriptions des trois assassins supposés, ils ne furent jamais relâchés de leur lieu de détention dans le Néguev. Plus tard, ils furent transférés à l’installation de recherche de Nes Tsiona, où ils furent liquidés.
Le 31 octobre, le président était de retour à Washington et était sur le point de visiter sa maison de Kennebunkport dans le Maine, qui avait été endommagée par une tempête qui avait dévasté toute la côte. Le 1er novembre, le Secret Service sortit un mémo qui fut distribué aux passagers de Air Force One. Il disait : « Il y a un système très sûr installé pour empêcher un sabotage de cet avion. Cependant, s’il y a un point faible, ce serait avec les affaires personnelles portées à bord de l’avion à partir du cortège officiel juste avant le départ… ».
p. 284 30 octobre 1991
Le contact de Robert Maxwell n’était pas de bonne humeur lorsqu’il reçut un appel sur une ligne sécurisée spéciale à l’ambassade israélienne à Madrid. Maxwell téléphonait depuis Londres, disant qu’il était impératif d’organiser une rencontre. Il était prêt à venir à Madrid.
Les liens entre Maxwell et le Mossad remontaient à loin en arrière. Des éléments du Mossad avaient offert de financer les premières grosses affaires commerciales de Maxwell, et dans les jours suivants Maxwell avait reçu du Bureau des informations de première main sur des questions mondiales. Maxwell reçut au début le nom de code de « Petit Tchèque », et le sobriquet lui resta. Seule une poignée de gens dans la communauté du renseignement israélien savait qui était le Petit Tchèque, pourtant il fournit un incessant apport d’argent clandestin à l’organisation dès qu’elle était à court.
Pendant des années, Maxwell fournirait des flux financiers dès que le Mossad serait au milieu d’opérations coûteuses qui ne pouvaient pas être financées légitimement et quand d’autres sources moins légitimes seraient indisponibles, comme ce fut le cas après l’invasion américaine de Panama en 1990, qui mit fin aux revenus du Mossad venant du trafic de drogue et obligea Maxwell à fouiller dans les poches de ses sociétés.
Mais pour se sortir du pétrin, le Mossad avait utilisé son joker une fois de trop. Demander à Maxwell de s’impliquer dans une affaire d’importance secondaire (c’est-à-dire l’affaire Vanunu) avait été une grosse erreur, pour laquelle le magnat des médias allait devoir payer le prix.
Cette implication fit que le Parlement britannique se demanda s’il n’y avait pas de fumée sans feu, particulièrement après la publication du livre d’un journaliste américain affirmant que Maxwell était un agent du Mossad. Maxwell répliqua par un procès, mais le sol commençait à brûler sous ses pieds. Le Mossad tarda à lui rendre son argent, et l’habituel sauvetage de dernière minute de son empire financier paraissait de moins en moins faisable.
Pour Maxwell, ce qui était déjà mauvais était sur le point d’empirer. Son appel n’aurait pas pu venir à un plus mauvais moment. Israël participait à un processus de négociation de paix dont la clique dirigeante du Mossad pensait qu’il serait préjudiciable à la sécurité du pays. En même temps, le Bureau recevait la nouvelle d’un scandale grandissant causé par l’implication du Mossad en Allemagne. Ce scandale était le résultat d’un appel d’Uri à la police fluviale de Hambourg, les informant qu’une cargaison d’armes était sur le point d’être chargée sur un navire israélien.
Les armes étaient des blindés soviétiques et de l’équipement antiaérien, dissimulés dans de grandes caisses marquées « équipement agricole ». La cargaison avait été disposée avec l’aide du BND [renseignements allemands] à l’insu du gouvernement allemand et du ministère de la Défense. C’était exactement le même équipement que le ministère de la Défense avait refusé d’envoyer en Israël en mars de la même année, parce qu’il pensait que la cargaison violerait la loi allemande interdisant l’envoi de matériel de guerre vers une zone de conflit.
Les éléments de droite du Mossad ne savaient pas jusqu’où le scandale allait se développer. Ils se souvenaient très bien du scandale qui avait éclaté en 1978 quand la police allemande avait permis à des officiers du Mossad de se faire passer pour des officiers du renseignement allemand et d’interroger des Palestiniens dans des prisons allemandes. Si le gouvernement allemand pouvait maîtriser la situation, tout irait bien. Mais si l’histoire tombait entre les mains des médias, on ne savait pas jusqu’où pourrait aller le scandale.
Et alors arriva cet appel de Maxwell, disant qu’il devait absolument rencontrer son contact au sujet d’une question de grande urgence. Le magnat essuya d’abord un refus, mais exprima alors une menace voilée : maintenant qu’il faisait l’objet d’une enquête du Parlement et des médias britanniques, s’il ne parvenait pas à redresser ses affaires financières, il n’était pas sûr de pouvoir garder secrète la rencontre avec Kryuchkov. Ce à quoi il faisait référence (et en faisant cela, il scellait son sort) était une rencontre qu’il avait aidé à organiser entre la liaison du Mossad et l’ancien directeur du KGB, Vladimir Kryuchkov, qui était à présent emprisonné au Centre de Détention N° 4 à Moscou pour son rôle dans le coup d’Etat du mois d’août en URSS pour évincer Mikhaïl Gorbatchev.
Lors de cette rencontre, qui eut lieu sur le yacht de Maxwell à l’ancre dans les eaux yougoslaves, le soutien du Mossad au complot pour évincer Gorbatchev fut discuté. Le Mossad promit d’apporter, par ses liens politiques, une reconnaissance rapide du nouveau régime, ainsi qu’une assistance logistique pour la police. En échange, il demandait que tous les Juifs soviétiques soient relâchés, ou plutôt expulsés, ce qui créerait un exode massif qui serait trop important pour être absorbé par d’autres pays et qui irait donc en Israël.
Certains éléments de droite dans le gouvernement avaient pensé que cette rencontre avec les comploteurs était une nécessité. Ils savaient que si l’Union soviétique devait cesser d’être l’ennemi, il n’y aurait plus de menace venant de l’Est, et la valeur stratégique d’Israël pour son plus grand allié, les Etats-Unis, diminuerait. Des alliances entre les Etats-Unis et les nations arabes de la région seraient alors une perspective réaliste.
Ce fut Maxwell qui avait aidé à créer les liens avec le KGB à présent disparu. Les gens de droite comprirent que ce serait un coup dévastateur pour la position d’Israël en Occident si le monde apprenait que le Mossad avait participé d’une manière ou d’une autre, aussi minime que cette participation ait pu être, à la tentative de coup d’Etat pour stopper la démocratisation de l’Union soviétique. Cela serait perçu comme une trahison envers l’Occident. Maxwell utilisait maintenant la participation du Mossad comme une menace, néanmoins voilée, pour forcer un déblocage d’aide immédiat à son empire chancelant. Son contact lui demanda de rappeler dans quelques heures. Une réunion restreinte des éléments de droite au QG du Mossad parvint à un consensus pour liquider Maxwell. D’abord, les participants pensèrent qu’il faudrait plusieurs semaines pour organiser un plan, mais ensuite quelqu’un fit remarquer que le processus pourrait être accéléré si le Petit Tchèque pouvait être attiré à un rendez-vous où le Mossad attendrait pour frapper.
Il fut demandé à Maxwell de venir en Espagne le jour suivant. Son contact promit que les choses seraient arrangées et qu’il n’y avait pas besoin de paniquer. Il fut demandé au magnat d’aller jusqu’à Madère avec son yacht et d’y attendre un message.
Maxwell arriva à Gibraltar le 31 octobre 1991, embarqua sur son yacht, le Lady Ghislaine, et fit route pour Madère, comme prévu. Là il attendit les instructions. Cependant, le Mossad se préparait à frapper. Le vendredi 1er novembre, une équipe spéciale d’experts du Mossad qui était en Espagne pour couvrir les discussions de paix fut envoyée. L’équipe s’envola pour le Maroc, où elle rencontra un complice qui avait déjà pris soin de tout l’équipement et des autres arrangements nécessaires. D’abord, il fut dit à Maxwell que la rencontre aurait lieu à Madère et qu’il recevrait autant d’argent qu’il en avait besoin pour calmer la situation. Des sommes supplémentaires lui seraient avancées plus tard. Tout cela devait être gardé complètement secret, car il n’y avait pas besoin de fournir plus de munitions à ses ennemis, qui n’auraient pas demandé mieux que de montrer ses liens directs avec le Mossad.
Le 2 novembre, le Mossad apprit que Maxwell avait appelé son fils en Angleterre et avait fixé un rendez-vous avec lui sur l’île. On dit à Maxwell d’annuler la rencontre. On lui dit aussi que la rencontre avec les financiers aurait maintenant lieu sur l’île de Ténériffe.
Quand il atteignit Santa Cruz sur l’île de Ténériffe, il se rendit à une rencontre à l’hôtel Mency. Alors qu’il dînait seul dans le restaurant de l’hôtel, quelqu’un s’avança vers lui et lui donna un message indiquant qu’il devrait être à Los Cristos sur l’autre coté de l’île le matin suivant. Il devait s’y rendre avec son yacht, faisant le tour de l’île de la Grande Canarie.
J’appris tout cela dans une conversation téléphonique avec Ephraim. Il n’avait aucune idée de la manière dont l’équipe du Kidon avait réussi à approcher de Maxwell en mer alors que le yacht naviguait à quinze nœuds, mais faire des choses apparemment impossibles faisait partie de la magie du Kidon. A un certain moment pendant la nuit du 4 au 5 novembre, le problème du Mossad fut envoyé reposer dans les eaux salées de l’Atlantique.
Après une autopsie qui souleva plus de questions qu’elle n’en résolut, une seconde autopsie fut réalisée en Israël sous l’œil attentif de l’appareil de sécurité. Tout ce qui ne fut pas détecté alors fut enterré pour toujours au Mont des Oliviers à Jérusalem, le lieu de repos des héros les plus vénérés de la nation.
« Il avait fait pour Israël plus qu’on ne peut en dire aujourd’hui », dit le Premier ministre Shamir lors de l’enterrement de Maxwell.
fin des citations
Victor Ostrovsky « le pire traître juif de l’histoire juive moderne » Reportage spécial Le traitement contrasté des menaces de mort israéliennes et islamiques par les medias par Victor Ostrovsky
J’étais assis dans les studios d’Ottawa de la chaîne TV canadienne « Canada A.M. », me tenant prêt pour une interview avec Valerie Pringle, présentatrice de l’émission du matin pour le Canada. Je savais que Josef Lapid, un chroniqueur israélien et ancien directeur général de la Société de Télévision israélienne, allait être interviewé devant moi depuis Tel-Aviv par téléphone. Il était invité à apparaître dans l’émission pour parler des commentaires qu’il avait faits sur moi à la télévision israélienne.
Dans une émission appelée « Popolitika », il avait dit que le Mossad, le service de renseignement extérieur d’Israël, avec lequel je travaillais autrefois, devrait s’arranger pour que j’aie un accident de voiture. Il avait ensuite développé cela dans le quotidien israélien à grand tirage Ma’ariv, dans lequel il avait écrit que je devrais être assassiné et que cela ne devait pas être fait par le gouvernement israélien, mais plutôt par un individu qui devait se charger de faire le travail.
La colère de Lapid était en réponse à des extraits de mon nouveau livre, The Other Side of Deception, publié dans le plus grand journal israélien, le Yediot Ahronot. Le livre [publié aux Etats-Unis par Harper & Collins] parle de mes activités dans et contre le Mossad. Ce qui suit est la transcription de cette interview TV le 21 octobre, dont je trouve les suites vraiment incroyables.
VALERIE PRINGLE (présentatrice) : Victor Ostrovsky est un ancien membre de l’agence d’espionnage d’Israël, c’est lui qui a écrit le livre. Je crois que le premier livre, qui a causé une grande agitation, était intitulé By Way of Deception : An Insider’s Portrait of the Mossad. Il a provoqué la colère de beaucoup de gens dans le monde. Le gouvernement israélien a tenté d’empêcher sa publication. Un autre livre est sorti, intitulé The Other Side of Deception : A Rogue Agent Exposes the Mossad Secret Agenda. Il a de nouveau causé de la fureur. Un chroniqueur israélien est allé jusqu’à dire que Ostrovsky devrait être tué pour sa trahison.
Dans un instant Victor Ostrovsky sera avec nous depuis notre studio d’Ottawa, mais d’abord, en ligne depuis Tel-Aviv, il y a ce journaliste, Josef Lapid.
Vous avez pratiquement appelé à ce que Victor Ostrovsky soit tué. Pourquoi avez-vous fait cela ?
JOSEF LAPID : Eh bien, comme vous le savez probablement, les Israéliens meurent parfois pour leur pays. Et je ne pense pas que quelqu’un doive gagner sa vie en le trahissant. Je pense que Ostrovsky est le pire traître juif de l’histoire juive moderne. Et il n’a pas le droit de vivre, sauf s’il est prêt à revenir en Israël pour y être jugé.
PRINGLE : Croyez-vous que c’est une déclaration responsable de dire ce que vous avez dit ?
LAPID : Oh oui, je le crois absolument. Et malheureusement le Mossad ne peut pas le faire parce que nous ne pouvons pas compromettre nos relations avec le Canada. Mais j’espère qu’il y aura là un Juif estimable qui le fera pour nous.
PRINGLE : Vous espérez cela. Vous pourriez vivre avec son sang sur vos mains ?
LAPID : Oh non. C’est pour… seulement ce ne sera pas son sang sur mes mains. Ce sera la justice contre un homme qui fait la chose la plus horrible qu’un Juif puisse faire, et c’est qu’il vend l’Etat juif et le peuple juif à nos ennemis pour de l’argent. Il n’y a absolument rien de pire qu’un être humain puisse faire, s’il peut être appelé un être humain.
PRINGLE : Quelle réponse avez-vous eu à cette déclaration qui est, vous savez, pratiquement le genre de djihad que Salman Rushdie avait eu, ou fatwa, désolée.
LAPID : Non, non, non. Rushdie a exprimé ses vues dans un roman, et il n’y a pas de raison pour que quelqu’un n’exprime pas ses vues dans un roman. Je parle de quelqu’un travaillant pour le Mossad israélien et allant ensuite à l’étranger et vendant pour de l’argent tout ce qu’il a appris ici. 90% de ce qu’il écrit est simplement des mensonges et des inventions, mais il y a 10% de vérité, et je ne suis pas contre ses inventions, mais je suis contre le fait qu’il dise des vérités qu’il a apprises ici.
PRINGLE : Avez-vous eu une réponse en Israël ?
LAPID : ... Donc le comparer ainsi à Salman Rushdie est un compliment que Mr. Ostrovsky ne mérite pas.
PRINGLE : Juste pour préciser brièvement, avez-vous été blâmé [censured] en Israël pour ce que vous dites ?
LAPID : Moi ?
PRINGLE : Oui.
LAPID : Personne n’est jamais censuré en Israël. C’est un pays libre.
[en anglais, « censured » peut signifier « blâmé » ou « censuré » ; Lapid a mal compris la question. NDT]
PRINGLE : Non, mais blâmé ! Les gens ont-ils dit : « c’est épouvantable, ce que vous avez dit. Nous ne sommes pas d’accord avec vous. » ?
LAPID : Oh, je pense que oui, j’ai eu des réactions. Quelques personnes ont pensé que c’était épouvantable. La grande majorité des réactions a été très favorable. Et je pense que j’exprime l’opinion de la grande majorité des Israéliens et de la grande majorité, aussi, des Juifs partout ailleurs.
PRINGLE : Okay. Merci, Mr. Lapid. Je ne sais pas, vous savez, si c’est l’opinion ou non des Israéliens ou s’ils sont d’accord avec ce que Mr. Lapid a dit.
Plusieurs choses me traversèrent l’esprit pendant que j’écoutais Mr. Lapid. D’une part je pouvais imaginer les visages souriants des judéo-nazis également connus sous le nom de « Kahane Chaï » dans leurs camps d’entraînement paramilitaires au Canada et aux USA, se frottant les mains de satisfaction, venant de recevoir un appel aux armes de la part du soi-disant « centre respectable » de la scène politique israélienne. Et bien que cette image mentale était dérangeante, en même temps j’étais satisfait que finalement le public puisse voir le visage sinistre du militantisme nationaliste israélien, démontrant que les zélotes israéliens n’étaient pas différents des autres extrémistes de la région.
Ce fut seulement dans les jours suivant cette interview révélatrice que l’incrédulité remplaça ma satisfaction. Je réalisai que ce que j’avais cru être une influence israélienne sur les médias américains et canadiens par l’intermédiaire de la communauté juive aux Etats-Unis et au Canada était en fait une emprise. Des milliers de gens avaient dû prendre pour eux-mêmes l’appel de Lapid à « tout Juif estimable au Canada » de m’assassiner au nom de l’Etat d’Israël. Mais le refus ultérieur des médias nord-américains de rendre compte de l’appel, encore moins de le condamner ou même de le discuter, fut plus choquant et bien plus effrayant pour moi que l’appel lui-même. Je compris alors que l’occupation des médias nord-américains était complète. Pour des sujets liés au Moyen Orient en général et à Israël en particulier, il n’y a plus de presse libre.
Si cet appel à l’assassinat avait été fait par un musulman, ces mêmes médias en auraient tous parlé, rapportant d’abord l’histoire et l’entretenant ensuite par eux-mêmes, ou exigeant des réponses de dirigeants musulmans dans le monde entier. Et si ces répondants n’avaient pas été sans équivoque dans leur opposition à un tel appel, ils auraient instantanément été traités de terroristes et, inutile de le dire, d’« antisémites ». J’ai toujours su qu’il y avait un double langage quand on en arrivait à des sujets chers à la communauté juive. Je ne savais pas, cependant, à quel point cette communauté et les médias qui sont à ses pieds peuvent être hypocrites. Je savais depuis pas mal de temps que cette communauté s’était simplement emparée de l’industrie du film et qu’elle avait une forte emprise sur Washington, possédant le plus puissant lobby ici. Maintenant, par l’intimidation et la double allégeance, elle s’est clairement emparée de larges portions des médias. A tous ceux qui savaient tout cela, et qui sont restés silencieux, et à tous ceux qui restent silencieux maintenant – honte à vous.
Victor Ostrovsky, un ancien officier du Mossad, est l’auteur de deux exposés sur l’action secrète israélienne, By Way of Deception, publié en 1990, et The Other Side of Deception, publié en 1994.
Ostrovsky sait que le fait d’être célèbre le maintient en vie.
publié par Voxnr