mercredi 9 février 2011

Visite mouvementée pour la ministre espagnole des Affaires étrangères

09.02.2011
par David Koskas
Trinidad Jiménez, ministre des Affaires étrangères espagnole, est arrivée en Israël lundi pour sa première visite diplomatique depuis sa nomination au gouvernement, deux mois plus tôt.
Les observateurs n'ont pas manqué de remarquer une particularité dans le programme de son voyage : elle ne rencontrera pas le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak.
Dans l'entourage de Jiménez, on explique ainsi les choses : "Maintenant que Barak a quitté le parti travailliste, il n'a plus d'influence politique dans la coalition.
Pour ce qui est des sujets politiques nous parlerons avec le premier ministre Netanyahou et avec le ministre des Affaires étrangères Liberman, et lorsque notre ministre de la Défense se rendra en Israël elle rencontrera Barak et discutera avec lui des questions de sécurité relatives à son ministère, qui sont de sa responsabilité."
Barak avait entretenu des liens assez forts avec l'ancien ministre des Affaires étrangères espagnol, surtout parce que les partis des deux hommes avaient la même couleur politique, celle du socialisme.
Jiménez, elle aussi de gauche, rencontrera d'ailleurs le président par intérim du parti Avoda, Micha Harish, qui avait par ailleurs joué un rôle important dans les années 80 dans les relations israélo-espagnoles.
Autre singularité dans le voyage de Jiménez : l'attention toute particulière que lui portent les Juifs habitants de Hébron.
Ceux-ci lui ont adressé une lettre lundi, en prévision de sa visite dans leur ville, dans laquelle ils sollicitaient un entretien pour lui expliquer le danger que représente à leurs yeux le projet de construction palestinien près du site du Tombeau des Patriarches, soutenu par la ministre espagnole. Ils lui ont rappelé que l'Espagne a expulsé ses Juifs il y a près de 500ans, et lui demandent si "le gouvernement espagnol à l'intention de contribuer à expulsion supplémentaire de Juifs, cette fois de Hébron".
À son arrivée à Hébron mardi, Jiménez a été accueillie par les cris "Antisémite, dehors !" et "Toi qui hais Israël, dégage d'ici !", lancés par un groupe d'habitants de Hébron mené par l'activiste Itamar Ben-Gvir

Israël, ''poids plume'' à l'ONU?

9 février 2011
Si Israël est actuellement représenté à l'ONU à travers la personne de Meron Reuben, ce dernier n'a pas l'autorité d'un représentant permanent. Mais le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, n'ont pas réussi, et ce depuis des mois, à s'accorder sur la nomination d'un candidat. Ils avaient finalement arrêté le nom de Guilad Erdan, actuel ministre de l'environnement, mais ce dernier a finalement rejeté l'offre cette semaine.
Pour les diplomates cela relève d'une "vulgaire irresponsabilité" du chef du gouvernement israélien.
"Un Premier ministre qui a été ambassadeur aux Nations Unies devrait savoir ce que représente l'ONU pour Israël, en particulier au moment où un assaut est lancé contre sa légitimité", a déclaré un ancien ambassadeur occidental de haut rang. M. Netanyahou a en effet été l'ambassadeur d'Israël aux Nations Unies entre 1984 et 1988.
À l'heure actuelle, les Palestiniens tentent de promouvoir plusieurs résolutions allant contre l'Etat juif, incluant une résolution auprès du Conseil de Sécurité condamnant les constructions juives et exigeant d'y mettre un terme définitif et immédiat. Dans le même temps, ils tentent de mobiliser l'Assemblée générale de l'Organisation pour qu'elle soutienne une déclaration unilatérale d'un Etat palestinien en septembre prochain.
Bien qu'Israël ait déjà réussi à éviter un règlement portant sur les constructions, il est fort probable que le Conseil de Sécurité finisse par publier une déclaration les condamnant. Israël se trouve donc privé d'un représentant permanent à un moment clef des relations internationales.
La combinaison de l'absence de pourparlers israélo-palestiniens et les relations difficiles entre Jérusalem et la Maison Blanche causent énormément de tort à Israël, l'amenant à un creux dans ses relations sans précédent, ont estimé les diplomates. Selon ces derniers cela pourrait expliquer le refus de M. Erdan d'accepter le poste. Ils ont cependant admis que sa nomination n'aurait pas réellement changé la donne.
"Mais au moins (Guilad) Erdan aurait été accepté à l'ONU et considéré comme le représentant du Premier ministre, sa voix aurait été entendue haut et fort", a déclaré un haut diplomate. "Alors que l'actuel ambassadeur est considéré comme un envoyé du ministre des Affaires étrangères (Avigdor Lieberman) – dont la réputation aux Nations Unies est extrêmement douteuse – et comme un émissaire temporaire, inacceptable pour le Premier ministre. Cette image cause énormément de tort au statut (d'Israël) et restreint de façon significative sa capacité à avoir de l'influence", a-t-il ajouté.
Un autre diplomate a décrit l'influence de M. Reuben de "poids plume". L'ambassadeur temporaire pour Israël aux Nations Unies a violemment rejeté ces affirmations, insistant sur le fait que son manque de pouvoir officiel n'avait pas porté atteinte au fonctionnement.
Dans le même temps la Russie a suggéré que le Conseil de Sécurité se rende au Moyen-Orient pour la première fois en plus de trois décennies afin de relancer les pourparlers israélo-palestiniens, actuellement au point mort.
En plus d'une visite en Israël, Vitaly Tchourkine, représentant de la Russie aux Nations-Unies, a déclaré que le Conseil des 15 devrait en profiter pour se rendre en Egypte, au Liban et en Syrie.
La Russie est membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, et dispose en conséquence d'un droit de veto. Le pays est également membre du Quartet qui s'est donné pour mission de ramener la paix au Moyen-Orient, dont sont également membre les Etats-Unis, l'Europe et l'ONU.
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Ukraine-Israël: le régime des visas est aboli

10:00 09/02/2011
KIEV, 9 février - RIA Novosti
Signé en juillet 2010, un accord sur l'abolition du régime des visas entre l'Ukraine et Israël est entré en vigueur le 9 février.
Cet accord permet aux ukrainiens et israéliens de séjourner sans visa jusqu'à 90 jours dans l'autre pays.
Selon les estimations des autorités israéliennes, la fin du système des visas engendrerait une hausse du nombre de touristes ukrainiens estimée à 140.000 personnes (40%) en 2011, ce qui rapporterait plus de 100 millions de dollars à l'économie israélienne.
De son côté, Kiev a bien sûr salué l'abrogation des visas et compte également profiter de l'afflux de touristes et d'investissements.
Le régime des visas entre la Russie et Israël a été aboli en 2008. Selon les données du ministère russe du Tourisme, 550.000 touristes russes ont visité Israël en 2010, ce qui a rapporté près de 400 millions de dollars à l'économie israélienne.

Washington rassure Israël

9 février 2011
Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré mardi 8 février 2011 que l'instabilité régionale que parcourait actuellement le Moyen-Orient n'affectera pas les relations que les Etats-Unis entretiennent avec Israël.
Robert Gibbs s'est exprimé à l'occasion d'une conférence de presse où il a dû répondre aux critiques des médias concernant le changement de position de l'administration américaine envers son ancien allié Hosni Moubarak, depuis que le Président égyptien doit faire face aux manifestations de son peuple.
Le porte-parole du gouvernement américain a exprimé sa fermeté envers l'Egypte afin que le pays organise le plus rapidement possible des élections libres et justes. Selon lui ''le processus doit se dérouler sans délais et conduire à des résultats immédiats et irréversibles''.
''Ni moi ni l'administration américaine ne joueront le jeu du présentateur (pour expliquer) ce que constitue un progrès en Egypte'', a-t-il ajouté.
''Nous saurons si des progrès sont accomplis an rythme auquel le peuple égyptien le perçoivent'', a-t-il expliqué avant de rappeler que les manifestations au Caire de mardi avaient attiré un nombre de manifestants sans précédent.
Un peu plus tôt, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a salué l'armée égyptienne pour sa retenue lors des manifestations de mardi 9 février alors que la Maison Blanche critiquait au même moment le gouvernement Moubarak pour avoir harcelé les manifestants et les journalistes à l'occasion des dernières manifestations.
L'armée égyptienne, l'épine dorsale du régime autoritaire, s'est comportée ''de manière exemplaire'' en se tenant à l'écart des manifestations anti-Moubarak, a déclaré Robert Gates lors de la conférence de presse. Rappelons que 287 personnes sont déjà mortes dans les manifestations selon l'organisation de défense des Droits de l'Homme Human Rights Watch.
''Je dirais qu'ils (les militaires) ont apporté leur contribution à l'évolution de la démocratie et à ce que nous voyons actuellement en Egypte'', a-t-il ajouté.
En attendant, le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, doit se rendre à Washington ce mercredi 9 février 2011 afin de discuter des développements ayant cours dans la région du Moyen-Orient et de leurs effets sur Israël.
L'administration américaine a souligné que le prochain gouvernement égyptien, quel qu'il soit, devra impérativement maintenir les accords de paix de la région y compris celui conclu avec Israël.
Le vice-président américain, Joe Biden, s'est entretenu mardi 8 février avec son homologue égyptien, Omar Souleiman, et lui a vivement conseillé d'entreprendre rapidement une réforme politique et de mettre en œuvre la transition démocratique.
G.I.N avec Agences

Reprise le 17 février des fournitures de gaz égyptien à Israël

JERUSALEM - Ampal-American Israel Corporation, une entreprise impliquée dans l'importation de gaz naturel égyptien en Israël, a annoncé mardi la reprise des fournitures le 17 février après une interruption due à une explosion d'un gazoduc en Egypte.
Ampal a indiqué dans un communiqué avoir été informé de la reprise des fournitures par la Compagnie nationale du gaz égyptien. Ampal avait interrompu ses approvisionnements en gaz par précaution à la suite d'une explosion qui avait endommagé un gazoduc reliant l'Egypte à la Jordanie.
Le gazoduc entre l'Egypte et Israël, situé à une trentaine de kilomètres du lieu de l'explosion, n'avait pas été touché.
Ampal détient 12,5% du capital de l'East Mediterranean Gas Company (EMG) qui exploite un gisement gazier en Egypte.
L'homme d'affaires israélien Yossef Meiman détient au total 20,6% d'EMG par l'intermédiaire d'Ampam et le reste grâce à une autre entreprise qu'il possède. Parmi les autres actionnaires d'EMG figurent l'homme d'affaires égyptien Hussain Salem (28%), l'Egyptian Natural Gas Holding Company (10%) et des investisseurs institutionnels israéliens, surtout des compagnies d'assurances (4,4%).
Selon le ministère israélien des Infrastructures, l'Egypte fournit 43% du gaz naturel utilisé en Israël essentiellement pour faire fonctionner des centrales électriques. Le coût de l'interruption des fournitures égyptiennes de gaz a été évalué à 1,5 million de dollars par jour pour l'économie israélienne, a-t-on ajouté de même source.
Le 1er février, Israël s'était inquiété pour ses approvisionnements en provenance de l'Egypte, à la suite de la révolte qui secoue ce pays avec lequel quatre entreprises israéliennes ont signé en décembre de nouveaux accords d'achat de gaz sur une période de 20 ans pour un montant évalué entre 5 et 10 milliards de dollars.
Avec ces nouveaux contrats, EMG, qui a déjà passé une série d'accords avec des groupes israéliens depuis 2005, va fournir du gaz à l'Etat hébreu pour un total de 19 milliards de dollars.
(©AFP / 08 février 2011 19h07) 

Israël veut préserver les acquis du traité de paix avec l'Egypte

08/02/2011
En pleine incertitude sur l'avenir du régime Moubarak, Israël s'accroche à son traité de paix avec l'Egypte, le premier signé avec un pays arabe, et jauge les conséquences stratégiques et militaires qu'un nouveau pouvoir au Caire ferait courir en l'annulant.
"Le traité de paix avec l'Egypte est important en soi, car il signifie qu'il n'y a ni guerre ni tensions à la frontière sud d'Israël, ce qui permet à Israël d'avoir un front militaire crucial en moins", a affirmé mardi à l'AFP le général de réserve Ouzi Dayan, ex-chef du Conseil national de sécurité.
En trois décennies, la frontière israélo-égyptienne, longue de quelque 250 km, est globalement restée calme, en dépit des nombreux conflits qui ont déchiré le Proche-Orient.
Le traité de paix a été scellé le 26 mars 1979, dans le sillage des accords de Camp David (1978) et de la visite historique à Jérusalem en 1977 du président Anouar al-Sadate. En échange, Israël s'est entièrement retiré en 1982 de la péninsule égyptienne du Sinaï.
Au fil des ans, la paix entre l'Etat hébreu et le pays arabe le plus peuplé est restée "froide". Les échanges bilatéraux ont péniblement atteint 502 millions USD en 2010 (moins d'1% du volume des échanges d'Israël). Israël importe par ailleurs du gaz naturel égyptien couvrant 40% de ses besoins, en vertu de contrats portant sur 5 à 10 mds USD.
Les diplomates israéliens ne se pressent donc pas pour briguer le poste d'ambassadeur au Caire, considéré comme difficile.
Il reste que selon M. Dayan, "le traité préserve aussi un équilibre délicat au Proche-Orient, où le conflit principal est celui qui oppose les pays modérés, liés par une alliance informelle, aux radicaux comme l'Iran, la Syrie, le Hezbollah, le Hamas, et à présent de plus en plus la Turquie".
Contre vents et marées, l'Egypte a constamment soutenu les efforts de paix dans la région, notamment sur le volet palestinien. Aussi, la Maison Blanche a-t-elle appelé lundi tout futur gouvernement égyptien à respecter les traités actuels, allusion au traité de paix israélo-égyptien.
"J'ignore ce qui va arriver en Egypte, mais notre intérêt est clair: il faut préserver la paix qui existe depuis trois décennies et a apporté le calme dans le sud (d'Israël) et la stabilité au niveau régional", a déclaré lundi soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"La paix avec l'Egypte est un atout stratégique crucial pour Israël", a renchéri le général Gaby Ashkenazi, chef d'état-major israélien sortant.
Soulignant "le renforcement du camp radical au Proche-Orient", il a ajouté que "le cercle des conflits s'est élargi (...) Nous sommes confrontés à toutes sortes de menaces, et Tsahal (l'armée israélienne) doit être prête à se battre simultanément sur divers fronts".
Les experts militaires des médias israéliens ont unanimement mis en garde contre l'éventuelle remise en question du traité de paix avec l'Egypte, affirmant que "ce scénario catastrophe" renforcerait fatalement l'isolement régional d'Israël.
Selon eux, la Force multinationale garante du traité dans le Sinaï devrait alors partir, et le passage des navires israéliens dans le canal de Suez serait compromis, tandis que les armes iraniennes destinées au Hamas palestinien ou au Hezbollah chiite libanais pourraient y transiter.
Face à un regain de tension à sa frontière avec l'Egypte, Israël devrait en outre réviser ses priorités économiques, voire recruter davantage de conscrits et rallonger les périodes de rappels des réservistes de l'armée.
"Somme nous prêts à cela?", s'est interrogé un récent éditorial du quotidien Haaretz, soulignant qu'Israël doit en grande partie son envol économique à la baisse substantielle de son budget de la Défense.

Raid aérien d'Israël contre la bande de Gaza : pas de victimes

 2011-02-09
Des avions de combat israéliens de type F16 ont bombardé, aux environs de minuit dans la nuit de mardi à mercredi, le quartier de Zeitoun de la ville de Gaza ainsi que le nord de la bande de Gaza, sans faire de blessés, selon des témoins et des sources médicales.
Les avions militaires israéliens ont survolé la bande de Gaza, zone sous contrôle du Hamas, puis une forte explosion s'est fait entendre dans la ville de Gaza, et des ambulances et les pompiers sont arrivés sur les lieux bombardés, ont indiqué les témoins.
L'armée israélienne tire le plus souvent des roquettes sur les zones inhabitées de la bande de Gaza, arguant que des groupes militaires palestiniens construisent des tunnels souterrains dans ces zones.
Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé de son côté que le sud d'Israël avait reçu quatre projectiles de fabrication artisanale tirés de la bande de Gaza, sans toutefois provoquer de dégâts ni de victimes. Personne n'a encore revendiqué la responsabilité de ces tirs.

Israël : une escroquerie intellectuelle qui devient un crime contre l'humanité permanent

La deuxième Guerre du Liban, en 2006, où des milliers de civils ont été tués ou blessés, vient rappeler qu'Israel se moque totalement des droits les plus élémentaires des êtres humains qui ne sont pas juifs. Pour Israel, il y a les Juifs d'un côté, le Peuple Elu, et de l'autre les Goyims, les non-juifs, les sans-droits, les pires des Goyims étant les Palestiniens. Israel est donc clairement un état raciste. Que l'Occident soutienne le racisme agressif d'Israel me met en colère.
Mais que les choses soient dès à présent claires : l'Etat d'Israel a le droit d'exister, pourvu qu'il respecte les Droits de l'Homme et la légalité internationale. Comme n'importe quel état. Si des Juifs veulent créer un Etat là où ils sont majoritaires, c'est leur droit, mais sous les mêmes conditions que tous les autres, notamment sans oublier le respect des droits des minorités (arabes, chrétiennes et musulmanes, notamment).
Et ce n'est pas le cas ! Israel a ordonné votre départ pour qu'il puisse détruire votre maison, les routes et les autres infrastructures de votre région ? Si vous êtes mort pendant cette destruction, c'est donc votre faute ! Voilà le beau discours d'Israel suite aux massacres de nombreux libanais et aux destructions du Pays du Cèdre cautionnés par l'Occident par son absence de réaction (au delà de molles protestations, d'appels à de la mesure ou de la retenue).
On peut comprendre qu'un pays attaqué se défende. On peut comprendre que les Israéliens n'aiment pas recevoir des missiles du Hezbollah. Mais cela ne justifie pas la destruction d'un état normalement souverain, le Liban. Si la destruction des rampes de lancement du Hezbollah était le seul objectif, quelques commandos infiltrés auraient pu faire l'affaire. Certes, il y aurait eu violation de la souveraineté du Liban mais, au moins, elle aurait été limitée et proportionnée, bref une véritable légitime défense.
Rien ne peut justifier la destruction systématique des infrastructures du Liban. Rien ne peut l'expliquer sauf une stratégie raciste et impérialiste visant à l'exil définitif ou au massacre des populations du Sud Liban au nom du Lebensraum israélien.
Israel a le droit d'exister, je l'ai dit et je le répète. Israel a donc le droit à la sécurité. Mais quel Israel et quelle sécurité ? Voilà qui demande des précisions.
Le premier mouvement sioniste était pacifiste et socialiste. En réaction à l'antisémitisme traditionnel dans plusieurs pays européens, il visait à un retour progressif des juifs dans leur zone d'origine, la Palestine. Dans un monde largement colonisé, la création d'un état indépendant ne se posait pas. Les premiers sionistes achetèrent des terres et y créèrent des fermes collectives, les kibboutz. Les relations avec la population locale autochtone étaient plutôt bonnes : les juifs immigrés achetaient ce qu'ils pouvaient posséder, ils introduisaient de nouvelles techniques agricoles, ils apportaient des capitaux issus de l'industrie européenne...
Les choses ont commencé à se dégrader avec ce qu'il faudrait appeler le néo-sionisme mais le basculement fut progressif. Avec le néo-sionisme, comme avec les autres racismes fascisant de l'entre-deux guerres (environ 1920-1940), certains Juifs commencèrent à considérer que leur peuple avait des droits particuliers. Pour les Nazis, le Peuple Elu était les Aryens tandis que d'autres mouvements similaires existèrent à peu près partout en Europe proclamant que le peuple local (même le peuple artificiel de Belgique !) était l'Elu. Pour les Néo-Sionistes, le Peuple Elu est le peuple juif.
Les néo-sionistes s'appuyèrent sur la mythologie biblique pour revendiquer la totalité de la Palestine comme leur propriété de plein droit. Certains inventèrent le terrorisme moderne, comme par exemple en faisant sauter des transports collectifs pour terroriser la population arabe. Là, les choses se dégradèrent évidemment avec les Palestiniens, d'autant que les Britanniques ne savaient pas trop quoi faire, même si la Déclaration Balfour laissait entrevoir une idée d'un état juif.
Or la création d'un état purement juif laissait sur le carreau la population autochtone. Celle-ci fit savoir qu'elle s'opposait clairement à ce projet. Au lieu de tempérer, de discuter, de tenter de trouver une solution qui conviendrait à tout le monde, les créateurs d'Israel choisirent la rupture en 1947-1948, alors même que l'ONU leur donnait le droit de créer un Etat là où ils étaient majoritaires, dans une logique de décolonisation. La politique n'a jamais changé depuis.
Jamais Israel n'a voulu la paix, sauf peut-être sous Rabbin. En effet, la Paix, cela veut dire accepter que l'Autre, le non-juif, le Goy, ait des droits. Cela veut dire que le fermier palestinien qui possède une exploitation agricole peut la conserver ou, s'il en a été chassé par la guerre, la retrouver. C'est le fameux Droit au Retour. Cela veut dire le Partage de la Palestine entre juifs et goyims alors que Dieu a donné la Palestine aux seuls Juifs (ben voyons !). Les néo-sionistes ne veulent pas de la Paix. Ils veulent la fin de la guerre par l'extermination ou la capitulation et l'exil des Goyims. Les néo-sionistes veulent le départ des Goyims, notamment des Palestiniens, de la Palestine. Les néo-sionistes veulent que les biens des Goyims soient confisqués au profit des Juifs partisans de leur doctrine raciste. D'où l'assassinat de Rabbin, le seul dirigeant laïc (donc pas intoxiqué par les discours mythologiques) à avoir envisagé la paix. De là aussi la volonté de toujours détruire toute autorité palestinienne, celle d'Arafat, le seul capable historiquement d'imposer la Paix aux siens, ou celle d'Abbas, en lui supprimant tout pouvoir, toute armée et toute police, livrant les Palestiniens aux milices extrémistes.
Les néo-sionistes veulent que les Palestiniens renoncent à leur droits, notamment au droit de recouvrer leurs propriétés immobilières. Cela rappelle le Troisième Reich refusant le retour des réfugiés d'Alsace Lorraine après l'Exode en 1940, avant d'attribuer les fermes abandonnées à de bons Aryens.
Bien sûr, le camp palestinien et, plus largement, arabe, n'est pas exempt de fautes. Pour faire la guerre, il faut être deux. Mais que fallait-il faire en 1947-1948 quand les terroristes juifs ont fait fuir par les armes des villageois palestiniens sans défense ? La guerre, bien sûr.
Le problème est qu'il faut ensuite savoir faire la paix. Le conflit aurait dû être une guerre d'indépendance classique. L'intransigeance des deux côtés a empêché sa conclusion sur des bases saines.
Pourquoi l'Occident soutient-il Israel ? Cela est pour moi un vrai mystère. Des raisons de politique intérieure ? Cela fait bien longtemps que l'électorat juif n'a plus de poids significatif, surtout en regard de l'électorat musulman.
La volonté de soutenir la démocratie occidentale face aux tyrans moyen-orientaux ? Israel n'est pas une démocratie (plus de la moitié de la population autochtone des territoires qu'Israel administre -les Palestiniens- n'a pas le droit de vote alors que des immigrés récents -mais juifs- ont ce droit), au contraire de l'Autorité Palestinienne, réellement démocratique, même si la corruption y est importante.
Maintenir un régime pro-occidental et une base au plus prêt des champs de pétrole ? Absurde. Israel est un générateur d'hostilités envers l'Occident et une usine à terroristes. De plus, l'Arabie Saoudite -comme la plupart des grands pays producteurs de pétrole- est déjà sous contrôle occidental. Bref, soutenir les régimes arabes serait plus pertinent en termes de géopolitique.
Un complot sioniste corrompant les capitales occidentales ? Absurde là aussi. Mais aux Etats-Unis, c'est presque pire : certains néo-conservateurs mystiques sont persuadés que la création d'Israel et le retour des Juifs en Palestine sont un des prémices de l'Apocalypse et que, une fois qu'Israel sera restauré complètement, les Juifs deviendront brutalement chrétiens et, pouf, miracles, jugement dernier, paradis sur Terre et Youplali-Youplala.
Reste la seule explication possible : l'Europe et les Etats-Unis ont tellement été traumatisés par la Shoah (et leur responsabilité partielle) que tous les Juifs, quel qu'ils soient et quoiqu'ils fassent, sont intouchables et sacrés. Bref, un racisme positif en quelque sorte, attribuant à un peuple tiers donné non pas une infériorité naturelle (comme avec le racisme classique) mais des droits particuliers.
Imaginons un instant les vraies conséquences du discours néo-sioniste.
Si un peuple peut, sur la base d'une mythologie, de légendes et de quelques éléments historiques, être en droit de conquérir ses terres d'il y a 2500 ans, alors cela signifie que les Indiens doivent chasser tous les immigrés européens des Etats-Unis. Cela signifie également que les Français doivent conquérir la Hongrie où nos ancêtres les Gaulois étaient il y a 2500 ans des cavaliers nomades.
Le cas de « nos ancêtres les Gaulois » appuie sur le point le plus gênant du discours néo-sioniste. Si l'identité juive n'est pas strictement religieuse, alors c'est la quasi-totalité de la population européenne qui doit avoir le droit d'immigrer en Israel. En effet, nous avons tous des ancêtres juifs et une bonne partie par la voie matrilinéaire, de la même façon que nous avons tous probablement Charlemagne dans nos ancêtres, par le simple jeu de la multiplication par 2 du nombre d'ancêtres à chaque génération.
La seule bonne politique concernant Israël est donc de cesser de reconnaître cet état et son gouvernement tant qu'Israël n'aura pas reconnu ses frontières de 1947 et les droits inaliénables des Palestiniens et, d'une manière générale, des Goyims. Bref, de ne reconnaître Israel de nouveau que simultanément à un état palestinien réellement souverain. Une solution est effectivement un état unique sur toute la Palestine mais où chaque résident légitime (notamment tous les Palestiniens nés en Palestine ou dont les ancêtres résidaient en Palestine en 1947) aurait le droit de vote.
Ne plus reconnaître Israel implique de ne plus reconnaître ses décisions et ses actes, notamment administratifs. Si les documents douaniers israéliens ne sont plus reconnus, il y a de fait embargo.
Enfin, il ne faut hésiter à frapper Israel au moins autant que lui même frappe ses voisins. Si Israel détruit un aéroport palestinien ou libanais, l'aéroport de Tel Aviv doit être détruit.

Entretien avec Pierre Stambul, membre du Bureau National de l'Union Juive Française pour la Paix

08 Février, 2011
En Tunisie, en Egypte, la vigilance des peuples à l'égard des pouvoirs en place se maintient. En Algérie, des citoyens s'apprêtent à engager une longue marche, en dépit des interdictions. En Jordanie, au Yémen et ailleurs dans le monde arabe, les mouvements de contestation se multiplient. La fin de l'ère des dictatures serait-elle en train de sonner dans cette partie du monde, corsetée entre autoritarisme et  mépris?
Pierre Stambul, membre du Bureau National de l'UJFP, nous livre ici son analyse de la situation en Egypte et des répercussions éventuelles dans la région.
L'avènement de la démocratie en Egypte, un espoir pour les Palestiniens ?
Le monde entier a les yeux tournés vers l'Egypte qui est en train de vivre un tournant dans son histoire, dans la foulée de la révolution tunisienne.  Quel rôle les Etats arabes, et en particulier l'Egypte, ont-ils joué dans le passé dans le conflit israélo-palestinien?
Pendant la guerre de 1948 qui est la « catastrophe » (Naqba) pour les Palestiniens et la guerre d’indépendance pour les Israéliens, il y a eu une grande solidarité des peuples arabes pour la Palestine. L’attitude des gouvernements arabes a été très différente. Chacun se battait pour ses propres intérêts et pas pour les Palestiniens. Dans son livre « la guerre de 1948 en Palestine », l’historien « dissident » israélien Ilan Pappé  montre bien comment par exemple la légion jordanienne qui était capable d’infliger de lourdes pertes aux troupes sionistes ne s’est battue que sur le futur tracé des frontières puisqu’il y avait un accord secret entre le roi de Jordanie et la direction sioniste sur le dépeçage de la Palestine. À la fin de cette guerre, Jordanie et Egypte se sont partagés les 22% de la Palestine qui n’ont pas été conquis par les Israéliens et il n’a jamais été question d’un Etat palestinien. Entre 1948 et 1967, Gaza est un territoire égyptien particulièrement délaissé et déshérité.
Par la suite, les crimes commis contre les Palestiniens par les dirigeants des pays arabes se multiplient : 30000 Palestiniens massacrés par les troupes jordaniennes qui reçoivent un appui militaire décisif israélien (septembre noir, 1970), Sabra et Chatila où les milices phalangistes libanaises massacrent la population civile avec l’appui militaire israélien (Beyrouth, 1982). Ou encore Arafat encerclé par les troupes syriennes et les vedettes israéliennes à Tripoli (Liban) en 1983. Sans oublier comment les réfugiés palestiniens sont (mal)traités au Liban depuis 60 ans.
Quels sont les enjeux d'un changement politique dans ce pays à l'échelle de la région?
Il y a avant tout un enjeu pour les peuples qui se révoltent. Depuis des années, l’univers des pays arabes est figé. En Occident, les « Arabes » et les « Musulmans » sont représentés comme le mal absolu, comme des terroristes islamistes en puissance. Du coup, ces pays sont condamnés à subir des dictatures militaires et policières corrompues voire mafieuses. Les peuples tunisien et égyptien et tous les autres qui s’inspirent de leur exemple montrent qu’il n’y a pas de fatalité. Ils bousculent toutes les certitudes stratégiques. Même en l’absence de forces politiques prêtes à exercer le pouvoir, ils expriment avec une très grande radicalité leur besoin d’éradiquer tous les aspects de leurs dictatures.
Il se trouve que, depuis l’écroulement de l’Union Soviétique, la plupart des gouvernements arabes sont devenus particulièrement dépendants de l’Occident et de l’impérialisme américain. L’Egypte est le deuxième pays, après Israël, à recevoir une aide économique américaine considérable qui, loin de soulager la misère de la population, sert avant tout à maintenir en place la dictature de Moubarak. L’Irak, au prix d’incroyables destructions et de centaines de milliers de civils assassinés, est devenu un protectorat occidental avec la complicité de nombreux dirigeants arabes. Tout cet équilibre est en train de basculer.
Comment les autorités israéliennes, l'opinion et les médias, vivent cette contestation populaire qui a clairement exprimé son hostilité vis-à-vis de l'Etat hébreu?
Le débat a lieu en Israël. Le journal Haaretz et divers politiciens s’aperçoivent tout d’un coup que les Israéliens ont toujours cherché dans le monde arabe comme « partenaires » des dictateurs. Les derniers soutiens officiels à Moubarak viennent du gouvernement israélien. Et aussi de l’Autorité Palestinienne, ce qui n’est pas très glorieux.
Vis-à-vis des Palestiniens, les dirigeants israéliens ont toujours proclamé « qu’ils n’avaient pas de partenaire pour la paix ». Moubarak était pour les Israéliens le partenaire rêvé, celui avec lequel on pouvait multiplier les réunions luxueuses à Charm-el-Cheikh. Ce partenaire domestiqué a laissé faire, sans jamais réagir, les pires ignominies contre les Palestiniens. Moubarak a toujours été le complice efficace des Israéliens dans le blocus contre Gaza. Ce blocus qui est un véritable crime de guerre s’est prolongé après le massacre de l’opération « plomb durci » (1400 morts, quasiment tous civils en 2008-2009). Le gouvernement israélien a bien conscience qu’il n’est pas prêt de retrouver un tel complice. Pour l’opinion et les médias israéliens qui rêvent toujours que les Palestiniens finiront à terme par devenir des indigènes domestiqués vivant dans leurs réserves, les révolutions en cours leur rappellent que la paix ne peut pas reposer sur des accords partiels avec des dictatures. Et bien sûr cette opinion, sérieusement travaillée par le « complexe de Massada  » (c’est-à-dire l’idée que dans cette guerre les seules victimes sont les Juifs) ne voit dans les manifestations de Tunis ou du Caire que l’expression de l’islamisme radical et de l’antisémitisme. Il y a d’ailleurs une rumeur insistante qui court en Israël ou dans plusieurs communautés juives, affirmant que des synagogues ont été attaquées en Tunisie. Toutes les nouvelles que nous avons prouvent exactement le contraire, mais cette rumeur est significative.
Les accords signés par l'Egypte avec Israël peuvent-ils être remis en question par un nouveau gouvernement?
Ces accords auraient pu signifier autre chose : l’idée, à laquelle Arafat a cru, du principe « la paix contre les territoires ». Mais les Israéliens n’avaient pas d’intérêt colonial direct dans le Sinaï et en 1978, Begin n’a pas hésité à expulser 10000 colons pour signer cette paix. Dès le début, cette paix s’est faite CONTRE les Palestiniens. Il s’agissait d’une paix séparée retirant définitivement (du moins le croyait-on) l’Egypte du camp des pays ennemis. Et aujourd’hui ? Bien sûr, la question palestinienne n’est absolument pas centrale dans la révolte du peuple égyptien. Mais elle le redeviendra quand un nouveau pouvoir s’établira. Et la popularité de la cause palestinienne interdira à ce nouveau pouvoir de maintenir ce type de complicité. Les premières conséquences pourraient être une rupture du blocus de Gaza avec l’ouverture de la frontière de Rafah. Personnellement, j’aimerais que le futur gouvernement égyptien aille plus loin et que, comme l’ont fait le Venezuela et la Bolivie, il gèle ses relations politiques et diplomatiques, tant que dureront l’occupation et la destruction de la Palestine.
Quel rôle l'armée égyptienne peut-elle jouer dans la suite des événements?
L’armée égyptienne est au pouvoir depuis 60 ans. Ses dirigeants contrôlent l’appareil d’Etat et font partie de la minorité de privilégiés qui s’est enrichie au-delà de tout. Imaginer que cette armée pourrait jouer un rôle de médiateur est une dangereuse illusion. On a d’ailleurs pu constater la complicité de cette armée lors des exactions commises par les « pro-Moubarak » qui étaient essentiellement issus de l’appareil policier et du parti au pouvoir. Mais dans cette armée, il y a des appelés ou des soldats de base qui sont plutôt solidaires des manifestants. Si la hiérarchie militaire, que ce soit en Egypte ou en Tunisie, n’est pas remise en cause, ces révolutions resteront inachevées et la minorité de nantis qui a largement profité des dictatures mafieuses conservera une partie de son pouvoir.
Les événements en Tunisie, en Algérie, en Egypte, au Yémen et en Jordanie préfigurent-ils selon vous un changement des rapports de force dans la région en faveur de l'instauration d'un Etat palestinien?
Il est difficile de faire des prévisions. Mais on est peut-être en train d’assister à un basculement. Dans les années 1960-70, il y avait dans tous les pays arabes une poussée progressiste, un foisonnement de mouvements de révolte. L’Occident et les Etats-Unis ont tout fait pour faire refluer les mouvements progressistes et révolutionnaires. La victoire israélienne de 1967 a joué un rôle capital dans ce reflux. Par la suite, les régimes arabes sont quasiment tous devenus des gendarmes garantissant la sécurité de l’Occident face au « péril islamiste », ce qui paraît un peu curieux quand on pense à ce qu’est le régime saoudien. Ces régimes sont tous devenus des dictatures avec parti unique, élections truquées, corruption généralisée, clans mafieux, répression violente, misère du plus grand nombre et richesse insolente d’une minorité.
En même temps, ces régimes ont ouvertement trahi le peuple palestinien en le poussant à des « pseudo-négociations » qui étaient surtout des demandes de capitulation. Tous ces pays auraient pu depuis longtemps exercer de véritables pressions pour faire cesser l’impunité d’Israël. Ils ne l’ont jamais fait. Le plan de paix Saoudien (2002) aurait pu être la base d’un règlement. Les dirigeants arabes n’ont rien fait pour l’imposer et ils ont laissé les Palestiniens désarmés face à la répression. Si des changements démocratiques se multiplient dans le monde arabe, cette politique de capitulation et de trahison des Palestiniens pourrait être remise en cause. Mais encore une fois, ce qui a fait descendre les peuples dans la rue, ce sont surtout la soif de liberté, la pauvreté et la corruption, pas la question palestinienne.
Comment les Palestiniens vivent-ils ces événements?
La division de la Palestine avec deux gouvernements rivaux et pas d’Etat est une victoire de l’occupant. À Gaza, les manifestations de soutien au peuple égyptien ont été autorisées. D’autant que le Hamas est lié aux Frères Musulmans. Par contre en Cisjordanie, l’Autorité Palestinienne continue de soutenir Moubarak et a fait interdire les manifestations. Très critiqué pour sa soumission face à l’occupant, Mahmoud Abbas court le risque d’être assimilé à Moubarak. Lors de mon dernier voyage en Palestine (oct-nov 2010), j’ai entendu des propos très durs du genre : « nous aurions aimé n’avoir qu’un ennemi et pas deux ». Cet appui à Moubarak va renforcer son impopularité. Fondamentalement, les Palestiniens espèrent avant tout la fin rapide du blocus de Gaza.
La question palestinienne est intimement liée à cet équilibre de l'oppression que les puissances occidentales maintiennent à travers Israël, considéré comme la seule démocratie dans cette région. Quelles sont les perspectives qui se dessinent?
L’historien israélien Shlomo Sand écrit que « Etat Juif et démocratique, c’est une contradiction ». Le caractère démocratique de l’Etat israélien ne concerne que les Juifs (et encore, plusieurs « anarchistes contre le mur » ont été arrêtés). Il n’a jamais concerné les Palestiniens : 700000 d’entre eux ont connu la prison depuis 1967 et aujourd’hui, on trouve en prison des maires, des députés, des dirigeants politiques de tous les partis, des animateurs/trices d’associations en très grand nombre.
Israël n’a jamais été le seul Etat démocratique de la région, mais c’est le seul Etat occidental devenu le gendarme de l’Occident au Proche-Orient. En face, il y avait des dictatures corrompues voire mafieuses, ce qui garantissait une situation immuable. L’avènement de la démocratie dans la région est un espoir.
Propos recueillis par Keltoum Staali

Un membre du clan Moubarak est soupçonné d'avoir commandité l'attentat anti-chrétien d'Alexandrie

Le Quotidien d'Algérie
par Hicham Hamza – publié le mardi 8 février 2011
Oumma.com

Explosif. La justice égyptienne soupçonne un ancien ministre de l'Intérieur d'avoir secrètement organisé un attentat terroriste imputé à Al Qaida.
Depuis treize ans, et jusqu'au 31 janvier dernier, il était un membre éminent du gouvernement. Hier, l'ex-ministre de l'Intérieur égyptien, Habib El Adly, a été mis en examen pour son implication supposée dans l'attentat anti-copte du Nouvel An qui a causé la mort de 24 personnes à Alexandrie. Le procureur général Abd-el-Majid Mahmud a considéré qu'il existait suffisamment d'éléments « sérieux » pour ouvrir une enquête sur l'ancien homme fort du régime Moubarak.
Interrogé par Al Jazeera, un avocat copte, Ramzi Mamdouh, a déclaré avoir présenter au procureur une requête en ce sens à la suite d'articles parus notamment dans la presse libanaise et faisant état d'une curieuse rumeur : un diplomate anglais aurait expliqué à des homologues français que le Premier ministre David Cameron était désireux de voir Hosni Moubarak quitter le pouvoir en raison d'une information confidentielle obtenue récemment par l'ambassade britannique du Caire. Venu demander l'asile politique, le lieutenant Fathi Abdelwahid, ancien membre de la police secrète du régime, a révélé que l'attentat d'Alexandrie résulterait d'une machination organisée par l'ex-ministre de l'Intérieur. L'objectif consistait à s'attirer la solidarité des gouvernements occidentaux en provoquant un attentat qui serait sous-traité par des extrémistes islamistes, eux-mêmes recrutés -et finalement piégés- par un intermédiaire.
Inside job
Ironie du sort, c'est le mardi 25 janvier, au premier jour de la révolte qui secoue le pays, qu'un entretien -rétrospectivement édifiant- avec le ministre paraît dans la presse égyptienne. Selon le quotidien pro-gouvernemental Al-Ahram, Habib El Adly accusa Al-Qaida et « l'armée islamique de Gaza » d'être les organisations responsables de l'attentat. Insistant quant à l'absence, sur le territoire national, de toute cellule affiliée au label de Ben Laden, le ministre a présenté, à l'inverse, la bande de Gaza comme une véritable pépinière de terroristes plus ou moins liés au Hamas et à Al-Qaida. Un discours parfaitement aligné sur les positions du gouvernement israélien. Il y a deux semaines, ces propos pouvaient encore s'apparenter à la rhétorique coutumière consistant à amplifier la menace terroriste dans la région. Au vu du soupçon judiciaire qui pèse désormais sur Habib El Adly, ses accusations à l'encontre de « terroristes-islamistes-militants-de-la-cause-palestinienne » semblent davantage relever d'une propagande purement et simplement mensongère. L'enquête ouverte par la justice s'annonce d'ores et déjà particulièrement sensible : il s'agira non seulement de vérifier le rôle exact de l'ancien ministre – qui a désormais pour interdiction de quitter l'Egypte- mais aussi de déterminer sur quelles complicités étatiques -nationales et/ou étrangères- il a pu s'appuyer pour élaborer un tel complot.
Dans les prochains jours, la réaction de la classe politique française et des éditorialistes hexagonaux à l'égard de cette stupéfiante information ne manquera pas d'être intéressante à suivre. Oumma et La Vie avaient été les seuls médias à souligner un fait singulier : l'absence de toute revendication formelle pour l'attentat d'Alexandrie. Cet élément méconnu du grand public n'a guère empêché la plupart des journaux français de reprendre à leur compte la version officielle du gouvernement égyptien. Comme l'avait fait Nicolas Sarkozy en instrumentalisant ce drame, il était plus sans doute plus commode de ne pas faire de contre-enquête et de se contenter d'alerter l'opinion publique sur une « épuration religieuse » en cours au Moyen-Orient. Une note d'espoir s'est fait néanmoins entendre : à l'inverse de l'intelligentsia française, les Coptes sur place ne semblent pas avoir cédé au piège consistant à se représenter tous leurs concitoyens comme les membres d'une communauté musulmane devenue tout à coup hostile et dangereuse. L'attentat d'Alexandrie n'a pas complètement atteint le but fomenté par ses commanditaires.   

La Russie demande au Conseil de sécurité de se rendre au Moyen-Orient

9 février 2011
Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait se rendre en visite au Moyen-Orient pour tenter de lever l'impasse au processus de paix et évaluer les troubles en Egypte et dans les autres pays de la région, a estimé mardi l'ambassadeur russe à l'ONU Vitaly Churkin.
Les quinze ambassadeurs devraient visiter Gaza, Israël, la Syrie, l'Egypte et le Liban, a déclaré M. Churkin aux journalistes.
L'ambassadeur russe a expliqué qu'il n'y a pas eu de mission du Conseil de sécurité au Moyen-Orient depuis 1979. "Nous pensons que ce n'est pas juste que depuis tant d'années le Conseil de sécurité n'ait pas été au Moyen-Orient", a-t-il dit.
"Nous faisons cette proposition maintenant car nous sommes inquiets de la situation au Moyen-Orient. Comme nous le savons, tous les efforts pour relancer les discussions israélo-palestiniennes sont dans une impasse et la situation dans la région est très fragile", a expliqué M. Churkin.
L'ambassadeur russe a indiqué que les ambassadeurs du Conseil discutaient des détails d'une éventuelle mission mais qu'aucune date n'a été décidée. "Quelques inquiétudes" ont été exprimées mais il n'y a pas eu "d'objections catégoriques", a-t-il dit. 
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Emouvants témoignages d’un médecin sur les enfants de Gaza

Laurence Bézaguet | 08.02.2011 | 18:16
RENCONTRE | Un Dr norvégien racontera mercredi soir son vécu en Palestine. Trois questions à Laurence Deonna, vice-présidente de l’Association Enfants de Gaza, qui organise l’événement.
La guest star de la soirée est l’un des rares médecins à avoir pu se rendre à Gaza, durant les bombardements d’il y a deux ans…
Nous sommes très fiers d’avoir pu faire venir cette sommité internationale! Envoyé par The Norvegian Aid Committee, durant «l’Opération Plomb Durci», lancée par l’armée israélienne il y a deux ans, le professeur Mads Gilbert fut, effectivement, l’un des deux seuls médecins autorisés à se rendre à Gaza. Et croyez-moi, ses témoignages sur les enfants de cette ville sont bouleversants.
L’ouvrage «Eyes in Gaza» (Quartet, London), qui relate son expérience, a été cité par le principal journal norvégien Klassekampen comme étant le «meilleur livre de l’année 2009».
Qu’attendez-vous de la prestation du professeur Gilbert?
Nous voulons que le public puisse se rendre compte combien il est important de soigner les enfants de Gaza, atteints dans leur santé physique mais aussi psychique. Relevons qu’en dépit de toutes les souffrances auxquelles il a assisté, sous les bombardements, Mads Gilbert ne souhaite pas diaboliser le peuple israélien. Palestiniens et Israéliens méritent tous de vivre en paix et en sécurité, selon lui.
De quels troubles souffrent ces enfants?
De l’effet des bombes, de la violence, du poids de l’enfermement et du manque d’espoir. Pour leur en donner un peu, notre association humanitaire Enfants de Gaza récolte de l’argent pour aider le Dr Eyad El-Sarraj à traiter ces mômes.
Ce psychiatre, qui a reçu le prix Olof Palme (ndlr, du nom du président suédois assassiné en 1986) pour son engagement contre le racisme et la xénophobie, est l’âme du programme de santé mentale communautaire de Gaza.
Mercredi 9 février à 19h30 à Uni Dufour (Genève-SUISSE) (salle U300)

Ils lui ont pissé dessus et il a été condamné à huit mois de prison

mercredi 9 février 2011 - 06h:44
A. Kaniuk & T. Goldschmidt. - Machsom Watch
L’humiliation est quelque chose de subjectif ; cela dépend de nos représentations personnelles. Pour moi par exemple, ce qui me semble le plus humiliant ce n’est pas qu’ils aient pissé sur lui mais qu’ils l’aient mis tout nu. Au début le père de Mohammad avait honte de nous dire qu’ils lui avaient pissé dessus.
(JPG)
Maltraiter et martyriser des enfants a toujours été le point fort des soudards et flics israéliens dont le sadisme n’a d’égal que leur couardise...
Il ne pouvait pas prononcer ces mots là tout haut, je crois que pour lui c’était la chose la plus humiliante qu’ils aient faite à son fils.
Quel genre de personnes, je me demandais, appréhendent un enfant de 13 ans et le torturent de la sorte. Et puis je me suis répondu : à peu près n’importe quel soldat israélien. N’importe quel soldat de l’armée israélienne se conduit ainsi avec les Palestiniens. N’importe qui, en fait, si les règles locales le permettent.
La première fois que je l’ai vu, c’était dans le hall numéro deux de la Cour militaire de "Ofer". C’est là qu’on juge les enfants : 20, 22, 23 enfants par jour. Les enfants et les adolescents arrivent par groupe de deux, trois et parfois quatre, en tenues de prisonnier marron, leurs pieds entravés, menottés à l’enfant suivant.
Je l’ai tout de suite remarqué parce qu’il avait les cheveux joliment bouclés, l’air très jeune et parce qu’il pleurait. Je ne veux pas dire que les autres enfants ne pleurent pas, du moins les plus jeunes. Mais, d’après ce que j’ai vu, ils pleurent rarement ouvertement ; lui, n’essayait même pas de retenir ses larmes ni de les cacher.
Le plus souvent ils sont conduits devant la Cour militaire pour qu’elle statue sur la prolongation de la garde. C’est la procédure, même pour les enfants. Peu importe ce dont ils sont accusés et la nature des preuves qui ont conduit à leur arrestation. De fait, quelque soit le rôle de cette Cour militaire, ce n’est certainement pas de trouver la vérité ni de décider de la punition adéquate. Surtout quand on sait que les arrestations sont effectuées au milieu de la nuit, généralement sur simple dénonciation de quelqu’un qui n’est souvent qu’un enfant lui-m. Ils sont accusés le plus souvent d’avoir lancé des pierres ou des cocktails Molotev improvisés. Et cela suffit pour les arrêter sans leur donner même la faculté d’être libérés sous caution, jusqu’à la fin de la procédure. Qui dure plusieurs mois. Au moins trois. Puis un jour on les juge et on les déclare presque toujours coupables. C’est le chef d’accusation qui tient lieu de preuve.
Et d’ailleurs même si on admet que jeter une pierre sur l’occupant est un crime et qu’un enfant qui lance des pierres est aussi coupable qu’un adulte et même qu’une pierre est aussi dangereuse qu’une balle de revolver - même une pierre qui n’a atteint personne- même si on admet que tout cela est vrai, reste qu’on ne peut jamais savoir ce qui est arrivé exactement. Et ce n’est pas un échec ni une erreur du système, ce n’est tout simplement pas son objet de rechercher la vérité. Parce que la Cour est un outil de l’Occupation qui n’a qu’un seul but : opprimer, persécuter et dominer. Rien d’autre.
Quoiqu’il en soit, ce jour-là comme beaucoup d’autres, des groupes d’enfants furent amenés les uns derrière les autres, attachés les uns aux autres, la plupart arborant un grand sourire malgré tout. C’est que cette grotesque comparution destinée à prolonger leur garde (et dont le but principal est de donner aux forces d’occupation le temps de briser et d’écraser ces enfants pour en faire des collaborateurs) est pour ces jeunes la seule occasion de voir leur famille. Et voilà le petit Mohammed Mukheir, qui ne sourie pas à ses parents, qui ne fait pas de signes, et je ne sais pourquoi nos coeurs se sont arrêtés et se sont déchirés en le voyant. Et encore c’était avant d’apprendre ce qu’ils lui avaient fait subir. Son regard, doux et craintif, ses boucles enfantines, ses grands yeux débordants de larmes révélaient l’état de son âme.
Et tous se déroula comme d’habitude. Le garde lui enleva les chaînes et il s’assit. Il y avait quelques enfants un peu plus vieux avant lui, et la cour avait pris du retard. Ce qui permit au moins aux enfants de parler avec leur famille dans la mesure où les gardes et les soldats les y autorisaient. Tous bavardaient sauf Mohammed. Il portait une chemise à manches courtes et tremblait de froid et il ne parlait pas, il ne faisait que pleurer. Et sa mère ne pouvait pas non plus s’arrêter de pleurer. Et c’est inhabituel car les mères pleurent surtout après la comparution. Quand leurs enfants sont emmenés. Et le père, pour ne pas devenir fou, ne cessait de composer un numéro de téléphone virtuel sur sa main en murmurant à l’enfant de ne surtout pas l’oublier. Mais les lèvres de l’enfant étaient figées. Seules ses larmes coulaient.
Et puis se fut son tour et l’interprète lui dit de se lever et il le fit. On lut son nom. Puis on lui dit de s’asseoir et il le fit. Ses yeux ne voyaient rien et il avait l’air d’avoir bien moins de 13 ans. Peu de temps après la juge dit qu’il y aurait une autre comparution dans 15 jours et le garde ordonna à l’enfant de se lever. Il le fit. Ses yeux et ceux de ses parents étaient rivés les uns aux autres. Alors le garde lui remit les chaînes et lui fit signe de partir. Son visage mouillé de larmes était blanc de terreur.
L’enfant se tenait debout près de la sortie, le garde à côté de lui le pressait d’avancer. Il lança un dernier regard à ses parents, ne pouvait en détacher ses yeux ; sa mère se tordait les mains et son père se décida finalement à lui murmurer : fais toi couper les cheveux. Fais toi couper les cheveux répétait-il tout bas, formant les mots avec sa bouche en montrant sa propre chevelure puis la chevelure bouclée de son fils. Comme s’il pensait que des cheveux courts donneraient une meilleure impression, auraient l’air plus respectable. Mais nous nous pensions le contraire. Qu’il fallait mieux que l’enfant reste exactement comme il était. Les cheveux libres et l’air enfantin. Car ses boucles témoignaient du monde qui était le sien, le vrai monde, qu’il ne fallait surtout pas oblitérer.
Le monde de l’enfance. Et de cette vulnérabilité jaillissait comme un cri, la réalité de ses droits intrinsèques et inviolables. Et soudain la juge dit : Pourquoi est-il si peu vêtu ? Les mots résonnèrent dans l’air, leur écho s’évanouissant à mesure que le garde s’éloignait avec lui et disparaissait, et elle n’insista pas. Et les parents assommés se levèrent. La tête basse. Et ils s’en allèrent, courbés, et nous nous sommes dépêchées de les rattraper.
Nous et nos privilèges inviolables, nous continuerons de hanter les couloirs de cette Cour aussi longtemps qu’on nous le permettra.
"Il a menti à sa mère" nous dit Tareq, le père de Mohammed. "Il lui a dit : ’Je suis dans le village’. Il était avec les autres enfants et je ne sais pas comment c’est arrivé au juste mais des gens m’ont dit qu’ils l’avaient vu dans la jeep des soldats et qu’ils le passaient à tabac... Je savais où ils l’avaient emmené. Il y a une base de l’armée près de la colonie de Beit Horon. C’est à l’entrée de Lower Beit Ur, entre Upper et Lower Beit Ur. Alors j’y suis allé tout de suite et j’ai demandé après lui. Je voulais leur dire que ce n’était qu’un gosse. S’il a lancé des pierres, je l’enfermerai à la maison. Je voulais savoir ce qui lui arrivait. Mais le soldat m’a dit qu’il n’était pas ici. Que je devais essayer de voir s’il était à ’Ofer’. Il m’a dit ça mais je savais qu’il était ici. je leur ai dit je sais qu’il est ici. Ils m’ont dit ’si vous n’êtes pas parti dans les cinq minutes, le soldat va vous tirer dessus’. Ils parlaient du soldat du minaret. Celui qui surveille les alentours. Son fusil était braqué sur moi. Alors je suis parti." "A ce moment-là, nous n’avions aucune idée de ce qu’ils étaient en train de lui faire. Nous ne savions rien. C’est seulement plus tard que nous l’avons su."
"Nous l’avons cherché une semaine entière, jusqu’à ce que nous ayons trouvé où il était" continua le père. "Partout on nous disait qu’il n’était pas là. Maintenant je sais qu’après trois jours à la base il a été emmené à ’Ofer’. Et qu’il y est resté un mois. Après quoi ils l’ont enfermé à ’Rimonim’. C’est une prison pour les femmes et les enfants. Et pendant tout ce mois il nous a été impossible de lui parler. Jusqu’à la comparution devant la Cour. C’est la première fois qu’on le voyait. Il était incapable de parler, il ne faisait que pleurer. Je ne sais pas ce qu’ils ont dit, ils ont parlé d’une autre date, peut-être dans deux semaines. Je ne me rappelle plus. C’est alors que nous avons reçu un coup de fil. De quelque part à Ramallah. Des militants des droits de l’homme. Pour les mineurs. Ils m’ont dit ’Votre fils est en mauvais état. Il a des problèmes aux pieds. Ils lui ont brûlé les doigts avec des cigarettes, avec des armes à feu. Sa mère et moi on a pleuré une semaine entière. On était incapables de manger."
"Regardez sur Internet, on y parle ce qui lui est arrivé" ajouta-t-il. Il avait du mal à dessérrer les lèvres pour parler. C’était sans doute trop dur pour lui de nous raconter tout ça. Nous avons cherché sur Internet et nous avons trouvé l’article en question :
"Des soldats israéliens ont torturé deux enfants et les ont forcé à boire l’eau des latrines."
Bab al Arab- 1.11.2010. Le ministre des Affaires des Détenus de l’Autorité Palestinienne, Issa Qaraqa’, a révélé que les soldats d’occupation avaient uriné sur deux prisonniers palestiniens mineurs et les avaient forcés à boire l’eau des toilettes et les avaient photographiés nus après les avoir arrêté et brutalisés.
Selon des sources palestiniennes, Qaraqa’ a confirmé que les mineurs détenus, Mohammed Tareq Abd allatif Mkheimer محمد طارق عبد اللطيف مخيمر, âgé de 13 ans et Mohammed Nasser Ali Raduan âgé de 13 ans lui aussi et élève de 6ième, avaient donné leur témoignage à l’avocate Hiba Massalha du ministère des prisonniers qui leur avait rendu visite dans l’aile des enfants de la prison ’Rimonim’. Ils ont dit que les forces d’occupation les avaient arrêtés en juillet dernier, leur avaient donné des coups violents sur les pieds avec leurs fusils, puis leur avaient entravé les pieds, leur avaient mis des bandeaux sur les yeux et les avaient conduit dans une colonie où ils les avaient forcés à boire de l’eau dans la cuvette des W.C. et les avaient photographiés tout nus, puis ils avaient mis l’air conditionné sur froid dans les toilettes et les avaient laissés 48 heures enfermés dedans sans vêtements.
Les enfants ont ajouté que chaque fois qu’ils essayaient de dormir, les soldats les réveillaient. La chose la plus répugnante que les soldats leur ai fait subir c’est d’uriner sur leur têtes et leurs visages. Selon l’avocate Massalha, ce qui est arrivé à ces mineurs est immonde, et dépasse l’entendement.
De quoi est-il accusé ? avons-nous demandé.
"Seulement de jeter des pierres d’après ce que nous savons" dit Tareq. "Mais maintenant ils ont ajouté un cocktail Molotov aux accusations. Ce n’est qu’un enfant. Il n’a même pas encore de carte d’identité. S’il en avait une ce serait différent mais il est trop jeune.... Cela fait déjà trois mois qu’il est enfermé. C’est assez. Il a été suffisamment puni. Maintenant je veux l’emmener à la maison. Et m’occuper de ses pieds. Des blessures qu’ils lui ont faites avec leurs fusils et leurs cigarettes. Je ne sais pas ce qu’il a aux pieds. A la Cour je lui ai dit de se comporter comme un homme. Mais il ne pouvait pas s’arrêter de pleurer. Il ne dit pas un mot. Il n’appelle pas. Et sa mère n’arrête pas de prendre des cachets.
Il y a un ami en prison qui nous appelle et qui nous dit qu’il est malade. Mais notre fils ne nous appelle pas bien que le juge lui ait donné la permission de nous appeler une fois. Mon amis m’a dit qu’ils avaient déchiré le document que le juge avait donné à mon fils pour qu’il puisse nous appeler et qu’ils l’empêchent de nous appeler. Et qu’il a des bleus autour des yeux et que son nez saigne. Et nous n’avons pas le droit de le voir. Ils nous ont dit qu’on ne pourrait le voir que dans deux mois. Et nous ne savons rien. C’est dur de ne rien savoir. C’est une enfant, rien qu’un enfant."
"Tout ce que nous pouvons faire c’est attendre, rien qu’attendre."
Mais pourquoi l’avocat n’a-t-il pas parlé au juge de la torture ? avons-nous demandé. Pourquoi n’a-t-il pas mentionné les sévices que l’enfant subissait ?
"Parce qu’alors ils le traiteraient encore plus mal" nous a expliqué le père. "Ils lui donneraient deux mois de prison de plus parce que nous nous sommes plaints. J’en suis sur. C’est pour la même raison qu’on ne le laisse pas porter une veste en prison. Vous avez vu qu’il n’avait pas de veste. Et il n’a pas le droit de téléphoner. C’est peut-être parce que les militants des droits de l’homme sont allés le voir en prison. C’est pour cela qu’on le traite comme ça... Alors parler au juge nous causerait encore plus de problèmes."
Et nous nous sommes dit qu’il avait probablement raison, même si c’est horrible à dire.
Nous avons assisté à trois comparutions au cours desquelles la détention de Mohammad a été prolongée, trois parmi beaucoup d’autres depuis que son procès a commencé. Entre temps il s’est fait couper les cheveux comme son père le lui avait conseillé et aussi sans doute parce que c’est obligatoire en prison.
La troisième fois que nous sommes venues, après qu’un plea bargain** ait été conclu entre la défense de Mohammad et le procureur aux termes duquel le petit Mohammad Mukheir serait condamné à une peine de 8 mois de prison en plus d’une amende de 2000 shekels (environ 400 E NdT) (ou deux mois de prison supplémentaires) et une peine de prison conditionnelle.
Après présentation du plea bargain à la Cour on a entendu les discours d’usage : le juge dit qu’il acceptait le plea bargain en raison du jeune âge du prévenu, de son casier judiciaire vierge, du fait qu’en avouant il avait fait gagner du temps à la Cour et parce que ni la pierre ni le cocktail Molotov qu’on l’accusait d’avoir lancés n’avaient touché personne. Et donc que finalement personne n’avait été blessé. En raison de quoi elle acceptait le plea bargain et condamnait le petit Mohammad à huit mois de prison et à 2000 shekels d’amende ou s’il ne pouvait pas payer l’amende à deux mois de prison supplémentaires.
En fait presque tous les cas qui arrivent devant la Cour militaire se terminent par un plea bargain. Cela signifie que l’accusé avoue tout ce dont on l’accuse ou une partie de ce dont on l’accuse. Et habituellement il confesse qu’il se soit ou non rendu coupable de ce dont on l’accuse. Parce qu’il comprend vite qu’il n’a quasiment aucune chance d’être acquitté. Et cela fait déjà des mois qu’il est en prison. Et un plea bargain généralement le condamne à peu près à la peine de prison dont il s’est déjà acquitté, ou un peu plus. Tandis que se battre pour prouver son innocence durera beaucoup plus longtemps et entraînera probablement une plus dure condamnation. Alors la plupart préfèrent avouer.
Quand Mohammad a entendu la sentence, il s’est assis et a pris son visage dans ses mains.
"Je ne veux pas rester ici" a-t-il crié. Son père gêné a regardé ailleurs, pâle. Puis il a trouvé la force de regarder son fils et il lui a dit avec une sourire tendu et en forçant la voix : "Mais demains je viendrai te voir". Il essayait de lui remonter le moral. Et c’était en effet une chance que la visite qu’ils avaient sollicitée ait été autorisée et soit programmée pour le jour suivant. La souffrance de l’enfant s’atténua un petit peu, sa bouche cessa de trembler et son regard s’éclaircit. Peut-être parce que son esprit d’enfant pouvait espérer jusqu’à demain. Demain on lui apporterait une veste et une couverture. C’est ce que ses yeux disaient. Et il sourit. Oui il a souri.
Quoique....
Huit ans de prison et une amende ou une peine de prison suspensive, voilà ce à quoi un enfant de 13 ans a été condamné, un enfant qui, selon l’aveu même des forces d’occupation n’avait fait de mal à personne. Huit mois grâce à un plea bargain avantageux. telle est la Cour militaire.
Tel est le sort des Palestiniens.
Je ne sais pas ce qui m’a paru le pire dans le calvaire de Mohammad Muckeir. Si c’est la torture que lui ont fait subir les soldats ou la terrible découverte que ses parents étaient impuissants à le protéger. Et le fait qu’ils tombent brutalement de leur piédestal et se délitent. Ou est-ce la prise de conscience à un si jeune âge que pour la plupart des Israéliens il n’est pas "quelqu’un" mais "quelque chose" indépendamment de sa personnalité ou de ses qualités humaines.
Pour la plupart des Israéliens, il n’existe pas, il n’est pas réel, il n’est pas un être humain. Mais le pire est peut-être encore que, une fois l’urine lavée depuis longtemps et les blessures de ses pieds guéries sous les cicatrices, une fois oubliée la nourriture insuffisante de la prison et les coups reçus et encore à recevoir, et une fois ses boucles repoussées, quelque chose continuera de hanter le petit Mohammad Muckeir, une déchirure irréparable dans sa vie. Quelque chose que rien ne pourra effacer. Quelque chose comme l’essence de tous les sévices qu’il aura subis et plus encore.
Et cette intuition que j’ai fait vibrer les cieux du futur et du passé d’une pulsion implacable et déchirante. Un pouls de tristesse. Et j’espère seulement que Mohammad et moi nous verrons l’avènement d’un autre monde. Un monde où lui et moi jouirons des mêmes droits sur terre. Un monde où il sera enfin considéré comme un être humain et où moi je serai restée un être humain. Avant que le sang ne recouvre le pays, la terre entière et le ciel.
* Machsom Watch est une association de femmes juives israéliennes courageuses qui sont contre l’occupation et qui se sont donné pour mission d’aider les Palestiniens en se relayant principalement aux check-points où leur présence les protège d’abus excessifs. Elles passent leurs journées en démarches auprès des autorités d’occupation pour essayer d’alléger leur sort.
Note :
Plea bargain : Une négociation entre l’accusé et le procureur (et parfois le juge) qui met fin à un procès. L’accusé plaide coupable d’un délit inférieur à celui dont il est accusé à l’origine en échange de la garantie d’une condamnation moins lourde.
Févrire 2011 - Machsom Watch - Pour consulter l’original : http://www.mahsanmilim.com/ChildsTr...
Traduit de l’hébreu par Tal Haran et de l’Anglais par D. Muselet
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La violence des colons : une « affaire classée »

mardi 8 février 2011 - 07h:30
Nena News
Ramallah - Devant un énième cas de violence brutale, conduite par des colons israéliens contre la population civile palestinienne, les autorités israéliennes ont, une fois de plus, liquidé la question en annonçant qu’il s’agissait d’un acte d’auto-défense. L’affaire a donc été « classée ».
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Des Palestiniens portent le corps d’Oudaï Qadous qui a été abattu par un colon israélien près du village de Burin Iraq en Cisjordanie occupée, le 27 Janvier - Photo : MaanImages
L’assassinat a eu lieu jeudi, près de Naplouse, quand un colon a tué Uday Maher Qadous, un jeune homme de 19 ans, originaire de Iraq Burin. Il aura suffit d’un seul coup dans le thorax pour mettre fin à la vie de Uday.
En effet, selon un examen préliminaire effectué par le staff médical de Ramallah, confirmé ensuite par « Al-Haq », une ONG palestinienne d’avocats et de juristes, la balle aurait percé le thorax en s’y introduisant en diagonale. Restée à l’intérieur du corps, elle aurait causé des lésions internes dans le poumon.
D’après des témoins, la victime se trouvait dans sa propre terre, en train de courir après quelques moutons enfuis. L’action pourrait sans doute être confirmée par une des multiples caméras de « sécurité », installées par l’armée partout en Cisjordanie, particulièrement à proximité des installations et colonies illégales.
La presse israélienne de ce matin rapporte que le mis en cause (originaire d’une des colonies voisines de Bracha ou de Yitzhar), n’aurait pas encore été identifié. De toute façon, puisqu’il était armé, il aurait tiré pour se défendre car il marchait seul du côté d’un village palestinien, où il aurait été touché par des pierres lancées par un groupe d’habitants.
Par ailleurs, alors que des organisations de colons critiquaient l’action des organisations de la gauche israélienne (contre eux) et condamnaient leur « exploitation du sang arabe », Yousef Al-Khalil, un autre garçon palestinien du nord d’Hébron a été foudroyé, ce matin, par une arme à feu utilisée par des habitants de la colonie de Bat Ayin. Ces derniers étaient en excursion sur le territoire occupé, chose qui, d’après l’agence de presse Ynet, n’a pas été convenue avec l’armée.
Pour leur part, des sources palestiniennes rapportent qu’un groupe de colons serait descendu de Bat Ayin vers la commune de Khirbet Safa. Ils avaient ouvert le feu sur un groupe d’adolescents palestiniens, tuant Yousef (mort cliniquement) et en blessant un autre.
Le mois de novembre dernier, l’organisation non-gouvernementale Defence for Children a publié un nouveau document qui illustre 38 affaires de violence perpétrées par des colons contre des mineurs palestiniens et ce, en l’espace de deux années seulement. En effet, les armes à feu des colons ont tué deux des trois garçons attaqués et en ont blessé 42 autres.
En outre, parmi les 38 cas enregistrés entre mars 2008 et juillet 2010, 21 actes de violence ont été commis par des colons dans le gouvernorat d’Hébron, dont 7 à Naplouse, ce qui prouve que se sont toujours quelques communes palestiniennes, considérées comme les plus instables et vulnérables, a être la cible des résidents illégaux des colonies et des avant-postes.
Defence for Children a tenu à dédier ce document au jeune Mohammed Ibrahim al Qader Qadous, âgé à peine de 15 ans lorsqu’il a été tué par un projectile tiré par un soldat israélien en mars 2010. L’hommage a été rendu à ce cas étudié dans le rapport car le jeune palestinien avait, en 2009, déjà été victime de la violence des colons.
Ainsi, l’organisation non-gouvernementale Yesh Din confirme que 90% des actes de violence contre les Palestiniens, entre atteinte aux personnes physiques, aux propriétés, aux terres, aux voitures, aux animaux, aux oliviers, etc., font l’objet d’une enquête sommaire et sont automatiquement classées sans suite. Les auteurs, eux, n’encourent aucune poursuite judiciaire, même s’ils viennent à être identifiés.
28 janvier 2011 - Nena News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.osservatorioiraq.it/modu...
Traduction de l’italien : Niha
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Le conflit israélo-palestinien raconté aux lycéens

publié le mardi 8 février 2011
Clarisse Fabre

 
A tous les professeurs d’histoire qui souhaitent traiter le conflit israélo-palestinien sous un jour nouveau, un conseil : invitez l’auteur palestinien Taher Najib, faites lire aux élèves sa pièce de théâtre A portée de crachat (Editions théâtrales, 2009, 37 p., 11 €), et laissez la discussion se nouer.
Au lycée Antoine-de-Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie (Yvelines), lundi 31 janvier, elle fut passionnante. Dans la salle 301, tapissée d’affiches de spectacles, la curiosité des élèves de l’option théâtre était sans borne. De l’artistique, les questions ont glissé vers le politique. L’auteur, qui est aussi comédien, danseur et metteur en scène, a déployé un humour féroce, et fait rire autant que réfléchir.
La rencontre avait lieu dans le cadre de la Biennale de création théâtrale du Centre dramatique national (CDN) de Sartrouville (Yvelines), qui s’est ouverte le 25 janvier - Odyssée en Yvelines, jusqu’au 2 avril. Mise en scène par le directeur du CDN, Laurent Fréchuret, la pièce A portée de crachat est l’une des sept créations qui vont sillonner le département.
Né en 1970, Taher Najib est un Arabe israélien : sa famille avait décidé de rester dans les frontières de l’Etat hébreu après la guerre de 1948. Lui vit dans le district d’Haïfa, en Israël. Il se définit comme "un Palestinien avec un passeport israélien", ce qu’il vit très mal. La question de l’identité est la trame de sa pièce, autobiographique, long monologue d’un acteur palestinien - interprété par Mounir Margoum - qui ne sait plus qui il est. Où qu’il se trouve, à Paris, à Ramallah ou à Tel-Aviv, il se comporte comme on attend de lui qu’il se comporte, ce qui est "la négation de la liberté" : en Cisjordanie, le public le voit comme un guerrier arabe vengeur. En Israël, comme un terroriste potentiel. Il a la malchance d’embarquer dans un vol Paris - Tel-Aviv... le 11 septembre 2002. "Pourquoi deux nationalités ?", lui demande l’hôtesse. "Deux ? Je n’en ai même pas vraiment une", répond-il.
Les deux camps font jeu égal
Les élèves du lycée Saint-Exupéry pourront voir la pièce au mois de mars, au lycée. Salle 301, une jeune fille demande à Taher Najib : "Etes-vous un auteur engagé ?" "Oui. Je ne suis pas né en Israël. Israël est né chez moi", lance le militant de la cause palestinienne. Toutefois, ajoute-t-il, sa pièce n’est pas teintée d’idéologie et les deux camps font jeu égal, condition nécessaire, dit-il, "pour créer un bon conflit au théâtre". "Les Israéliens ont besoin des Palestiniens pour exister, et vice-versa. C’est un peu comme Antigone et Créon. On vit chacun dans ce rôle de composition."
Question d’un autre élève : "Comment la pièce a été perçue dans votre pays ?" Réponse, du tac au tac : "Elle a reçu le premier prix au festival israélien Teatroneto (en 2006). Mais aucun théâtre israélien ne l’a programmée."
Taher Najib avait pourtant pris soin d’écrire sa pièce d’abord en hébreu, comme une main tendue aux Israéliens. La pièce a été traduite en arabe palestinien, en français... et en arabe littéraire, afin que des élèves de l’option arabe d’un autre lycée - Evariste-Gallois, à Sartrouville - puissent en interpréter des extraits. Rares sont les lycées du département qui accueillent la pièce de Taher Najib. Beaucoup de proviseurs ont refusé, de peur de raviver des tensions entre les jeunes issus du Maghreb ou des pays arabes. Organiser des ateliers autour de la pièce, oui. La programmer, non...
Situé à l’entrée du quartier "sensible" du Val-Fourré, le lycée Saint-Exupéry est un peu à part. Il compte parmi ses professeurs d’histoire Valérie Pouzol, spécialiste du conflit israélo-palestinien et chercheuse à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Depuis plusieurs années, elle plaide pour renouveler l’enseignement de ce conflit en terminale. "Certains collègues n’osent plus aborder le sujet. Il y a la crainte des dérapages en classe. Et les enseignants ne disposent que de trois heures, au mieux, pour aborder un dossier aussi complexe", explique Valérie Pouzol. Il ne reste aux adolescents que "les images de la résistance palestinienne", celles "véhiculées par les chaînes arabes et internationales", enfants jetant des pierres contre l’armée israélienne, candidats au martyre, constate Valérie Pouzol, dans une tribune publiée par Mediapart. "Leur connaissance du conflit s’arrête là, et ils ne savent pas clairement expliquer son origine", écrit-elle. Avec Taher Najib, les élèves de Saint-Exupéry ont découvert "la résistance par le plaisir", une définition du théâtre selon le metteur en scène Laurent Fréchuret.
publié par le Monde
Article paru dans l’édition du 05.02.11

Adler, BHL et Finkielkraut anxieux face à la perspective d’une Egypte démocratique

publié le mardi 8 février 2011
Pascal Boniface

 
Tout le monde devrait se réjouir de la contestation du régime répressif de Moubarak en Égypte. Mais la joie de voir la mise en place d’une véritable démocratie dans ce grand pays arabe est gâchée par une sombre perspective : la prise du pouvoir par les Frères Musulmans. Mais alors que The Economist qui n’est pas précisément un organe islamo-gauchiste se réjouit d’une révolte pacifique, populaire et séculière, trois des principaux intellectuels médiatiques français sont heureusement là pour mettre en garde les naïfs qui stupidement sont toujours prêts à applaudir à la chute des dictateurs.
Dans le Figaro des 29 et 30 janvier, Alexandre Adler est le premier à tirer la sonnette d’alarme dans sa chronique intitulée « Vers une dictature intégriste au Caire ? » dans laquelle il qualifie au passage Mohamed El Baradei, l’une des figures de proue de l’opposition à Moubarak de « pervers polymorphe ».
Alain Finkielkraut prend le relais dans Libération du 3 février. Il se demande si Mohamed El Baradei sera « l’homme de la transition démocratique ou l’idiot utile de l’islamisme » et doute de la possibilité de l’instauration d’un régime démocratique en Égypte à cause des Frères musulmans. Selon lui, il y avait une tradition démocratique en Europe de l’Est mais il doute qu’il y en ait une en Egypte. C’est faux et stupide à la fois. Seule la Tchécoslovaquie avait été une démocratie avant l’instauration du communisme en Europe de l’Est. Et il est curieux d’exiger le préalable d’une tradition démocratique pour une nation qui veut justement faire chuter une dictature. Dans Le Point (dont la couverture est sobrement intitulée « le spectre islamiste »), BHL avoue sa crainte de voir les fondamentalistes bénéficier de la chute de Moubarak avec la perspective d’une Égypte qui suivrait l’exemple iranien.
Ces trois intellectuels relaient en fait les craintes israéliennes face au changement politique en Égypte. Ce qui est assez amusant c’est que les mêmes qui ont dénoncé pendant des lustres l’absence de régimes démocratiques dans le monde arabe s’inquiètent désormais de la possibilité qu’il en existe. Cela ferait tomber leur argument de « Israël la seule démocratie du Proche-Orient » qu’ils psalmodient. Mais surtout cela pourrait signifier la mise en place de régimes moins accommodants avec Israël. Or c’est leur principale pour ne pas dire unique préoccupation.
Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’ils soient passés complètement à côté de la révolution tunisienne ; ils n’ont ni soutenu la révolte populaire comme ils ont pu le faire pour l’Iran, (la Tunisie n’est pas hostile à Israël donc on n’y soutient pas les revendications démocratiques) ni ne se sont inquiétés de ses conséquences comme ils le font pour l’Égypte (la Tunisie n’a pas un rôle clé au Proche Orient).
Ils font un parallèle entre la mise en place d’un régime répressif islamiste en Iran après 1979 et ce qui pourrait se produire en Égypte. Comparaison n’est pas raison ; si le régime des mollahs a pu s’imposer en Iran, c’est en grande partie du fait des craintes d’interventions extérieures américaines (et du précédent Mossadegh) et face à l’agression à partir de 1980 de Saddam Hussein, à l’époque soutenu unanimement par le monde occidental. Le sentiment de menace extérieure a largement servi le régime iranien pour se maintenir en place. C’est d’ailleurs une règle générale qui ne vaut pas que pour l’Iran.
Curieusement nos trois vedettes médiatiques qui s’inquiètent fortement de l’arrivée au pouvoir d’un mouvement intégriste religieux n’ont jamais rien dit contre le fait qu’en Israël un parti de de cette nature soit membre depuis longtemps de la coalition gouvernementale. Le parti Shass un parti extrémiste religieux (et raciste) est au pouvoir en Israël avec un autre parti d’extrême droite celui-ci laïc et tout aussi raciste, Israel Beiteinu. Ces deux partis alliés au Likoud essaient d’ailleurs de restreindre les libertés politiques et mettent une très forte pression sur les différentes O.N.G. de défense de droits de l’homme sans que nos trois intellectuels s’en émeuvent particulièrement.
Les Frères musulmans peuvent-ils prendre seul le pouvoir ? C’est fortement improbable pour ne pas dire impossible. Un gouvernement auquel éventuellement participeraient les Frères musulmans pourrait lever le blocus sur Gaza. Il ne se lancerait pas dans une guerre contre Israël du fait du rapport de forces militaires largement favorable à Israël sans parler de l’appui stratégique américain. Ce qui pourrait se produire par contre, c’est qu’un autre gouvernement égyptien soit moins accommodant avec l’actuelle coalition de droite et d’extrême-droite au pouvoir en Israël. Mais est-ce si grave qu’un pays démocratique d’une part ait une politique indépendante et d’autre part ne laisse pas carte blanche à un gouvernement de droite et d’extrême-droite ?
Les masques tombent. Nos trois intellectuels dénoncent un éventuel extrémisme en Egypte mais soutiennent celui au pouvoir en Israël. Ils critiquent l’absence de démocratie dans le monde arabe mais s’émeuvent dès qu’elle est en marche. Leur priorité n’est pas la démocratie mais la docilité à l’égard d’Israël, fut-il gouverné avec l’extrême droite.
publié sur le blog du NouvelObs, "Affaires stratégiques"

La barrière à la frontière égyptienne sera achevée fin 2012

09/02/2011 - Israël doit achever d'ici à fin 2012, avec six mois d'avance sur les délais prévus, la construction d'une barrière de sécurité le long de sa frontière avec l'Égypte, a indiqué la radio publique israélienne. Selon la radio qui cite « des sources sécuritaires », les éléments de cet ouvrage déjà réalisés ont contribué à « une sérieuse baisse du nombre des infiltrations clandestines en Israël dans ce secteur ». Le gouvernement israélien a approuvé en janvier 2010 la construction de cette barrière pour bloquer les principales voies d'accès des clandestins.