dimanche 26 décembre 2010

Selon Al-Dhari, des entreprises israéliennes opèrent en Irak

25 décembre 2010
Le chef d'une association irakienne, Harith al-Dhari, affirme que des entreprises affiliées au Mossad, l'agence d'espionnage israélienne, travaillent librement dans tout l'Irak.
      Al-Dhari, le chef de l'Association des oulémas musulmans, affirme que les entreprises israéliennes sont particulièrement concentrées dans le nord du pays, dans la région du Kurdistan.
      Selon Al-Dhari, la personnalité religieuse sunnite anti-zunienne la plus influente et éminente de l’Irak, « les entreprises travaillent directement avec les agences d'espionnage sionistes. »
      « Opérant sous des noms arabes, anglais et turcs, ces entreprises israéliennes s’infiltrent en Irak, » a-t-il ajouté.
      Des rapports disent qu’au moins 70 entreprises israéliennes opèrent en Irak, en utilisant une procuration de compagnies arabes ou européennes.
      Plus tôt, cette année, des agents des douanes syriennes ont saisi plusieurs camions se dirigeant vers l'Irak chargés de produits israéliens.
      En 2008, l’agence de presse irakienne Yaqen a dévoilé que plus de 55 sociétés israéliennes travaillent en Irak sous des noms d’emprunt.
      L'agence a ajouté que ces entreprises sionistes travaillent dans divers domaines, incluant les infrastructures et le marketing.
      Elle a aussi indiqué qu’Israël exporte pour plus de 300 millions de dollars de marchandises par an en Iraq.
      Ces entreprises, selon le rapport, ont obtenu des contrats pour des projets de construction en Iraq, grâce à l'aide « de l'Agence zunienne pour le développement international qui supervise l'attribution des contrats de construction en Irak. »
Original : previous.presstv.ir/detail.aspx?id=157009&sectionid=351020201
Traduction copyleft de Pétrus Lombard

Abbas se félicite de la reconnaissance par l'Equateur de l'Etat de Palestine

25-12-2010 
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s'est félicité de la reconnaissance par l'Equateur d'un Etat palestinien  indépendant sur les frontières de 1967, ont rapporté hier des médias.  
Le président Abbas a eu vendredi soir un entretien téléphonique avec  son homologue équatorien  Rafael Correa portant sur les derniers développements  du processus de paix israélo-palestinien et l'obstination de l'occupant sur la question des colonies, principal obstacle entravant la relance des discussions  de paix.  
Le président palestinien a, en outre, salué les positions de l'Equateur  soutenant notamment le droit inaliénable des Palestiniens d'établir un Etat  souverain et indépendant dans les frontières de 1967.  
Le gouvernement de l'Equateur a annoncé vendredi avoir reconnu l'Etat  de Palestine libre et indépendant, une décision qui vient après celle de trois  autres pays d'Amérique du Sud, le Brésil, l'Argentine et la Bolivie.  
Selon un communiqué officiel, le président Correa a signé vendredi "la  reconnaissance officielle par le gouvernement de l'Equateur de l'Etat de Palestine  libre et indépendant dans ses frontières de 1967",  c'est-à-dire avant l'occupation  des territoires Palestiniens par Israël à la suite de la guerre de juin 1967. 
"Cette reconnaissance compte soutenir l'aspiration légitime du peuple  palestinien à un Etat libre et indépendant" et elle sera "fondamentale pour  aboutir à travers le dialogue et la négociation à la coexistence pacifique des  pays de la région" du Moyen-Orient, a déclaré le ministère équatorien des   Affaires étrangères dans le communiqué.

Célébration de Noël, une forme de résistance selon les palestiniens

25 Déc 2010
Bethleem - Des milliers de Palestiniens et les touristes étrangers venant en force ont célébré aujourd'hui Noël, la naissance du Christ dans la basilique de la nativité à Bethleem, en Cisjordanie, en dépit des barrages et des points de contrôle militaires érigés par l'occupant, au niveau des accès de la ville.
Les Palestiniens, défiant les mesures sécuritaires et les pratiques arbitraires, étaient tous décidés cette année à célébrer en force cette fête religieuse pour leur donner plus de courage et de fermeté devant l'obstination de l'occupant qui a par le passé fait tout son possible pour entraver l'arrivée des Palestiniens de la Cisjordanie et de la bande de Gaza à Bethleem.
Et pour la 1ère fois depuis des années, Bethleem connait un afflux considérable de touristes étrangers pour partager avec les Palestiniens ce moment de joie, d'amour et de générosité, en dépit des pratiques et des entraves sécuritaires d'Israël pour dissuader les fidèles et les sympathisants à s'y rendre.
T. Slimani 
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Communiqué militaire - Déclaration d'Abu Obeida lors de la conférence de presse du 25 décembre 2010

Palestine - 25-12-2010

Par Ezzedeen AlQassam Brigades 
Après vingt-deux ans de résistance et de sacrifices, et lors du second anniversaire de la guerre sioniste sur la Bande de Gaza, le Bureau d'Information des Brigades Al-Qassam est toujours prêt à documenter le chemin de résistance des Brigades Al-Qassam afin de sauvegarder les énormes sacrifices consentis par nos membres et nos détenus.
Nous parlerons dans cette conférence de trois dossiers :
1. Les statistiques officielles sur les martyrs des Brigades al-Qassam
2. Les opérations entreprises par les Brigades al-Qassam pour la première fois
3. La position des Brigades sur la dernière escalade sioniste.















 
 
 
 
 
 
 
 
1. Les Martyrs :
- Martyrs avant l'intifada al-Aqsa : 144
- Martyrs de 2000 à 2005 : 611
- Martyrs de 2006 à 2010 : 1053
Total : 1808
. Martyrs selon le district
Bande de Gaza : 1469
Cisjordanie : 335
En dehors de la Palestine : 4
. Martyrs selon la voie du martyr
Opérations martyrs : 93
Assassinats sionistes : 119
Milices du Fatah : 99
Dans des sites militaires : 68
Nous notons deux choses :
1) Ces statistiques sont fonction des conditions de sécurité autorisées, certaines opérations n'ayant pas été déclarées pour différentes raisons.
2) Les pertes de l'ennemi sont celles estimées par l'ennemi sioniste.
Les opérations des Brigades Al-Qassam
Il y eu 1115 opérations Al-Qassam ; le pourcentage des opérations menées depuis de début de 2006 est de 32% du total des opérations, ce qui veut dire un tiers des opérations Al-Qassam de ces vingt-trois dernières années ont eu lieu au cours des cinq dernières années.
Les opérations ont consisté en opérations martyrs, incursions, embuscades, raids, tirs et détention. Les opérations d'enlèvement ont été au nombre de 24, certaines d'entre elles ont réussi, comme en juin 2006.
Cette statistique fut une réponse au génocide sioniste perpétré contre notre peuple dans la Bande de Gaza et en réponse aux dizaines de milliers de roquettes sionistes qui sont tombées sur le peuple palestinien :
Opérations d'enlèvement de soldats sionistes : 24
Roquettes Qassam : 3506
Mortiers : 7475
Total : 10981
Du début 2006 à fin 2010, les Brigades Al-Qassam ont tiré 68% du nombre total de roquettes et missiles (compte tenu de l'escalade sioniste, son attaque et le blocus imposé sur Gaza et la guerre lancée contre la Bande).
Selon une confession sioniste sur les pertes de l'ennemi sioniste dans les opérations al-Qassam, le nombre total de morts sionistes depuis vingt trois ans est de 1363, le nombre total de sionistes blessés est de 6378.
2. Les opérations entreprises par les Brigades al-Qassam pour la première fois
Tout au long de ces années de lutte contre l'occupation, les Brigades al-Qassam ont dû, dans de nombreux cas, retarder l'adoption d'opérations militaires, pour des raisons de sécurité, pour protéger des détenus avant des jugements contre eux ou autres raisons liées à la continuité de la résistance.
Le total des opérations que nous annonçons aujourd'hui est de 6, qui ont tué 15 soldats sionistes et blessé 47 autres entre 2005 et 2010 :
Premièrement : Cellule d'Hébron.
4 opérations ont été menées par les détenus Shakib al-Oweiwi, condamné à perpétuité, Mosa Wazuz, condamné à perpétuité, Mohammed Jolan, condamné à perpétuité et Louay Oweiwi, condamné à perpétuité.
Note : L'ennemi a condamné les 4 membres Qassam pour avoir exécuté les opérations, qui ont été adoptées par d'autres factions en même temps !
Les opérations furent les suivantes :
1) Opération Hajai (site militaire sioniste) : des membres Al-Qassam ont visé un dépôt d'autobus pour soldats dans ce qui est appelé "Hagai", à l'est d'Hébron, le 24 juin 2005.
Résultat : 2 soldats sionistes tués.
2) La vieille ville d'Hébron, juillet 2005
Des membres Al-Qassam ont visé plusieurs soldats sionistes.
Résultat : 2 soldats blessés.
3) Etzion (site militaire sioniste) : le 17 octobre 2005, pour commémorer le massacre de la Mosquée Ibrahimi, des membres Al-Qassam ont pris pour cible des militants sionistes près d'un arrêt d'autobus pour soldats à l'entrée de la base militaire "Etzion", près d'Hébron.
Résultat : 3 soldats sionistes ont été tués et 4 ont été blessés.
4) Mont Sindas Mount (site militaire sioniste) : le 16 décembre 2005, des membres Al-Qassam ont ciblé une voiture transportant des colons sionistes près de ce qu'on appelle "Kiryat Arba", dans la région du Mont Sindas, à Hébron.
Résultat : 1 soldat sioniste tué.
Nous saluons nos détenus derrière les barreaux sionistes et nous leur promettons la libération et la victoire.
Deuxièmement : héroïque opération martyr Al-Quds
Les Brigades Ezzedeen Al-Qassam revendiquent aujourd'hui leur entière responsabilité pour l'opération héroïque Al-Quds conduite par le martyr Al'a Hisham Abu Dhim, de Jabal Al Mukaber à Jérusalem Occupée.
L'opération a ciblé le 6 mars 2009 ce qui est appelé l'école raciste "Haraf", où étudient les assassins sionistes extrémistes, et où le martyr Al'a Abu Dahim est entré pour venger le massacre de Gaza perpétré par l'ennemi sioniste fin 2008-début 2009 et qui a causé la mort de 1400 Palestiniens, dont la majorité étaient des civils.
Au cours de l'héroïque opération contre l'école raciste "Haraf", 8 sionistes ont été tués, 30 ont été blessés, selon les confessions de l'ennemi.
Troisièmement : Opération Liberté
Les Brigades Ezzedeen Al-Qassam revendiquent aujourd'hui leur entière responsabilité pour l'"Opération Liberté", en réponse au massacre de la Flottille de la Liberté commis par les forces d'occupation sioniste en Méditerranée le 31 mai 2010.
Les combattants de la Liberté d'Al-Qassam ont attaqué un véhicule de la police sioniste près d'Al-Khalil (Hébron), dans la rue 60 qui relie Bethléem à Al-Khalil, près de la colonie illégale de "Hajay".
L'opération a fait un mort et trois blessés parmi les soldats sioniste, dont un grièvement.
Aujourd'hui, nous revendiquons l'entière responsabilité pour les opérations mentionnées, et nous saluons fièrement les héros qui les ont menées et qui sont maintenant incarcérés dans les geôles de l'occupation sioniste, ainsi que nos Mujahideen qui sont traqués et souffre d'une double agression, qu'elle vienne de l'ennemi sioniste ou du gouvernement d'Abbas/AP en Cisjordanie.
Nous promettons à nos Mujahideen en Cisjordanie que nous ne les contrecarrerons jamais et que nous resterons honnêtes envers leur lutte parce que leur cause est la nôtre, leur souffrance est la nôtre, et nous leur disons que la tyrannie ne durera pas.
3. La position des Brigades sur la dernière escalade sioniste dans la Bande de Gaza
Nous affirmons que :
1) les récentes tentatives d'escalade de l'ennemi sioniste montrent qu'il joue avec le feu, et il devrait réaliser que la multiplication des attaques ne va pas rencontrer le silence, et le calme du côté des Brigades Al-Qassam n'est pas le signe de la faiblesse ou de la peur, mais une "évaluation de la situation".
2) Si l'ennemi sioniste espère tester notre réponse, il trouvera une réponse cruelle de notre part, et nous l'invitons à ne pas essayer une telle folie ; chacun sait très bien que nous sommes en capacité de le dissuader fortement. Notre message de ces derniers jours est très bien parvenu aux sionistes, et nous leur conseillons de le lire attentivement.
3) Les menaces sionistes répétées contre la Bande de Gaza ne nous intimident pas, elles ne nous troublent pas et elles ne nous font pas changer de positions, mais elles nous poussent à une plus grande vigilance, une plus grande préparation, et si l'ennemi pense que sa guerre criminelle peut nous dissuader, il est un idiot et les jours prouveront la véracité de ce que nous disons. Si l'occupation a lamentablement échoué dans la "guerre d'al-Furqan", aujourd'hui nous sommes plus forts que jamais auparavant, grâce à Dieu, et l'ennemi est proche de l'échec.
4) Nous cherchons à éviter une guerre et une attaque contre notre peuple, mais si l'ennemi impose une confrontation, nous riposterons, avec l'aide de Dieu, et nous résisterons avec toute notre puissance, à n'importe quel prix, et les sionistes paieront cher toute attaque.
Enfin, Nous, aux Brigades al-Qassam, tandis que nous annonçons aujourd'hui ces chiffres, ces faits et que nous révélons ces opérations de jihad pour la première fois, nous tenons à souligner qu'après vingt-trois ans, et en mémoire de la guerre al-Furqan, nous nous tenons fermement sur notre terre et nous sommes engagés par l'alliance à nos martyrs et nous avons l'intention de continuer notre chemin à n'importe quel prix et peu importe l'importance des sacrifices.
Brigades Ezzeddeen Al-Qassam
Bureau d'Information
25 décembre 2010
Traduction : MR pour ISM  
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Faire du beurre avec des fraises

Gaza - 25-12-2010

Par Nicolas Duntze > duntzenico.la@orange.fr  
Elles arrivent depuis quelques semaines. En Europe et à Rungis. Elles sont de Gaza. Elles accompagnent des fleurs ! C’est Agrexco qui les livre, ces fraises de la servitude. Chacun a pu lire la fière publicité qui en est faite et chacun aura noté aussi les effets pervers de cette triste annonce dans les rangs de quelques traditionnels soutiens au peuple palestinien en France. Une sorte de flottement dans la conception du boycott des produits exportés par Agrexco.
Cela est vraisemblablement du au fait, heureux, qu’un tout petit relâchement des serres du blocus autorise une circulation de quelques marchandises et aussi peut être au respect du à la
« prestigieuse » appellation : origine Gaza et aux paysans qui les produisent. ( ???)
C’est très certainement en toute bonne foi ( ???) que certains pourraient objecter aux boycotteurs des fraises Gazagrexco que refuser l’entrée sur le marché français et européen à ces fraises serait aller à l’encontre des intérêts des paysans palestiniens de Gaza. Cela les priverait de revenu, condamnerait la récolte, empêcherait la promotion d’un produit de qualité et de notoriété….
Le retour au blocus total en quelque sorte. Paradoxal !
Nous pourrons nous interroger plus tard sur les aspects de « qualité » et de « notoriété », concepts fabriqués par la politique des colonisateurs et des commerciaux à leur solde.
Alors il nous faut rappeler plusieurs éléments qui fondent notre engagement et notre solidarité aux paysans et au peuple palestinien.
Le premier reste la solidarité avec la population paysanne victime tant de la colonisation que du blocus. Vols de terres, vols de l’eau, vols des savoir-faire, destruction systématique des cultures, etc. Entraves ou interdiction de commercialisation…
Le second, c’est l’écoute et l’acceptation politique de l’appel au boycott intégral des activités commerciales des firmes agro alimentaires israéliennes émis par la société palestinienne. Quels que soient les produits commercialisés.
Au-delà de ces deux principes, il faut rappeler ce sur quoi reposent les politiques coloniales :
Occupation militaire du territoire, expulsions des paysans (usagers ou propriétaires) des terres qu’ils travaillent, accaparement des ressources en eau, « embauche » des paysan-ne-s expulsée-s comme « travailleurs » précaires. Mise en place d’un système commercial sous les fourches caudines duquel doivent passer toutes les productions et les organisations de producteurs quand il y en a. Politiques systématiques d’exportation des productions « contractualisées » accompagnées d’un intense lobbying auprès des administrations et institutions internationales ayant a charge l’observation, l’administration et le contrôle des échanges commerciaux et de leur légalité.
Cette mécanique de spoliation et d’exploitation des ressources et des hommes fonctionne ici comme elle fonctionne ailleurs en Afrique, en Europe de l’Est ou en Amérique du Sud.
Si nous n’avons aucun grief à formuler à l’encontre des produits (fraises de Gaza, haricots verts du Burkina, tomates et poivrons du Maroc, etc.) ni à l’encontre des producteurs de ces produits, en revanche il nous faut dire haut et fort que c’est le même système colonialiste ou néocolonialiste qui génère ce type de production et d’esclavage. Que le métier du paysan, où qu’il soit dans le monde, c’est d’abord de nourrir lui-même, sa famille et la population qui lui est géographiquement proche.
La vocation du métier de paysan n’est pas d’engraisser les hauts de bilan des firmes agro- alimentaires. Mais bien plus de tirer parti des ressources partagées des territoires sur lesquels il vit, de maîtriser ses savoir faire souvent ancestraux, de défendre les systèmes agraires locaux et de transmettre à ses pairs une mémoire et une (des) techniques susceptibles d’assurer une sécurité alimentaire pour les populations locales, même et surtout dans les situations les plus difficile agronomiquement parlant.
La vocation des paysans du monde n’est pas d’organiser une compétition sur un terrain de jeu dont les dimensions et les règles sont fixées par des affairistes, spéculateurs et prédateurs de droits.

C’est cette prise de conscience dans le mouvement paysan international que nous ne sommes pas, paysans, en concurrence les uns avec les autres mais opposés aux règles commerciales,
militaires, coloniales imposées par le libre échangisme et les PAS (plans d’ajustement structurels) qui fit naître à la fois la possibilité de construire des argumentaires et mobilisations communs entre plusieurs catégories sociales et naître la Via Campesina.
Alors, ne tombons pas dans le piège grossier tendu par Agrexco et ses patrons israéliens.
Souvenons nous que les plantations intensives de fraises sur le territoire de Gaza ne sont pas survenues par hasard mais après l’arrachage par les blindés de milliers de citronniers cultivés
par les paysans palestiniens. Rappelons nous des chantages à l’exportation de ce produit afin de ruiner définitivement les
paysans gazaouis : Tiens toi tranquille sinon pas d’export. Moyennant quoi des tonnes de fraises ont pourri sans même pouvoir être mises à disposition de la population de gaza qui a
d’ailleurs vraisemblablement d’autres besoins alimentaires de base.
N’oublions pas que les plans de développement de l’agriculture sont dictées par les firmes agro alimentaires coloniales et que le « libre arbitre », le libre choix du paysan colonisé ou victime de blocus, la demande sociale locale n’ont pas droit de cité dans ces spéculations.
Il nous faut crier partout que ces fraises :
- viennent d’un territoire, Gaza effectivement, mais n’ont rien de Gazouis…
- sont produites sous la contrainte des exportateurs dont Agrexco est le principal, qui musellent économiquement Gaza,
- que les paysans n’ont pas d’autres choix dans la situation actuelle du blocus et du besoin de survie,
- qu’il faut casser ce blocus et que briser l’activité de la firme Agrexco est un des éléments central de cette bagarre contre le blocus.
Il nous faut aussi crier partout :
- que le paysan de Gaza est obligé d’acheter des plants « fabriqués » par des pépiniéristes israéliens,
- qu’aucune garantie de prix ne peut être obtenue,
- que l’immense pauvreté de la majorité de la population de Gaza ne peut permettre l’obtention d’un prix rémunérateur pour les producteurs de ces fraises,
- qu’Israël systématise ses livraisons de surplus agricoles (prétexte faussement humanitaire…) sur Gaza ce qui a un effet dépressif évident (et recherché) sur le revenu des paysans palestiniens sans pour autant suffire à la population,
- que les paysans palestiniens sont capables (évidement) de travailler à la production de denrées alimentaires dont le peuple de Gaza a besoin. Et qu’il faut les aider par nos actions de boycott à retrouver cette vocation et participer en brisant le blocus à l’élévation du niveau de vie des habitants de Gaza.
Il nous faut en permanence rappeler :
- que l’essence même d’Agrexco est d’être une entreprise coloniale ou au service de politiques coloniales,
- qu’il ne peut y avoir une face de son activité noire et une autre face blanche,
- que se battre contre les activités d’Agrexco, y compris celles survenant sur le territoire de Gaza, c’est participer du combat pour la reconquête de l’autonomie du peuple palestinien,
- que c’est en cassant les mécanismes économiques mis en place par l’occupant (les occupants) que pourront s’ouvrir pour les peuples victimes d’apartheid, de colonisation, de spoliation des perspectives nouvelles, porteuses d’espoir pour les populations locales et exemples dont pourront s’inspirer, ici ou là, les hommes et femmes militants pour les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes et pour la reconnaissance en droit international du principe de souveraineté alimentaire.
Enfin il nous faut dire :
- que la fraise est un produit fragile,
- qu’elle ne supporte pas plus de deux jours de frigo sans perdre ses qualités organoleptiques,
- qu’elle peut rester rouge et attractive au-delà de ces jours sous réserve d’avoir été traitée,
Comment ? : par ionisation (radiation) qui permet de tuer tout germe, bactérie, organisme vivant, vitamines et autres composants du fruits. Israël est le troisième pays exportateur de fruits et légumes à utiliser ce procédé technique mortifère et dangereux pour la santé du consommateur.
- que ces champs de fraises comme d’autres ont subi sinon les attaques directes du moins les retombées des attaques et particulièrement la dispersion dans l’atmosphère des phosphores,
radiums et autres gâteries expérimentales que l’armée de l’état colonial expérimente systématiquement sur la population de Gaza.
Pour finir :
- la société européenne n’est pas demanderesse de produits hors saison,
- cette demande fictive est fabriquée par l’industrie l’agro alimentaire quel que soit l’origine de son capital,
- la construction de ces « besoins » fictifs entraîne inéluctablement la disparition de milliers de paysans sur les territoires victimes des importations (effets des subventions à l’exportation ou usages de passe droits),
- le bilan énergétique de ce type de circulation de marchandise est catastrophique,
- le bilan social de ce type d’activités n’est jamais fait (conditions d’exploitation des paysans prolétarisés, conditions d’exploitation des travailleurs saisonniers) et encore moins le bilan « qualitatif » ( pesticides, herbicides, résidus…).
Pour toutes ces raisons, nous réaffirmons notre solidarité avec les paysans et la société palestienne et appelons sans réserve au boycott des fraises exportées par Agrexco, fussent-elles de Gaza.
Nicolas Duntze,
Paysan, Confédération paysanne, membre de Via Campesina.

Turque - Israël : Pas de réconciliation sans excuses !

26.12.10 
La Turquie souhaite se réconcilier avec Israël afin de tourner la page de l’épisode tragique du raid de la flottille vers Ghaza, mais pour ce faire, elle réclame excuses et compensations pour les neuf Turcs tués lors de cet incident, a indiqué samedi le chef de la diplomatie turque.
«Nous avons une volonté de nous réconcilier avec Israël. Nous souhaitons des rapports pacifiques avec tout les pays», a dit Ahmet Davutoglu à un groupe de journalistes à Istanbul, cité par l’agence de presse Anatolie.
Le ministre a déploré qu’Israël n’était pas disposé à en faire de même avec la Turquie et que cette situation rendait les choses difficiles. Un raid militaire israélien contre le ferry turc Mavi Marmara, navire amiral d’une flottille humanitaire pour Ghaza, sous blocus israélien, avait tué neuf Turcs, le 31 mai, dans les eaux internationales. La Turquie a rappelé son ambassadeur à Tel Aviv, et réclame depuis des excuses et compensations pour les familles des victimes.
Les rapports entre la Turquie et Israël, alliés stratégiques depuis les années 1990, se sont dégradés à la suite de l’offensive israélienne meurtrière sur Ghaza, en décembre 2008/janvier 2009, violemment dénoncée par Ankara, avant d’entrer dans une grave crise en 2010, déclenchée par l’assaut maritime meurtrier. Début décembre, des responsables turcs et israéliens ont eu des entretiens à Genève pour tenter de surmonter la grave crise diplomatique entre les deux pays, mais ceux-ci n’ont pour l’instant pas donné de résultats concrets, la partie israélienne refusant visiblement de s’excuser et de payer des compensations. «Des excuses et des compensations constituent la seule issue possible», a insisté M. Davutoglu.

Meurtre Mabhouh: WikiLeaks confirmera l'implication du Mossad

24/12/2010   
Le chef de la police de Dubaï Dahi Khalfane, cité vendredi par un journal, a indiqué que la diffusion promise par WikiLeaks de câbles diplomatiques concernant Israël confirmerait ses accusations contre le Mossad, commanditaire selon lui du meurtre dans l'émirat d'un cadre du Hamas
"La diffusion des documents va confirmer l'exactitude (de nos accusations) sur une implication du Mossad", le service secret israélien, dans l'assassinat en janvier à Dubaï de Mahmoud al-Mabhouh, un responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclaré le général Khalfane au quotidien émirati Gulf News. Interrogé sur les révélations attendues de WikiLeaks sur l'assassinat, il a dit s'attendre à ce que "des gens vont encore nier cela".  
Cité jeudi par le site internet de la télévision Al-Jazira du Qatar, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a promis la publication de centaines de documents "sensibles" sur la guerre entre l’entité sioniste et le Hezbollah en 2006 et l'assassinat à Dubaï de Mahmoud al-Mabhouh.  
Arrêté le 7 décembre à Londres et libéré neuf jours plus tard, M. Assange, qui vit en liberté conditionnelle en Grande-Bretagne, est sous le coup d'une extradition vers la Suède pour "agressions sexuelles".   
De son côté, Washington envisagerait de le poursuivre pour espionnage après la diffusion sur WikiLeaks de milliers de notes diplomatiques américaines.  
M. Assange "ne doit pas être poursuivi de cette manière (...). Rendre publique la vérité n'est pas un crime", a commenté le général Khalfane. 
" Israël", accusé par la police de Dubaï d'être derrière le meurtre, affirme que rien ne prouve l'implication du Mossad, même si les médias israéliens laissent clairement entendre qu'il est bien responsable de cet assassinat.  
Après l'assassinat, la police de Dubaï avait rendu publiques des images de vidéo surveillance montrant que 27 personnes avaient participé à l'opération.  L'enquête a montré que tous avaient utilisé de faux passeports.
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2010: 16% de plus de colons sionistes en Palestine occupée

25/12/2010  
L'Agence Juive a déclaré que 19 000 nouveaux colons juifs ont débarqué en Palestine occupée durant l’année écoulée, ce qui constitue une augmentation de près de 16% par rapport à l’an dernier.
 « 320 nouveaux immigrants sont arrivés la semaine dernière, et ont été accueillis dans un hôtel spécial appartenant à l’agence appelée «Tapis rouge», à Jérusalem-AlQuds occupée », a déclaré Natan Sharansky, le chef de l'Agence Juive, lors d'une réunion de la commission parlementaire israélienne baptisée «Immigration et Assimilation ». Ils viennent dans leur majeure partie de Granqde Bretagne, d'Australie et de la Nouvelle Zélande.  
Sharansky a fait remarquer qu'il y a un retard dans les procédures « d’immigration » d'environ 200  Juifs d'Éthiopie «Filahmora», pour avoir contractés la variole. A l’heure actuelle, ils attendent dans la ville de « Gondar », au nord-ouest de l'Ethiopie, souligne-t-il,  indiquant qu'il s'agit de la première tranche de 6000 éthiopiens que le gouvernement israélien compte implanter.  
Selon le Centre palestinien de l’information (CPI), c’est durant les années de la seconde Intifada  qu’une forte baisse de l'implantation des colons sionistes en Palestine a été inscrite et il y a eu alors une forte vague de contre-immigration de l'entité sioniste vers l'Europe et d'autres pays.  
Qualifiant cette hausse de 16% d’importante, des observateurs l’ont ramenée à la coopération sécuritaire établie « entre les milices de l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas à Ramallah » et les forces de l’occupation, et qui selon eux, a sapé l’équilibre de la terreur établie par l’intifada.
Lien 

Une femme âgée de 78 ans se voit refuser la possibilité de visiter son fils emprisonné

vendredi 24 décembre 2010 - 08h:09
Al-Qassam Website
Ramallah - Le service israélien des prisons a renvoyé chez elle une femme âgée de 78 ans alors qu’elle voulait rendre visite à son fils Abdel Nasser Issa - qui subit une condamnation à la perpétuité dans la prison de Hadarim - après qu’une pièce d’un téléphone portable ait été prétendument trouvée en sa possession, nous apprend Ahmed Al Beitawi, chercheur dans le domaine des droits de l’homme.
(JPG)
L’autorité carcérale a pris une position très stricte récemment contre l’utilisation de téléphones portables dans la prison, interdisant aux prisonniers les visites et les plaçant en cellule d’isolement comme mesure punitive s’ils sont trouvés en possession d’un téléphone cellulaire.
Des dispositifs ont été placés dans toutes les sections de la prison de Hadarim pour brouiller les communications venant des téléphones portables des prisonniers.
L’administration pénitentiaire fait la chasse aux mobiles qu’elle prétend être entrés en cachette. Les fréquences émises par ces dispositifs sont nocives pour la santé.
L’administration de la prison, assistée de forces spéciales, a fouillé entièrement la section 11 de la prison de Nafha, lundi [20 décembre] à la recherche de téléphones cellulaires, déplaçant la population entière vers une autre section de la prison et coupant l’électrique de 5h30 à 9h30 du matin. Des affaires personnelles des prisonniers ont été malmenées pendant la recherche.
En parallèle à tous ces évènements, une nouvelle section dépourvue des commodités nécessaires à la vie quotidienne a été installée dans la prison de Hadarim. Il n’y a ni chaise, ni table, ni meuble de rangement dans la section. La cuisine a été fermée. Cinq de ses huit salles de bains sont en panne.
21 décembre 2010 - Al Qassam Website - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.qassam.ps/news-3946-78_y...
Traduction : Info-Palestine.net
Lien 

L’Europe doit émerger de l’ombre des Etats-Unis

dimanche 26 décembre 2010 - 07h:34
Lamis Andoni - Al Jazeera
L’Union Européenne a permis depuis trop longtemps à Washington de dominer la diplomatie israélo-Arabe.
(JPG)
Plusieurs anciens dirigeants européens ont appelé l’UE à prendre une position plus ferme sur la construction de colonies israéliennes- Photo : Gallo/Getty
Plusieurs politiciens européens de premier rang ont invité l’Union européenne (UE) à menacer l’Israël de sanctions s’il continuait à établir des colonies juives sur le territoire palestinien sous occupation.
Une lettre signée par notamment Mary Robinson, l’ancienne commissaire de l’UE, et Javier Solana, l’ancien représentant des affaires étrangères de l’organisation, réclame un plan européen pour une paix basée sur l’établissement d’un état palestinien indépendant sur l’équivalent de « 100% du territoire occupé [par Israël] en 1967, et avec pour capitale Jérusalem-est ».
Ces demandes formulées par un groupe de 26 anciens dirigeants européens ne sont pas très différentes de la position officielle de l’UE, mais cet appel représente une pression pour une politique plus ferme qui inclut des mesures adaptées pour faire pression sur Israël et le faire céder.
Parmi les suggestions se trouve la proposition que le gel formel [non officiel] du développement des relations diplomatiques avec Israël devrait être lié à la question des colonies. « L’UE a toujours maintenu que les colonies sont illégales, mais elle n’y a lié aucune mesure de rétorsion pour la construction et l’expansion ininterrompues des colonies, » déclare la lettre qui a été envoyée aux gouvernements européens et aux institutions européennes.
L’UE est avant tout invitée à faire preuve d’une certaine initiative et à prendre des décisions indépendamment de la politique des Etats-Unis qui ont jusqu’ici dominé tous les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit israélo-arabe - un fait longtemps désiré par Palestinians qui ont toujours été déçus par la faiblesse de l’Union Européenne face à Washington.
Domination duc champ diplomatique
Une politique européenne indépendante, et offensive, pourraient nettement changer la dynamique des relations internationales, en particulier quant elle se rapporte au Moyen-Orient. Mais le fait que les signataires de la lettre soient des responsables politiques qui ont jusqu’à récemment tenu des positions fortes à travers l’Europe, indique non seulement l’ampleur du ressentiment européen concernant le statu quo mais également l’incapacité du continent de se détacher librement de la politique extérieure des USA.
Dès le début des négociations israélo-arabes, qui ont commencé par la conférence de Madrid en 1991, l’Europe a joué un rôle actif mais secondaire - laissant les Etats-Unis dicter les limites du processus.
Historiquement, les Etats-Unis étaient si soucieux d’exclure d’autres pays qu’ils ont activement voulu empêcher une conférence de paix internationale sur le conflit du Moyen-Orient, jusqu’à ce qu’il ait été clair que l’Union Soviétique était au bord de l’effondrement. Une fois celle-ci disparue, les Etats-Unis pouvaient monopoliser entièrement le champ diplomatique.
En même temps que cette suprématie, c’est la politique de Washington qui a dominé, avec pour principal objectif l’assurance qu’Israël maintienne un niveau militaire et politique sans concurrence. Ceci a été garanti en empêchant d’autres pays ou institutions de participer aux négociations asymétriques.
La principale différence entre les Etats-Unis et l’UE est que la plupart des pays européens, au moins dans leurs discours, croient qu’une solution au conflit israélo-arabe doit être basée sur le droit international et les résolutions des Nations Unies, alors que les Etats-Unis cherchent à nier ces dernières pour s’assurer que n’importe quelle solution sera basée sur des faits imposés par Israël sur le terrain.
Mais en dépit de cette attitude politique différente, l’UE est pour l’essentiel reléguée derrière Washington - soutenant et facilitant le processus de négociation contrôlé par les Etats-Unis.
Cette déférence envers les Etats-Unis comme superpuissance unique n’est pas confinée au conflit israélo-arabe. Plus largement l’Europe n’a pas clairement contesté la puissance des Etats-Unis ou n’a pas cherché une plus grande parité dans son alliance - ce qui est peut-être spécialement démontré dans son suivisme obéissant vis-à-vis de Washington dans les guerres désastreuses d’Irak et d’Afghanistan.
Le moment de se mutiner ?
Mais ce n’est pas seulement la faiblesse de l’Europe qui a permis aux Etats-Unis de fixer les paramètres des relations occidentales avec la région. Les Arabes doivent également être blâmés de maintenir l’illusion que la clef de la paix soit dans les mains de Washington. Les officiels arabes se plaignent souvent que l’Europe n’a pas répondu à leurs attentes et a laissé la région vulnérable face aux Etats-Unis, mais les officiels européens, pour leur part, estiment que la soumission arabe envers Washington a miné les efforts de l’Europe pour renforcer son rôle.
Les deux parties semblent peu disposées à se libérer de la poigne des Etats-Unis sur les relations internationales. Il est important de noter que les positions européennes varient - avec la Grande-Bretagne, l’Allemagne, et dans une certaine mesure, la France, jouant le rôle des principaux soutiens européens à la politique extérieure des Etats-Unis. Mais le fait que la lettre ait été signée par d’ex-responsables de ces pays - comme Chris Patten, un ancien membre britannique de la Commission européenne, Helmut Schmidt, un ancien chancelier allemand, et Hubert Védrine, un ancien ministre des affaires étrangères français - indique l’ampleur de la frustration européenne face au soutien total apporté par Washington à Israël.
Israël, qui a été rapide à condamner la lettre, a toujours prétendu que « l’hostilité » de l’Europe affectait son rôle dans le processus de paix, alors que les Etats-Unis ont pareillement utilisé l’argument que leur « rapport spécial » avec Israël les mettaient en meilleure position pour encourager les Israéliens à faire des concessions. Mais cet argument est seulement partiellement vrai. Israël doit être influencé par l’Europe, parce que il ne peut tenir aucune position dans le monde avec le seul appui des Etats-Unis.
Le lobbying israélien permanent en Europe et la contrariété d’Israël face à des campagnes populaires européennes pour la solidarité avec les Palestiniens ont à plusieurs reprises indiqué qu’Israël employait l’argument de « la force » afin d’exercer son chantage sur l’Europe et se dégager des pressions internationales.
Il est difficile de mesurer l’impact de la lettre, mais le moment choisi pour sa publication suggère que les signataires croient que les campagnes européennes populaires croissantes contre les actions d’Israël justifient un passage de l’UE des paroles aux actes. Il est temps pour l’Europe de jouer le rôle qui doit être le sien, et que les Palestiniens ne soient pas les seuls perdants de la subordination européenne à l’égard de Washington.
Maintenant que les Etats-Unis ont abandonné leurs efforts pour obtenir un gel de la colonisation comme prélude aux négociations, l’Europe doit mettre un terme au monopole des Etats-Unis sur la diplomatie pour la paix. Les Etats arabes et les Palestiniens doivent également appuyer cette révolte d’ex-responsables européens de premier plan [Europe’s grandees], comme les appelle The Guardian, et devraient commencer par retirer certains de leurs oeufs du panier de Washington.
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* Lamis Andoni est une analyste et une commentatrice des questions du Moyen-Orient et de la Palestine.

http://english.aljazeera.net/indept...
Traduction : Abd Al-Rahim
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Comment l’Europe concourt à l’occupation de la Palestine - Une interview de David Cronin

vendredi 24 décembre 2010 - 07h:53
Sarah Irving - The Electronic Intifada
David Cronin vient de publier un livre : "L’alliance de l’Europe avec Israël : son concours à l’occupation".
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Manifestation contre le Mur d’Apartheid dans le village de Maasarah [district de Bethlehem], le 24 avril. Pas un jour sans spoliation ou violence de la part des occupants israéliens, avec la complicité au mieux passive de l’Union Européenne - Photo : AP/Nasser Shiyoukhi
Le journaliste David Cronin y retrace les dédales de la relation de l’état d’Israël avec des institutions comme l’Union Européenne et l’OTAN. Ce faisant, il révèle la mauvaise foi de l’Europe qui prétend être une force neutre et qui prétend soutenir les droits élémentaires du peuple palestinien.
Sarah Irving : Jusqu’ici vous vous êtes intéressé aux institutions et aux affaires de l’Europe. Pourquoi avec-vous décidé d’écrire un livre sur les relations de l’Europe avec Israël et la Palestine ?
David Cronin : Pour deux raisons. D’abord, comme membre de la "Mission pour la Paix" européenne je suis allé en Israël et dans les TPS (territoires occupés palestiniens) en 2001, peu après les attaques du 11 septembre 2001 aux USA. Je me souviens en particulier d’avoir assisté à une conférence de presse que (l’ancien premier ministre israélien) Ariel Sharon donnait à l’hôtel du Roi David à Jérusalem et d’avoir été profondément choqué par l’arrogance et le vitriol qui émanaient de lui. Il a commencé par accueillir les personnes présentes dans -je ne me rappelle pas ses mots exacts- quelque chose comme "la capitale éternelle du peuple juif depuis 3000 ans" sans reconnaître d’aucune façon qu’elle était aussi la capitale des deux autres grandes religions monothéistes du monde. Il dit qu’il se réjouissait chaque fois qu’un palestinien se faisait sauter dans un attentat suicide, parce que, ce faisant, il se tuait lui-même. Cela m’a scandalisé. Une autre chose m’a énormément surpris : il a accusé l’Europe de financer "le terrorisme palestinien". Je n’avais encore jamais entendu dire cela. C’était complètement nouveau pour moi.
Je suppose que j’étais un peu crédule et vous pensez qu’il n’y a pas de fumée sans feu, mais à l’époque j’avais l’impression que l’UE soutenait les Palestiniens. Chris Patten était le responsable de la Commission des Affaires Extérieures de l’Europe à l’époque et il présentait très adroitement l’Europe comme "un honnête intermédiaire" en insistant sans cesse sur le fait que l’UE faisait tout ce qu’elle pouvait pour faire avancer "le processus de paix" ; il soulignait que l’UE était le plus grand donateur de l’Autorité Palestinienne et qu’elle aidait à développer une état palestinien embryonnaire. J’ai pris beaucoup de ces affirmations pour argent comptant.
Le tournant pour moi a été tout à fait banal. J’assistais à une conférence organisée par un des Comités de l’ONU sur la Palestine au Parlement Européen de Bruxelles en 2007, et une session traitait des relations de l’UE avec Israël. Pour la première fois j’ai pris conscience de l’autre version des faits et j’ai reçu une information solide sur la profondeur de la collusion entre l’UE et Israël. Je fus frappé par le fait qu’il y a beaucoup d’écrits - les travaux de Noam Chomsky etc... - sur la relation des USA avec Israël mais rien, à part une paire de publications académiques, sur la relation entre l’Europe et Israël. J’ai dont pensé que, puisque personne d’autre n’allait écrire un livre sur ce sujet, il fallait que je le fasse.
SI : Quel est, à votre avis, le plus puissant " levier" qui peut expliquer l’attitude de l’Europe ? Vous identifiez différents éléments dans votre livre : La culpabilité engendrée par l’Holocauste, des intérêts économiques, l’influence des USA ; quelles sont les influences principales dans ce jeu de forces capitalistes et politiques ?
DC : C’est la combinaison de différents facteurs. Henry Kissinger a dit un jour que l’UE ne serait jamais au grand jamais un acteur significatif au Moyen Orient. C’est un fait que les USA demeurent l’acteur principal dans les politiques globales en dépit de la montée de la Chine, mais l’UE est loin de n’avoir aucun pouvoir. Elle est le partenaire commercial principal d’Israël et c’est elle qui consent le plus d’aide à l’AP ce qui lui donne un pouvoir économique important.
L’association entre l’UE et Israël est basée sur l’accord qui a pris effet en 2000 ; l’article 2 de l’accord stipule qu’il est conditionnel au respect des droits de l’homme. Les officiels européens prétendent que la clause des droits de l’homme n’est pas contraignante mais il y a des hommes de loi pour dire que l’UE elle-même la qualifie "élément capital". Elle est clairement contraignante légalement et l’UE a l’obligation d’invoquer cette clause et de punir Israël si nécessaire quand il dépasse les limites. Pour moi le problème est la lâcheté de nos politiciens qui n’ont pas la volonté politique d’affronter le pouvoir hégémonique des Etasuniens ou des Israéliens dans les affaires internationales.
Israël a développé des relations étroites avec l’UE et l’OTAN ; la même stratégie est à l’oeuvre dans les deux cas, et parfois ce sont les même personnes qui dirigent le processus. Tzipi Livni, quand elle était Ministre des Affaires Etrangères (d’Israël) a compris qu’il pouvait être dangereux pour Israël de dépendre uniquement des USA. Elle et ses conseillers ont compris qu’il y avait d’autres pouvoirs qui émergeaient dans le monde. Ils reçurent en novembre 2008 toute latitude pour améliorer les relations d’Israël avec tout à la fois l’UE et l’OTAN. Gabi Ashkenazi, le chef de l’armée israélienne, a rendu visite à l’OTAN plusieurs fois et Israël a participé à des exercices militaires avec l’OTAN. En juillet 2010 plusieurs soldats israéliens furent tués dans un accident d’hélicoptère en Roumanie. Les médias n’y ont accordé que peu d’attention mais cela montre à quel point Israël est impliqué dans les affaires de l’UE et de l’OTAN.
SI : Votre livre parle beaucoup du profit qu’Israël tire de cette relation. Mais quel profit en tire l’UE ?
DC : C’est une bonne question parce qu’il n’est pas avéré que ce soit vraiment l’intérêt de l’UE de faire copain copain avec Israël comme il l’a fait. Il y a une école de pensée qui défend l’idée - que personnellement j’approuve- que l’UE ferait mieux d’oublier Israël et de concentrer ses efforts à améliorer ses relations avec les états arabes. Mais les facteurs décisifs sont les opportunités commerciales et économiques.
En 2000, selon l’Agenda de Lisbonne*, l’UE s’était promis de devenir la plus importante économie du monde basée sur l’information. Mais pendant que les Européens en parlaient les Israéliens s’y sont mis et l’ont fait. Intel est en train de mettre au point la prochaine génération de puces d’ordinateurs en Israël. Beaucoup de variations "sexy" y ont été développées. Les Israéliens consacrent 5% de leur PIB à la recherche technologique, environ deux fois plus que les Etasuniens. L’Agenda de Lisbonne avait fixé un objectif de 3% qui n’a pas été atteint. Aussi le principal aspect de la relation d’Israël avec l’UE est-il la coopération scientifique. Les Israéliens font partie du Programme de Recherche Scientifique de l’UE depuis les années 1990. J’ai vu quelques chiffres la semaine dernière selon lesquels les Israéliens participent à 800 projets de recherche scientifique pour une valeur de quelques 4,3 milliards d’Euros entre 2007 et 2013. Les officiels de l’UE semblent avoir le sentiment qu’il faut être en bons termes avec Israël à cause de leur supériorité scientifique.
Le problème est qu’une bonne partie des triomphes scientifiques dont Israël est si fier a un lien étroit avec l’occupation. Comme je le signale dans mon livre, Elbit (celui qui fabrique des drones utilisés contre Gaza) et l’Industrie de l’Aviation Israélienne bénéficient de bourses de la Recherche Scientifique Européenne. Un contribuable européen contribue donc à développer l’industrie de guerre israélienne.
SI : Au dernier sommet de l’OTAN un nouveau programme de missiles de défense a été annoncé en collaboration avec la Russie pour la première fois qui doit apparemment être opéré à partir de navires étasuniens basés en Méditerranée. Quelles implications cela a-t-il pour les relations entre Israël et l’OTAN ?
DC : Elles sont nombreuses. Si on parle de l’attaque de la Flottille (qui transportait de l’aide à Gaza), légalement c’était une attaque contre la Turquie. La Mavi Marmara était un navire turc et la Turquie, qui est membre de l’OTAN, a demandé que l’ONU se réunisse d’urgence après l’attaque. Imaginez-vous seulement que ce soit la Corée du Nord qui ait fait cela, les enfers se seraient déchaînées. Mais c’était Israël, alors, bien que l’OTAN ait condamné clairement l’attaque, il n’y a eu aucune répercussion sur le long terme. Je crois même que la Turquie n’a pas cessé sa collaboration militaire avec Israël et que la Turquie a utilisé des armes israéliennes contre les Kurdes dans le nord de l’Iraq.
En ce qui concerne le nouveau concept stratégique de l’OTAN et son nouveau système de défense de missiles, la participation d’Israël a fait couler beaucoup d’encre. Je sais que de nombreux officiels de l’OTAN se sont rendus en Israël et il y a eu des entretiens dans la ville de l’aéroport près de Tel Aviv sur la manière dont Israël pouvait collaborer à ce projet. Israël a développé beaucoup de technologies qui intéressent fort l’OTAN, comme le système d’interception de missiles baptisé Iron Dome, aussi les Israéliens sont considérés comme des experts, on les consulte, et il tout à fait probable qu’ils jouent un rôle actif dans le nouveau système de défense qui ’excite autant l’OTAN.
SI : Des leaders comme Nicolas Sarkozy en France parlent beaucoup du programme nucléaire iranien mais ne parlent pas de celui d’Israël. Croyez-vous à "l’option Samson", la théorie selon laquelle les nations européennes sont parfaitement conscientes de la menace que représentent les armes nucléaires israéliennes qui sont capables de détruire n’importe quelle capitale européenne presque sans sommation ?
DC : Il faut parfois souligner l’évidence, mais le point le plus important que la plupart des commentateurs malheureusement ne voient pas, c’est le niveau effarant d’hypocrisie qui entoure ce sujet. Nous savons qu’Israël possède une puissance nucléaire tout à fait considérable et ne l’a jamais reconnu. A la différence de l’Iran, ce pays n’a jamais signé le Traite de Non Prolifération Nucléaire et n’autorise aucune inspection de ses installations, et alors que nous savons parfaitement qu’Israël en ont, nous disons aux Iraniens qu’il leur est interdit de développer des capacités nucléaires. Le deux poids deux mesures est flagrant. Pour ce qui concerne "l’option Samson" je pense que les leaders européens sont conscients du danger. Ce n’est pas un sujet que j’ai moi-même approfondi, mais je ne rejette pas cette possibilité.
SI : Des chercheurs comme Daoud Hamoudi de Stop the Wall, ont soulevé des objections sérieuses concernant des zones industrielles qui sont financées sous forme "d’aide" par les pays européens. Cela fait des années que les colonies israéliennes utilisent une main d’oeuvre palestinienne sous-payée pour leurs produits d’exportation. Les Zones Franches situées en Afrique Australe ou en Amérique Centrale ont souvent été des endroits où les conditions de travail des travailleurs étaient épouvantables et elles se sont en plus révélées des sources de profit de courte durée car un pays concurrent réussissait toujours à baisser encore plus ses coûts. Est-ce cela que vous souhaitez à la Palestine ?
DC : Il faut se demander pourquoi l’UE soutient si ardemment Mahmoud Abbas et Salam Fayyad. Leur légitimité démocratique est quasiment nulle. Le mandat d’Abbas comme président élu a expiré. L’UE se présente comme une instance qui soutient les principes démocratiques et -à juste titre- demande aux candidats à l’entrée à l’UE de respecter certains standards, mais dès qu’il s’agit des Territoires Palestiniens Occupés tout cela est oublié. L’UE a décidé d’ignorer les résultats de l’élection démocratique de 2006 parce que les Palestiniens, selon l’UE, avaient "mal voté".
Le cas de Salam Fayyad est particulièrement troublant. Voilà un gars qui n’est pas populaire du tout dans son pays mais que l’occident adore. Il faut se demander pourquoi et la réponse c’est qu’il est complètement imprégné de la vision néolibérale de Washington et Bruxelles. Il a travaillé à la Banque Mondiale et au FMI, et comme je le souligne dans mon livre, le papier qu’il a écrit : "Vers un état palestinien" ressemble beaucoup aux programmes d’ajustement structurel que le FMI a imposés à la plus grande partie de l’Afrique dans les années 1980 et se prépare à imposer à mon propre pays, l’Irlande. On parle ici de réduire les salaires des fonctionnaires et les dépenses en général sauf -et c’est significatif- les dépenses de sécurité et de faire du secteur privé le moteur de la croissance. Et donc votre analyse est tout à fait exacte, l’idée est de faire de la Palestine l’atelier clandestin d’Israël.
SI : Vous avez écrit pour Electronic Intifada sur la participation de l’UE à l’entraînement des forces de sécurité de l’Autorité Palestinienne, soit-disant dans la perspective de construire un état palestinien. Quelle, à votre avis, la vision européenne d’un état palestinien ? Parlons-nous d’un tout petit état doté d’un système de sécurité très dur et une économie néolibérale ?
DC : Je ne crois pas que j’emploierai ici le mot "vision", je ne pense pas que l’UE soit visionnaire. La "solution de deux états" est une sorte de mantra pour l’UE but je ne suis pas sure qu’ils se soient demandé sérieusement ce que ça signifie. Les accords d’Oslo avec tous leurs défauts avaient au moins le mérite de parler de Gaza et de la Cisjordanie comme une seule entité, mais à l’heure actuelle il est devenu presque impossible à un Palestinien de voyager d’un territoire à l’autre et Israël contrôle une trop grande partie de la Cisjordanie pour qu’il soit possible de mettre en oeuvre la solution de deux états d’une façon viable. Je pense que les représentants de l’UE se cachent derrière la rhétorique en ce moment. La seule stratégie d’avenir qu’ils aient sur le long terme, c’est de renforcer leur relation avec Israël aux dépens des Palestiniens.
Il faut se rappeler que l’UE présente la mission de la police COPPS (la mission d’entraînement de l’UE en Cisjordanie) comme la préparation d’une force de police en vue d’un état palestinien indépendant mais ces gens-là n’ont aucune autorité sur les colons et n’ont pas le droit d’aller dans le secteur C (la partie de Cisjordanie où selon les accords d’Oslo, Israël garde le pouvoir de faire respecter la loi, et le contrôle des constructions et des projets). Plus de 60% de la Cisjordanie n’est pas sous la juridiction de cette force de police. Il y a aussi de prime abord beaucoup de preuves de l’aveuglement volontaire de l’UE en ce qui concerne les abus commis par cette force de police. Les organisations des droits de l’homme palestiniennes sont en train de rassembler des preuves de torture, et il est donc dégoûtant que l’UE présente cela comme une aide bienveillante aux Palestiniens.
SI : Un des problèmes avec les livres, c’est qu’ils peuvent être dépassés aussitôt sortis de presse. Y a-t-il de nouveaux développements majeurs que vous voudriez mentionner dans les relations entre l’UE et Israël ? .
DC : La chose principale est qu’à l’automne 2010, Kathy Ashton, la responsable de la politique étrangère de l’UE a recommandé qu’Israël soit élevé au rang de "partenaire stratégique". Ce que ça signifie exactement n’est pas encore clair, but il semble qu’Israël serait considéré à l’égal de la Chine ou des USA dans l’échelle des priorités officielles de l’UE.
Ashton a été un désastre dans sa relation avec Israël. Pour être honnête, elle a fait quelques déclarations de poids sur Jérusalem et l’expansion des colonies israéliennes là-bas, et aussi sur la peine de prison infligée au (militant de base) Abdullah Abu Rahmeh qui a surpris certaines personnes. Mais pour le reste dans ses rapports avec les Israéliens elle s’est montrée pusillanime. Elle est allée à Gaza mais a refusé de rencontrer le Hamas - elle a essayé de présenter les missions comme uniquement humanitaires et a minimisé leur portée politique. Quoique vous pensiez du Hamas, ils ont gagné une élection qui a été reconnue comme libre et honnête pas les observateurs de l’UE eux-mêmes en 2006.
Il est inconcevable que Kathy Ashton se rende n’importe où dans le monde et refuse de rencontrer les leaders politiques locaux. Quand elle était à Jérusalem cet été, elle a donné une conférence de presse conjointe avec (le ministre israélien des affaires étrangères Avigdor) Lieberman et le seul prisonnier pour lequel elle a exprimé son intérêt, du moins en public, a été Gilad Shalit. Elle a totalement ignoré le fait que, chaque année, Israël enferme 700 enfants palestiniens le plus souvent pour avoir seulement jeté des pierres, enfants qui subissent souvent des abus en prison. Mais Kathy Ashton dans sa sagesse ne semble pas s’intéresser aux abus infligés aux enfants palestiniens, elle trouve plus intéressant le sort d’un soldat qui doit certainement être traité avec humanité et libéré mais dont le rôle était d’imposer une occupation militaire brutale.
SI : Vous finissez votre livre en disant que l’UE offre des opportunités à ceux qui militent pour la souveraineté palestinienne. Quelles sont à votre avis les tactiques les plus efficaces ? Cela vaudrait-il la peine de prendre les membres du Parlement Européen (MPE) pour cibles ?
DC : Je vais répondre d’abord à la seconde question. J’étais opposée au Traité de Lisbonne mais un de ses bons côtés est qu’il a donné plus de pouvoir au parlement Européen qui, malgré toutes ses imperfections, est une instance directement élue. Je ne vais pas citer trop de détails du livre mais des trois principales institutions de l’UE -le Conseil des Ministres, La Commission Européenne et le Parlement- C’est le Parlement qui a été le moins malléable. Malgré l’important lobbying, la majorité des MPE a soutenu le rapport Goldstone sur l’attaque de Gaza de 2008-2009. Plus récemment c’est encore le Parlement qui a bloqué un accord technique qui avait pour objet d’harmoniser les normes entre Israël et l’UE pour aider les Israéliens à mettre leurs produits industriels aux normes européennes. C’est assommant et pas du tout sexy, mais le Parlement Européen ou en tous cas un de ses comités a posé des questions inhabituelles et a retardé le passage en force de cet accord.
Le Parlement n’est sans doute pas capable de geler toutes relations avec Israël, mais il peut certainement lui rendre la vie plus difficile. Il revient définitivement aux citoyens européens de faire pression sur les MPE pour les forcer à résister au lobby israélien. Israël se livre à un lobbying intense et il existe un réseau "d’amis d’Israël" qui transcende les partis. Il est donc très important que le mouvement de solidarité pour la Palestine contre-attaque ce lobby riche et secret qui essaie d’influencer des institutions clé.
Pour répondre à l’autre question, il faut le dire tout net et sans ambages, les gens ordinaires ont hâte que leur politiciens et leurs fonctionnaires prennent des mesures contre Israël. C’est pourquoi, à mon sens, il faut soutenir la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). Mais nous ne devons pas oublier que c’est un moyen tactique, non une stratégie complète et qu’il faut utiliser des moyens tactiques complémentaires. Israël investit beaucoup de temps, d’énergie et d’argent pour faire croire qu’elle est "la seule démocratie du Moyen Orient", et le Mouvement de Solidarité avec la Palestine se doit de mobiliser toutes ses ressources pour contrer cette propagande biaisée.
Note : L’Agenda de Lisbonne ou stratégie de Lisbonne : Axe majeur de politique économique et de développement de l’UE de 2000 à 2010 (Wikipedia)
* Sarah Irving est un écrivain freelance. Elle a travaillé ave le Mouvement de Solidarité Internationale en Cisjordanie occupée en 20001-02 et avec Olive Co-op, pour promouvoir le commerce équitable des produits palestiniens et y a fait des visites de solidarité en 2004-06. Elle écrit maintenant à temps complet sur plusieurs sujets dont la Palestine. Son premier livre : "Gaza sous les bombes" co-écrit avec Sharyn Lock a été publié en janvier 2010. Elle travaille en ce moment à une nouvelle édition du guide de la Palestine Bradt et à une biographie de Leila Khaled.
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* David Cronin, né à Dublin en 1971, est le correspondant à Bruxelles de l’agence de presse Inter Press Service. Il a d’abord occupé cette fonction pour le quotidien irlandais The Sunday Tribune après avoir travaillé comme chargé de recherches et attaché de presse auprès du Parlement européen. Entre 2001 et 2006, il collabore à European Voice, hebdomadaire du groupe The Economist.
Le livre de David Cronin Europe’s Alliance with Israel : Aiding the Occupation sera publié dans le courant de l’année par Pluto Press.
www.uruknet.info?p=73110
Traduction de l’anglais : Dominique Muselet
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La Paix au Liban pourra-t-elle être séparée de la Paix au Proche Orient ?

publié le samedi 25 décembre 2010
Riad Jreige

 
La paix du Liban, indépendante de la question palestinienne ou possible seulement si elle s’intègre dans une paix globale et régionale ?
En 1948, date de la création de l’Etat d’Israël, le problème palestinien naquit, accentué par les différentes guerres arabo-israéliennes, spécialement celle de 1967, plus connue sous le nom de "guerre des six jours" qui a vu la débâcle des armées arabes et l’occupation de Gaza, la Cisjordanie ainsi que la partie arabe de Jérusalem.
Le Liban, pays limitrophe d’Israël, en 1948, a accueilli sur son sol et autour des grandes villes (Beyrouth, Tripoli, Sidon, Tyr), pas moins de 400 000 réfugiés palestiniens. Les libanais ne veulent pas les intégrer en vu d’un retour en Palestine occupée.
Les guerres du Liban, ont impliqué des Palestiniens qui ont fui la Jordanie en 1970 après un essai avorté de renverser le régime du Roi Hussein.
Deux théories s’opposent, celle qui veut que la paix du Liban soit indépendante de la question palestinienne et celle qui stipule qu’une paix libanaise n’est possible que si elle s’intègre dans une paix globale et régionale.
Nous allons exposer les deux théories.
1- La paix du Liban est indépendante de la question palestinienne.
Le Liban est un pays indépendant depuis 1943, fondateur des Nations Unies, exceptionnel par sa distinction multiconfessionnelle contrastant sensiblement avec les États du Moyen-Orient, démocratique à l’expression indépendante.
Il est issu du Mandat français hérité du démantèlement de l’Empire Ottoman suite à la défaite turco-allemande de la Première Guerre Mondiale.
En 1975, début de la tragédie libanaise opposant la droite chrétienne à la présence sur armée palestinienne massive après 1970 et "Septembre noir" marque du roi Hussein de Jordanie en opposition au complot palestinien visant à prendre le pouvoir dans le royaume hachémite.
Le résultat a été le soulèvement des musulmans progressistes du Liban en solidarité avec leur coreligionnaires palestiniens face aux chrétiens du Liban qui n’acceptaient pas cette alliance à l’encontre du respect de la souveraineté nationale.
Division des civils armés et de l’armée libanaise dans une guerre fratricide et confessionnelle jusqu’en 199O.
En 1982, expulsion de l’organisation de libération de la Palestine (OLP) vers Tunis par l’armée israélienne (Tsaha)l.
Les réfugiés palestiniens sont en nombre important au Liban sans solution de retour et pour le moment sans volonté politique de les intégrer .
La Syrie et Israël ayant envahi tous deux le Liban, l’ont finalement quitté en 2005, à l’exception de petits territoires (les Fermes de Shebaa et Ghajjar), à ce jour toujours occupés par Israël.
Le Liban est débarrassé des forces occupantes, il reste à trouver l’assise pour gouverner avec les différents courants libanais avec en prime aucune communication bien sûr avec Israël. Avec la Syrie, le courant est rétabli avec toutes les parties libanaises en 2010.
Été 2006, bombardements israéliens de la population libanaise, avec plus d’un millier de morts, et destruction d’une grande partie de l’infrastructure du pays.
Après Paris I et Paris II, Paris III regroupant les pays créanciers, et non de dons, au Liban, avec à chaque fois l’aide promise qui se transforme en charges de plus en plus lourdes dépassant les capacités d’absorption de la population libanaise.
Le Liban est donc soumis avec plus de 60 Milliards de $ de dettes.
Autrement dit, un semblant d’indépendance et l’illusion du pouvoir pour nos politiciens qui sont catégorisés artificiellement comme pro ou antisyrien suivant des critères artificiels et loin de la réalité sur le terrain.
La solution serait :
- Restitution au Liban des territoires encore occupés par Israël
- Renvoi des réfugiés palestiniens à Gaza et en Palestine encore occupée (Cisjordanie)
2 - La paix au Liban est inhérente à un règlement régional global dont celui du problème palestinien.
Le Liban, la Syrie, la Jordanie, la Palestine, Israël ; des régions d’une ancienne entité plus importante : l’Empire Ottoman.
Cet immense Empire a été démantelé au début du XXème siècle, partagé entre les grandes puissances de l’époque : l’Angleterre et la France.
Création au milieu du XXème siècle, et pour des considérations propres à ces puissances, des pays plus ou moins uniformes, aux frontières tracées artificiellement avec un crayon à papier sur une carte géographique, devant donner naissance à des pays indépendants : Etat - Nation
Très vite, et dès le lendemain de la création de l’Etat d’Israël, se pose le problème palestinien en 1948 avec son lot de réfugiés.
Aujourd’hui, soit plus de soixante années plus tard le problème palestinien persiste, plus aigü que jamais.
- La Syrie accepte un Liban indépendant puisqu’il y a eu un échange d’ambassadeurs. Elle veut récupérer le Golan annexé par Israël en 1973.
- Israël ne veut pas d’une Palestine indépendante mais oeuvre pour l’établissement des réfugiés dans leurs terres d’accueil. Il ne veut pas non plus d’un Liban multiconfessionnel.
- Le Liban ne veut pas de l’établissement des réfugiés palestiniens du Liban car il modifie le rapport de force des différentes communautés nuisible à l’équilibre instable de la formule d’entente interlibanaise.
- L’Iran et l’Arabie Saoudite mettent de l’huile sur le feu en attisant le conflit en y ajoutant l’extrémisme religieux que ce soit au Liban, en Palestine ou en Irak, pétro-dollars à l’appui.
- Les États Unis, s’accomodant de la guerre et nous l’espérons un jour initiateurs de la paix, mènent ou essaient de mener le jeu partout à la fois pour essentiellement préserver leurs intérêts.
Le Liban est partie prenante dans les conflits ainsi que dans le règlement des conflits au Moyen-Orient.
La présence sur son sol, à plusieurs périodes de son histoire post indépendance, de forces armées étrangères, le démontre clairement, nous en citons quelques unes :
L’OLP, l’armée syrienne, l’armée israélienne, les forces multinationales, la FINUL, la FINUL renforcée sans parler des milices libanaises à la solde de différentes puissances régionales.
Des initiatives de paix ont émané d’un peu partout sans aucune réponse concrète sur le terrain, nous citons pour mémoire quelques exemples :
Oslo, Madrid, plans de l’ONU, plan français, plan saoudien, plan égyptien, plan marocain, plan américain (feuille de route), ....
En fait, pour le moment, malgré quelques initiatives sans lendemain, tous les événements se déroulant dans ce Moyen-Orient démontrent le peu d’enthousiasme et d’énergie déployés, par ceux-là même qui prétendent le vouloir, pour résoudre les problèmes de cette partie du monde.
Beaucoup de questions restent en suspens, parce que sans réponse concrète et convaincante :
- Pourquoi la Syrie a-t-elle été obligée de quitter rapidement le Liban en 2005 ?
- Qui a assassiné Harriri , puis toutes les personnalités publiques et politiques depuis février 2005 ? Le Tribunal Spécial pour le Liban diligenté par l’ONU cherche -t-il la vérité ou est-il politisé ?
- Pourquoi Israël s’est-il attaqué durant l’été 2006 à l’infrastructure même du Liban ?
Tant qu’un plan de paix n’est pas appliqué sur la région avec au préalable posées, sur la table des discussions, toutes les problématiques de chacun des acteurs actifs de ces conflits qui perdurent, il n’ y a rien à espérer de bon ni pour la région ni pour le Liban.
Y a-t-il un plan américain concernant le Moyen-Orient autre que celui diabolique que nous vivons ?
Une Conférence internationale pour la Paix au Proche et Moyen-Orient doit se concrétiser avec au moinimum les principaux intéressés : Syrie, Liban (Le Hezbollah y a toute sa place), Palestiniens (représentants de l’OLP et du Hamas), Egypte et Jordanie.
De cette Conférence devra émerger un Etat Palestinien viable, c’est-à-dire autonome, libre et indépendant. Restitution du Golan à la Syrie, restitution des territoires libanais au Liban, retour des palestiniens dans leur foyer, reconnaitre Israël comme un Etat indépendant sur une carte bien délimitée, lui assurer l’eau dont il a besoin, etc.
A ce moment-là le Hezbollah n’aura plus sa raison d’être comme force de Résistance mais comme courant politique. Tout comme le Hamas n’aura plus de raison de s’attaquer à Israël mais restera un courant politique.
C’est en tous cas ce que nous pensons dès lors que nous voulons envisager efficacement l’avenir politique et économique de cette région du monde dont le Liban.
Riad JREIGE mardi 21 décembre 2010
publié par Agoravox

L’échec américain menace l’espoir de paix au Proche-Orient

publié le vendredi 24 décembre 2010
Laurent Zecchini

 
"Les Etats-Unis ne peuvent pas imposer une solution". Ce postulat est bien sûr affaire de volonté politique : Washington n’envisage pas de réduire l’importante assistance militaire et financière allouée chaque année à l’Etat juif, au contraire.
Près de deux ans après l’entrée de Barack Obama à la Maison Blanche, les ambitions des Etats-Unis au Proche-Orient ressemblent à un champ de ruines diplomatique. Après avoir fait naître l’espoir avec son discours du Caire de juin 2009, le président américain a dilapidé l’essentiel de son crédit auprès des Israéliens, des Palestiniens et des pays arabes. Par ricochet, aux yeux de ceux qui se tournent vers elle pour obtenir sa protection ou la défier, le leadership de l’Amérique s’est érodé.
Comme un acteur fatigué à qui on demande de rejouer une scène pour la énième fois, George Mitchell, émissaire américain pour le Proche-Orient, a repris ses navettes dans la région. Pour ses interlocuteurs, il incarne désormais l’aveu d’échec auquel s’est résolue la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, le 10 décembre. L’administration américaine a admis s’être fourvoyée pendant deux ans en insistant sur le préalable d’un arrêt de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés.
Ce faisant, elle a entraîné le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui ne pouvait se montrer moins exigeant qu’elle sur une question existentielle : comment avancer vers l’objectif d’un Etat palestinien, si l’une des parties - Israël - poursuit méthodiquement celui d’en miner les fondations en étendant sans cesse les implantations juives, décrétées illégales par la communauté internationale ? D’ores et déjà, le point de non-retour de la viabilité d’une telle entité territoriale est peut-être déjà dépassé.
Parce qu’ils n’ont pas de stratégie de rechange sinon celle, incertaine, d’allonger la liste des pays qui ont accepté, depuis 1988, de reconnaître leur patrie, les Palestiniens persistent à réclamer l’arrêt de la colonisation. Ils se placent ainsi doublement à contre-courant des nouvelles priorités du seul parrain dont ils ont cru disposer pour défendre leurs positions face à l’Etat juif : l’Amérique, hostile à toute démarche unilatérale auprès des Nations unies, s’est rabattue sur la vieille méthode consistant à remettre les enjeux du conflit sur la table des négociations.
"Nous avons vu ce film tellement de fois...", a commenté, désabusé, le négociateur palestinien Yasser Abed Rabbo. C’est peu dire que les propos de Mme Clinton ont déçu les Palestiniens. La secrétaire d’Etat s’est livrée à une extraordinaire défense de "la vision sioniste d’un Etat juif et démocratique dans la patrie historique du peuple juif", qui a laissé pantois plus d’un diplomate israélien. "C’était un discours très favorable à Israël", admet l’un d’eux, ravi d’entendre que "les Etats-Unis ne peuvent pas imposer une solution". Ce postulat est bien sûr affaire de volonté politique : Washington n’envisage pas de réduire l’importante assistance militaire et financière allouée chaque année à l’Etat juif, au contraire : la Maison Blanche a tenté d’acheter aux responsables israéliens trois mois supplémentaires de gel de la colonisation avec un paquet-cadeau composé de 20 avions de combat F-35, de garanties de sécurité et du veto américain contre toute résolution anti-israélienne à l’ONU.
Face à la reculade de Washington, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a relevé avec gourmandise que "les Etats-Unis ont compris que les discussions sur la question mineure de la construction ne menaient à rien". La colonisation a donc repris de plus belle. Du point de vue israélien, tout montre que cette stratégie de l’intransigeance est payante : M. Nétanyahou devance dans les sondages le chef de file de l’opposition, Tzipi Livni.
Le Parti travailliste est exsangue et son président, le ministre de la défense Ehoud Barak, sert de caution (comme le président israélien Shimon Peres) à l’orientation de plus en plus droitière du gouvernement. Celle-ci accompagne l’évolution d’une société israélienne où les manifestations d’intolérance, notamment religieuse, se multiplient. L’Amérique n’étant pas disposée à endosser le rôle de gendarme, l’heure de l’Europe, qui aspire à devenir un acteur influent dans la région, est-elle arrivée ? Vingt-six anciens hauts responsables européens suggèrent quelques pistes audacieuses, comme celle de fixer un ultimatum à Israël pour... appliquer les résolutions des Nations unies.
Cet enthousiasme - qui montre qu’il est plus aisé de hausser le ton envers Israël lorsqu’on a quitté le pouvoir - a été douché lorsque, le 13 décembre, l’Union européenne a "regretté" la poursuite de la colonisation et affirmé qu’elle reconnaîtra un Etat palestinien... "au moment opportun". Cette pusillanimité, brocardée à Jérusalem, convainc les Palestiniens de ne plus se faire d’illusions sur les chances d’un accord de paix en négociant avec Israël.
Ils entendent contourner l’obstacle en suscitant une dynamique internationale en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien, et en s’appuyant sur ses fondations économiques, juridiques et politiques. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international jugent que cet objectif est pratiquement réalisé. "C’est vrai que l’essentiel est déjà là, et qu’il s’agit surtout de consolider des acquis", reconnaît un diplomate israélien. Les Palestiniens font le pari d’une sorte d’effet cathartique sur le plan diplomatique. C’est un espoir ténu, mais c’est le seul.

Ex combattants de [l’armée israélienne], ils refusent maintenant de se taire et parlent

publié le samedi 25 décembre 2010
Paris Match

 
Micha, Dana, Noam, et Mikhael ont combattu pour Tsahal. C’est la première fois que des officiers israéliens manifestent à visage découvert leur contestation à propos des exactions infligées dans la bande de Gaza, entre 2000 et 2009.
Micha, Dana, Noam, et Mikhael ont combattu pour Tsahal [1]. C’est la première fois que des officiers israéliens manifestent à visage découvert leur contestation.
Des grenades pour faire peur
« On déboule dans un village palestinien à 3 heures du matin et on se met à lancer des grenades étourdissantes dans les rues. Pour rien, pour faire peur. On voyait les gens se réveiller affolés... On nous raconte que cela fait fuir les éventuels terroristes. N’importe quoi... Par rotation, on faisait ça toutes les nuits. La routine. On nous disait “Bon­ne opération”. On ne comprenait pas pourquoi. »
Voler un hôpital
« Une nuit, nous avons l’ordre d’entrer de force dans une clinique d’Hébron qui appartient au Hamas. On confisque l’équipement : ordinateurs, télépho­nes, imprimantes, d’autres choses, il y en a pour des milliers de shekels. La raison ? Toucher le Hamas au portefeuille, juste avant les élections du Parlement palestinien, pour qu’il perde. Le gouvernement israélien avait officiellement annoncé qu’il n’allait pas tenter d’influencer cette élection... »
« On a tué un type par pure ignorance »
« On ne savait pas que, pendant le ramadan, les fidèles sortent dans la rue à 4 heures du matin avec des tambours pour réveiller les gens, qu’ils mangent avant le lever du soleil. On identifie un type dans une allée qui tient quelque chose, on lui crie “stop”. Là, si le “suspect” ne s’arrête pas immédiatement, la procédure exige des sommations. “Arrêtez ou je tire”, puis on tire en l’air, puis dans les jambes, etc. En réalité, cette règle n’est jamais appliquée. On l’a tué, point. Et par pure ignorance des rites locaux. »
Les paysans en larmes
« Nos excavateurs dressent une barrière de séparation en plein milieu d’un champ de figuiers palestinien. Le paysan arrive en larmes : “J’ai planté ce verger pendant dix ans, j’ai attendu dix ans qu’il donne des fruits, j’en ai profité pendant un an, et là, ils me le déracinent !” Il n’y a pas de solution de replantage. Il y a des compensations seulement à partir de 41 % de terre confisquée. Si c’est 40 %, tu n’as rien. Le pire c’est que peut-être demain ils vont décider d’arrêter la construction de la barrière. »
Rendre ses galons, redevenir soldat
« On installe des check points surprises. N’importe où, ça n’est jamais clair. Et soudain on arrête tout le monde, on contrôle leur permis. Il y a, là, des fem­mes, des enfants, des vieux, pendant des heures, parfois en plein soleil. On arrête des innocents, des gens qui veulent aller travailler, trouver de la nour­riture, pas des terroristes... J’ai dû le faire pendant cinq mois, huit heures par jour, ça m’a cassé. Alors j’ai décidé de rendre mes galons de commandant. »
« Notre mission : déranger, harceler »
« On est à Hébron. Comme les terroristes sont des résidents locaux et que notre mission est d’entraver l’activité terroriste, la voie opérationnelle c’est de quadriller la ville, entrer dans des maisons abandonnées, ou des maisons habitées choisies au hasard – il n’y a pas de service de renseignement qui nous pilote –, les fouiller, les mettre à sac... et ne rien trouver. Ni armes ni terroristes. Les habitants ont fini par prendre l’habitude. Ils sont irrités, dépressifs, mais habitués car ça dure depuis des années. Faire souffrir la population civile, lui pourrir la vie, et savoir que cela ne sert à rien. Cela engendre un tel sentiment d’inutilité. »
« Les punitions collectives »
« Mes actes les plus immoraux ? Faire exploser des maisons de suspects terroristes, arrêter des centaines de gens en masse, yeux bandés, pieds et mains liés, les emmener par camions ; pénétrer dans des maisons, en sortir brutalement les familles ; parfois on revenait faire exploser la maison ; on ne savait jamais pourquoi telle maison, ni quels suspects arrêter. Parfois, ordre nous était donné de détruire au bulldozer ou aux explosifs l’entrée du village en guise de punition collective pour avoir hébergé des terroristes. »
« Protéger des colons agressifs »
« On débarque dans le district de Naplouse pour assurer la sécurité des colons. On découvre qu’ils ont décidé d’attaquer Huwara, le village voisin, palestinien. Ils sont armés, jettent des pierres, soutenus en cela par un groupe de juifs orthodoxes français qui filment, prennent des photos. Résultat : on se retrouve pris entre des Arabes surpris, terrorisés, et notre obligation de protection des colons. Un officier tente de repousser les colons dans leurs terres, il reçoit des coups, il y a des tirs, il abandonne. On ne sait plus quoi faire : les retenir, protéger les Palestiniens, nous protéger, une scène absurde et folle. On a fini par faire retourner les agresseurs chez eux. Une dizaine d’Arabes ont été blessés. »
Assassiner un homme sans armes
« On est en poste dans une maison qu’on a vidée de ses occupants, on soupçonne la présence de terroristes, on surveille, il est 2 heures du matin. Un de nos tireurs d’élite identifie un mec sur un toit en train de marcher. Je le regarde aux jumelles, il a dans les 25-26 ans, n’est pas armé. On en informe par radio le commandant qui nous intime : “C’est un guetteur. Descendez-le.” Le tireur obéit. J’appelle cela un assassinat. On avait les moyens de l’arrêter. Et ça n’est pas un cas unique, il y en a des dizaines. »
Noam, Micha, Mikhael, et Dana. (Photos DR). Point final
[1] nom que les Israéliens utilisent pour désigner leur armée
publié par Paris Match dans son reportage :"Israël. quand les officiers brisent le silence"
Titre modifié et note : CL, Afps