mercredi 15 décembre 2010

Une reconnaissance de la Palestine à venir du président Chilien?

 
La décision la semaine dernière du Brésil et de l'Argentine de reconnaitre l'état palestinien a provoqué de violentes critiques de la part des Etats-Unis et un lobbying intense du côté de Santiago.

Pinero osera-t-il se facher avec les états unis?
Durant un déjeuner avec les parlementaires jeudi dernier, le président chilien Sebastian Pinera a avoué réfléchir à reconnaître ou non l'état palestinien. Dans le même temps, l'Uruguay a signifié qu'il reconnaitrait la Palestine en début d'année prochaine. 
Mais le Chili est sous le lobbying intense des Etats-Unis. Williams Burns, le secrétaire d'état américain aux affaires politiques, a déclaré "que la décision du Brésil et de l'Argentine était prématuré. Il faut attendre la fin des négociations directes entre Israël et la Palestine pour envisager une éventuelle reconnaissance de la Palestine." 
Gabriel Zaliasnik, le représentant de la communauté juive au Chili, a contacté directement le gouvernement de Sebastian Pinera pour évoquer la reconnaissance ou non de la Palestine: "la seule manière de reconnaitre un état palestinien est la négociation. Toute action unilatérale par une partie tierce sera malvenue et affaiblira le processus de paix." 
Il faut rappeler qu'à la mi-novembre, le président chilien s'était déclaré favorable à la création d'un état palestinien lors d'un discours au club palestinien de Santiago.

Les rabbins racistes d’Israël : « Hais le gentil! »

Mardi 14 Décembre 2010
Les Juifs ne doivent pas louer des maisons à des « Gentils ». C’est le décret religieux qui a été édicté cette semaine par au moins 50 proéminents rabbins d’Israël la plupart employés par l’état comme dirigeants religieux municipaux. Les Juifs devraient d’abord avertir puis «bannir » leur coreligionnaires juifs qui ne respectent pas la directive ont déclaré les rabbins.
Ce décret est le dernier de toute une série de décisions racistes de la part de la plupart des rabbins proéminents d’Israël.
En Octobre, Shmuel Elyahu, le chef rabbin de Safed a publié un édit signé par 17 autres rabbins de la ville disant aux habitants juifs de ne pas vendre ou louer de biens à des membres de la minorité arabe palestinienne qui constitue 1/5 de la population de cette ville.
Ses disciples ont mis ses paroles en pratique en attaquant des étudiants arabes dans la ville et en menaçant de brûler la maison de propriétaires juifs qui louent à des étudiants arabes.
Des édits identiques ont récemment reçu le soutien de douzaine de rabbins à Tel Aviv et à Bnei Brak tout prés, une ville de 150 000 juifs majoritairement ultra orthodoxes. Ils ont menacé de révéler le nom des Juifs qui louent à des « étrangers » - - dans ce cas là une référence à des travailleurs émigrés et des réfugiés africains qui s’entassent dans des zones à l’abandon dans le centre du pays.
Après de nombreuses semaines de silence sur ces déclarations le premier ministre Benjamin Netanyahou a été finalement obligé de publier une condamnation hier décrivant l’appel des rabbins comme non démocratique et en contradiction avec la Bible qui dit-il demande aux Juifs « d’aimer l’étranger ».
Néanmoins, le racisme en Israël bénéficie de plus en plus du soutien des secteurs les plus influents de l’institution religieuse.
Le dernier décret a été signé par Shlomo Aviner, un dirigeant spirituel du camp national religieux d’Israël ; Yosef Elyashiv, un rabbin senior ultra orthodoxe ; et Avigdor Neventzal, un rabbin de la vieille ville de Jérusalem.
Ces sentiments ont également trouvé écho chez Ovadia Yosef, ex grand rabbin d’Israël et dirigeant spirituel du Shas, un parti politique religieux important qui fait partie du gouvernement de Mr Netanyahou.
« Vendre à des non juifs même pour beaucoup d’argent n’est pas autorisé. Nous n’allons pas accepter qu’ils aient le contrôle sur nous ici » a dit récemment Mr Yosef.
Il y a deux mois Mr Yosef a expliqué la logique derrière ses points de vue et ceux de rabbins ayant le même état d’esprit.
« Les Non Juifs sont nés seulement pour nous servir ». Expliquant pourquoi Dieu a donné une longue vie aux Non juifs il a ajouté : « imaginez que votre âne meurt vous perdriez votre revenu. (L’âne) est votre serviteur… C’est pourquoi il - le Non Juif- a une vie longue pour bien travailler pour les Juifs ».
Les remarques faites par Mr Yosef contre les Juifs ont été reçues par les responsables israéliens et la plupart des médias par un silence respectueux. C’est au gouvernement des US et de l’ADL ( Anti Diffamation Ligue ) basée à New York qu’a échu la tache de les dénoncer publiquement. Abraham Foxman, directeur d’ADL*, a accusé les rabbins de diffuser des « idées haineuses semant la division ».
L’utilisation par les rabbins de la théologie en soutien à la discrimination raciale s’applique bien au-delà du domaine du logement.
Cet été, Yosef Elitzur et Yizhak Shapira qui dirigent un séminaire influent dans la colonie d’Yitzhar en Cisjordanie ont publié un livre « The King’s Torah » - « Le Torah du Roi » un guide de 230 pages pour dire aux Juifs comment ils doivent traiter les Non Juifs.
Les deux rabbins concluaient que les Juifs avaient obligation de tuer quiconque posait un danger, immédiat ou potentiel, au peuple juif, impliquant que tous les Palestiniens devaient être considérés comme une menace. Sur ces bases la paire de rabbins justifiait de tuer des civils palestiniens et même leurs bébés.
Le mois dernier Mr Shapira a aussi soutenu l’utilisation de Palestiniens comme boucliers humains un crime de guerre selon la 4ème Convention de Genève, et une pratique que la Court Suprême d’Israël a déclaré illégale.
Le livre « The King’s Torah « loin d’être condamné par les rabbins modérés a été accueilli dans un silence général et soutien enthousiaste d’un certain nombre de notables dirigeants religieux.
Arik Asherman, qui dirige Rabbis for Human Rights en Israël a dit que la montée de l’extrémisme de l’institution religieuse orthodoxe en Israël reflète l’atmosphère virant de plus en plus à l’extrême droite en Israël qui fait que c’est permis d’exprimer des points de vue ultra nationalistes.
Dans le climat actuel a-t-il dit les rabbins modérés répugnent à dénoncer leurs collègues. Un grand nombre de ces rabbins appartiennent aux mouvements conservateur et réformiste du Judaïsme qui ne sont pas officiellement reconnus en Israël.
« Le soutien religieux fourni à l’extrême droite politique par ces rabbins est dangereux. Cela rend leurs opinions plus acceptables » a-t-il dit.
Les sondages d’opinion reflètent cela car de nombreux Juifs israéliens expriment leur soutien pour des opinions anti arabes. Un sondage réalisé par l’Israeli Democracy Institute publié la semaine dernière montre que 46% des Juifs israéliens ne voulaient pas vivre auprès de citoyens arabes et 39% ressentaient la même chose vis-à-vis des travailleurs émigrés.
Même plus de 53% voulaient qu’on encourage les citoyens arabes à quitter Israël et la moitié croient que les Arabes ne devraient pas avoir les mêmes droits que les Juifs. C’est parmi le public religieux que les sentiments racistes sont les plus développés.
Pendant ce temps là, les procureurs israéliens ont fermé les yeux sur le refus de plusieurs de ceux qui ont endossé « The King’s Torah » de se présenter devant la justice dans le cadre d’une enquête. « Notre torah sacrée ne doit pas être le sujet d’une enquête ou d’un procès de chair et de sang » ont dit les rabbins.
Finalement l’institution rabbinique promeut de plus en plus ouvertement sa vision d’un état juif répondant à la loi religieuse selon Zvi Barel un commentateur du quotidien israélien Haaretz. Il a écrit récemment que :
« Eux et leurs supporters transforment le fondamentalisme des zélotes en courant dominant via leur livre honteux « The King’s Torah »
La tendance générale vers l’extrémisme ne s’est pas développée par hasard selon Rafi Rachelevsky un écrivain israélien de renom critique du rabbinat orthodoxe. Les caisses de l’état d’Israël paient les salaires de certains de ces rabbins extrémistes et l e ministère de l’éducation tombe régulièrement sous le contrôle politique des partis religieux comme celui du Shas.
Mr Shapira, qui prône de tuer les bébés non juifs reçoit de vastes sommes d’argent du ministère de l’éducation pour sa yeshiva - - un séminaire où il répand son message de haine. Les étudiants religieux reçoivent aussi des aides supplémentaires dont ne peuvent bénéficier les étudiants normaux pour encourager leurs études dans ces yeshivas.
Les rabbins exercent leur influence sur les plus jeunes et aussi les plus impressionnables. Quand la nouvelle année scolaire a démarré en Septembre on a comptabilisé que 52% des enfants juifs en primaire fréquentent des écoles religieuses.
Mr Rachelevsky fait remarquer qu’on enseigne aux écoliers dans certaines des écoles les plus religieuses que les Juifs sont au dessus de la nature qui comprend 4 catégories :
« l’inanimé » « le végétal » « l’animal » et les »détenteurs de la parole» - - or les Non Juifs y sont considérés tout au plus comme des animaux parlants
Jonathan Cook 10-12/12/2010
Article en anglais
Jonathan Cook est écrivain et journaliste base à Nazareth. Ces derniers livres : “Israel and the Clash of Civilisations: Iraq, Iran and the Plan to Remake the Middle East” (Pluto Press) et “Disappearing Palestine: Israel's Experiments in Human Despair” (Zed Books). Son site internet www.jkcook.net.
*L’ADL est une officine sioniste - l’équivalent américain en beaucoup plus puissant du CRIF en France - qui fait la chasse à tous les anti sionistes les accusant d’être « antisémites ». Ce que Foxman fait là c’est du « dommage control » sachant les répercussions extrêmement négatives des dérives théocratiques fascistes du régime sioniste pour « l’image de marque » d’Israël à l’étranger.
Ces décrets sont les signes avant coureurs du durcissement de ce type de Fascisme qu’est le Sionisme. Et quand Foxman parle de «division» ce n’est pas entre Juifs et Non Juifs mais entre Juifs et Juifs. Bref ce qu’il défend c’est le Judéo Sionisme dont il est l’un des adeptes des plus fervents.
Pour défendre le Sionisme -y compris en diffamant sous couvert d’anti diffamation- il a perçu un salaire de 563 024 $ en 2009 soit une augmentation de + 5,76% par rapport à 2008.
Défendre le Sionisme c'est payant non ?!  
Myriam Abraham

L'ONU appelle Israéliens et Palestiniens à reprendre en 2011 les pourparlers

14 décembre 2010
Le Coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, a reconnu mardi que les efforts visant à parvenir à un accord-cadre sur la question du statut final d'un Etat Palestinien d'ici un an, comme le souhaitaient en septembre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, se heurtaient désormais à de sérieux obstacles.
Devant le Conseil de sécurité, réuni pour faire le point sur la situation au Moyen-Orient, Robert Serry a rappelé que les États-Unis avaient « abandonné leurs efforts pour obtenir une reprise des pourparlers directs, après le refus d'Israël de proroger le gel de la colonisation ». « Le Président de l'Autorité palestinienne a réaffirmé qu'il ne participerait pas à des négociations directes tant qu'Israël n'aura pas cessé ses activités liées à l'implantation de colonies de peuplement », a-t-il insisté.

Après avoir rappelé que l'administration américaine estimait qu'une « stratégie nouvelle pour le Moyen-Orient était nécessaire », Robert Serry a indiqué que « des pourparlers directs avec chaque partie sur la question du statut final » étaient déjà engagés.

« Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, attend des parties qu'elles y participent de manière sérieuse », a-t-il indiqué, avant de précisé qu'il continuerait aussi « à œuvrer aux côtés des autres membres du Quatuor - États-Unis, Fédération de Russie et Union européenne - et des partenaires régionaux et internationaux, pour la réalisation de la solution à deux États, gage d'une paix complète et durable dans la région ».

A propos de la colonisation israélienne, Robert Serry a rappelé que ces activités étaient « contraires aux principes du droit international, des engagements pris en vertu de la Feuille de route et de la position exprimée par le Quatuor ». Il a appelé Israël à « respecter ses obligations en gelant toutes ces activités », avant de demander aussi « le démantèlement des points de passage érigés depuis mars 2001 » en Cisjordanie.

Le Coordonnateur de l'ONU a ensuite abordé la situation humanitaire à Gaza, estimant que la communauté internationale devait « poursuivre ses efforts pour y améliorer les conditions de vie » des Palestiniens. S'il a aussi salué « la décision, prise le 8 décembre par Israël, d'autoriser les exportations à partir de Gaza », qualifiant cette reprise de « déterminante pour relancer l'économie de Gaza et son secteur privé légal », Robert Serry a toutefois demandé que les volumes de marchandises palestiniennes autorisées à l'exportation augmentent.

S'agissant ensuite des marchandises pénétrant dans la bande de Gaza, il a regretté que « le nombre de camions entrés dans le territoire depuis l'été ait baissé » et a exhorté les autorités israéliennes « à autoriser la fourniture des quantités de matériaux de construction nécessaires à la reconstruction, en particulier des écoles de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) d'ici à la fin de l'année ».

« Le calme doit être maintenu à Gaza », a-t-il poursuivi devant le Conseil, avant de condamner d'une part les tirs de roquettes contre Israël à partir de Gaza, et d'appeler d'autre part Israël à la retenue dans ces réponses. Robert Serry a en particulier demandé aux deux parties de protéger les civils et de respecter le droit international humanitaire. 
Lien 

Le groupe international des sages: Les colonies israéliennes sont illégales

13 Déc 2010
Cisjordanie / Le groupe international des sages a affirmé que les colonies israéliennes sont illégales, soulignant la nécessité de mettre fin à toutes les activités colonialistes dans tous les territoires palestiniens occupés, dont al-Qods.
Dans un communiqué publié aujourd'hui, le groupe international des sages a demandé aux autorités de l'occupant israélien de lever son blocus injuste illégal et inhumain sur Gaza et de mettre fin à la destruction et à la confiscation des maisons palestiniennes à al-Qods et en Cisjordanie.
Le groupe des sages a indiqué que le processus de paix au Moyen-Orient n'avait pas réalisé la paix /20/ ans après son lancement, soulignant l'opportunité de réévaluer la méthodologie des négociations après l'échec des Etats-Unis d'obliger Israël à geler partiellement la colonisation.
Le groupe des sages a appelé au lancement de nouveaux efforts basés sur la loi internationale et le respect des droits de l'homme pour établir un Etat palestinien et traiter toutes les questions.

A. Chatta / R. Bittar

La Ligue Arabe se réunira demain pour discuter du virage de la politique américaine en ce qui concerne la colonisation israélienne

14 Déc 2010
Le Caire /  La ligue Arabe a réitéré aujourd'hui son refus du retour aux négociations entre Israël et l'autorité palestinienne à l'ombre de la persistance de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés.
"Les négociations à l'ombre de la poursuite de la colonisation est une perte de temps et assure une couverture aux mesures israéliennes", a indiqué le secrétaire général adjoint de la Ligue Arabe pour les affaires de la Palestine et des territoires arabes occupés, M. Mohammad Sobeih, affirmant que négocier à l'ombre de la colonisation est chose inacceptable.
M. Sobeih a annoncé à cette occasion que le comité arabe de suivi se réunira demain pour discuter du virage de la politique américaine en ce qui concerne la question de la colonisation israélienne.
Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à se mettre face à la politique israélienne dangereuse qui menace la sécurité et la stabilité dans le monde, à l'instar de la position qu'elle avait adoptée à l'égard de l'apartheid en Afrique du sud et qui avait amené la chute de ce régime raciste. 
Gh.H.
Lien

Gaza, barbarie biblique ou de l’extermination sacrée et humanisme coranique, de Mohamed Talbi

Monde Arabe - 14-12-2010
Par Youssef Girard

Mohamed Talbi est agrégé d’arabe, spécialiste de l’histoire musulmane médiévale, ancien doyen de l’Université de Tunis 
Spécialiste de l’histoire de la civilisation islamique classique (1), l’historien tunisien Mohamed Talbi vient de publier un ouvrage portant sur les origines religieuses des contradictions existant entre l’Occident et le monde musulman. Publié en Tunisie, peu de lecteurs vivant en France auront sans doute l’occasion de pouvoir lire cet ouvrage difficilement trouvable dans les librairies de l’hexagone. Pour cette raison, nous avons décidé d’en faire un compte-rendu détaillé qui permettra aux lecteurs français de se faire une idée sur cet ouvrage en attendant qu’il soit distribué en France. En raison de son contenu, nous doutons fort que cela arrive avant longtemps.
En effet, dans son ouvrage, Mohamed Talbi ne respecte pas la « règle » implicitement instituée du « dialogue » voulant, qu’en France, un Arabe ou un musulman ne prenne la parole ou la plume publiquement que pour s’excuser et se renier. L’ouvrage de Mohamed Talbi étant aux antipodes de cette posture, il y a fort à parier que la conjuration du silence l’entoure malgré la notoriété de son auteur.
Dans son étude, Mohamed Talbi recherche les origines religieuses de la violence exercée par l’Occident contre le monde musulman en remontant aux textes bibliques et à l’histoire longue du judaïsme et du christianisme. Mais plus qu’un livre d’histoire religieuse, l’ouvrage de Mohamed Talbi est avant tout une œuvre de combat écrite dans un monde en guerre. « Cet ouvrage, écrit-il, s’inscrit donc dans une longue tradition de constante confrontation, qui avait souvent dégénéré en affrontements armés » (2). La confrontation, Mohamed Talbi entend la mener sans concession contre « ceux qui envahissent nos terres, tuent nos femmes et nos enfants, nous méprisent, nous haïssent et nous avilissent » (3).
L’affrontement repose sur l’aversion que l’Occident a développée envers l’islam depuis sa naissance au VIIème siècle. Hormis quelques exceptions, écrit Mohamed Talbi, « tout ce qu’écrit le Judéo-Christiano-Orientalisme, auquel il faut ajouter aujourd’hui le Désislamisme, coule nécessairement de la même source : la haine pour l’imposteur et abominable Mahomet, et pour son abject Alcoran, livre de violence et de malfaisance ». Cette thèse n’étant en rien scientifique, elle s’explique par « la haine pour l’abominable Mahomet, sur lequel la pseudo science de nos contradicteurs a jeté toutes les ordures de la terre » (4). De plus, l’hostilité occidentale envers l’islam est renforcée par le fait que la religion du Prophète est la seule force morale qui a permis aux peuples de la rive sud de la Méditerranée, de s’opposer victorieusement à l’Occident depuis environ 2500 ans. Les considérations théologiques et la résistance politique et militaire construite à partir de l’islam expliquent l’hostilité de l’Occident envers la religion musulmane (5).
En raison de l’aversion qui anime l’Occident, Mohamed Talbi ne cherche pas à le convaincre mais à « avertir notre Umma pour qu’elle comprenne l’histoire, dont l’actualité n’est que le prolongement, et pour qu’elle réagisse en conséquence » (6). L’historien appelle à cette réaction car « on ne respecte que ceux qui se font respecter. Nos peuples ne se feront respecter que par leur jihâd, leur effort de libération des puissances du Mal » (7). Dans cette perspective, Mohamed Talbi rappelle l’histoire et confronte les grands textes religieux – la Bible et le Coran – en appliquant les méthodologies propres à sa discipline de formation et en refusant les interprétations orientalistes.
S’il s’adresse à un public spécifique, Mohamed Talbi assume sa subjectivité en se présentant comme un homme parlant depuis un espace déterminé : le Maghreb qui a été victime de la colonisation française agissant au nom des valeurs civilisatrices de l’Occident. Cependant, l’historien affirme qu’aujourd’hui, c’est Gaza qui est « en première ligne » (8) pour affronter l’Occident en mission civilisatrice. En raison de cela, il a intitulé son ouvrage Gaza bien qu’il ne porte pas spécifiquement sur ce territoire de Palestine.
Selon Mohamed Talbi, cette mission civilisatrice n’est que la continuité de la mission sacrée proclamée par le Saint-Esprit au Concile de 680, qui visait à éradiquer l’islam, dont le Prophète fut considéré comme l’Anti et l’Antéchrist. Le Prophète Mohammed était décrit comme un apôtre de la violence. Malgré le temps, ce Concile n’est pas caduc car aucun concile ne peut contredire un autre concile. Tout concile dit la Vérité Absolue sous la garantie du Saint-Esprit. Il est donc vain d’attendre que le christianisme change d’attitude envers l’islam. Récemment encore, une fervente chrétienne, « spécialiste » de l’islam, a publié un réquisitoire contre le Prophète, dont toute l’action ne serait que violence et haine, directement inspiré du Concile de 680 dans la revue catholique La Nef (9). L’Occident n’abandonnera pas sa mission de lutte contre l’islam car elle est profondément enracinée dans son anthropologie culturelle qui puise directement sa source dans la Bible, « Ancien » et « Nouveau » Testament. Ainsi, « toutes les guerres de l’Occident judéo-chrétien contre l’Islam, si elles sont politiques, sont toutes à infrastructure religieuse sous-jacente, structurante et motivante » (10).
Après les indépendances politiques des pays musulmans colonisés, le christianisme a reformulé sa politique dans le sens du « dialogue », notamment l'Église catholique après le Concile de Vatican II en 1964. Cela n’est qu’un leurre pour Mohamed Talbi : « ses missionnaires ne firent que changer leurs fusils d’épaule » (11). Le dialogue n’était qu’une « nouvelle tactique » car « les Églises n’avaient pas changé de stratégie et de but. Elles avaient seulement changé de tactique. Le but est le même : l’Islam est un Mal en Soi ; il doit disparaître […]. Son livre, Alcoran, est un Appel à la Violence perpétuelle et au terrorisme » (12).
Ce fond anthropologique qui détermine la politique occidentale, fait que le monde musulman ne doit rien attendre d’un dirigeant occidental se présentant comme un homme de « dialogue » à l’instar de Barak Obama. Bien plus, il doit rester sur ses gardes car « l’américain se croit missionné pour lutter contre le Mal. Il a une mentalité de croisé fortement imprégné de culture biblique » (13). Cette culture biblique qui qualifie Ismaël, l’ancêtre des Arabes, « d’âme sauvage » contre qui « la main de tous » (14) est dirigée, est à la base de l’aversion des Etats-Unis pour le monde arabo-islamique qui incarne le Mal de par son origine même. Elle est aussi au fondement du génocide des Amérindiens et de la réduction en esclavage des Africains et de leurs descendants. Pour Mohamed Talbi, « la culture belliqueuse et inhumaine de l’Amérique est dans son histoire et sa religion ; elle est née dans la Bible » (15). Comme celle de ses prédécesseurs, la politique de Barak Obama n’est que la mise en forme de cette culture belliqueuse fondée sur la Bible.
Après avoir déterminé ce cadre d’analyse orientant sa réflexion, Mohamed Talbi traite plusieurs points conflictuels de l’histoire politique et religieuse de l’Occident de culture biblique, et du monde musulman de culture coranique.
Tout d’abord, il analyse l’affaire des Banu Qurayzha (16) qu’il qualifie de « première agression biblique » contre l’islam naissant (17). Mohamed Talbi s’arrête particulièrement sur ce fait de guerre, « somme toute mineur par ses proportions », car il est utilisé par la « pseudo science » orientaliste afin de salir l’image du Prophète et de l’islam et pour couvrir les innombrables crimes de l’Occident envers les juifs. L’historien affirme que les Banu Qurayzha ont été « victimes de leur intelligence avec l’ennemi et de leur haute trahison en état de guerre » en s’alliant avec les Mecquois contre les Médinois alors qu’ils avaient signé un pacte, avec les musulmans et les païens, les engageant à défendre Médine contre toute agression. En 627, cette trahison faillit provoquer l’anéantissement de Médine et de l’islam par les armées mecquoises qui buttèrent finalement sur un fossé (khandaq) creusé autour de la ville.
A la suite de cette trahison, le Prophète Mohammed déclara la mobilisation générale contre la forteresse où étaient retranchés les Banu Qurayzha. Après vingt-cinq jours de siège, ils offrirent de se rendre à condition de pouvoir choisir l’arbitre qui prononcerait la sentence à leur égard. Le Prophète accepta. Ils choisirent Saïd Ibn Mu’adh qui affirma qu’il fallait appliquer aux Banu Qurayzha leur propre loi biblique. Cette loi qui prévoit l’exécution des hommes, femmes, enfants exceptées les filles vierges réduites en esclavage, ne fut que partiellement appliquée par des Médinois sortant d’une bataille ayant failli provoquer leur anéantissement du fait de la trahison des Banu Qurayzha. Ayant restitué les faits dans leur contexte, Mohamed Talbi conclut en expliquant qu’il est inutile de répondre à la « pseudo science » orientaliste, dont le but est de dénigrer l’islam.
Après avoir rappelé l’histoire de l’islam naissant, Mohamed Talbi s’intéresse aux textes bibliques et à leurs implications politiques. Il part d’une critique des thèses de l’historien Victor Davis Hanson et du politologue Samuel Huntington qui fondent « le racisme culturel » et justifient « l’extermination des peuples jugés inférieurs » mais qui sont en tous points conformes « à la Bible qui a façonné l’homme occidental » (18). Pour Mohamed Talbi, derrière la façade de l’analyse politique et universitaire ou du droit international, « se tapit la vieille agressivité biblique anti-islamique » (19). Cette « vieille agressivité » s’appuie sur le concept biblique de « guerre sainte » (20) qui ordonne de supprimer « tous les peuples » que Yhwh livra à son peuple, « sans s’attendrir sur eux » (21). Peu importe que l’historicité de ces récits soit aujourd’hui contestée car Mohamed Talbi les étudie comme des textes fondateurs d’une culture qui détermine une politique depuis plusieurs siècles. Ils constituent avant tout le socle anthropologique de la culture et de la politique occidentale.
Ces mêmes textes bibliques sont à l’origine de la politique sioniste de colonisation de la Palestine. Ils constituent le soubassement religieux de l’épuration ethnique menée par les colons sionistes qui se perpétue depuis plus de soixante ans. La Bible appelle à « prendre possession » de la Palestine et à chasser les « nations nombreuses » (22) avec l’aide de Yhwh qui jettera une panique « jusqu'à ce qu’elles soient exterminées » (23). Ces textes bibliques, qui ne nous laissent « d’autre choix que la confrontation » en raison de leur caractère exclusiviste et belliqueux, n’offrent d’autre alternative que l’« asservissement des peuples ou leur anéantissement » (24).
Ce caractère exclusiviste et belliqueux est lié à la conception singulière de la divinité biblique, Yhwh, définie comme l’Elohim exclusif des enfants d’Israël et non comme le Dieu de tous les hommes. Ceux qui sont « appelés avec mépris les goïms », ont leurs propres Elohim. Au commencement de la création, Yhwh garda auprès de lui « son Peuple » et abandonna la « lie de l’humanité » aux autres Elohim (25).
La conception d’une divinité exclusive aux enfants d’Israël se retrouve dans différents récits bibliques. Après le déluge, le Noé biblique maudit Canaan car son père, Cham, eut le malheur de voir la nudité de son père Noé. Canaan fut ainsi condamné à être le serviteur des frères de Cham, Japhet et Sem qui est considéré comme l’ancêtre des enfants d’Israël (26). Par la suite, selon la Bible, les descendants de Canaan habitaient entre Sidon et Gaza, c’est-à-dire en Palestine, au moment où Abraham, venant du pays d’Ur, s’établit parmi eux.
Sortant d’Egypte sous la direction du Moïse biblique, les enfants d’Israël s’opposèrent aux Cananéens qui habitaient la Palestine. Les Cananéens, dont l’ancêtre éponyme avait été condamné à la servitude, n’avaient de choix qu’entre « l’asservissement et l’extermination » (27). Sous la conduite du Moïse biblique, puis sous celle de Josué, le peuple d’Yhwh extermina les Cananéens et asservit les survivants. Cette extermination n’est pas qu’un simple « fait de guerre » mais un ordre divin qui détermine les lois de la guerre selon la Bible. Ainsi, Yhwh ordonne que la population de la ville éloignée qui se soumettra sans résister soit asservie et que celle qui opposera une résistance, soit frappée « au tranchant de l’épée ». Les femmes, les enfants, le bétail et toutes les richesses seront gardés comme butin. En revanche, dans les villes données comme patrimoine par Yhwh à son peuple, il ne doit « subsister aucun être vivant » (28). Le Moïse biblique obéit à Yhwh et voua à « l’interdit », c’est-à-dire à l’extermination puis à un rituel « sacré » de « purification », les Cananéens et leurs villes (29). Peuple maudit après le déluge, l’extermination des Cananéens s’explique.
Cependant, « l’extermination sacrée » ne s’arrêta pas aux seuls Cananéens. Sur ordre d’Yhwh, le Moïse biblique s’attaqua au peuple de sa femme Cippora qui l’avait pourtant sauvé auparavant. Contre Madian, il envoya donc ses troupes qui « tuèrent tous les hommes ». Ses troupes firent prisonnières toutes les femmes avec leurs enfants et enlevèrent leurs biens et leurs troupeaux. Toutes les villes et tous les campements de Madian furent incendiés. Mais voyant revenir ses troupes avec les prisonnières et leurs enfants, le Moïse biblique leur reprocha de les avoir laissés en vie. Sur son ordre, tous les garçons et toutes les femmes furent exécutés alors que les filles vierges furent asservies (30).
Si l’action du Moïse biblique est impitoyable, pour Mohamed Talbi, Josué incarne véritablement « le plus grand criminel de guerre de toute l’histoire de toute l’humanité » (31). Cela fit de lui une sorte de modèle pour l’ensemble de l’Occident. Après la mort du Moïse biblique, Josué prit la tête des fils d’Israël sur commandement de Yhwh qui lui donna toute la terre comprise entre le désert et le Liban jusqu’à l’Euphrate (32). Pour mettre en œuvre cette donation, Yhwh commanda, par l’entremise de Josué, la spoliation et l’extermination des peuples vivants en Palestine. La Bible décrit cette guerre comme se faisant directement sous les ordres d’Yhwh, « son épée dégainée à la main » (33). Durant cette guerre, les fils d’Israël prirent Jéricho qu’ils vouèrent à l’interdit en passant tous les habitants « au tranchant de l’épée » et en incendiant la ville, sauf les richesses qu’ils offrirent à la maison de Yhwh (34).
Après une première défaite contre Aï, car Yhwh avait refusé de se battre du fait de la désobéissance d’un fils d’Israël, la conquête reprit. Sous le commandement d’Yhwh, les fils d’Israël prirent Aï et y mirent le feu. Les habitants de la ville, même ceux qui fuyaient, furent totalement exterminés alors que les fils d’Israël s’accaparèrent leurs biens. La Bible donne le chiffre de douze mille morts (35). La conquête de la Palestine continua avec son lot de massacres et d’exactions. Au total, Josué affirme qu’Yhwh avait tué pour lui trente-trois rois dont les peuples avaient été massacrés (36). La Palestine fut totalement vidée de ses habitants hormis les Gabaonites qui survécurent en se faisant passer pour des étrangers. Toutefois, ces derniers furent réduits au statut de serviteurs pour la maison d’Yhwh et pour les fils d’Israël (37).
Si les fils d’Israël dirigés par Josué prirent la Palestine en mettant en place une politique de purification ethnique, leurs ambitions territoriales ne sauraient se limiter à ce territoire. Yhwh, l’Elohim exclusif des fils d’Israël, leur a donné un territoire plus vaste compris entre les fleuves du Nil et de l’Euphrate au moment de conclure l’Alliance avec l’Abraham biblique (38). Cela pouvant servir de motivation et de justification à bien des politiques belliqueuses et expansionnistes. Ces récits bibliques déterminent quelques grandes lignes du rapport à la guerre et à la violence que propose l’« Ancien Testament » des chrétiens.
Contrairement à ce qui est parfois soutenu par certains chrétiens, Mohamed Talbi affirme que ce rapport n’est pas sensiblement différent dans le « Nouveau Testament », l’Evangile, qui d’ailleurs n’abolit pas l’ancien. Au contraire, les deux textes s’inscrivent dans la même filiation. Son statut de fils de Dieu, fixé au Concile de Nicée en 325, fait de Jésus un dieu antique ayant une généalogie divine car le christianisme est en premier lieu une hérésie juive teintée d’hellénisme, un « judéopaganisme ». Mais le Dieu père de Jésus n’est autre que Yhwh, ce qui crée un lien direct entre eux. Et sur le plan de la violence et de la guerre, Jésus est l’héritier de son père, Yhwh (39) .
Au niveau du rapport entre les fils d’Israël et les chrétiens, les liens entre deux entités ne doivent pas être compris en termes d’héritage mais en termes de « remplacement ». Dans la tradition chrétienne, en crucifiant le Dieu fait homme, Jésus, les fils d’Israël, devenus peuple déicide, ont rompu l’Alliance les liant avec Yhwh.
Transformés en Nouvel Israël, les chrétiens se sont approprié l’Alliance et la Bible mais le Dieu-Trine du christianisme (le Père, le Fils et le Saint Esprit) a remplacé Yhwh. Dans cette perspective, la postérité d’Abraham ne se veut plus charnelle mais s’incarne dans celles et ceux qui croient Jésus fils de Dieu ; désormais le Verus Israël. Ainsi, le christianisme a confisqué ce qu’il nomme l’« Ancien Testament » et s’est substitué aux fils d’Israël. Le Verus Israël en confisquant l’« Ancien Testament » incorpore à son éthos la violence mise en œuvre par l’Israël « déchu » (40).
L’Apocalypse présente le Jésus du christianisme comme un agneau « qui se dressait, qui semblait immolé et qui avait sept cornes et sept yeux » (41). Cet agneau à cornes explique ses intentions belliqueuses : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » (42). Cette violence se fondait sur l’imposition d’une rupture au sein même des familles entre partisans et non-partisans, assimilés à des adversaires (43) de Jésus : « on aura pour ennemis les gens de sa maison » (44). Cependant, contrairement à la religion des fils d’Israël, celle du Jésus du christianisme s’adressait à tous les hommes. Ses apôtres, et derrière eux ses missionnaires, furent chargés d’évangéliser la terre, par des « langues de feu » (45) et par la « force » (46), avec la présence active de Jésus à leurs côtés « jusqu’à la fin des temps » (47). Comme Yhwh était présent et exerçait la violence aux côtés de Josué, le Dieu-Trine est présent et exerce la violence aux côtés de ses apôtres. La seule différence est que le Dieu-Trine n’exerce pas uniquement sa violence contre un ennemi de l’extérieur mais qu’il l’apporte au cœur même de la société en opposant les membres d’une même famille.
La violence sacrée de la Bible ne s’est pas arrêtée au moment du récit biblique mais elle a profondément imprégné la culture occidentale qui en a fait le principal socle anthropologique de sa politique. Cette violence est au cœur de l’action de l’Occident depuis maintenant 2000 ans. Avec le Concile de Nicée en 325 naquit, selon Mohamed Talbi, la « théologie de la domination » dans l’esprit de Josué. Par la suite, c’est par des « conquêtes à la Josué » que l’Occident conquit et domina le monde (48). La politique impérialiste de l’Occident a été enfantée et légitimée par la violence biblique qui constitue son subconscient. « Extermination ou asservissement, écrit Mohamed Talbi, tout le Josuïsme yahviste et christique est là, et il fait la politique affichée ou sous-jacente selon les circonstances, de l’Occident nourri de la Bible » (49).
Au-delà des multiples exemples historiques donnés par Mohamed Talbi de cette politique occidentale « à la Josué », l’historien tunisien s’arrête sur deux justifications « théoriques » de la violence biblique dans le monde actuel : celle formulée par l’historien Victor Davis Hanson ; l’autre par sa Sainteté Benoît XVI. Ces deux justifications « théoriques », qui sont aussi des attaques contre l’islam, ne se placent pas sur le même plan puisque la première se veut une analyse historique alors que la seconde se situe dans le cadre de la théologie chrétienne.
Historien américain spécialiste de la guerre, Victor Davis Hanson explique la prédominance occidentale, depuis l’antiquité jusqu’à aujourd’hui, par sa supériorité dans le « carnage », qui elle-même s’explique par sa supériorité culturelle, créant ainsi un lien direct entre massacre et culture dans la pensée occidentale. Refusant de se placer sur le plan de la « morale », Hanson met en évidence « la singulière capacité meurtrière de la culture occidentale dans la guerre en comparaison d’autres traditions apparues en Asie, en Afrique et aux Amériques » (50). Selon lui, la question est de savoir « pourquoi les Occidentaux ont été si habiles à se servir de leur civilisation pour en tuer d’autres » (51) ? Pour réponse, il évoque : « La culture dans laquelle se battent les soldats » (52). La culture de l’Occident est donc à la base de sa capacité à exterminer et à asservir les autres ce qui n’est nullement condamnable pour Victor Davis Hanson. Au contraire, il affirme que l’Occident doit perpétuer cet héritage culturel de la violence, « la guerre à l’occidentale », pour préserver son hégémonie.
La justification de Benoît XVI analysée par Mohamed Talbi a été explicitée lors du discours de Ratisbonne, prononcé le 12 septembre 2006. Le Régent du Christ sur le trône papal, sa Sainteté Benoît XVI, y a affirmé que « Mahomet » n’avait apporté au monde que « des choses mauvaises et inhumaines » (53), ce qui est la position officielle de l'Église depuis le Concile de 680. Contre ce mal, il devient implicitement nécessaire et légitime de lever le « glaive » du Christ. De fait, malgré les critiques que ce discours a suscité, surtout chez les musulmans, Mohamed Talbi n’y voit rien d’autre que la continuité de la politique historique de l'Église visant à combattre l’islam et à injurier son Prophète. Pour l’historien, il est illusoire de penser que Benoît XVI tienne un autre discours. Il est donc totalement vain d’espérer que l'Église puisse changer de ligne politique car celle-ci ne dépend pas d’évènements contingents mais appartient au socle anthropologique de sa culture.
Ces justifications « théoriques » sont aussi des appels à une violence redoublée afin de détruire un adversaire insoumis. La plume, note Mohamed Talbi, prépare le passage à l’acte du « glaive » du Christ : « Elle chauffe les esprits pour engager les agressions sur le terrain, et pour les justifier » (54). Dans cet échauffement des esprits, l’Occident est appuyé par les « désislamisés » pour qui l’islam est une « maladie » et une « malédiction » ayant frappé le monde. « Aujourd’hui donc, écrit Mohamed Talbi, le Désislamisme, enfant naturel de l’Orientalisme judéo-chrétien, endosse les mêmes thèses et participe activement à la croisade intellectuelle contre l’Islam de la foi et du culte, par cynique litote appelé islamisme » (55). Les « désislamisés » permettent de créer en Occident un large consensus, contre l’islam et sa civilisation, propice à promouvoir et à justifier toutes les agressions. Contre les « désislamisés », Mohamed Talbi appelle les musulmans à « éviter de tomber dans le piège des complexes destructeurs de la personnalité, ou dans la névrose de l’hystérie » (56).
Si l’analyse et la critique de la politique occidentale et de ses fondements culturels constituent une grande partie de l’ouvrage de Mohamed Talbi, ce livre, qui s’adresse à la communauté musulmane, contient aussi des propositions pour apporter des réponses au défi occidental et aux déficiences du monde musulman colonisable. Dans ce cadre, Mohamed Talbi rappelle la centralité de la justice sociale en islam car il ne peut y avoir de « service d’Allah sans service des hommes » (57). Il insiste sur l’importance du troisième pilier de l’islam, la zakat, impôt social purificateur, qui est destinée à assurer la solidarité entre les différents membres de la communauté musulmane et humaine. Il distingue nettement la zakat de l’aumône chrétienne car elle est « une obligation de droit » prélevée sur « des imposables de droit, au profit des ayants-droits » (58). En raison de cela, il qualifie la zakat de « réforme universellement révolutionnaire instituant la justice sociale » (59).
Mohamed Talbi critique aussi l’incapacité d’un monde musulman miné par les divisions à « régler la question de la prise du pouvoir et de son exercice par soumission au principe de la Loi de la Shûra » (60). Il impute cette incapacité aux premières générations de l’islam (salaf), dont le modèle inspire toujours nombre de musulmans qui refusent l’analyse critique de cette période historique. Selon Mohamed Talbi, il faut « désanctifier le Salaf et revenir à la Parole d’Allah » (61), c’est-à-dire au Coran. Dans cette perspective, il appelle à un « sérieux examen critique » du patrimoine islamique « avec le Coran comme critère » (62), notamment en ce qui concerne le rapport à la guerre, à la violence et à la représentation du monde divisé en « maison de l’islam » (dar al-islam) et « maison de la guerre » (dar al-harb). Cette représentation du monde, forgée dans les premiers siècles de l’islam pour analyser un environnement géopolitique, n’ayant pas de fondements coraniques et n’étant plus adaptée à la compréhension du monde contemporain, Mohamed Talbi appelle à l’abandonner définitivement.
Concernant la question du jihad et de la guerre, Mohamed Talbi rappelle en premier lieu que le Prophète Mohammed a été envoyé par Allah le Clément et le Miséricordieux comme « Miséricorde pour les univers » (63). Il rappelle aussi que le jihad, « s’il a pris sous le poids des contextes et des circonstances la forme de la guerre », n’est pas « en soi guerre » et que littéralement le mot signifie « effort maximum pour accomplir une obligation, ou atteindre un but légitime » (64). La résistance à une agression ou à une invasion peut rentrer dans ce cadre mais elle est loin d’être son unique objet. « Aucune guerre n’est sacrée ou sainte dans le Coran » (65), affirme l’historien. De fait, le jihad est sans rapport avec la « guerre sacrée » biblique dont le but est la soumission ou l’extermination à l’instar de celle menée par Josué. Selon Mohamed Talbi, si le terme jihad est déformé et discrédité en Occident, c’est parce qu’il « donne aux agressés la force morale pour résister avec succès […] aux agresseurs seuls munis des armes d’extermination massive » (66).
Mohamed Talbi détermine sa position vis-à-vis des problèmes de la violence et de la guerre en fonction de la nécessité de faire face à un adversaire et de riposter à une agression. Il refuse la position purement « pacifiste » qui serait une lâche capitulation face à l’adversité. En cela, il se réfère au Coran qui autorise « ceux qui ont été attaqués, car ils sont victimes d’injustice » (67), à riposter. Afin d’avoir à éviter de résister à une agression, Mohamed Talbi appelle le monde musulman à créer une force dissuasive capable de décourager toute velléité d’attaque car « l’homme n’a jamais su inventer rien d’autre de vraiment efficace pour se protéger » (68). Ce principe, il le tire du Coran qui appelle les musulmans à dissuader leurs adversaires de les agresser en préparant « tout ce que vous pouvez réunir d’armement et de chevaux constamment en alerte, pour dissuader l’ennemi » (69). Toutefois, Mohamed Talbi note qu’actuellement aucun pays musulman n’est véritablement en mesure de constituer une force dissuasive capable de décourager toute agression occidentale. En raison de cette incapacité, il incite à « résister sans faillir aux agressions, quel que soit le déséquilibre des forces » car « il ne faut jamais baisser la garde lorsque la dignité et la justice sont en jeu » (70).
En conclusion de son ouvrage, Mohamed Talbi affirme que la communauté musulmane, « communauté médiane, pour témoigner envers les hommes » (71), a pour mission « d’humaniser le monde, de rappeler à l’homme qu’il est le Vicaire d’Allah sur le Planète Terre ». Dans cette perspective, le musulman doit promouvoir plus que la justice : la bienfaisance « pour tous les hommes de toutes confessions » (72) car tel est le message du Coran.
Servi par l’érudition indéniable de son auteur, l’ouvrage de Mohamed Talbi pose bien des questions d’ordre théologique, historique, anthropologique ou politique qui devraient suscitées débats, controverses et confrontations, si tant est que l’Occident, si prompt à transformer tout « dialogue » avec les Autres en tribunal, soit en mesure de discuter de ses forfaitures et de leurs fondements culturels. Certaines questions abordées mériteraient d’être développées et approfondies afin d’en faire une étude à peu près exhaustive. Toutefois, l’ouvrage de Mohamed Talbi sera d’un grand intérêt pour le musulman qui veut faire face aux défis du monde contemporain et singulièrement au défi occidental. Bien qu’il ne s’adresse pas à eux, cet ouvrage mérite d’être lu aussi par les occidentaux qui découvriront des pans de leur culture qu’ils refusent souvent de voir et d’analyser. En ce sens, le propos de Mohamed Talbi a un intérêt qui dépasse le cadre de la seule communauté musulmane à laquelle il s’adresse.
Parmi les questions ouvertes par l’ouvrage de Mohamed Talbi sur les fondements bibliques de la culture politique occidentale, il laisse en suspens celle de la réforme protestante et du rapport singulier qu’elle a créé entre les adeptes du protestantisme et le texte Biblique. Tunisien d’origine algérienne, Mohamed Talbi a, de par son expérience sensible, été principalement confronté à la « fille aînée de l'Église », la France, ce qui l’a sûrement poussé à porter son regard sur l'Église catholique. Toutefois, le protestantisme, en instaurant un rapport non-médiatisé au texte biblique et en accordant une plus grande place à l’« Ancien Testament », a développé une culture religieuse spécifique dans laquelle les communautés protestantes se sont souvent considérées comme un Nouvel Israël revivant les récits des Prophètes de la Bible. Cette culture religieuse les amena à mener des politiques conquérantes dans lesquelles les peuples colonisés étaient considérés comme les Cananéens de Palestine à l’époque de Josué (73). En conséquence, le protestantisme ne devrait-il pas faire l’objet d’une attention particulière de la part de ceux qui veulent comprendre les origines religieuses de la politique occidentale ?
De même, Mohamed Talbi ne se penche pas sur le mouvement de sécularisation qu’a connu l’Occident à partir de la Renaissance. L’une des conséquences de ce mouvement n’a-t-elle pas été de séculariser l’idéal missionnaire chrétien ? Il serait intéressant de comprendre ce qu’il y a de biblique dans la volonté d’exporter et d’imposer, par des « langues de feu » et par la « force », la culture et les valeurs occidentales à l’ensemble des peuples de la planète. Cette volonté se retrouve chez nombre d’auteurs occidentaux réputés laïcs, voire athées, de Montesquieu à Marx, en passant par Condorcet ou Hegel. En quoi les idéaux bibliques, soubassements de la culture occidentale, ont-ils déterminé leurs pensées ?
Enfin, pour les musulmans vivant en Occident, l'ouvrage de Mohamed Talbi pose implicitement la question de leur devenir dans un environnement façonné par une culture hostile qui, par le passé, s'est montrée particulièrement déterminée à éradiquer ceux qu'elle désignait comme ses ennemis. Aujourd'hui, l'islam et les musulmans sont au premier rang de ses ennemis désignés. Récemment, un couple de « spécialistes » de l'islam, qu'ils considèrent comme une religion à « vocation totalitaire », a affirmé, dans une revue catholique, qu'il n'est possible de « cohabiter » uniquement avec des musulmans ayant « opté pour une pure religion intériorisée » et que « l’Islam est bien le premier danger » pour l'Europe (74). Autrement dit, l'islam étant un danger, les musulmans pouvant être tolérés dans la société occidentale ne doivent être que ceux qui vivent de manière totalement dissimulée, baissant la tête et rasant les murs, comme les morisques d'Espagne durant l'Inquisition. Finalement, la seule alternative donnée aux musulmans serait d'être « exterminés » ou « asservis », à l'instar de ce qu’imposa Josué aux Cananéens. Cette sinistre alternative ne s'inscrirait-elle pas pleinement dans la tradition occidentale façonnée par la Bible ?

Notes de lecture :
(1) Né à Tunis en 1921, Mohamed Talbi a soutenu sa thèse de doctorat sur la dynastie Aghlabide à la Sorbonne. Cf. Talbi Mohamed, L'émirat aghlabide. 186-296, 800-909. Histoire politique, Paris, Ed. Adrien Maisonneuve, 1966
(2) Talbi Mohamed, Gaza, Barbarie Biblique ou de l’Extermination Sacrée Et Humanisme coranique, Tunis, Compte d’auteur, 2010, page 5
(3) Ibid., page 11
(4) Ibid., pages 5-6
(5) Ibid., page 115
(6) Ibid., page 7
(7) Ibid., page 9
(8) Ibid.
(9) Ibid., pages 151-152 – Cf. Laurent Annie, « L’islamisme dans l’histoire », La Nef, n° 92, mars 1999. Notons dans ce cadre que les « caricatures » danoises du Prophète qui ont fait tant parler d’elles, ne sont que la figuration du discours dominant en Occident sur l’abominable « Mahomet » depuis le Concile de 680.
(10) Ibid., page 13
(11) Ibid.
(12) Ibid., page 14
(13) Ibid., page 16
(14) Ibid., page 17 – Genèse, 16 : 12
(15) Ibid., page 19
(16) Tribu juive de Médine qui s’attaqua au Prophète et aux musulmans et qui fut défaite par les musulmans.
(17) Talbi Mohamed, Gaza, Barbarie Biblique ou de l’Extermination Sacrée Et Humanisme coranique, op. cit., page 24
(18) Ibid., page 30 – Cf. Hanson Victor Davis, Carnage et Culture : Les grandes batailles qui ont fait l’Occident, Paris, Ed. Flammarion, 2002 ; Huntington Samuel, Le choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 2000.
(19) Ibid., page 33
(20) Ibid., page 37 - Deutéronome, 20 : 1-20
(21) Ibid., page 39 - Deutéronome, 7 : 14-23
(22) Ibid., page 39 - Deutéronome, 7 : 1-5
(23) Ibid., page 40 - Deutéronome, 7 : 14-23
(24) Ibid., page 40
(25) Ibid., page 43 – Cf. Deutéronome, 32 : 8-9
(26) Ibid. – Genèse 24-27 – Notons que ce récit biblique permit de justifier théologiquement la traite négrière puisque Cham fut considéré comme un Noir ayant été condamné, depuis le temps de la Genèse, à servir les descendants de Japhet et de Sem.
(27) Ibid., page 44 – Cf. Deutéronome, 7 : 1-23
(28) Ibid., page 46 - Deutéronome, 20 : 1, 10-16
(29) Ibid., page 46 – Les nombres, 21 : 1-3 – L’extermination des Amérindiens ou des Aborigènes d’Australie fut préparée et justifiée par ces textes.
(30) Ibid., page 46 - Les nombres, 31 : 7-18
(31) Ibid., page 66
(32) Ibid., page 68 – Josué, 1 : 2-4
(33) Ibid., pages 70-71 – Cf. Josué, 5 : 13-14
(34) Ibid., page 71 – Cf. Josué, 6 : 20-21 ; 24 ; 26
(35) Ibid., pages 72-73 – Cf. Josué, 8 : 18-29
(36) Ibid., page 74 - Josué, 12 : 7-24
(37) Ibid., page 74 - Josué, 9 : 21-27
(38) Ibid., page 155 – Genèse, 15 : 18
(39) Ibid., page 49
(40) Ibid., pages 125-126
(41) Ibid., page 55 - L’apocalypse, 5 : 6
(42) Ibid. – Cf. Mathieu 10 : 34-39 ; 16 : 24-28
(43) « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ». Mathieu 12 : 30 ; Luc 11 : 23
(44) Talbi Mohamed, Gaza, Barbarie Biblique ou de l’Extermination Sacrée Et Humanisme coranique, op. cit., pages 55-56 – Cf. Mathieu 10 : 34-39 ; 16 : 24-28 ; Luc 12 : 51-53
(45) Ibid., page 61 – Actes des Apôtres 2 : 3
(46) Ibid., page 125 – « Force les gens à entrer », Luc 14 : 24
(47) Ibid., page 57 – Mathieu 28 : 16-20
(48) Ibid., page 77
(49) Ibid., page 78
(50) Ibid., page 90 – Cf. Hanson Victor Davis, Carnage et Culture : Les grandes batailles qui ont fait l’Occident, op. cit., page 9
(51) Ibid. - Cf. Hanson Victor Davis, Carnage et Culture : Les grandes batailles qui ont fait l’Occident, op. cit., page 18
(52) Ibid. - Cf. Hanson Victor Davis, Carnage et Culture : Les grandes batailles qui ont fait l’Occident, op. cit., page 20
(53) Ibid., page 97 – Benoît XVI citait avec approbation l’empereur byzantin Manuel II Péléologue (1391). Notons que Mohamed Talbi, dans une tribune parue dans Le Monde (22 septembre 2006), a défendu le droit de Benoît XVI à exprimer son opinion même s’il ne la partage pas.
(54) Ibid., page 133
(55) Ibid., page 131
(56) Ibid., page 148
(57) Ibid., page 177
(58) Ibid.
(59) Ibid., page 176
(60) Ibid., page 191 – Le terme shûra désigne le principe de consultation évoqué par le Coran (3 : 159 ; 42 : 38)
(61) Ibid., pages 191-192
(62) Ibid., page 193
(63) Ibid., page 195 – Coran 21 : 107
(64) Ibid., page 196
(65) Ibid., page 199
(66) Ibid., page 197
(67) Ibid., page 204 – Coran 22 : 39 – Dans un autre verset, le Coran affirme : « Combattez dans la voie d’Allah ceux qui vous combattent. Mais n’agressez pas. Allah n’aime pas les agresseurs ». Coran 2 : 190
(68) Ibid., page 206
(69) Ibid., page 207 – Coran 8 : 60
(70) Ibid., page 210
(71) Ibid., page 247 – Coran 2 : 143
(72) Ibid.
(73) Introduction à cette question cf. Taleb Mohamed, « Le sionisme chrétien comme dimension fondamentale du conflit israélo-arabe », Oumma.com, 28 novembre 2006.
(74) Urvoy Dominique et Marie-Thérèse, « L'Islam : « une vocation totalitaire » », La Nef, n° 196, septembre 2008

Les autorités israéliennes démolissent 7 maisons palestiniennes à Lydda

Palestine 48 - 14-12-2010

Par pls48 
Les équipes du ministère de l'intérieur israélien, escortées un grand nombre de policiers et de garde-frontières, ont rasé lundi sept maisons palestiniennes appartenant à la famille Abu Aid, à Lydda (Lod en hébreu, ndt), dans les territoires palestiniens de 1948, au prétexte qu'elles avaient été construites sans permis.
Les sources locales ont dit que les forces de police ont expulsé les habitants de ces maisons sous la menace de leurs armes et que les biens des citoyens avaient été emportés dans de grands containers vers un lieu inconnu.
Les témoins ont dit que les policiers ont jeté dehors les femmes, les enfants et les personnes âgées malgré le temps orageux et le froid extrême.
Les policiers ont menacé quiconque s'approcherait du lieu de démolition des maisons de la famille Eid de détention immédiate. La famille a maintes fois tenté de s'opposer à la démolition par une ordonnance du tribunal, en vain.
Le comité populaire local a rencontré les habitants et a décidé d'installer provisoirement des tentes pour les héberger, avant de reconstruire rapidement les maisons.
Traduction : MR pour ISM
Lien

Ismaïl Haniyeh : Favorable à une trêve avec Israël

15.12.10
Le chef du gouvernement du Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh, a réaffirmé hier que le mouvement islamiste palestinien pouvait envisager une «trêve» avec Israël, mais en aucun cas le reconnaître.
«Que cela soit entendu au plus loin et au plus près, nous le répétons (...) après la guerre, le siège et les complots internes et externes, nous ne reconnaîtrons pas Israël», a déclaré M. Haniyeh lors d’un rassemblement à Ghaza à l’occasion du 23e anniversaire du mouvement. Rappelant que le fondateur du Hamas, cheikh Ahmad Yassine, assassiné en 2004 par l’armée israélienne, avait évoqué une «trêve» avec Israël sur des territoires palestiniens «libérés», il a précisé qu’une telle option était «soumise à deux conditions : pas de reconnaissance d’Israël, et pas de cession d’un pouce de la terre de Palestine».
Le Hamas avait réitéré, lundi dans un communiqué, son ambition de recouvrer toute la Palestine, de la Méditerranée au Jourdain, proclamant que «la Palestine, de la mer au fleuve, est intégralement la terre des Palestiniens, nous n’en céderons aucune partie et nous ne reconnaîtrons pas le soi-disant Etat d’Israël.» M. Haniyeh avait assuré le 1er décembre que son mouvement respecterait les termes d’un accord de paix avec Israël s’il était approuvé par referendum «même si les résultats contredisent les convictions politiques du Hamas».
Cette déclaration, faite lors d’une rencontre avec les représentants des médias étrangers à Ghaza, esquissait une inflexion dans la position du mouvement qui appelle le président palestinien Mahmoud Abbas, dont il conteste la légitimité, à cesser les négociations avec Israël. «Nous acceptons un Etat palestinien avec l’entière souveraineté sur les territoires occupés en 1967 et Jérusalem pour capitale, et une solution à la question des réfugiés», avait alors dit M. Haniyeh, citant le «document d’entente nationale» adopté en 2006, élaboré par les cadres des principaux mouvements palestiniens emprisonnés en Israël, ratifié par le Hamas.
Lien

Mitchell présente des «idées» américaines

15.12.10
N’ayant pas réussi à faire entendre raison à Israël sur le gel de la colonisation, Obama bat en retraite…
L’envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, a présenté hier aux dirigeants palestiniens des «idées» de l’Administration Obama pour relancer le processus de paix, complètement bloqué avec Israël.
«Comme nous nous y attendions, il y a eu de très nombreuses difficultés, des obstacles et des revers», a admis M. Mitchell lors d’un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah (Cisjordanie), alors que les Etats-Unis n’ont pas réussi à obtenir d’Israël un nouveau gel de la   colonisation, réclamé par les Palestiniens.
«Mais nous sommes déterminés à persévérer jusqu’à ce que nous parvenions à la conclusion que nous voulons tous : un Etat indépendant et viable de Palestine, vivant côte à côte en paix avec Israël», a affirmé M. Mitchell, qui a qualifié la rencontre de «longue et fructueuse». Face à l’échec de la stratégie de l’Administration américaine, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a proposé la semaine dernière de reprendre des négociations «indirectes» pour sortir le processus de paix de l’impasse, exhortant les deux parties à s’attaquer «sans retard» aux questions de fond. Côté palestinien, le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a indiqué que «M. Mitchell nous a apporté certaines idées américaines», sans autre précision.
«Nous attendrons que le comité de suivi de la Ligue arabe en discute (aujourd’hui) et décide, d’autant plus que la partie israélienne n’a pas encore fait connaître sa position sur les idées américaines», a-t-il souligné. De son côté, le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a estimé que les «idées» de M. Mitchell étaient les mêmes que celles avancées par Mme Clinton le week-end dernier.
Les dirigeants palestiniens avaient accueilli très fraîchement, sans cacher leur scepticisme, les propositions de la secrétaire d’Etat américaine. Le président Abbas a réclamé des garanties américaines avant de se prononcer sur l’éventuelle reprise des négociations indirectes avec Israël. Parmi ces garanties, figure «un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est», dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat.
Feuille de route… de vigne !
M. Abbas a également demandé à Washington la reconnaissance de l’Etat palestinien sur les frontières du 5 juin 1967, avant la guerre israélo-arabe des Six Jours, moyennant des échanges mineurs de territoires. Le président Abbas doit se rendre au Caire pour participer mercredi soir à la réunion de la Ligue arabe convoquée à sa requête pour discuter du processus de paix. M. Mitchell, de son côté, visitera également la capitale égyptienne pour y rencontrer aujourd’hui le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa. Par ailleurs, l’Autorité palestinienne s’est félicitée, hier, de la position de l’Union européenne (UE) affirmant le caractère illégitime de la colonisation israélienne des terres palestiniennes occupées. «C’est une nette prise de position, notamment avec sa condamnation claire de la construction de colonies juives», a indiqué lundi le négociateur palestinien Saeb Arekat, cité hier par des agences de presse.
Les Palestiniens accueillent favorablement la déclaration européenne affirmant que l’annexion israélienne des terres occupées est illégale, a-t-il ajouté.
M. Arekat a souhaité également une prochaine reconnaissance par les pays européens et d’autres d’un Etat palestinien libre et indépendant sur les frontières de 1967, précisant que la déclaration européenne reflète à ce propos la bonne volonté de l’UE de reconnaître le futur Etat palestinien «en temps opportun».
Dans une déclaration rendue publique lundi à l’issue d’une réunion à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont fait part de leurs «regrets» face à la politique israélienne expansionniste sur les territoires palestiniens et le refus d’Israël de mettre un terme à la colonisation à l’origine du blocage du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens.   

Abbas attend des garanties américaines avant de trancher sur les négociations

14/12/2010  
Le président palestinien Mahmoud Abbas a demandé aux Etats-Unis des garanties sur la colonisation et les grandes lignes d'un accord dit de paix avant des négociations avec « Israël », c’est ce qu’a indiqué un responsable palestinien, ce mardi. 
Abbas attend des réponses de Washington lors de sa rencontre avec l'émissaire américain George Mitchell mardi à Ramallah en Cisjordanie. 
"M. Abbas a transmis un message par l'intermédiaire du principal négociateur palestinien Saëb Erakat à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton demandant des garanties américaines et des réponses à des demandes d'explication sur toutes éventuelles négociations, directes ou indirectes", a rapporté ce responsable palestinien sous le couvert de l'anonymat. 
Parmi les garanties réclamées par les Palestiniens figurent "un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à l’Est d’AlQuds occupée et des références politiques claires dont la fin de l'occupation des territoires palestiniens occupés en 1967 avec Est d’AlQuds pour capitale", a-t-il précisé. 
Abbas a également demandé à Washington la reconnaissance de l'Etat palestinien sur les frontières de 1967, moyennant des échanges mineurs de territoire, selon le responsable. 
"Faute d'accord sur ces références ou de reconnaissance par l'administration d'un Etat palestinien, il a demandé à l'administration américaine de ne pas faire obstruction à ce que les Palestiniens aillent devant le Conseil de sécurité ou l'Assemblée générale de l'ONU", a-t-il poursuivi, soulignant que Abbas espérait des réponses lors de sa rencontre avec M. Mitchell. 
Le président palestinien doit partir après la rencontre pour Le Caire, où doit se tenir à sa demande mercredi une réunion de la Ligue arabe pour discuter du processus dit de paix avec « Israël ».
Lien 

AlQuds: feu vert pour 24 logements juifs et démolition de maisons palestiniennes

14/12/2010  
La municipalité d’occupation israélienne de Jérusalem AlQuds occupée a donné son feu vert à la construction de 24 logements juifs, répartis dans quatre immeubles, au coeur du quartier arabe de Souwaneh à l’Est de la Ville sainte, c’est ce qu’a annoncé mardi le mouvement anticolonisation La Paix Maintenant.
Une porte-parole de l'ONG, Hagit Ofran, a indiqué qu’"il s'agit d'une nouvelle provocation à laquelle se livrent le gouvernement de Benjamin Netanyahu et la municipalité de Jérusalem". 
Parallèlement, les autorités d’occupation israéliennes ont détruit deux maisons palestiniennes dans la ville d’AlQuds et un puits en Cisjordanie.  
Dans le quartier de Sour Baher, un bulldozer a rasé un bâtiment d'un étage en construction sous la protection de dizaines de soldats de l’occupation israélienne.  Une autre maison dans le quartier de Ras al-Amoud a également été détruite.
Et puis, dans le sud de la Cisjordanie occupée, l’occupation a détruit un puits utilisé par des bergers palestiniens près de la colonie juive de Karmel.
Lien 

Netanyahu: Pas d’indemnités pour les victimes turques de la flottille

14/12/2010  
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a démenti les informations selon lesquelles il aurait accepté de verser aux familles des activistes turques tués lors d’une attaque israélienne contre la flottille d’Aide humanitaire pour Gaza.
Netanyahu a par ailleurs reconnu que des pourparlers se tenaient ces jours-ci avec Ankara, qui exige des excuses.
Le Premier ministre a, dans ce contexte, espéré que les rencontres empêchent des poursuites internationales contre les soldats israéliens qui ont participé à l’agression contre la flottille. 
Lien 

Délire à la Knesset : des appels à l’assassinat d’Azmi Béchara

14/12/2010  
Pour le rappeler, Azmi Béchara est un ancien député palestinien à la Knesset israélienne, qui en 2006, a choisi le chemin de l’exil, alors que se préparait un dossier l’accusant de collaboration avec les ennemis d’Israël. Il s’agissait à cette époque du Hezbollah…
Sans aucune vergogne, des députés israéliens ont exigé ce mardi qu’il soit lynché, à l’instar de Mahmoud Mabhouh, le militant du Hamas tué en 2009 à Dubaï, et d’Imad Moughniyé, le chef militaire du Hezbollah assassiné en 2007 à Damas.
Lors d’une séance parlementaire mouvementée consacrée au fond de retraite de Béchara, ces représentants du peuple israélien se sont déchaînés, sans présenter aucun signe d’appréhension d’être poursuivis, soit pour les deux crimes reconnus de par leurs cris comme étant israéliens, ni pour le nouveau crime qu’ils exigent.
«  Il faut envoyer Béchara à l’endroit même où se trouvent Mabhouh et Moughniyé, dès lors nous n’aurons plus besoin de discuter s’il faut ou pas lui accorder son fonds de retraite », s'est déchaîné Mikhaïl Ben Ari, députe de droite.
« Il faut seulement payer ce qui lui est dû  à ses héritiers », ont surenchéri avec nuance les députés du Shass.
«  Dans certains des cas, des membres de la Knesset collaborent avec l’ennemi et l’aide à exercer la violence contre l’état et son entité. Ceux-là mêmes devraient ne pas exister, tôt ou tard », a quant à lui lancé Uri Aril.
Quant au député Yerin Levin, il est lui aussi allé dans le même sens, mais avec plus de précaution : « ce projet de loi contre Béchara n’est pas suffisant. Il faut que son châtiment soit plus que cela de beaucoup ».
Bien entendu, est monté à la barre pour défendre ce fondateur du parti le rassemblement pour la démocratie, le chef du bloc de ce dernier à la Knesset, Jamal Zahalka: «  D. Béchara est en exil forcé ; il est à l’instar des dirigeants qui ont lutté contre le fascisme, le racisme, et ceux qui se sont consacrés pour défendre les droits de leur peuple », estimant que le problème réside en le régime israélien qui n’a pas supporté son projet pour la démocratie et la liberté, et pour les droits du peuple palestinien, et a décidé de le liquider. »
La député Hanane Zoebi non plus n’a pas mâché ses mots, accusant ces députés d’agir pour transformer les lois faites pour préserver les droits, en un outil pour les usurper «  et de vouloir imposer le châtiment pour des doutes…
Mais le délire n’en a été qu’exacerbé, d’autant plus que l’entité sioniste dispose d’une impunité, le plaçant au-dessus des toutes les lois, et à l'écart de toute mise en examen. ce à quoi Israël a toujours osé le pire...
Lien 

Les Palestiniens de Jérusalem, défiant Israël, clament : « Nous resterons ici »

mardi 14 décembre 2010 - 10h:35
J. Kestle-D’Amours - E.I
« Nous avions creusé un puits, ils l’on détruit. Nous avions planté des arbres, ils les ont arrachés. Nous avions posé des barbelés autour de la zone afin que les animaux en divagation ne puissent entrer, ils les ont ôtés aussi, » déclare un habitant d’Issawiya.
(JPG)
Des centaines de militants palestiniens, israéliens et internationaux manifestent contre l’occupation israélienne à Issawiya, dans Jérusalem-Est occupée, le 3 décembre 2010.
Photo : Anne Paq/ActiveStills
Un immense drapeau palestinien déployé a été monté au sommet d’une colline abrupte à Issawiya (au nord-est de la vieille ville palestinienne à Jérusalem-Est - ndt), le 3 décembre, passant de mains en mains parmi les 200 militants palestiniens, israéliens et internationaux qui participaient à la toute première marche et manifestation de solidarité dans ce quartier de Jérusalem-Est occupée.
Les gens applaudissaient et poussaient des cris quand le drapeau arrivait et passait au-dessus de leurs têtes, et de nombreuses pancartes disaient « Halte à l’enfermement d’Issawiya » et « Halte à l’occupation d’Issawiya ».
En effet, ces dernières semaines, le contraste entre la colonie israélienne de French Hill - où se trouve le principal campus de l’université hébraïque de Jérusalem et l’hôpital Hadassah - et le village voisin d’Issawiya s’est amplifié avec la présence quasi constante des soldats et des forces de police d’Israël dans ce village palestinien.
« C’est comme si la civilisation s’était arrêtée à la frontière entre French Hill et Issawiya » dit Hani Isawi, membre du Comité de suivi d’Issawiya, lors d’une réunion des habitants du quartier le 24 novembre.
« D’une part, nous souffrons parce que, comme le reste du peuple palestinien, nous vivons sous l’occupation israélienne, et d’autre part, nous souffrons d’une politique manifestement discriminatoire de la part de la municipalité de Jérusalem », dit Isawi.
Récemment, les médias israéliens ont parlé d’un groupe de jeunes Palestiniens qui avaient lancé des pierres sur une voiture de juifs israéliens qui s’étaient égarés dans Issawiya et ils demandaient aux dirigeants de revenir à Jérusalem-Ouest.
En réaction, et ce que les habitants voient comme une punition collective à la suite de ces jets de pierres, les autorités israéliennes ont fermé les entrées et les sorties d’Issawiya. Aujourd’hui, seules deux entrées restent ouvertes, dont l’une a été transformée en check-point tenu par des soldats israéliens, causant des retards systématiques aux 15 000 habitants palestiniens du quartier.
« Nous sommes vraiment découragés, nous ne sommes pas d’accord avec ce genre d’actions telles que les attaques contre des civils, » dit Isawi « mais les Israéliens s’en servent comme prétexte pour appliquer des politiques encore plus dures contre nous ».
La police et les soldats israéliens ont arrêté au moins dix jeunes de moins de 16 ans, et plus de deux douzaines d’autres plus âgés depuis le mois d’octobre, d’après le Comité de suivi d’Issawiya. Ils enveloppent régulièrement Issawiya sous des nuages de lacrymogènes lors des affrontements avec les jeunes Palestiniens, notamment peu après la manifestation de vendredi dernier.
Le 24 septembre, un bébé palestinien de 18 mois est mort à Issawiya après avoir respiré les gaz ; les forces israéliennes avaient lancé des grenades lacrymogènes sur une manifestation qui protestait contre le meurtre de Samer Sarhan dans le quartier voisin de Silwan.
Plus assez de place pour nous agrandir
A trois kilomètres des murailles de la vieille ville de Jérusalem, Issawyia se situe aujourd’hui entre les colonies israéliennes de French Hill à l’ouest, et Maale Adumim - l’une des plus importantes colonies israéliennes en Cisjordanie avec plus de 34 000 colons - à l’est.
En 1968, l’Etat israélien a confisqué 400 des 3000 dunums (300 ha) de terres d’Issawiya pour y construire la colonie French Hill qui relie l’université hébraïque et l’hôpital Hadassah à Jérusalem-Ouest.
En plus de la saisie de cette terre, Israël a aussi pris 2000 dunums à Issawiya pour en faire des « zones vertes », ce qui fait que pour les habitants du village, la moindre construction est devenue illégale. Aujourd’hui, il ne reste, pour les habitants d’Issawiya, que 600 dunums pour construire des maisons ou d’autres bâtiments.
« Nous sommes confrontés à de très sérieux problèmes d’offres de logements en nombre suffisant pour répondre à la croissance naturelle (de la population à Issawiya), » dit Hani Isawi. « Alors qu’on entend en permanence aux informations que des milliers et des milliers de nouveaux logements vont être construits dans les quartiers juifs, depuis 1990 il n’y a pas eu un seul projet d’urbanisme pour Issawiya qui nous aurait permis vraiment de construire plus de maisons et de répondre aux besoins de notre croissance naturelle ».
Ces dernières semaines, les forces israéliennes ont détruit des élevages, des terres agricoles et d’autres structures dans le village.
« La police des frontières israélienne et d’autres organismes administratifs ont détruit 12 exploitations agricoles dans notre zone. Par là, il faut aussi entendre des arrachages d’arbres » explique Sheikh Riad Isawi du Comité de suivi d’Issawiya.
« Israël est probablement le seul endroit au monde où l’arrachage des arbres est autorisé. Ainsi, non seulement les êtres humains souffrent de l’occupation israélienne, mais aussi les arbres, et la nature » dit-il.
L’ampleur de la politique israélienne de destructions à Issawiya s’est manifestée clairement en juillet de cette année, quand les forces israéliennes ont démoli des maisons et saccagé des terres cultivées pendant deux semaines pleines.
« Nous avions creusé un puits, ils l’on détruit. Nous avions planté des arbres, ils les ont arrachés. Nous avions posé des barbelés autour de la zone afin que les animaux en divagation ne puissent entrer, ils les ont ôtés aussi, » a dit un habitant d’Issawiya, Abid Darwish en juillet, alors qu’il regardait les autres étaient en train de saccager sa terre.
« Avec tout cela, nous ne pouvons même plus nous trouver un endroit juste pour nous asseoir et respirer. Cette terre appartient aux familles d’ici à Issawiya : Darwish, Mustafa, Alayyan, Abu Hommos, et à bien d’autres, » avait ajouté Darwish.
Depuis juillet, 400 arbres ont été déracinés et au moins 16 bâtiments ont été démolis dans Issawiya.
L’annexion se poursuit
E1, le projet colonial actuellement au point mort lancé en 1994, doit encore annexer de nouvelles terres estimées à 12 400 dunums, à Issawiya et dans les villages voisins d’al-Izzariya et d’al-Tur. Le bloc de colonies E1 comprendrait 3 500 logements pour près de 14 500 nouveaux colons - et consoliderait Maale Adumim en la reliant à Jérusalem-Ouest, selon l’Institut de Recherches appliquées de Jérusalem.
A ce jour, les autorités israéliennes ont construit un commissariat de police et une base militaire dans la zone, et elles ont ouvert des routes, monté des check-points et d’autres infrastructures de base en préparation du projet et de sa relance.
« Toute liaison entre Maale Adumim et Jérusalem-Ouest ne pourra se faire qu’au détriment d’Issawiya, » dit Hani Isawi. « L’objectif de ces mesures est de faire de plus en plus pression sur la population d’Issawiya, et de faciliter les confiscations de terres à venir dans notre zone. »
Toujours selon Isawi, que le projet E1 soit relancé ou non, rester à Issawiya, en dépit des pressions sans relâche des Israéliens, sera toujours une nécessité.
« Notre combat contre les autorités israéliennes s’exprime à travers notre présence ici, dans notre village, et face aux projets de saisies. » dit-il. « Nous resterons ici. Nous ferons toujours partie du peuple palestinien. »
(JPG)
Originaire de Montréal, Jillian Kestler-d’Amours est journaliste et cinéaste documentaliste. Elle réside à Jérusalem-Est. Son site : http://jilldamours.wordpress.com/
Du même auteur :
9 décembre 2010 - The Electronic Intifada - traduction : JPP
Lien 

No I can’t ! Dixit Obama :La Terre palestinienne en peau de chagrin

publié le mardi 14 décembre 2010
Chems Eddine Chitour

 
"Comme ses prédécesseurs, le président américain Barack Obama semble s’être, à son tour, cassé les dents sur le conflit du Proche-Orient qui perdure depuis plus de 60 ans. "
Mardi 7 septembre 2010, un jour à marquer d’une pierre noire dans l’histoire. Pour la première fois l’hyperpuissance américaine, selon le mot d’Hubert Védrine ancien ministre français des Affaires étrangères, met un genou à terre non pas devant un adversaire qui lui est supérieur mais devant un petit Etat, petit par le nombre, mais à l’évidence, assez puissant pour faire plier les Etats-Unis, pour les faire reculer sur le dossier de la colonisation des terres palestiniennes.
Crispian Balmer de l’agence Reuters écrit : « Comme ses prédécesseurs, le président américain Barack Obama semble s’être, à son tour, cassé les dents sur le conflit du Proche-Orient qui perdure depuis plus de 60 ans. Son incapacité à obtenir une reprise sous égide américaine du dialogue direct entre Israéliens et Palestiniens, met fin à l’illusion qu’il pourrait être réglé d’un coup de baguette magique - qui plus est dans un délai d’un an.
Ce dernier épisode voué à l’échec de la diplomatie proche-orientale, remonte au mois de septembre, lorsque Barack Obama a jugé possible d’obtenir un règlement global au terme d’un an de rencontres directes entre les deux camps. Les Etats-Unis ont formulé une série d’offres à Israël pour le convaincre de prolonger de trois mois ce moratoire, dont la livraison de 20 chasseurs F-35 d’une valeur globale de trois milliards de dollars. Le secret espoir de Washington était qu’en 90 jours les deux parties feraient assez de progrès sur la question des frontières de la future Palestine pour rendre la question des colonies superfétatoire.
Yasser Abd Rabbo, un proche collaborateur du président palestinien, Mahmoud Abbas, en est arrivé à se demander si les Etats-Unis, censés être le médiateur le mieux placé entre les deux camps, pourront jamais arracher un règlement. Si Washington est incapable d’obtenir de l’Etat juif un arrêt de la colonisation « pour une période limitée », comment pourrait-il « faire accepter par Israël une solution équilibrée fondée sur les résolutions internationales et une solution à deux Etats ? », s’est-il interrogé ».(1)
« L’erreur d’obama »
Mieux encore, les Israéliens renvoient aux calendes grecques un règlement éventuel : « On ne doit pas présumer ou supposer que nous sommes la génération qui résoudra le problème ou parviendra à mener à bien les négociations », souligne Daniel Reisner, membre de l’équipe de négociateurs israéliens. (...) « Tant qu’il n’y a pas de conséquences en termes de maintien du statu quo, pourquoi diable quiconque attendrait que quelque chose de différent se produise ? », se demande Daniel Levy. »(1)
Pour leur part, les colons israéliens exultent. « L’administration Obama a fini par comprendre que le soutien qu’elle avait apporté à la précondition posée par les Palestiniens, n’était pas justifié... et que c’était une erreur politique », explique Dany Dayan, président de Yesha, la principale organisation de colons israéliens.. (...) La question centrale étant aujourd’hui celle de l’alternative aux négociations : les Palestiniens vont-ils se tourner vers les Etats-Unis et l’ONU pour demander une reconnaissance internationale de leur Etat dans les frontières de 1967 ?
Conscients de leur faiblesse, les Etats-Unis affirment qu’ils n’abandonnent pas la partie mais changent de tactique. « Ce n’est pas un « changement de stratégie » mais « il pourrait s’agir d’un changement de tactique », selon les mots du porte-parole du département d’Etat américain, Philip Crowley. (...) Evoquant également l’attente d’une potentielle « nouvelle voie pour avancer dans le processus de paix au Proche-Orient », le quotidien de gauche israélien Haaretz est plus définitif quant aux raisons de cette « impasse » sur un gel des nouvelles constructions.
Selon les informations divulguées par un diplomate israélien, anonyme lui aussi, l’Etat hébreu « est arrivé à la conclusion que ce n’était pas le moment de faire des négociations directes en renouvelant le moratoire ». (...) Pour l’analyste politique d’Al Jazeera Marouan Bishar, l’incapacité américaine est « humiliante pour une administration déjà affaiblie ». « Même si les diplomates parlent d’un retour aux discussions indirectes -appelées aussi discussions de proximité -, c’est trop petit et ça arrive trop tard. (...) Les Etats-Unis sont obligés de s’en remettre au Quartette (...). Israël est peut-être une question américaine, mais la Palestine occupée est la responsabilité de toute la communauté internationale qui l’a trop longtemps abandonnée », poursuit-il.
Même constat pour le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas qui, en déplacement en Grèce, en appelle à l’Union européenne pour régler cette énième « situation de crise ».(2)
On apprend qu’au total, ce sont quelque 150 pays qui maintiennent des relations diplomatiques avec la Palestine sous une forme ou une autre. La Palestine détient un statut d’observateur à l’ONU et le président américain Barack Obama a indiqué en septembre dernier qu’il espérait qu’elle devienne membre de plein droit en 2011. Le négociateur palestinien Saëb Erakat a déclaré le mois dernier à Tanger (Maroc) que si les Etats-Unis n’arrivaient pas à imposer à Israël l’arrêt de la colonisation, les Palestiniens pourraient leur demander la « reconnaissance de l’Etat de Palestine dans ses frontières de 1967 ».
Obama disait le 24 septembre 2010 espérer un Etat palestinien d’ici un an.(3) Cependant, il ne faut pas que les Palestiniens proclament un Etat ! « Pour Yossi Shain, directeur de la faculté de diplomatie de l’université de Tel-Aviv, Washington est mal placé pour ce faire et risquerait s’il essayait et échouait de perdre encore un peu plus de son crédit diplomatique. De même, il ne pense pas que les Palestiniens mettront à exécution leur menace de tenter de forcer la main d’Israël en essayant d’obtenir la reconnaissance de l’indépendance de la Palestine aux Nations unies. Les Palestiniens ne proclameront jamais leur indépendance » parce que non seulement Israël y est complètement hostile mais aussi que « les Américains ne permettront pas car il ne veulent pas le chaos », prédit Yossi Shain. Le plus probable, c’est que le statu quo ne va pas évoluer sensiblement dans un avenir proche, du moins en surface.
Si les Américains se plient aux exigences de Netanyahu, c’est parce qu’Israël est redevenu une carte essentielle dans leur politique moyen-orientale. Hazem Sahgieh nous explique l’arrogance d’Israël par le fait que c’est Washington qui a besoin d’Israël...« Il n’est pas exagéré écrit-il, de penser que les modalités des futures négociations de Washington seront conformes aux désirs du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, même si le passé récent a pu faire penser que le président Barack Obama aurait souhaité qu’il en aille autrement.
Ce triomphe des volontés israéliennes s’explique par des facteurs qui relèvent de la vie politique américaine : l’approche des élections de mi-mandat en novembre prochain, mais aussi la conduite d’une guerre compliquée et coûteuse en Afghanistan, le retrait des troupes d’Irak et l’aggravation de la crise économique. Le tout dans le contexte d’une opposition acharnée des républicains contre les réformes d’Obama. Cela n’explique pas tout. D’autres éléments, liés à d’autres facteurs, sont à prendre en considération. Les Israéliens, dont les dirigeants actuels oscillent entre la vantardise et une approche totalement sécuritaire, ont réussi à constituer une citadelle unie et prête à toute éventualité. Ils ont obtenu l’arrêt des tirs de roquettes du Hamas sur le front sud et la résolution 1701 de la part du Conseil de sécurité, qui prend en charge la surveillance du front nord [face au Hezbollah libanais], d’une stabilité exemplaire (à peine perturbée par un accrochage frontalier, le 3 août 2010). Et cela tranche avec le spectacle de déliquescence offert par les Palestiniens, de plus en plus divisés entre la Cisjordanie et Ghaza.
Mais le plus important réside ailleurs. S’il est vrai que le retrait d’Irak est un préambule nécessaire pour préparer une intervention contre l’Iran, cela veut dire que les Américains ont davantage besoin des Israéliens que les Israéliens des Américains. »(4)
Contrairement à ce qui se passe quand il s’agit de mettre à genou un pays faible, il y a un silence inquiétant de la communauté internationale s’agissant de l’échec américain à faire entendre raison à Israël. Le Conseil de sécurité est en vacances mentales au complet, Russie et Chine comprises. Quant aux Nations unies, Ban Ki-moon est aux abonnés absents. Quant aux pays arabes tétanisés par l’arrogance d’Israël, impuissants, ils regardent ailleurs, surveillant leurs peuples. Tout au plus, l’Union européenne s’est fendue d’un communiqué sans lendemain : « Nous constatons avec regret que les Israéliens n’ont pas été en mesure d’accepter une prolongation du moratoire comme le demandaient l’Union européenne, les Etats-Unis et le Quartette » sur le Proche-Orient, a pour sa part souligné la porte-parole de la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, dans une déclaration envoyée à l’AFP.
C’est bien le lobby pro-israélien qui dirige la politique américaine ; le droit est bafoué une fois de plus...Cet aveu de faiblesse justifie et justifiera hélas ! tous les extrémismes...On dit que depuis l’attaque du Liberty, en 1967, les États-Unis obéissent à Israël.
Et maintenant ?
Avec les vetos systématiques des Etats-Unis qui autorisent tous les excès pour Israël, l’indifférence de la communauté internationale, la lâcheté des pays arabes, du fait de leur faiblesse militaire, les Palestiniens sont-ils condamnés à mourir ? Le droit est clair pourtant...Rappelons pour les amnésiques occidentaux la ´´Résolution 471 du 30/06/80 » : Le Conseil de sécurité réaffirme la nécessité impérieuse de mettre fin à l’occupation prolongée des territoires arabes occupés par Israël en 1967, y compris Jérusalem ». Un éditorial du journal le Monde nous paraît indiqué, car après une analyse lucide de la morgue israélienne, rapporte quelques propositions faites par des ténors de la politique aux Etats-Unis. Nous lisons : « (...) L’Amérique, dont Israël dépend largement pour sa sécurité, ne veut pas être davantage humiliée. Pour obtenir ce geste de M.Netanyahu, les Etats-Unis avaient offert à Jérusalem des contreparties substantielles. M.Nétanyahu, qui dirige un gouvernement de droite, a dit non. Il préfère les implantations. Il a profité de la victoire des républicains aux élections de mi-mandat pour renforcer ses positions au Congrès des Etats-Unis. Il sait jouer des aléas de la politique américaine. Sans l’arrêt de la colonisation, il n’y a pas de Palestiniens à la table de négociations. (...) On ne discute pas partage territorial - les frontières d’un Etat palestinien - si la surface à découper continue à être modifiée au profit d’Israël pendant les négociations. M.Obama doit changer d’approche. Comme le lui suggèrent nombre d’anciens responsables américains - Warren Christopher, Zbigniew Brzezinski, Henry Kissinger, rien de moins -, il doit brusquer les choses, forcer le destin, placer chacun face à ses responsabilités. »(5)
L’analyse va plus loin : « Washington doit mettre un plan sur la table : tracé des frontières, échange de territoires, s’il le faut ; arrangement sur Jérusalem ; règlement politico-financier de la question des réfugiés palestiniens ; dispositifs de sécurité pour empêcher que le futur Etat palestinien ne se transforme en base de tir de missiles contre Israël.
Pareil document aurait le mérite de fixer les grandes lignes de la négociation. Le tracé des frontières réglerait, a priori, la question des implantations : interdites ici, permises dans la partie revenant à Israël. Passé un certain délai, le plan pourrait être soumis au Conseil de sécurité de l’ONU. Cela lui conférerait une légitimité de nature à l’imposer. »(5)
La situation israélo-palestinienne révèle au grand jour les limites des atermoiements de toute la communauté internationale. La colonisation est un acte en violation totale du droit international. A partir de là, quelles seront les lois qui régiront la paix au Proche Orient ? Celles du plus fort ? Israël dit être le seul à vouloir vraiment négocier, être prêt à mettre toutes les questions sur la table, même celle des frontières, mais comment négocier sur des frontières alors que pendant que nous parlons, les Israéliens tentent de grappiller autant de terrain (et d’eau) que possible. Pendant ce temps, les Palestiniens ne peuvent ni acheter ni louer en Israël, ils peuvent par contre, vendre leur terre.
On apprend à ce propos, qu’Amnesty International a condamné mardi 7 décembre un document religieux signé par plusieurs dizaines de grands rabbins municipaux d’Israël, qui interdit la location et la vente de logements aux non-juifs. « la Torah interdit de vendre à un étranger une maison ou un champ de la terre d’Israël ».
Les Etats-Unis envisageraient un retour à des discussions de paix indirectes entre Israéliens et Palestiniens. Hillary Clinton presse les deux parties de négocier. A ce rythme et si on fait crédit à la Parabole du Loup et des moutons [1], il n’y aura, pour les Palestiniens, plus rien à négocier. Sur la Palestine historique, il ne reste presque rien, moins d’un cinquième (18%) à négocier.
De négociations en capitulations, l’Occident a réussi à problématiser l’existence d’un peuple sous le regard indifférent des potentats arabes rivés à leurs fauteuils. Pourtant, c’est toute la communauté internationale qui se doit de défendre les droits des Palestiniens qui sont aussi, des hommes avec leurs souffrances, leur détresse et leurs espoirs, comme le dissident chinois dont on défend les droits avec un acharnement suspect. [2]
[1] « Il était une fois un loup qui se servait chaque nuit dans la bergerie en dévorant 4 ou 5 agneaux : ´´ça peut pas continuer comme ça´´, lui dit le berger, je ne vais bientôt plus avoir de moutons ! ´´Négocions sur le nombre d’agneaux que tu pourras prélever sans dommages pour moi´´. ´´D’accord´´, dit le loup, mais je continue à en dévorer 4 ou 5 en attendant de parvenir à un accord´´. Six mois plus tard, les négociations continuaient, mais plus de moutons. »
Parabole du loup et des moutons
[2] 1.Crispian Balmer : Obama se casse les dents sur le conflit du Proche-Orient, Reuters 8.12.2010
2.Les Américains ´´affaiblis´´ sur la question de la colonisation israélienne. Le Monde.fr 8.12.2010
3.Proche-Orient : l’échec d’ Obama sur le gel de la colonisation 08 Décembre 2010
4.Hazem Sahgieh : C’est Washington qui a besoin d’Israël, Al Hayat 02.09.2010
5.Editorial Proche-Orient : Washington doit changer de cap, Le Monde 10.12.2010
Pr Chems Eddine CHITOUR
publié par Alterinfos