mardi 28 septembre 2010

Dix mille détenus palestiniens commencent une grève de la faim et du médicament

publié le lundi 27 septembre 2010.

Environ dix mille détenus palestiniens et arabes commencent une grève illimitée de la faim pour dénoncer les pratiques contraires aux plus simples principes humains et traités internationaux. La dernière violation était l’attaque barbare dont était victime les détenus à la prison "Rimon" dans le Nakab la semaine dernière. Cette grève concernera toutes les prisons israéliennes et commencera essentiellement par la prison du Nakab (2000 prisonniers), la prison Majdo (1000 prisonniers) et la prison Ofar (900 prisonniers), mais également dans les prisons de Nafha et Asqalan dans lesquelles Israél détient presque 1000 prisonniers la plupart sont condamnés à de lourdes peines. Cette grève concernera les jours suivants tous les détenus à Hadarim, Bir As-Sabi’, Chatta et Damoun alors que les prisonniers de l’hôpital Ar-Ramla ont décidé de soutenir leurs frères en annonçant également une grève de la faim et des médicaments.
A l’intérieur des prisons, des commissions représentatives des détenus ont été formées pour conduire ce mouvement, et l’heure H a été fixé à aujourd’hui.
Des listes des revendications des prisonniers ont été préparées à savoir :
1- la libération des prisonniers malades, des femmes et des enfants
2- l’application des conventions internationales en accordant aux prisonniers tous les droits fixés par ces conventions
3- mettre fin à la mise en isolement, qui durent depuis quelques années, pour certains détenus
4- l’autorisation aux parents originaires de la bande de Gaza de visiter leurs enfants
5- l’augmentation de la quantité, mais surtout de la qualité, de la nourriture donnée aux prisonniers
6- faire les interventions chirurgicales nécessaires dans les hôpitaux israéliens et non dans la prison de Ar-Ramla où les conditions pour de telles interventions sont complètement absentes, et dans laquelle les prisonniers sont devenus un terrain d’expérimentation pour les nouveaux médecins israéliens.
330 enfants de moins de 18 ans, 37 femmes dans une situation sanitaire difficile et 14 parlementaires palestiniens font partie des détenus qui suivent la grève, ainsi que des prisonniers arabes.
313 détenus ont passé plus de 16 ans derrière les barreaux parmi eux 114 depuis vingt ans et 14 depuis vingt cinq ans. Selon les dernières statistiques, les prisonniers sont originaires de toutes les régions palestiniennes : 11% de la bande de Gaza, 6% de Jérusalem et les territoires palestiniens de 1948, alors que les prisonniers de la Cisjordanie constituent la partie la plus importante 83%.
An Liban, les commissions représentatives des détenus se sont réunies au siège de "l’association libanaise des prisonniers libérés" en présence des représentants du Hezbollah, du Mouvement Amal, du Parti communiste et des Fractions palestiniennes. Au cours de cette réunion, tous les participants ont fixé la politique à suivre pour soutenir la grève en commençant par un rassemblement à onze heures devant le siège de la Croix rouge internationale à Beyrouth.
D’autres interventions sont prévues pour les jours suivants.
Nada H. du "Collectif des traducteurs d’Assawra"
Nabih Awadah

Ban Ki-moon déçu par la décision d'Israël de ne pas prolonger le gel des colonies

27 septembre 2010 – Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré déçu lundi par la décision de gouvernement israélien de ne pas prolonger le gel des colonies en Cisjordanie, qui a pris fin dimanche soir, alors que des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens ont repris début septembre.
« Le Secrétaire général rappelle la déclaration du Quatuor de la semaine dernière qui reflétait l'appel uni de la communauté internationale demandant à Israël de prolonger la politique de retenue en matière de colonisation », a dit son porte-parole dans une déclaration.

Ban Ki-moon « est déçu qu'aucune décision de la sorte n'ait été prise et il est préoccupé par les provocations qui ont eu lieu sur le terrain. Il rappelle que la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés, dont Jérusalem-Est, est illégale selon le droit international, et appelle Israël à remplir ses obligations inscrites dans la Feuille de route concernant le gel de la colonisation », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général « soutient les efforts en cours pour trouver une voie permettant de poursuivre les pourparlers de paix dans un environnement favorable aux progrès. C'est la seule voie vers un Etat palestinien viable vivant en paix avec un Israël en sécurité, » ajoute le communiqué.
Lors d'une rencontre lundi avec le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Liberman, au siège de l'ONU, Ban Ki-moon lui a fait part de sa déception sur la non prolongation du moratoire.
A l'issue d'une réunion mardi à New York, le Quatuor sur le Moyen-Orient, qui comprend les Nations Unies, les Etats-Unis, la Russie et l'Union européenne, avait noté « que le louable moratoire israélien sur la colonisation instauré en novembre dernier avait eu un effet positif » et il avait « appelé à sa prolongation ».

Notant que la confiance mutuelle était cruciale pour le succès des négociations, le Quatuor avait appelé de nouveau Israël et les Palestiniens à promouvoir un environnement favorable aux progrès, notamment en évitant les actions provocatrices et une rhétorique incendiaire.

Lors d'une rencontre à Washington le 2 septembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont relancé les pourparlers de paix. Il s'agit des premières négociations directes entre les deux parties en vingt mois. Elles avaient en effet été suspendues en décembre 2008. 
Lien 

L’expérience nassérienne

Egypte - 28-09-2010
Par Youssef Girard

« Les solutions réelles aux problèmes d’un peuple ne peuvent être calquées sur les expériences des autres peuples ». Gamal Abdel-Nasser 
Quarante ans après sa mort, Gamal Abdel-Nasser reste une figure incontournable de l’histoire politique du monde arabe contemporain. Durant plus de quinze ans, de 1954 à 1970, alors qu’il était à la tête de l’Egypte, Gamal Abdel-Nasser a été l’une des incarnations les plus marquantes de la volonté de libération et d’union du monde arabe. Au-delà, il fut l’une des grandes figures politiques des Trois continents émergents aux côtés de Jawaharlal Nehru, d’Ahmed Sukarno, de Kwame Nkrumah ou encore d’Ernesto Che Guevara.















Issu de la petite paysannerie, fils de fonctionnaire, Gamal Abdel-Nasser est né le 15 janvier 1918 à Alexandrie dans une famille originaire de la province d’Assiout en Haute-Egypte à une époque où l’Egypte était sous domination britannique. En 1882, les Britanniques avaient imposé leur domination directe sur l’Egypte à la suite de la révolte anti-coloniale d’Ahmed Urabi en 1881. Interdite d’industrialisation par les puissances occidentales, soumise à la domination britannique, l’Egypte fut réduite à fournir du coton brut aux industries textiles du Lancashire (1). En 1922, suite au soulèvement de 1919 mené par Saad Zaghloul, les Britanniques mirent fin au protectorat mais gardèrent le contrôle de leurs intérêts stratégiques et économiques. L’indépendance nationale égyptienne restait purement formelle.
C’est dans cette Egypte sous domination britannique mais résistante, faisant parti d’un monde arabe vivant sous le joug de l’Occident, que Gamal Abdel-Nasser grandit et s’éveilla à la politique. Etudiant au Caire, en décembre 1935, il participa aux grandes manifestations contre l’occupation britannique et contre le roi Fouad 1er. Durant cette période, il aiguisa sa conscience politique nationaliste. En 1936, Gamal Abdel-Nasser s’engagea durant deux ans dans les rangs du parti nationaliste Misr el-Fatat (Jeune Egypte), dirigé par Ahmed Hussein, qui se voulait le continuateur de l’action du Parti National de Moustafa Kamel et Mohammed Farid - eux-mêmes héritiers du nationalisme islamique d’Abdallah al-Nadim (2). Parallèlement, il dévorait les livres. Il lut la biographie du nationaliste égyptien Moustafa Kamel, Les défenseurs de l’Islam, préfacé par ce dernier, les livres d’Abd al-Rahman al-Kawakibi, l’ouvrage d’Ahmed Amin sur Jamal ed-Din al-Afghani et Mohammed Abdou, celui d’Ali al-Ghayati sur le nationalisme islamique et les recueils d’articles des journaux du Parti National de Moustafa Kamel et de Mohammed Farid. Il s’intéressait aussi à la poésie d’Ahmed Chawki et d’Hafez Ibrahim et aux romans de Tawfik al-Hakim (3).

En 1936, il interrompit ses études de droit puis il intégra l’Académie Militaire en mars 1937. Gamal Abdel-Nasser fut admis à l’Académie Militaire sur intervention directe du secrétaire d’Etat à la Guerre, Ibrahim Khaïry pacha, après que son admission fut refusée par la commission d’entrée, l’année précédente, en raison de sa participation aux manifestations nationalistes de 1935. Plus largement, cela participait d’une volonté britannique de limiter l’accession au grade d’officier aux fils de « grandes familles » liées aux intérêts coloniaux. Les fils de familles des couches moyennes et modestes étaient suspectés par les britanniques de sympathiser avec les idées nationalistes. Le traité de 1936, puis l’abolition des capitulations en 1937, ouvrirent les portes de l’Académie Militaire aux jeunes issus de ces couches de la population égyptienne. Influencés par les idées nationalistes, ces jeunes issus de milieux populaires étaient portés par la volonté de libérer l’Egypte de la domination britannique.
Après avoir passé dix-huit mois à l’Académie Militaire, il sortit le 1ier juillet 1938 décoré de sa première étoile d’officier. Durant cette période, il lut quatre types d’ouvrages : des biographies d’hommes politiques (Napoléon, Garibaldi, Bismarck…) ; des livres sur l’histoire et la politique égyptienne et arabe ; des traités militaires ; des magazines dont plusieurs de langue anglaise. En 1943, capitaine breveté d’état-major, il devint instructeur à l’Académie Militaire puis professeur au Collège d’Etat-major ce qui lui permit d’être en contact avec les futurs cadres de l’armée égyptienne dont nombre furent membres des Officiers Libres. Politiquement, durant cette période, Gamal Abdel-Nasser se rapprocha des Frères Musulmans comme un certain nombre de ses collègues officiers. Ses fonctions de professeur lui permirent de poursuivre sa formation intellectuelle. Il étudia la situation stratégique de l’Egypte, l’évolution du Japon et de l’Allemagne, les théories militaires (Clausewitz, Fuller, Liddel Hart, Lindsell et les principales publications officielles britanniques). Parallèlement, Gamal Abdel-Nasser commença à s’intéresser aux sciences économiques (4). Après s’être illustré au cours de la guerre de Palestine en 1948, il participa à la fondation de l’organisation sécrète des Officiers Libres qui se donna pour objectif de libérer l’Egypte de la domination impérialiste.
Le 23 juillet 1952, les Officiers Libres lancèrent la Révolution égyptienne en renversant le roi Farouk et en instaurant la République le 18 juin 1953. L’objectif des Officiers Libres ne se limitait pas à la prise du pouvoir mais visait au déracinement en profondeur de l’impérialisme politique, économique et idéologico-culturel qui maintenait l’Egypte dans la servitude. Chef de file des Officiers Libres, Gamal Abdel-Nasser exposa son projet politique dans Philosophie de la révolution qui devint l’acte fondateur du nassérisme en 1953. Pour la première fois, un chef d’Etat arabe exposait par écrit son programme politique. Au-delà de l’Egypte, cette révolution eut une influence déterminante dans l’ensemble du monde arabe où elle ouvrit de nouvelles perspectives aux mouvements de libération existants.
Politiquement le projet nassérien se définit comme un nationalisme arabe anti-impérialiste visant à la récupération du pouvoir de décision du peuple égyptien et arabe. En 1958, Gamal Abdel-Nasser définissait son projet en ces termes : « Le nationalisme arabe que nous avons préconisé en 1952 consiste, pour la Nation Arabe, à se libérer des fers et des garrots de l’occupation, de l’humiliation, de l’impérialisme. […] Par nationalisme arabe, nous voulons dire que nous devons être indépendants, et que cette indépendance émane de nos consciences » (5). Cette politique s’ordonna selon deux axes principaux : en politique intérieure par la lutte pour la libération de l’Egypte et par l’instauration d’une politique sociale ; en politique extérieure par une aide apportée aux mouvements de libération nationaux dans le monde arabe et au-delà dans l’ensemble des pays dominés.
Libération nationale, indépendance économique et justice sociale
Dès 1952, une réforme agraire limitant la propriété à 80 hectares par propriétaire ou 125 par famille fut mise en place afin de couper l’herbe sous les pieds des grands propriétaires ruraux liés aux intérêts impérialistes et à certains anciens partis politiques. La réforme visait aussi à donner une assise populaire réelle à la Révolution du 23 juillet. Toutefois, la réforme agraire resta limitée aux très grandes propriétés foncières (7% de la surface cultivée totale) et ne profita qu’à 750 000 paysans sur un total de 14,6 millions. En 1961, une nouvelle réforme agraire fut mise en place plafonnant la superficie des propriétés à 42 hectares. Les cultures furent règlementées par l’Etat et encadrées par des coopératives agricoles.
S’étant donné une assise sociale conséquente, Gamal Abdel-Nasser et les Officiers Libres pouvaient s’attaquer au problème des forces d’occupation britanniques qui comptaient 80 000 hommes en Egypte au moment de la Révolution du 23 juillet 1952. Des négociations pour l’évacuation de ces troupes furent entreprises dès 1952 alors que la guérilla contre la présence britannique s’intensifiait. Finalement, un nouveau traité anglo-égyptien fut signé le 27 juillet 1954. La Grande-Bretagne s’engageait à retirer ses troupes dans un délai de vingt mois mais il était prévu que certaines parties du canal puissent être réoccupées par les soldats britanniques en cas de « nécessité ».

Nationalisation du Canal de Suez
Cette volonté de libérer l’Egypte de la tutelle occidentale se manifestait par l’instauration d’une politique visant à lui assurer son indépendance économique. Pour cela, l’Egypte entreprit d’achever le contrôle et la régulation du court du Nil en construisant un barrage à Assouan devant pourvoir aux demandes énergétiques du pays. Face au refus des occidentaux d’apporter leur aide à la construction du barrage, Gamal Abdel-Nasser décida de nationaliser la compagnie du canal de Suez dont les revenus devaient être destinés à financer la construction de l’ouvrage. Le 26 juillet 1956 à Alexandrie, dans un discours mémorable, Gamal Abdel-Nasser annonça la nationalisation du canal de Suez devant une foule enthousiaste. Au-delà de la nationalisation, c’était le symbole de la fin de l’humiliation et de la soumission que le peuple égyptien saluait.
Ne pouvant accepter cet acte d’« insoumission », et du fait de l’aide apportée par l’Egypte nassérienne à la Révolution algérienne dans le cas français, l’Angleterre, la France et l’entité sioniste mirent au point une expédition visant à reprendre possession du canal et à renverser le gouvernement égyptien. Le 29 octobre 1956, les sionistes lancèrent leur attaque. Après quelques jours de tergiversation, le 5 novembre, des troupes anglaises et françaises furent parachutées sur l’Egypte et s’emparèrent de Port-Saïd. Face à l’opposition des Etats-Unis et de l’URSS, le 6 novembre, Anthony Eden, chef du gouvernement britannique, ordonna le cessez-le-feu suivi par le gouvernement français de Guy Mollet. Gamal Abdel-Nasser venait de remporter une bataille diplomatique décisive pour la libération de l’Egypte. Cela lui permit, le 1ier janvier 1957, de dénoncer le traité anglo-égyptien de 1954 et de faire de l’Egypte une nation réellement indépendante et souveraine n’ayant plus de troupe d’occupation étrangère sur son sol.
Cette victoire permit d’accélérer le processus de socialisation de l’économie qui avait pour fonction de casser la base économique du soutien à l’impérialisme à l’intérieur de l’Egypte. Le nassérisme se donnait pour tâche d’établir une forme de justice sociale en procédant à un certain nombre de réformes économiques, parmi lesquelles la réforme agraire. Cette politique se manifesta par deux vagues de nationalisation en 1957 puis en 1961 qui transférèrent à l’Etat la propriété des entreprises du capital occidental et ensuite celle de son associée locale, la bourgeoisie compradore. En 1966, le secteur public de l’économie représentait 90% de la valeur économique ajoutée industrielle égyptienne. Dans le même temps, s’appuyant sur la réussite de la construction du barrage d’Assouan qui permit l’électrification du pays, une politique d’industrialisation fut mise en place. Tout cela permit une progression du revenu national d’environ 6% par an entre 1959 et 1965 alors que la redistribution des revenus permit la mise en œuvre d’une politique sociale qui se manifesta notamment par le nombre d’enfants scolarisés qui passa de 1,8 millions en 1950 à 4,6 millions en 1965.
En politique intérieure, Gamal Abdel-Nasser dut faire face à différentes formes d’oppositions. En premier lieu, celle des anciens hommes de partis politiques actifs sous la monarchie, notamment le Wafd, qui avaient été renversés par la Révolution du 23 juillet 1952. Toutefois, ils ne représentaient pas un réel danger pour l’Etat nassérien.
En second lieu, celle des communistes égyptiens qui s’étaient eux aussi opposés à la Révolution du 23 juillet 1952 qu’ils jugeaient « anti-démocratique ». Nationaliste arabe, Gamal Abdel-Nasser refusait la dépendance politique et idéologique des communistes égyptiens vis-à-vis du bloc soviétique. Cependant, les rapports entre nassériens et communistes varièrent en fonction des orientations politiques du pouvoir égyptien et notamment de ses rapports avec l’URSS. Les communistes se rapprochèrent de Gamal Abdel-Nasser au moment de la nationalisation du canal de Suez alors que le Raïs s’alliait à l’URSS puis ils reprirent leur opposition au moment de l’union avec la Syrie qu’ils condamnaient car ne s’accordant pas avec les intérêts soviétiques. Durant cette période d’opposition, ils durent faire face à la répression du pouvoir nassérien. Finalement, en 1964, suite au voyage de Nikita Khrouchtchev, le Parti Communiste égyptien s’est auto-dissous et ses militants incorporèrent le grand parti nassérien, l’Union Socialiste Arabe (USA).
En troisième lieu, Gamal Abdel-Nasser dut faire face à l’opposition des Frères Musulmans qui était sûrement la plus menaçante du fait de la base sociale d’un mouvement regroupant plus d’un million de membres en 1948 (6). Si les Frères Musulmans soutinrent la Révolution du 23 juillet, leur refus de participer au gouvernement révolutionnaire provoqua des tensions de plus en plus importantes avec les Officiers Libres. Certains cadres des Frères Musulmans refusèrent l’orientation de la direction de l’organisation et soutinrent le gouvernement nassérien alors que les affrontements entre les deux partis éclatèrent en 1954. Rompant avec l’islamo-nationalisme de son fondateur (7), Hassan al-Banna, les Frères Musulmans critiquèrent le nationalisme arabe de Gamal Abdel-Nasser et au nom de la lutte contre « l’athéisme communiste » ils justifièrent une alliance avec les puissances capitalistes occidentales. Cette orientation intensifia la répression contre les Frères Musulmans dont les cadres furent emprisonnés ou contraints de s’exiler.

Juillet 1959 : rencontre avec Che Guevara lors de la venue de ce dernier à la tête de la Commission économique cubaine.
La politique nassérienne mêlant libération nationale, indépendance économique et justice sociale n’était pas spécifique à l’Egypte mais participait d’une aspiration plus large des nations émergentes des Trois continents qui voulaient rompre la relation de domination et de dépendance dans laquelle les avait placés l’Occident impérialiste. Des politiques d’inspirations identiques furent mises en œuvre dans différents pays des Trois Continents sous des dénominations diverses. Incarnation de cette volonté de libération du colonialisme et de l’impérialisme, Gamal Abdel-Nasser devint l’une des figures emblématiques d’un moment historique marqué par les questions tricontinentales.
Nationalisme arabe et émergence des peuples des Trois Continents
Au niveau international, Gamal Abdel-Nasser définit dans Philosophie de la révolution les trois cercles dans lesquels l’Egypte devait intervenir prioritairement : le cercle arabe, le cercle africain, et le cercle du monde musulman.
Dans le monde arabe, l’Egypte nassérienne s’employa à soutenir activement les mouvements nationalistes luttant pour la libération de leur pays. Pour Gamal Abdel-Nasser, il s’agissait de tourner définitivement la page d’un nationalisme étroitement égyptien tournant le dos au reste du monde arabe : « Nous est-il encore possible d’ignorer qu’il existe, autour de nous, un cercle arabe, et que ce cercle fait partie de nous et nous de lui, notre histoire mêlée à la sienne, nos intérêts liés aux siens, en fait et en vérité, et non point seulement en paroles ? » (8).
Au fil des années, alors que l’Egypte développait sa politique en direction du monde arabe, Gamal Abdel-Nasser formula une idée du nationalisme arabe dépassant la solidarité entre les différents pays arabes pour promouvoir une véritable politique d’union. En 1958, au moment de la fondation de la République arabe unie (RAU), il affirmait : « La patrie arabe est une unité politique et économique indissoluble ; aucun territoire arabe ne saurait compléter les conditions mêmes de son existence s’il demeure isolé des autres territoires. La nation, umma, arabe constitue une unité spirituelle et culturelle ; toutes les différences existant entre ses membres sont superficielles et fausses et disparaîtront entièrement avec le réveil de la conscience arabe » (9).

Avec Ahmed Ben Bella
Le nationalisme arabe professé par Gamal Abdel-Nasser se traduisit concrètement dans la politique arabe de l’Egypte. Au Maghreb, l’Egypte apporta un soutien direct aux mouvements nationalistes marocain et tunisien, notamment au courant de Salah Benyoussef opposé aux orientations pro-occidentales d’Habib Bourguiba. Dès les premières heures de la Révolution algérienne, l’Egypte nassérienne fournit une aide politique, militaire et financière au Front de Libération Nationale (FLN) dont nombre de cadres étaient réfugiés au Caire. Dans la péninsule arabique, elle soutint les forces luttant contre les forces d’occupation britanniques. Dans l’ensemble du Machreq, le Mouvement des Nationalistes Arabes (MNA), qui avait une audience particulière auprès des réfugiés palestiniens, défendait les idées nassériennes en prônant l’unité arabe.
Ainsi, le nassérisme se définit avant tout comme un nationalisme arabe ayant pour but de constituer une nation arabe s’étendant du Golf à l’Atlantique. Afin de réaliser ce projet d’unification du monde arabe, l’Egypte nassérienne entreprit plusieurs tentatives d’union avec différents pays arabes. Le 1er février 1958, l’Egypte et la Syrie s’unirent et fondèrent la République arabe unie (RAU). En mars 1958, le Yémen s’associa à la RAU. Mais l’union échoua le 28 septembre 1961 après la prise du pouvoir par l’armée syrienne à Damas qui proclama la séparation de la Syrie. En mars 1963, de nouvelles négociations en vue d’une union entre la Syrie, l’Irak et l’Egypte se déroulèrent au Caire. Cependant, ces négociations échouèrent notamment en raison des oppositions entre nassériens et baathistes et des souvenirs de l’échec de la RAU.
Le nationalisme arabe et l’anti-impérialisme de l’Egypte nassérienne suscitèrent la réaction des Etats arabes pro-occidentaux. Cette réaction pro-occidentale se manifesta sous deux visages en apparence opposés : la Tunisie dite « laïque » et l’Arabie Saoudite dite « islamique ». Opposé au nationalisme arabe de Gamal Abdel-Nasser, Habib Bourguiba critiquait notamment la position de l’Egypte vis-à-vis de l’entité sioniste mais la Tunisie n’avait pas réellement les moyens de remettre en cause l’influence nassérienne. En revanche, l’Arabie Saoudite, grâce à l’argent du pétrole et à l’appui états-uniens, constituait une sérieuse menace pour l’Egypte nassérienne. Sous couvert de légitimité « islamique », l’Arabie Saoudite remettait en cause le nationalisme arabe promu par Gamal Abdel-Nasser qu’elle qualifiait d’irréligieux. Répondant aux dirigeants saoudiens, Gamal Abdel-Nasser affirmait que « le valet de l’impérialisme ne peut être musulman » (10) et que « l’islam est de par sa nature opposé à l’impérialisme, au féodalisme et à l’exploitation capitaliste » (11). En 1958, l’Arabie Saoudite s’efforça d’empêcher la formation de la RAU mais ce fut au Yémen que l’affrontement entre l’Arabie Saoudite pro-occidentale et l’Egypte nationaliste se manifesta directement.
Influencé par le nassérisme, le 26 septembre 1962, un groupe d’officiers du Yémen du Nord renversa la monarchie et proclama la République. Parvenant à s’enfuir, le souverain déchu organisa une insurrection armée contre le nouveau régime. Gamal Abdel-Nasser décida d’envoyer un contingent militaire qui atteignit les 50 000 hommes, pour lutter contre la guérilla monarchiste. En réponse, l’Arabie Saoudite décida de soutenir les insurgés monarchistes en association avec la Jordanie et la Grande-Bretagne qui fournissait une aide technique. L’enlisement militaire et le coût financier de la guerre devinrent un poids de plus en plus important pour l’Egypte. Cela eut une importance non négligeable dans la défaite de juin 1967 car certaines unités d’élite étaient engagées sur le front yéménite au moment de l’offensive sioniste. Après cette défaite, au cours du sommet de Khartoum, fin août – début septembre 1967, un accord fut conclu entre Gamal Abdel-Nasser et le roi Fayçal d’Arabie Saoudite permettant à l’Egypte de sortir du conflit yéménite. Le Yémen du Nord demeurait une République mais adoptait des positions « acceptables » par les saoudiens et leurs alliés. Le sommet de Khartoum scella la réconciliation entre régimes arabes progressistes et conservateurs.
Au niveau africain, dès 1955, l’Egypte mit en place le bureau de « liaison africaine » et, à partir de 1959, elle ouvrit des bureaux pour les représentants des mouvements de libération africains : les combattants de la liberté du Rwanda et du Burundi 1959 à 1961, le Partit National Démocratique de Rhodésie du Sud à partir de 1960, le Congrès de la Ligue Africaine (ALC) et l’ANC d’Afrique du Sud, le MPLA et l’UNITA d’Angola de 1961 à 1972, le PAIGC de Guinée-Bissau de 1961 à 1974, le Frelimo du Mozambique de 1963 à 1975, la ZANU en 1964 et la ZAPU du Zimbabwe en 1965. L’Egypte nassérienne apporta un soutien politique, militaire et financier à ces mouvements nationalistes africains.
Au niveau islamique, en septembre 1954, l’Egypte créa le Congrès Islamique, dirigé par Anouar al-Sadate puis par Kamel ed-Din Hussein à partir de janvier 1961. Le Congrès Islamique avait pour but de créer un lien permanant entre l’Egypte et l’ensemble du monde musulman d’Asie, d’Afrique et d’autres continents. Ce Congrès souhaitait œuvrer à la diffusion de l’islam, au rapprochement économique et à l’organisation de programmes de coopération entre les différents pays musulmans.

Conférence de Bendung 1955 Indonésie. Chou en Lai, Soukarno et Nasser
La politique de soutien aux luttes de libération nationale des peuples colonisés s’inscrivait dans une dimension plus large d’affirmation des Trois continents (Asie, Afrique et Amérique du Sud) sur la scène internationale. En avril 1955, Gamal Abdel-Nasser s’affirma comme l’un des principaux acteurs de la conférence de Bandung en Indonésie qui fut le point de départ du processus devant aboutir à la création du mouvement des non-alignés. L’objectif des fondateurs du mouvement était de créer un troisième pôle, en dehors du clivage est-ouest, pouvant permettre aux nations du sud de s’affirmer de manière autonome tant au niveau politique qu’économique. A partir de là, Gamal Abdel-Nasser devint l’une des figures emblématiques des luttes anti-impérialistes et de l’affirmation politique des peuples des Trois continents sur la scène internationale.
Cet engagement pour la libération des peuples victimes du colonialisme et de l’impérialisme, Gamal Abdel-Nasser le mit aussi en œuvre dans sa politique de lutte contre l’entité sioniste et pour la libération de la Palestine. Dans Philosophie de la révolution, celui qui avait combattu durant la guerre de 1948, écrivait : « Israël n’est que le dernier-né de l’impérialisme » (12). Résumée en quelques mots, cette analyse fut à la base de sa politique tout au long de son exercice du pouvoir.
Résistance antisioniste
La colonisation de la Palestine par les sionistes marqua profondément le monde arabe qui ressentit la nakba (la catastrophe) comme une humiliation collective. En Egypte, le roi et les partis qui le soutenaient, furent totalement déconsidérés par la défaite. Le sentiment d’humiliation était partiellement fort au sein du corps des officiers de l’armée qui avait directement affronté les sionistes. Pour les officiers, la défaite était en premier lieu le résultat des défaillances structurelles de l’Egypte auxquelles le pouvoir politique devait remédier. La politique mise en œuvre par Gamal Abdel-Nasser et les Officiers Libres était en partie la résultante de l’humiliation de 1948.
Dans Philosophie de la révolution, décrivant l’état d’esprit des Officiers Libres au moment de la guerre de 1948, Gamal Abdel-Nasser écrivait : « Non seulement nos épreuves en Palestine et nos discussions sur l’avenir de l’Egypte ramenaient nos pensées à la patrie mais la présence de l’ennemi sur notre sol était un appel ininterrompu à la lutte nationale » (13).
La politique de libération nationale, d’indépendance et de développement économique menée par Gamal Abdel-Nasser était la réponse apportée à l’impuissance avilissante dans laquelle se trouvait l’Egypte de Farouk. L’indépendance politique et le développement économique devaient permettre à l’Egypte de faire face aux défis auxquels elle était confrontée, parmi lesquels le sionisme était l’un des plus prégnants. Les puissances coloniales françaises et britanniques répondirent à cette politique par l’attaque de Suez en 1956. Craignant la politique d’indépendance nationale égyptienne, l’entité sioniste participa à l’attaque dans le but d’annihiler la politique nassérienne qui pouvait inspirer l’ensemble du monde arabe.
L’hostilité de l’entité sioniste fut encore renforcée à partir de décembre 1963 lorsqu’au cours d’un sommet des chefs d’Etats arabes au Caire, Gamal Abdel-Nasser soutint la création de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) qui fut officiellement fondée le 28 mai 1964 au cours du premier Congrès national palestinien tenu dans la ville d’al-Quds. Parallèlement, le Mouvement des Nationalistes Arabes (MNA) et le Fatah lancèrent leurs premières opérations armées contre l’entité sioniste.
L’affirmation de l’Egypte en tant que puissance régionale, l’entrée en action de la résistance palestinienne et la progression des idées nassériennes dans l’opinion publique arabe, poussèrent les sionistes à lancer une attaque contre les Etats arabes. Depuis 1962, l’entité sioniste était armée par les Etats-Unis qui en firent le principal relai de leur politique au Machreq. A partir de mai 1967, la tension ne cessa de monter entre l’entité sioniste et l’Egypte qui ne souhaitait pas l’affrontement car son armée était affaiblie par son engagement au Yémen. Contre la politique belliciste de l’entité sioniste, l’Egypte et la Jordanie signèrent un accord de défense le 1ier juin 1967. Le 4 juin, l’Irak se joignit au pacte de défense. Face à cet accord de défense, un gouvernement d’union nationale fut formé au sein de l’entité sioniste qui obtint le soutien des Etats-Unis pour passer à l’attaque.
Le 5 juin 1967, l’attaque fut lancée par l’entité sioniste et son ministre de la défense Moshé Dayan. L’attaque sioniste était prioritairement centrée sur l’Egypte qui vit ses aéroports et son aviation se faire détruire. Suite à l’attaque, l’armée sioniste envahit le Sinaï. Dès le deuxième jour, le front égyptien fut percé et les troupes égyptiennes furent contraintes de se replier sur le canal de Suez avant de s’effondrer le 7 juin. L’armée sioniste atteignit le canal le 8 juin. La défaite militaire se transformait en véritable humiliation. L’attaque sioniste causa la mort d’environ 10 000 égyptiens et la destruction d’une grande partie du matériel militaire et des infrastructures. Malgré les ambitions de Gamal Abdel-Nasser, l’armée égyptienne n’était pas prête à affronter l’armée sioniste. Pour les idées nassériennes, la défaite de 1967 sonnait l’heure du déclin.
Face au désastre, le 9 juin, Gamal Abdel-Nasser annonça publiquement sa démission. En réponse, d’immenses manifestations populaires furent organisées à travers toute l’Egypte pour que le Raïs revienne sur sa décision. Gamal Abdel-Nasser accepta de revenir au pouvoir mais le chef d’Etat-major, Abdel-Hakim Amer, et les principaux généraux furent démis de leurs fonctions. Contre cette décision, Abdel-Hakim Amer tenta de renverser Gamal Abdel-Nasser mais il fut arrêté en août 1967 avant d’avoir pu mettre son plan à exécution.
Restant à la tête de l’Egypte, dès les premiers jours du mois de juillet 1967, Gamal Abdel-Nasser ordonna de lancer des attaques dans la zone du canal de Suez afin de tester les capacités de résistance de son armée et de montrer aux sionistes que le Caire n’avait pas abdiqué malgré la défaite. Car, pour Gamal Abdel-Nasser, l’abdication des arabes était l’objectif premier de la guerre menée par les dirigeants sionistes : « le principal objectif de l’agression sioniste n’a pas été l’occupation des terres. Celle-ci n’était qu’un objectif partiel tendant à réaliser le principal qui est la liquidation de la Révolution arabe en général » (14).
Suite à la défaite de juin 1967, l’Egypte assura son réarmement avec du matériel soviétique et se lança dans des attaques contre les troupes sionistes à partir de l’été 1968. Les tirs d’artillerie devinrent fréquents. En réponse, l’armée sioniste multipliait les attaques aéroportées dirigées principalement contre les infrastructures économiques égyptiennes. A partir de mars 1969, Gamal Abdel-Nasser lança une « guerre d’usure », appelée plan « granit », dans la région du canal qui consistait à bombarder les positions sionistes ou à mener des actions commandos derrière les lignes ennemies. Le 23 juin 1969, Gamal Abdel-Nasser déclara : « Je ne peux envahir le Sinaï, mais je peux casser le moral d'Israël par l'usure ».
Selon le plan « granit » mis au point par l’état-major égyptien, la « guerre d’usure » devait déboucher sur une guerre totale et sur la neutralisation de l’aviation sioniste ce qui devait permettre de reconquérir militairement le Sinaï. Les sionistes répondirent par des raids aéroportés puis par des bombardements massifs sur le canal et la région du golf de Suez. A partir du 7 janvier 1970, l’entité déclencha une campagne de bombardements à l’intérieur du territoire égyptien visant les infrastructures civiles afin d’atteindre psychologiquement la population égyptienne. Pour l’Egypte, les pertes humaines furent à peu près aussi importantes que durant la guerre de juin 1967. Au niveau psychologique, les attaques sionistes ne produisirent pas l’effet escompté puisque la population égyptienne continuait de soutenir la politique nassérienne de résistance antisioniste. Avec la fourniture d’armes soviétiques, à partir de mars 1970, l’efficacité des batteries anti-aériennes entraînèrent l’arrêt des raids sionistes. Fin juin 1970, l’Egypte acheva de mettre en place son dispositif anti-aérien sur le canal ce qui assura partiellement sa protection.
L’acceptation partielle du second plan Rogers entraîna l’établissement d’un cessez-le-feu le 8 août 1970 avec la création d’une zone de 50 km neutralisée de part et d’autre du canal. Pour Gamal Abdel-Nasser, il s’agissait d’un répit momentané avant la reprise de la stratégie de la « guerre d’usure » du plan « granit », prévue pour le 7 novembre 1970. Le cessez-le-feu devait permettre notamment de renforcer son dispositif aérien égyptien. Dans les plans de Gamal Abdel-Nasser, la « guerre d’usure » égyptienne devait s’accompagner d’une offensive simultanée sur le front de l’est menée par les Syriens, les Jordaniens et les Palestiniens. Cela aurait sûrement nécessité la constitution d’un commandement militaire arabe unifié.
Le projet nassérien en héritage
A partir de 1968, Gamal Abdel-Nasser qui était atteint de diabète, commença à voir son état de santé décliner. Alors qu’il se consacrait presque entièrement à la « guerre d’usure », ses médecins lui conseillèrent de réduire son activité. Finalement, il mourut d’une crise cardiaque le 28 septembre 1970 au Caire à la sortie d’un sommet de crise des chefs d’Etats arabes en relation avec l’éradication de la résistance palestinienne de Jordanie – « Septembre noir » - entreprise par le roi Hussein et son premier ministre Wasfi Tall.

Ses funérailles se déroulèrent le 1er octobre 1970 au Caire, devant près de cinq millions de personnes venues rendre un dernier hommage à celui qui avait été la voix des arabes pendant plus de quinze ans. Avec l’enterrement de Gamal Abdel-Nasser c’était une partie de l’histoire de l’Egypte et du monde arabe contemporain que les participants enterraient.
En Egypte, son successeur à la tête du pays, Anouar al-Sadate, mit en œuvre une politique de liquidation de l’expérience nassérienne à différents niveaux : réorientation de la politique extérieure de l’Egypte dans un sens pro-occidental, imposition du libéralisme économique par la politique dite d’infitah (ouverture) jusqu’à la capitulation devant l’entité sioniste à Camp David.
L’expérience nassérienne, avec ses limites, ses erreurs et ses défaites, reste un moment déterminant dans l’histoire des luttes de libération et de renaissance nationale des peuples arabes et des peuples des Trois continents. Les orientations fondamentales de la politique nassérienne, libération nationale anti-impérialiste, indépendance économique et justice sociale, demeurent des aspirations profondes dans nombre de pays arabes et plus généralement dans nombre de nations d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique du Sud. Evidemment, quarante ans après la mort de Gamal Abdel-Nasser les données du monde ne sont plus les mêmes mais l’expérience nassérienne peut nous permettre de penser un projet de libération nationale et sociale.
Youssef Girard

Notes de lecture :
(1) En 1962, dix ans après la Révolution, revenant sur cette période de l’histoire égyptienne, Gamal Abdel-Nasser affirmait : « Les expériences capitalistes sont allées de pair avec l’impérialisme. L’élan économique des pays capitalistes a sa source dans les investissements amassés dans les colonies. […] Si le développement économique de l’Angleterre est parti de l’industrie textile du Lancashire, la conversion de l’Egypte en vaste champ de coton a joué le rôle d’une artère alimentant l’économie britannique, au détriment du paysan égyptien affamé ». Abdel-Nasser Gamal, « Les lendemains de l’indépendance ». in. Abdel-Malek Anouar, Anthologie de la littérature arabe contemporaine, Paris, Ed. du Seuil, 1965, page 167
(2) Abdel-Malek Anouar, Egypte, société militaire, Paris, Ed. du Seuil, 1962, page 52
(3) Ibid., page 205
(4) Ibid., page 206
(5) Ibid., page 253
(6) Cf. Carré Olivier, Seurat Michel, Les Frères Musulmans, (1928-1982), Paris, L’Harmattan, 2001, page 21
(7) Dans ses écris, Hassan al-Banna affirmait : « L’arabisme ou l’union arabe occupe également dans notre discours une place importante et connait une grande part de bonne fortune. Les Arabes sont en effet le peuple de l’islam originel, son peuple élu et, conformément à ce qu’a dit le Prophète – paix et bénédiction sur lui : « Quand les Arabes sont humiliés, l’Islam l’est aussi ». L’Islam ne connaîtra pas de réveil sans l’unanimité et sans la renaissance des peuples arabes. […] Nous sommes convaincus qu’en œuvrant pour l’arabité, nous œuvrons pour l’Islam et pour le bien du monde entier ». cf. Hassan El Banna, Textes originaux, Lyon, Ed. Tawhid, 2010, page 223
(8) Extrait de Philosophie de la révolution in. Abdel-Malek Anouar, Egypte, société militaire, op. cit., page 244
(9) Abdel-Malek Anouar, Egypte, société militaire, op. cit., page 248
(10) Discours de Port-Saïd, 23 décembre 1964 – in.Balta Paul, Rulleau Claudine, La vision nassérienne, Paris, Ed. Sindbad, 1982, page 217
(11) Déclaration faite au cours d’un banquet donné en l’honneur du président mauritanien, 27 mars 1967 – in. Balta Paul, Rulleau Claudine, La vision nassérienne, op. cit., page 136
(12) Ibid., page 195
(13) Ibid., page 59
(14) Ibid., page 203

Sarkozy réclame un droit de regard

28.09.10 | 03h00
Le président français Nicolas Sarkozy a réclamé hier que l'Union européenne (UE) et l'Union pour la Méditerranée (UPM) soient associées aux discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens, dénonçant un «problème de méthode» dans les pourparlers conduits par les seuls Américains.
«Il ne s'agit nullement de critiquer qui que ce soit, je veux d'ailleurs rendre hommage aux efforts considérables du président (américain Barack Obama) pour relancer le processus. Mais j'observe que, dix ans après Camp David, nous n'avons pas progressé et peut-être même reculé dans la reprise du dialogue», a estimé M. Sarkozy à l'issue d'un déjeuner avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. «On voit bien qu'il y a un problème de méthode», a-t-il ajouté.
«Le Quartette et ses membres doivent collectivement et concrètement exercer le rôle de supervision qui est le leur. L'Europe, premier donateur en faveur des Palestiniens, l'Union pour la Méditerranée, qui est affectée par ce conflit, doivent, c'est une exigence, désormais participer au processus politique», a poursuivi le président devant la presse. «Nous ne voulons pas seulement être des spectateurs qui voient le temps passer», a insisté le chef de l'Etat français, «nous avons décidé de prendre des initiatives et nous sommes dans notre rôle».    
Nicolas Sarkozy a ainsi annoncé qu'il rencontrerait en octobre, à Paris, le  Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, avec lequel il a annoncé qu'il s'entretiendrait au téléphone dès lundi soir. Le président a ajouté qu'il rencontrerait également M. Abbas et le coprésident de l'UPM, l'Egyptien Hosni Moubarak, pour préparer le prochain sommet de l'Union pour la Méditerranée prévu à la fin du mois de novembre.
R. I. et agences
Lien

Reprise de la colonisation, Netanyahu appelle Abbas à négocier

27/09/2010  
Quelques heures à peine après la fin du moratoire de dix mois, les travaux de construction ont commencé lundi matin dans des colonies de Cisjordanie occupée.
Des bulldozers s'activaient notamment dans l'implantation d'Adam dans le nord de la Cisjordanie où une trentaine de logements doivent être construits, a rapporté la radio publique israélienne.
Les constructions doivent reprendre en outre dans au moins huit autres implantations, dont Kiryat Arba qui jouxte la ville d’AlKhalil, dans le sud du territoire, selon la seconde chaîne de télévision israélienne. 
La fin du moratoire autorise toute personne ou toute institution à construire dans une implantation, si elles ont obtenu un permis il y a dix mois.
Par ailleurs, une série de restrictions qui avaient été imposées aux municipalités des colonies en ce qui concerne la délivrance de permis de construire ont été levées.
Au niveau politique, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu , a appelé au terme du moratoire Mahmoud Abbas à poursuivre les négociations dites de paix.
"Je lance un appel au président Abbas pour qu'il continue à mener les pourparlers bons et honnêtes que nous venons de lancer pour tenter de parvenir à un accord de paix historique entre nos deux peuples", a dit Netanyahu dans un communiqué publié peu après minuit local (22H00 GMT).
Le communiqué n'a fait aucune mention de l'expiration du moratoire de dix mois, décrété le 25 novembre dernier, mais Netanyahu avait déjà exclu de le prolonger en dépit des appels de la communauté internationale.
Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas, en visite à Paris, a répété dimanche que les négociations de paix seraient "une perte de temps" si Israël ne maintenait pas son moratoire sur la colonisation.
"Abou Mazen (surnom de M. Abbas) veut continuer les négociations mais Netanyahu doit prendre la décision de geler la colonisation afin de créer une atmosphère favorable à la poursuite du processus de paix et à la réussite des discussi 
Abbas avait auparavant annoncé que la Ligue arabe tiendrait le 4 octobre, à sa demande, une réunion sur la poursuite des négociations. 
Côté américain, l'administration, en particulier, n'a pas relâché sa pression pour empêcher l'effondrement prématuré des pourparlers israélo-palestiniens, moins d'un mois après leur lancement à Washington. A l'issue du moratoire, elle a réitéré sa demande à Israël de maintenir le gel de la construction, soulignant que la position américaine à ce sujet n'a "pas changé". 
"Nous restons en contact étroit avec les deux parties et nous allons les rencontrer à nouveau dans les prochains jours", a précisé le porte-parole du département d'Etat, PJ Crowley.
"Nous restons concentrés sur l'objectif de faire progresser les négociations vers une solution à deux Etats (israélien et palestinien) et nous encourageons les parties à faire des gestes constructifs dans ce sens", a-t-il ajouté.
Lien

Fatah et Hamas proches d’une réconciliation de ni vainqueurs ni vaincus

27/09/2010  
Le chef du bureau politique adjoint du mouvement Hamas, Moussa Abou Marzouk, a affirmé que "le Hamas et le Fateh ont convenu de tenir une rencontre imminente à Damas, la semaine prochaine, en vue d’aplanir tous les points restés en suspens, afin d’aboutir une formule consensuelle interpalestinienne".
Lors d’une interview avec le quotidien Kowetien « Al-Jarida », Abou Marzouk, a ajouté qu’après toutes les factions se dirigeront au Caire pour signer le document égyptien de réconciliation, sous le signe de ni vainqueurs ni vaincus.
La rencontre entre Fatah et Hamas fait suite à une réunion tenue récemment à la Mecque entre le dirigeant du Hamas Khaled Mechâal et Omar Souleymane, chef des renseignements égyptiens.
Abou Marzouk a en outre indiqué que trois points ont notamment été discutés à la Mecque : « la réforme de l’organisation de la libération de la Palestine, les élections et leurs dates et comment aboutir à la réconciliation ».
Lien 

Polémique entre Gül et Peres sur CNN

27/09/2010  
Le président israélien Shimon Peres a déclaré dimanche qu’« Israël » "cherche à avoir des relations d'amitié avec la Turquie" en dépit de la crise entre les deux pays envenimée par l'assaut israélien meurtrier contre une flottille d'aide pour Gaza.
Le président turc Abdullah Gül, interrogé séparément dans la même émission diffusée sur la chaîne américaine CNN, a déclaré de son côté que l'amélioration des relations dépendait d' « Israël ». 
Peres a dit dans l’émission GPS, « j'ai lu qu'ils (les Turcs) voulaient des excuses et des compensations, j'ai été extrêmement surpris. Mais nous n'avons pas changé d'attitude envers la Turquie. Nous étions des amis de la Turquie et nous cherchons à avoir des relations d'amitié avec la Turquie ».
De son côté, M. Gül a critiqué les responsables israéliens, en disant : "ils défendent leurs actions et nous critiquent comme si nous avions fait quelque chose de mal. Dans ce cas, comment pourrais-je rencontrer (Peres)"?
"Nous ne sommes pas contre Israël, nous ne sommes pas des ennemis, mais nous avons le droit de critiquer sa politique", a-t-il encore déclaré, tout en soulignant que l'amélioration des relations "dépendait d'Israël". 
Les relations entre la Turquie et "Israël", autrefois alliés stratégiques, ont connu de vives tensions depuis l'offensive israélienne de décembre 2008-janvier 2009 contre la bande de Gaza. Elles se sont encore crispées après l'abordage sanglant de la flottille qui a fait neuf morts, dont huit Turcs et un Turco-américain.
Lien 

Ashkenazi: Tsahal en état d’alerte en prévention à tout développement au Liban

27/09/2010  
Le chef d’état-major israélien, le lieutenant Gabi Ashkenazi, a effectué dimanche une visite dans le nord des territoires occupés à proximité de la frontière avec le Liban.
Il a déclaré, à des représentants des colonies situées à la frontière, que l’armée israélienne suit avec attention les développements au Liban, ajoutant que Tsahal est en état d’alerte en prévention à tout développement. Il a ajouté que le commandement du front nord déploie des efforts afin de préserver le calme dans ces colonies.
« Nous savons les défis auxquels nous sommes confrontés et nous sommes prêts à les affronter, et il est très important pour nous que la colonisation ici préserve sa stabilité et sa force », a encore dit Ashkenazi.
Il y a dix jours, le ministre israélien de la guerre avait également visité la région. S’adressant aux soldats israéliens postés sur la frontière, Ehud Barak a mis en garde contre l'absence de vigilance: « à certains moments vous serez amenés à montrer les capacités que vous avez acquis  durant votre service. Le Hezbollah n'est pas moins intelligent que nous, il pense à toutes les étapes et essaye de montrer qu’il est capable de nous frapper et de nous surprendre ». 

En cas de guerre, « Israël » va recruter des sionistes du monde

27/09/2010  
En cas d’éclatement d’une guerre, l’entité sioniste compte recruter «  des sionistes » du monde, prêts à porter assistance à Tsahal.
Selon le quotidien israélien Maariv, un pont aérien est sur le champ d’être mis au point, via des avions de transports spécialement conçus pour cette mission. Ils devront également rapatrier le plus vite possible les hauts-officiers et les soldats réservistes se trouvant à l’étranger lors de l’éclatement des hostilités.
Le journal israélien précise que l’idée avait été mise en point au milieu des années 90 du siècle dernier, par l’ex-chef de l’état major israélien Gabi Ashkénazi, alors directeur du département des opérations. Des centres de recrutement ont alors été créés.
Mais elle a été rejetée ultérieurement, par le chef d’état-major Dan Haloutz, qui a fermé ces centres, pour des raisons liées au budget.
Selon le journal israélien Maariv, Tsahal vient de décider de préserver les capacités à recruter des forces à l’étranger, tout en réduisant les dépenses.    

Boycotter l’apartheid

lundi 27 septembre 2010 - 07h:01
Eric Walberg - Al Ahram Weekly
La campagne de boycott ; désinvestissements et sanctions (BDS) continue à prendre de l’ampleur, que ce soit aux Etats-Unis, au Canada et en Europe, écrit Eric Walberg.
(JPG)
Vendredi 24 septembre 2010 - Une femme palestinienne interpelle des soudards israéliens lors d’une manifestation contre le mur d’apartheid dans le village de Bil’in en Cisjordanie près de Ramallah - Photo : AP/ Majdi Mohammed
En juillet, à Olympia, la ville de Rachel Corrie dans l’État de Washington, la Coop agro-alimentaire a annoncé qu’elle ne vendrait aucun produit israélien dans ses deux supermarchés. L’archevêque Desmond Tutu, principal partisan de cette nouvelle campagne de désinvestissement en Israël a fait une déclaration de soutien au boycott. « La Coop d’Olympia a rejoint un mouvement mondial grandissant animé par des citoyens et le secteur privé afin de soutenir la lutte palestinienne non-violente pour la justice et l’auto détermination. »
Au mois d’août, l’Université de Harvard a causé la surprise en retirant tous ses placements israéliens, soit près de 40 millions de dollars en actions dans des industries pharmaceutiques, NICE Systems, Check Point Software Technologies, Cellcom Israel et Partner Communications. Au début, Harvard n’a pas motivé son action à la SEC. John Longbrake, porte-parole de Harvard, a soutenu que l’université ne s’était pas désinvesti d’Israël, que ces changements étaient normaux et qu’ils ne constituaient pas un changement de politique.
Mais l’Université de Harvard cédait-elle en fait devant les appels au BDS et tentait-elle de le faire aussi discrètement que possible pour éviter des représailles sionistes ? Par le passé, Harvard s’est désinvestie de sociétés pour des raisons purement politiques, mais elle le faisait publiquement. Par exemple, il y a cinq ans, elle a retiré ses actions de PetroChina pour protester contre les actions chinoises au Soudan.
À Vancouver au Canada, le trafic des camions du port a été ralenti à une allure d’escargot à la fin du mois d’août quand un groupe de quelque 50 manifestants ont approché les camionneurs en leur remettant des tracts leur demandant d’observer la campagne de boycott mondial contre Israël et en particulier de refuser de décharger le porte-conteneurs israélien Djibouti de la société Zim, un des plus grands du monde, qui était arrivé au port de Vancouver. « Cette action s’inscrit dans la campagne internationale grandissante de pressions sur Israël pour qu’il respecte le droit international et arrête de tuer des civils innocents » a déclaré Gordon Murray, porte-parole de la Coalition Boycott Apartheid Israël (BIAC). « Les travailleurs d’Afrique du Sud, de Scandinavie, des USA, de Turquie et d’Inde ont déjà répondu à l’appel lancé par les Palestiniens » a dit Mike Krebs au nom de BIAC. « Le mouvement international de solidarité a décidé que la meilleure manière de changer le comportement d’Israël est de prendre des actions contre ses sociétés et ses institutions afin de faire pression sur son gouvernement ».
Lors d’une interview avec le Christian Science Monitor, Jonathan Ben Artzi, candidat à un doctorat à Brown University et neveu du premier ministre Benjamin Netanyahu, a affirmé que l’égalité et la justice sociale régneront en Israël lorsque le gouvernement et le peuple étasuniens auront une tolérance zéro pour les abus commis par Israël à l’encontre des Palestiniens. Ben Artzi, dont la famille vit dans la région depuis neuf générations, et qui a vu toute sa vie comment Israël maltraitait les Palestiniens a déclaré « parfois c’est un ami digne de confiance qui doit vous dire que ça suffit.
Tout comme ils l’ont fait en Afrique du Sud il y a 20 ans, des citoyens concernés dans tous les USA peuvent influer sur la situation en encourageant Washington à dire clairement à Israël que cela ne peut pas continuer ». En parlant de l’Afrique du Sud, il se référait aux manifestations, au boycott et aux actions de désinvestissement menés aux USA de 1984 à 1989, qui ont finalement forcé le gouvernement sud-africain de la minorité blanche à lâcher le contrôle de sa majorité noire opprimée. Ben Artzi a passé 18 mois en prison pour avoir refusé de faire son service militaire obligatoire dans l’armée israélienne.
La campagne californienne de désinvestissement en Israël a démarré le 8 septembre par le lancement d’une initiative demandant aux fonds de pension des fonctionnaires et des enseignants de se désinvestir de leurs activités commerciales en Israël.
L’organisatrice locale de la campagne, Sherna Gluck, membre du système de retraite des fonctionnaires a dit « notre régime de retraite publique a investi plus de 1,5 milliard de dollars dans au moins huit sociétés qui fournissent des matériels et des services militaires dont l’utilisation viole les droits humains internationalement reconnus, comprenant notamment le soutien aux colonies israéliennes illégales et au mur de séparation ».
L’archevêque Tutu a déclaré aux Californiens : « nous avons vaincu l’apartheid sans violence parce que la communauté internationale avait accepté de soutenir la campagne de désinvestissement dans l’apartheid. Une campagne similaire peut apporter la paix au Moyen-Orient sans violence.
Ceci n’est que le premier mouvement de désinvestissement en Californie. Des initiatives similaires seront bientôt lancées dans d’autres villes de cet Etat. Avec cette campagne de désinvestissement, les Californiens sont prêts à commencer un mouvement de désinvestissement État par État reproduisant la campagne anti-apartheid qui a contribué à éliminer le système oppressif en Afrique du Sud.
Le gouvernement des Pays-Bas a lui aussi créé un précédent important pour l’Europe et en fait pour les gouvernements du monde entier. Il a lancé une bombe cette semaine quand le Ministère des Affaires étrangères a annulé une tournée de maires israéliens prévue pour octobre. Le forum est financé par le Joint Distribution Committee, une association de bienfaisance judéo - étasunienne ; la liste des participants comprenait des représentants des colonies cisjordaniennes d’Efrat et de Kiryat Arba en « Judée » et en « Samarie ». Le ministère israélien des affaires étrangères a réagi : « ceci est sans aucun doute une politique inutile et inoffensive et nous espérons que ce n’est pas le dernier mot sur la question ».
Eh bien nous espérons le contraire. Les Pays-Bas sont devenus notoires pour leur islamophobie attisée par l’homme politique et cinéaste néerlandais Geert Wilders, qui annonce fièrement « je déteste l’islam », qui appelle le Coran un « livre fasciste » et traite le prophète Mohammed de « diable ». Il prétend que l’immigration musulmane est un « cheval de Troie ». Ses paroles sont reprises par le politicien israélien, Aryeh Eldad, qui a condamné le boycott dans ces termes : « le fait que les Néerlandais aient plié devant les Arabes reflète leur abdication devant la minorité musulmane ».
Cette initiative morale des Pays-Bas est de toute évidence une tentative pour redresser l’image négative de ce pays et elle fera réfléchir les autres gouvernements. Le président du Israel Local Council (conseil municipal), Schlomo Buchbut, conclut à juste titre : « la décision des Pays-Bas fait monter le conflit [israélo-arabe] tout en haut de la liste ».
23 septembre 2010 - Al Ahram Weekly - Cet article peut être consulté ici :
http://weekly.ahram.org.eg/2010/101...
Traduction : Anne-Marie Goossens
Lien

Gaza : un pêcheur assassiné par les troupes d’occupation

lundi 27 septembre 2010 - 07h:28
PCHR Gaza
Un nouveau crime a été commis contre les civils palestiniens, ce vendredi 24 septembre 2010, lorsque les Forces d’Occupation Israéliennes (FOI) ont assassiné un pêcheur palestinien alors qu’il travaillait avec ses cousins en face de la plage de al-Soudaniya dans le nord de la ville de Gaza.
Il faut rappeler que des bateaux de guerre israéliens harcèlent quotidiennement les pêcheurs palestiniens en mer et menacent leurs moyens de subsistance en tirant régulièrement sur leurs bateaux, en les emprisonnant et en leur confisquant leurs outils de pêche.
Selon les enquêtes menées par le Centre palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR) et le témoignage d’un pêcheur qui se trouvait sur le bateau, à environ 9 heures ce vendredi 24 septembre, Mohammed Mansour Bakr, âgé de 20 ans, et trois de ses cousins étaient en train de pêcher avec le bateau appartenant à leur famille, face à al-Soudaniya, au nord de la ville de Gaza.
Alors qu’ils étaient à environ 2 kilomètres la plage et à une distance équivalente de la limite maritime [des eaux territoriales de Gaza], une vedette israélienne s’est approchée à une distance de 100 mètres et a commencé à tirer lourdement sur le bateau de pêche, sans aucune raison ni avertissement.
Mohammed a été abattu d’une balle au côté droit.
Il est tombé à l’intérieur du bateau et s’est mis à perdre son sang, au milieu des cris de ses cousins qui demandaient aux soldats israéliens de cesser le feu et leur disaient que Mohammed avait été blessé. Mais les soldats israéliens ont continué à tirer.
Une dizaine de minutes pus tard, les FOI se sont éloignés, et les pêcheurs ont pu rejoindre la plage, puis transporter leur cousin Kamal à l’hôpital Nasser à Beit Lahia, mais il est décédé.
Le PCHR condamne ce nouveau crime et :
1) demande à la communauté internationale, en particulier aux Hautes Parties contractantes de la quatrième Convention de Genève de 1949, d’intervenir immédiatement et de faire pression sur les forces d’occupation pour que cessent toutes les attaques contre les pêcheurs palestiniens dans la bande de Gaza, et qu’il leur soit permis de naviguer librement et de pêcher dans les eaux territoriales qui sont celles de la bande de Gaza ;
2) demande une intervention immédiate pour que les FOI cessent toutes les formes de violence à l’encontre des pêcheurs par sa marine, y compris terroriser les pêcheurs, tirer sur eux, et confisquer leurs bateaux et leurs outils de pêche.
26 septembre 2010 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net
Lien

Ce que veut dire vraiment "démocratie juive"

publié le mardi 28 septembre 2010
Michael Khaled

 
Il existe une contradiction fondamentale entre les principes de démocratie et le fait d’avoir un Etat construit pour satisfaire l’une de ses ethnies.
Le racisme est une chose normale dans un Etat qui s’identifie comme une démocratie ethnique. Les responsables israéliens déclarent avec force qu’Israël est l’Etat « démocratique juif ». Pourtant, il existe une contradiction fondamentale entre les principes de démocratie et le fait d’avoir un Etat construit pour satisfaire l’une de ses ethnies.
L’inclusion des minorités, le cosmopolitisme et la protection universelle des droits fondamentaux sont le fondement de toute démocratie, alors que les valeurs que les dirigeants israéliens adoptent aujourd’hui sont aux antipodes.
Que l’issue finale du conflit sépare Palestiniens et Israéliens en deux Etats ou qu’elle les réunisse comme citoyens d’un Etat unique, il est clair qu’Israël, tel qu’il existe aujourd’hui, vit avec une image de lui-même hypocrite.
Loin d’être une démocratie, l’Etat israélien ne peut plus être exactement décrit comme une république ethnocentrique, ou une ethno-république, c’est un Etat qui donne la préférence à une représentation démocratique et à la primauté d’une race.
Dans des récentes déclarations, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, demande de retirer la citoyenneté aux citoyens arabes d’Israël qui refusent d’affirmer leur loyauté envers un Etat juif. Pour lui, le statut du million trois cent mille Arabe palestiniens qui ont la citoyenneté israélienne doit être la question prioritaire à traiter dans la série actuelle des négociations de paix avec l’Autorité palestinienne.
Selon lui toujours, la formule « un territoire pour la paix », base depuis des décennies des négociations conduites par les Etats-Unis, doit être changée. La paix ne suffit plus à ses yeux, et une nouvelle équation basée sur un échange de « territoires et populations » doit être utilisée. Apparemment, Israël abandonnerait des territoires proches de la Cisjordanie, à forte population arabe, en échange des plus grands blocs de colonie de Cisjordanie. Peu importe ce que les citoyens israéliens qu’il se propose de virer veulent, des citoyens dont il devrait pourtant se considérer comme le représentant s’il croyait dans la démocratie. Des sondages montrent souvent que les habitants arabes de villes comme Nazareth, Umm Al Faham et Tayibe, ne souhaitent aucunement devenir des citoyens d’un Etat palestinien nouvellement constitué, surtout s’ils sont forcés de quitter leurs maisons. Pour eux, quand et si la question palestinienne est résolue pour la Cisjordanie et la bande de Gaza, leur lutte pour l’égalité des droits civils et politiques se poursuivra.
Ce système de séparation ethnique prévaut des deux côtés de la Ligne verte, mais il est plus visible aux passages de contrôle dans et hors de la Cisjordanie. Les check-points sont là plus que jamais comme autant de (dis)fonctionnements qui nous donnent un exemple parfait des pratiques discriminatoires du régime ethnocentrique. La justification en est simple pour les Israéliens : c’est pour empêcher qu’entrent des armes et des militants. Alors, jusqu’où est efficace le système actuel de check-points, et l’œuvre maîtresse du système israélien de séparation, la « clôture de sécurité » ?
Je l’ignorais jusqu’à ce qu’il me soit donné de voir, de première main, des policiers des frontières trier les gens sur la base de leur apparence et là j’ai réalisé tout l’arbitraire de cette séparation forcée qui était imposée.
Il y a quelques mois, je voyageais avec deux Palestiniens d’Israël ; l’un, un homme, avec la peau claire qui pouvait aisément passer pour un juif européen, l’autre, une femme, très bronzée, et moi-même, à la peau pâle, dans la vingtaine d’années. Rentrant d’une réunion à Ramallah, nous roulions en remontant vers le check-point de Halabish (Tel Za’tar), près de Tel Aviv.
Je m’attendais à devoir descendre de voiture, ouvrir mes bagages et peut-être à voir des chiens renifler le coffre, ou au moins à présenter ma carte d’identité, mais rien de tout cela. Nous n’avons même pas eu besoin de nous arrêter ; les gardes nous ont juste regardé tous les trois et nous ont fait signe de passer. En fait, je n’ai même pas réalisé que nous venions de passer le check-point jusqu’à ce que je remarque que Tel Aviv grandissait à l’horizon.
C’était incroyable, nous étions deux Palestiniens israéliens et un Palestinien états-unien, qui rentrions en Israël et le garde n’a même pas contrôlé une seule carte d’identité. Certes, nous n’avions rien à cacher, mais comme il serait simple pour quelqu’un comme nous de faire passer des armes, des bombes, ou quoi que ce soit, et qui que ce soit. Mes compagnons m’ont expliqué quels étaient tous les critères que les gardes observaient pour juger du niveau d’une menace ; en l’occurrence, une berline Citroën de fabrication française, avec quelques Arabes, la plaque d’immatriculation jaune qui est remise aux citoyens israéliens, la peau claire, et, le plus important, notre passagère ne portait pas le hijab (foulard islamique) qui entraîne à lui seul une invitation automatique à des inspections minutieuses aux check-points.
L’absurdité du mur de séparation et de toutes les tentatives visant à isoler les Palestiniens à l’intérieur de la Cisjordanie crevait l’écran. Malgré l’existence des lois qui interdisent à tout Israélien de se rendre dans les zones sous contrôle palestinien en Cisjordanie, des citoyens palestiniens d’Israël y entrent et en sortent tout le temps, et sans problème.
Le véritable but de la pratique discriminatoire est de tenir les Arabes palestiniens et les juifs israéliens séparés les uns des autres. Si dans leur majorité, les Israéliens juifs n’ont jamais vu ou ressenti les effets de leur statut de privilégiés, pourquoi devraient-ils faire pression sur le gouvernement pour que ça change ?
Le racisme, quand il est institutionnalisé par la loi et autorisé par la société, est une forme de « pouvoir en douceur », invisible, qu’on ne peut voir mais qui est universellement ressenti par tous ceux qui le subissent. Pour ceux qui sont ciblés par le profilage racial, il crée un sentiment de victimisation, d’impuissance et de désespoir, pendant que ceux qui en bénéficient sont revalorisés, avec plus de pouvoir et complètement aveugles à la souffrance que le racisme provoque.
Les bénéficiaires de ce genre de système perdent tout sens d’empathie humaine tout simplement parce qu’il est beaucoup plus facile de fermer les yeux devant la discrimination. On l’a vu dans l’Amérique du Sud d’avant les droits civils, dans l’Algérie française et dans l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Compte tenu de ces précédents, et de l’état de fracture et d’instabilité que connaît la direction palestinienne, il semble presque impossible qu’un règlement négocié puisse offrir la sécurité et la paix aux Israéliens, tout en donnant aux Palestiniens, souveraineté et justice.
Les négociations en cours ne seront même pas près de traiter cette question fondamentale, sauf sous la forme d’une exigence israélienne pour une reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif, ce qui ne ferait que réaffirmer le système ethnocentrique et de le cimenter pour les générations à venir.
publié par Miftah
traduction : JPP pour l’AFPS

Palestine : l’opération « wishful thinking » d’Obama

publié le lundi 27 septembre 2010
Pierre Puchot, Thomas Cantaloube

 
Au pays de Oui-Oui, Barack Obama est président honoraire. Malgré un déluge de commentaires positifs dans les médias, qui ont cru voir dans son discours du 23 septembre devant l’Assemblée générale de l’ONU un pas en avant vers la création et la reconnaissance d’un État palestinien, le président américain n’a rien annoncé de notable, et encore moins de nouveau. Il a, au contraire, délivré un speech qui tenait plus du « Si tous les gars du monde décidaient d’être copains » que de la démonstration d’une Amérique fermement engagée sur le dossier israélo-palestinien.
Une grande partie de la presse a interprété la phrase clé de son intervention comme le signal de sa volonté de voir un État palestinien devenir membre de l’ONU d’ici un an (« When we come back here next year, we can have an agreement that will lead to a new member of the United Nations – an independent, sovereign state of Palestine, living in peace with Israel »).
En fait, si l’on traduit exactement ce passage, et qu’on le replace dans le contexte général de son discours, Barack Obama est beaucoup plus vague et certainement pas aussi définitif : « Cette fois, nous devrions nous appuyer sur les notions de tolérance qui sont au cœur des trois grandes religions qui considèrent le sol de Jérusalem comme sacré. Cette fois, nous devrions nous appuyer sur le meilleur de nous-mêmes. Si nous le faisons, en revenant ici l’an prochain, nous pourrons avoir un accord qui aboutira à l’inclusion d’un nouveau membre aux Nations unies – un État de Palestine indépendant et souverain, vivant en paix avec Israël. »
Non seulement le président américain ne donne aucune indication réaliste sur la manière de parvenir à cet objectif, mais il préface son annonce de plusieurs conditionnels. Précisons également qu’il ne fait que répéter la position américaine régulièrement exprimée depuis George W. Bush en 2002 sur la création d’un État palestinien. Quant à la date d’un an, elle n’est pas vraiment mentionnée comme date butoir, ou date souhaitable, mais simplement parce qu’il s’agit de la prochaine assemblée générale de l’ONU.
Les Américains ont une expression pour ce genre de rhétorique : le « wishful thinking », prendre ses désirs pour la réalité. Comment qualifier autrement les deux paragraphes qui précèdent cette mention d’un peut-être-futur-probable Etat palestinien ? Voici les mots d’Obama : « Le conflit entre Israéliens et Arabes est aussi vieux que cette institution. Et nous pourrons revenir ici l’an prochain, comme lors des soixante années précédentes, et faire de longs discours à ce sujet. (...) Ou, nous pouvons dire que, cette fois-ci, les choses seront différentes – que nous ne laisserons pas le terrorisme, les aléas, les imprécations, ou la basse politique se dresser sur notre chemin. Cette fois, nous ne penserons pas à nous, mais à la petite fille de Gaza qui ne veut pas avoir de limite à ses rêves, ou au petit garçon de Sderot qui veut dormir sans le cauchemar d’une roquette lui tombant dessus. » Gageons que seul un président américain peut se permettre ce genre de discours sans tutoyer le ridicule.
La politique a beau souvent n’être faite que de belles paroles, ce discours d’Obama n’a été nullement remarquable, sauf par ses omissions : « Le moratoire israélien, juge Barack Obama, sur les colonies a fait la différence sur le terrain et amélioré l’atmosphère en vue des pourparlers. » Obama crédite donc Israël pour ses efforts, même s’il rappelle que la position des États-Unis « est connue : nous croyons que le moratoire devrait être étendu ». C’est oublier que ce moratoire ne s’applique pas à Jérusalem-Est, où Israël expulse chaque semaine des habitants palestiniens pour loger des familles israéliennes. Que ce moratoire ne s’est appliqué que partiellement à la Cisjordanie, tant les entorses y ont été nombreuses depuis sa mise en place, le 25 novembre 2009. En témoigne le dernier rapport annuel de l’ONG israélien La Paix maintenant.
Qu’au cours des années 2008 et 2009, le rythme de la colonisation s’était accru de manière exponentielle, toujours selon les rapports annuels de La paix maintenant. La construction de logements dans les colonies israéliennes de Cisjordanie a pratiquement doublé depuis le début 2008 par rapport à 2007, et a progressé sur le même rythme en 2009.
Ce passage du discours d’Obama reprend en fait la ligne initiée par la visite d’Hillary Clinton à Jérusalem, fin octobre 2009. À la surprise générale, alors qu’Israël refusait de geler les constructions en Cisjordanie, la secrétaire d’État américaine qualifiait les efforts d’Israël de « sans précédent », convertissant ainsi la diplomatie américaine à la notion de « gel partiel » mis en avant par le gouvernement israélien.

Négocier en colonisant : le mauvais choix d’Israël

publié le mardi 28 septembre 2010
Pierre Haski

 
Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, voudrait le beurre et l’argent du beurre ou, dans son cas, la reprise de la colonisation ET les négociations. Il n’est pas impossible qu’il obtienne gain de cause. Mais ce qu’il n’aura pas en même temps, c’est la paix.
Une partie d’Israël était en fête, dimanche soir, pour célébrer la fin du moratoire imposé à toute nouvelle construction en Cisjordanie occupée. Il y avait dans les reportages effectués auprès des colons et de leurs partisans, lors de la reprise symbolique des constructions dans les colonies juives, une ambiance de kermesse indécente au-dessus du volcan, de défi au reste du monde qui désapprouve mais ne fait rien [1].
Pour ces Israéliens, le titre de propriété de ces terres est de droit divin, et a donc une légitimité supérieure à ces résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui sont simplement l’émanation des hommes. Ils le disent sérieusement et, pour les avoir rencontrés, ils le croient vraiment.
On attendrait d’un gouvernement d’un pays démocratique qu’il attache, pour sa part, plus d’importance aux résolutions de l’ONU qu’à la parole attribuée à Dieu… Pas en Israël (ni dans les autres pays où une part de théocratie entre en ligne de compte dans la manière dont ils sont gouvernés, comme… l’Iran) où, cyniquement ou pragmatiquement, les « fous de Dieu », pas si fous que ça, en fait, ont toujours réussi à tenir les partis laïques en otage.
Le dilemme de Mahmoud Abbas
Cette situation place une fois de plus les Palestiniens devant une situation inextricable. Mahmoud Abbas, le pathétique président de l’Autorité palestinienne, a accepté sous pression de reprendre les négociations avec Israël sous l’égide américaine, sans avoir obtenu d’assurance que le moratoire israélien sur la colonisation serait prolongé.
Il est aujourd’hui sous pression d’accepter de poursuivre ces négociations malgré tout, laissant les mains libres aux Israéliens de continuer un processus qui menace l’idée même d’un Etat palestinien auquel tout le monde, en paroles, apporte désormais sa caution.
Qu’il accepte, et il continuera sa descente aux enfers aux yeux des Palestiniens et ouvre un boulevard à ses rivaux islamistes du Hamas ; qu’il refuse et il se retrouve sans stratégie de substitution, déplaisant à ses parrains américains et européens qui assurent le financement de son administration.
La position du premier ministre israélien est indéfendable : s’il n’est pas capable aujourd’hui d’imposer un simple moratoire à l’aile la plus extrémiste de sa coalition gouvernementale et de l’opinion israélienne, qui peut croire qu’en cas d’accord avec les Palestiniens aux négociations de Washington, il sera capable d’évacuer les colons par la force, comme avait dû le faire Ariel Sharon pour évacuer ceux de Gaza [2] ?
La démission d’Obama
La véritable interrogation ne devrait pas être celle de Mahmoud Abbas, mais celle de Barack Obama. S’il était cohérent, c’est sur Benyamin Netanyahou que devrait s’exercer sa pression pour qu’il prolonge son moratoire le temps que dureront les négociations. Mais, affaibli à l’intérieur et à quelques semaines des élections de mi-mandat, il ne le fera pas.
C’est pourtant entre les mains du président des Etats-Unis que reposent aujourd’hui les très maigres chances de ne pas voir dérailler l’énième processus de paix.
L’alternative à la passivité ou à l’échec, on la connaît. A ceux qui estiment que la Cisjordanie leur appartient parce que Dieu l’a dit, répondra la violence de ceux qui, de l’autre côté, pensent que Dieu leur a donné pour mission de chasser les colons. C’est le prix de la lâcheté diplomatique.
[1] voir aussi Karim Lebhour dans la Croix
Le moratoire partiel imposé par le gouvernement de Benyamin Netanyahou sur les constructions israéliennes en Cisjordanie expirait hier.
Le sort du processus de paix au Proche-Orient se joue peut-être ici, dans les rangés de maisons tracées au cordeau de Shilo, l’une des 120 colonies juives de Cisjordanie dans lesquelles vivent 300 000 Israéliens. Un panneau indique la mise en chantier d’un nouveau lotissement : « douze maisons, cinq chambres. Vue panoramique. Début des travaux immédiatement après la fin du gel », est-il précisé.
Le moratoire partiel imposé par le gouvernement de Benyamin Netanyahou sur les constructions israéliennes en Cisjordanie pendant dix mois expirait hier. Pour les Palestiniens, la fin du moratoire pourrait bien signer l’arrêt prématuré des pourparlers de paix. Le président Mahmoud Abbas n’a cessé d’affirmer qu’il ne négociera pas « un seul jour » si Israël relance la colonisation dans les territoires occupés. Ces tout derniers jours, les Américains pressaient Palestiniens et Israéliens de trouver un compromis.
Yisrael Medad, résident de Shilo et représentant du conseil régional de Samarie, ne se trouble pas pour autant. « Nous allons mettre les bouchées doubles. Les bureaux d’ingénierie ont travaillé sans relâche. Ces dix mois nous ont permis de faire toutes les études de terrain et les paperasses en retard de ces deux dernières années. Des centaines de projets sont prêts. On n’attend plus que la fin du gel », se félicite-t-il.
Quelques kilomètres plus au nord, dans l’implantation d’Ariel, l’impatience est la même. Avec près de 20 000 habitants, ses trottoirs pavés, son centre sportif et son théâtre, Ariel est gratifiée du statut de ville à part entière par les autorités israéliennes. Elle fait partie des « blocs » que l’État hébreu entend conserver dans le cadre d’un accord avec les Palestiniens.
Le gel sur les constructions y a été vécu comme une punition. « Les gens ne pouvaient même pas construire un patio », s’indigne Chen Keden, porteparole de la municipalité. La jeune femme passe la main sur une carte de la ville : « Toute la partie sud est encore constructible. Nous pourrions atteindre 35 000 habitants. »
Ces derniers jours, le comité de planification s’est réuni pour approuver les constructions qui débuteront la semaine prochaine. Le projet prioritaire : 100 unités de logements pour les colons évacués de Gaza en 2005. Ariel se trouve à une quinzaine de kilomètres de la frontière supposée avec Israël, à l’intérieur de la Cisjordanie. « L’autoroute n° 5 va directement à Tel-Aviv. Ma femme prend le bus le matin pour aller travailler. Nous sommes en Israël, pas en territoire palestinien », dit Rouven Franks, un résident.
Ces derniers jours, les États-Unis ont pressé Benyamin Netanyahou de prolonger le gel des constructions pendant trois mois, le temps de définir les frontières du futur État palestinien et de distinguer les implantations qui resteront sous contrôle israélien de celles qui devront être évacuées. Le premier ministre israélien a refusé. « Israël ne poursuivra pas le gel, mais ne construira pas non plus les dizaines de milliers de logements planifiés », a-t-il déclaré, appelant les colons à « faire preuve de retenue ».
« Le gouvernement va tenter de créer un goulot d’étranglement en freinant l’obtention des permis de construire, prédit Daniel Dayan, président du Conseil de Yesha, l’organisation représentative des colons. Son prédécesseur Ehud Olmert avait déjà utilisé ce procédé, mais nous avons suffisamment de poids politique pour gagner cette bataille. » Pour ce résident de Ma’ale Shomron, une petite implantation près de Qalqilya, il est hors de question de remettre en question le « droit des Juifs à vivre partout où ils l’entendent » entre le Jourdain et la Méditerranée. « Depuis ma maison, je vois les tours de Tel-Aviv. Si un militant islamiste prend ma place, les roquettes pleuvront sur la ville, poursuit-il. Nous sommes la première ligne de défense du pays. Un État palestinien serait une menace existentielle pour Israël. » http://www.la-croix.com/Les-colons-...
publié par Rue89
ajout de notes : CL, Afps

Netanyahou doit plus craindre Platini qu’Obama

publié le mardi 28 septembre 2010
Pascal Boniface

Le président de l’Union européenne des associations de football (UEFA), Michel Platini, vient d’affirmer que les mesures israéliennes vis-à-vis du sport palestinien constituaient une violation des réglementations et lois internationales en vigueur, susceptible de le pousser à reconsidérer la qualité de membre de l’UEFA pour Israël.
Michel Platini vient de rencontrer Jibril Rajoub, président de la Fédération palestinienne de football. Celui-ci a mis en avant les pratiques israéliennes qui ont pour effet d’isoler le sport palestinien évoquant les restrictions imposées pour les allers et venues des sportifs palestiniens et les difficultés à pouvoir importer des équipements sportifs. Israël a interdit par ailleurs l’entrée de matériels destinés à favoriser le développement du sport en Palestine, octroyés en juillet 2009 par Platini, et qui sont toujours bloqués au niveau des ports israéliens. Jibril Rajoub a fourni un rapport détaillé au président de l’UEFA sur les difficultés des sportifs palestiniens, et notamment des footballeurs, à pouvoir se réunir, s’entraîner et se déplacer. Michel Platini a alors déclaré qu’Israël avait été accepté en Europe et qu’ils doivent respecter les messages des lois et réglementations sportives internationales, faute de quoi leur présence en Europe n’aura pas lieu d’être : « Je vais peser de tout mon poids pour mettre un terme à la souffrance du joueur palestinien notamment au football et je présenterai cet état de fait au bureau exécutif lors de la prochaine réunion prévue en automne 2010 d’autant plus qu’Israël est membre du bureau exécutif. » C’est un message particulièrement ferme et tout à fait inhabituel qu’Israël reçoit de la part d’un organisme international.
Israël avait quitté la confédération asiatique du fait du boycott des pays arabes et avait été accepté dans les instances européennes de football. C’est pour cela que les équipes de clubs israéliens disputent la Champion’s League et la Ligue Europa, tandis que l’équipe nationale dispute sa qualification pour la Coupe du monde au sein de la zone Europe et participe aux qualifications pour le championnat d’Europe des Nations. En 2002, l’UEFA avait empêché provisoirement des matchs internationaux de se dérouler en Israël mais pour des considérations liées à la sécurité et du fait de la menace d’attentats. Ce n’était en rien une condamnation politique d’Israël.
Si Platini maintient sa menace, le coût serait particulièrement lourd pour Israël. La menace de suspension de la participation des équipes nationales ou de clubs israéliens à des compétitions européennes serait un coup très dur porté à Israël. On se rappelle ainsi qu’en 1992, l’équipe de Yougoslavie avait été écartée du fait du début des guerres balkaniques. Contrairement à l’ONU avec l’Assemblée générale qui multiplie les résolutions sans aucune valeur juridique contraignante et où le Conseil de sécurité est bloqué par le veto des Etats-Unis, l’UEFA peut prendre de vraies décisions. La visibilité du sport, son impact quotidien profondément ancré dans les sociétés, donneraient au débat sur la participation d’Israël à l’UEFA, une importance politique et symbolique énorme.
On peut penser qu’Israël ne se méprendra pas sur le message envoyé par Platini en sachant que, pour de simples raisons d’attachement au sport, il ne cédera pas et que les moyens traditionnels de pression qui fonctionnent très bien pour les Etats européens n’auront pas d’effets sur l’instance suprême européenne sportive. Il est donc très probable qu’Israël revoit assez rapidement sa politique de restriction des déplacements des sportifs palestiniens et de la fourniture d’équipements sportifs à la Palestine. Les dirigeants israéliens sont suffisamment perspicaces pour savoir quelles pressions sont réelles ou purement verbales. Et Platini et l’UEFA auront probablement plus d’impact et d’influence sur leur décision que les différentes protestations verbales sans consistance des dirigeants politiques occidentaux.
Publié sur le b log du NouvelObs, "Défense stratégique" :