jeudi 5 août 2010

Flottille pour Gaza : le Conseil de sécurité salue la nomination d'un panel d'enquête

4 août 2010 – Le Conseil de sécurité a salué mardi la création d'un panel de personnalités chargé d'enquêter sur le raid de l'armée israélienne, le 31 mai dernier, contre une flottille d'aide humanitaire partie de Turquie pour rejoindre la Bande de Gaza, et qui s'était soldé par la mort de neuf personnes.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait annoncé la création de ce panel lundi, après deux mois d'intenses consultations. Basé au siège de l'ONU, à New York, il sera présidé par l'ancien Premier ministre néo-zélandais, Geoffrey Palmer, assisté du Président colombien sortant Alvaro Uribe et de deux représentants israélien et turc, dont les noms n'ont pas encore été rendus publics.

Il travaillera en liaison avec des experts sur le terrain et en coopération avec les gouvernements concernés qui lui transmettront les conclusions de leurs enquêtes nationales. Le panel remettra ensuite un rapport au Secrétaire général, qui décidera alors des mesures ultérieures à suivre.

Dans un communiqué lu à la presse par l'ambassadeur de la Fédération de Russie auprès de l'ONU, les 15 membres du Conseil de sécurité saluent aussi la coopération de la Turquie et d'Israël et disent attendre avec impatience les résultats du mandat confié au panel.
Lien 

Israël-Liban : après l'échange de tirs, l'ONU organise une rencontre tripartite

4 août 2010 – Après l'échange de tirs meurtrier survenu mardi entre l'armée israélienne et l'armée libanaise à proximité de la localité d'Aadaissé, au Sud Liban, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a organisé mercredi une rencontre tripartite avec des représentants des deux armées.
« Le Commandant de la FINUL, le général Alberto Asarta Cuevas, a appelé à la tenue d'une rencontre tripartite extraordinaire », a fait savoir mercredi un porte-parole de la FINUL. « Cette rencontre a pour but de répondre à la situation grave qui s'est développée ces deux derniers jours afin de prévenir le retour d'une telle situation », a-t-il ajouté.

La réunion tripartite entre représentants de l'ONU, de l'armée israélienne et de l'armée libanaise s'est déroulée mercredi soir au point de passage de Ras Al Naqoura au Sud Liban. Le Coordonnateur spécial de l'ONU pour le Liban, Michael Williams, était également présent.
"L'échange de tirs a commencé bien que nous ayons fait notre mieux pour l'empêcher", a dit le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, lors d'un point de presse à New York. Il a précisé que la FINUL avait négocié un cessez-le-feu pour mettre fin aux tirs.
Selon lui, l'incident de mardi est "le plus sérieux" depuis 2006. Il a estimé que l'existence d'un mécanisme tripartite réunissant la FINUL, Israël et le Liban, était un "succès important". Il s'est félicité que les deux parties aient accepté la proposition de l'ONU d'une réunion tripartite urgente.
Lors de cette réunion, la FINUL a présenté aux deux parties les résultats préliminaires de son enquête sur l'incident. Elle les a appelées à exercer un "maximum de retenue" et à "éviter toute action qui pourrait accroître les tensions", a dit la force onusienne dans un communiqué.
"Nous avons eu une réunion constructive", a dit le général Asarta. "J'ai souligné l'importance de garantir le plein respect de la Ligne bleue par toutes les parties."

Selon la presse, les violences ont commencé quand des soldats libanais ont ouvert le feu sur des militaires israéliens essayant de déraciner un arbre, qui se trouvait en territoire libanais, d'après le Liban, en territoire israélien, d'après Israël.

« Les enquêteurs de la FINUL se sont rendus sur le terrain et ont commencé l'enquête. Les recherches sont toujours en cours », indique la force onusienne. « Cependant, la FINUL a établi, que les arbres coupés par l'armée israélienne sont situés au sud de la Ligne Bleue du côté israélien », ajoute-t-elle.

« Dans cette zone, le gouvernement libanais avait quelques réserves concernant la Ligne Bleue, comme le gouvernement israélien en a à d'autre endroits », précise la force des Nations Unies. Le Liban et Israël ont confirmé au Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, « qu'en dépit de leurs réserves », les deux pays « allaient respecter la Ligne ».

Le respect de la Ligne Bleue est l'un des points les plus importants de la résolution 1701 du Conseil de sécurité qui a mis un terme en 2006 au conflit entre Israël et le mouvement libanais Hezbollah.

Mardi, Ban Ki-moon a appelé les deux parties « à un maximum de retenue » et s'est dit « très préoccupé par l'échange de tirs entre les Forces de défense israélienne et l'Armée libanaise ». Le chef de l'ONU a également « regretté la perte de plusieurs vies humaines » lors de cet incident, « le plus grave qui soit survenu entre les deux pays depuis la résolution 1701 du Conseil de sécurité ».

Selon la presse, les échanges de tirs ont provoqué la mort de deux militaires et d'un journaliste libanais et d'un haut-gradé israélien.
Lien 

Communiqué de Presse du CBSP - Solidarité : des enfants palestiniens à Lille

Lille - 04-08-2010  
Par CBSP 
Dans le cadre des ses activités humanitaires, le CBSP met en place de nombreux projets en direction de la jeunesse palestinienne durant l’été. Parmi eux, l’accueil en France d’enfants parrainés ou non par notre association. Une fois encore, la solidarité apporte joie et bonheur à ceux qui en sont privés.
Paris, le 28 juillet 2010.
En partenariat avec l’association Amitié Calaisis Palestine, le Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens (CBSP) accueille un groupe d’enfants palestiniens originaires de Naplouse (Cisjordanie) du 1er au 9 août prochain.
Ces jeunes Palestiniens - trois filles et six garçons âgés de 11 à 13 ans - auront droit à de vraies vacances. Avec leurs deux accompagnateurs, ils entameront un programme mêlant détente et découverte spécialement élaboré à leur intention.
Par ailleurs, une soirée de bienvenue est organisée le lundi 2 août à partir de 19h00 à la salle Concorde située boulevard de Metz à Lille.
Pour tout renseignement :
Contacter le Dr Mohamed Salem au 06 85 87 89 55
A propos du CBSP
Fondé en 1990, le CBSP est la première ONG française dont l’action humanitaire est exclusivement axée sur la Palestine. Nous apportons une aide concrète au profit des Palestiniens les plus vulnérables dans des domaines aussi variés que l’aide alimentaire, la santé, l’éducation, le développement économique ainsi que l’urgence. Parallèlement, le CBSP place au cœur de son action le parrainage d’orphelins, de personnes handicapées, de familles et d’enfants démunis. Nous intervenons également dans les camps de réfugiés du Liban et de Jordanie où persiste une extrême misère.

L’Autorité palestinienne attaque les bureaux de Ma’an à Naplouse

Naplouse - 04-08-2010

Par Muhammad Oweiweih 
Les agents des douanes de l’Autorité Palestinienne ont attaqué la chaine de TV de Ma’an à Naplouse, agressant trois journalistes lors de la dernière d’une série d’opérations visant les diffuseurs locaux en Cisjordanie occupée.
Rami Swidan, reporter photo pour Naplouse TV, a dit que les forces de l’AP avaient attaqué les journalistes Duhana Abu Ayasheh, Ayman Alawi, et Ala Ash-Shanti lorsqu’elles sont entrées dans le bureau pour stopper les opérations.
Swidan a dit que Fursan Bani Jaber, fonctionnaire au département des douanes et employé du Ministère des Télécommunications de l’AP, a déclaré qu’ils avaient l’ordre de fermer le bureau.
Les employés ont demandé aux fonctionnaires de parler d’abord avec le directeur Mahmoud Barham. Une dispute a éclaté lorsque Barham est arrivé, à la suite de laquelle les 3 journalistes ont été agressés, a expliqué Swidan. Un officier des douanes a confisqué la caméra qui filmait l’attaque et l’a confisqué pendant plus d’une heure avant de la restituer, a-t-il ajouté.
Barham a dit que le bouclage soudain de la station était « déroutant » et qu’il était en contradiction avec la promesse du Ministère des Télécommunications qu’aucune station ne serait fermée en raison d’un désaccord en cours concernant les droits de licence. « Le Ministre des Télécommunications a violé la décision du gouvernement n° 182/2004, qui stipule qu’aucune station locale ne sera fermée sans décision d’un tribunal, » a dit Barham.
Plusieurs stations palestiniennes de radio et de TV ont été obligées d’arrêter d’émettre depuis le début de l’année, lorsque le Ministère a mis en place ce que les propriétaires de station ont qualifié de droits de licence exorbitants.
Le chef du bureau de Naplouse, Salim Swidan, a condamné cette dernière attaque, disant qu’il avait déjà porté plainte contre le service des douanes auprès de la Commission Indépendante des Droits de l’Homme, et qu’il le ferait également devant un tribunal palestinien.
Le directeur général de Ma’an, Raed Othman, a considéré le raid comme « inacceptable », faisant remarquer que les officiels palestiniens jouissent de leur liberté de parole sur les forums internationaux « tandis que certaines stations de TV locales continuent d’être fermées par le département des douanes. »
Soulignant le recours inhabituel du ministère au service des douanes pour fermer le bureau, Othman a ajouté : « Devons-nous nous attendre à ce que le gouvernement ferme d’autres stations, peut-être avec l’aide de la défense civile ou du service des ambulances, sans aucune considération pour la loi et la justice ? »
En réponse, le sous-secrétaire du Ministère des Télécommunications, Suleiman Zuhari, a dit que le ministère et le service des douanes travaillaient en coopération pour aider la campagne « d’organisation » des médias palestiniens après que les stations aient reçu une date-limite pour le dépôt des taxes de licence.
« Il y a environ 90 stations en Cisjordanie qui paient pour les licences nécessaires en vue de continuer à travailler, mais 14 stations n’ont toujours pas de licences, » dit-il. « Ce que nous avons fait aujourd’hui, c’est pour protéger les stations légales. »
Le Syndicat des Journalistes palestiniens a condamné la fermeture. Le chef du Syndicat, Abdel Nasser An-Najjar, a dit qu’il a protesté auprès des ministères des Télécommunications et de l’Intérieur, et ni l’un ni l’autre n’a indiqué être au courant de la mesure, qui semble faire controverse au sein de l’AP elle-même. Le Ministère de l’Intérieur de l’AP a refusé d’y prendre part, obligeant le Ministère des Télécommunications à chercher de l’aide auprès du service des douanes.
Othman a appelé le Premier ministre Salam Fayyad à cesser de « se moquer de la presse locale palestinienne », et Fayyad a répondu en ordonnant la réouverture de la station et a promis de dédommager Ma’an pour tout dommage qui résulterait.
Pour sa part, le Ministre des Télécommunications Mashhour Abu Daqqa a dit que l’incident ne se reproduirait pas.
Lien 

Safad, Bisan, Jenin

Gaza - 04-08-2010
Par Flora Nicoletta

Flora Nicoletta est une journaliste française indépendante qui vit à Gaza. Elle travaille actuellement sur son quatrième livre, sur la question palestinienne. 
Safad est une ville du nord de la Palestine historique. Bisan est elle aussi une ville de Palestine 48, mais son nom a été changé par le conquistador en Bet Shean. Jenin est située au nord de la Cisjordanie conquise en 1967.
Sami El-Qishawi a quatre filles, et il a donné à trois d’entre elles les noms de Bisan, Safad et Jenin. Il est directeur du bureau gazaoui d’El-Ayyam, un quotidien palestinien dont le siège est à Ramallah.

Le premier bouclage de la Bande de Gaza a été imposé à la fin mars 1993 par Yitzhak Rabin à l’époque des négociations de paix palestino-israéliennes à Washington et pendant les pourparlers secrets palestino-israéliens qui ont débouché sur les Accords d’Oslo. Le Premier ministre israélien qui a inventé et mis en œuvre le régime de bouclage a été récompensé quelques mois plus tard par le Prix Nobel de la Paix.
Depuis la paix d’Oslo, El-Ayyam, El-Quds et El-Haya El-Jadida – deux autres quotidiens palestiniens publiés à Ramallah – ont été très souvent absents des kiosques de Gaza à cause d’une série d’innombrables bouclages brefs, de bouclages longs, de bouclages indéfinis, puis d’un bouclage éternel et autres interdictions.
En 2001, le maître israélien a introduit une nouvelle mesure : les journaux entrant dans la Bande de Gaza devaient être fouillés par des chiens spécialement dressés. Le Palestinien ordinaire qui a eu affaire à ces chiens dit qu’ils ont un rang dans l’armée. La mesure a duré jusqu’à 2006.
L’employé d’El-Ayyam chargé de la distribution allait chercher tous les jours au passage de Beit Hanoun (Erez) un éventail de journaux et magazines. Les chiens spécialement dressés avaient coutume de détruire un certain nombre de copies, de dévorer les sièges de la voiture et, de temps en temps, de mordre l’employé.
Depuis que le bouclage éternel a été imposé à Gaza, l’employé n’a pas été licencié, mais il est au chômage. On peut le rencontrer, à certains moments, marchant dans les bureaux du journal et il semble très triste.
Dans le passé, El-Ayyam était le seul quotidien palestinien à avoir participé à la Fête du Livre de Gaza, jusqu’à sa dernière édition en 2003. Une pièce adjacente au bureau de Sami El-Qishawi est pleine de livres invendus, de rapports et de magazines politiques en arabe et en anglais. Bien que ce soit des publications anciennes, elles sont toujours très intéressantes, mais tout est poussiéreux aujourd’hui…
Il y a quelques années, on pouvait rencontrer les deux fils de Sami El-Qishawi dans les bureaux d’El-Ayyam situés dans la Tour Palestine, à Gaza-ville. Le flamboyant Basel, 26 ans aujourd’hui, était comptable. Au sujet du second, Mohammad, son père nous disait qu’il était très paresseux et qu’il ne voulait pas étudier à l’école. Et aujourd’hui, nous continuons à écouter Sami El-Qishawi…
« J’ai appelé trois de mes filles Safad, Bisan et Jenin parce que c’est une forme de résistance. Safad a 22 ans, Bisan 26 et Jenin 15. Jenin est née le 25 octobre 1995. Ce jour-là, au même moment, nos forces, la police palestinienne, sont entrées à Jenin [tandis que l’armée israélienne se retirait à la suite des Accords d’Oslo].
« Ce jour-là, j’écoutais les informations à la radio. J’étais à l’hôpital avec sa mère et le bébé était né exactement au moment où notre police palestinienne prenait le contrôle de Jenin.
« J’ai appelé ma première fille Safad parce que je suis allé dans cette ville il y a 30 ans. C’est une très belle ville, au nord de la Palestine… un très bel endroit… J’aime énormément Safad.
« Bisan est ma première fille, elle est née en 1984. Après Bisan, notre premier fils Basel est arrivé, il a aujourd’hui 26 ans. La ville de Bisan est située dans la plaine de Marj Ibn Amr, en Palestine historique. Mon défunt ami Zaki Alah était écrivain et poëte. Il écrivait des nouvelles. Lorsque nous sommes allés ensemble à Bisan et à Marj Ibn Amr, il a écrit un vers... Il a écrit : ‘Marj Ibn Amr, ne m’oublie pas…’. Ce vers est resté gravé dans ma mémoire. Je me suis dit alors que j’appellerais ma première fille Bisan.
« Quand je suis allé là-bas avec Zaki, j’étais enseignant. Je travaillais dans une école de l’Unrwa et j’ai emmené les enfants de l’école visiter Marj Ibn Amr, Bisan et le nord de la Palestine. Lorsque j’ai vu Marj Ibn Amr, j’ai beaucoup pleuré… J’ai oublié l’année… [il pleure].
« Mon village natal s’appelait El-Qubeba. C’était un petit village dans le district d’Er-Ramla, et il y avait environ 20 km entre El-Qubeba et Yafa, et 5 kms d’Er-Ramla. J’y suis allé plusieurs fois. Il ne reste pas une maison. On avait des orangers, environ 30 dunums [1 dunum = 1.000 m²]. J’avais les titres de propriété... mais je les ai perdus…
« Mon père et moi sommes revenus voir notre terre après la guerre de 1967, et nous avons vu la porte de métal de notre propriété. Il y a un trou dans la porte… mon père m’a dit que c’est lui qui l’a fait, avant 1948…
« Je suis né à Gaza-ville, le 9 février 1954. Je suis né dans une clinique de l’Unrwa, près de l’hôtel El-Amal, rue Omar El-Mukhtar, dans le quartier Rimal. Nous vivions dans le camp de réfugiés de la Plage.
« Ata Abu Kersh était mon professeur de biologie, à l’école secondaire, et il était le directeur de l’école de la prison en 1972, à Gaza-ville, dans la prison centre de Gaza, Saraya. En 1972, j’ai été incarcéré et Ata Abu Kersh était directeur de l’école d’une prison israélienne [sous le régime Fatah, Ata Abu Kersh est devenu sous-secrétaire au Ministère de l’Agriculture].
« Lorsque nous avons passé le Tawjihi [baccalauréat] dans une prison israélienne à Gaza-ville en 1972, beaucoup d’enseignants sont venus d’Egypte pour superviser les examens. En bref, nous étions à Gaza occupée, dans une prison israélienne, avec un directeur palestinien de l’école de la prison et les anciens gouverneurs égyptiens de Gaza [jusqu’en juin 1967] venaient superviser les examens en prison… parce que jusqu’à la création de l’Autorité Nationale Palestinienne, nous suivions le programme scolaire égyptien.
« J’ai été arrêté en février 1972, dans le camp de réfugiés de la Plage, j’avais 18 ans. J’ai été libéré un an après, en 1973. Après le Tawjihi, je voulais continuer mes études à l’Université Ein Shams du Caire. Il n’y avait pas d’université à Gaza à l’époque. Une fois que les étudiants avaient le Tawjihi, ils devaient attendre un an à Gaza… parce que l’Egypte acceptait environ 1.000 étudiants par an mais il fallait une année pour s’inscrire.
« Cette année-là, en octobre 1973, une guerre entre l’Egypte et Israël a éclaté et les étudiants sont restés à Gaza ; au lieu d’attendre un an, nous avons attendu deux ans. Le Comité international de la Croix-Rouge emmenait les étudiants en Egypte et les ramenait à Gaza… parce que l’Egypte et les Israéliens étaient ennemis.
« En 1975, le CICR nous a emmené de Gaza à El-Arish, en Egypte, et des autobus israéliens nous ont transportés d’El-Arish au Canal de Suez, à travers la péninsule du Sinaï [le désert égyptien était occupé par Israël depuis juin 1967]. Et les délégués du CICR nous accompagnaient !
« La première fois que je suis allé à l’université, ça a pris longtemps… Nous avons quitté Gaza à 16h et sommes arrivés au Caire à minuit, nous étions ensemble, garçons et filles. Je suis resté en Egypte de 1975 à 1980. Tous les ans, nous revenions chez nous par le même chemin puis nous retournions à l’université. C’était avant le traité de paix de Camp David entre l’Egypte et Israël, mais il y avait déjà une sorte d’accord entre l’Egypte et Israël. L’armée israélienne était stationnée au Canal de Suez et les autobus égyptiens faisaient le trajet du Caire au Canal de Suez, jusqu’à la ville d’El-Kantara. Et les autobus israéliens traversaient le désert du Sinaï jusqu’à El-Arish… et ma famille pouvait venir me voir !
« Je suis devenu professeur de physique. J’ai passé mes diplômes à l’Université Ein Shams et je me suis spécialisé en physique atomique. En 1980, je suis revenu à Gaza, au camp de réfugiés de la Plage, et les Israéliens m’ont donné l’ordre de ne pas quitter Gaza pendant 10 ans... et depuis, je suis ici… Je ne suis parti qu’une fois depuis 1980… l’année dernière, lorsque je suis allé accomplir le pèlerinage en Arabie Saoudite.
« En 1980, j’ai trouvé un poste de professeur à l’école de l’Unrwa… à l’époque, les Palestiniens qui avaient été emprisonnés par les Israéliens ne pouvaient pas travailler dans une école du gouvernement, ni avec l’administration civile israélienne [i.e. l’occupation militaire]. C’est pourquoi j’ai travaillé dans une école Unrwa, comme professeur de sciences, mais seulement pendant trois ans. C’est grâce au projet de l’OLP appelé Projet Abu Setta que j’ai pu travailler. Ce projet donnait un poste à des diplômés pendant deux ou trois ans dans une école Unrwa et les salaires étaient payés par l’OLP.
« Ensuite, je suis devenu négociant. Un jour, en 1990, un ami, le docteur Sami Tarazi, est rentré des Etats-Unis avec un projet pour les étudiants palestiniens. Cela consistait à leur donner des cours de mathématiques, de science, de biologie, de chimie en anglais dans les écoles secondaires. Nous avons signé des accords avec des universités du Royaume-Uni et des Etats-Unis, nous avons organisé des tests à Gaza et nous avons envoyé les étudiants terminer leurs études à l’étranger. J’étais directeur de ce projet.
« Puis il y eu les Accords d’Oslo et l’ANP a été créée et Yasser Arafat est arrivé à Gaza en 1994. Avec Yasser Arafat, le journaliste Akram Haniyeh, qui était à l’époque conseiller politique de Yasser Arafat. J’avais rencontré Akram Haniyeh lorsqu’il faisait ses études en Egypte. Akram a proposé de créer le journal El-Ayyam et m’a demandé de diriger le bureau de Gaza.
« Tu peux prendre cette photo de Mohammad… Mohammad est né le 1er février, en 1988 je pense… j’ai oublié maintenant. Mohammad était dans la résistance, avec les Brigades des Martyrs El-Aqsa – Palestine – le groupe Jihad El-Amarin. Mohammad travaillait aussi avec la garde présidentielle. Il m’a dit qu’il était un combattant de la résistance, et il l’a dit aussi à sa mère. Il a commencé avec le Front Populaire, puis il est allé au Fatah.
« Une nuit, sa mère m’a dit : « Il est minuit et ton fils n’est pas rentré. » J’ai attendu près de l’entrée. Quand il rentrera, je le battrai pour arriver si tard, me suis-je dit. Il est arrivé… j’ai ouvert la porte… Il portait une kalachnikov… [il pleure]. Je lui ai dit : « tu es bien jeune pour porter ça… » Mohammad m’a répondu : « L’occupation israélienne t’a jeté en prison alors que tu étais au lycée. Au lieu d’être à l’école, tu étais en prison. J’ai terminé mes études secondaires, papa… » [il pleure]. C’était avant qu’il soit tué, un ou deux ans avant...
« Mohammad ne voulait pas faire d’études… il n’aimait que la résistance. Je suis sûr, je suis sûr, Flora, je suis sûr qu’il savait qu’il pouvait mourir à tout moment. Un jour, je lui ai dit : « Nous avons une belle maison et je peux te trouver une fille, celle que tu veux. » Il m’a répondu : « Pas maintenant. » Je ne sais pas à quoi il pensait. Il a dit : « Je ne suis pas un d’entre eux, un de ceux qui veulent se marier. Je ne peux pas me marier. » « Pourquoi, mon fils ? » « Je ne sais pas, mais je ne resterai pas longtemps en vie, » m’a-t-il répondu.
« Le jour où il est mort… c’était le 15 novembre… un jeudi. J’étais à la maison parce que c’était mon jour de libre… c’était le jour de l’Indépendance… en 2007. Je suis allé faire des courses avec ma femme au marché du camp de la Plage, le marché aux poissons. Nous avons acheté du poisson et nous sommes rentrés chez nous. Ma femme a commencé à préparer le repas et je lui ai demandé où était Mohammad. Elle m’a répondu : « Il est parti ce matin. » Une heure après, mon téléphone portable a sonné. C’était vers 14h. Un homme, un ami de Mohammad, m’a dit : « Mohammad est blessé, il est à l’hôpital. »
« J’ai appelé mon voisin pour qu’on aille ensemble à l’hôpital. J’étais très fatigué ce jour-là. Une demi-heure après, ou un quart d’heure, le portable a sonné à nouveau. C’était le même homme. « Mohammad est mort. » J’étais toujours à la maison. Mon fils Basel est arrivé... il est arrivé avec son oncle. Et ma femme… elle criait, pleurait, allait en tous sens…
« Chez moi, à ce moment-là, j’étais obligé de montrer que j’étais un homme fort… pour mes quatre filles, pour ma femme… Si elles m’avaient vu pleurer, ça aurait été pire.
« Mon fils Basel est allé à l’hôpital Shifa avec un groupe de jeunes du quartier. Une heure après, Mohammad est arrivé… Il était porté par les jeunes sur un brancard, sur leurs épaules… pas en voiture, pas en ambulance… Ils venaient à pied de l’hôpital Shifa jusqu’à notre quartier, El-Karameh… et c’est très loin. Je l’ai vu, et ma femme et mes filles l’ont vu… Il n’est pas resté longtemps ici… Ils l’ont emmené et l’ont porté jusqu’au cimetière Sheikh Radwan.
« Tous les combattants de la résistance, tous les amis de mon fils ont tiré en l’air [comme c’est la coutume] et je suppose que tu sais… C’était en novembre et cinq mois après que le Hamas soit au pouvoir dans la Bande… seulement cinq mois… et c’était interdit de tirer en l’air, dans n’importe quelle circonstance, depuis le premier jour. Mon fils était un martyr du Fatah et malgré l’interdiction, ils ont tiré en l’air… et le Hamas n’est pas intervenu.
« Tous les gens du secteur ont marché, tout le monde a marché, de 15h à 17h, pendant deux heures, depuis chez moi dans le quartier El-Karameh jusqu’au cimetière, et ils ont entonné des slogans. Dans le cimetière, nous avons mis Mohammad dans sa tombe, avec les vêtements qu’il portait. Comme tu le sais, le martyr ne doit pas être lavé.
« Ensuite, tous les gens de mon quartier et de toute la Bande sont venus à la maison pour présenter leurs condoléances. Ils sont venus chez nous pendant quatorze jours, oui… au lieu de trois jours, selon la coutume. En plus, beaucoup de gens sont venus parce que mon fils était du Fatah. A cette époque, le Fatah était vaincu et les gens du Fatah saisissaient toutes les occasions pour relever la tête.
« Un journaliste m’a dit que les Brigades El-Aqsa voulaient tirer des roquettes [artisanales] sur Sderot. Les jeunes étaient à Beit Hanoun. Les forces israéliennes ont tiré des missiles sol-sol et Mohammad a été tué, et un autre aussi a été tué, de la famille El-Bayari, et trois autres ont été blessés.
« Pendant la période de deuil, je n’ai jamais pleuré et lorsque mes amis pleuraient, je leur demandais d’arrêter… mas un an après, lorsque je suis allé voir mon fils au cimetière, j’ai pleuré. Aujourd’hui, pendant que je te parle, je pleure… Tout à l’heure, quand j’ai vu les photos de mon fils sur mon ordinateur, j’ai pleuré. Quand je mange quelque chose qu’il aimait, je pleure… je ne sais pas… c’est la vie…
« Mon fils venait souvent me voir ici… El-Ayyam a été interdit d’entrée à Gaza par les Israéliens de février 2009 à juillet 2010. Maintenant, le Hamas me demande d’empêcher l’entrée d’El-Ayyam à Gaza jusqu’à ce que tous les journaux imprimés à Gaza soient distribués librement en Cisjordanie. Mais El-Ayyam n’est pas un journal du Fatah. Nous ne faisons pas partie du Fatah. Je ne suis pas au Fatah. El-Ayyam est une société composée de gens différents. Ce n’est pas un journal Fatah. Ce n’est pas l’ANP qui me verse mon salaire, mais la société El-Ayyam, qui est indépendante. Pourquoi le gouvernement de Gaza considère El-Ayyam comme un journal Fatah ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Lien 

Nayef Rajoub : "Le sionisme porte en lui les germes de sa propre disparition", entretien avec Khalid Amayreh

Palestine - 05-08-2010

Par Nayef Rajoub 
Nayef Rajoub, 52 ans, est l’un des leaders islamiques les plus populaires en Palestine occupée. Sa promotion courageuse des droits palestiniens, dont le droit au retour des réfugiés palestiniens, a attiré l’attention non désirée des services de la sécurité israélienne. Il totalise huit ans passés dans les geôles israéliennes, principalement sur des accusations mensongères comme « incitation contre l’Etat israélien ». M. Rajoub a été libéré il y a quelques semaines, après avoir été incarcéré pendant 50 mois pour le « crime » d’avoir participé aux élections palestiniennes de 2006. A Al-Khalil (Hébron), Rajoub a remporté plus de voix que n’importe quel autre candidat. Les élections avaient obtenu le feu vert d’Israël et des Etats-Unis dans l’espoir que le Fatah gagnerait. Cependant, lorsque le Hamas a remporté une victoire écrasante, les Etats-Unis et la plupart des pays européens, ainsi que les régimes marionnettes des Etats-Unis au Moyen-Orient, furent hostiles au nouveau gouvernement palestinien, et ont imposé un siège financier (suivi par le siège total de Gaza) visant à rendre les territoires occupés ingouvernables par les nouveaux dirigeants islamiques.
Au nom de Middle East Monitor, Khalid Amayreh a interviewé Nayef Rajoub dans son bureau, à Dura, au sud de la Cisjordanie.










Nayef Rajoub, libéré de sa dernière incarcération, le 20 juin 2010.

Khalid Amayreh : Comment voyez-vous la cause palestinienne d’ici vingt ans ?
Nayef Rajoub : Je pense que l’Autorité Palestinienne de Ramallah continuera à marcher sur son chemin stérile de concessions et de capitulation jusqu’à ce qu’il ne reste rien, ou si peu, en termes de droits palestiniens. Israël peut accepter de donner à l’AP un Etat kafkaesque dépourvu de dignité, de viabilité et de souveraineté.
Pour ce qui est de la fin du conflit, personne n’a de certitude, mais je suis sûr que le conflit ne se terminera qu’avec la disparition de l’idéologie du sionisme, qui fait d’Israël un Etat colonial. Ce n’est pas un vœu pieux : le sionisme porte en lui les germes de sa propre disparition et Israël est un Etat fondé sur la dépossession d’un autre peuple. Il est donc fondé sur l’oppression et l’injustice. En tant que tel, sa durée de vie ne sera pas très longue.
KA : Voyez-vous une possibilité de coexistence entre les Juifs et les Arabes en Palestine ?
NR : Tant que le sionisme sera l’idéologie qui sous-tend Israël, la coexistence est impossible. Comment pouvons-nous coexister avec une communauté qui s’acharne à nous asservir et à nous persécuter ? En outre, les sionistes (juifs et non juifs de même) ne veulent pas de coexistence ; ils veulent la suprématie juive en Palestine et le nettoyage ethnique du peuple indigène, les Palestiniens.
KA : Mais le scénario de l’Afrique du Sud n’a-t-il pas fait la preuve que la coexistence était possible entre des communautés auparavant irréconciliables ?
NR : La comparaison avec l’Afrique du Sud est intrinsèquement fausse. Israël est une entité fondée sur le nettoyage ethnique et le vol de la terre, et il n’acceptera en aucune circonstance que la majorité gouverne, contrairement aux Sud-Africains.
KA : Etant donné la faiblesse de la position arabe globale, pensez-vous qu’Israël puisse recourir à une provocation majeure, comme la démolition de la Mosquée Al-Aqsa ?
NR : Oui ; si l’Autorité Palestinienne et les Etats arabes continuent avec leur politique de capitulation, y compris de conspiration avec Israël et les Etats-Unis contre les droits légitimes des Palestiniens, l’establishment sioniste se sentira encouragé et Israël s’embarquera dans des crimes plus audacieux, et la destruction de la Mosquée Al-Aqsa pourrait en être un.
KA : Pensez-vous que le temps d’un processus de paix est passé, à la lumière de l’échec chronique de ce processus, à aujourd’hui ?
NR : Ce qui est appelé, de façon erronée, « le processus de paix » est en fait une série de diktats israéliens imposés aux Palestiniens, qui ont été réduits au statut de mendiant vaincu quémandant ce qu’Israël condescend à donner. Malheureusement, cette situation est susceptible de perdurer dans un avenir prévisible, du moins jusqu’à ce que la Oumma musulmane puisse générer assez de volonté dans la communauté internationale pour faire quelque chose de plus positif.
KA : Que voulez-vous dire par « quelque chose de plus positif » ?
NR : Parvenir à une position où nous pourrons négocier en position de force ; le faire d’une position de faiblesse finit par mendier.
KA : Le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a averti qu’il se tournerait vers une stratégie de solution à Un Etat si Israël continue à construire des colonies juives en Cisjordanie, en particulier à Jérusalem Est. Qu’en pensez-vous ?
NR : C’est la reconnaissance claire que la folie appelée « processus de paix » a échoué. L’AP s’est livrée à des gesticulations futiles et a échoué ces vingt dernières années. Cela montre aussi que les Etats-Unis ne cherchent pas sérieusement un accord qui mettrait fin au conflit arabo-israélien.
Je ne pense pas qu’un Etat unitaire, ou les menaces d’établir une telle entité, ont une réelle chance de succès dans les circonstances présentes. Israël ne permettra pas qu’une majorité arabe détermine la direction d’un tel Etat, et en outre le côté palestino-arabe n’est pas assez fort pour obliger Israël à accepter une solution démocratique.

KA : Le mouvement islamique en Palestine croit-il à la possibilité de la création d’un Etat viable en Cisjordanie à l’intérieur des frontières de 1967 ?
NR : Non, pas dans les circonstances actuelles, étant donné la faiblesse de la position arabe globale et à cause de la collusion et de l’alliance des Etats-Unis avec Israël.
KA : Si vous étiez à la place du Président de l’AP, que feriez-vous ?
NR : Je pense que quiconque à ce poste doit accepter d’abandonner les principes ; je ne serai jamais prêt à ça, dont je ne serai jamais président de l’AP.
KA : Si vous aviez su en 2006 ce que vous savez aujourd’hui, le mouvement islamique aurait-t-il participé aux élections législatives ?
NR : Oui, nous l’aurions fait. Nous savions depuis le début que notre chemin ne serait pas bordé de roses. Nous devions participer aux élections pour mettre un terme à l’avalanche de corruption et de concessions aux sionistes. Pour le dire simplement, quelqu’un devait arrêter la pourriture.
KA : Qui est responsable de la fracture nationale entre le Fatah et le Hamas ?
NR : Ceux qui sont responsables de la fracture sont ceux qui n’ont pas respecté le résultat des élections. Ce sont le Fatah, les Etats-Unis, l’Union Européenne et Israël, en plus des régimes arabes aux ordres de l’Amérique.
KA : Les Etats-Unis et leurs alliés insistent pour que le Hamas reconnaisse Israël avant d’accepter le mouvement islamique comme partenaire politique légitime. Le Hamas doit-il reconnaître Israël, en toutes circonstances envisageables ?
NR : C’est à la fois déraisonnable et illogique de demander aux victimes de reconnaître la légitimité de ses bourreaux. C’est à Israël de reconnaître d’abord les droits légitimes des Palestiniens, dont le droit à l’autodétermination et le droit à la liberté.
KA : Comment voyez-vous le soi-disant document égyptien qui vise à parvenir à la réconciliation entre le Fatah et le Hamas ?
NR : Le document est une recette concoctée par le Fatah et l’Egypte destiné à servir les intérêts du Fatah. Ce dont la Palestine a besoin, c’est d’une réconciliation sans conditions.
De plus, j’aimerais dire que ce que l’AP fait en Cisjordanie, c’est-à-dire la persécution continuelle du Hamas, souligne le manque de sérieux du Fatah quant à la réconciliation nationale.
KA : Le Fatah accuse le Hamas de soumission à l’Iran. Est-ce vrai ?
NR : Le Hamas n’est inféodé à aucun pouvoir terrestre, sauf au peuple palestinien. Toute autre suggestion ou insinuation doit être comprise dans le contexte de la propagande contre le mouvement islamique.
En outre, la cause palestinienne est la cause de tous les peuples arabes et islamiques. C’est donc un devoir religieux de tous les Musulmans et de tous les Etats musulmans de soutenir la cause palestinienne. C’est loin d’être déshonorant, pour les Etats arabes et musulmans, de soutenir notre constance, alors qu’il est vraiment déshonorant de se jeter aux genoux de nos ennemis.

Pressions américaines et européennes pour le dialogue avec Israël : Abbas tente de faire de la résistance

Edition du 5 août 2010
Devant les lourdes pressions des Etats-Unis et de certains pays européens qui exigent une reprise des négociations directes avec Israël, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne et chef du Fatah, tente de faire de la résistance.
De notre correspondant. Farès Shahine
Selon certaines sources médiatiques américaines, les Etats-Unis en sont arrivés aux menaces, ne laissant presque pas de choix au président palestinien. « Soit vous entamez des négociations directes, soit cela portera atteinte aux relations avec les Etats-Unis », aurait dit le président Obama, dans une lettre adressée à Abbas, au cours de la semaine dernière. Les Etats-Unis ne confirment pas cette position, mais appellent avec insistance à des négociations directes, comme l’a déclaré Philip Crowley, le porte-parole du département d’Etat américain. « Nous croyons fermement que c’est le moment pour les parties de passer des négociations de proximité aux pourparlers directs. Nous pensons qu’adopter une telle démarche maintenant sera forcément bénéfique », a indiqué Philip Crowley. « Sans négociation directe, le conflit sera sans fin, il n’y aura pas d’accord de paix et il n’y aura pas d’Etat palestinien. C’est la réalité », a ajouté le porte-parole du département d’Etat américain.
Le président palestinien dit ne pas refuser le principe des négociations directes, à condition qu’elles se fassent selon des critères clairs en ce qui concerne les frontières du futur Etat palestinien, et un arrêt total de la colonisation dans les territoires palestiniens. Conditions refusées par Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien qui exige des négociations directes sans préalables. Le président palestinien a réitéré cette position, lundi 2 août, devant David Hale, adjoint de l’émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, lors d’une visite à Ramallah. « Le Président a répondu à Hale que nous ne nous opposions pas en principe à des négociations directes », a rapporté Saleh Rafaât, membre du comité exécutif de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). « Mais les Israéliens doivent nous signifier les critères retenus pour les négociations et un arrêt des activités de colonisation », a-t-il dit. Devant des membres du comité exécutif, réunis lundi à Ramallah, le président Mahmoud Abbas a estimé que les chances de réussite de négociations directes avec Israël sans références claires, un arrêt de la colonisation, et la mise en place d’un calendrier précis pour ces négociations, sont quasiment nulles.
Dans un communiqué publié à l’issue de cette réunion, le comité exécutif de l’OLP souligne que les exigences palestiniennes étaient une garantie de succès des futurs pourparlers directs. « Sans elles, ces pourparlers seront stériles et voués à l’échec avant de commencer », a déclaré Yasser Abd Rabo, le porte-parole de l’OLP. Pourtant, jeudi dernier, l’Autorité palestinienne avait reçu le feu vert de la commission de suivi de la Ligue arabe pour une entame de ces discussions qu’Israël utilisera pour plus de colonisation et plus de judaïsation des territoires palestiniens, comme cela s’est fait durant 18 longues années de négociations stériles. Combien de temps pourra résister le président Abbas aux pressions et aux menaces ? S’il reste seul comme c’est le cas aujourd’hui, il ne faut pas s’attendre à des miracles, même s’il est conscient qu’un retour aux négociations sans conditions préalables et sans garanties sera un véritable suicide politique
Par F. S.

Gaza: nouvelle aide humanitaire libyenne acheminée via l'Egypte

04/08/2010   
   Un nouveau chargement d'aide humanitaire libyenne pour la bande de Gaza a commencé d'être acheminé via le port égyptien d'al-Arich, a-t-on appris mercredi auprès du Croissant-Rouge égyptien et d'un responsable libyen sur place.
   Quelque mille tonnes au total devaient être livrées par camion dans l'enclave palestinienne soumise à un blocus israélien. Un premier convoi est déjà parti dans la nuit de mardi à mercredi pour le terminal de Rafah, point d'entrée dans la bande de Gaza par l'Egypte.
   "Le convoi comporte du matériel médical, des médicaments, du lait, de l'eau minérale, mais aussi des vêtements, des tapis pour les mosquées et des cartables remplis de matériel scolaire" a déclaré Alsaid Alqaoud, chef de la délégation libyenne accompagnant le convoi.
   La délégation de 64 personnes qui accompagne le convoi comprend notamment une équipe médicale, a-t-il ajouté.  
Un précédent chargement de 2.000 tonnes d'aide libyenne était arrivé en juillet à al-Arich, sur la côté méditerranéenne, à bord d'un bateau libyen, l'Amalthéa, qui avait renoncé à tenter de forcer le blocus israélien de Gaza.
   L'Egypte a annoncé début juin sa décision de laisser ouvert en permanence de le terminal de Rafah pour le passage de l'aide humanitaire et des malades de Gaza.
   Cette décision a été prise après que des commandos israéliens eurent  intercepté une flottille humanitaire internationale qui tentait de forcer le blocus. Neuf militants turcs pro-palestiniens avaient été tués dans cette opération qui avait soulevé un tollé dans le monde entier.

Lien 

Stratégie de la tension

mercredi 4 août 2010 - 09h:02
K. Selim - Le Quotidien d’Oran
La tension monte au Sud Liban. Des échanges de tirs entre des soldats israéliens et libanais ont fait des victimes de part et d’autre. L’incident a été provoqué par les Israéliens qui entendaient déraciner un arbre du côté libanais de la frontière, près du village de Aadaissé, dans le secteur est du sud du Liban, à une trentaine de kilomètres de la ville côtière de Tyr.
Le contingent indonésien de la Finul tente de calmer une situation qui risque à tout moment de dégénérer dans un contexte politique hautement inflammable. La provocation israélienne intervient en effet dans un moment critique. La scène politique libanaise est agitée par diverses affaires dont les conséquences pourraient être très sérieuses et les amis du Liban manifestent une réelle préoccupation pour la stabilité du pays.
La réunion, la semaine dernière, des chefs d’Etat syrien, saoudien et qatari à Beyrouth avec le président Sleimane et les principaux leaders du pays en est la manifestation la plus visible. Les sujets d’inquiétude ne manquent pas. La découverte d’un réseau d’espions israéliens qui contrôlait des pans entiers des systèmes de téléphonie libanais met dans une position délicate les milieux pro-occidentaux qui exigeaient le démantèlement du système de télécommunication du Hezbollah.
D’un autre côté, selon les dirigeants du Hezbollah, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) s’apprêterait à incriminer des responsables du mouvement dans l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri. Le TSL, soupçonné dès sa création d’être au service des Etats-Unis et d’Israël, contribuerait ainsi très opportunément à la stratégie développée par les Occidentaux d’isolement du parti du Cheikh Hassan Nasrallah.
L’affaiblissement de la résistance est l’objectif d’une stratégie de la tension mise en œuvre depuis les élections législatives du 7 juin dernier qui ont vu le succès plutôt relatif du camp pro-occidental. Malgré des moyens immenses destinés à amplifier le score de la coalition au pouvoir, la performance du Hezbollah et de ses alliés du camp de la résistance confirme un ancrage populaire difficile à réduire par des moyens conventionnels.
Le parti et ses alliés sont donc la cible d’attaques politiques et de stratégies indirectes destinées à les discréditer. Ainsi, après avoir abondamment nourri la presse internationale d’informations sur les stocks de missiles livrés par la Syrie au Hezbollah, les Israéliens ont diffusé des clichés aériens « prouvant » l’existence d’arsenaux et de bunkers dans les agglomérations sud-libanaises. Les experts ayant analysé ces documents ont unanimement conclu qu’ils ne montraient rien de probant.
Mais la Finul, censée défendre les populations du Sud Liban contre les incursions israéliennes, a mené, les jours suivants, des manœuvres dans les villages de la région. Ces manœuvres de reconnaissance ont suscité l’incompréhension et la colère des populations locales, qui y ont vu à juste raison des gesticulations hostiles pour le compte de l’armée israélienne.
Il reste que le Hezbollah n’est pas isolé. Au-delà de ses alliances politiques, le parti de la résistance dispose d’un vrai capital de sympathie auprès de l’armée libanaise, qui n’a jamais souscrit aux thèses représentant le Hezbollah comme un instrument de l’Iran et de la Syrie.
L’escarmouche à la frontière n’est pas donc un coup de tonnerre dans un ciel d’été. L’arbre que voulaient déraciner les militaires israéliens masque mal une forêt de mauvaises intentions.
4 août 2010 - Le Quotidien d’Oran - Editorial
Lien

La retenue de Nasrallah

jeudi 5 août 2010 - 08h:28
Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran
Si les militants du Hezbollah, dont l’implantation au Sud Liban est un secret de Polichinelle, avaient, en lieu et place des soldats de l’armée libanaise, fait le coup de feu contre l’unité militaire israélienne qui a provoqué l’incident près du village d’Aadaissé, à la frontière libano-israélienne, nul doute que cela aurait déclenché un enchaînement d’attaques et de ripostes entre les deux belligérants, menant à la confrontation généralisée. Et c’est le climat propice à une telle confrontation qu’Israël cherche à instaurer depuis plusieurs mois.
Mais il aurait fallu, pour qu’Israël y parvienne, que le cheikh Hassan Nasrallah et la direction du Hezbollah fassent son jeu en s’engageant dans la surenchère du bellicisme à laquelle ils ont été poussés par différentes déclarations et affirmations des autorités civiles et militaires sionistes. Sauf que le Hezbollah a éventé le piège dans lequel l’ennemi sioniste a tenté de le faire tomber.
Pour ce qui concerne l’incident de mardi, ses militants ont laissé l’armée régulière libanaise faire front à la provocation israélienne. Façon de prouver à l’opinion mondiale que le Hezbollah respecte la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, stipulant que la seule force armée à avoir droit de cité au Sud Liban est l’armée gouvernementale libanaise.
D’une manière générale, depuis la fin de la guerre qui l’a opposé à Israël en 2006, le Hezbollah fait preuve d’une retenue dont seul l’Etat hébreu et son allié américain ne veulent pas reconnaître la sagesse. Cette conduite de la formation du cheikh Hassan Nasrallah ne lui est pas dictée par le souci de complaire à ses ennemis de l’extérieur, mais par celui de ne pas plonger inconsidérément à nouveau le Liban dans une confrontation avec Israël, qui n’attend que cela pour effacer l’humiliation que la résistance du Hezbollah lui a infligée en 2006.
Hassan Nasrallah n’est pas un brasseur de vent : il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Il s’est engagé à ne rien faire qui contraindrait le peuple libanais à subir la cruauté d’une nouvelle guerre. Mais pas au prix qu’Israël et ses alliés, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, voudraient voir payer le Hezbollah. C’est-à-dire sa disparition pure et simple de la scène nationale libanaise et régionale.
Dans un discours prononcé mardi soir à l’occasion du quatrième anniversaire de la fin de la guerre de 2006, Nasrallah a mis en garde sur le fait que la retenue du Hezbollah n’est nullement signe de sa faiblesse. Il a surtout fait comprendre qu’il n’est pas dupe de ce que ses ennemis voudraient que le Hezbollah fasse pour offrir le prétexte à Israël d’engager une nouvelle aventure militaire contre lui.
Ce que l’agression israélienne près du village d’Aadaissé a donné à voir, c’est que l’armée libanaise n’est plus dans la posture de subir sans réagir. Entre elle et le Hezbollah, il y a convergence sur le devoir de résistance à l’expansionnisme de l’ennemi israélien.
5 août 2010 - Le Quotidien d’Oran - Analyse
Lien

Hassan Nasrallah - Déclaration après l’agression israélienne contre la frontière libanaise

mercredi 4 août 2010 - 07h:14
Hassan Nasrallah 
Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a révélé détenir des données qui accusent Israël d’avoir tué l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri le 14 février 2005.
(JPG)
Dans les fois passées, nous évoquions la probabilité que le martyr Hariri ait été tué par Israël, mais sachez que nous avons des données qui vont ouvrir de nouvelles perspectives pour l’enquête et qui accusent l’ennemi israélien en personne » a-t-il clamé haut et fort lors d’une cérémonie qui a réuni des dizaines de milliers de Libanais, en présence de représentants du chef de l’état, du chef du parlement et du Premier ministre, réunis dans la banlieue sud de Beyrouth, pour commémorer la victoire du Liban contre l’ennemi israélien durant la guerre de juillet 2006. Et de préciser qu’il révélera ces données durant la conférence de presse qu’il tiendra le 9 août prochain.
Concernant l’agression israélienne perpétrée ce mardi dans la localité d’Adayssé, et les heurts qui ont éclaté entre les deux armées israélienne et libanaise, Sayed Nasrallah a révélé que les résistants étaient en pleine mobilisation et attendaient le feu vert pour porter assistance à l’armée. Signalant que la prochaine fois, la résistance ne restera pas les bras croisés.
Sur le troisième thème de son discours, celui de la prochaine guerre contre l’ennemi sioniste, le numéro un du Hezbollah s’est démarqué des fois précédentes au cours desquelles ils révélait au grand jour les ripostes militaires que la résistance est en train de préparer en cas d’attaques israéliennes, balistiques, maritimes, ou terrestres, déclarant entre autre l’équation de l’aéroport de ben Gourion à Tel Aviv, contre celui de Rafic Hariri au Liban.
Concernant les capacités anti aériennes de la résistance, les seules qu’il n’a pas évoquées, Sayed Nasrallah a préféré garder ce qu’il a qualifié être « l’ambigüité constructive », empruntant apparemment le procédé à l’ennemi israélien lequel l’applique pour son programme nucléaire militaire.
Idées essentielles du discours
Nous fêtons aujourd’hui la quatrième commémoration de la grande victoire réalisée par le Liban grâce à son peuple, son armée et sa résistance, contre l’armé la plus terroriste et la plus dangereuse au Moyen Orient. ..
Je voulais commencer par la guerre de juillet, mais ce qui s’est passé aujourd’hui sur la terre de l’héroïsme, de la persévérance et des sacrifices aux frontières avec la Palestine occupée,..., m’incombe d’aborder cet affrontement héroïque que notre armée nationale a mené ...
Le 1er titre de mon discours sera lié à la poursuite de l’agression israélienne contre le Liban qui n’a jamais cessé depuis l’arrêt des hostilités, le 14 août 2006, de ses exemples, et des responsabilités qui en incombent aussi bien à l’état, qu’au peuple et à la résistance.
Le deuxième titre abordera le dossier de l’assassinat du martyr Rafic hariri, du Tribunal spécial pour le Liban, et des visites et sommets arabes au Liban à ce sujet.. Quant au troisième titre, il aurait trait à la guerre contre l’ennemi sioniste et aux équations qui en ont découlé.
L’agression israélienne contre le Liban
L’agression israélienne persévère contre le Liban, elle ne s’est jamais arrêtée, ce sont seulement les hostilités militaires qui ont été interrompues. Mais il est de différentes formes d’agression contre le Liban, contre son peuple, contre sa souveraineté, contre sa stabilité et sa sécurité...
Le premier exemple en est les violations israéliennes incessantes de la souveraineté libanaise, depuis le 14 aout 2006, ce sont plus de 7000 violations israéliennes qui ont été répertoriées, sans que le monde ne bronche, ni le Conseil de sécurité ...
Chaque fois qu’ils venaient nous demander de respecter les résolutions onusiennes, nous leur répliquions que ce sont eux qui devraient le faire, que ce sont les israéliens qui devraient le faire...
Auxquels s’ajoutent les incursions israéliennes dans les territoires libanais, durant lesquelles les militaires de l’ennemi rentrent à leur guise et capturent comme bon leur semble des citoyens libanais ...
Aujourd’hui, nous avons observé un exemple de ces violations israéliennes ; mais fort heureusement, une unité de l’armée, malgré le peu de moyens à sa disposition, en comparaison avec ce que les ennemis disposent et dont les soldats sont retranchés dans leurs fortifications, alors que nos soldats sont sans abris, une unité les a donc affrontés avec un courage et une bravoure louables. Elle a perdu des martyrs, ce qui n’est pas la première fois... il y a eu également un martyr de la presse libanaise et ce n’est pas la première fois que les médias libanais ont des martyrs...
Cet événement n’est pas minime...
Nous devons nous demander comment nous l’avons traité et en tirer comment nous devons faire dans le futur... Dès le début de la confrontation, la résistance était en pleine mobilisation : nous avons demandé aux combattants de se tenir prêt, et de rien en faire en attendant les ordres...
Sachez que la résistance s’est mise au service de l’armée, nous avons contacté la direction de l’armée et lui avons dit que la résistance était prête à tout, qu’elle lui portera assistance et lui accordera son soutien Nous avons téléphoné au chef de l’Etat, au chef du Parlement et au Premier ministre et les avons mis au courant ...
Ces dernières heures étaient naturellement très sensibles et nécessitaient un comportement calme et pondéré...
Or, le message libanais de l’armée baptisé de sang était clair pour l’ennemi : le Liban, tout le Liban n’acceptera nullement toute atteinte à sa souveraineté.
Le message d’aujourd’hui est claire : Le Liban ne vous craint pas et n’a nullement pour de vous ; il est tout entier prêt à vous combattre et à vous affronter...
Vous avez vu, l’insolence de l’ennemi est arrivée à un tel stade qu’il a imputé à l’armée et au gouvernement libanais la responsabilité de ce qui s’est passé, et de plus il a exprimé sa surprise devant cette réaction forte de la part de l’armée libanaise.
Mais à quoi donc s’attend cette ennemi : ces soldats sont les fils de cette terre, sont les enfants de la cette patrie, il est normal qu’ils réagissent ainsi...
Le 2ème message étant celui de la complémentarité de la résistance avec l’armée...
Et le 3ème message est que les habitants son attachés à leurs terres et sont restés sur place sans broncher et ne sont pas allés se cacher dans les abris comme cela été le cas de l’autre côté, chez les israéliens...
Ceci a été possible grâce à l’équation du peuple, de l’armée et de la résistance, consacrée par la guerre de juillet et par ses victoires.
Nous saluons l’héroïsme de l’armée, de son commandant, et de ses officiers et ses soldats.
Nous dans la résistance ne pouvons nous contenter de voire l’armé face à ces heurts sanglants.
Aujourd’hui, nous avons suivi la situation et nous avons vu qu’il y a eu des martyrs, militaires et civils, des positions qui ont été bombardées, qu’il y a eu des blessés... Oui, les résistants étaient sur le qui vive, à Kfar Kella, à Edayssé, et les gens ont bien raison de se demander pourquoi nous n’avons pas intervenu, et avons nous gardé notre sang froid.
Nous avions en tête de nombreuses considérations Celles liées à la situation sur le terrain, concernant l’armée ;... ; celles liées à la situation politique interne, face à ceux qui ont mauvaise foi au Liban, et qui auraient pu s’atteler à dire que la résistance veut surenchérir à l’armée ; d’aucuns auraient pu dire que le Hezbollah n’a fait qu’attendre l’occasion pour intervenir et faire exploser les choses sur fond du TSL.
D’autres auraient pu dire que le Hezbollah est entré en guerre, et en fonction des déclarations syriennes et iraniennes sur une prochaine guerre dans la région...Et certains auraient pu affirmer que c’est une riposte iranienne aux sanctions votées au sein du Conseil de sécurité...
Hélas, j’étais de ceux qui étaient sous la pression de ces considérations...
Mais sachez que nous étions sur le qui vive, et finalement les choses se sont terminées...
Mais il est certes vrai que ce qui s’est passé est en dehors de notre comportement habituel..Oui cela est bien vrai. Cette fois-ci, les combattants sont restés des spectateurs...
Mais sachez que les soldats de l’armée sont nos fils et nos frères et ils sont de point de vue nationale le symbole de la dignité de tous les libanais.. Il n’est certes pas permis que nous restions comme des spectateurs à les voir ainsi comme aujourd’hui...
La prochaine fois si une agression a lieu, la résistance ne restera pas les mains croisées. Toute main israélienne qui s’osera contre notre armée sera coupée par la résistance !!!
Que personne n’aille dire que Sayed ou le Hezbollah s’accapare la décision de la paix et de la guerre au Liban Quand les corps des soldats sont déchiquetés, cela doit être la décision de toute partie honorable de participer pour les défendre...
L’armée défend la résistance et la résistance défend l’armée. Cela c’est l’équation.
Parmi les exemples de la poursuite des agressions israéliennes contre le Liban est les bombes à fragmentation qui ont disséminés par l’ennemi israélien dans le Liban sud. Il y a eu 44 martyrs femes et hommes et des enfants...Beaucoup de blessés ont été amputés des pieds et des mains...
L’armée libanaise et les ONG assistent la résistance pour démanteler quelques 200.000 bombes à fragmentation, amis jusqu’à présent il y a encore un million d’autres bombes...Combien ça devrait prendre de temps et combien de martyr ce la va coûter pour s’en débarrasse.
Ceci nécessite une pression politique et diplomatique de la part du gouvernement pour poursuivre Israël qui a toujours joui d’une impunité inébranlable...
Le 3ème titre est lié au dossier des agents et des collaborateurs qui se sont sont infiltrés dans tous les secteurs clé du Liban : dans les secteurs militaire, politique, économiques, et dans celui des communications ... Le plus grave est celui des communications car il lui permet de recueillir des informations qui lui font défaut, ce qui est très important. Cette infiltration lui accorde une capacité de contrôle très forte.
Face à ceci, il faut signaler que le Liban a lui aussi réalisé un exploit sécuritaire, en découvrant plus de 100 espions et agents en deux années : certains sont très anciens, d’aucuns ont hélas des postes très importants, hormis ceux qui ont pris la fuite.
La découverte de ces espions est un coup virulent contre l’ennemi. Il faut donc poursuivre l’action dans tous les secteurs et en particulier celui des communications. Et il ne faut en aucun cas, quelque soient les critères, aucun calcul, aucune considération n’est admise Le fait de se taire sur une espion est quelque chose de très dangereux car c’est lui accorder le moyen de faire passer des infos très importantes pour porter atteinte à tous les libanais...
Aussi nous demandions la peine capitale pour ces agents, dieu merci elles ont été prononcées...
Aujourd’hui, en votre nom, je me permets de demander qu’elles soient mises à exécution, car nous sommes dans une véritable guerre, surtout ceux qui ont donné des infos durant la guerre de 2006. Ils ne doivent nullement rester vivants...
Car l’ennemi sans information est un éléphant aveugle qui ne peut rien réaliser.
Concernant le titre lié à la poursuite de l’occupation des fermes de Chébaa, des collines de Kfarchouba j’en exige de mettre au point une stratégie de libération. J’en conclus pour dire que l’état qui est en responsable et c’est un rôle que nous lui reconnaissons, et nous n’avons cessé de se plaindre de son absence... L’état est donc le premier concerné pour mettre au point une vision stratégique claire pour faire face à l’agression et libérer les terres...
Nous pouvons avoir ce qu’il y a de meilleur et nous avons l’une des expériences modernes les plus grandes pour réaliser les exploits...
Quant au deuxième titre, j’ai dit plusieurs fois que Liban fait face à plusieurs formes d’agressions L’une d’entre elles, celle que nous connaissons depuis quelques années..
Durant les dernières semaines, nous avons tous entendu les propos d’Ashkenazi sur l’imminence de l’émission de l’acte d’accusation du TSL qui va accuser le Hezbollah, Ashkenazi n’est pas n’importe qui, c’est le chef d’état-major de l’armée la plus importante dans la région.
Nous avons tous entendu les médias israéliens, qui attendent les exploits du TSL ... et qui évoquent avec un grand bonheur le sort qu’il réserve pour la résistance : ils emploient des termes comme la grande explosion, l’impasse de la résistance...
C’est pour cela que nous avons tiré la sonnette d’alarme pour prévenir les Libanais et les amis du Liban de la gravité de ce qui se prépare contre le Liban.. Nul doute que le fait de soulever une question aussi sensible, a suscité un débat dans le pays...Tout le monde en parle, dans les salons, mais pas dans les médias...
Puis il y a eu la visite commune pour le Liban du président syrien Bachar ElAssad et du roi saoudien Abdallah et que nous avons accueilli avec beaucoup de bonheur, car nous ressentons ce bonheur pour tout rapprochement, notamment syrien et saoudien et dont les bénédictions se répercutent sur le Liban et inversement... Il y a eu aussi la visite de l’émir du Qatar pour les villages de la confrontation et les gens ont exprimé avec sincérité leur amour pour ceux qui les assistent et les soutiennent politiquement...
Et le Liban attend la visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui aura lieu après le mois de Ramadan, à l’Aïd Al-Fitr.
Le sommet libano-syrien-saoudien a pour souci de protéger le Liban de ce qui se prépare : nous avons compris que des efforts seront déployés pour couper les ponts à ce qui se prépare pour la Liban et que nous devons collaborer entre nous et attendre les résultats...
Nous sommes favorables à ces efforts, et nous affirmons que nous voulons la vérité et nous voulons la justice qui est aussi bien un droit pour la famille du martyre que pour tous les Libanais qui ont beaucoup souffert des répercussions de cet assassinat...
Et nous voulons préserver la stabilité de notre pays et la sécurité civile. C’est pour cela que ns avons tiré le signal d’alarme...
3 août 2010 - Al Manar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/...
Lien

Enfants de Gaza frappés par des obus à fléchettes

jeudi 5 août 2010 - 06h:29
Adie Mormech - Live from Palestine
« Elle est revenue par l’entrée principale et on ne voyait pas tout de suite qu’elle avait été blessée. Soudain beaucoup de sang est sorti de son nez et elle s’est mise à vomir ; toute la famille a vu cela... ses petits frères ont été très effrayés. Elle venait juste de jouer à l’avant de la maison. »
(JPG)
Bombardements israéliens sur Gaza, la nuit du 30 au 31 juillet 2010 - Photo : Ezzedeen Al-Qassam
C’est ainsi que Nihed Al-Massry a décrit ce qi est arrivé à sa fille Samah Eid, âgée de neuf ans, après que l’armée israélienne ait tiré quatre obus sur des zones résidentielles dans Beit Hanoun au nord de la bande de Gaza le 21 juillet 2010. Samah est maintenant hospitalisée dans un état jugé très sérieux, souffrant d’une importante perte de sang et d’un niveau d’hémoglobine très bas. Elle a été frappée par les éclats et les fléchettes d’un obus [1] qui a explosé à une centaine de mètres plus loin, provoquant une hémorragie interne à la poitrine et plusieurs traumatismes graves à la tête. Des morceaux de métal sont maintenant enfoncés dans tout son corps.
Les obus à fléchettes sont des armes illégales au regard du droit international quand ils sont tirés sur des zones d’habitations civiles. Trois autres enfants ont été blessés dans cette même attaque.
Deux jeunes gens ont été tués : Muhammad, Al-Kafarneh, âgé de 23 ans, touché par des éclats dans le dos et la poitrine, et Kasim Al-Shinbary, 19 ans, touché par des fléchettes à la tête et par des éclats dans le dos. On ne sait pas s’ils faisaient partie de la Résistance ou s’ils étaient simples civils.
Haitham Thaer Qasem, un garçon âgé de quatre ans et enfant unique, était endormi sur un lit d’hôpital, inspirant difficilement de temps en temps à travers l’appareil d’assistance respiratoire fixé sur son nez. Il souffre d’un traumatisme nasal profond, et des pointes de fléchettes venant de l’obus sont encore enfoncées dans son petit corps, entrées dans le dos, le bras droit et la jambe droite. Haitham se trouvait à environ 200 mètres de l’impact de la bombe.
La mère de Haitham se tenait à ses côtés, pleurant silencieusement tandis qu’une de ses tantes à son chevet expliquait ce qui s’est produit.
« Nous avions demandé à Haitham de ramener quelque chose du marché pour sa maman, puis nous avons entendu les explosions et quelqu’un est venu à notre maison et dire à la famille qu’Haitham avait été emmené à l’hôpital et qu’il avait été blessé dans le bombardement. Nous sommes venus rapidement à l’hôpital. »
Pendant ce temps, le médecin qui soigne Samah a expliqué que la perte de sang de la fillette était un souci majeur. Ses blessures sont aggravées par le fait qu’elle souffre déjà - comme trois de ses frères - de thalassémie [2] et le médicament pour traiter son état, l’Exjade, est rare en raison du blocus israélien. Elle était clairement en train de souffrir et, paniquée, elle essayait d’enlever les tubes nasaux. Sa mère nous a montré les bandages sur sa poitrine.
Son médecin, Muhammad Abu Hassan, décrit son état comme « semi-critique ».
« Elle était dans un état très grave quand elle est arrivée - c’est très difficile et très traumatisant pour des enfants lorsqu’on leur insère une sonde dans la poitrine - c’est très douloureux. Le sang coulait principalement de la poitrine. Nous devrons l’opérer et nous chercherons plus précisément l’origine de sa douleur abdominale, » nous a-t-il expliqué.
La famille d’Al-Massry avait déjà auparavant souffert des attaques israéliennes. Ryad, le frère de Samah, âgé de quatre ans, a été blessé lors de l’attaque israélienne de trois semaines contre la bande de Gaza au cours de l’hiver 2008-09, où plus de 400 enfants palestiniens ont été tués.
« Notre maison a été frappée pendant la guerre, un voisin qui était à l’intérieur a été tué et notre fils a eu de graves blessures à la tête. Il n’a alors pu être soigné et en raison de cela, sa vue est maintenant affectée et de façon permanente. »
Alors que nous quittions Samah, elle a commencé à pleurer, gémissant dans son triste état et dans sa grande confusion. Il y avait deux enfants blessés de plus à l’hôpital à cause de l’attaque, appartenant aussi à la famille Al-Massry de Beit Hanoun : Azzam Muhammad al-Massry, âgé de 11 ans, qui souffrait d’une grave fracture au niveau du coude gauche, et Ibrahim Wasseem al-Massry, âgé de 4 ans, souffrant de blessures légères à l’abdomen.
La semaine précédente à Gaza, Nema Abu Said, une maman de cinq enfants et âgée de 33 ans a été tuée par un bombardement israélien alors qu’elle quittait sa maison pour rechercher, toute affolée, son plus jeune garçon après un premier tir d’obus. Trois autres membres de la famille ont été blessés par les fléchettes, plusieurs de celles-ci restant maintenant enfoncées dans les corps des personnes blessées.
Notes :
[1] Le terme consacré pour ce type d’obus est nail bombdont le contenu est fait de billes d’acier, clous, pièces coupantes comme des rasoirs, fléchettes d’acier et divers morceaux métalliques. L’armée israélienne utilise régulièrement sur les zones très densément peuplées de Gaza, ce type d’obus de fabrication américaine qui projettent principalement des « fléchettes » de 3,75 mm de long dans toutes les direction et qui mutilent et tuent dans une zone circulaire de 100 à 300 mètres autour de leur point d’impact.
[2] Maladie souvent héréditaire, consistant en anémie et déficit en hémoglobine
(JPG)
* Adie Mormech est un avocat spécialisé dans les droits de l’homme et basé dans la bande de Gaza. Il avait été précédemment kidnappé par la marine israélienne dans le huitième bateau du mouvement Free Gaza, The Spirit of Humanity. Il milite avec le Mouvement International de Solidarité.
Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach
Lien

Iker Casillas et Rafael Nadal dans la « Flottille de la Liberté » ?

mercredi 4 août 2010 - 21h:41
D’après Meliss.com
Le site pro-israélien Mejliis.com semble s’inquiéter d’une possible participation d’Iker Casillas et Rafael Nadal à la prochaine Flottille de la Liberté pour Gaza... C’est avec jubilation que nous reproduisons certains passages de cet article... [la rédaction]
(JPG)
Iker Casillas
La Campagne européenne pour la levée du blocus à Gaza tente de susciter de l’intérêt autour de la ’’Flottille de la liberté n°2’’ prévue en septembre. Selon le journal Al-Hayyat, les organisateurs de ce second convoi naval pour Gaza ont pris contact avec des stars internationales du football, notamment espagnoles et françaises, pour qu’elles soient à bord des prochains cargos.
Iker Casillas, capitaine de la sélection espagnole championne du monde, aurait ainsi été contacté, après avoir refusé de fêter en grande pompe la victoire de son équipe au Mondial 2010 "en solidarité avec la situation à Gaza".
Le quotidien arabophone mentionne également le n°1 mondial de tennis, Rafael Nadal, qui avait condamné « l’agression d’Israël à Gaza », lors de l’opération Plomb durci. Le Hamas l’avait annoncé : « Les flottilles devraient se multiplier dans les prochains mois, car elles sont la meilleure arme pour délégitimer Israël aux yeux de la communauté internationale ».
Depuis ce mercredi, les diplomates israéliens ont fort à faire, et les ambassadeurs de l’Etat hébreu aux Etats-Unis, à l’ONU, en Egypte et auprès de l’Union européenne cherchent à convaincre les différentes puissances de faire pression sur le Liban et la Syrie.
En effet, si le Liban est le point de départ des navires, la Syrie est impliquée dans la logistique.
Officiellement, cette flottille a été affrétée par un homme d’affaires syrien d’origine palestinienne, Yasser Kashlak, qui avait déjà essayé d’organiser un départ le mois dernier. Une tentative qui avait échoué.
Par ailleurs, l’homme est connu pour ses liens avec le gouvernement syrien et le Hezbollah libanais. En août 2009, il avait écrit, dans une lettre ouverte à Hassan Nasrallah : « Au nom du peuple palestinien, nous affirmons que nous prenons le chemin de la résistance. Nous demandons à Allah de prolonger votre vie et la vie de ceux qui soutiennent la Palestine et la noble résistance ».
Les navires devraient quitter Tripoli à la fin de la semaine. [...]
22 juillet 2007 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://mejliss.com/showthread.php?p...
Lien

Liberté

mercredi 4 août 2010 - 06h:53
Sari Nusseibeh
Université Al-Quds
L’avantage de prendre de l’âge - je suis certain que vous en conviendrez avec moi, Menahem - est que les « portions » de réalité qu’on commence à distinguer deviennent, d’une façon ou d’une autre, « plus longues ».
Texte intégral de l’intervention de Sari Nusseibeh devant l’Académie israélienne des Sciences et de l’Humanité sur la Liberté universitaire, présentée le 4 juillet en l’honneur du professeur Menahem Yaari.
Sari Nusseibeh est le président de l’Université Al Quds de Jérusalem depuis 1995.
(JPG)
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs,
Ma première rencontre avec Menahem Yaari a eu lieu en 1981. Le lieu : ma maison, à l’époque dans Via Dolorosa, qui enserrait littéralement l’arche de l’Ecce Homo, dans la vieille ville. L’occasion : l’Ordre militaire 854. La tâche : le rapport du professeur Yaari, compilé avec d’autres de ses collègues, sur cet Ordre et sur les réactions palestiniennes. J’étais à l’époque président élu de l’Association du corps enseignant de l’université de Birzeit, et à ce titre, l’un des adversaires déclarés de cet Ordre.
L’Ordre militaire 854, comme tous ceux qui l’ont précédé depuis juin 1967, et les autres qui vont le suivre, a été publié par le gouverneur militaire de Cisjordanie et de la bande de Gaza, territoires tombés sous la domination et la responsabilité d’Israël après la guerre de Juin. Les différents ordres, émanant du ministère de la Défense d’Israël, et découlant finalement d’une « couverture de légitimation » par l’autorité législative de l’Etat d’Israël, la Knesset, portaient sur les différents aspects de la vie des Palestiniens dans leur territoire. Les Palestiniens étaient, littéralement, « soumis » à ces ordres. Le numéro 854 en particulier traitait des activités alors en plein essor de l’enseignement supérieur des Palestiniens qui vivaient dans ce territoire, activités qui avaient commencé à se développer après la guerre de Juin. S’appuyant sur la loi jordanienne existante de 1964, relative à l’Enseignement et édictée à l’époque de sa promulgation pour faire appliquer le système scolaire sous la compétence gouvernementale, l’OM 854 stipulait simplement, en avançant comme justification l’existence d’un vide juridique, qu’il fallait étendre cette loi afin de couvrir les activités d’enseignement supérieur que les Palestiniens avaient récemment fait évoluer, notamment toutes les questions relatives aux établissements d’enseignement supérieur.
Un coup d’œil rapide, anodin, sur le 854 ne peut suffire pour expliquer à un observateur non directement concerné l’ampleur de la vague d’agitations qu’il a entraînée derrière lui, suffisante à l’époque pour que certains qualifient cette vague d’agitations de mini intifada. Appliqué aux universités, le 854 (s’appuyant subrepticement sur les pouvoirs accordés aux fonctionnaires du gouvernement par la loi sur l’Enseignement) signifiait, en théorie du moins, que le gouverneur militaire prenait dorénavant les rênes de l’enseignement et s’appropriait toutes les questions liées à la vie en université : l’admission des étudiants, l’emploi des professeurs, l’approbation des programmes universitaires, les descriptions des cours, ou les listes de lectures. En un mot, le 854 signifiait qu’on refermait le couvercle pour toujours sur ce qu’on entend habituellement par liberté universitaire.
L’OM 854 n’était pas une mesure « inoffensive » prise par un fonctionnaire de l’enseignement gouvernemental militaire soucieux de perfectionner l’organisation de l’enseignement supérieur palestinien. « Liberté universitaire palestinienne », dans le langage politique hébreu du gouvernement militaire d’alors, se traduit par « foyer du nationalisme palestinien ». Et supprimer cette sorte d’engeance, ou au moins l’endiguer - donc faire en sorte qu’elle ne s’amplifie pas pour devenir une menace potentiellement existentielle, c’est-à-dire à l’époque, exiger un Etat-nation indépendant -, était considéré comme un impératif politique primordial. Agir contre la liberté universitaire palestinienne, pour l’autorité israélienne, était donc moins un acte contre la liberté universitaire en tant que telle, qu’un acte intégré dans un effort politique global pour étouffer dans l’oeuf tout sentiment nationaliste palestinien dans la zone qu’elle contrôle, et l’anéantissement de l’OLP (Organisation pour la libération de la Palestine) elle-même, incarnation de ce sentiment, et dont le quartier général était alors au Liban. D’où la première invasion israélienne du Liban en juin 1982. En complément à cette tentative d’anéantissement de l’OLP et de ses manifestations jugées nationalistes dans les territoires sous domination israélienne - et dans le cadre d’une recherche à façonner pour les Palestiniens une destinée conforme à la conception israélienne « de limitation de toute expansion, d’étouffement » -, les décideurs politiques israéliens imaginèrent de liquider, nominalement, leur propre gouvernement militaire pour le remplacer par le doux nom de « administration civile ».
Le projet, grande idée d’universitaires israéliens qui travaillaient étroitement avec le ministre Sharon, comptait sur cette créature nouvellement nommée pour être en mesure - dans la dynamique de la destruction de l’OLP et des ses sous-fifres locaux - d’ouvrir la voie à une ère nouvelle. Une ère dans laquelle une nouvelle génération de dirigeants palestiniens originaires des campagnes, conciliants, « lavés » de cette ambition excessivement nationaliste visant généralement à s’associer à la cité et aux élites intellectuelles exclusivement, se mettrait au premier plan de la politique palestinienne, et réussirait à gérer une autonomie qui subsisterait sous la gouvernance et les conseils bienveillants, mais distants, du gouvernement israélien. Judicieusement, la nouvelle direction palestinienne prendrait alors le nom de « ligues de village ». Si, dans son jargon politique, le nationaliste prétend ne pouvoir se satisfaire que de la création d’un Etat, une autonomie, si tant est qu’on fasse preuve de sagesse, arrangerait sûrement une importante minorité ethnique récemment absorbée et actuellement sous gouvernance israélienne.
Il est peu étonnant, dès lors, qu’une mini intifada se soit déclanchée à l’époque contre les concepts israéliens, en partie « gérée » par ce qui correspond pour les Palestiniens au milieu universitaire israélien : la population estudiantine universitaire. Finalement, le 854 a été abandonné, les Ligues de villages - le bébé politique de l’administration civile - ont été démystifiées. L’OLP et le mouvement nationaliste se sont retrouvés plus forts qu’avant. En un sens, il est arrivé exactement l’inverse du résultat espéré et, au lieu d’une autonomie limitée sous la gouvernance de Ligues de dirigeants ruraux, reconnaissants, la voie s’est trouvée toute tracée pour la grande Intifada de 1987, qui fut, avant tout, un cri nationaliste pour la liberté, et le signe annonciateur de la solution à deux Etats (à l’époque redoutée par Israël). Ses principaux fantassins, dois-je ajouter aussi, n’émanaient de nulle part ailleurs que de la population la plus rurale dont les membres, supposaient les spécialistes, n’avaient pas « contracté » le virus nationaliste.
A ce stade, je ne serais pas le moins du monde offensé si quelqu’un soulignait malicieusement que, quand même, en regardant le paysage aujourd’hui, longtemps après que la poussière de ces longues années se soit reposée, on ne trouve sûrement pas de meilleur cas de sagesse reformulée, prouvant qu’une rose, même nommée autrement, reste toujours une rose. En effet, il se peut qu’une telle sagesse nous interpelle, pour nous amener à réfléchir à nouveau sur les perspectives politiques qui se présentent à nous.
Malgré tout ce que je viens de vous dire, je ne suis pas ici en train de me lancer dans un récit historique de ces trente dernières années. Au contraire, j’essaie - et cela me paraît opportun à ce forum - de soulever deux questions, ou deux problèmes, l’une concerne la façon dont la liberté universitaire est liée à la question plus générale de la liberté ; et l’autre, pour savoir si, et comment, les universitaires s’engagent dans cette question brûlante.
Cependant, afin de nous rattacher aux évènements d’aujourd’hui, permettez-moi de faire un bon en avant de quelques années, en fait, jusqu’en 2003, quand le professeur Yaari et moi-même participions à l’ébauche de la déclaration de mission de l’OSIP, l’Organisation scientifique israélo-palestinienne, dont nous sommes tous deux cofondateurs : là, le professeur Yaari avait été catégorique, si je me souviens bien, pour garder l’OSIP hors de la « politique », l’organisation ne désignant rien d’autre que la construction de ponts de bonne volonté entre Israéliens et Palestiniens, et la recherche de la paix. Le milieu universitaire doit, de son point de vue, et probablement de celui de beaucoup d’autres, et peut-être à juste titre dans un certain sens et dans certains cas au moins, ce milieu doit être préservé de la politique. N’empêche que, tant en sa qualité de président de l’Académie israélienne des Sciences et de l’Humanité qu’en celle de membre du conseil de direction de l’OSIP, le professeur Yaari a jugé bon, en octobre puis en novembre 2006, de participer à la publication d’une déclaration qui soutenait le droit des universitaires à se déplacer librement, la « Déclaration pour la liberté de mouvement », laquelle faisait référence aux restrictions, par des mécanismes israéliens variés, imposées aux déplacements des étudiants et universitaires palestiniens. A l’époque, un fait particulier concernant une étudiante - de la région de Jérusalem et diplômée de l’université Al-Quds - qui voulait poursuivre un cursus à l’université hébraïque éveilla l’attention des médias, et les règles de sécurité qu’on lui opposaient étaient si manifestement absurdes que les recteurs d’universités israéliennes eux-mêmes se regroupèrent pour exprimer publiquement leur mécontentement
Ce n’est pas pour chercher à compliquer davantage et à dessein le tableau que j’essaie de brosser devant vous, mais pour y intégrer autant d’éléments pertinents que possible afin de mieux l’évaluer, qu’il faut indiquer que la sympathie exprimée par l’establishment universitaire d’Israël dans la "Déclaration pour la liberté de mouvement" n’a pas connu de suite, ni par l’establishment lui-même, ni par la Cour suprême d’Israël, quand le problème des étudiants de Gaza qui espéraient revenir pour leurs études à l’université de Bethléhem et qui en avaient été empêchés par l’armée, fut soulevé en 2005. L’affaire avait été portée devant la Cour suprême, dirigée par le président - aujourd’hui professeur - Barak, par l’organisation israélienne des droits de l’homme Gisha. La Cour suprême à l’époque a repris l’argument de l’Etat selon lequel « les étudiants, collectivement, représentent une population à haut risque car beaucoup d’entre eux... peuvent être contraints par des militants de Gaza d’agir pour le compte de ceux-ci en Cisjordanie ». C’était dans cette période, avant l’invasion de Gaza (déc. 2008) et après le redéploiement de l’armée en dehors de Gaza (sept. 2005), où ce que l’on appelle aujourd’hui le « siège de Gaza » - qui conduisit finalement au récent fiasco de la flottille de la liberté - avait déjà commencé.
Inutile de dire que les restrictions des mouvements des Palestiniens sont, et depuis longtemps, une caractéristique de la manière qu’a Israël de gérer et contrôler la vie palestinienne, différents rapports sur les droits de l’homme d’aileurs nous le rappellent, si tant est qu’on est besoin qu’on le rappelle. Une manière qui affecte non seulement les déplacements des étudiants et des professeurs, non seulement les personnes et les marchandises entrant ou sortant de Gaza, ou entrant ou sortant de Cisjordanie, mais aussi les déplacements sur les routes, telle que la Route 443 dont le cas fut jugé récemment par un tribunal, et aussi à l’intérieur des villes et des agglomérations en Cisjordanie elle-même, comme la manifestation d’il y a une quinzaine de jours qui appelait à la réouverture de cette rue commerciale fermée dans le centre ville d’Hébron, par exemple, nous le remet en mémoire, et les appels à rouvrir la route de Ramallah à Beitin qui furent lancés le lendemain. En effet, bien peu d’entre nous peuvent ne pas avoir conscience de ces innombrables dédales de barrages routiers, de clôtures, de murs, de frontières, etc. qui régentent la vie quotidienne des Palestiniens, et restreignent leur liberté de mouvement.
Je me souviens que, jeune garçon grandissant dans Jérusalem-Est toujours alors sous gouvernance jordanienne, l’une des discussions générales où, à l’école, nous nous retrouvions engagés avec véhémence, concernait la question de la liberté. A chaque fois, lors de ces discussions animées, qu’il était argué, « Votre liberté s’arrête là où commence celle des autres », à chaque fois, cette déclaration marquait comme par enchantement la fin du débat, presque comme la cloche de l’école quand elle annonce solennellement la fin de la classe. Cela résonnait indiscutablement comme quelque chose de vrai à nos oreilles, comme quand l’on dit, chacun égale chacun. En tout cas, il m’a fallu à moi un long moment pour réaliser que l’astuce, dans ce lieu commun, résidait moins à dire là où est la frontière entre deux personnes, qu’à dire qui sont ces deux personnes, ou ce qu’elles représentent, ou ce qu’elles défendent. Les calculs, je l’ai découvert en temps utile ayant eu l’incertaine chance d’être Palestinien, sont très différents selon qu’ils s’appliquent à des êtres humains ou à des nombres. Les identités tribales (ou les egos) - ai-je découvert - sont souvent noyées sous des valeurs numériques. Ceci m’amène au cœur de ce que je veux dire ce soir, et qui se résume à un appel pour que tout ce qui est bon dans les universités s’implique dans la politique, avant que ce qui y est mal ne gagne le meilleur de nous tous.
Résister à l’Ordre militaire 854, comme le regretté Isaiah Berlin (que je dois remercier publiquement à cette soirée pour avoir signé une lettre ouverte en ma faveur, il y bien des années, pour protester contre mon internement à la prison de Ramleh) aurait probablement accepté de l’expliquer, était un exemple classique de quête de la liberté dans son sens négatif, telle une « liberté issue de ». Dans ce cas particulier, ce que les universités palestiniennes recherchaient, c’était la levée des restrictions de leurs activités universitaires. Cependant, comme je l’ai noté précédemment, une enquête sur la réalité palestinienne au cours de ces années sera révélatrice pour tous ceux qui prenaient la peine de regarder cette épaisse forêt de restrictions de types différents, des constructions, des résidences, du retour, des déplacements, des creusements de puits, des plantations, des emplois, des voyages, etc. Il est clair, du point de vue palestinien, que toutes ces diverses restrictions forment un tout, que pour ne pas les voir, il faudrait - pour extrapoler sur cette image - s’enterrer la tête dans le sable, ce que même les autruches, ai-je appris, ne font pas.
Comme j’essaie de le montrer, ces restrictions sont certainement conçues à partir de l’idée inverse - tout à fait dans la manière israélienne - ou dans le cadre d’une politique globale envers les Palestiniens, que nous pouvons peut-être décrire pour être le moins offensant comme une politique de « domination par l’étouffement ». Chercher à lever ces restrictions de la part de ceux qui les subissent pouvait alors être compris comme une condition préalable pour un certain accomplissement de soi-même, ou une prise de conscience de soi-même - ce que Berlin aurait pu décrire comme une situation de liberté prise dans son sens positif, ou comme une « liberté vers ». Dans le cas palestinien, un moyen de le réaliser aurait pu être l’autodétermination dans son sens classique, ou un Etat avec des frontières découlant d’une certaine manière de leur légitimité, à partir d’un certain consensus international, ou d’une résolution. Que cela ne soit plus possible n’est pas du tout évident. Que cela soit en tout cas la meilleure option compte tenu des faits qui évoluent insensiblement dans un cadre plus large l’est encore moins. En attendant cependant, la question sous-jacente de la domination israélienne sur les Palestiniens ne va pas disparaître. Ici, nous avons un exemple simple d’échelle de dévoiement où le poids (ou la force) d’un ego compte plus que sa valeur numérique. Et même si l’on voulait s’en tenir à estimer, dans ce prétendu truisme, l’endroit où commence et où finit la liberté, il serait nécessaire de se défaire de grandes parties de son ego tribal de sorte que les valeurs numériques redeviennent ce qu’elles sont, et que l’échelle de justice soit à nouveau équilibrée ; ou alors, si l’on reste attaché à ces grandes portions de nous-mêmes, on renonce tout simplement, finalement, à ce lieu commun (et à la justice). Choisir cette dernière orientation, cela va sans dire, signifierait choisir de vivre dans un état de guerre permanent.
Mais comment tout cela se porte-t-il sur le rôle du milieu universitaire en politique ? Je dois admettre que, de retour Via Dolorosa en 1981, le temps où Menahem Yaari me rendait visite, je commençais juste moi-même à relier les deux, la liberté universitaire et la politique. Depuis, je n’ai pu les séparer. Ainsi, même alors où j’étais engagé dans la co-fondation de l’OSIP, dans l’incitation à la coopération universitaire israélo-palestinienne et dans l’opposition aux appels à boycotter les universités israéliennes, j’agissais en croyant vraiment que la construction de ponts pour une coopération universitaire entre les deux côtés faisait autant partie de la construction d’un réseau de ces mêmes ponts entre les membres du conseil de direction eux-mêmes, et qu’on parviendrait à une paix équitable dans le processus  ; tout comme la politique diamétralement opposée des restrictions de la liberté universitaire fait partie intégralement d’une restriction de tout un ensemble de libertés, et comme elle pratique, via ces restrictions, la politique injuste d’étouffement d’un côté sur l’autre côté. Le fait est qu’une pièce monétaire, par exemple, ne garde pas sa valeur, ou alors elle la garde à condition que l’un de ses deux côtés soit totalement effacé - une situation qui est venue planer sur nos têtes, comme un nuage noir, ces dernières années, pour remplacer une période d’espoir.
Surtout, ce tableau plus vaste est resté inchangé, laissant l’université israélienne confrontée au même terrain politique qu’auparavant : l’appel à construire des ponts universitaires peut, soit s’intégrer dans un appel plus large pour remplacer les murs par des ponts - c’est-à-dire pour lever toutes ces restrictions des libertés qui, ensemble, deviennent une politique d’étouffement -, soit, en tant que « réalisation isolée », ou en tant qu’effort de rapprochement de l’un seulement des côtés de la pièce, être considéré comme un élément de la politique d’étouffement elle-même - simplement en présentant cet étouffement comme quelque chose de normal ou en tout cas de « vivable » ou d’acceptable en l’état des choses. Mais cela, l’appel ne le peut pas non plus, objectivement parlant. Et on ne peut s’attendre à ce genre de réaction à son égard du côté palestinien, dans l’un et l’autre cas.
Sans doute, cette même logique s’applique-t-elle (c’est-à-dire, devrait s’appliquer) au réseau universitaire international d’Israël, bien que nécessairement avec quelque contorsion étant donné que c’est ici que le milieu universitaire international débat, de temps en temps, pour savoir si le boycott de ses homologues israéliens est nécessaire, utile ou doit être demandé à tous. Tout à fait honnêtement et alors que je pense à beaucoup de situations et de cas où le milieu universitaire ne doit pas être l’otage du politique, l’acte de fermer les yeux sur les inégalités humaines ou les violations des droits humains, ne doit pas rentrer dans ces situations. Ici, par conséquent, je voudrais une fois encore faire valoir qu’une politique de rapprochement dans le domaine universitaire doit être proportionnée à sa contrepartie parallèle sur le terrain politique - que le milieu universitaire israélien, étant aidé, doit, en principe au moins, s’opposer clairement à une politique de domination par l’étouffement. Se positionner en de telles circonstances en faveur de l’abstraction de la politique revient absolument et tout compte fait à tolérer - pour le moins - ce genre particulier de politique négative. Comme mon ancien collègue, qui était favorable à une solution à deux Etats, Ami Ayalon, le répétait inlassablement autrefois en citant Edmund Burke, et en ayant à l’esprit des scénarios bien pires que ceux qui ont soufflé initialement cette déclaration à Burke : après tout, tout ce qu’il faut pour que le mal triomphe, c’est que les gens de bien ne fassent rien. Je ne dis pas ici qu’il faut déclarer soudain des guerres entre ceux qui ont un certain point de vue et ceux qui en ont un autre, mais je crois que la question doit au moins être débattue ouvertement et objectivement entre les universitaires israéliens et leurs homologues internationaux, de même qu’entre les universitaires israéliens eux-mêmes. Après tout, on l’examine, on l’explique ou on la justifie ; et quoi qu’on décide à son sujet, on ne peut faire comme si elle - cette situation de domination par l’étouffement, de déni de la liberté - n’existait pas.
Rechercher le démantèlement de la structure de « domination par l’étouffement », ce qui est la véritable question pour les « bons » chez les universitaires, ne consiste pas, à mon sens, de décider si on est du côté de l’étouffement ou de celui de la liberté. Au contraire, être du côté de la liberté c’est décider si elle peut encore donner un sens à une action en faveur d’une solution à deux Etats, ou s’il serait plus sensé de commencer à penser et à œuvrer pour des solutions fédéralistes ou intégrationnistes. Des solutions comme celles - avec les modifications indispensables à y apporter - que proposaient il y a quelques années Meron Benvinisti, Haim Hanegbi (ou même Moshe Arens plus récemment), ou bien, des années avant cela, des intellectuels avisés comme Martin Buber et Judah Magnes - ancien recteur et président de l’université hébraïque alors naissante. Un nouveau regard sur le Minority Report pour la partition de l’Inde - proposé à la même époque que la célèbre résolution 181 pour la partition de la Palestine - pourrait bien aussi être instructif à ce stade. Mon point de vue globalement, c’est qu’on ne peut vraiment pas s’attendre à ce qu’un véhicule hors d’usage se mette à tourner sans problème simplement en le poussant ou même en changeant uniquement ses pneus crevés. Il faut réparer chaque dysfonctionnement avant de pouvoir compter que le véhicule soit capable de rouler. Peut-être que ceci nous apprend que l’une des actions de base pour la collaboration entre universitaires requiert alors de leur part de devenir mécaniciens.
Revenons au départ, au 854, et à la visite à mon domicile du professeur Yaari en 1981. Il se peut que cela vaille la peine d’évoquer, à titre d’observations finales, une lettre qui a été reçue au Balliol College d’Oxford près d’une année avant, en 1980, par William Newton-Smith, alors secrétaire de la Faculté de philosophie d’Oxford, et envoyée de Prague, alors en Tchécoslovaquie. Dans cette lettre, on lui demandait si les professeurs de philosophie britanniques pouvaient venir dans ce pays aider à l’enseignement des élèves qui n’étaient pas autorisés à se rendre à l’étranger pour leurs études de philosophie. La lettre marquait ainsi le début de ce qui fut appelé plus tard « l’université clandestine » - un programme impliquant de nombreux professeurs de différentes disciplines, dont des personnalités telles que Stuart Hampshire, Iris Murdoch, Tom Stoppard, Harold Pinter, et Yehudi Menuhin, dont certains commencèrent à se rendre dans ce pays pour y donner leurs cours dans des sous-sols exigus, des chaufferies et de minuscules appartements. Certains, comme le principal de Balliol, Anthony Kenny, moins chanceux, furent rapidement expulsés du pays dès leur arrivée. Enfin, en octobre 1990, après l’effondrement non seulement des murs et des barrières, mais aussi des structures politiques tout entières, Vaclav Havel put officiellement inaugurer le « Jan Hus Educational Trust », véhicule grâce auquel l’université dite clandestine avait aidé à fonctionner durant ces années difficiles. A cet égard, je dois reconnaître que des universitaires israéliens, à peu près à la même époque, ont cherché à aider les institutions universitaires palestiniennes, comme Birzeit, quand celles-ci se trouvèrent assiégées par les autorités israéliennes, et reconnaître aussi que d’autres, comme notre ami Menahem Yaari, ne sont pas restés les bras croisés alors que le nœud coulant se resserrait autour de nos cous universitaires.
En conclusion, il est clair que la question n’est pas que les universitaires, contrairement aux créatures de Dieu, ne peuvent d’une façon ou d’une autre se soustraire à leurs contextes politiques. La question est plus, pour reprendre Périclès, de savoir si une véritable démocratie peut se permettre d’avoir de tels universitaires en son sein.
Ndt : La position de Sari Nusseibeh, exposée ici devant un parterre d’universitaires sionistes, doit être appréciée par rapport à son oppositon antérieure à tout boycott universitaire et culturel d’Israël, voir : "Boycotter Israël" de Peter Beaumont - The Observer.
Voir également :
-  Votez le désinvestissement : vous ne serez pas seuls - discours du Professeur Judith Butler, prononcé le mardi 13 avril 2010 devant les étudiants de l’université de Berkeley, Californie.
5 juillet 2010 - Université Al-Quds - traduction : JPP
Lien