dimanche 16 mai 2010

Basculement stratégique au Proche-Orient

15 mai 2010 par Thierry Meyssan*
L’échec du remodelage du Grand Moyen-Orient a laissé le champ libre à une nouvelle alliance, celle du triangle Téhéran-Damas-Ankara. La nature ayant horreur du vide, Moscou comble l’espace laissé vacant par Washington. Le vent a tourné et il souffle fort. En quelques mois, c’est tout l’équilibre régional qui a été bouleversé.

JPEG -
 26.8 ko
La nouvelle donne au Proche-Orient : le triangle Turquie-Iran-Syrie (de gauche à droite, les présidents Gül, Ahmadinejad et Assad).
L’équilibre du Proche-Orient a été entièrement modifié au cours des derniers mois. Tout d’abord, les capacités et les positions de plusieurs acteurs ont changé.
- Les forces armées israéliennes, qui avaient enchaîné victoire sur victoire durant des décennies, ne sont plus capables de maîtriser le terrain. Au cours de leur offensive contre le Liban (2006), puis contre Gaza (2008), elle ont montré qu’elles ont accru leur puissance de destruction, mais qu’elles ne parviennent plus à atteindre les objectifs qu’elles se fixent, en l’occurrence détruire le Hezbollah et le Hamas.
En outre, leur arsenal, alimenté autant que de besoin par les Etats-Unis, ne garantit plus leur domination. Leurs chars sont devenus vulnérables aux RPG russes, alors qu’ils formaient l’outil central de leur blitzkrieg. Leur marine est menacée par les missiles sol-mer livrés par la Chine au Hezbollah et désormais dotés des système anti-brouillage qui leur manquaient en 2006. Enfin, leur domination aérienne ne résistera pas longtemps à la prolifération des S-300 russes, en cours de livraison dans la région.
- La quasi-indépendance du Kurdistan irakien organisée par les Etats-Unis, le développement économique de ce quasi-Etat sous tutelle israélienne, et le soutien trop visible des USA aux séparatistes kurdes du PKK ont contraint les militaires turcs à un revirement complet. L’Alliance atlantique n’apparaît plus comme la garante de l’intégrité territoriale turque et Israël devient un ennemi.
Si Ankara veille à ménager Washington, le ton n’a cessé de monter avec Tel-Aviv depuis l’algarade opposant Recip Erdogan à Shimon Peres lors du Forum de Davos, à l’incident diplomatique relatif à la série télévisée La Vallée des loups.
- Le chaos irakien et la création du quasi-Etat du Kurdistan ont contraint les Etats riverains à se concerter pour se protéger de la contamination. D’autant que Washington a tenté de les déstabiliser tous pour les tenir à l’écart du jeu irakien. Ainsi les Etats-Unis et Israël ont soutenu en sous-main les séparatistes kurdes de Turquie (PKK), ceux d’Iran (Pejak) et ceux de Syrie.
Par conséquent, l’axe Iran-Syrie a fait place à un triangle Iran-Syrie-Turquie. Celui-ci dispose d’une légitimité historique sans équivalent.
Depuis la Révolution islamique, l’Iran est le chef de file des chiites. Après la destruction du Baas irakien par Paul Bremmer, la Syrie est devenue le leader incontesté du camp laïque. Enfin, la Turquie, héritière du califat, est le berceau du sunnisme. A eux trois, ces Etats couvrent la presque totalité du champ politique proche-oriental.
Cette alliance clos le chapitre du Divide et Impera (diviser pour régner), que les puissances coloniales avaient su appliquer pour dominer cette très vaste région. Elle met particulièrement un point final à la Fitna, c’est-à-dire à la guerre civile musulmane entre sunnites et chiites. Déjà le roi Abdallah d’Arabie saoudite avait invité le président iranien Ahmadinejad à faire avec lui le pèlerinage à La Mecque, dont il est le gardien. Mais la Turquie est l’héritière des Ottomans, et à ce titre incarne le sunnisme historique.
De plus, pour Ankara, ce nouveau triangle élargit enfin un horizon bouché par les interminables atermoiements de l’Union européenne.
- La dé-baasisation de l’Irak, c’est-à-dire la chasse ouverte contre les anciens cadres administratifs du pays, a provoqué un exode massif. En six ans, plus d’un million d’Irakiens ont été accueillis en Syrie. Cette hospitalité arabe inclut l’accès gratuit sans contrepartie aux établissements scolaires et universitaires ainsi qu’à l’ensemble du système de santé. Dans un premier temps, cette ample vague migratoire a provoqué une grave crise économique dans le pays, mais une fois digérée, elle lui apporte des cadres très qualifiés et une nouveau dynamisme.
- Les troubles organisés par les Etats-Unis au Yémen ont contraint la famille royale saoudienne à soutenir la politique du roi Abdhallah d’apaisement avec la Syrie et l’Iran. Par voie de conséquence, le clan libano-saoudien Hariri a été prié de se réconcilier avec le président Bachar el-Assad et de reconnaître la légitimité de l’armement de la Résistance libanaise.
Du coup, le résultat ambigüe des élections législatives truquées —gagnées en voix par la coalition conduite par le général Aoun et le Hezbollah, mais gagnées en sièges par la coalition pro-US formée autour du clan Hariri et de l’extrême-droite chrétienne— a changé de signification et ouvert la voie à un gouvernement d’union nationale. Tandis que des chefs de guerre comme le socialiste Walid Jumblatt opéraient un virage à 180° pour s’aligner sur le sens du vent.
Cependant, cette évolution est fragile, Washington ayant peut-être la possibilité de déstabiliser la nouvelle troïka.
Quoi qu’il en soit, plusieurs tentatives de renversement de Bachar el-Assad par des généraux corrompus ont été éventées avant même qu’ils ne puissent passer à l’acte.
Les multiples attentats orchestrés par la CIA dans les provinces non-persanes d’Iran n’ont pas donné le signal de révoltes séparatistes. Tandis que la révolution colorée, organisée par la CIA et le MI6 à l’occasion de l’élection présidentielle, a été noyée par une marée humaine. Aux quelques dizaines de milliers de contestataires des quartiers nord de Téhéran a répondu une manifestation monstre de 5 millions de personnes.
Enfin, Washington semble dans l’incapacité d’user une nouvelle fois du Gladio pour instaurer une dictature militaire en Turquie. D’une part parce que la nouvelle génération de généraux turcs n’est plus arc-boutée au kémalisme et d’autre part parce que le gouvernement démocrate-musulman de l’AKP s’est appliqué à démanteler l’Ergenekon (version actuelle du Gladio turc).
Washington et Tel-Aviv peuvent aussi monter des dossiers mensongers pour justifier d’actions militaires.
Ainsi ont-ils laissé entendre depuis 2007 qu’Israël aurait découvert et bombardé un centre de recherche militaire nucléaire en Syrie et que l’Iran conduirait un vaste programme de même nature. Plus récemment, les mêmes puissances ont accusé la Syrie d’avoir fait entrer des Scud au Liban.
Toutefois ces imputations ne résistent pas plus à l’analyses que celles délivrées par le secrétaire d’Etat Colin Powell au Conseil de sécurité des Nations Unies à propos des prétendues armes de destruction massive irakiennes. Les diverses inspections de l’AIEA n’ont mit en évidence que des activités civiles, et la force de maintien de la paix des nations Unies au Liban a démenti la présence de Scud dans le pays.
JPEG -
 21.3 ko
Le 23 février 2010, Bachar el-Assad répond aux injonctions d’Hillary Clinton et défie Barack Obama en recevant Hassan Nasrallah et Mahmoud Ahmadinejad.
© Tehran Times

L’entrée en scène de la Russie

La perte d’influence des Etats-Unis est si palpable que le général David Petraeus, commandant en chef du Central Command a sonné l’alarme à Washington. A ses yeux, le jeu joué par les Israéliens non seulement en Palestine, mais surtout en Irak, a plombé les projets états-uniens dans la région.
Plus encore, l’enlisement des GI’s en Irak et en Afghanistan en fait des otages de la Turquie, de la Syrie et de l’Iran, seuls en mesure d’apaiser les populations révoltées.
Dans une complète inversion des rôles, l’allié stratégique du Pentagone est devenu un boulet, tandis que ses ennemis régionaux sont ses boucliers.
Prenant acte de l’échec du remodelage US du Grand Moyen-Orient, Moscou s’est repositionné sur la scène régionale lors du voyage du président Dmitry Medvedev à Damas et Ankara.
Concernant les conflits avec Israël, la Russie a réaffirmé que le règlement politique devait être fondé sur les résolutions pertinentes de l’ONU (incluant l’inaliénable droit au retour des Palestiniens) et les principes de la conférence de Madrid (restitution des territoires occupés, dont Jérusalem-Est et le Golan syrien, en échange d’un Traité de paix).
En outre, Dmitry Medvedev a confirmé la préférence russe pour la solution à deux Etats. Compte tenu de la présence d’un million d’ex-Soviétiques en Israël, Moscou veut prévenir un exode prévisible en cas de chute du régime sioniste. Dans cette perspective, il a souhaité une réconciliation entre le Fatah et le Hamas, et a rencontré Khaled Mechaal, le leader politique de la Résistance palestinienne, alors même que celui-ci est qualifié de « terroriste » par les Etats-Unis. Il s’agit bien d’un pas décisif de la Russie : le président Medevedev avait refusé par trois fois de recevoir M. Mechaal de passage à Moscou, il a cette fois eu une entrevue avec lui, et qui plus est à Damas. A cette occasion, le président russe a souligné l’urgence croissante de la situation humanitaire à Gaza et déploré le désintérêt de Washington à résoudre ce drame.
Enfin, faisant allusion aux menaces israéliennes de bombarder les convois d’armes passant de Syrie au Liban, il a mis en garde Tel-Aviv contre une escalade de la tension.
La Russie soutient le rapprochement politique et économique en cours entre l’Iran, la Syrie et la Turquie. Les trois Etats leaders au Proche-Orient sont entrés dans une phase d’intense coopération. En quelques mois, ils ont ouvert leurs frontières et libéralisé leurs échanges à marche forcée. Leurs économies bloquées par les années de guerre ont été soudainement ventilées. La Russie entend ne pas rester à l’écart de cette nouvelle zone de prospérité. Immédiatement, Ankara et Moscou ont abrogé la nécessité de visas pour leurs ressortissants. Ainsi un Turc peut entrer sans formalité en Russie alors qu’il n’y est toujours pas autorisé ni aux USA, ni dans l’Union européenne, bien que la Turquie soit membre de l’OTAN et candidate à l’UE.
Moscou a créé des instances permanentes de concertation à haut niveau, aux plans diplomatique et économique, avec Damas et avec Ankara, qui contrastent avec la politique des Etats-Unis.
En début d’année, la secrétaire d’Etat US, Hillary Clinton, avait sommé la Syrie de prendre ses distances avec la Résistance. Pour toute réponse le président Bashar el-Assad s’était immédiatement affiché aux côtés de son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad et du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et avait signé un document ironiquement qualifé de « Traité de distance réduite ». La rencontre avait été improvisée de sorte que Khaled Mechaal n’avait pas eu le temps de s’y rendre, mais le Hamas était associé à la démarche.
Mettant ses menaces à exécution, le président Barack Obama a répliqué en reconduisant pour deux ans des sanctions économiques contre la Syrie.
Rosatom et Atomstroyexport, qui terminent la construction d’une centrale nucléaire civile en Iran (Bushehr) et sont en discussion pour de nouvelles, en construiront une autre en Turquie pour 20 milliards de dollars. Elle devrait être inaugurée dans sept ans. Un projet similaire est à l’étude en Syrie. Le manque d’électricité, dans une région qui a souffert des bombardements israéliens, est le principal handicap au développement économique. Du point de vue proche-oriental l’empressement russe à construire ces centrales n’est pas tant imputable à un appétit commercial qu’à une volonté de donner aux peuples concernés le moyen d’accélérer le développement économique que les Occidentaux leur ont si longtemps interdit.
En outre Stroitransgaz et Gazprom vont assurer le transit du gaz syrien vers le Liban, Beyrouth étant empêché par son voisin israélien d’exploiter ses importantes réserves off shore.
Au plan militaire, la Russie a pris livraison de sa nouvelle base navale en Syrie. Celle-ci lui permettra de rétablir l’équilibre en Méditerranée dont elle est plus ou moins absent depuis la dissolution de l’URSS. Elle a également confirmé la prochaine livraison de missiles S-300 à Téhéran afin de protéger l’Iran des menaces de bombardement états-uniennes et israéliennes.
Tout en stigmatisant les provocations iraniennes, les diplomates russes ont répété qu’ils ne croient pas aux accusations occidentales à propos de prétendus programmes nucléaires militaires iranien ou syrien. Alors que le protocole des Etats riverains de la Caspienne ne prévoit qu’une fourniture d’armes à l’Iran si celui-ci était attaqué, le président Medvedev a évoqué une possible intervention directe de la Russie et mis en garde les Etats-Unis contre une guerre en Iran qui dégénérerait en Troisième Guerre mondiale. Sur ce fondement, il a apporté son soutient au projet de dénucléarisation de la région, c’est-à-dire de démantèlement de l’arsenal nucléaire israélien. L’affaire vient d’être portée devant l’AIEA.
JPEG -
 25.1 ko
En octobre 2009, la Turquie et l’Arménie établissent —enfin— des relations diplomatiques. L’espace caucasien s’ouvre pour Ankara (de gauche à droite les présidents turc et arménien, Gül et Sargsyan).
Moscou attache une importance particulière à aider la Turquie à régler ses contentieux séculaires avec la Grèce et l’Arménie, incluant les conflits de Chypre et du Haut-Karabagh. De la sorte, Ankara pourrait s’éloigner définitivement de Tel-Aviv et de Washington et reprendre sa complète indépendance. Des pas importants, mais insuffisants, ont été accomplis par le président Abdullah Gül vis-à-vis d’Erevan. Passant outre 95 ans de haine, la Turquie et l’Arménie ont établi des relations diplomatiques. D’autres avancées devraient suivre vis-à-vis d’Athènes avec la bénédiction du patriarche orthodoxe Cyril Ier de Moscou. De ce point de vue, la visite de Recip Erdogan en Grèce est un événement historique qui relance le processus de réconciliation en Mer Egée, amorcé dans les années 30 et interrompu par la Seconde Guerre mondiale.
JPEG -
 26.1 ko
Les présidents russe et turc, Dmitry Medvedev et Abdullah Gul. Les ennemis de la Guerre froide deviennent partenaires pour stabiliser « le Proche-Orient et le Caucase ».
© Service de presse du Kremlin
Bouleversant la stratégie US en Mer Noire et dans la Caspienne, Ankara a accepté un gigantesque investissement russe pour la construction d’un pipe-line reliant Samsun à Ceyhan. Il devrait permettre d’acheminer le pétrole russe de la Mer Noire vers la Méditerranée sans avoir à emprunter les détroits, impropres au transit de matières polluantes. Identiquement, Ankara étudie sa possible participation au projet de gazoduc russe South Stream. Si celle-ci devait être confirmée, elle rendrait inutile le projet concurrent des Etats-Unis et de l’Union européenne, Nabucco.
En définitive, le soutien russe garantit la pérennité du triangle Téhéran-Damas-Ankara face à l’hostilité des Etats-Unis et de l’Union européenne. L’équilibre stratégique du Proche-Orient vient de basculer. L’onde de choc pourrait se propager au Caucase.
Thierry Meyssan
Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007) http://www.voltairenet.org/article165394.html

Processus de paix: tension entre Bernard Kouchner et Valerie Hoffenberg


Le ministre des Affaires étrangères a envoyé un télégramme aux ambassadeurs de France au Proche et Moyen-Orient leur rappelant les attributions précises du mandat de Valérie Hoffenberg.
En aout 2009, l’ancienne responsable de l’American Jewish comittee en France (AJC) a été nommée par Nicolas Sarkozy représentante speciale de la France pour la dimension economique, culturelle, educative et environnementale du processus de paix israélo-palestinien. Mais son activisme est critiqué par certains diplomates au Quai d’Orsay.
Mme Hoffenberg est la cheville ouvrière du projet de parc industriel franco-palestinien de Béthléem, qui vient de voir le jour dans la ville natale du Christ. « On doit lui rappeler qu’elle se cantonne au bilatéral franco-palestinien, indique un de ces diplomates, car elle est parfois tentée de faire de la politique en impliquant les Israéliens dans ses projets ».
Ironie de l’histoire : l’Elysée a cherché à bloquer le télégramme en question, mais en vain, la correspondance avait déjà été transmise aux ambassadeurs. ''Le temps est venu de bousculer les agendas, les habitudes et les frilosites'', soulignait Nicolas Sarkozy dans la lettre de mission qu'il adressait l'an dernier a Mme Hoffenberg… Dure, dure.

BDS : L’appel au boycott général est légal

France - 15-05-2010
Par Gilles Devers
Un peu d’histoire
On en arrive presque à l’oublier : La Palestine préexistait à Israël, même si c’était la Palestine colonisée, à une époque qui niait le principe d’autodétermination des peuples.
A l’issue de la Première Guerre Mondiale, la Société des Nations (SDN) a donné mandat au Royaume-Uni d’administrer la Palestine. Un simple mandat, car la Palestine n’appartenait ni à la SDN, ni au Royaume Uni. En 1947, le Royaume-Uni a annoncé qu’il entendait mettre fin à son mandat, et l’Assemblée générale a adopté la résolution 181 (II) recommandant un plan de partage, soit une solution à deux Etats. Cette recommandation n’avait pas de force créatrice, car l’ONU ne pouvait pas « donner » une terre qui ne lui appartenait pas.

Le 14 mai 1948, le Royaume-Uni a mis fin à son mandat et le même jour, l’Agence juive a proclamé la création de l’État d’Israël sur le territoire qui lui avait été réservé par le plan de partage. Des hostilités éclatèrent immédiatement, et Israël, par des succès militaires, a contrôlé une partie du territoire qui était destinée à l’État arabe dans le plan de partage, avec la clé les destructions, les morts, et les réfugiés en grand nombre.
Le 11 décembre 1948, l’ONU a adopté la résolution 194 (III) affirmant le droit au retour des réfugiés. Des conventions d'armistice ont été conclues en 1949 entre Israël et les Etats voisins, avec définition d’une ligne de démarcation, la « Ligne Verte».
Le 11 mai 1949, Israël est devenu membre de l’Organisation des Nations Unies, après s’être engagé au respect des résolutions 181 (II) de 1947 et 194 (III) de 1948. La question de la Palestine est demeurée en suspens, et s’est instaurée une paix précaire.
Le 5 juin 1967, les hostilités éclatèrent entre Israël, l’Égypte, la Jordanie et la Syrie. Lorsque le cessez-le-feu prit effet, Israël occupait tout l’ancien territoire de la Palestine. Dans la foulée, a commencé une nouvelle phase de colonisation, avec appropriation des biens et transferts de populations.
L’occupation et l’exploitation économique des territoires occupés
Droit international humanitaire. Le Règlement de la Haye de 1907, qui régit l’occupation, indique en son article 46 que « la propriété privée ne peut pas être confisquée » et en son article 55 que « L'Etat occupant ne se considérera que comme administrateur et usufruitier ». La IV° convention de Genève de 1949 précise en son article 49 que « la puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d'une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle ».
Cour Pénale Internationale. Le statut de la CPI (1998) qualifie de crimes de guerre « l’appropriation de biens, non justifiées par des nécessités militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire » (Art. 8, 2, a, iv) et « le transfert par la puissance occupante d’une partie de sa population civile dans le territoire qu’elle occupe » (Art. 8,2, a, viii).
La Cour Internationale de Justice (CIJ). Dans son avis du 9 juillet 2004, la plus haute instance internationale, la CIJ a dit que l’ensemble des territoires de Palestine étaient occupés par Israël, et restaient sous la protection de la IV° Convention de Genève. L’implantation de colonies, notamment par la construction du mur, est un acte illicite qui met en jeu la responsabilité de l’État et la responsabilité pénale des auteurs.
Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE). Le droit européen confirme cette analyse. Dans un arrêt Brita rendu le 25 février 2010, la CJUE a dit que les produits « obtenus dans des localités qui sont placées sous administration israélienne depuis 1967 », c’est-à-dire l’ensemble des territoires occupés, ne peuvent pas être exportés sous certificat d’origine israélien. Israël ignorant cette règle, délivre des certificats de manière indifférenciée, et ces certificats ne sont pas fiables.
La campagne BDS défend la légalité
La loi ne peut apporter sa protection à des produits illicites. Or si les effets sont différenciés, la cause est unique : la politique d’Israël, c’est la colonisation, c’est-à-dire imposer l’apartheid par la force armée.
Les produits des colonies
Il s’agit des produits issus des terres qu’Israël s’est appropriées depuis 1967. La CIJ décrit le processus dans l’affaire du Mur. Le droit international ne peut légitimer l’acquisition de territoires par la force armée. Ces produits issus des colonies sont le fruit d’un crime de guerre, et comme tels, ils sont illicites.
Les produits des territoires occupés
Israël n’a aucun droit pour certifier d’origine des produits issus des territoires occupés, de Cisjordanie comme de Gaza, car la seule frontière opposable est celle de 1949 (Arrêt Brita). Ces produits sont palestiniens, et ne peuvent être exportés que sous certificat palestinien, dans le cadre de l’accord passé entre l’Union européenne et l’Autorité Nationale Palestinienne, en 1997.
Les produits en général
Tout part du mépris du droit international par Israël. Son choix politique central est la colonisation, qui passe trois volets indissociables : la mainmise sur les territoires occupés, y compris Jérusalem-Est, le statut de seconde zone pour les Palestiniens vivant en Israël, et le refus du droit au retour pour les réfugiés. C’est bien un politique globale. L’aspect le plus flagrant est celui des colonies. Mais la racine est plus profonde : c’est une pratique d’apartheid vis-à-vis des Palestiniens.
S’agissant des produits, deux points imposent le boycott global :
D’abord, Israël délivre de manière indifférenciée des certificats d’origine pour l’ensemble des exportations, il n’est pas possible depuis l’Europe de faire la distinction.
Ensuite, tous les mécanismes politiques et économiques israéliens sont asservis au but de l’appropriation des richesses palestiniennes. Il est impossible de se limiter à une réaction qui viserait l’exécution du crime de colonisation, mais laisserait intact sa conception, au motif qu’elle se tiendrait à l’intérieur des frontières de 1948.
Il est du devoir des Européens d’imposer cette lecture du droit, la seule réaliste, car il s’agit de combattre le crime au plus près de sa source, et pas seulement dans ses effets.
C’est dire aussi que la question de la culpabilité pénale des dirigeants israéliens pour le processus de colonisation ainsi analysé est posée, et devra au plutôt être portée devant la Cour Pénale Internationale.
L’infraction de discrimination économique est inapplicable
La loi ne peut accorder sa protection à des produits illicites. Ainsi, lorsque les militants découvrent de tels produits, ils doivent déposer plainte auprès de douanes et du procureur pour tromperie. Si par malheur des poursuites étaient engagées à leur encontre, le tribunal devrait avant toute chose se prononcer sur l’origine des produits et la validité des certificats. C’est un préalable, car un tribunal ne peut envisager de protéger le fruit de crimes de guerre.
En toute hypothèse, cette action relève de la liberté d’expression, alors que l’infraction de discrimination économique ne concerne que les acteurs économiques. C’est la portée de l’arrêt Willem de la CEDH du 16 juillet 2009. Dans cette affaire, la question de la licéité des exportations n’avait pas été posée au tribunal, le maire s’étant cantonné au terrain de la liberté d’expression. Qu’a dit la Cour ? « Au-delà de ses opinions politiques, pour lesquelles il n'a pas été poursuivi ni sanctionné, et qui entrent dans le champ de sa liberté d'expression, le requérant a appelé les services municipaux à un acte positif de discrimination, refus explicite et revendiqué d'entretenir des relations commerciales avec des producteurs ressortissants de la nation israélienne ».
Juridiquement, les choses sont claires
Politiquement, il reste tant à faire

"Les gens que nous tuons ne méritent pas de vivre."

Samedi, 15 Mai 2010 22:15 
IRIB - Le président de la tristement célèbre compagnie privée américaine de sécurité "Blackwater", Eric Prince, a déclaré que les gens tués par les agents de sa compagnie, "ne méritaient pas de vivre", lors d'un discours, à l'Université du Michigan, dont une partie a été publiée par le magazine "The Nation". Il a qualifié les Irakiens, les Pakistanais et les Afghans de reptiles qui vivent dans des égouts! 

Une semaine des films traitant la lutte du peuple palestinien organisé en Pologne

15/05/2010  
Une semaine de films traitant la lutte du peuple palestinien, organisée par l'organisation polonaise d'appui à la lutte du peuple palestinien, a commencé aujourd'hui dans la capitale polonaise, Varsovie.
   Les films choisis pour cette semaine traduisent les souffrances des Palestiniens sous l'oppression israéliennes mais encore le soutien à la lutte de ce peuple. Parmi les films on compte "Orange de Yafa" et "Jénine, Jénine".
   Aux activités de l'organisation polonaise de l'appui à la lutte du peuple palestinien, organisatrice de cette semaine, contribuent, constate-t-on, des écrivains, des journalistes, des intellectuels et des parlementaires polonais.

Nakba: Hezbollah appelle à maintenir la cause palestinienne vivante

15/05/2010  
Le Hezbollah  a appelé  dans un communiqué rendu publique ce Samedi,  dans une, tous les peuples arabes à maintenir la question palestinienne vivante dans les cœurs de toutes les générations et à travers le soutien continuel de la résistance, car c’est  le seul espoir pour libérer les terres et restaurer la dignité que les sionistes continuent de violer jusqu’à ce jour !     
Le texte poursuit : « A l’occasion de l'anniversaire de la Nakba en Palestine,  la nation traverse une phase critique et l’ennemi travaille pour détourner les peuples islamiques de la véritable cause : l'occupation israélienne de la terre de Palestine et la création d’une entité usurpatrice  sans aucun droit, qui tue les familles palestiniennes, les  déplace et leur confisque leurs terres voire elle  tente d'éliminer leur histoire,  leur présent et à leur avenir ».
« Comme chaque année, l'anniversaire de la nakba  est commémoré des conditions plus dangereuses, parce que  l'ennemi s’approche plus d'atteindre son objectif ultime à savoir la suppression de la cause palestinienne du Dictionnaire de la politique, en soulevant diverses questions pour de détourner les peuples arabes et islamiques de cette question fondamentale ».  
« Sauf que ce que pense l’ ennemi israélien être une réussite que d’écarter la question palestinienne  de l’équation  en l’introduisant dans des négociations stériles sans fin,  est une illusion vécue par les dirigeants de l'ennemi, car cette cause reste dans le cœur du peuple palestinien et  dans le cœur des peuples arabes et islamiques, qui croient que la Palestine est une cause qui ne peut pas être abandonnée par la renonciation »...
« Les années passées ont prouvé l'échec de tous les compromis qui ont été utilisés pour récupérer un seul pouce de la terre de Palestine, ces compromis ont permis à l’ennemi de donner à l'adversaire l'occasion une fois de plus d’intensifier la colonisation dans les territoires occupés, et de couvrir ses tentatives de destruction des  lieux saints dans les territoires palestiniens, en particulier les Mosquée Al-Aqsa ».  
« En revanche, ces dernières années ont prouvé que récupérer la terre occupée sans restriction ni condition et sans soumission à l'ennemi ne se réalise que par la résistance et les  sacrifices, en est témoin la nation qui a la tête haute grâce  à la libération de la plupart des territoires libanais occupés et à la résistance de la bande de Gaza, obligeant les  forces de l'ennemi à se retirer et à lui infliger des pertes énormes dans ses rangs »… !

Un nouveau film israélien apprend aux adolescents comment détruire AlAqsa

15/05/2010  
Les Israéliens s'attellent à user de tous les moyens pour réaliser leur rêve: la destruction de la Mosquée d'al-Aqsa.
Cette fois-ci, un groupe d'extrémistes juifs a eu recours à la production d'un film qui apprend aux jeunes juifs comment parvenir à la réalisation de ce rêve.
Le film parle du bombardement et de la destruction de la Mosquée d'AlAqsa qui sera remplacée par le soi-disant temple de Salomon.  
Ce film qui a notamment été distribué aux adolescents juifs, montre un avion israélien larguant une bombe sur la Mosquée d'Al-Aqsa qui tombe en ruines.  
Le scénariste évoque alors, le soi-disant Salut d'"Israël" après la construction du temple à sa place.
Cela sera-t-il proche, demande le scénariste?  
Un des extrémistes lui répond: nous prions Dieu pour que cela se passe, et qui sait? Peut être mon fils sera un jour pilote et accomplira cette mission.
Un autre extrémiste s'est félicité que son fils participait à une cérémonie religieuse dans laquelle le film a été diffusé. Il a ajouté que plusieurs copies de ce film ont été distribuées à grande échelle dans les colonies de la Cisjordanie et de Jérusalem.  
Pour la télévision israélienne, ce film n'est pas un phénomène passager. Elle a notamment rappelé une prière organisée, dans la colonie de Tabouh. Les Colons avaient invoqué Dieu pour qu'il détruise la Mosquée d'AlAqsa.  
Toujours selon la télévision israélienne, la visite continue des rabbins juifs pour prier sur l'esplanade des mosquées fait partie de leur tentative de mettre la main sur la Mosquée d'AlAqsa.
Notons que la diffusion de ce film intervient au moment où les Juifs célèbrent le 43 ème anniversaire de la soi-disant "réunification de Jérusalem" occupée. 

Un adolescent palestinien assassiné par un colon israélien

samedi 15 mai 2010 - 08h:58
Al Jazeera
Un adolescent palestinien a été abattu par un colon israélien en Cisjordanie occupée.
(JPG)
Des colons juifs fanatiques, armés et protégés par les troupes israéliennes d’occupation, sèment la terreur dans les territoires palestiniens - Photo : AP
Le colon a ouvert le feu après que de jeunes Palestiniens aient jeté des pierres sur sa voiture qui circulait sur la route 60 dans la localité de Mazra’a al-Sharqia, à l’est de Ramallah.
Le comité palestinien de coordination des luttes populaires a déclaré qu’Al-Zaben Aysar n’était pas impliqué dans les jets de pierres mais qu’il travaillait sur les terres de sa famille quand il a été abattu.
« Selon son oncle, son corps a été retrouvé à plat ventre sur le sol avec un trou fait par une balle dans le dos », a indiqué le comité dans un communiqué.
La route 60 [faisant partie du système d’Apartheid], qui va de Beer-Sheva à Nazareth et relie un certain nombre de colonies juives, est interdite aux Palestiniens dans les zones de la Cisjordanie. Il y a eu une série de protestations contre les restrictions imposées aux Palestiniens par Israël.
La violence des colons
Environ 500 000 colons juifs et 2,5 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie et dans les zones proches de Jérusalem annexées par Israël après la guerre de 1967.
Sherine Tadros d’Al Jazeera, rapportant depuis la Cisjordanie, a déclaré qu’il y a eu récemment une flambée de violences de la part des colons contre les Palestiniens.
« Beaucoup de gens disent que ceci est une réponse directe à ce que les colons perçoivent comme une menace en provenance des États-Unis d’une pression sur l’administration israélienne pour arrêter, ou du moins geler un moment la construction de colonies en Cisjordanie occupée », dit-elle.
« Beaucoup de gens disent que le sang palestinien a été répandu pour indiquer un prix, si vous voulez, ce message signifiant au premier ministre Netanyahou et à son gouvernement qu’il ne peuvent pas toucher à ces colonies de peuplement illégales en Cisjordanie.
« Et s’ils essayent de les démanteler d’une manière ou d’une autre ou d’en geler la construction, ce sera le résultat. »
Dans un rapport publié jeudi, l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires dans les territoires palestiniens a déclaré qu’il y avait eu durant la dernière semaine, au moins neuf incidents violents impliquant des colons israéliens.
Les colons israéliens ont blessé cinq Palestiniens, dont trois enfants âgés de 5, 9 et 12 ans, dans deux incidents distincts de jets de pierres et d’agression physique, dit le communiqué.
« La Nakba continue
L’attaque de jeudi en Cisjordanie est survenue alors que les Palestiniens marquent le 62e anniversaire de la Nakba, ou « Catastrophe », où environ 700 000 Arabes palestiniens ont été contraints de fuir de chez eux au moment de la création d’Israël.
Saeb Erekat, le principal négociateur palestinien, a déclaré : « la Nakba continue » pour les Palestiniens.
« Dans d’autres conflits, les droits des réfugiés ont été honorés et respectés, y compris le droit au retour, la restitution et l’indemnisation. À l’opposé, cependant, Israël refuse même de reconnaître le droit au retour des Palestiniens, continuant à nier les droits fondamentaux des réfugiés. »
« Aucun État n’est au-dessus de la loi », a déclaré Erekat, appelant la communauté internationale à mettre fin « au bellicisme israélien et à son mépris du droit international ».
Des veillées aux chandelles sont prévues dans les camps de réfugiés ce vendredi soir et de grandes manifestations ont été programmées dans les territoires palestiniens le samedi, y compris une marche jusqu’à la tombe du défunt dirigeant palestinien Yasser Arafat, à Ramallah.
Les Palestiniens ont récemment repris des pourparlers de paix indirects avec Israël, par l’intermédiaire des États-Unis, mais les deux parties impliquées sont pessimistes sur les possibilités de résultats tangibles.
14 mai 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Info-Palestine.net
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8705

Palestine : l’injustice du siècle...

samedi 15 mai 2010 - 07h:50
Dominique Vidal
La déclaration d’indépendance d’Israël constitue un tournant majeur de la première guerre israélo-arabe :
14 MAI 1948 : déclaration d'indépendance
 d'Israël (JPG) - côté israélien, car le texte de la déclaration oublie délibérément qu’un second État a été prévu par l’ONU dans le plan de partage : « En vertu du droit naturel et historique du peuple juif, et de la résolution des Nations unies, dit le texte, nous proclamons par le présent acte la création de l’État juif de Palestine qui prendra le nom d’Israël. » Contrairement à tous les usages, cette déclaration ne définit pas les frontières du nouvel État. Bref, on mesure là que les dirigeants sionistes veulent, en fait, au-delà de que que l’ONU a prévu, l’État juif le plus grand possible et le plus « homogène » possible.
-  côté arabe, car la déclaration d’indépendance d’Israël est immédiatement suivie par l’intervention des armées des États arabes voisins, officiellement pour empêcher la naissance de l’État juif. En fait, les historiens le confirment, le roi Abdallah de Jordanie veut s’emparer du territoire prévu pour l’État arabe, et les autres pays arabes entendent l’en empêcher. Aucun de ces pays ne souhaite une Palestine arabe indépendante. Entre le 15 mai 1948, date de l’entrée des troupes arabes en Palestine, et le 10 mars 1949, date de la dernière bataille de la guerre (prise d’Umm Rashrash, future Eilat), une alternance de combats et de trêves débouche pour les Palestiniens sur la Nakba, c’est-à-dire la « catastrophe ».
Le bilan de la première guerre israélo-palestinienne, puis israélo-arabe, est le suivant : Israël a augmenté d’un tiers la superficie prévue pour lui par les Nations unies, il se répartit ce qui reste de l’État arabe avec la Transjordanie, qui annexe la Cisjordanie et l’Égypte, qui obtient la tutelle de Gaza. Et dans cette période huit cent mille Palestiniens ont pris les chemins de l’exil.
Longtemps, cette guerre a été racontée par ses vainqueurs. Le récit israélien a dominé. Mais tout a changé dans les années 1980, avec l’apparition des « nouveaux historiens » israéliens qui ont trouvé dans les archives israéliennes de quoi ébranler trois mythes fondamentaux :
-  Premièrement celui d’une menace mortelle qui aurait pesé sur Israël à l’époque : contrairement à l’image d’un frêle État juif à peine né et déjà confronté aux redoutables armées d’un puissant monde arabe, les « nouveaux historiens » établissent la supériorité croissante des forces israéliennes (en effectifs, armement, entraînement, coordination, motivation...), à la seule exception de la courte période allant du 15 mai au 11 juin 1948.
De surcroît, l’accord tacite passé entre Golda Meïr et le roi Abdallah, le 17 novembre 1947, bouleversait la situation stratégique : la Légion arabe, seule armée arabe digne de nom, s’engageait à ne pas franchir les frontières du territoire alloué à l’État juif en échange de la possibilité d’annexer celui prévu pour l’État arabe. Abdallah tiendra sa promesse. Et, de fait, le partage du 17 novembre se substituera à la fin de la guerre à celui du 29 novembre...
-  Le deuxième mythe concerne l’exode des Palestiniens. Selon la thèse traditionnelle, ceux-ci ont fui à l’appel des dirigeants palestiniens et arabes. Or les « nouveaux historiens » n’ont pas trouvé la moindre trace d’un tel appel, ni par écrit, ni par radio. En revanche, de nombreux documents attestent, sinon d’un plan d’expulsion global, en tout cas de pratiques d’expulsion généralisées, notamment suite à des massacres comme celui de Deir Yassin.
Le premier bilan de l’expulsion est dressé par les Services de renseignements de la Hagana en date du 30 juin 1948 et il porte sur la première période (judéopalestinienne) de la guerre : il estime que 73 % des 391 000 départs recensés ont été directement provoqués par les Israéliens. Durant la seconde période (israélo-arabe), une volonté d’expulsion ne fait plus le moindre doute avec le symbole de l’opération de Lydda et Ramlah, d’où, le 12 juillet 1948, 70 000 civils sont évacués militairement (près de 10 % du total !), sous la conduite d’Itzhak Rabin et avec le feu vert du Premier ministre Ben Gourion.
-  Le troisième mythe concerne la volonté de paix d’Israël au moment des négociations de 1949. Dans une première phase, Tel-Aviv a effectivement fait une ouverture : le 12 mai, sa délégation ratifie, avec celles des États arabes, un protocole réaffirmant à la fois le plan de partage de l’ONU et la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies du 11 décembre 1948. En clair, cela signifie qu’Israël reconnaît le droit à l’existence d’un État arabe en Palestine et le droit au retour des réfugiés, mais aussi que les Arabes reconnaissent le droit à l’existence d’un État juif en Palestine. Mais, ce même 12 mai, l’État juif est admis à l’ONU. Dès lors, confiera Walter Eytan, codirecteur général du ministère israélien des Affaires étrangères, « mon principal objectif était de commencer à saper le protocole du 12 mai, que nous avions été contraints de signer dans le cadre de notre bataille pour être admis aux Nations unies ».
De fait, la conférence de Lausanne finira dans une impasse. Israël s’oppose à tout retour des réfugiés palestiniens. Et pour cause : la loi dite « propriétés abandonnées » lui permet de mettre la main sur les biens arabes. Selon un rapport officiel, le jeune État a ainsi récupéré trois cent mille hectares de terres ; plus de quatre cents villes et villages arabes disparaîtront ou deviendront juifs.
Tout se passe comme si les fondateurs d’Israël ont cru pouvoir effacer le peuple palestinien d’un coup de gomme. Les quinze années qui suivent semblent donner raison à ceux qui rêvent d’une assimilation des Palestiniens dans les pays arabes. Faute d’une organisation représentative, ils disparaissent même de la scène politique. Mais l’apparition de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) va changer la donne.
publié le lundi 15 janvier 2007
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8697

La bataille de Jérusalem

vendredi 14 mai 2010 - 10h:02
Maxime Perez - Jeune Afrique
Afin d’empêcher toute division future, des organisations de colons juifs se sont engagées dans une lutte sans merci pour le contrôle des quartiers arabes de la Ville sainte. Silwan et Cheikh Jarrah cristallisent tous les enjeux.
(JPG)
Quartier arabe de Silwan, à Jérusalem-Est. Quartier arabe de Silwan, à Jérusalem-Est.
Dan Balilty/AP/SIPA
L’air remonté, un Palestinien jaillit brusquement sur son perron et interpelle un groupe de touristes  : « N’écoutez pas ses salades, c’est un menteur  ! » Le guide, interrompu en pleine explication, ne se démonte pas. « Je dis la vérité, c’est ça qui te dérange », réplique-t-il, en arrangeant la kippa qu’il porte sur la tête. La discussion entre les deux hommes s’emballe, le ton monte, quand soudain une violente explosion retentit au loin. Du nuage de fumée qui s’élève au croisement de deux ruelles, une dizaine de silhouettes surgissent. « Jets de ­pierres sur un véhicule israélien », alerte la voix grésillante d’un talkie-walkie. La police est intervenue en tirant une grenade assourdissante en direction des assaillants, des jeunes. Si le calme revient aussitôt, le groupe de touristes n’est pas rassuré et choisit de ne pas s’attarder. Scène de vie ordinaire à Silwan, où l’atmosphère délétère tranche littéralement avec l’apparente quiétude de ce village jalonnant les flancs d’une vallée chargée d’histoire. Situé face aux murailles de la vieille ville et de la porte des Immondices, Silwan est l’un des épicentres de la nouvelle bataille de Jérusalem. Ce quartier, majoritairement peuplé d’Arabes, est un foyer de tensions multiples entre ses habitants et les autorités israéliennes. Depuis une vingtaine d’années, diverses organisations religieuses y opèrent activement afin de renforcer la présence juive. Leur motif  : Silwan se situe sur l’ancienne Cité du roi David, précisément là où fut bâtie la capitale de son royaume, il y a près de trois mille ans.
Mainmise progressive
À l’entrée de Silwan se trouve un parc abritant les ruines de l’ancienne cité biblique, Ir David. « Bienvenue à l’endroit où tout a commencé », mentionne la brochure mise à la disposition des visiteurs. Chaque semaine, des milliers d’écoliers israéliens et de tou­ristes affluent sur ce site pour explorer le puits de Warren, le tunnel d’Ézéchias ou encore la piscine de Siloé. Ces vestiges de l’Antiquité servent avant tout d’outils de revendication politique. Ainsi, le circuit proposé se conclut par la projection d’un film glorifiant la renaissance de la vie juive à Jérusalem. À l’inverse, toute référence à une culture arabe est soigneusement omise, comme le Dôme du Rocher, qui n’apparaît pas dans l’animation en 3D.
Cet oubli ne doit rien au hasard. Ir David est géré par Elad, une association de colons qui s’est implantée à Silwan au début des années 1990. Après s’être vu confier la responsabilité du parc archéologique, cette organisation s’est progressivement emparée de maisons arabes en utilisant la loi controversée sur la propriété des absents, qui autorise la saisie de biens abandonnés par les réfugiés palestiniens en 1948, au moment de la création de l’État hébreu. « La moitié du quartier est entre les mains d’Elad. Leur stratégie est claire  : ils cherchent à rendre impossible tout partage de Jérusalem », estime Orly, de l’ONG israélienne Ir Amim, « la ville des peuples ».
Cette mainmise s’accompagne de fouilles archéologiques souterraines, dont l’une vise à l’aménagement d’un tunnel qui doit relier le quartier au Mur des lamentations, distant d’à peine 500 mètres. Effectués en catimini, ces travaux menacent d’effondrement plusieurs maisons palestiniennes. « Un jour, on a découvert d’importantes fissures sur la route principale du village et sur des bâtiments, raconte Jawad Siam, qui dirige le centre d’information de Silwan. Personne n’a daigné nous prévenir. C’est à ce moment-là que notre lutte a pris de l’ampleur. » Pétitions, tente de protestation et recours devant la justice ont fini par donner raison aux habitants. Les fouilles ont été interrompues il y a deux ans, sur ordre de la Cour suprême.
Radicalisation des jeunes
Une bataille de gagnée, mais pas la guerre. L’enjeu s’est désormais déplacé à Al-Bustan, au creux de la vallée de Kidron. En 2005, la municipalité de Jérusalem a annoncé vouloir restaurer le « jardin du roi », jadis lieu d’inspiration pour David, qui y aurait écrit ses psaumes. Approuvé par Nir Barkat, le maire de la ville, ce plan doit entraîner la démolition de 89 habitations palestiniennes, toutes déclarées illégales. Les 1 500 personnes menacées d’expulsion auraient reçu l’assurance des autorités d’être relogées à Beit Hanina, à mi-­chemin entre Jérusalem et Ramallah.
« On nous a déjà envoyé un ordre d’évacuation », déclare Fakhri Abou Diab, qui dirige le comité de résistance du quartier. Ce père de cinq enfants est pourtant résolu à ne pas quitter sa terre. « On attend les bulldozers depuis le 21 mars. Mais, pour moi, pas question de bouger. Je préfère me faire ensevelir vivant sous les décombres. » En désignant un groupe d’adolescents palestiniens assis à quelques mètres de lui, il ajoute  : « Je le vois bien, les ­jeunes se radicalisent. Si on détruit leur maison, ils se vengeront. Il y aura une nouvelle Intifada. » Les résidents ­d’Al-Bustan prétendent que la plupart des habitations existaient bien avant 1948. « La mienne date de 1870, s’offusque Hassan, 65 ans. Ce sont les Ottomans qui l’ont construite, et, à l’époque, il n’y avait pas un Juif ici. »
Daniel Loria n’est pas de cet avis. « Jetez un coup d’œil, où voyez-vous une maison  ? » demande-t-il en brandissant une photo aérienne prise en 1951 et sur laquelle une immense tache noire apparaît à l’emplacement d’Al-Bustan. Loria est l’un des dirigeants d’Ateret ­Cohanim, un groupe qui s’est donné pour mission d’installer le plus de familles juives possible dans la partie orientale de Jérusalem. À Silwan, cette organisation est passée maître dans l’expropriation de maisons palestiniennes. « Les investissements viennent de particuliers. Nous, on sert juste d’intermédiaires entre des Juifs qui veulent acheter et des Arabes qui veulent vendre », se défend Daniel Loria. En réalité, cette pratique n’est pas toujours légale. Ces dernières années, combinant harcèlement juridique, falsification de documents et utilisation d’hommes de paille pour faciliter des transactions immobilières, Ateret ­Cohanim a pris possession de dizaines d’habitations en plein cœur de Silwan.
Beit Yonatan incarne certainement à lui seul toute la complexité de cette entreprise. Recouvert d’une immense bannière bleu et blanc - les couleurs d’Israël -, ce bâtiment de cinq étages a été construit sur les hauteurs du village par Mohamed Maraji, un Palestinien qui travaillait il y a dix ans pour Ateret ­Cohanim. Moyennant finance, il a favorisé l’arrivée de colons, ce qui lui vaut d’être aujourd’hui menacé de mort. Mais Beit Yonatan a été bâti sans permis. En février 2007, la Cour suprême a ordonné l’évacuation immédiate de cet immeuble. Mais, depuis trois ans, la mairie de Jérusalem refuse de se plier à cette injonction, estimant que deux cents autres maisons illégales devaient au préalable subir le même sort.
En attendant, Beit Yonatan adopte des ­allures de forteresse assiégée. « Chaque jour, on nous attaque avec des pierres et des cocktails Molotov, affirme Nava, une Israélienne qui a emménagé dans le bâtiment il y a deux ans. On n’a pas le droit de sortir sans escorte. Parfois, on attend de longues heures avant d’avoir une autorisation. » La sécurité de l’immeuble est assurée par une société employée par le ministère du Logement. Lourdement armés, les gardes offrent une présence dissuasive. Au grand dam des Palestiniens de Silwan.
Nouvelle ligne de front
À Cheikh Jarrah, un autre quartier arabe de Jérusalem-Est, la présence de colons juifs est tout aussi ostentatoire. Comme pour marquer le territoire, un drapeau israélien flotte sur chacune des maisons en leur possession, tandis que des caméras de surveillance et des grillages électroniques sont là pour signaler toute intrusion hostile. De temps à autre, lorsqu’une voiture s’arrête pour déposer femmes et enfants, quelques insultes fusent pour rappeler que ces nouveaux résidents ne sont pas ici chez eux.
Ces derniers mois, la situation s’est brutalement détériorée après l’expulsion manu militari, en août 2009, de deux familles arabes. « Les forces de police sont arrivées à 5 heures du matin, témoigne Nadia Hanoun, la quarantaine, qui s’est retrouvée dans la rue en quelques minutes. On s’est barricadés à l’intérieur de notre maison. Du coup, ils ont brisé la porte et nous ont sortis un par un, poursuit-elle. Au bout d’une heure, des colons sont arrivés et se sont installés dans notre maison. On a dormi pendant deux semaines dehors, ma fille est traumatisée. »
(JPG)
Altercation entre un colon et l’ancienne occupante des lieux à Cheikh Jarra
(LEVINE/SIPA)
Situé à quelques encablures du mont Scopus, Cheikh Jarrah est l’ultime point de friction entre Israéliens et Palestiniens. La plupart des maisons ont été construites en 1953 par les Jordaniens, qui contrôlaient à l’époque le quartier, pour abriter des réfugiés palestiniens de la guerre de 1948. Mais, depuis les années 1970, une association séfa­rade y revendique un droit de propriété, arguant qu’une importante communauté juive y était établie à la fin du XIXe siècle.
« Ça fait vingt ans qu’on essaie de prouver que les documents des colons n’ont aucune validité, explique Hatem Abou Ahmad, l’avocat de plusieurs familles palestiniennes du quartier. Le problème, c’est que les Jordaniens ne nous ont jamais donné de titres de propriété, alors qu’ils s’étaient engagés à le faire. » En 2008, un tribunal israélien a donné raison aux colons, réduisant de facto les Palestiniens à de simples locataires. Vingt-huit maisons sont désormais menacées de destruction, même si, dans certains cas, une bataille juridique est toujours engagée auprès de la Cour suprême.
Une situation irréversible  ?
Sans ressources, plusieurs familles palestiniennes expulsées ont installé un camp de fortune à même le trottoir, face aux habitations qu’elles ont été contraintes de quitter. D’autres, en passe de l’être, ont déjà entassé leurs affaires dans des cartons et attendent. « Normalement, les familles disposent de trois mois pour se préparer, précise Rana, une psychologue qui vient en aide aux habitants du quartier. Mais les colons peuvent débarquer quand bon leur semble et sous protection de la police. Ils n’ont de considération pour personne. »
« À Cheikh Jarrah, on a atteint un seuil critique », affirme Angela, membre du Comité israélien contre les démolitions de maisons (Icahd). Depuis plusieurs années, elle consacre la plupart de son temps à alerter l’opinion et les hautes instances internationales sur la situation à Jérusalem-Est.
« J’ai pris la parole devant des dizaines de commissions de l’ONU et j’emmène régulièrement des députés européens sur le terrain afin de les sensibiliser », raconte Angela. Cette infatigable militante ne lâche jamais son téléphone. En contact régulier avec les Palestiniens de Cheikh Jarrah, elle se tient prête à accourir sur les lieux à la moindre rumeur d’évacuation.
Comme Angela, des centaines d’Israéliens manifestent chaque vendredi à Cheikh Jarrah, appuyés par des paci­fistes internationaux et des députés de la Knesset, arabes ou de gauche. Souvent, la protestation dégénère en affrontement avec les forces de ­l’ordre ou avec des militants de droite. Plusieurs intellectuels israéliens font également entendre leur voix  : « Au lieu d’y bâtir un havre de coexistence, notre gouvernement permet aux colons de faire passer ce quartier pour un nouveau symbole d’agressivité et d’injustice israéliennes, s’indigne l’historien Zeev Sternhell. Une fois de plus, cela va accentuer la délégitimation d’Israël. »
Ce sursaut est assurément tardif. À Silwan, Cheikh Jarrah, Ras al-Amoud et Abou Tor, les organisations de colons ont acheté ou repris aux Palestiniens des centaines d’habitations et planifient autant de projets immobiliers. « La victoire est proche, affirme Daniel Loria, d’Ateret Cohanim. Aujourd’hui, 220 000 Juifs vivent à l’est de Jérusalem. Une division de la ville est impossible, même la gauche le sait parfaitement. » Face à cette perspective, qui compromet sérieusement tout accord de paix, les Palestiniens semblent résignés. « Tout ça, c’est de la politique, lâche Ziad, un habitant de Silwan de 48 ans. De toute façon, dans cette partie du monde, les pierres ont plus d’importance que les hommes. »
Jérusalem, le 13 mai 2010 - Jeune Afrique
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8703

Ligne rouge en Israël, le Shin Bet arrête le dirigeant de la campagne de boycott

publié le samedi 15 mai 2010
Jonathan Cook

 
La poursuite de Makhoul et Sayid par le Shin Bet doit être comprise dans le cadre de la conviction qu’a l’establishment israélien que la minorité arabe présente une menace politique pour la survie d’un Etat juif.
L’arrestation récente de deux personnalités respectées de la minorité arabe des Palestiniens d’Israël lors de descentes nocturnes chez eux de la police secrète du Shin Bet -mise en lumière cette semaine quand l’ordre de censure a été partiellement levé- a provoqué une onde de choc dans toute la communauté.
Ces arrestations ne sont pas les premières du genre. Le Shin Bet a traqué et emprisonné les intellectuels et hommes politiques appartenant à la minorité palestinienne, soit un cinquième de la population du pays, depuis la naissance de l’Etat juif il y a plus de 60 ans. Actuellement deux députés de partis politiques arabes, de même que le dirigeant du Mouvement populaire islamique, sont en procès.
Mais la détention par les forces des services de renseignement israéliens de Amir Makhoul et Omar Sayid est perçue différemment- comme l’accumulation de nuages d’orage politiques dans un climat déjà farouchement hostile aux citoyens palestiniens.
Mohammed Zeidan, responsable de l’Association pour les droits humains ( Human Rights Association) à Nazareth a déclaré :“Nous avons l’habitude que nos dirigeants politiques soient persécutés mais maintenant c’est contre les dirigeants de la société civile palestinienne en Israël que le Shin Bet se tourne et c’est un développement très dangereux.”
Makhoul et Sayid ne sont pas accusés des habituelles atteintes à l’ordre public, et ils n’ont pas non plus violé les lois racistes qui criminalisent les visites que rendent des citoyens palestiniens à des pays arabes. Tous les deux tombent sous le coup de l’accusation bien plus grave d’espionnage au profit du Hezbollah libanais.
Makhoul, qui semble attirer plus particulièrement l’intérêt du Shin Bet, est le responsable d’Ittijah, une plateforme qui coordonne les activités des groupes palestiniens de défense des droits humains en Israël. Plus particulièrement, il est devenu la voix principale qui en Israël soutient la campagne internationale pour le boycott, les sanctions contre Israël et le désinvestissement, campagne qui prend de l’ampleur.
Mercredi (12 mai) les tribunaux ont approuvé la prolongation de la garde à vue de Makhoul. Sa présence au tribunal a été interdite et il s’est vu refuser le droit d’avoir un avocat, ce jusqu’à lundi prochain au moins, soit 12 jours après son arrestation. Il est, dit-on, interrogé 24 heures sur 24.
Sayid, militant du parti Tajamu, est un scientifique spécialisé dans le développement de nouveaux médicaments à partir de plantes proche-orientales. Il est aux mains du Shin Bet depuis le 24 avril.
Amnesty International a menacé de déclarer Makhoul “prisonnier de conscience,” affirmant que son arrestation relève du harcèlement pur et simple, afin d’empêcher « son travail pour les droits humains ».
Des observateurs de la minorité palestinienne tiennent aussi pour ridicules ces accusations, basées sur des preuves tenues secrètes, selon lesquelles les deux hommes auraient « des contacts avec des agents ennemis ».
Ils font observer que dans les conditions d’urgence draconiennes qui sont à l’oeuvre dans cette affaire, la preuve la plus minime et la plus indirecte suffit au Shin Bet pour émettre une telle accusation.
Selon Zeidan c’est une atteinte à la sécurité bien facile et « à taille unique » qu’il est difficile de contrer mais qui convaincante pour la majorité juive. “Il suffit qu’à une conférence tu rencontres sans le vouloir le parent d’un parent de quelqu’un qui est au Hezbollah et le Shin Bet considère qu’il a des éléments pour t’arrêter.”
La minorité palestinienne n’est pas seule à croire que Makhoul et Sayid ne sont pas des espions, dans le sens usuel de la communication à l’ennemi d’informations top secret ou sensibles. Dans leur majorité les correspondants militaires israéliens rejettent aussi les accusations d’espionnage. Dans le quotidien israélien Haaretz, les journalistes Amos Harel et Avi Issacharoff font remarquer que ni l’un ni l’autre de ces citoyens palestiniens n’est au courant de secrets qui pourraient intéresser le Hezbollah.
Les journalistes pensent au contraire que d’autres motifs se cachent derrière ces arrestations. D’après eux, les contacts entre les ennemis d’Israël comme le Hezbollah et les militants qui défendent les droits des Palestiniens en Israël sont une menace parce que les dirigeants palestiniens en Israël pourraient offrir leur aide pour « coordonner les positions politiques » ou lancer des « mouvements de protestation ou des émeutes pendant les périodes sensibles ». Voici qui étend radicalement la définition traditionnelle de « l’espionnage ».
Aux yeux des dirigeants de la communauté (palestinienne), la poursuite de Makhoul et Sayid par le Shin Bet doit être comprise dans le cadre de la conviction qu’a l’establishment israélien que la minorité arabe présente une menace politique pour la survie d’un Etat juif.
Les racines de cette perception remontent à la signature des accords d’Oslo. Avec le lancement de ce processus de paix avec les Palestiniens, les dirigeants politiques israéliens ont commencé à reconsidérer le statut de la large minorité palestinienne. Beaucoup pensaient que de permettre à une partie significative de la population palestinienne de rester à l’intérieur d’Israël en tant que citoyens se révèlerait un jour le talon d’Achille du pays.
Est ce que la minorité palestinienne ne pourrait pas permettre aux Palestiniens des territoires occupés d’avoir « un pied à l’intérieur », pour essayer de regagner toute la Palestine historique plutôt que d’accepter un mini-Etat en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ?
Ces peurs ont pris une ampleur spectaculaire quand Oslo a mal tourné et que la deuxième Intifada a éclaté en 2000. Israël croyait que les Palestiniens avaient rejeté ses offres « généreuses » à Camp David dans l’espoir qu’ils pourraient utiliser la minorité palestinienne comme Cheval de Troie pour détruire l’Etat juif de l’intérieur par la démographie.
Ehud Barak, le premier ministre d’alors, a appelé la minorité palestinienne le « fer de lance » de ce qu’il pensait être une tentative de Yasser Arafat de démanteler Israël en tant qu’Etat juif. Il craignait que le programme de réforme politique qui exigeait un « Etat de tous les citoyens », devenu le cri de ralliement des citoyens palestiniens, n’ait pour intention réelle de permettre le retour de millions de réfugiés palestiniens sous couvert de lutte pour l’égalité des droits.
Israël a répondu en rendant impossible tout contact entre les Palestiniens de l’intérieur et ceux des territoires occupés, y compris en construisant un mur autour de la Cisjordanie et par une loi interdisant effectivement les mariages entre Palestiniens des deux côtés de la Ligne verte.
Faut-il s’étonner que la cible principale du Shin Bet avant ces dernières arrestations ait été Azmi Bishara, l’architecte de la campagne “l’Etat de tous ses citoyens” ? En 2007 Bishara fut accusé d’espionnage en faveur du Hezbollah et il vit en exil depuis lors.
A l’époque, Yuval Diskin, chef du Shin Bet, avait prévenu qu’il considérait que son boulot était d’ “étouffer” toute activité, y compris politique, qui menaçait la survie d’Israël en tant qu’Etat juif.
Selon Zeidan et d’autres analystes, l’implication du Shin Bet dans les dernières arrestations semble guidée par la même analyse, à savoir que la minorité palestinienne présente à nouveau une « menace existentielle » pour Israël- bien que pour des raisons différentes.
Makhoul est perçu comme la tête de file d’un mouvement qui émerge à l’intérieur d’Israël et qui, confronté au refus israélien d’engager des réformes politiques pour démocratiser le pays, élabore de nouvelles stratégies politiques.
Il n’a pas caché les nombreux contacts qu’il a développés à la fois avec les militants occidentaux de la solidarité avec la Palestine et dans le monde arabe, en insistant sur la nécessité de boycotter Israël. Il était aussi au premier plan des manifestations, à l’intérieur d’Israël, contre l’attaque menée contre Gaza l’an dernier. Il avait été convoqué et interrogé par le Shin Bet à l’époque.
“L’occupation ne fait plus la Une,” dit Zeidan. Aux yeux du Shin Bet, les grosses menaces auxquelles Israël est confronté sont la détérioration de son image en termes de droits humains et l’idée qui se répand à l’étranger que c’est un Etat d’ apartheid.
“La société civile palestinienne en Israël, encore plus que nos partis politiques, est bien placée pour défendre ces questions devant la communauté internationale, pour mettre en évidence le racisme et la discrimination qui sont inhérents à un Etat juif. C’est à cette lumière que doit être comprise l’arrestation de Amir Makhoul.
“Le Shin Bet considère que nous avons passé une ligne rouge dans la défense de nos droits au niveau international.”
Jonathan Cook, écrivain et journaliste est basé à Nazareth, Israël. Derniers livres : “Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the Plan to Remake the Middle East” (Pluto Press) et “Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair” (Zed Books).
Une version de cet article est d’abord parue dans The National (www.thenational.ae), publié à Abu Dhabi.
publié par Ma’an news
traduction : C. Léostic, Afps

Des troupes attaquent la manifestation contre le Mur de Bil'in et arrêtent un journaliste

Ecrit par Ghassan Bannoura / trad : Monique Poupon
15/05/2010
Ghassan Bannoura - PNN -Des troupes Israéliennes ont arrêté vendredi un journaliste et ont attaqué les manifestants avec du gaz lacrymogène durant la manifestation contre le Mur hebdomadaire dans la village de Bil'in au centre de la Cisjordanie.
Après que les prières du midi se soient achevées dans la mosquée locale, les villageois ont été rejoints par les activistes internationaux et Israéliens et ont marché vers le mur construit sur leurs terres.
La manifestation aujourd'hui a marqué le 62ème anniversaire de la Nakba Palestinienne, le jour où Israël a été créé et où les Palestiniens ont perdu leurs terres.
Quand les manifestants ont essayé de traverser la porte du Mur séparant les villageois de leurs terres, les troupes ont utilisé du gaz lacrymogène et des bombes assourdissantes pour réprimer les gens.
Les soldats ont arrêté un journaliste Palestiniens couvrant les activités du jour, pendant que beaucoup d'autres ont souffert des effets de l'inhalation du gaz lacrymogène. Les canettes de gaz lacrymogène ont causé un feu dans les oliviers voisins, endommageant nombre d'entre eux.

Marquer le 62ème anniversaire de la manifestation d'Al Ma'ssara pour la Nakba

Ecrit par Ghassan Bannoura / trad : Monique Poupon
15/05/2010
Ghassan Bannoura - PNN - Au moins 150 villageois parmi des Israéliens et des internationaux se sont réunis vendredi dans le village d'Al Ma'ssara, au sud de la Cisjordanie, et ont protesté contre le Mur Israélien.
Le village d'Al Ma'ssara conduit des manifestations hebdomadaires contre le Mur depuis les derniers trois ans. Aujourd'hui, la manifestation était une activité marquant le 62ème anniversaire de la Nakba Palestinienne, le jour où Israël a été créé et où les Palestiniens ont perdu leurs terres.
Les villageois ont construit une scène à l'entrée du village où les troupes s'arrêtent chaque vendredi et ne les permettent pas d'aller au Mur construit sur les terres des villageois.
Reem Banna, une chanteuse politique Palestinienne, a chanté quelques unes de ses chansons, puis des groupes de Dabka et des discours ont été délivrés par les officiels et les organisateurs.
A la fin de l'activité, les troupes Israéliennes ont essayé d provoquer les enfants qui leur jetaient des pierres. Les troupes sont parties après quelques temps, sans heurt plus important.

Les Palestiniens commémorent la "Nakba" en affichant leur volonté d'unité

16/05/2010
Dès vendredi, des manifestations rassemblant des milliers de 
personnes se sont tenues à Gaza. Elles se poursuivront pendant deux 
jours en Cisjordanie, où un rassemblement est prévu lundi devant la 
tombe de Yasser Arafat, le leader historique du mouvement national 
palestinien.
Dès vendredi, des manifestations rassemblant des milliers de personnes se sont tenues à Gaza. Elles se poursuivront pendant deux jours en Cisjordanie, où un rassemblement est prévu lundi devant la tombe de Yasser Arafat, le leader historique du mouvement national palestinien. AFP
Les divers mouvements palestiniens ont affiché samedi leur volonté d'unité à l'occasion de la commémoration de la "Nakba" (catastrophe), l'exode des Palestiniens ayant accompagné la création d'Israël le 15 mai 1948 et la guerre israélo-arabe qui a suivi.
Cette année, les cérémonies interviennent alors qu'Israéliens et Palestiniens viennent de se lancer, sans grandes illusions, dans des négociations de paix indirectes sous l'égide des États-Unis.
À Gaza, près de 4 000 manifestants ont défilé depuis le Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) jusqu'à la représentation des Nations unies, à l'appel de l'ensemble des mouvements palestiniens, notamment le Fateh du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le mouvement islamiste Hamas.
Les deux mouvements sont à couteaux tirés depuis que les islamistes se sont emparés de Gaza en juin 2007, mais ont voulu afficher leur entente sur le droit au retour des réfugiés palestiniens.
"Le droit au retour est sacré", a affirmé Ismaïl Radouane, un dirigeant du Hamas, lors d'une conférence de presse devant les locaux de l'ONU.
Plus de 760 000 Palestiniens ont été poussés à l'exode par l'avancée des forces juives ou chassés de chez eux il y a 62 ans. Aujourd'hui, l'ONU estime à quelque 4,7 millions le nombre de ces réfugiés avec leurs descendants.
La résolution 194 de l'ONU, adoptée le 11 décembre 1948 et renouvelée chaque année, stipule que "les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins devraient y être autorisés le plus vite possible".
Tous les gouvernements israéliens se sont opposés au droit au retour, faisant valoir qu'un afflux massif de réfugiés palestiniens ferait perdre à Israël son caractère d'État juif.
Les manifestants ont remis à l'ONU une lettre signée de tous les mouvements demandant au secrétaire général de l'organisation Ban Ki-moon "de s'activer le plus possible pour lever l'injustice contre le peuple palestinien", selon Zakaria al-Agha, un haut responsable du Fateh.
Les habitants de Cisjordanie occupée ont pour leur part observé une minute de silence alors que des sirènes retentissaient à travers le territoire.
À Jérusalem-Est (annexée), trois cents Arabes israéliens ont manifesté contre la colonisation dans le quartier de Cheikh Jarrah à l'appel du parti Balad. La veille, la police avait dispersé de force une manifestation judéo-arabe contre la colonisation dans ce quartier procédant à une trentaine d'interpellations.
À Hébron (sud de la Cisjordanie), deux cents Palestiniens et des pacifistes israéliens ont manifesté contre la colonisation, dans la partie sous contrôle israélien, se heurtant sporadiquement à des soldats et des colons.
Près de Naplouse (nord de la Cisjordanie), deux Palestiniens ont été légèrement blessés par des tirs de balles caoutchoutées de l'armée israélienne contre 200 manifestants qui protestaient contre la colonisation.
Dès vendredi, des manifestations rassemblant des milliers de personnes se sont tenues à Gaza. Elles se poursuivront en Cisjordanie, où un rassemblement est prévu lundi devant la tombe de Yasser Arafat, le leader historique du mouvement national palestinien.
Signe des tensions persistantes, un adolescent palestinien a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi en Cisjordanie par des tirs de colons israéliens dont la voiture avait été attaquée à coups de pierres.
Le lendemain, dans le même secteur, situé près de la colonie juive d'Ofra, deux Israéliens ont été blessés par des tirs palestiniens alors qu'ils circulaient en voiture.

De violents accrochages entre les résistants et l’occupation à l’est de Gaza

[ 15/05/2010 - 10:39 ]
Gaza - CPI

De violents accrochages se sont déroulés, le samedi 15/5, entre les résistants palestiniens et les forces armées de l’occupation israélienne, à l’est de la Bande de Gaza.

Des sources locales ont rapporté au correspondant du centre palestinien d’information que des tirs très intensifs se sont produits entre des résistants et des soldats sionistes autour du passage de «Karni», à l’est de Gaza, suivis par l'envahissement d'un grand nombre de forces sionistes qui se sont déployées dans la région.

La radio sioniste a souligné que l’armée israélienne a détecté un palestinien qui s’approchait de la ligne du siège sécuritaire près du passage de «Karni», et que les soldats se sont accrochés avec lui, en disant qu’il a été blessé ou tué, sans dévoiler de détails, selon les prétentions sionistes.

Deux sionistes blessés par les tirs des résistants palestiniens près de Ramallah

[ 15/05/2010 - 11:42 ]
Ramallah - CPI

 Des résistants palestiniens ont pris en cible, le vendredi 14/5, une voiture israélienne près du village d'Aïn Yabroud, à l’est de la ville de Ramallah, en blessant deux sionistes.
Les forces de l’occupation ont installé des dizaines de barrages mobiles sur la route reliant la ville de Naplouse et Al Qods occupée, où des centaines de voitures palestiniennes ont été totalement bloquées.
La région de l’évènement est située près de l’endroit de l'assassinat de l’enfant palestinien, Yasser Al Zebne qui a été exécuté froidement, hier, par des extrémistes sionistes près de l'oued "Al Haramia", proche du village de Selwad.

Un plan sioniste pour construire des unités coloniales au village d'Eïn Mahel à al-Nassera

[ 15/05/2010 - 11:51 ]
Le futur – CPI

Le président du conseil d'Eïn Mahel, Ahmed Habib Allah a averti de la décision du comité de la planification et de la construction qui a approuvé un plan sioniste pour construire 684 nouvelles unités coloniales sur les terres agricoles du village d'Eïn Mahel, à l'Est d'al-Nassera, dans les territoires palestiniens occupés en 1948.
La municipalité de l'occupation, à al-Nassera, ainsi que le directeur du ministère de la construction de la région du nord ont proposé ce projet, alors que le ministère sioniste de l'habitat a approuvé ce plan, sous prétexte de trouver des solutions aux crises de logements des colons sionistes dans cette région.

Les autorités de l’occupation chassent un palestinien de sa maison à Al Khalil

[ 15/05/2010 - 12:33 ]
Al Khalil - CPI

  Les autorités de l’occupation ont chassé, aujourd’hui samedi 15/5, un palestinien de sa maison, située au boulevard des martyrs, au centre de la ville d’Al Khalil, alors que les soldats sionistes ont arrêté deux citoyens sur un barrage militaire, près du village de Yatta, au sud de la ville.
Le citoyen, Anas Zouheir Al Bayedh, 21 ans, a souligné qu’une force armée de l’occupation et la police israélienne, ont envahi sa maison en l'obligeant sous la menace des armes de sortir, sous prétexte que l’armée israélienne est propriétaire de cette maison.
Dans le même contexte, les forces occupantes ont arrêté, hier vendredi,  deux Palestiniens sur un barrage près du village de Yatta, au sud de la ville d’Al Khalil, après les avoir menacé par les armes, en leurs ordonnant de descendre de leur voiture, avant de les emmener vers une direction inconnue, sous prétexte qu’ils portaient deux couteaux.

Violents affrontements entre les Palestiniens et les forces occupantes au quartier de Cheikh Jarrah

[ 15/05/2010 - 12:48 ]
Al-Qods occupée – CPI

De violents affrontements ont éclaté, le vendredi soir 14/5, entre des dizaines de palestiniens et des solidaires étrangers d'un côté et les forces occupantes qui ont envahi le quartier de Cheikh Jarrah, au milieu de la ville sacrée d'al-Qods occupée.
Des sources locales ont dit que les soldats et les colons sionistes ont agressé des Palestiniens qui participaient dans un sit-in devant les maisons palestiniennes confisquées par la force d'arme des colons extrémistes, en causant de violents affrontements, selon des manifestants.
Les sources ont ajouté que la police sioniste a utilisé la force contre les manifestants, en menaçant d'arrêter toute personne qui tentera de ferme la route qui mène vers le quartier de Cheikh Jarrah.
Les forces occupantes avaient attaqué, hier vendredi, les manifestants qui se trouvaient dans le quartier de Cheikh Jarrah, en arrêtant 10 personnes et frappant sauvagement un journaliste.