dimanche 21 février 2010

Un tribunal britannique prononce des verdicts d'emprisonnement à l'encontre des dizaines ayant protesté contre l'agression israélienne sur Gaza

19 Fév 2010
Londres /   Dans un acte sans précédent dans l'une des plus anciennes démocraties dans le monde, un tribunal britannique a prononcé des verdicts d'emprisonnement allant jusqu'à deux ans contre des dizaines de citoyens ayant protesté contre l'agression israélienne sur Gaza (2008-2009), rapporte aujourd'hui la chaîne de télévision al-Jazira qui affirme que d'autres personnes attendent les verdicts du tribunal dans un acte violant la liberté d'expression.
Al-Jazira a souligné la préoccupation manifestée par l'organisation arabe des droits de l'homme au Royaume Uni qui avait parlé de pressions exercées par la police britannique sur ces personnes pour les obliger à se reconnaître coupables.
L'organisation, toujours d'après al-Jazirra, avait suivi les manifestations organisées contre l'agression israélienne sur Gaza, et des plaintes lui étaient parvenues contre la violence excessive de la police contre les manifestants.
Gh.H.
http://www.sana.sy/fra/55/2010/02/19/274052.htm

Palestine-Israël : une question coloniale, une question française


Paris - 20-02-2010
Par CCIPPP 
Conférence-débat, mercredi 24 février – 19h Salle Jean Dame – 17, rue Leopold Bellan 75002 Paris, métro Sentier.

Dans le cadre de la semaine anticoloniale, la CCIPPP, Génération Palestine, l’UJFP, en partenariat avec l’ACCA, organisent une conférence-débat sur le thème : « Palestine/Israël : une question coloniale, une question française ».

La question palestinienne est particulièrement importante pour toute réflexion sur la colonisation aujourd’hui parce que les Palestiniens continuent à vivre une situation coloniale directe et violente. Celle-ci est l’héritage de l’impérialisme européen qui a transformé l’ensemble des relations internationales depuis la seconde moitié du XIXème siècle jusqu’au milieu du XXème siècle. La Palestine a connu les deux formes de colonisation nées durant cette période : colonie administrative dans le cadre du mandat britannique, elle est progressivement devenue une colonie de peuplement, à l’instar de l’Algérie ou de l’Afrique du Sud, notamment lorsque la déclaration Balfour promet en 1917 la création d’un « foyer national juif » en Palestine.

Aujourd’hui, la colonisation en Palestine, c’est d’abord la politique de l’Etat d’Israël, qui maintient les Palestiniens, de Cisjordanie, de Gaza ou des territoires de 1948, dans une situation d’infériorité dont les fondements sont ethniques et, en définitive, racistes. Mais la colonisation en Palestine concerne aussi les relations internationales : les Etats-Unis cherchent à préserver leurs intérêts dans la région à travers une politique qui prend la forme d’un impérialisme renouvelé. La question palestinienne concerne aussi la France et les Français. En effet, la France joue un rôle non négligeable dans la création de l’Etat d’Israël et, aujourd’hui, dans le soutien apporté à cet Etat. Au sein de la société française résonnent aussi les échos du conflit israélo-palestinien : la cause palestinienne est largement perçue à travers le prisme de l’imaginaire colonial qui perdure en France et qui révèle des tensions entre différentes parties de la société française.

C’est sur ces questions que Youssef Boussoumah, Gus Massiah, Denis Sieffert, Yaël Lerer et Mireille Fanon Mendes-France nous inviteront à réfléchir le 24 février.

Youssef Boussoumah,
militant du Mouvement des Indigènes de la République et historien, reviendra sur les fondements idéologiques et le cadre colonial du soutien de la France à la création de l’Etat d’Israël.

Gus Massiah,
un des fondateurs du CEDETIM, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale. Il est également parrain du Tribunal Russell sur la Palestine. Il interviendra sur la place de la question palestinienne dans l’évolution des stratégies de colonisation et de la pensée coloniale.

Denis Sieffert,
directeur de la rédaction de Politis et auteur en 2005 d’Israël-Palestine, une passion française, s’intéressera quant à lui à la perception du conflit en France et à la façon dont l’imaginaire colonial interfère dans le débat sur la Palestine.

Yaël Lerer,
Militante politique et éditrice ( Al-Andalous), elle est co-fondatrice du BFW "Boycott! supporting the Palestinian BDS call From Within" (Boycott, soutien de l'intérieur à l'appel palestinien pour le BDS" . Yael parlera de l’impact de l’idéologie coloniale sur la société israélienne.

Mireille Fanon Mendes-France,
de la Fondation Frantz-Fanon, membre du Tribunal Permanent des Peuples, articulera la question palestinienne au principe juridique du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tel qu’il s’énonce dans le cadre des relations internationales, suite à la Conférence de Bandung en 1955.


Pourquoi la CCIPPP s’associe-t-elle à la semaine anticoloniale et à la manifestation du 27 février pour la suppression du ministère de l’immigration et de l’identité nationale ?

Parce que la situation en Palestine est une situation coloniale. Le conflit israélo-palestinien est le résultat de la politique coloniale européenne, et la politique israélienne est dirigée par des principes de ségrégation et d’appropriation qui sont de nature coloniale. Parce qu’Israël est un Etat identitaire qui choisit son immigration, qui a défini une identité nationale et refuse violemment tout ce qui n’entre pas dans ce cadre.

Parce que la perception du problème palestinien en France reste aujourd’hui encore marquée par l’histoire coloniale de la France. L’imaginaire colonial biaise la façon dont on nous présente et dont on regarde la Palestine : du stéréotype du violent fellaga à celui du terroriste palestinien, rien n’a vraiment changé sous le soleil de France.

Parce qu’une mobilisation de rue en faveur de la Palestine est mise en scène dans le discours médiatique comme une « importation du conflit », comme la menace d’une population qui serait « étrangère » à l’identité nationale, de génération en génération.

Parce que le soutien des Arabes et des musulmans de France à la Palestine est immédiatement soupçonné d’antisémitisme, d’entorse aux valeurs de la République – au moment même où un élu local, d’ailleurs favorable à une coopération économique de sa région avec Israël, tient des propos ouvertement antisémites à l’égard d’un ancien ministre, des propos qu’on n’entendait jusqu’alors que dans la bouche des dirigeants de l’extrême droite française.

Parce que l’identité nationale, c’est d’abord la résistance : la résistance, au nom de principes humains, à l’enfermement sur soi et au silence. Parce que l’identité nationale, c’est l’immigration, passée et présente, l’hospitalité, une capacité d’accueil, d’écoute et de mise en relation avec les autres peuples du monde – toute chose qui ont été et qui sont au cœur de l’ensemble du projet national palestinien.

La CCIPPP s’associe donc à la semaine anticoloniale
Elle coorganise, avec Génération Palestine, l’UJFP et la collaboration de l’ACCA, une conférence débat le 24 février : « Palestine/Israël : une question coloniale, une question française ? »
(Salle Jean Dame, 17 rue Leopold Bellan, 75002).

Elle appelle aussi à la manifestation pour la suppression du ministère de l’identité nationale, à partir de 15h au départ de place de la Bourse.

La semaine anticoloniale 2010 http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13455&type=communique

Un leader d'al-Qassam échappe à une tentative d'assassinat à Rafah


Gaza - 20-02-2010
Par Palestine Info 
Un leader des brigades d'al-Qassam, la branche militaire du mouvement du Hamas a échappé, le vendredi soir 19/2, à une tentative d'assassinat suite à l'explosion d'une charge explosive, près de sa voiture.

Des sources sécuritaires ont dit qu'une charge explosive contrôlée de loin a explosé lors du passage de la "Jeep" utilisée par le leader d'al-Qassam, Atiah Abou Nakirah, à l'ouest de la ville de Rafah, dans la Bande de Gaza. 

Rapport sur la résistance populaire (vidéos Al-Ma'sara et Bil'in)

Cisjordanie - 20-02-2010
Par Mazin Qumsiyeh

Il y a eu aujourd’hui vendredi 19 des manifestations et des confrontations dans de nombreux endroits en Cisjordanie occupée, avec trois attaques israéliennes particulièrement brutales, à Ni’lin, Bil’in et Al-Ma’sara. Comme il est impossible d’être dans plusieurs endroits à la fois, j’ai choisi de participer à la manifestation hebdomadaire d’Al-Ma’sara. Là, les manifestants ont décidé d’aller sur la route principale et dès que nous y sommes arrivés, l’armée d’occupation a attaqué les manifestants pacifiques.















Il n’y eut aucun avertissement mais une volée immédiate de grenades à concussion et lacrymogènes. Les soldats ont pourchassé les gens jusque dans le village en continuant à tirer.

Je suis resté près des soldats et j’ai essayé de les raisonner. A un moment, ils ont utilisé une grenade incapacitante pour m’empêcher de parler aux soldats qui obéissent stupidement aux officiers. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux nazis et aux soldats de l’apartheid. J’ai persisté à tenter de les raisonner. Alors que nous partions, un officier du renseignement militaire de haut rang m’a arrêté et a pris mon nom et mon adresse.


Mais j’aurais aussi souhaité être à Ni’lin et à Bil’in (photo ci-dessus), où les manifestants ont réussi à démanteler un pan de la barrière d’apartheid dans les deux villages (les Israéliens l’appellent en hébreu « Gerer HaHafrada », barrière de ségrégation). Il y a eu une centaine de manifestants et quelques blessés à Ni’lin (voir ci-dessous le rapport en arabe).

A Bil’in, plus d’un millier de personnes ont manifesté et l’armée les a dispersés à coup de grenades à concussion et lacrymogènes (lire l'article mensonger, en anglais, du Haaretz.


Nous espérons que vous vous joindrez à nous à Beit Sahour dimanche, à Ush Grab, du côté est de la ville, à 10h30 et jusqu’à 12h30, pour protester contre les activités militaires israéliennes dans le secteur. C’est là que le Mouvement International de Solidarité (ISM) a pris naissance il y a 10 ans, et où une révolte contre les impôts en 1988 a montré la voie de la résistance civile. C’est là qu’une fois de plus, les gens montreront ce que cela veut dire de se dresser pour la paix et la justice. Nous y prierons et une veillée pacifique aura lieu.
Comme nous le disons toujours : le silence est complicité. 
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13456&type=temoignage&lesujet=Actions

Les USA et la G.B étaient-ils informés à l'avance de l'assassinat de Mabhouh?

20/02/2010  
Les Etats-Unis et la Grande Bretagne seraient-ils impliqués d'une façon ou d'une autre dans l'assassinat du cadre du Hamas, Mahmoud al-Mabhouh?
Le Wall Street journal et le Daily Mail ont publié de nouveaux détails sur l'assassinat de Mabhouh, mettant en cause le rôle des Américains et des Britanniques dans ce meurtre.
Commençons par le Wall Street Journal qui a révélé que les meurtriers de Mabhouh, ont utilisé cinq cartes de crédit bancaires émises par des banques et des institutions financières aux États-Unis, et ce, pour acheter leurs billets de voyage vers Dubaï et d'autres choses relatifs à l'assassinat.  Cela signifie une participation des États-Unis dans l'assassinat, affirment des experts.
L'usage de ces cartes de crédit fait notamment l'objet d'une enquête de la part des autorités émiraties, rapporte le quotidien américain.
De son coté, le quotidien britannique, Daily Mail, a révélé que le Mossad a informé la Grande Bretagne de son intention d'utiliser des passeports britanniques par certains meurtriers de Mabhouh, mais il ne lui a pas fourni d'autres détails.
Citant un responsable de sécurité britannique, le quotidien  rapporte que ce dernier avait rencontré avant l'assassinat de Mabhouh, un agent du Mossad, ayant un rôle dans cette opération. Le responsable assure qu'une partie du dialogue entre lui et cet agent a même été enregistrée.
Il ajoute que l'agent du Mossad lui avait dit qu'"Israël" avait informé le gouvernement britannique, d'une façon concise, juste avant le début de cet assassinat.
"Mais cela ne signifie pas que les Britanniques ont joué un rôle dans cet assassinat. Ils ne connaissaient pas la cible visée par l'assassinat, mais ils savaient qu'une partie des meurtriers allaient utiliser des passeports britanniques", affirme-t-il.
Le Foreign office a cependant démenti ces informations, indiquant qu'"Israël" lui avait fait part de l'usage des passeports britanniques par les meurtriers juste avant la révélation des détails du meurtre par la police de Dubaï.
En outre, le magazine allemand Der Spiegel rapporte que le passeport allemand utilisé par un des meurtriers est un document légitime.
Le passeport allemand a été délivré le 18 juin, 2009, à Cologne (ouest) à un homme affirmant s'appeler Michael Bodenheimer, qui avait présenté un passeport israélien émis à la fin 2008, selon le magazine.
Il s'était prévalu du droit à un passeport allemand en affirmant résider à Cologne et en présentant un extrait de mariage de ses parents.
Le parquet de Cologne a été chargé d'une enquête portant sur une possible usurpation d'identité, selon der Spiegel.
L'Allemagne avait demandé jeudi au chargé d'affaire israélien à Berlin des explications sur cet assassinat, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Vendredi, le gouvernement allemand avait affirmé qu'une enquête était en cours, sans donner de détails.
DUBAI A DES PREUVES INCRIMINANT LE MOSSAD
Les enquêteurs ont des preuves, dont des écoutes téléphoniques entre les meurtriers qui ont été détectées, sur l'implication des services de renseignement israéliens dans le meurtre de Mabhouh, c'est ce qu'a affirmé, ce samedi, le chef de la police de Dubaï, dans le quotidien Al-Bayane.
"La police de Dubaï dispose aussi d'informations sûres selon lesquelles certains coupables ont acheté leurs billets d'avion dans d'autres pays par des cartes de crédit portant les mêmes identités révélées" par les autorités de l'émirat, ajoute le général Khalfan.
"Ainsi, les coupables ont utilisé les mêmes passeports dans plus d'un pays", poursuit-il, répétant que "le Mossad est à 99% impliqué" dans l'assassinat du responsable du Hamas. 

Fiasco de Netanyahou à Moscou : le durcissement des sanctions refusé

20/02/2010 
Il faut croire que la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à Moscou n’a rien changé à la position russe. Après le départ du numéro un israélien, les responsables russes ont renouvelé les mêmes déclarations qui avaient précédé son arrivée.
A cet égard,  le Kremlin a affiché vendredi une nouvelle fin de non recevoir à la demande « de sanctions paralysantes» chères au responsable israélien.
Selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, «  le terme est inacceptable » pour la Russie.
Les seules sanctions acceptables, mentionne ce responsable russe, sont uniquement celles qui « doivent avoir pour but de renforcer le régime de non-prolifération », rapporte l’AFP.
La thèse avait été développée à plusieurs reprises par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, selon lequel "il est important que le régime de non-prolifération soit respecté… C'est notre position commune avec les Etats-Unis. Nous ne sommes pas d'accord à 100% sur les méthodes de sa réalisation ».
Ce refus a été jumelé d’un autre,  concernant le système de défense anti aérien S300, que les Israéliens et Occidentaux craignent voir aux mains des Iraniens.
 Réitérant la position de son pays exprimée la veille de la visite du responsable israélien, Ryabkov a rappelé la volonté de son pays de  remplir son contrat avec Téhéran. Attribuant les retards de  livraisons à « des problèmes techniques liés à l'adaptation de ces systèmes ».
 «Il est absolument erroné de mettre l'accent sur la question du S-300, ..., et des fournitures d’armements pour le transformer en un problème majeur, et le lier  à la discussion sur le rétablissement de la confiance dans le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire de l'Iran », a expliqué Ryabkov ce samedi, rapporte l’agence russe Interfax.
Analysant la position de leur pays sur ce dossier,  le directeur du Centre des études contemporaines iraniennes à Moscou, Radjab Safarov considère que dans son ensemble, elle reste inchangée, jugeant que c’est seulement le ton qui a changé.
« En dépit de ces déclarations menaçantes, il est très clair que la Russie n'apporterait pas son soutien à de nouvelles sanctions si le Conseil de sécurité devait se prononcer maintenant", estime-t-il.
"La Russie ne veut pas d'un cataclysme, dans la mesure où cela pourrait nuire à ses propres intérêts. L'Europe est loin de l'Iran, tandis que la Russie est quasiment un voisin", a déclaré Safarov à l'AFP.
Même son de cloche de la part de l'analyste russe Alexeï Malachenko, interrogé par l’AFP, selon lequel, « au fond, rien n'a changé dans la position russe ».
   "Ce qui intéresse la Russie, c'est que la situation reste en suspens. Si Ahmadinejad cède aux pressions, la Russie sera d'abord glorifiée, mais ensuite son rôle sera minime, car on pourra continuer sans elle", explique M. Malachenko, du centre Carnegie.
   Concernant la position iranienne, Malachenko considère que le président iranien "comprend le jeu de la Russie. Étant persuadé qu'elle allait faire marche arrière", en refusant finalement de se joindre à de nouvelles sanctions ».
Bien entendu, ces analyses venant de l’intérieur russe discréditent  une fois de plus les dernières allégations des dirigeants occidentaux (faisant état d’un ralliement de la Russie, en faisant croire entre autre que des sanctions seront votées le mois prochain), et qui à force d’être martelées, sans jamais aboutir, relèvent d’une guerre psychologique en perte de moyens.

Al-Assad à Fillon : la paix exige une volonté réelle ce dont "Israël"manque

20/02/2010 
Le président Bachar al-Assad  a réitéré la position de la Syrie pour ce qui est du processus de paix dans la région, au cours de son entretien avec le Premier ministre français, Michel Fillon.
Une position qui  s’appuie « sur une paix juste et globale, basée sur l'application des résolutions de la légalité internationale », selon le président syrien al-Assad, mettant l'accent sur le fait que la paix seule est capable de garantir la sécurité et la stabilité dans la région.
Le président al-Assad a considéré que la paix exige une volonté réelle ce dont « Israël » manque, insistant sur l'impératif pour les pays européens d'assumer un rôle efficace pour contraindre « Israël » à obtempérer aux exigences de la paix.
Bachar al-Assad a encore insisté sur l'importance du rôle turc dans le processus de paix aux côtés du rôle français appuyant ce dernier.
Pour sa part, le Premier ministre français Michel Fillon a exprimé la volonté de son pays de renforcer les relations bilatérales et celles de la Syrie avec l'UE, mettant en évidence le rôle primordial de la Syrie dans la région, tout en affirmant la nécessité de poursuivre la coordination entre la Syrie et la France, ce qui pourrait mener à la résolution des problèmes de la région.
François Fillon, a appelé la Syrie à "des efforts" pour la paix au Proche-Orient, notamment dans le dossier du nucléaire iranien, liant ces questions au développement des relations économiques bilatérales.
"L'une des conditions de la poursuite d'un développement économique en Syrie est la paix et la sécurité dans la région", a déclaré Fillon à l'ouverture d'un forum économique à Damas, où il effectue une visite de 24 heures.
"Si la France a choisi de reprendre et de renforcer le dialogue avec la Syrie, c'est parce que nous pensons que la Syrie a un rôle fondamental dans l'établissement de la paix au Proche-Orient, a-t-il ajouté. Ce qui doit prévaloir, c'est la vérité et la transparence. Pour que la situation s'améliore, il faut que chacun fasse des efforts".
Evoquant les dossiers régionaux où la Syrie peut jouer un rôle, il a notamment mentionné l'Iran, qui refuse de se soumettre aux demandes des grandes puissances de renoncer à l'enrichissement de l'uranium.
"La paix passe par un changement d'attitude du gouvernement iranien", a lancé le chef du gouvernement français, prétendant que "l'Iran ne respecte pas les règles internationales et viole en permanence les résolutions du Conseil de sécurité" de l'ONU.
"Nous souhaitons que la Syrie nous aide dans cet effort pour que l'Iran renonce à des décisions dangereuses pour la paix dans le monde", selon ses propres termes.
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=125473&language=fr 

Grâce aux pressions de la campagne de boycott, les institutions financières scandinaves se retirent d’Elbit

samedi 20 février 2010 - 14h:28
Adri Nieuwhof 
Malgré les tactiques d’oppression d’Israel contre lui, le mouvement Boycott, Désinvestissements et Sanctions (BDS) a marqué de nouvelles victoires avec le désinvestissement ou la mise sur liste noire de l’entreprise militaire Elbit Systems par de nombreux investisseurs institutionnels
Un des plus grands fonds de pension hollandais a dit à l’Electronic Intifada aujourd’hui qu’il vendait ses parts dans Elbit.
La vague de désinvestissement suit la campagne des organisations palestiniennes et des militants de la solidarité internationale pour désinvestir des compagnies qui profitent de l’occupation israélienne.
Un rôle crucial a été joué par la campagne palestinienne Stop the Wall pour convaincre le fonds de pension de l’État norvégien de désinvestir d’Elbit Systems en septembre dernier. En réponse, Israël a détenu le militant de la campagne Mohammed Othman à son retour d’un voyage en Norvège où il avait rencontré la ministre des finances Kristin Halvorsen. Soumis aux rafles de ses bureaux et ses militants arrêtés, Stop the Wall est devenu une cible centrale des tentatives israéliennes pour supprimer le mouvement non-violent BDS. Toutefois, ces tactiques répressives n’ont pas stoppé l’élan du BDS.
Début septembre, la ministre des finances norvégienne Kristin Halvorsen a annoncé que le fonds de pension d’État avait vendu ses parts dans Elbit, valant 5,4 millions de dollars. Le conseil d’éthique du fonds de pension estima que les investissements dans Elbit constituaient un risque inacceptable de contribuer à de sérieuses violations des normes éthiques fondamentales à cause de l’implication de la société dans la construction du mur israélien en Cisjordanie occupée. « Nous ne souhaitons pas financer des compagnies qui contribuent aussi directement à des violations de la loi humanitaire internationale », a expliqué Halvorsen.
D’après le site web « Who Profits from the Occupation ? », une filiale d’Elbit fournit aussi l’armée israélienne en véhicules aériens sans pilote (UAV). Ces UAV, plus connus comme drones, sont utilisés dans les attaques militaires israéliennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Suite à la décision du fonds de pension de l’État norvégien, Kommunal Landspensjonkasse (KLP), une des plus grandes sociétés d’assurance-vie de Norvège, a aussi désinvesti d’Elbit. Les choix de poids lourds comme Halvorsen et KLP de désinvestir ont conduit Danwatch, l’organisme de surveillance danois, à ajouter le mois dernier Elbit à sa liste noire de 35 sociétés exclues d’investissement pour des raisons éthiques.
La première banque du Danemark, acteur vedette sur les marchés financiers scandinaves, Danske Bank, a suivi une semaine plus tard. « Nous prêtons attention à l’intérêt de nos clients et nous ne voulons pas placer leur argent dans des compagnies qui violent les standards internationaux », a dit Thomas H. Kjærgaard, chef du bureau de l’Investissement Socialement Responsable de Danske Bank. La banque a aussi mis sur liste noire Africa-Israel, une société dirigée, par le roi du diamant Lev Leviev, qui a été impliquée dans la construction illégale de colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. Kjaergaard a noté que la banque examine si d’autres sociétés ayant des activités dans les colonies israéliennes sont qualifiées pour l’exclusion.
Dans un autre coup porté à Elbit, la décision de Danske Bank a été suivie par PKA Ltd, un des plus grands fonds de pension danois, qui a vendu ses parts d’un million de dollars dans Elbit. Le directeur des investissements de PKA, Michael Nelleman, a été cité par la campagne Stop the Wall expliquant que « la cour internationale de justice a déclaré que la barrière n’a que des objectifs militaires et violent les droits de l’homme palestiniens » (« Two Danish funds exclude Wall-building companies," 27 Janvier 2010).
D’autres grands investisseurs institutionnels scandinaves ont aussi exclu Elbit de leur portefeuille pour des raisons éthiques. Folksam, le premier gestionnaire d’actifs suédois, a répondu à une demande concernant ses investissements dans Elbit ou dans Africa-Israel, que le fonds n’a pas d’avoirs dans ces sociétés. Carina Lundberg Markow, présidente du collège de gouvernance de Folksam, a écrit à l’Electronic Intifada : « Nous avons des règles strictes concernant les activités sur des territoires occupés ». Elle fit remarquer que KPA Pension, un grand fonds de retraite suédois du service public, n’avait pas non plus d’avoirs dans Elbit ou Africa-Israel. Lundberg Markow se référa aussi à des discussions avec la compagnie suédoise Assa Abloy sur ces mesures et sur la décision de la compagnie de retirer une usine de Cisjordanie occupée en octobre 2008. Folksam a influencé la décision d’Assa Abloy de retirer l’usine.
Le mouvement des investisseurs institutionnels scandinaves pour désinvestir ou pour exclure Elbit Systems influencera d’autres investisseurs européens pour en faire autant. Les deux plus grands fonds de pension hollandais, ABP and PFZW, sont visés par une coalition de militants de solidarité à la Palestine, d’organisations et de citoyens concernés qui font pression actuellement sur les deux fonds de pension pour qu’ils suivent l’exemple scandinave et désinvestissent d’Elbit et des autres sociétés qui profitent de l’occupation israélienne.
Cette pression semble payer. ABP a informé aujourd’hui l’Electronic Intifada qu’il avait vendu ses 2,7 millions de dollars de parts dans Elbit Systems.
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Adri Nieuwhof
* Adri Nieuwhof est avocate consultante spécialisée dans les Droits de l’Homme.
19 février 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Jean-Pierre Bouché
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8209

Sumud : L’âme du peuple palestinien

samedi 20 février 2010 - 07h:05
Toine van Teeffelen 
Sumud désigne la qualité et l’expérience principale du Palestinien moderne, judicieusement rendu par la double signification de son équivalent anglais : détermination.
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D’un côté, il s’agit de préserver une présence dans le territoire Palestinien, et de l’autre, de conserver une présence temporelle en observant la patience. Le terme “en dépit” est aussi un élément essentiel. Sumud veut dire persévérer malgré toutes les oppressions et les épreuves auxquelles les Palestiniens doivent faire face.
Les exemples ne manquent pas : les paysans et les familles qui s’agrippent à leurs terres malgré les expropriations ou la construction du Mur, la mère qui continue d’élever sa famille en dépit des couvre-feux, les propriétaires qui reconstruisent « illégalement » leur maison pour l’énième fois, l’étudiant qui aspire à l’obtention d’un certificat, malgré les peines de prison ou le temps d’attente quotidien aux postes de contrôle pour aller à l’école ou à l’université, sans oublier de mentionner la continuité de la vie quotidienne malgré les massacres aux alentours, comme à Gaza.
En tant que projet national, Sumud souligne l’importance de préserver les communautés sur le territoire palestinien que soit ce soit en Cisjordanie, à Jérusalem, à Gaza ou dans les territoires de 1948. L’essence du Sumud : c’est résister à la continuité du sionisme et de la politique de l’Etat israélien qui vise à denier et éliminer la présence palestinienne sur les terres, que ce soit en planifiant des mesures physiques et violentes, par une division sociale ou un anéantissement culturel. Sumud signifie supporter et ne pas abandonner les droits politiques et humains.
Sumud a acquis une importance parmi les Palestiniens parce que c’est l’affirmation de la présence collective sur le territoire. Elle reconnaît l’importance du nombre et de la portée démographique dans la décision de l’avenir du pays, mais sert aussi à soutenir le moral et à maintenir l’espoir. Nous sommes là et nous le resterons, mais pas en tant que peuple soumis. Peut-être que la domination extérieure de la Palestine pendant des siècles ou par des pouvoirs d’occupation a renforcé le caractère des Palestiniens et leur obstination, typique pour le trait insoumis du paysan à se cramponner à son territoire. En 2002, lorsque Moshe Yaalon le chef d’état-major de l’époque disait que « les Palestiniens doivent se faire à l’idée au plus profond de leur conscience qu’ils sont un peuple déchu », il avait sous-estimé le Sumud palestinien.
En tant que terme clé dans le discours national, Sumud a été introduit à la fin des années 70, lorsque le fond Sumud a été établi en Jordanie pour soutenir économiquement la présence des Palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem Est et à Gaza. Dans l’analyse politique des années 70 et du début des années 80, il s’agissait de garder la communauté palestinienne intacte lors de la construction de la communauté, alors qu’à cette époque, il n’y avait pas encore de grand mouvement de lutte soutenu contre l’occupation israélienne. Sumud a souvent été perçu comme la contribution à la lutte nationale par les Palestiniens qui sont restés en Palestine, complétant une lutte armée à l’extérieur.
Parmi les militants politiques, le débat que soulevait Sumud, était de savoir s’il ne fallait pas considérer le terme plus comme une forme de résistance trop passive voir même statique désignant un effort plutôt de survie que de défi de l’ennemi ? Mais pour de nombreux Palestiniens, aujourd’hui exister en Palestine est une forme de résistance. En effet, l’attitude du Sumud peut facilement être attribuée à des formes actives de résistance non-violentes qui, après tout, sont comprises comme une stratégie majeure autant théorique que pratique de refus de coopérer avec l’ennemi.
Le concept ressemble à d’autres utilisés dans la résistance de base contre la domination ; par exemple les paysans en Amérique latine où ils ont utilisé le terme comparable de « persistance implacable » pour se référer à leurs luttes pour la paix, la justice et la dignité humaine, combinant amour pour leur terre et de leurs communautés avec la protection active de leurs droits.
En même temps, le concept a voyagé au delà de la politique au sens strict du terme. Dans la culture, l’art et la conception palestinienne, Sumud est devenu un symbole par l’olivier qui est profondément enraciné à la terre par le cactus qui survit à la rudesse des circonstances et aussi par la femme palestinienne et mère comme symbole de la continuité et lien à travers les générations.
Ces symbolisations soulignent non seulement la force du Sumud, mais aussi l’amour pour leur terre souvent exprimé par les images silencieuses des communautés rurales, incluant celles détruites en 1948. La vie de la communauté rurale de la Palestine, dans l’ombre des oliviers et des figuiers. Lisez le poète national Palestinien Mahmoud Darwish pour les belles et douloureuses expressions de cette nostalgie.
Alors que peintures et poèmes créent des images, d’autres genre de supports tels que les journaux intimes et documentaires rapportent des récits témoignant des expériences du Sumud de nombreux Palestiniens. Des journaux intimes publiés tels que ceux de l’avocate Raja Shehadeh, de l’architecte Suad Amiry, et du pasteur Mitri Raheb véhiculent l’effort humain de garder le train de la vie quotidienne face à toutes les épreuves imaginables, petites ou grandes telles que les sièges, les couvre-feux permanents, les tirs de balles et de fusées et bien sûr les postes de contrôles.
Qui d’autre peut faire face à de telles circonstances sur une aussi longue période ? Parfois je dis à ma femme palestinienne : si des citoyens hollandais étaient amenés à être déportés collectivement pour vivre sous l’occupation israélienne, ils ne pourraient pas y survivre, même pas quelques jours.
En lisant des journaux palestiniens, vous pouvez sentir que Sumud est aussi une conception accueillante. Ce qui importe n’est pas seulement de continuer à protéger le bien-être physique de la famille, mais également les petites choses de base de la vie quotidienne : le café, l’accueil, les relations mutuelles entre voisins, le soin de la belle-mère. En fait, dans son premier journal intime avec pour titre la « Troisième voie » (1982), Shehadeh décrit le Sumud comme un troisième moyen entre la subordination à l’oppression d’un côté et être emprisonné de l’autre par le réflexe de la violence.
A son fondement, Sumud signifie garder son humanité et son âme et c’est cependant aussi une conception éminemment éducative. Entre injustice et oppression, lutter pour ses droits, mais rire, observer l’espoir et même garder la foi en l’humanité, c’est ce qui prévaut encore dans la vie palestinienne, malgré les circonstances impossibles où rien de moins que l’existence d’une belle communauté est en jeu.
* Toine van Teeffelen est anthropologue et Directeur de Développement l’Institut Arabe d’Education (AEI-Open Windows) à Bethlehem. Contact : tvant@p-ol.com
Octobre 2009 - This Week in Palestine - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.thisweekinpalestine.com/...
Traduction de l’anglais : Sarah Bouachacha
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8196

" Le cinquième anniversaire de la lutte à Bil’in se fera en l’absence de l’un de ses enfants"

publié le samedi 20 février 2010
Lettre de prison d’Abdallah Abu Rahma
 
Cette lettre d’Abdallah Abu Rahma a été transmise depuis sa cellule par ses avocats. S’il vous plaît circuler largement.
Chers amis et sympathisants,
Cela fait maintenant deux mois que l’on m’a menotté, bandés les yeux et emmené de chez moi. La nouvelle d’aujourd’hui m’est parvenu à la prison militaire d’Ofer, que le mur de l’apartheid sur les terres de Bil’in sera finalement déplacé et que les travaux du nouveau tracé ont commencés. Cela rendra la moitié des terres qui ont été volés à notre village. Pour ceux d’entre nous, emprisonné à Ofer, pour notre participation aux manifestations contre le mur, cette victoire rend la douleur d’être enfermé, plus facile à supporter. Après avoir résisté activement contre le vol de nos terres par le mur de l’apartheid et contre la colonisation israélienne chaque semaine, nous aspirons à être debout aux côtés de nos frères et sœurs à l’occasion de cette victoire et le cinquième anniversaire de notre lutte.
Ofer est une base militaire israélienne dans les territoires occupés, qui sert de prison et de tribunal militaire. La prison est faite de tentes délimitée par des barbelés et d’une clôture électrique. Chaque unité comprend quatre tentes, et chaque tente comprend 22 prisonniers. Or en hiver, le vent et la pluie s’engouffrent par les fissures et nous n’avons pas assez de couvertures, de vêtements et autres produits de nécessité.
L’alimentation est un enjeu crucial ici et il n’y en a pas suffisamment. Nous survivons en achetant des ingrédients à la cantine de la prison que nous préparons dans nos tentes. Nous n’avons qu’un seul petit plat chaud, et c’est aussi notre seule source de chaleur. Certaines familles peuvent mettre de l’argent sur un compte pour acheter de la nourriture, mais beaucoup ne peuvent pas se le permettre. L’aspect positif est que j’ai appris à cuisiner ! Ce soir, j’ai fait des falafels et des bonbons pour célébrer la nouvelle de notre victoire. Je ne veux plus attendre pour rentrer dans ma maison et cuisiner pour ma femme et mes enfants !
Quand j’ai été arrêté, j’étais en pantoufles, et à ce jour, ma famille a été incapable d’obtenir la permission de me fournir une paire de chaussures. J’ai finalement reçu ma montre après des demandes répétées. Pour moi c’est un moyen essentiel de garder le sens des réalités, il m’était insupportable de ne pas voir le temps passé. Quand je l’ai reçue, je me sentais si heureux, comme un enfant qui reçoit sa première montre. Je peux à peine imaginer ce que ce sera le jour où je recevrai une paire de chaussure.
En raison de notre incarcération, l’armée considère nos familles comme une menace pour la sécurité. Il est très difficile pour nos épouses, nos enfants de recevoir des droits de visite. Mon ami Adeeb Abu Rahma, lui aussi prisonnier politique de Bil’in, ne peut pas recevoir de visites de sa femme et une de ses filles. Même sa mère, une femme octogénaire qui est actuellement en mauvaise santé, est considéré comme une menace pour la sécurité ! Il a peur de ne pas la voir avant qu’elle meure.
Je suis un enseignant et avant mon arrestation, j’enseignais dans une école privée de Birzeit et m’occupait également d’un élevage de poulets. Ma famille a dû vendre la ferme après mon arrestation. Je ne sais pas si je vais récupérer mon poste à l’école quand je serai libéré. Les neuf membres de la famille d’adeeb se retrouvent sans ressources, comme beaucoup d’autres familles. Nous ne sommes plus en mesure de prendre soin de nos proches qui ont besoin de nous, c’est la chose la plus insupportable quand on est ici.
Le soutien que je reçois de ma famille et de mes amis, m’aide à tenir. Je suis reconnaissant auprès des dirigeants palestiniens qui ont pris contact avec ma famille, ainsi que les diplomates de l’Union européenne et les activistes israéliens qui ont exprimé leur soutien au cours des audiences. Les relations que nous avons construit avec ses militants, sont allés au-delà de simples relations de partenaires ou amicales, nous sommes frères et sœurs dans cette lutte. Vous êtes une source d’inspiration dans votre solidarité sans relâche. Vous nous avez soutenus durant toutes les manifestations et les audiences du tribunal, mais lors d’occasions heureuses et douloureuses. Être en prison m’a montré combien j’avais de vrais amis, je vous en suis si reconnaissant à vous tous.
Des confins de mon emprisonnement, il me devient aussi évident que notre lutte est beaucoup plus importante et va au delà de la justice pour Bil’in ou même de tout la Palestine. Nous sommes engagés dans une lutte internationale contre l’oppression. Je sais que ceci est vrai quand je pense à vous tous de partout dans le monde qui ont rejoint le mouvement pour arrêter le mur et la colonisation. Les gens ordinaires, exaspérés par l’occupation, ont fait de notre lutte la leur, et nous ont rejoint dans la solidarité. Nous allons certainement s’associer à la lutte pour la justice dans d’autres endroits quand la Palestine sera enfin libre.
Manquer le cinquième anniversaire de notre lutte à Bil’in sera comme manquer l’anniversaire d’un de mes enfants. Dernièrement je pense beaucoup à mon ami Bassem dont la vie a été prise lors d’une manifestation non-violente l’année dernière, et combien je le regrette. Malgré la douleur de cette perte, et la nostalgie que j’éprouve en pensant à ma famille et à mes amis, je pense que si c’est le prix que nous devons payer pour notre liberté, alors cela vaut la peine, et nous serons prêts à payer beaucoup plus.
Bien à vous,
Abdallah Abu Rahmah, depuis la prison d’Ofer.
20/02/2010

Une voie assurée vers la guerre civile

samedi 20 février 2010 - 22h:02
Jon Elmer - Al Jazeera
Les campagnes d’arrestations font partie d’un plan général exécuté par les forces de sécurité de l’Autorité de Ramallah pour écraser l’opposition et renforcer la poigne sur la Cisjordanie du gouvernement dirigé par le Fatah, écrit Jon Elmer.
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Les supplétifs palestiniens, financés, équipés et entraînés par les Etats-Unis, l’Europe et la Turquie - sous l’étroit contrôle des Israéliens - ont pour première fonction de réprimer toute opposition à la politique de collaboration de l’Autorité de Ramallah - Photo : AP
Abu Abdullah n’a jamais été accusé du moindre crime, mais il a été arrêté par les forces de sécurité palestiniennes tant de fois ces deux dernières années qu’il ne compte plus.
Il a été arrêté au travail, au marché, dans la rue, et plus d’une fois lors d’incursions violentes par des hommes masqués qui forcent l’entrée de sa maison et se saisissent de lui devant sa famille.
Depuis le coeur du camp de réfugiés de Deheishe à la périphérie de Bethlehem, Abu Abdullah décrit en détail les passages à tabac qu’il a endurés lors des garde-à-vue, les nombreuses nuits glacées et sans sommeil dans des cellules étroites et dégoûtantes, les longues périodes attaché dans des positions douloureuses et les longues heures d’interrogatoires agressifs.
« Les interrogatoires commencent toujours de la même manière, » raconte Abu Abdullah. « Ils exigent de savoir pour qui j’ai voté lors des dernières élections. »
Abu Abdullah n’est pas le seul. Depuis que le gouvernement du premier ministre palestinien Salam Fayyad s’est imposé à Ramallah en juin 2007, des récits comme celui d’Abu Abdullah sont devenus monnaie courante en Cisjordanie.
Ces arrestations font partie d’un plan général exécuté par les forces de sécurité palestiniennes - formées et financées par les donateurs américains et européens - pour écraser l’opposition et renforcer la poigne sur la Cisjordanie du gouvernement dirigé par le Fatah.
Un projet international
Le gouvernement de Mahmoud Abbas, le président palestinien [dont le mandat électif a expiré depuis de nombreux mois - N.d.T], s’appuie sur des milliers de policiers et agents de sécurité nouvellement formés dont le but déclaré est d’éliminer les groupes islamistes qui peuvent représenter une menace pour son pouvoir - à savoir le Hamas et ses partisans.
Sous les auspices du lieutenant-général Keith Dayton, le coordonnateur de sécurité des Etats-Unis, ces forces de sécurité reçoivent une formation pratique de militaires canadiens, britanniques et turcs dans un centre de formation situé dans le désert en Jordanie.
Le programme a été soigneusement mis au point avec les officiels israéliens s’occupant de sécurité.
Depuis 2007 le centre de formation international de police de Jordanie a formé et rendu opérationnel cinq bataillons palestiniens des force de sécurité en Cisjordanie. A la fin de la mission de Dayton en 2011, le projet de 261 millions de dollars US se conclura par 10 nouveaux bataillons de sécurité, un pour chacun des neuf districts [gouvernorats] de la Cisjordanie et un de réserve.
Leur but est clair. Prenant la parole devant un sous-comité de la chambre des représentants en 2007, Dayton a décrit le projet comme « vraiment important pour faire avancer nos intérêts nationaux, pour fournir la sécurité aux Palestiniens et pour préserver et protéger les intérêts de l’état d’Israël ».
D’autres sont bien plus explicites sur ce à quoi doivent servir ces forces. Lorsque Nahum Barnea, un important spécialiste israélien des questions de défense, a pu participer à une réunion de coordination de haut niveau entre les commandants palestiniens et israéliens en 2008, il a dit avoir été stupéfié par ce qu’il avait entendu.
« Le Hamas est l’ennemi, et nous avons décidé de pratiquer une guerre totale, » a dit Majid Faraj Barnea, cité par Barnea, puis le chef des services militaires palestiniens de renseignements, a dit aux commandants israéliens : « Nous prenons soin de chaque institution du Hamas en conformité avec vos instructions. »
Après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas
Arrivé les derniers jours de 2005, la tâche de Dayton était de mettre en place une force de sécurité palestinienne ouvertement chargée de se confronter avec la résistance palestinienne. Le projet a débuté à Gaza.
Sean McCormack, porte-parole à l’époque du département d’état, expliqua que le rôle de Dayton « était de couper l’herbe sous le pied, de bloquer ou contrarier toute aide pour la construction de forces de sécurité ».
Mais dans les semaines qui ont suivi son arrivée, les choses ont commencé à mal tourner. La victoire décisive du Hamas aux élections de janvier 2006 a entraîné un blocus international et paralysant à l’encontre des Palestiniens de Gaza. Peu après, les forces de sécurité du Hamas et du Fatah ont commencé à s’affronter dans les rues, avec pour résultat le maintien du pouvoir du Hamas dans le territoire assiégé.
Les projets initiaux de Dayton tombaient en lambeaux, et tandis que Fayyad était imposé comme premier ministre dans un gouvernement « sous contrôle » à Ramallah, une nouvelle stratégie de sécurité était mise au point.
Pendant qu’un sinistre statu quo se mettait en palce à Gaza, la nouvelle mission de Dayton est devenue plus claire. Le travail du coordonnateur de sécurité était maintenant « d’empêcher une prise de contrôle de la Cisjordanie par le Hamas, » selon Michael Eisenstadt, ancien officier-conseiller de Dayton.
Une attaque coordonnée contre la structure civile du Hamas a été lancée juste après le changement de pouvoir à Gaza en juin 2007. Le général-major Gadi Shamni, chef du commandement central de l’armée israélienne, a lancé une offensive visant la base de l’appui populaire au Hamas en Cisjordanie. Le plan, appelé stratégie de Dawa, revenait à viser précisément le réseau associatif et social du Hamas, pièce maîtresse de leur popularité parmi un grand nombre de Palestiniens.
Le docteur Omar Abdel Razeq, un ancien ministre des finances dans le gouvernement de courte durée de Hamas, explique les effets produits. « Quand nous parlons de l’infrastructure, nous parlons des sociétés, des coopératives et des institutions qui existaient afin d’aider les pauvres, » dit-il. « Ils ont liquidé la dite infrastructure du Hamas. »
Le brigadier-général israélien Michael Herzog, responsable de l’équipe autour d’Ehud Barak, ministre israélien de la défense, a résumé la position israélienne à l’égard du projet. « [Dayton] réalise un grand travail, » dit-il. « Nous sommes très heureux de ce qu’il fait. »
Accusations de tortures
La stratégie de Dawa a entraîné l’emprisonnement par les forces de l’autorité palestinienne [AP], de plus de 1000 Palestiniens. Les arrestations - bien que concentrées sur le Hamas et ceux suspectés d’être leurs alliés - ont touché une large part de la société palestinienne et toutes les organisations politiques.
Ont été touchés les assistants sociaux, les étudiants, les professeurs, les journalistes. Il y a eu des incursions régulières dans les mosquées, les campus universitaires et des associations caritatives, ainsi que des accusations répétées de torture pratiquées par des officiers formés et payés par les Etats-Unis et l’Union Européenne, avec plusieurs décès durant des garde-à-vue.
En octobre, Abbas a sorti un décret contre les formes les plus violentes de torture employées par ses forces et il a remplacé son ministre de l’intérieur, le général Abdel Razak al-Yahya, Al-Yahya - partenaire de longue date des Etats-Unis et d’Israël, par Said Abu Ali.
Tout en notant une amélioration depuis la sortie du décret, les militants des droits de l’homme disent que les changements ne sont pas suffisants. « Il n’y a aucun jugement en bonne et due forme, toujours aucune justification légale pour un grand nombre des arrestations et des civils sont toujours déférés devant des tribunaux militaires, » dit Salah Moussa, un juriste de la Commission Indépendante pour les Droits de l’Homme.
Le major-général Adnan Damiri, porte-parole des forces de sécurité palestiniennes, reconnaît les injustices reconnue mais attribué ces situations à des individus et non pas à une politique.
« Il y a parfois des officiers ou des soldats qui commettent des erreurs de cette sorte, avec des tortures, » dit Damiri. « Mais maintenant nous les punissons. » Damiri reconnaît 42 cas de torture, ces trois derniers mois, qui ont eu comme conséquence diverses formes de réprimande, dont des rétrogradations. Six soldats ont été chassés suite à leurs actes.
Mais dans les rues, l’humeur est de plus en plus sombre tandis que les services de sécurité soutenus par l’étranger resserrent encore leur poigne sur la Cisjordanie.
Naje Odeh, un dirigeant du courant de gauche dans Deheishe qui gère un centre actif pour la jeunesse dans le camp, a caractérisé l’appareil de sécurité comme similaires aux régimes pro-américains en Jordanie et en Egypte. « Si vous exprimez votre opinion, vous êtes arrêté, » explique-t-il. « Ce comportement détruira notre société. »
Selon Odeh, les forces de sécurité qui font ces incursions savent que ce qu’elles font est mauvais. « Pourquoi sont-elles masquées ? » demande-t-il avec emportement. « Puisque nous connaissons ces gens. Nous connaissons leurs familles. Ils ont honte de ce qu’ils font. »
Certains craignent que le comportement des forces de sécurité entraînées par les des Etats-Unis et l’Europe n’entraîne une confrontation potentiellement mortelle. « S’ils attaquent vos mosquées, vos salles de classe, vos associations, vous pouvez être patients, mais pendant combien de temps ? » interroge un important responsable islamique en Cisjordanie.
Abdel Razeq, l’ancien ministre des finances de Hamas, est plus explicite dans ses prédictions.
« Si les forces de sécurité persistent à défendre les Israéliens, c’est la voie assurée vers la guerre civile. »
Articles liés :
8 février - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction : Naguib
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8203

Le passeport pour la vérité à Dubaï reste secret

publié le samedi 20 février 2010
Robert Fisk

 
C’est une guerre de propagande. Quel que soit celui qui a tué l’officiel du Hamas à Dubaï, il fait partie – disons le franchement – d’une sale et ancienne guerre entre les Israéliens et les Palestiniens, dans laquelle chacun a assassiné ses antagonistes policiers pendant des décennies. A qui ces passeports appartenait-ils ? Ou, devrions-nous dire « passeports ». Voici donc un moment pour réfléchir sur les réalités.
De nombreux Dubaïens pensent que l’effondrement de l’économie de l’émirat, l’année dernière, était la vengeance de banques occidentales – encouragée, bien sûr, par les Américains – pour les punir d’avoir permis à des sociétés écran iraniennes d’utiliser Dubaï comme base-arrière de contournement des sanctions, durant la guerre chaude-froide entre l’alliance US-israélienne et l’Iran. A présent, les Américains (ou les Israéliens – choisissez !) veulent faire de Dubaï le Beyrouth du Golfe [Persique]. Cela était vraiment écrit en gros titre la semaine dernière – dans le Jerusalem Post, évidemment – décrivant Dubaï comme étant aussi dangereux qu’il est économiquement calamiteux.
Mais, attendez une minute ! Selon une « source » de The Independent à Dubaï – les lecteurs devront juger ce que cela signifie – les forces de sécurité de l’émirat mentionné ci-dessus ont informé, il y a six jours, un « diplomate britannique » en poste à Dubaï (sans doute le consul, puisque l’ambassade se trouve dans la capitale des Emirats Arabes Unis, Abu-Dhabi) des détails d’un passeport britannique et « ils n’ont pas reçu de réponse appropriée ». Si cela est vrai – le Foreign Office sera courroucé dans ses réfutations –, alors pourquoi les Britanniques n’ont-ils pas immédiatement exprimé, la semaine dernière, leur indignation que des passeports britanniques ont été falsifiés et n’ont-ils pas craché les détails de ces fraudes également scandaleuses ? Ce mauvais usage [de passeports] fait courir un risque à tous les citoyens britanniques.
Pourtant, au Foreign Office - si enclin à alerter les citoyens britanniques sur les dangers qu’ils courent au Moyen-Orient –, ils sont restés assis sur leurs gros culs et ils ont fait que dalle ! Je suis désolé. S’ils avaient les détails, ils avaient le devoir envers les citoyens britanniques d’intervenir. S’ils n’avaient pas détails, ils auraient dû nous le dire. Mais ils sont restés silencieux. Pourquoi ? Un vent mauvais avait-il soufflé en coulisse ?
Bien trop de forces de police envoient désormais leurs subalternes en Israël pour apprendre sur la « terreur ». Les Canadiens ont réellement envoyé une équipe de flics à Tel Aviv, lesquels se sont permis de porter des « maillots-suicides » pour des photos de pub. Air France remet à présent aux Etats-Unis les détails de tous les profils de ses passagers – lesquels, bien sûr, vont directement aux Israéliens – malgré le fait que les agents de sécurité israéliens (comme des centaines d’agents de sécurité arabes au Moyen-Orient) pourraient bien être impliqués dans des crimes de guerre.
Maintenant, un petit addenda. Les autorités de Dubaï ont apparemment donné aux Britanniques les passeports irlandais (prétendument) falsifiés, sous le malentendu que Dublin était toujours une ville importante du Royaume-Uni. Les choses, inutile de dire, ont changé à Dublin il y a près de cent ans – mais combien de lecteurs peuvent-ils donner la date de l’indépendance de Dubaï qui était sous contrôle britannique ? – mais cette erreur élémentaire suggère que la version de Dubaï des événements (l’échec inexplicable des Britanniques à expliquer leur silence) pourrait contenir une vérité affligeante. Ne nous sentons-nous pas concernés (les Britanniques ? Gordon Brown ? etc.) lorsque des assassins utilisent soi-disant des passeports Britanniques ?
Il est trop tôt pour donner une réponse. Mais je devrais ajouter que les autorités de Dubaï ont d’autres informations qu’elles n’ont pas encore révélées. Le monde attend [1].
Le Mossad, l’agence de renseignements d’Israël, était-il derrière l’assassinat de Dubaï ? Israël avait les meilleures raisons de tuer M. Mabbouh et une série de déclarations faites hier par d’anciens employés du Mossad, admirant le « professionnalisme » de ce coup, pointent certainement dans cette direction.
Le Mossad, qui veut dire en hébreu Institut des Opérations Spéciales et des Renseignements, est responsable de l’espionnage à l’étranger et des opérations secrètes. Dans le passé, le mode opératoire de cette agence a inclus d’audacieuses opérations d’arnaques à l’étranger, comme le complot pour enlever Mordechaï Vanunu, l’homme qui a révélé les secrets nucléaires d’Israêl à la presse britannique. Une agente israélienne dénommée Cindy fut le « piège amoureux » qui trompa Vanunu, lors d’une mission romantique à Rome, d’où il fut enlevé et exfiltré vers Israël pour être jugé.
Mais le Mossad a eu son lot d’échecs, dont une tentative d’assassinat ratée contre le dirigeant du Hamas, Khaled Meshaal, en 1997, à la suite de quoi deux agents munis de passeports canadiens falsifiés furent arrêtés à Amman.
Des vidéos de surveillance, montrées par la police de Dubaï, indiquent que 11 suspects ont réalisé une infiltration remarquable. Ils sont entrés et sortis de Dubaï en moins de 19 heures. Un ancien agent a dit que cette opération paraissait avoir été méticuleusement préparée et exécutée. « C’était super-, super-professionnel », a-t-il dit.
« Il semble logique que ce soit une opération du Mossad », a-t-il déclaré. Il ne serait pas surpris, a-t-il ajouté, si d’autres pays « ayant un penchant positif » avaient aidé Israël. L’Egypte, qui partage l’animosité d’Israël envers le Hamas, pourrait également avoir été impliquée, a-t-il dit.
Cet ancien agent du Mossad a dit que l’étranglement pouvait avoir été utilisé pour éviter le risque de devoir introduire une arme à feu dans le pays. Selon lui, il n’est pas inhabituel d’avoir un tel nombre de personnes impliquées dans un assassinat. « Si l’on prend en compte la surveillance, la sécurité et une force de secours, c’est un nombre raisonnable. »
Yossi Melman, l’auteur d’une histoire sur les services secrets israéliens, a dit : « Le MI6 ou la CIA feraient la même chose. Déguisements, noms fictifs, arrivées de différentes directions, prendre des vols indirects, changer de vêtements – ce sont toutes les caractéristiques d’une organisation de services de renseignements professionnels ». Mais un autre agent du Mossad, Rami Yigal, a dit que « cela ne ressemble pas à une opération israélienne », à cause de bâclages imprudents, comme laisser les membres de l’équipe être enregistrés par la télésurveillance de l’hôtel ou de l’aéroport de Dubaï.
Néanmoins, Israël considérait M. Mabbouh comme la personne clé de la contrebande d’armes depuis l’Iran vers le Hamas dans la Bande de Gaza. Il y avait également un prétexte de longue date, puisque celui-ci se vantait d’avoir tué deux soldats israéliens, Ilan Saadon et Avi Sasportas, en 1989. Traduit de l’anglais par [JFG-QuestionsCritiques
par Ben Lynfield à Jérusalem The Independent mercredi 17 février 2010 article original : "Hallmarks of a classic Israeli operation" http://questionscritiques.free.fr/e...
The Independent, mercredi 17 février 2010 article original : "Robert Fisk : Passport to the truth in Dubai remains secret"
publié par Questions critiques http://questionscritiques.free.fr/e... Traduit de l’anglais par [JFG/QuestionsCritiques]

Mahmoud Abbas a "peur" d'un retour à la violence

21/02/2010


"S'il n'y a pas de perspectives d'avenir, j'ai peur que la population fasse d'autres choix", confie M. Abbas au quotidien français.
Proche-Orient Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dit avoir "peur" d'un retour à la violence si des négociations sur un État palestinien ne reprennent pas, dans une interview que publie samedi Le Monde.
"S'il n'y a pas de perspectives d'avenir, j'ai peur que la population fasse d'autres choix", confie M. Abbas au quotidien français. "Pour le moment, nous contrôlons la situation, du moins en Cisjordanie", poursuit-il, faisant allusion au fait que la bande de Gaza est dirigée par le mouvement islamiste Hamas, aux positions plus radicales vis-à-vis d'Israël. "Si les gens ne croient plus que l'avenir leur apportera un État palestinien, s'il y a un blocage, alors j'ai peur qu'ils retournent à la violence", poursuit-il.
Au sujet d'éventuelles négociations, actuellement au point mort, le président de l'Autorité palestinienne estime que les Israéliens ne feront pas de concessions sans la pression de Washington : "Je ne crois pas qu'ils s'y résoudront sans les bons offices des États-Unis", estime-t-il. "Nous comptons sur le président Barack Obama, comme nous comptons sur le président Nicolas Sarkozy. Le président français veut jouer un rôle et je pense qu'il le peut, parce qu'il est à la fois ami des Palestiniens et des Israéliens", ajoute-t-il.
M. Abbas est attendu dimanche et lundi en France. Il doit avoir lundi un déjeuner de travail avec M. Sarkozy.
Dans une interview samedi à l'hebdomadaire Journal du Dimanche, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner estime qu'"on peut d'envisager" la proclamation et la "reconnaissance immédiate" d'un État palestinien avant même les négociations sur ses frontières.
Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a déclaré son intention de donner naissance à un État palestinien indépendant et viable "dans les faits et sur le terrain" en 2011, quelle que soit l'avancée des discussions avec Israël.

Dubaï a des preuves incriminant le Mossad dans le meurtre de Mabhouh

21/02/2010

Le chef de la police de Dubaï Dhahi Khalfan./
Le chef de la police de Dubaï Dhahi Khalfan./ AFP
Proche-Orient Les enquêteurs ont des preuves, dont des écoutes téléphoniques, sur l'implication des services de renseignement israéliens dans le meurtre en janvier à Dubaï d'un responsable du Hamas, affirme samedi le chef de la police de Dubaï dans un quotidien de l'Émirat.

"Parmi les nouvelles preuves dont dispose la police de Dubaï et qui incriminent les services secrets israéliens, le Mossad, et confirment son implication dans le meurtre (...), figurent des communications téléphoniques entre les coupables qui ont été détectées", déclare Dhahi Khalfan dans le quotidien al-Bayane, organe du gouvernement de Dubaï.
Mahmoud el-Mabhouh, l'un des fondateurs de la branche militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas qui contrôle la bande de Gaza, a été retrouvé assassiné dans sa chambre d'hôtel de Dubaï le 20 janvier.
"La police de Dubaï dispose aussi d'informations sûres selon lesquelles certains coupables ont acheté leurs billets d'avion dans d'autres pays par des cartes de crédit portant les mêmes identités révélées" par les autorités de l'Émirat, ajoute le général Khalfan. "Ainsi, les coupables ont utilisé les mêmes passeports dans plus d'un pays", poursuit-il, répétant que "le Mossad est à 99% impliqué" dans l'assassinat du responsable du Hamas.
Vendredi, un haut responsable israélien a rejeté les accusations de Dubaï contre le Mossad, indiquant à l'AFP que "la police de Dubaï n'a fourni aucune preuve de caractère incriminant dans cette affaire" et "n'a même pas expliqué les circonstances de la mort" de Mahmoud el-Mabhouh.
Londres, Dublin, Paris et Berlin ont demandé des explications à Israël sur les passeports de leurs pays dont étaient porteurs les 11 membres présumés (10 hommes et une femme) du commando.
Interpol a annoncé jeudi avoir émis des "notices rouges à l'encontre de onze individus internationalement recherchés" et "accusés par les autorités de Dubaï d'avoir coordonné et commis le meurtre".
Une enquête est également en cours en Autriche sur l'utilisation éventuelle par le commando de cartes SIM et de numéros de téléphones portables autrichiens.

La politique américaine au Moyen-Orient

publié le samedi 20 février 2010
Vincent Fromentin
 
Si le Moyen-Orient est marqué à partir des années 50 par la fin des pré carrés coloniaux européens et le positionnement des États-Unis pour le contrôle de l’énergie, on observe un basculement de la donne géopolitique. Alors que les États-Unis étaient favorablement perçus comme l’émancipateur du joug des colons européens en garants puissants de la démocratie, leur aura s’émousse progressivement.

1ère partie : D’une rivalité anglo-américaine à un positionnement stratégique face à l’URSS (1919-1979)

1. Le point de départ : une rivalité économique entre européens et américains (1919-1945)
La création du personnage de Zorro, en 1919, par Johnston McCulley symbolise parfaitement l’Amérique partant en croisade, dès après que le Congrès le 6 avril 1917 ait voté l’entrée en guerre, pour sauver la démocratie mise en péril par les pays de la Triple Alliance en Europe. Il s’agit d’une rupture par rapport au principe de neutralité, affichée dès le 4 août 1914 par Wilson, qui marque l’inexorable engagement américain dans les affaires internationales.
En réalité, Wilson est tout à fait conscient de l’affaiblissement des grandes puissances contemporaines. Il pense profiter de la conflagration européenne pour proposer l’idée d’une organisation internationale, projection de la démocratie incarnée par les États-Unis, afin de limiter les risques politiques de leur engagement commercial dans le monde.
Ces années 20 sont marquées par le formidable élan de leur économie et de leur industrie. Ce dynamisme leur permet de se positionner dans l’Europe affaiblie mais aussi sur les traditionnelles chasses gardées des colonies, notamment au Moyen-Orient.
En 1916, constatant le délitement continu de l’« homme malade de l’Europe » (indépendance de l’Égypte, conquête française de l’Algérie, indépendances des Balkans, conquête séoudiene de la péninsule arabique), Georges Picot et Marc Sykes, concluent un accord secret garantissant la mainmise des Français sur la Syrie et le Liban et des Anglais sur l’Irak.
En Irak, ce sont donc les troupes britanniques (l’armée des Indes) qui contrôlent le pays, après avoir combattu les troupes de l’Empire Ottoman durant la Première Guerre. Avec l’Iran, par l’intermédiaire de l’Anglo-Persian Company, l’Irak constitue la principale ressource pétrolifère connue de l’époque.
Mais les États-Unis font pression pour participer au capital de la Turkish Petroleum Company, arguant qu’il s’agit d’une prise de guerre. De plus, ils s’assurent un contrôle total du pétrole nouvellement découvert sur le territoire saoudien dès 1934 (avec la Standard Oil of California, Texas et Mobil, futur ARAMCO).
Après Yalta, la rivalité anglo-américaine se transforme en positionnement stratégique face à l’URSS.
2. Le positionnement stratégique face à l’URSS (1945-1958)
En 1945, Roosevelt et Ibn Saoud concluent l’accord de Quincy qui garantit un soutien indéfectible des américains à la péninsule en échange des concessions pétrolières. Une base américaine est d’ailleurs implantée au milieu de cette zone, à Dahran. Mais, les États-Unis glissent d’une vision strictement sécuritaire des impératifs énergétiques à une appréhension idéologique plus globale des enjeux face au bloc communiste attiré par les mers chaudes du Sud (Mer Noire, Mer Caspienne). C’est cette conception qui les impliquera dans le Plan de Partage de la Palestine de 1947 afin de faire d’Israël un relais régional et un pivot stratégique, clairement affirmé en 1967 lors de la Guerre de Six-Jours. Ce partenariat avec Israël est durable, quel que soit le type de gouvernement en place, contrairement aux autres états arabes pro-américains, trop soumis aux aléas conjoncturels. Il peut s’expliquer en partie par la très grande influence –encore actuelle– du lobby pro-israélien, l’American-Israeli Public Affairs Committee (AIPAC), sur les décisions stratégiques des États-Unis.
La crise de Suez en 1956 marque l’éviction des vieilles puissances européennes du Moyen-Orient et l’émergence des nationalisme égyptien (Nasser) et iranien dès 1951 (Mossadegh) qui reçoivent le soutien soviétique.
L’URSS de Staline revendique la zone de Trébizonde à la Turquie (mer Noire) qui pousse cette dernière à rejoindre l’OTAN. Le Pacte de Bagdad de 1955 signé entre l’Irak, l’Iran, le Pakistan, la Turquie ainsi que les États-Unis et la Grande-Bretagne tente de juguler ces aspirations soviétiques vers le Sud (notamment l’attrait de l’Égypte de Nasser et de la Syrie). Bénéficiant de l’appui soviétique, le premier ministre iranien, le Dr Mossadegh, cherche à évincer le Shah. Les services secrets américains, craignant une nationalisation de l’Iran Petroleum Company, organisent un coup d’état qui écarte définitivement Mossadegh en 1953. Avec le ralliement de la Turquie à l’espace pro-américain l’année précédente, ce sont les deux pays non arabes du Moyen-Orient (Iran et Turquie) qui assurent les verrous territoriaux stratégiques face à l’URSS.
Sur le plan militaire, les États-Unis sont de plus en plus convaincus que la supériorité d’Israël face aux états arabes pro-soviétiques est essentielle dans la géopolitique de la région. Pour cette raison, les États-Unis soutiennent Israël en 1967 mais aussi en 1973, lorsque la Syrie et l’Égypte décident d’attaquer conjointement pendant le Kippour.
Néanmoins, de son côté, l’Arabie Saoudite de Fayçal voit de plus en plus d’un mauvais œil le soutien américain invétéré à Israël dans le conflit arabo-israélien en gagnant de plus en plus d’autonomie face aux États-Unis et en finançant ouvertement des groupes palestiniens marxistes et radicaux.
3. Les contestations de l’empire américain (1958-1979)
L’empire américain construit au Moyen-Orient commence à s’affaiblir et à être contesté par les élites. Le gouvernement nationaliste du Parti Baas en 1958 en Irak, le rapprochement de l’Irak et de l’Iran (accords d’Alger de 1975) et le détachement progressif de l’Iran du glacis bâti par les États-Unis, la récusation de la politique américaine par Fayçal conduisent, en mars 1975, à l’assassinat de Fayçal par la CIA, et en avril, à la guerre du Liban manipulée par Israël et les États-Unis. En janvier 1979, le renversement du Shah d’Iran fomenté par des groupes religieux extrémistes soutenus par les anglo-saxons place Khomeiny à la tête d’une République Islamique.
Ce bouleversement de l’échiquier géopolitique ne profite ni aux américains (pour Khomeiny, l’Amérique est le « Grand Satan »), ni aux soviétiques (dont l’athéisme est fortement décrié). Cette révolution religieuse contamine également l’Arabie Saoudite qui gèle ses réformes progressistes sous la pression du courant des wahhabites. En 1979, non seulement le verrou stratégique de l’Iran tombe mais également l’URSS envahit l’Afghanistan. Les États-Unis sont affaiblis sur trois plans : militaire avec l’Iran et l’Irak (soutenus par l’URSS et la France pour l’Irak), idéologique avec l’Afghanistan et économique avec l’Arabie Saoudite.

2ème partie : l’effacement de l’influence soviétique et la mainmise énergétique américaine totale au Moyen-Orient (1979-1991)

1. Vers la fin d’un monde bipolaire (1979-1989)
Si le Moyen-Orient est marqué à partir des années 50 par la fin des pré carrés coloniaux européens et le positionnement des États-Unis pour le contrôle de l’énergie, on observe un basculement de la donne géopolitique. Alors que les États-Unis étaient favorablement perçus comme l’émancipateur du joug des colons européens en garants puissants de la démocratie, leur aura s’émousse progressivement.
1979 est une date particulièrement clé dans la compréhension du Moyen-Orient :
* Par l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS (qui se révèlera être une erreur stratégique), l’influence des États-Unis et le Pakistan, leur allié, sont directement menacés, * Par la révolution iranienne de Khomeiny, qui est religieuse et qui s’écarte de toute orbite d’influence (URSS ou USA), les États-Unis perdant leur atout essentiel dans la région, * Malgré les premiers pas d’une reconnaissance par les pays arabes du statut d’Israël (qui pour les États-Unis est un facteur de poids dans la stabilité stratégique de la région) par la signature par Sadate, successeur de Nasser, d’un traité de paix et de reconnaissance de la frontière entre Israël et l’Égypte.
a. Les bouleversements de la révolution iranienne(1979)
En 1979, la révolution iranienne surprend et dérange l’équilibre géopolitique de la région pour plusieurs raisons :
* En premier lieu, le régime des mollahs est religieux et il conteste le contrôle de la dynastie saoudienne sur les Lieux Saints (La Mecque). L’Arabie Saoudite sunnite craint de son côté une contagion de la révolution islamique à sa région pétrolière peuplée de minorités chiites. * En deuxième lieu, l’Iran, puissamment armé jusque-là par les Américains, se réorganise militairement difficilement. Stratégiquement, l’Irak de Saddam Hussein compte profiter de cette faiblesse pour envahir une zone pétrolière du Sud de l’Iran, chiite, à l’Est du Chatt-el-Arab. * En troisième lieu, de fait, la montée en puissance de l’Irak, soutenu par l’URSS et la France depuis 1958, face à un Iran devenu anti-américain, inquiète fortement son voisin direct : Israël.
b. La montée en puissance de l’Irak (1968-1988)
Effectivement, les revers de la politique américaine au Moyen-Orient imposent donc de trouver de nouveaux alliés pour contrebalancer la menace stratégique. L’Irak profite donc de ce changement de vent en sa faveur et fédère tous les intérêts. En déclenchant une guerre contre l’Iran, jusque-là militairement très puissante, l’Irak reçoit le soutien de tous : pendant le conflit, de 1980 à 1988, l’Arabie Saoudite, les pays du Golfe, le Koweït, la France, les États-Unis et même l’URSS, non seulement ferment les yeux sur cette invasion territoriale, mais contribuent à fourbir les armes de la plus puissante armée du Moyen-Orient.
Mais, cette guerre, qui s’augurait brève, s’éternise pour deux causes :
* L’une, endogène, tient au fait que la zone envahie est chiite et que l’Irak, bien que son parti Baas soit laïque, est majoritairement peuplé de chiites (et possède également des lieux saints chiites comme Kerbala et Nadjaf). La résistance iranienne repose donc sur deux atouts : son sentiment national et sa proximité religieuse avec la population d’Irak. * L’autre, exogène, repose sur le jeu des relations internationales : les services secrets d’Israël, craignant les conséquences d’une victoire irakienne, et afin d’épuiser les deux pays ont contribué, avec l’appui américain à moderniser l’ancienne armée du Shah. C’est le fameux scandale de l’Iran Gate.
c. Le bourbier afghan (1979-1989)
L’URSS, en envahissant l’Afghanistan, loin de vouloir atteindre les « mers chaudes » comme on le redoutait à l’époque, semble, en réalité, plutôt vouloir simplement sauver les techniciens et coopérants soviétiques confrontés à une importante et sanglante vague de contestations.
* Comment en est-on arrivé à cette situation-là ?
L’Afghanistan est encore au début du siècle un pays isolé en raison du « Grand Jeu » que se livrent les deux puissances impériales, russe et britannique. Il n’y a eu que très peu de contacts avec le Moyen-Orient et l’Afghanistan, malgré une tentative de modernisation par le roi Amanullah étouffée par les mollahs en 1929, a un mode de fonctionnement quasi-autarcique jusqu’au milieu des années 1950.
C’est effectivement de conserve que Britanniques et Russes ont contribué à établir un royaume-tampon en Afghanistan, dont l’instabilité aurait été préjudiciable à l’équilibre entre les deux empires. L’Afghanistan est donc neutralisé et isolé.
Dans les années 50-60, l’Afghanistan attise les convoitises des deux nouvelles puissances. De grands chantiers sont menés pacifiquement (l’immense aéroport de Kandahar, par exemple) jusqu’à ce que les États-Unis cèdent leur place, préoccupés par la montée en puissance de l’Iran. Les Soviétiques, à partir de la fin des années 60, dépêchent alors sur place de nombreux cadres et forment une armée moderne. Cette modernisation cristallise cependant l’hostilité des religieux.
En 1973, le roi est balayé au profit d’un président soutenu par un parti communiste (le Parti démocratique du peuple afghan) dont les rivalités internes poussent à des réformes de plus en plus radicales. La forte opposition des partis ultra religieux et des mollahs atteint son paroxysme lorsque en 1978 et 1979 diverses insurrections et lynchages de cadres soviétiques obligent l’URSS à intervenir militairement.
* L’instrumentalisation de la résistance
Le front de résistance à l’URSS en Afghanistan n’est pas uni. De tous temps, les tribus se sont fortement opposées et livrées à des luttes sanglantes. La plus importante –et la plus connue– de ces rivalités tribales traditionnelles est celle entre Pachtouns et Tadjiks, de part et d’autre de la frontière pakisto-afghane.
Une importante aide financière est déclenchée par les États-Unis (qui fournissent le matériel militaire léger aux chefs de guerres religieux réfugiés au Pakistan) mais aussi par l’Arabie Saoudite et les riches pays du Golfe. De plus, de tout le monde arabe affluent des combattants du djihad, les moudjahidin, pour rallier la résistance contre l’URSS.
La guerre d’Afghanistan bascule vraiment en 1986, lorsque les États-Unis fournissent les missiles Stinger (via l’Arabie Saoudite qui les revendaient par des réseaux pakistanais) contre les hélicoptères soviétiques, pour aboutir, finalement, au retrait soviétique de l’Afghanistan en 1989.
Mais, pendant les 10 ans d’occupation soviétique, les trafics d’armes alimentés par le jeu de tous les puissants, de drogue (l’Afghanistan fournit 80% de l’héroïne mondiale) ont rôdé les circuits de la guérilla et de la résistance de ces moudjahidin au plus haut point.
2. La mainmise américaine au Moyen-Orient (1989-1991)
En 1989, l’URSS a constaté son échec cuisant en Afghanistan et se retire. De fait, après la guerre menée pour réduire les visées irakiennes et lorsque l’URSS disparaîtra fin 1991, les États-Unis ressortent comme la principale puissance dominant les enjeux du Moyen-Orient et comme les uniques instigateurs des processus de réconciliation (Madrid en 1991 ou Oslo en 1993)
a. La « guerre du Golfe » (1990-1991)
Lorsque Saddam Hussein, disposant (grâce à ceux qui lui livreront cette guerre), de la plus puissante armée du Moyen-Orient, envahit le Koweït pour en faire une province irakienne, la réaction internationale est immédiate. L’URSS périclitant et proche de son implosion n’empêche pas l’ONU de décider l’envoi d’une force internationale.
Rapidement, l’armée irakienne est écrasée mais le régime de Saddam Hussein est maintenu au pouvoir. En revanche, le stock de missiles de moyenne portée doit être détruit et les résolutions de l’ONU prévoyant un embargo et de très lourdes sanctions sont décidées (le fameux « pétrole contre nourriture »).
Par précaution, des bases militaires américaines sont implantées définitivement sur le sol saoudien et dans le Golfe. A tel point que cette présence américaine est de plus en plus mal vue sur le sol sacré des saoudiens wahhabites.
b. Les raisons de la guerre
En réalité, que faut-il lire derrière ce conflit si vite décidé ?
Certes, l’Irak envahit un pays souverain, membre des Nations Unies, et menace ainsi la sécurité directe de l’Arabie Saoudite (zones pétrolières chiites) et d’Israël (à portée de missiles et d’une invasion territoriale).
* Néanmoins, il faut souligner qu’avec la chute du Mur, la déliquescence puis finalement l’effondrement de l’URSS en 1991, les États-Unis n’ont plus aucune légitimité à maintenir leur puissance au Moyen-Orient, face à une menace qui n’existe plus. * D’autre part, l’Irak n’accorde pas un grand intérêt commercial aux États-Unis privilégiant plutôt l’Europe (notamment la France) ou l’Asie (Japon, Chine). * Enfin, le parti de Saddam Hussein, le Baas, progressiste et laïc, est le dernier ersatz des aspirations panarabes du Moyen-Orient (après le nassérisme des années 1950 ou l’autre parti Baas syrien). Ce nationalisme arabe séduit et attire encore la sympathie de nombreux pays arabes et européens. Tous ces arguments font de l’Irak l’obstacle à la mainmise énergétique américaine.
c. La sécurité du pétrole de la Mer Caspienne
Il ne faut pas oublier les vues américaines sur le pétrole des pays riverains de la Mer Caspienne qui iront grandissantes. Comme le soulignent de nombreux documents stratégiques américains concernant la maîtrise de tous les flux énergétiques et économiques mondiaux (cf. The Grand Chessboard de Brzezinski), les routes d’acheminement du pétrole du Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan doivent être libérées de toute influence russe (ou chinoise, avec l’accord sino-kazakh en 1997).
Pour les États-Unis, la Turquie doit être un allié clé pour la sécurité des oléoducs, tout comme les groupes et partis islamistes indépendantistes (Tchétchénie), afin de repousser l’influence russe sur ses anciens satellites.
Tous ces jeux indirects, ces trafics et ces manipulations de la politique américaine pour assurer son assise énergétique et économique ont contribué néanmoins à l’apparition d’une nouvelle carte : la montée en flèche de l’islamisme.