samedi 3 octobre 2009

Nucléaire iranien: les dessous d'"une journée constructive" à Genève

Par Georges Malbrunot le 2 octobre 2009 20h57

iran solana jalili.jpgEspoirs. La rencontre de Genève n’a pas réglé le problème nucléaire iranien. Mais elle a permis d’avancer enfin sur la voie de négociations sérieuses entre les Occidentaux, emmenés par les Américains, et le régime de Téhéran, qui marque pour la première fois son désir de discuter de son programme nucléaire. Et non plus seulement de gagner du temps.

Après quatorze mois de rupture des pourparlers, deux avancées ont été enregistrées jeudi. Téhéran, tout d’abord, s’est engagé à autoriser l’accès très rapide (dans dix jours environ) à son nouveau site d’enrichissement d’uranium, dont l’existence n’avait été révélée que la semaine dernière. C’était une exigence forte des Occidentaux.

Ensuite – et c’est sans doute, là, la clé de cette « journée constructive », comme l’ont qualifié à la fois Américains et Iraniens – les parties se sont mises d’accord sur le principe d’un enrichissement à l’extérieur de l’Iran de l’uranium faiblement enrichi au préalable dans les centrifugeuses iraniennes.

Mais comment croire qu’en l’espace de quelques heures, alors qu’on nous prédisait généralement un échec, les deux camps aient pu autant progresser sur un litige, au cœur jusqu’à maintenant du différend entre l’Iran et l’Occident.

En fait en coulisses, Américains et Iraniens avaient déjà pris langue, ces dernières semaines. Selon nos informations, les deux parties ont eu au moins une correspondance secrète, avec des ouvertures à la clé, portant notamment sur le transfert à l’étranger de cet uranium faiblement enrichi.

En public, tout part fin août du long entretien d’une heure et demie donné par Mahmoud Ahmadinejad à l’hebdomadaire américain Newsweek. Pour la première fois, le président iranien fait part de son offre d’acheter aux Etats-Unis de l’uranium enrichi pour usage médical, et il propose des rencontres entre experts des deux bords.

Ces propositions passent généralement inaperçues dans la presse, mais pas dans les allées du pouvoir aux Etats-Unis, bien sûr ; ni même en Europe, en France et en Russie, notamment. Car « Obama, après avoir saisi la balle au bond, va mouiller ces deux pays dans les réponses qu’il compte faire aux offres iraniennes », explique un connaisseur du dossier.

Et, c’est le 12 septembre, selon nos sources, que Paris, non sans quelques réticences, aurait dit oui à sa participation au scénario dévoilé avant-hier à Genève par un responsable américain sous couvert de l’anonymat.

L’Iran transférerait l’essentiel de ses stocks d’uranium enrichi à 3,5% à la Russie, qui l’enrichirait ensuite à 19,75%, soit un niveau toujours nettement en-dessous du seuil requis pour forger une arme nucléaire (90%). Et second élément du dispositif, des techniciens français produiraient à partir de cette matière des tubes de combustible pour alimenter le réacteur de recherche dont dispose Téhéran.

Avantage de ce plan, s’il est mis en œuvre : une réduction significative des stocks iraniens d’uranium faiblement enrichi, qui sont une source d’inquiétude chez les voisins arabes de l’Iran, mais aussi en Occident.

Au final, l’Iran fait un geste en acceptant ce transfert, mais il ne renonce pas à son « droit sacré à l’enrichissement ». Si les Occidentaux, de leur côté, ont dû abandonner leur exigence de « zéro centrifugeuse », ils enregistrent une victoire en matière de lutte contre la prolifération nucléaire. Détail important, personne ne perd la face.

Cet accord n’est que ponctuel, mais il pourrait préfigurer un arrangement permanent, espèrent aujourd’hui les plus optimistes de chaque camp. Si la confiance n’est pas encore établie entre Téhéran et les Occidentaux, chacun semble avoir fait un pas vers le seul point d’équilibre possible: pour les Occidentaux, accepter le programme nucléaire iranien dans ses grandes lignes, et pour les Iraniens, accepter que ce programme soit suffisamment encadré et surveillé pour rassurer le monde et interdire tout détournement à des fins militaires.

http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/

Akbar Etemad : "J’ai peur que l’on pousse l’Iran vers l’arme nucléaire"

vendredi 2 octobre 2009 - 05h:17

Nicolas Falez - RFI


Né en 1931 à Hamadan en Iran, Akbar Etemad a étudié la physique nucléaire en France et en Suisse. De 1974 à 1978, sous le Shah, il dirige l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (une structure qui existe toujours). Akbar Etemad vit en France depuis la Révolution islamique mais il se rend régulièrement en Iran et défend - avec son franc-parler - l’actuel programme nucléaire de Téhéran. Entretien.

RFI : Lorsque vous le dirigiez, dans les années 70, le programme nucléaire de l’Iran était-il strictement limité aux applications civiles ?

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Akbar Etemad, ancien président de l’Organisation Iranienne de l’Energie Atomique

Akbar Etemad : Quand on m’a proposé ce poste, je me suis demandé : qu’est-ce qu’ils cherchent à avoir ? J’ai dû éclaircir ça avec le shah. Un jour, je lui ai dit « Majesté, je dois savoir si vous voulez faire la bombe ou non car le programme à mettre en place est différent suivant que l’on cherche à fabriquer la bombe ou l’énergie électrique... Il faut le dire carrément, parce qu’il faut que je fasse un choix ». Il m’a invité à m’asseoir et il m’a expliqué sa conception de la défense et de la sécurité du pays. Il considérait que, dans la région, notre armée était la plus puissante et que nous n’avons pas besoin d’armes supplémentaires pour le moment. Mais si, d’ici dix ans, quinze ans, vingt ans, la situation changeait et que notre sécurité soit menacée, il faudrait revoir la situation. On va s’asseoir à nouveau et en parler. Alors je dis : « Majesté, l’option nucléaire serait envisageable si la situation changeait ? ». Il a réfléchi et il a dit « Pourquoi pas ! ».

Ma tâche a été de maîtriser la technologie nucléaire pour être prêt à toute éventualité. C’est pour cela que je n’ai pas limité la recherche et donné toute liberté à mon équipe, car ma tâche n’était pas de choisir entre des technologies. C’était un programme complet, ambitieux et en même temps pragmatique.

RFI : A la Révolution Islamique, vous quittez l’Iran. Mais vous avez posé les bases du programme actuel et vous continuez à suivre ce dossier, même de loin. D’après vous, l’Iran a-t-il un programme nucléaire militaire ?

Akbar Etemad : Je pense qu’il n’y a aucun pays qui s’est lancé dans l’armement nucléaire sans raison valable. Ce sont les nécessités de sécurité qui poussent un pays à aller vers l’arme nucléaire. L’Iran, tant qu’il n’a pas besoin de l’arme nucléaire, ne la fera pas. Ce ne sont pas des fous. Ils ne le feront pas. Mais ce dont j’ai peur personnellement, c’est qu’on fait tout pour pousser l’Iran actuellement vers l’arme nucléaire, à force d’imposer des sanctions, à force de dire chaque jour, que les Occidentaux sont prêts à attaquer l’Iran. Israël, l’Amérique disent tous les jours qu’ils gardent l’option militaire. Le président français attaque sur un ton extrêmement désagréable les autorités iraniennes. Toute cette politique est extrêmement stérile. Depuis cinq ans que dure cette politique de menaces, elle n’a donné aucun résultat. En continuant, j’ai un peu peur que les Occidentaux ne poussent le gouvernement iranien à bout et qu’il ne finisse par songer à la fabrication de l’arme nucléaire.

RFI : Les Occidentaux justifient leurs doutes et leurs inquiétudes en rappelant qu’un programme nucléaire clandestin a été découvert en Iran en 2002. La semaine dernière, c’est un site nucléaire caché (une deuxième usine d’enrichissement d’uranium) qui est sorti de l’ombre. Cela vous a-t-il étonné ?

Akbar Etemad : Pas du tout, parce que techniquement, si vous voulez faire de l’enrichissement avec des centrifugeuses, vous n’avez pas besoin de les avoir toutes au même endroit. Vous pouvez les éparpiller un peu partout. Comme Israël et les Etats-Unis menacent de bombarder les installations nucléaires iraniennes, Téhéran préfère les éparpiller. Et puis comment les Iraniens ne seraient-ils pas assez intelligents pour diversifier leurs sites d’enrichissement pour être moins vulnérables ? Et ils ont raison de le faire.

RFI : L’Occident s’inquiète aussi du développement d’un programme balistique en Iran ?

Akbar Etemad : Evidemment, parce que si vous disposer un jour de l’arme nucléaire, il faut compléter la gamme de vos outils de combat. L’Iran a besoin des fusées parce que les autres l’ont. Comme Israël par exemple. Pourquoi pas l’Iran ? De plus, quand vous construisez des fusées, vous prévoyez, tout comme les autres le font, de faire porter, si besoin il y a, une arme nucléaire avec une fusée à longue portée.

RFI : Réunion très attendue des Six et de l’Iran ce jeudi. Quelles erreurs doivent être évitées de part et d’autre ?

Akbar Etemad : L’important est avoir des deux côtés un langage de conciliation, de compromis, de dialogue. On ne vient pas ici pour se battre. Je pense que les Américains sont actuellement pour le dialogue parce qu’ils ont beaucoup de problèmes ailleurs : en Irak, en Afghanistan, au Pakistan sans compter les problèmes internes. Les Etats-Unis ne peuvent plus entrer dans un conflit ouvert avec l’Iran. Mais ce qui m’étonne, c’est que la France se fasse la championne de la dureté et d’un langage extrêmement désagréable. C’est un langage que je n’aime pas. On peut suspecter l’Iran de faire ceci ou cela mais il faut tout de même utiliser un langage qui ne soit pas aussi désagréable que cela. Si Nicolas Sarkozy maintient ce langage, Ahmadinejad fera de même et on n’aura aucun résultat.

RFI : Le risque, en cas d’échec, c’est un durcissement des sanctions ?

Akbar Etemad : Des sanctions ? Mais l’Iran est déjà sous le coup des sanctions. Par exemple, les Occidentaux menacent actuellement d’interdire d’exporter de l’essence vers l’Iran. Qu’ils le fassent ! S’ils pensent que ça change quoi que ce soit... Au contraire, le gouvernement iranien serait peut-être ravi de cette sanction. En Iran, il est très difficile de toucher au prix de l’essence. Mais si ce sont les Occidentaux, les gens acceptent. Cela faciliterait la tâche du gouvernement iranien.

30 septembre 2009 - RFI

http://info-palestine.net/article.php3?id_article=7390

Mubarak et Abbas vont-ils finir par se rebiffer ?

vendredi 2 octobre 2009 - 05h:27

Abdel Bari Atwan


Les prétendus « Arabes modérés » ont essuyé deux revers ces derniers jours : le premier, quand le Président Obama a laissé tomber sa demande d’un gel de l’activité israélienne dans les colonies comme condition préalable à la reprise du processus de paix ; le second, quand le ministre de la culture égyptien, Farouk Hosni, n’a pas obtenu le poste de président de l’UNESCO.

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Mubarak et Obama

Les gouvernements qui sont sages et qui respectent leurs peuples souhaiteront comprendre ce qui sous-tend ces problèmes et l’ingratitude occidentale qui les a suscités. Ils en tireront aussi les leçons et élaboreront une nouvelle stratégie afin de rectifier leurs erreurs et adapter leur disposition d’esprit ; ils adopteront de nouveaux plans d’action qui ne se baseront pas sur un désir de vengeance, mais par lesquels ils chercheront à trouver le moyen de servir les intérêts nationaux et pan-arabes avec habilité et efficacité.

L’expérience, tant avec le camp arabe « modéré » qu’avec « l’opposition » (c’est ainsi qu’on les appelle de nos jours), n’est absolument pas encourageante et a montré que les chances de changement sont au mieux limitées, sinon totalement inexistantes.

Nous ne croyons absolument pas que le Président palestinien Mahmoud Abbas - qui a été forcé par le Président Barack Obama des USA de serrer la main du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et de son Ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, et a été invité à de nouvelles négociations sans qu’il soit question de geler les colonies - que donc Mahmoud Abbas retournera à Ramallah pour commencer à préparer une nouvelle Intifada, à l’instar de son prédécesseur, feu Yasser Arafat, au retour de Camp David quand il s’est rendu compte que la paix selon les USA signifiait renoncer à Jérusalem et au droit au retour des réfugiés palestiniens.

Nous ne nous attendons pas à ce que le Président Hosni Moubarak change de position ou mette en péril sa relation étroite avec Netanyahu, même si ce dernier avait promis personnellement qu’Israël soutiendrait Faruq Hosni lors de l’élection à l’UNESCO et arrêterait la violente campagne juive contre lui. La suite a montré que les hauts fonctionnaires du gouvernement israélien n’ont jamais cessé de manœuvrer contre l’élection du candidat égyptien, l’accusant d’antisémitisme et exigeant son élimination de toutes les manières possibles.

Les présidents palestinien et égyptien se soucient trop de garder le pouvoir pour prendre une mesure risquant de fâcher le maître de la Maison-Blanche et ses alliés européens. Abbas enverra ses négociateurs à Washington pour rencontrer leurs homologues israéliens en réponse à l’invitation des USA comme s’il ne s’était pas rendu compte que l’administration d’Obama avait reculé sur la question des colonies. Le second président, Moubarak, continuera à recevoir Netanyahu et Barak et s’emploiera à renforcer sa relation étroite avec la troïka européenne qui l’a poignardé dans le dos et a voté pour la candidate bulgare, à savoir Sarkozy (France), Berlusconi (Italie), et Zapatero (Espagne).

Ces deux présidents oublient pratiquement la dignité nationale quand ils traitent avec les dirigeants israéliens et occidentaux. Comment expliquer autrement la rencontre et la poignée de main du Président Abbas avec Netanyahu et Lieberman, sans parler de Barak, alors qu’à deux reprises il a absolument refusé de serrer la main de Khaled Meshal, président du bureau politique du mouvement islamique de résistance (Hamas), pendant ses visites à Damas - au cours de la première, il a rencontré tous les chefs des mouvements de résistance à l’exception de Meshal.

Allons plus loin et demandons innocemment les raisons pour lesquelles le Président Hosni Moubarak n’a pas reçu son homologue syrien, ni ne lui a serré la main et ne s’est pas rendu à Damas, alors qu’il a reçu Netanyahu deux fois en quatre mois : la première à Charm el-Cheikh, la seconde fois, il y a 10 jours, au Caire, où il l’a invité à une rupture de jeûne pour le Ramadan, comme si le premier ministre israélien était l’un de ceux qui prêchent le paradis.

Nous souhaitons que le Président Mubarak se rende juste compte combien profondément son pays a été blessé par les résultats humiliants de la compétition et de la décision de l’UNESCO qui a suivi. Il avait personnellement mis tout son poids derrière Husni et il a agi comme s’il contrôlait sa campagne électorale en plaçant sa candidature en premier point de l’ordre du jour de ses entretiens avec Netanyahu et avec le président français lors de sa visite récente à Paris, quand les journaux français avaient signalé que le but principal de la visite était d’obtenir le soutien de la France au candidat égyptien.

Nous ne demandons pas que le président égyptien envoie son armée contre Israël, qu’il boycotte les Etats-Unis, ou tourne le dos aux pays européens qui l’ont laissé tomber, lui et son candidat, en lui préférant un candidat européen qui a franchement reconnu sa nostalgie du communisme et dont le pays a quitté le Pacte de Varsovie il y a très peu d’années.

Nous voulons que le Président Mubarak exige de son allié, le Président Abbas, qu’il ne retourne pas à la table des négociations avec Israël sans un arrêt complet de l’activité colonisatrice, avec des références très précises à la levée du blocus imposé aux fils de la bande de Gaza et à la conduite d’une initiative arabe de réconciliation qui mette en ordre la maison arabe et impose que soit respectée l’initiative arabe pour la paix.

Si cette demande est impossible en raison du refus par Mubarak de tout type de confrontation ou de désaccord, sauf quand cela concerne précisément ceux qui s’opposent à lui, les frères [musulmans], ceux qui meurent de faim dans la bande de Gaza, et les frères dans le Halayib soudanais, nous proposons qu’il ordonne au moins à ses forces dans le Sinaï de ne pas prendre pour cible et tuer les immigrés africains s’infiltrant en l’Israël, et qu’il cesse de jouer le rôle du gardien de frontière, laissant ce business inhumain aux Israéliens de l’autre côté.

L’administration d’Obama qui néglige les Arabes et cède totalement et d’une manière honteuse à la pression de Netanyahu sur le gel des colonies, ne peut pas sponsoriser de négociations fructueuses traitant des questions liées au statut final telles que Jérusalem, les réfugiés, les frontières, et l’Etat palestinien indépendant. Obama a très bien réalisé qu’un désaccord avec Netanyahu serait pour lui et son administration très coûteux en raison de ses répercussions intérieures ; aucun dommage, naturellement, n’est à craindre lorsqu’on irrite les Arabes et leurs gouvernements, et cela pourrait même avoir des effets positifs pour la simple raison que les dirigeants arabes ont décidé d’être les outils des projets américains dans leur région, sans la moindre discussion.

Netanyahu a non seulement brisé la volonté d’Obama et de son administration mais il s’est également avéré être plus influent en Amérique que le président américain lui-même. Sa prochaine étape sera de casser la volonté des Nations Unies et de les forcer à annuler le rapport qui condamne les crimes de guerre israéliens dans la bande de Gaza et exige que ces responsables soient traduits devant la cour internationale de la Haye.

Notre malheur à nous Arabes, se résume à un dirigeant qui a paralysé le rôle de l’Egypte et a donc paralysé la région arabe, et à un président palestinien dont le rapport avec la Palestine, sa cause, ses martyres, ses prisonniers, son peuple est devenu vague et formel. Par conséquent les coups continueront à tomber l’un après l’autre sur cette nation.

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25 septembre 2009 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.bariatwan.com/index.asp?...
Traduction : Anne-Marie Goossens et Claude Zurbach

Des juifs affrontent le sionisme

le 2.10.2009
Une des principales réussites du gouvernement israélien avec le bombardement et l’invasion de la bande de Gaza l’hiver dernier a été d’inspirer une nouvelle vitalité aux groupes de gauche et pacifistes solidaires de la lutte palestinienne pour la justice et la libération. Cette vague d’activité a continué après le soi-disant cessez-le-feu, avec des manifestations et des actions directes de New York à Los Angeles, Paris, Jaffa et Tel-Aviv. Le plus remarquable a été la sortie en plein jour d’une fraction importante et déterminée du monde juif, pas seulement opposée aux guerres et aux occupations du gouvernement israélien mais critiquant le sionisme lui-même.

Les blocages de consulats israéliens à Los Angeles et San Francisco ont été entrepris en partie par les membres d’IJAN, le Réseau International Juif Antisioniste récemment créé. L’occupation du consulat de Toronto a été menée par ‘Femme Juives pour Gaza’, dont des membres du réseau canadien antisioniste ‘Pas En Notre Nom’ (Not In Our Name). Une manifestation de 700 personnes à New York a été organisée par ‘Jews Say No’, un groupe ad hoc de militants Juifs, dont beaucoup critiquent le sionisme depuis longtemps. Le groupe diasporiste Londonien Jewdas a utilisé un e-mail mystificateur pour faire annuler un rassemblement pour la guerre appelé par le Conseil des Représentants des Juifs Britanniques, et il a reçu un immense soutien. Et le groupe d’action directe anti-nationaliste israélien, Anarchistes Contre le Mur, à bloqué une base aérienne israélienne à Tel-Aviv. Presque tous les événements publics les plus visibles montrant une opposition juive à la dernière escalade de la guerre à Gaza ont été organisés et réalisés largement par des Juifs non- ou anti-sionistes (et ceux qui s’opposent au sionisme mais préfèrent ne pas définir leur politique à son égard).

Ceci n’est pas une coïncidence. Les huit années de l’Intifada actuelle ont aussi vu la montée du mouvement mondial de solidarité avec la Palestine et de sa stratégie actuelle boycott/désinvestissements/sanctions. En même temps la critique juive du sionisme s’est répandue et est devenue plus bruyante que jamais depuis la création d’Israël en 1948, malgré le soutien inepte que le gouvernement étasunien offre à Israël depuis 1967. Ce soutien, d’après les avocats et défenseurs d’Israël ainsi que selon Washington, proviendrait du soutien écrasant des communautés juives étasuniennes pour Israël. C’est bien sûr notoirement faux. Comme beaucoup d’analystes l’ont fait remarquer – récemment Mearsheimer and Walt dans leur livre très attaqué ‘Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine’ – les communautés juives des USA ont joué un rôle plutôt marginal dans l’édification du soutien du gouvernement étasunien pour Israël. Bien plus significatives sont : l’industrie des armes, que l’aide américaine à Israël subventionne; l’industrie pétrolière, qui voit en Israël un contrepoids au pouvoir régional des états arabes pétroliers ; la droite chrétienne, qui croit que le pouvoir juif sur tout l’Israël biblique est une précondition pour le Second Avènement ; et le racisme anti-arabe/anti-musulman et la xénophobie particulièrement après le 11 septembre 2001 et les guerres des USA en Afghanistan et en Irak. Quand l’influence juive est significative – dans les travaux de l’AIPAC [1] par exemple – elle vient de l’influence d’un petit nombre d’individus riches et de droite dont la politique ne reflète nullement l’opinion publique juive américaine, comme même les données rassemblées par des enquêteurs conservateurs l’indiquent.

La rhétorique du ‘soutien-des-USA-pour-Israël-en-réponse-aux-intérêts-et-aux-souhaits-des-Juifs-Américains’ est pourtant devenue progressivement de moins en moins convaincante. La récente montée de la visibilité des critiques juives du sionisme coincide avec une critique d’Israel de plus en plus exprimée et acceptée dans les communautés juives américaines. Il est très difficile d’en donner une estimation définitive, mais des histoires comme les suivantes, que j’ai entendu toutes depuis le début des attaques les plus récentes d’Israël sur Gaza, étaient rares pendant la décennie que j’ai consacrée auparavant à agir intensément au côté juif du mouvement de solidarité pour la Palestine :

L’enfant d’un enseignant d’une école privée juive refuse de rejoindre sa famille et son école à une manifestation pour la guerre.

La femme d’un rabbin démissionne de toute activité dans la congrégation après qu’un événement sur la non-violence – sans lien avec la Palestine ou avec Israël – ait été annulé par le Conseil de la synagogue.

Une responsable de l’association Hillel [2] à Columbia University publie un essai sur la contradiction entre son désir légitime d’apparaître progressiste et son job qui est de vendre « sous la contrainte » (selon ses mots) le programme Birthright Israel [3].

Une indication de l’étendue de ces critiques vient d’un sondage commandité par J. Street, le groupe sioniste sensément progressiste, qui trouve que les Juifs des USA - même dans un échantillon anormalement âgé, riche et engagé religieusement – sont fortement opposés aux punitions collectives et aux colonies, hostiles à l’électorat israélien de droite, et soutiennent un gouvernement d’unité Fatah-Hamas comme « partenaire pour la paix ».

Ce contexte d’ouverture relative à la critique d’Israël provient en grande partie d’années d’organisation, d’activité et d’éducation par des groupes comme ‘Jews Against the Occupation/NYC’, ‘Jewish Voices for Peace’ (national) , ‘Jews for Peace in Palestine and Israel’ (Washington, DC), ‘Jews for a Free Palestine’ (Région de San Francisco), et ‘No Time to Celebrate’ (national), qui ont tous rompu avec l’orthodoxie de la position « pro-Israël, pro-paix » pour se focaliser sur la justice pour les Palestiniens. Les groupes sionistes « pro-paix », comme Meretz-USA, ‘Americans for Peace Now’, Tikkun, le ‘Shalom Center’, et ‘Brit Tzedek v’Shalom’, ont été avant tout actifs sur le papier depuis 2000 ou comme organisateurs de conférences dotés de droits d’entrée élevés. Les groupes « pro-justice », par contre, ont été capables de maintenir une présence croissante dans la rue et dans les médias pendant les neuf années de l’Intifada actuelle. Leurs critiques structurelles des actions du gouvernement israélien et du projet sioniste ont ouvert un espace pour que ces critiques modérées soient dites ouvertement, comme elles ne l’étaient pas il y a 5 ou 10 ans.

Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi ces voix plus « radicales » sont elles venues au premier plan si fort cet hiver ? Je crois que c’est à cause des changements dans le mouvement de solidarité avec la Palestine et plus largement dans la gauche, et dans la réflexion juive sur l’identité et la politique.

Une origine vient d’une suite de développements dans le mouvement de solidarité avec la Palestine qui a poussé l’ensemble du mouvement vers une analyse structurelle centrée sur le sionisme. L’éclatement de la 2eme Intifada en 2000 a déclenché une conscience bien plus grande de la gauche (et au-delà) à la fois de l’occupation de 1967 de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem Est et des réalités de la guerre du gouvernement israélien contre les Palestiniens. Un examen plus serré des accords d’Oslo - et de leur fonction pour masquer des vols supplémentaires de terres et pour coopter des parties de la direction palestinienne – a conduit rapidement le mouvement à s’éloigner de la priorité à un retour au statu quo de 1999. Une connaissance plus intime de la vie quotidienne des Palestiniens (sous l’occupation, dans les frontières de 1948 et en exil) a montré aux organisateurs comment bien des éléments de la situation actuelle étaient directement liés, non pas à la guerre de 1967, mais à celle de 1948 (ainsi, une majorité de Palestiniens, y compris une majorité de ceux des territoires occupés, sont des réfugiés de la Nakba, ‘catastrophe’, comme on désigne en arabe le nettoyage ethnique de la Palestine en 1947-48), ou à l’effort de colonisation pré-étatique sioniste (par exemple, le rôle du Keren Kayemet L’Israel/Fond National Juif comme agent de déplacement et de vol de terres).

Si bien qu’à la fin de 2008, une fraction significative du mouvement de solidarité a commencé à se focaliser sur le sionisme lui-même et à élaborer sa stratégie en conséquence. Ceci s’est traduit par le soutien de l’appel de la société civile palestinienne pour une stratégie combinée boycott/désinvestissements/sanctions, et par une réévaluation (et souvent un rejet) du modèle de partition (« deux Etats ») comme solution à long terme. Ces changements ont autant impliqué les participants Juifs au travail de solidarité avec la Palestine que les autres, et dans certains cas ils ont eu un rôle directif ou de soutien par leurs analyses du sionisme comme mouvement colonial (par exemple, récemment, voir l’essai de Nava EtShalom et de Matthew N. Lyons «Bring on the bulldozers and let’s plant trees’: The Problems of Labor Zionism. » [4]).

Le rôle central que les mouvements féministes et queers [5] et leurs analyses ont joué dans ce développement est un autre élément clé du jaillissement nouveau des critiques juives du sionisme, rarement remarqué dans la presse libérale ou progressiste. Cette influence est surtout évidente par la prédominance, dans la solidarité avec la Palestine, de groupes Juifs - et non-juifs - comme Women in Black; Kvisa Shchora (un groupe queer israélien radical, connu pour ses actions spectaculaires « No Pride in the Occupation” [Pas de quoi se vanter de l’Occupation]); New Profile (l’organisation féministe largement responsable de la visibilité et de la montée du mouvement de résistance à la conscription dans les collèges israéliens); Aswat: Femmes lesbiennes Palestiniennes, et le projet d’accompagnement en Cisjordanie de l’International Women’s Peace Service. Tous ces projets apportent au mouvement une orientation vers l’analyse structurale, une position de base antinationaliste et antimilitariste, et un regard sur la façon dont les structures de pouvoir raciales, économiques, nationales, de genre et sexuelles se rencontrent et souvent se soutiennent mutuellement. Leurs études élaborées du nationalisme israélien et du sionisme ont eu une influence au-delà de leur contact direct avec d’autres organisations.

Et la présence d’organisateurs de la solidarité avec la Palestine dans la sphère juive étasunienne ayant des origines dans les mouvements féministes et queers est peut-être encore plus omniprésente. ‘Veterans of ACT UP’, les ‘Lesbian Avengers’, ‘riot grrrl’, ‘Gay Shame’, ‘Fed Up Queers’, et une myriade de campagnes locales pour les droits en matière de reproduction (sans parler des projets spécifiquement juifs féministes et lesbiens comme Di Vilde Chayes, le ‘Jewish Women’s Committee to End the Occupation’ et d’autres) jouent des rôles clés en fixant le ton et la direction politique de groupes juifs de solidarité avec la Palestine tels que ‘Jews Say No’, ‘Jews Against the Occupation/NYC’, et ‘Jewish Voices for Peace’. Les actions mentionnées au début de cet article montrent cette influence : occupations de bureaux, barrages, mystifications – toutes font partie du répertoire perfectionné par ACT UP, la Women’s Action Coalition (WAC), Women’s Health Action & Mobilization (WHAM!), et les Lesbian Avengers pendant les années d’Oslo. Cet héritage est aussi une source majeure de la volonté de ces groupes de contester le sionisme directement plutôt que de limiter leurs critiques à des mesures et des actions spécifiques d’Israël. Les mêmes organisateurs sont souvent impliqués aussi dans un travail de solidarité avec la Palestine non-spécifiquement juif (Adalah-NY étant un cas particulièrement notable à cause de son adoption de tout cœur des tactiques issues d’ACT-UP), ce qui étend encore l’influence de ces lignées militantes.

Cet enracinement dans l’anti-nationalisme, l’analyse structurale et intersectionnelle féministe et queer et dans les tactiques d’action directes a été soutenu par le vaste changement parmi les radicaux US, spécialement les jeunes, vers ce qu’on pourrait appeler un nouveau trans-nationalisme, ou un trans-nationalisme par en bas. Commençant dans une certaine mesure avec les campagnes de soutien au soulèvement Zapatiste en 1994 au Chiapas (quoique certainement influencés par les solidarités précédentes avec les mouvements révolutionnaires en Espagne, en Amérique Centrale, Afrique du Sud et en Palestine), les radicaux étasuniens ont expérimenté de nombreuses façons pour trouver des stratégies de campagnes de solidarité internationales efficaces. Ceci a beaucoup varié, des luttes contre les ateliers de négriers à la fin des années 90 et des mobilisations de masse anti-sommets de 1999-2003, aux actions focalisées sur le plan Colombia, le plan Puebla-Panama et autres projets des USA dans les Amériques. Ils ont tous partagé, je dirais, une approche générale qu’on voit clairement maintenant dans le mouvement de solidarité avec la Palestine, y compris sa facette juive.

Ce que je qualifie de nouveau trans-nationalisme est résolument anticolonialiste et anti-impérialiste, antinationaliste ambivalent, fermement (quoique souvent vaguement) anticapitaliste, généralement antiautoritaire, et nullement unifié organisationnellement. Il reconnaît l’importance de la résistance « dans le ventre de la bête » tout en affirmant l’auto-détermination dans un réseau de communautés résistantes et le droit des luttes de libération de choisir les tactiques qu’elles trouvent les plus adaptées. Si ça a l’air beaucoup « anti » avec pas beaucoup de « pro », c’est souvent ainsi. Le meilleur journal qui émerge de cette partie de la gauche radicale pour le moment est le « journal de théorie et d’action » canadien ‘Upping the Anti’ [6], qui offre un espace bien nécessaire pour des discussions soutenues de politique révolutionnaire entre générations et mouvements. Le journal a choisi son nom précisément pour souligner sa mission d’aller de ces positions négatives vers une vision stratégique positive.

Quoi qu’il en soit, cette approche partagée, avec toutes ses tensions internes, est profondément inscrite dans les critiques juives actuelles du sionisme et dans le mouvement actuel de solidarité avec la Palestine en général. Nous voyons ainsi une ambivalence générale sur la valeur d’un Etat palestinien (en raison d’un plan de partage viable de moins en moins plausible) ; un refus de principe de condamner l’autodéfense armée (parallèlement à de fortes critiques de certaines tactiques) ; un soutien aux comités locaux de résistance prioritaire par rapport à l’attention vers les partis politiques principaux palestiniens ; une analyse claire du sionisme comme projet colonial de pair avec une option moins cohérente sur le nationalisme arabe ; un vague alignement avec la gauche palestinienne et une forte critique de la fiction du « sionisme de gauche », mais pas de vision claire d’une économie régionale non-capitaliste ; et une attention croissante sur les parallèles entre les stratégies israéliennes et US de « sécurité, « contre-terrorisme » et de militarisation.

Finalement, pour revenir à la sphère spécifiquement juive, la montée de la critique du sionisme fait partie d’un changement dans la culture et la pensée juives sur l’identité. Après plus d’un demi-siècle de domination sioniste sur l’éducation juive et les institutions communautaires, des voix alternatives percent, par des voies souvent sans rapport avec la Palestine mais qui au final soutiennent les efforts juifs de soutien à la Palestine. Au cours des dernières décennies, il y a eu une montée régulière de l’intérêt pour les cultures et histoires diasporiques juives, particulièrement chez les jeunes Juifs insatisfaits de la vision ‘Herzl-et-Hitler’ de la vie et de l’histoire juives présentée par les institutions juives dominantes, et de son principal concurrent, le fondamentalisme religieux.

Ceci a été le plus visible aux Etats-Unis dans ses manifestations Ashkénazes : les groupes klezmer [7] sont maintenant dans les principales rencontres et la « musique juive » est devenue un sous-genre sur-publicisé ; les questions de société des périodiques ont changé leurs titres de « le Yiddish meurt ! » à « le Yiddish revit ! » alors que gonfle l’intérêt et l’inscription aux cours ; le navire amiral de la rencontre des arts yiddishisants, Living Traditions’ annual KlezKamp, va avoir 25 ans en 2009.

D’autres communautés juives –Sépharade, Arabo-Juive, Beta Yisrael (Ethiopienne), Afro-Américaine, etc. – ont aussi exprimé des affirmations similaires de spécificité culturelle, souvent en opposition à la domination ashkénaze sur tous les espaces juifs possibles, comme, par exemple, dans le travail de Loolwa Khazoom (éditeur : The Flying Camel), Ammiel Alcalay (After Jews and Arabs; Memories of Our Future), Walter Isaac (“Locating Afro-American Judaism”), et Ella Shohat (Taboo Memories, Diasporic Voices; Flagging Patriotism). Avec ces changements culturels est venu un nouvel intérêt pour la politique, émergeant des mêmes communautés diasporiques.

Parmi les Ashkénazes, la ‘Jewish Workers Union’ socialiste révolutionnaire – plus connue sous le nom de Bund – est devenue un point de référence fréquent. En particulier, le principe du doykayt (here-ness, vivre là où nous sommes), combinant la spécificité culturelle juive et la solidarité interethnique basée sur des intérêts de classe partagés, a défini les efforts locaux des associations juives de justice sociale dans le pays, de ‘Jews for Racial and Economic Justice’ (à New York) à la ‘Progressive Jewish Alliance’ (à Los Angeles). Pourtant, malgré le lien direct entre le doykayt et l’antisionisme ardent du Bund, même les plus politisés des gens et des associations impliqués dans cet engagement renouvelé avec la Diaspora ont en général refusé fermement de s’engager sur la question du sionisme, et présenté une position confuse « pro-paix » ou mis en avant une attitude « l’art, pas la politique ». Il y a eu de notables exceptions: pour les points de vue Séfarades et Arabo-Juifs, Alcalay and Shohat (surtout dans “Sephardim in Israel: Zionism from the Standpoint of Its Jewish Victims” [8]), et dans les visions Ashkenazes ou Yiddishistes, la poète, militante et essayiste Irena Klepfisz (‘Dreams of an Insomniac’ et ‘A Few Words in the Mother Tongue’), et l’historien de la religion et de la culture Daniel Boyarin (‘Unheroic Conduct’, ‘Dying for God’, et ‘Border Lines’).

Pourtant, ces présentations de plus en plus exprimées des valeurs de la culture diasporique juive sont vite conflictuelles avec de nombreux aspects du sionisme. Et au final elles entrent en collision avec le sionisme globalement : le projet de mettre l’Etat d’Israël au centre de la vie juive dépend de la dévaluation et de l’effacement des cultures et histoires diasporiques, réduisant deux millénaires de vie juive à un vide ponctué seulement de massacres et de rédemption nationaliste. Au mouvement sioniste, aussi central que le contrôle de la terre de la Méditerranée au Jourdain, il y a l’exigence du ‘shlilat hagalut’ (négation ou liquidation de la diaspora), qui affirme que les cultures juives diasporiques « dégénérées » doivent être éliminées dans toutes formes sauf la pacotille Bagels & Seinfeld, et remplacées par une nouvelle culture hébreu militarisée et nationaliste. Si bien que les participants dans ce que Melanie Kaye/Kantrowitz a appelé le « diasporisme radical » (dans ‘The Colors of Jews: Racial Politics and Radical Diasporism’ de 2007 [9]) se voient de plus en plus eux-mêmes en opposition au sionisme, et solidaires des Palestiniens sur la base d’un ennemi commun et de l’intérêt de la justice.

Le « diasporisme radical », en tant que tel, est loin d’être répandu, même si son influence se voit beaucoup dans la sphère culturelle. Rien que pour les musiciens, il est central et central dans le travail d’artistes aussi divers que le neo-klezmer Black Ox Orkestar de Montréal, dont l’obsédant « Ver Tanzl » traite directement de l’occupation dans ses paroles yiddish, Dan Kahn, de Berlin, dont les airs du « cabaret post-dialectique » “Dumay” and “Nakam (6,000,000 d’Allemands)” s’opposent au projet sioniste d’un point de vue historique; la MC Invincible hip-hop de Detroit (“Emperor’s Clothes”); les Shondes, queer rockers de New York (“I Watched the Temple Fall”); le chanteur-compositeur Jewlia Eisenberg de la région de San Francisco ; et la légende punk Nomy Lamm de riot grrrl.

Cependant, la dynamique culturelle radicale qu’exprime le diasporisme est envahissante. Le très sioniste rapport « Beyond Distancing » [« Au delà de la distanciation »] de la fondation philanthropique Bronfman en apporte exactement la preuve [10]. L’enquête Bronfman a regardé les majorités passées qui s’identifiaient comme « pro-Israël » et niaient l’existence de l’occupation, et a trouvé que les jeunes Juifs étasuniens, indépendamment de leurs opinions politiques, étaient moins attachés à Israël que leurs ainés (avec à peine 20% « très attachés ») et ayant plus de chances d’être activement « distanciés » de l’Etat juif (11% parmi des enquêtés de moins de 35 ans penchant à gauche, et un surprenant 21% pour ceux penchant à droite, moyennant à 19 à 26% de ceux de moins de 49 ans). Peut être plus parlant, ils n’ont pas pu trouver une majorité de réponses parmi les moins de 35 ans pour dire que la destruction de l’Etat d’Israël « serait une tragédie personnelle ». Cette « distanciation », me semble t-il, est en partie le résultat du travail culturel diasporiste, et est certainement un élément significatif dans l’histoire de la montée de la visibilité de l’opposition juive au sionisme.

Les critiques juifs du sionisme – et la participation juive au mouvement de solidarité avec la Palestine en particulier – sont significatives au delà des limites des communautés juives elles-mêmes, notamment aux Etats-Unis, surtout à cause des privilèges donnés ici aux voix juives dans les discussions sur la Palestine et Israël. Mais, comme Esther Kaplan l’a écrit dans son essai « Globalize the Intifada » (dans ‘Wrestling with Zion’, Alisa Solomon et Tony Kushner, eds.), si les Juifs des USA et d’ailleurs ont un rôle à jouer dans la lutte pour la libération palestinienne, et dans certains cas occupent une position stratégique, ils ne sont en aucun cas à son centre. Pour les Juifs, comme pour chacun/e engagé dans cette lutte, la tâche est d’agir avec nos amis et camarades Palestiniens, Arabes et autres pour aller de notre opposition commune au sionisme vers des stratégies de résistance qui peuvent finalement libérer la Palestine.

Daniel Lange/Levitsky
Monthly Review, juin 2009
http://www.monthlyreview.org/090622lang.php

Titre originel : Jews Confront Zionism
Traduction :JPB

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Notes du traducteur :

[1] AIPAC : « American Israel Public Affairs Committee”, premier lobby pro-Israël aux USA, agissant principalement vers les personnes politiques (députés, sénateurs) et la haute-administration.

[2] Hillel : http://www.hillel.org/index, organisation sioniste de la jeunesse juive sur les campus.

[3] “Birthright Israel”, “Israël par droit de naissance”, programme sioniste faisant visiter Israël par des jeunes Juifs à des fins de propagande et pour les inciter à émigrer éventuellement dans l’Etat d’Israël. Voir aussi les subversions antisionistes de ce programme : « Unplugged Israel » et « Birthright Replugged ».

[4] http://comminfo.rutgers.edu/~lyonsm/bulldozers.html

[5] Queer : mouvement radical homosexuel et transsexuel, principalement étasunien, principalement hostile à la catégorisation des sexes.

[6] http://uppingtheanti.org/

[7] Klezmer : littéralement « instrument de chant », musique traditionnelle ashkénaze, généralement chantée en yiddish.

[8] Ella Shohat, « Le sionisme du point de vue de ses victimes juives. Les juifs orientaux en Israël », éditions La Fabrique (2006).

[9] Indiana University Press, http://www.indiebound.org/book/9780253219275

[10] http://www.acbp.net/About/PDF/Beyond%20Distancing.pdf

Human Rights Watch : Les Américains et les Européens oeuvrent pour ne pas sanctionner Israël

[ 02/10/2009 - 17:55 ]
Londres – CPI

L’organisation internationale Human Rights Watch a affirmé que les Etats-Unis et l’Union Européenne font tout pour que la réalité ne voie pas le jour, que les violations des lois de guerre commises par les Israéliens pendant leur guerre agressive menée contre Gaza ne soient pas sanctionnées. Cela veut dire que les violations des lois de guerre commises par un allié ne seront pas traitées sérieusement.

Dans un communiqué, l’organisation indique que les Etats-Unis ont qualifié le rapport Goldstone de manque d’équilibre, sans pour autant présenter d’arguments effectifs.

Les Américains oublient vite les nombreuses fois où les Israéliens ferment les yeux face aux violations des droits de l’homme et des lois internationales, sans mener une enquête sérieuse pour poursuivre les criminels. La directrice de l’organisation à Genève se voit désolée de la position des Etats-Unis qui prétendent soutenir la loi. Elle est également désolée de voir des pays européens sans réaction face au rapport de Goldstone qui détaille bien les crimes de guerre perpétrés à Gaza.

Notons que le juge Richard Goldstone avait présenté à l’ONU son rapport sur la guerre agressive israélienne menée contre Gaza. Il a cependant appelé à profiter du pouvoir du Conseil de sécurité afin de poursuivre les criminels de guerre.

Des Sionistes extrémistes comptent envahir la sainte mosquée d’Al-Aqsa, dimanche prochain

[ 02/10/2009 - 19:48 ]
Al-Quds occupée – CPI

L’institution d'Al-Aqsa pour le patrimoine islamique a tiré la sonnette d’alarme, étant sûre que des groupes extrémistes sionistes se préparent pour envahir la sainte mosquée d’Al-Aqsa, dimanche prochain. Ils seront bien évidemment sous la protection des forces israéliennes d'occupation. Il faut alors une présence permanente et nombreuse de fidèles, surtout pendant les jours de fêtes juives.

Dans un communiqué dont notre Centre Palestinien d’Information (CPI) a reçu une copie, hier jeudi 2 octobre 2009, l’institution a porté aux occupants israéliens toute la responsabilité des conséquences de tels actes, de toutes les agressions pratiquées contre la mosquée et contre les fidèles. Ces agressions sont pratiquées au moment même où le ministre israélien de la sécurité intérieure menaçait les Palestiniens, dont surtout les habitants de la ville d'Al-Quds, de plus de mesures restrictives. Il a prononcé ces menaces après les derniers évènements de la mosquée.

A savoir que des groupes juifs extrémistes ont appelé leurs sympathisants à participer à une invasion collective de la sainte mosquée d’Al-Aqsa à l’occasion de la fête du « trône » qui débutera dimanche prochaine.

A savoir aussi que cet appel vient suite à l’échec de celui de dimanche dernier.

La résilience du Hamas est essentielle pour l’unité nationale

Palestine - 02-10-2009
Par Khaled Amayreh
Les nouvelles de bon augure venues du Caire selon lesquelles le Fatah et le Hamas seraient proches de convenir d’un pacte d’unité nationale qui mettrait fin à deux années d’hostilité farouche entre les deux principaux groupes politiques en Palestine occupée sont un vrai cadeau pour le peuple palestinien. Inutile de dire combien nous, Palestiniens, avons souffert de la scission entre les deux groupes. En outre, Israël, l’occupant de notre pays et bourreau de notre peuple, a su tirer pleinement parti de notre désunion, de notre stupidité et de nos troubles internes.






















Je sais que ce n’est pas le moment de récriminer et de montrer du doigt. Toutefois, par souci de vérité, il est impératif d’essayer de rétablir les faits.

Il est peu probable que l’organisation Fatah ait accepté de se réconcilier avec le Hamas par pure préoccupation de l’unité nationale palestinienne. Il est plus vraisemblable qu’il en soit arrivé à la conclusion que le Hamas est là pour rester et qu’il est futile de continuer à tenir des paris sur sa disparition, parce qu’elle ne se produira pas.

Par conséquent, on peut avec certitude avancer que le facteur principal qui a contribué à pousser le Fatah à abandonner ses desseins hostiles contre le Hamas est la résilience légendaire de ce dernier et sa fermeté face à l’énorme pression exercée par Israël, l’occident, et certains régimes arabes, en plus du Fatah.

Le Fatah, ou plus exactement le camp de la trahison au sein de ce mouvement, pensait et espérait que le blocus économique et financier presque hermétique de la Bande de Gaza mettrait le Hamas à genoux.

En outre, lorsqu’Israël a lancé son attaque criminelle contre la Bande, le Fatah a pensé qu’il avait là l’occasion tant attendue de voir le Hamas vaincu et humilié. La guerre éclair de décembre-janvier a tué et mutilé des milliers d’innocents et causé des ravages sur l’infrastructure civile du territoire côtier.

Nous savons avec certitude que certains (pas tous) des éléments du Fatah étaient en pleine euphorie lorsque l’aviation israélienne faisait pleuvoir la mort sur Gaza. Certains agents du Fatah, dans certaines parties de la Cisjordanie, ont même célébré le bombardement aveugle et le bain de sang à Gaza par des distributions de bonbons.

Nonobstant, le Hamas ne s’est pas effondré sous le poids de la pression, et Israël, au regard de ses propres considérations politiques et militaires, n’a pas poursuivi la guerre « jusqu’à la fin », comme l’Autorité Palestinienne le lui avait semble-t-il demandé.

Ce fait a renversé les calculs du Fatah et a poussé le groupe à se résigner au fait qu’il ne pourrait échapper à un rapprochement avec le Hamas.

De plus, le Fatah avait espéré qu’en persécutant systématiquement les partisans du Hamas en Cisjordanie et en les soumettant à toutes les formes de traitements cruels, dont la torture à mort, Israël accorderait au Fatah un certificat de bonne conduite, et à la direction Abbas-Fayyad des concessions politiques.

Mais cela ne s’est pas passé ainsi puisque les Israéliens ont élu un gouvernement d’extrême-droite qui considère l’Autorité Palestinienne comme une sorte de judenrat palestinien dont le boulot principal est de tourmenter son propre peuple pour le bénéfice d’Israël.

Tel est le message que nombre de dirigeants du Fatah ont été forcés d’intérioriser, surtout ces derniers temps où le gouvernement Netanyahu a commencé à traiter l’AP et la direction du Fatah avec le plus grand mépris.

Puis finalement, vint la goutte qui a fait déborder le vase quand le Président Obama a tacitement admis son incapacité à faire pression sur Israël pour le gel de l’expansion maligne des activités de peuplement dans toute la Cisjordanie, en particulier à Jérusalem-Est occupée.

Le Fatah avait espéré qu’Obama honorerait sa parole et contraindrait Israël à mettre fin à l’agrandissement des colonies, qui ont déjà tué toute perspective réaliste de création d’un Etat palestinien viable en Cisjordanie.

D’où l’énorme déception et le sentiment de trahison du Fatah lorsqu’Obama a dit au chef de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas que l’AP devait reprendre les négociations de « paix » au point mort avec Israël sans conditions préalables. Inutile de préciser que l’expression « sans conditions préalables » ne signifie qu’une chose, à savoir qu’Israël peut continuer à construire et à étendre les colonies en Cisjordanie et que la direction palestinienne devra revenir à la table des négociations indépendamment de la question des colonies.

Ce qu’Obama a dit à Abbas, lors de cette infâme rencontre tripartite à New-York la semaine dernière, c’est qu’Israël pourra effectivement continuer à dévorer «le morceau de fromage disputé » jusqu’à ce qu’il reste très peu, ou rien, à négocier.

Aujourd’hui, le Fatah est confronté à un véritable dilemme.

D’un côté, le groupe ne peut pas simplement accepter de revenir à des pourparlers de paix sans fin avec le gouvernement israélien extrémiste, qui a à sa barre un menteur pathologique, l’arrogant Benjamin Netanyahu. Une telle démarche serait un désastre de relations publiques et coûterait cher au Fatah en termes de popularité et de soutien populaire. Le Fatah, après tout, avait juré qu’il ne reprendrait pas le processus de paix effectivement moribond tant qu’Israël ne gèlerait pas toute expansion des colonies en Cisjordanie.

De l’autre, succomber à la pression américaine et céder à l’arrogance israélienne ferait perdre la face au Fatah, ainsi que toute crédibilité et popularité.

Il est sûr que le Fatah accepterait de reprendre les pourparlers de paix avec le régime sioniste, même en l’absence d’un gel de la colonisation, s’il y avait la moindre chance d’un accord de paix honnête et digne.

Mais avec Netanyahu et ses acolytes, les chances d’une paix réelle, c’est-à-dire obtenir le retrait d’Israël aux frontières de 1967 et le rapatriement des réfugiés, sont moins que nulles.

D’un autre côté, le Fatah ne peut pas contenter de dire « non » à l’administration américaine. Il n’est pas assez indépendant et patriotique, car cela pourrait avoir un effet boomerang préjudiciable au mouvement, qui n’est maintenu à flot que grâce aux subventions occidentales.

C’est pourquoi le Fatah tente apparemment de surmonter cette situation difficile, d’abord en cherchant une formule qui permette à l’OLP de sauver la face et de reprendre les pourparlers à moindre frais, c’est-à-dire en obtenant l’assurance de l’administration Obama que la finalité des discussions avec Israël prendra la forme d’un retrait israélien aux frontières du 4 juin 1967.

Mais il est peu probable que cela se produise car Netanyahu préfère voir la dissolution de son gouvernement que d’accepter de se retirer de Cisjordanie et de démanteler les colonies.

Et deuxièmement, en reconstruisant des ponts avec le Hamas, le Fatah espère pouvoir se retrouver dans une situation moins défavorable vis-à-vis d’Israël.

Dans tous les cas, il est essentiel que le Hamas reste fort et résilient, comme il l’a toujours été. C’est une question sine qua non non seulement pour l’unité nationale palestinienne, mais aussi pour contrecarrer les efforts et les desseins israéliens de forcer le peuple palestinien à abandonner ses constantes nationales et ses aspirations à la justice et à la libération de l’occupation israélienne néo-nazie.

Frattini : Il est inadmissible que la bande de Gaza reste sous le blocus israélien

02 Oct 2009

Damas / Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a estimé inadmissible que la bande de Gaza demeure sous le blocus israélien, car selon lui, cette situation constitue une pierre d'achoppement devant l'instauration de la paix. Dans un entretien accordé aujourd'hui à la chaîne satellitaire al-Jazira, M. Frattini a appelé les Etats-Unis et l'Union Européenne à unifier leurs efforts et à exercer des pressions sur Israël pour que ce dernier suspende la construction des colonies, "l'une des clés du processus de paix". "Israël doit comprendre, aujourd'hui ou demain, qu'il doit adresser un message positif en ce qui concerne les colonies, d'autant plus que l'Occident attend ce message", a indiqué le ministre italien des AE. Il a, par ailleurs, souligné qu'il est indispensable de tendre la main à l'Iran avant de parler de nouvelles sanctions, estimant qu'une attaque militaire menée par Israël contre l'Iran aura des répercussions catastrophiques sur le monde.

A.A. & T. Slimani

http://www.sana.sy/fra/55/2009/10/02/247571.htm

Mechaal : Le peuple palestinien n'a que la réconciliation, l'unité et la résistance

02 Oct 2009

Damas / M. Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas palestinien, a indiqué que le peuple palestinien n'a que le choix de la réconciliation et de l'unité, parce qu'al-Qods, al-Aqsa et le droit au retour nécessitent de l'ensemble des Palestiniens l'union et la main dans la main.
Prononçant ce soir à Damas un discours à l'occasion de la libération d'al-Qods des mains des Croisés par Saladin, M. Mechaal a indiqué que les factions de la résistance avaient positivement traité la question de la réconciliation et qu'elles privilégient encore le dialogue.
Il a d'autre part mis en garde contre une éventuelle guerre globale déclenchée par Israël et ses alliés contre le peuple palestinien dans le but de renforcer l'occupation, massacrer les Palestiniens, profaner les lieux saints et falsifier l'histoire.
"Israël s'attèle à judaïser al-Qods et à s'emparer de la mosquée al-Aqsa", a-t-il dénoncé, tout en affirmant que les Israéliens n'ont pas su briser la volonté du peuple palestinien même après 60 ans d'occupation et avec l'appui démesuré de la part des Grandes Puissances.
Il a dans ce contexte, souligné que le combat d'al-Qods est un combat spécial pour lequel il faut mobiliser tous les potentialités et intensifier les efforts, appelant à élaborer un plan susceptible de sauver la Ville sainte.
Parallèlement, il a appelé les pays arabes à apporter des aides au peuple palestinien et à sa résistance, mettant en garde contre la normalisation des relations avec l'entité sioniste et condamnant en même temps les appels lancés par des Palestiniens à ajourner l'adoption par le conseil des droits de l'homme du rapport Goldstone.
Il a par ailleurs estimé que la libération de 20 prisonnières palestiniennes des geôles de l'occupant contre un enregistrement vidéo du détenu israélien Jilat Chalit constituait une victoire pour la Palestine.
M. Mechaal s'est aussi adressé aux autres détenus palestiniens les affirmant que la résistance se tient à leur côtés et qu'elle les libérerait prochainement.

A.A. & T. Slimani

http://www.sana.sy/fra/51/2009/10/02/247573.htm

Rapport sur Gaza : l’ONU reporte le vote au mois de mars

03/10/2009

Le Conseil des Nations unies sur les droits de l'homme (CDH) a décidé de reporter à sa prochaine session ordinaire, au mois de mars, le vote qui était prévu hier sur le rapport Goldstone accusant Israël et les Palestiniens de crimes de guerre à Gaza. Jeudi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait affirmé que l'adoption du rapport Goldstone par l'ONU porterait « un coup fatal » aux efforts de paix israélo-palestiniens. Hier, le CDH devait adopter une résolution qui aurait condamné le refus israélien de coopérer avec la mission d'enquête dirigée par le juge sud-africain Richard Goldtsone, ancien procureur de l'ONU pour les crimes de guerre. Mais le Pakistan, se faisant le porte-parole des États arabes, islamiques et africains soutenant la résolution, a formellement demandé au CDH de reporter le vote jusqu'à la prochaine session ordinaire en mars. Une source diplomatique a expliqué que ce report faisait suite à une intense activité diplomatique de l'administration américaine qui tente de relancer le processus de paix au Proche-Orient. Les États-Unis ont rejoint le CDH au mois de juin et ce report constitue la première traduction concrète de leur présence au sein de cette instance des Nations unies. L'ambassadeur palestinien, Ibrahim Khraishi, a fait savoir que sa délégation n'avait pas l'intention de renoncer à ce qu'il a qualifié de « voie légale », voie qu'elle envisage de poursuivre lors de la session du mois de marshttp://www.lorientlejour.com/category/International/article/633310/Rapport_sur_Gaza+:_l'ONU_reporte__le_vote_au_mois_de_mars.html

Les Palestiniens crient victoire après la libération de 19 détenues

03/10/2009
Israël a libéré hier 19 détenues palestiniennes, accueillies dans la liesse par leurs familles. Une vingtième Palestinienne sera relâchée prochainement. Photo AFP
Israël a libéré hier 19 détenues palestiniennes, accueillies dans la liesse par leurs familles. Une vingtième Palestinienne sera relâchée prochainement. Photo AFP
Israël a troqué une vidéo récente du soldat captif contre des détenues palestiniennes.

Israël a échangé hier une vidéo récente de son soldat Gilad Shalit, où il semble en bonne santé, contre la libération de prisonnières palestiniennes, première étape d'un long processus qui pourrait conduire éventuellement à la libération du jeune otage. Sur ce film de 2 minutes et 40 secondes, le militaire de 23 ans, aux mains des islamistes palestiniens du Hamas depuis plus de trois ans, lit un texte, assis sur une chaise contre un grand mur blanc. « J'espère que le gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu ne laissera pas passer la chance de parvenir à un accord pour que je puisse accomplir mon rêve et être libéré », dit-il, parfois souriant. Rasé de près et portant le cheveu court, Shalit tient un journal palestinien daté du 14 septembre. À la fin du film, on le voit se lever et marcher pour prouver qu'il n'est pas blessé ou handicapé.
« Même si le chemin est encore long et ardu, savoir que Gilad est en bonne santé et en un seul morceau est encourageant », a fait savoir M. Netanyahu. « C'est un premier pas. Pour nous, c'est un nouveau décompte de ses jours (de captivité) qui commence », a dit à l'AFP Noam Shalit, le père du jeune homme.
Les autorités militaires israéliennes ont visionné et authentifié la vidéo avant de donner leur feu vert à la libération de 19 détenues palestiniennes. Ces femmes, qui devaient sortir prochainement de prison, ont été accueillies dans la liesse par leurs familles et des foules de Palestiniens. « Je suis très, très heureuse, mais triste en même temps d'avoir laissé mes camarades en prison. J'espère qu'elles seront finalement libérées », a déclaré à l'AFP l'une des ex-prisonnières, Qiffah Afanah, la voix entrecoupée de sanglots, en embrassant son père. Une 20e Palestinienne sera relâchée prochainement. L'Autorité palestinienne à Ramallah en Cisjordanie, aussi bien que le Hamas à Gaza, ont présenté leur libération comme une « victoire ». « C'est un jour de victoire pour la résistance palestinienne », s'est félicité le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, lors d'un meeting à Gaza.
Gilad Shalit est devenu un symbole en Israël et un test de l'engagement de l'État hébreu envers ses soldats capturés. Sa détention continue de susciter une énorme émotion populaire et une intense couverture médiatique. Ses parents et ses amis animent une campagne de soutien très active. Son visage est partout affiché. La décision du gouvernement israélien de remettre en liberté des militantes palestiniennes en échange d'une vidéo prouvant qu'il est vivant constitue une percée depuis son enlèvement. C'est la première fois qu'Israël et le Hamas, qui contrôle Gaza, parviennent à un accord tangible dans cette affaire, grâce à la médiation de l'Allemagne et de l'Égypte. C'est un médiateur allemand qui a remis la vidéo au gouvernement israélien.
Toutefois, cet accord limité n'augure en rien d'une libération prochaine du soldat, le Hamas exigeant en échange la libération de centaines de détenus palestiniens. Interrogé par l'AFP pour savoir s'il était optimiste quant à une libération prochaine, le père du soldat a répondu : « Pas particulièrement. » Gilad Shalit, qui a aussi la nationalité française, avait été capturé le 25 juin 2006 lors d'une opération menée par un commando palestinien dans le sud d'Israël, à la lisière de la bande de Gaza. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a appelé à le « libérer immédiatement », après la communication à Israël d'une vidéo qui constitue une « preuve de vie » du soldat.
http://www.lorientlejour.com/category/International/article/633298/Les_Palestiniens_crient_victoire_apres_la_liberation_de_19_detenues.html

« A Gaza, Israël s’est affranchi des règles de guerre »

publié le vendredi 2 octobre 2009

entretien avec ​Yehuda Shaul
Yehuda Shaul [1] a recueilli les témoignages accablants de jeunes Israéliens qui ont combattu dans la bande de Gaza.

« Le gouvernement israélien nous ment. Il trahit ses propres troupes. A Gaza, les dérapages n’étaient pas des cas isolés mais une pratique généralisée. Les témoignages de soldats ne manquent pas. Et je vous parle là d’une vingtaine de soldats, en majorité encore en service et favorables à une offensive contre le Hamas. » Du haut de ses 26 ans, Yehuda Shaul est un ancien combattant. Il a servi l’armée israélienne de 2001 à 2004, dont deux ans dans les territoires palestiniens, qui l’ont profondément marqué. Il dirige Breaking the Silence (Briser le silence), une organisation de vétérans qui veut forcer la société israélienne à regarder en face la réalité brute.

« Et la réalité de l’offensive à Gaza, c’est que le gouvernement s’est débarrassé des limites morales. Il a changé les règles de la guerre. Sans le moindre débat dans la société civile », assène Yehuda Shaul. Nous l’avons rencontré hier à Genève, alors qu’au Palais des Nations faisait rage une tout autre bataille, très diplomatique.

– Vous affirmez qu’un changement fondamental s’est produit durant la guerre de Gaza. Lequel ?

– Je ne reconnais plus l’armée. Nous avions été formés à préserver la vie des civils. A ne jamais tirer en cas de doute. Il y avait bien sûr des dérapages et des abus, nous en avons documenté certains. Mais, à Gaza, c’est tout autre chose. Une fois les civils avertis (par des tracts ou des coups de fil) qu’une attaque israélienne était imminente, les soldats devaient attendre cinq minutes puis considérer qu’il n’y avait que des ennemis sur le champ de bataille. Bombardés à coups d’obus et de mortiers, abondamment mitraillés, les bâtiments étaient pris d’assaut par les troupes, lançant parfois des grenades avant d’entrer…

– Quelles étaient les consignes ?

– Il n’y avait pas vraiment de consignes, mais une mission précise à accomplir et une priorité absolue : préserver sa propre vie, quitte à tuer des innocents. Cette guerre serait devenue impopulaire en Israël si l’armée perdait beaucoup d’hommes. Ce n’était donc pas une volonté d’éliminer beaucoup de Palestiniens. Mais à l’armée on sait que la meilleure protection pour un soldat, c’est d’avancer avec une puissance de feu maximale. Le résultat, ce sont donc des tanks qui lancent des dizaines d’obus. Autrefois, avant chaque tir, il fallait l’aval d’un commandant ! Ajoutez à cela les récits d’officiers déclarant aux soldats que si Israël n’était pas une démocratie, ils pourraient mieux faire leur boulot. Ou encore les Palestiniens abattus au cas où ils auraient été des informateurs du Hamas. Sans parler des zones rasées alors que les combats avaient cessé depuis longtemps et que les quartiers étaient abandonnés. Personne ne sait ce qui s’est réellement passé dans la bande de Gaza.

– Que voulez-vous dire ?

– La société israélienne croit qu’il s’agissait d’attaquer les « méchants » du Hamas. Cela, personne ne va le leur reprocher. Mais était-ce le véritable objectif ? Il y a eu beaucoup de bombardements, mais relativement peu de combats face à face. Gaza City n’a même pas été envahie… Les autorités israéliennes font tout pour discréditer notre travail, mais le public commence à prendre au sérieux nos témoignages. Et à poser des questions.

[1] Yehuda Shaul, 26 ans, ancien combattant fondateur de Breaking the Silence. Une organisation de vétérans qui veut forcer la société israélienne à regarder en face la réalité brute.

publié par 24heures

Le rapport sur l’agression de Gaza en débat à l’ONU

publié le vendredi 2 octobre 2009

Ramine Abadie
Le Conseil des droits de l’homme examinait, hier [29 septembre], le texte de la mission d’enquête.

Après près de sept mois d’investigations, la mission d’enquête des - Nations unies sur le conflit de Gaza en début d’année a finalement sorti son rapport. Ce travail d’enquête était hier en discussion devant l’instance commanditaire, le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU. À noter que, comme à d’autres occasions, Israël a refusé de participer ou d’apporter son aide à cette mission.

L’enjeu, jugé d’importance par des diplomates, était de taille : comment le rapport serait-il reçu par le Conseil ? Le camp occidental allait-il endosser ses recommandations ? En effet, la mission d’enquête, présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone, un ancien des tribunaux pour l’ex-Yougoslavie, estime avoir clairement relevé une série de « crimes de guerre » et de « violations du droit humanitaire » de la part des deux camps.

Elle recommande, dès lors, l’envoi du rapport au Conseil de sécurité (l’organe exécutif) de l’ONU. À charge pour celui-ci d’exiger des « deux parties », aussi bien d’Israël que de l’Autorité palestinienne de Gaza (Hamas), de mener dans un délai de six mois des investigations sérieuses - supervisées par des experts indépendants - et d’entamer des poursuites à l’encontre des responsables des crimes et violations. En cas d’absence de « bonne foi » ou de volonté des parties d’avancer dans cette voie, le rapport demande que l’affaire soit alors déférée devant le Tribunal pénal international.

« La communauté internationale doit montrer qu’elle veut la justice et la fin de l’impunité dans cette région du monde. À mon expérience, il ne peut y avoir de paix sans justice et vérité », a plaidé le juge Goldstone devant le Conseil. « La légitimité et la crédibilité du système international et de ses institutions sont à ce prix », ajoutaient les pays en faveur des recommandations du rapport. Ainsi, les pays arabes, l’Organisation des États islamiques, le groupe des pays africains et les non-alignés - plus quelques pays du camp occidental comme la Suisse ou la Norvège - espèrent reprendre, dans une résolution au nom du Conseil, les recommandations du rapport. De leur côté, les pays européens (et surtout le nouveau membre du CDH, les États-Unis - qui doutent de « l’impact pour la paix ») semblent préférer en rester là avec ce rapport. « C’est un rapport sérieux qui demande une réponse sérieuse », concédait le représentant de la Suède au nom des pays de l’Union européenne. Sans s’engager plus loin pour le moment… Les grandes ONG des droits et de l’humanitaire (FIDH, Amnesty international, Human Rights Watch…), en revanche, appuient, elles, les recommandations. « Ne pas suivre celles-ci affaiblirait la légalité internationale et la crédibilité du Conseil de sécurité », affirme la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen. « Plus important encore, cela reviendrait à refuser une chance historique de voir la justice contribuer à la paix », affirme-t-elle.

Nucléaire: Obama l'hypocrite

Publié le 2-10-2009


Le Président américain Barack Obama vient de confirmer qu’il maintiendrait contre vents et marées l’hypocrisie entourant l’arsenal nucléaire israélien.

Le monde entier sait qu’Israël est la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient.

Les médias occidentaux sont autorisés à le dire, et les dirigeants israéliens eux-mêmes le confirment eux-mêmes de temps en temps, sur le ton de la boutade. Mais les gouvernements occidentaux, à commencer par celui des Etats-Unis, obéissent à la consigne israélienne : « Tu me poses pas la question, et je n’ai donc pas à y répondre ».

En conséquence, Obama considère comme nulle et non avenue une récente résolution de l’ONU, enjoignant Israël de se soumettre à des inspections internationales, et invitant ce pays à adhérer au traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

Ce faisant, Obama n’hésite pas à renier ses propres engagements les plus récents, puisque, pas plus tard que la semaine dernière, le Président américain en personne a voté une résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, demandant que tous les pays de la planète signent le TNP !

En attendant, Obama et ses acolytes Kouchner et Sarkozy préparent la guerre contre l’Iran, un pays, soit dit en passant, signataire de ce fameux TNP !

CAPJPO-EuroPalestine