vendredi 7 août 2009

Zubeidi : L’unité doit être rétablie par le pouvoir et la force si nécessaire

Cisjordanie - 07-08-2009
Par Maan News
Les Palestiniens doivent rétablir l’unité avec Gaza, même s’il faut employer la force et le pouvoir, a déclaré l’ancien combattant des Brigades Al-Aqsa, Zakariya Zubeidi, pendant son discours, jeudi, au 6ème congrès du Fatah à Bethléem.

« Si nous n’y arrivons pas, les dirigeants devront abandonner leurs postes de manière à ce qu’une nouvelle génération puisse conduire les Palestiniens à la victoire, » a-t-il dit, recevant une ovation debout des délégués à la conférence.

Il a appelé les délégués Fatah à développer un « programme de lutte clair » et à organiser « une participation populaire et sérieuse » dans un mouvement de résistance.

Le discours de Zubeidi a été une critique du parti, avec des déclarations franches qui ont indiqué où il souhaitait qu’aille le mouvement dans les prochaines années. « Les 18 ans de négociations [sous le Fatah] n’ont créé aucun espoir, » a-t-il dit. « Tout ce qu'elles ont créé, c’est une société israélienne extrémiste qui est maintenant derrière l’opposition à la paix… Les Palestiniens doivent se préparer à prendre la responsabilité de protéger la terre. »

Une controverse a entouré la présence de Zubeidi à la conférence le premier jour, puisque l’éminent ancien combattant, qui a renoncé au recours à la violence lors d’un accord “d’amnistie” avec Israël qui a mis fin aux poursuites, s’est vu interdire l’entrée au congrès.

Les employés au registre lui ont dit que son nom n’était pas sur la liste, provoquant des réactions dures des autres anciens combattants et des rumeurs que la conférence était manipulée pour exclure ceux qui pouvaient promouvoir les activités de résistance.


Note ISM : Zakariya Zubeidi est un ancien commandant des Brigades des Martyres d'Al-Aqsa à Jenine.
Source : Maan News
Traduction : MR pour ISM

Voici comment l’Autorité Palestinienne traite les journalistes palestiniens

Cisjordanie - 06-08-2009
Par Khaled Amayreh
La stupidité sans limite et les comportements imbéciles de l’Autorité Palestinienne ne cessent de nous surprendre. Le 4 août, comme beaucoup d’autres journalistes, j’ai décidé d’aller à Bethléem pour couvrir la sixième conférence du Fatah, annoncée haut et fort et attendue depuis longtemps. La sécurité était dense et des milliers de policiers étaient déployés partout sur le site traditionnel de la naissance de Jésus. Ce qui consterne les résidents locaux qui doivent marcher de longues distances pour aller chez eux ou à leur travail.

Certains des policiers que j’ai rencontrés sur le chemin de la salle de la conférence étaient gentils et sympathiques, mais d’autres étaient exceptionnellement pénibles.

Lorsque je suis arrivé à la salle du congrès, à l’Ecole Terra Santa, dans le centre ville de Bethléem, on m’a dit que seuls les détenteurs d’une carte de presse spéciale, émise par le bureau du Président à Ramallah, étaient autorisés à entrer.

Quelques jours auparavant, il semble que le bureau du Président ait contacté, par email, une « petite sélection » de journalistes et de cameramen, leur demandant d’aller à Ramallah chercher une carte de presse spéciale.

Je n’en faisais pas partie, pour des raisons qui me sont toujours inconnues, et je ne possédais donc pas la carte spéciale.

Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. J’avais pris contact avec les bureaux locaux du Ministère de l’Information de l’Autorité Palestinienne à Hébron et à Bethléem, qui m’ont informé qu’ils ne savaient pas ce qui se passait. Leur seule réponse lapidaire fut toujours : « Rappelez-nous demain, nous espérons être en mesure de vous aider. »

Alors que j’étais à l’extérieur de Terra Santa, avec beaucoup d’autres « journalistes non privilégiés », un officier de la sécurité a appelé mon nom. Il a pris mon ordinateur portable, mon appareil de photo et m’a reproché d’avoir pris une photo de l’entrée de la salle de conférence.

Puis, quelques minutes après, deux agents en grande tenue de la Force de Sécurité Préventive (PSF) m’ont demandé de les suivre, « pour quelques minutes », au quartier général local de la PSF.

Là, j’ai été confronté (affronté, devrais-je dire) à un agent de la PSF après l’autre qui m’ont posé les mêmes questions, encore et encore, principalement sur des détails personnels et pour quel organisme médiatique je travaillais.

L’un d’entre eux m’a dit que je n’étais pas vraiment journaliste parce que je n’avais pas « l’autorisation de pratiquer la profession de journaliste. »

L’autre a pris ma carte d’identité et deux cartes de presse, me demandant d’attendre d’autres instructions de la part des « autorités de sécurité. »

Tandis que je commençais à comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un simple malentendu, et que le harcèlement était délibéré et était avant tout lié au fait que l’AP n’aime pas mes articles, un PSF est arrivé, me disant que je serais détenu jusque dans la soirée.

Je lui en ai demandé la raison, et pourquoi je faisais l’objet de ce « traitement de faveur», il a suggéré que ma présence à Bethléem constituait un risque sécuritaire.

Je n’ai pas été particulièrement maltraité au quartier général de la PSF, mais ces six heures de détention totalement injustifiée montrent combien l’AP fonctionne au petit bonheur et selon son humeur.

Finalement, un autre officier est arrivé dans la pièce où j’étais « gardé » pour me dire que j’étais interdit d’entrée à Bethléem pendant huit jours, et que mon nom avait été communiqué à tous les checkpoints et les barrages routiers de la région.

Lorsque j’ai insisté pour qu’il me dise pourquoi, et de quelle violation de la loi j’étais coupable, il m’a dit : « Je ne sais pas, je suis un officier de la sécurité, et je ne fais qu’appliquer les ordres d’en haut. »

Ce n’est pas la première fois que je suis aux prises avec la PSF et autres agences de sécurité de l’Autorité Palestinienne. C’est la raison pour laquelle j’ai vraiment réalisé, dès le début, que j’avais affaire à un appareil sécuritaire qui opère non seulement en dehors de la loi, mais aussi en dehors de toute logique. Ce qui m’a convaincu de ne pas essayer de contester.

Vers 15h30, on m’a autorisé à partir, mais pas avant de m’avoir remis une assignation écrite à comparaître devant le bureau de la sécurité préventive d’Hébron.

A mon avis, la conduite des agences de sécurité de l’AP dans ce cas particulier est à la fois stupide et contreproductive.

Il se trouve que je suis l’un des quelques journalistes palestiniens à écrire surtout en anglais pour une audience étrangère. Nous cherchons à communiquer au monde extérieur les violations criminelles d’Israël des droits humains du peuple palestinien, comme la sauvagerie et le terrorisme des colons contre des civils palestiniens sans protection.

Au lieu d’en être remerciés par l’Autorité Palestinienne, nous sommes harcelés et persécutés.

Cet épisode avec l’appareil sécuritaire de l’AP n’est pas l’expression de la mauvaise volonté et de la malveillance des officiers de la sécurité. Il est plutôt l’expression de l’ignorance et de la bêtise. Mais l’ignorance n’est pas une excuse car les intérêts nationaux palestiniens ne seront pas servis par des responsables de sécurité ignorants, qui pensent à tort que persécuter et humilier des journalistes améliore la sécurité et rend « l’Etat !!! » plus craint et plus respecté.

En fait, un Etat qui est craint n’est habituellement pas respecté. Le respect est souvent l’antithèse de la peur.

Je ne vais bien sûr pas me laisser intimider par cette conduite infantile de la part des services sécuritaires de l’AP. Notre mission en tant que journalistes est plus importante que de perdre du temps et de l’énergie à se laisser distraire par ces stupidités.

Mais j’espère vraiment que les fonctionnaires de l’AP, en particulier ceux qui comprennent l’importance de la liberté de la presse et le rôle des médias au service de la juste cause du peuple palestinien, veilleront à ce que de telles stupidités hystériques ne se répètent pas.

Nous devons nous respecter nous-mêmes, sinon personne ne nous respectera ni ne nous prendra au sérieux.
Source : Palestine Info
Traduction : MR pour ISM

Le Fateh tient Israël pour responsable de la mort de Arafat

07/08/2009

Les délégués du Fateh ont décidé de « poursuivre l’enquête » sur les causes du décès de Yasser Arafat (représenté sur cette peinture murale aux côtés du vice-chef de l’OLP Khalil al-Wazir) et de soumettre leurs conclusions à la justice internationale.                  Mohammad Abed/AFP
Les délégués du Fateh ont décidé de « poursuivre l’enquête » sur les causes du décès de Yasser Arafat (représenté sur cette peinture murale aux côtés du vice-chef de l’OLP Khalil al-Wazir) et de soumettre leurs conclusions à la justice internationale. Mohammad Abed/AFP
CONGRÈS Le parti de Mahmoud Abbas tient Israël pour responsable de la mort de Arafat.

Le dépôt des candidatures s'est ouvert hier soir pour les élections du Fateh qui renouvelle sa direction pour la première fois en vingt ans lors de son congrès en cours à Bethléem en Cisjordanie, a annoncé un porte-parole. Quelque 1 900 délégués, réunis depuis mardi, doivent élire un comité central (21 membres) et un conseil révolutionnaire (120 membres), principales instances du Fateh. Le dépôt des candidatures sera clos aujourd'hui à la mi-journée et les élections devraient avoir lieu « dans l'après-midi », a déclaré à la presse le porte-parole du congrès, Nabil Amr. Selon lui, le nombre des membres de chaque instance « pourrait être modifié dans les prochaines heures ». Des dizaines de prétendants devraient déposer leur candidature, ont indiqué des participants.
Si le président palestinien Mahmoud Abbas, chef du Fateh, est assuré d'être reconduit à son poste, la composition des nouveaux comité central et conseil révolutionnaire fait l'objet de toutes sortes de pronostics. Ainsi, une partie de la vieille garde membres de l'actuel comité central devraient céder la place à des plus jeunes. Le secrétaire du général du Fateh en Cisjordanie emprisonné en Israël, Marwan Barghouthi, l'ex-chef de la Sécurité préventive Jibril Rajoub, l'ex-homme fort du Fateh à Gaza, Mohammad Dahlan, apparaissent comme les prétendants les plus sérieux.
Le Fateh monopolisait le pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avant d'être battu aux législatives en 2006 par le Hamas qui l'a ensuite délogé par la force de Gaza en juin 2007. Le Fateh est aussi tenu par nombre de Palestiniens pour responsable de la corruption et l'anarchie qui ont sévi dans les territoires palestiniens avant que l'Autorité palestinienne ne se décide à les combattre sérieusement ces dernières années.
Par ailleurs, les délégués au congrès du Fateh ont voté hier à l'unanimité une résolution « faisant porter à Israël, en tant que force occupante, l'entière responsabilité pour l'assassinat du martyr Yasser Arafat ».
Ils ont décidé de charger une commission « de poursuivre l'enquête » sur les causes du décès et de soumettre ses conclusions à la justice internationale. Arafat, alors président de l'Autorité palestinienne, est décédé le 11 novembre 2004 à l'âge de 75 ans dans un hôpital de la région parisienne, après avoir été encerclé pendant plus de deux ans par Israël dans son QG à Ramallah en Cisjordanie. Il a été victime d'une « importante altération de (son) état général et d'anomalies sanguines », selon le rapport établi par les médecins français après sa mort.
Depuis, le mystère entourant les causes ayant entraîné la brusque détérioration de sa santé demeure entier, plusieurs responsables palestiniens étant convaincus que leur chef a été empoisonné par Israël, qui dément. Dans un communiqué, le ministre israélien de l'Information Youli Edelstein a catégoriquement rejeté cette accusation. « Cette décision ridicule accusant Israël d'avoir liquidé ce supermeurtrier vise à en faire un saint du Fateh et à justifier la poursuite de la lutte armée des Palestiniens, alors qu'Israël leur tend la main pour faire la paix », indique ce texte.
Les querelles entre les ténors du Fateh, qui ont contribué au déclin du mouvement, se sont exacerbées ces derniers semaines lorsque son secrétaire général et l'un des fondateurs Farouk Kaddoumi a publiquement accusé son chef actuel, le président Mahmoud Abbas, d'avoir comploté avec Israël pour éliminer Yasser Arafat.
Mercredi, des querelles ont éclaté au deuxième jour du congrès entre la direction actuelle du Fateh et des délégués réclamant des rapports sur la gestion du mouvement lors des vingt dernières années, le dernier congrès général s'étant tenu en 1989. Le Hamas a empêché des dizaines de délégués du Fateh de Gaza de se rendre à Bethléem pour participer au congrès. Ces délégués ont demandé dans une lettre à la direction du parti un quota pour Gaza au sein des instances dirigeantes et d'y élire ses représentants à une date ultérieure. La direction du Fateh n'a pas accédé à cette demande et une formule de compromis est à l'étude, selon des participants.
l'orient le jour

Washington négocierait un gel d’un an de la colonisation

07/08/2009

Ce Palestinien, membre de la famille Hanoun, dort dans sa voiture dans la rue, après avoir été expulsé par la police israélienne de sa maison située dans le quartier Jarrah à Jérusalem-Est.Ahmad Gharabli/AFP
Ce Palestinien, membre de la famille Hanoun, dort dans sa voiture dans la rue, après avoir été expulsé par la police israélienne de sa maison située dans le quartier Jarrah à Jérusalem-Est.Ahmad Gharabli/AFP
ISRAËL « Le problème, c'est l'Iran et non les colons juifs », estime le numéro deux du Parti républicain.

Les États-Unis ont demandé à Israël de s'engager à geler pendant un an toute activité de colonisation en Cisjordanie afin d'inciter les pays arabes à prendre des mesures en vue d'une normalisation de leurs relations avec l'État hébreu, a rapporté hier le quotidien Haaretz. Le journal précise que cette proposition a été formulée par l'émissaire spécial de Barack Obama pour le Proche-Orient, George Michell, lors d'un entretien avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu la semaine dernière à Jérusalem. Opposé à un arrêt pur et simple de la colonisation en Cisjordanie, comme le stipule la feuille de route pour la paix adoptée en 2003, Israël préférerait que le gel des activités soit limité à six mois plutôt qu'un an, ajoute Haaretz.
Le ministre de la Défense, Ehud Barak, s'est refusé à tout commentaire sur cette information lors d'interviews accordées à deux radios israéliennes. Mais il a déclaré qu'une « tentative pour parvenir à des accords » avec Washington sur la question du gel des colonies était menée en parallèle à des efforts pour persuader les pays arabes de consentir à des gestes d'ouverture envers Israël. « Tout cela s'inscrit dans le cadre d'un large plan pour un accord régional complet qui prend apparemment forme à l'initiative du président Obama avec les Palestiniens pour objectif principal », a-t-il déclaré, précisant que la « porte restait ouverte » à la Syrie et au Liban.

Cependant, un porte-parole de la présidence du Conseil, interrogé par l'AFP, a affirmé qu'il n'était « pas au courant des informations » publiées par le Haaretz et qu'il s'agit de « pures spéculations médiatiques qui font malheureusement surface trop souvent ».
Les négociations vont se poursuivre dans les prochaines semaines, notamment lors d'une rencontre prévue entre MM. Netanyahu et Mitchell le 26 août à Londres, à l'occasion d'une visite du Premier ministre dans la capitale britannique, a poursuivi le journal. George Mitchell et Benjamin Netanyahu avaient fait état la semaine dernière de progrès dans leurs discussions, mais aucun n'a clairement évoqué la question des colonies dans ses commentaires. Ce dossier a provoqué les plus vives tensions depuis dix ans dans les relations américano-israéliennes.
De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré qu'il refusait de reprendre des négociations avec Israël, suspendues depuis l'intervention israélienne à Gaza en décembre, tant que la colonisation n'aura pas cessé.
Ehud Barak, qui a également rencontré l'émissaire américain la semaine dernière, a déclaré mardi dernier que les États-Unis dévoileraient « dans les semaines à venir » un plan de paix pour le Proche-Orient. Il a invité son pays à l'accepter. Le dirigeant travailliste a évoqué la possibilité d'un accord en vertu duquel Israël devrait geler sa politique de colonisation, mais serait autorisé à achever les projets en cours en échange de gestes de paix des États arabes.
Par ailleurs, Eric Cantor, numéro deux du Parti républicain à la Chambre des représentants américains, a appelé hier, à Jérusalem, la communauté internationale à stopper ses pressions sur Israël à propos de la colonisation et à faire face aux menaces du nucléaire iranien.
« J'ignore pourquoi l'attention se focalise sur la question des colonies (...) Je crois qu'il faudrait surtout se préoccuper de la menace existentielle que l'Iran ferait peser sur Israël s'il était doté de l'arme nucléaire », a estimé M. Cantor à la radio publique israélienne. Selon lui, ce sont les Palestiniens - et non les colonies - qui font obstacle à la reprise du processus de paix au Proche-Orient, parce qu'ils refusent de reconnaître le caractère juif de l'État d'Israël.
l'orient le jour

« Nous devons continuer la résistance »

publié le jeudi 6 août 2009

Entretien avec Qadoura Fares
Qadoura Fares est la voix de Marwan Barghouti, leader du Fatah, toujours emprisonné en Cisjordanie. Il a accepté de parler à l’Humanité en exclusivité.

Le dernier congrès du Fatah s’est tenu il y a vingt ans. Qu’est-ce qui a amené l’organisation de cette conférence ?

Qadoura Fares. Pourquoi maintenant ? C’est comme ça. L’unité du mouvement était en danger si la direction continuait à reporter sans cesse la tenue de ce congrès.

Quels sont les principaux points qui seront discutés durant ce congrès ?

Qadoura Fares. L’ordre du jour du congrès est riche. Mais je pense que le plus important pour nous est de réévaluer notre agenda politique au regard de la crise politique que traverse le processus de paix. En face de nous, nous n’avons qu’un gouvernement israélien extrémiste. Il n’y a pas de négociations. D’autre part, il est important d’examiner les structures de l’organisation, les procédures de décision à l’intérieur du mouvement et, bien sûr, d’élire une nouvelle direction.

Farouk Kadoumi, qui est à la tête du Fatah (mais qui se trouve à Tunis et ne viendra pas au congrès), a lancé de graves accusations contre Mahmoud Abbas et Mohammed Dahlan, il y a quelques jours, les impliquant dans « l’assassinat » de Yasser Arafat. Quel est votre sentiment ?

Qadoura Fares. Farouk Kadoumi a fait une erreur. Il a utilisé des documents fournis par des médias. Mais il ne représente pas la majorité et pas même une petite minorité au sein du mouvement. Il a fait cela pour des raisons personnelles, pas pour renforcer ou développer le mouvement.

Comment avez-vous préparé ce congrès, sachant qu’il apparaît qu’à l’intérieur du Fatah tout le monde n’est pas sur la même longueur d’ondes ?

Qadoura Fares. Concernant la préparation, il y a eu pas mal d’obstacles. D’une part, le Hamas a empêché nos cadres de la bande de Gaza de participer au congrès. D’autre part, j’estime que le comité préparatoire du congrès a fait un certain nombre d’erreurs. Ceux qui y participaient n’avaient pas en tête - et donc n’ont pas pris en compte, comme s’ils ne s’en souvenaient pas - le fait que ce congrès est le premier depuis vingt ans. ce qui veut dire que pour beaucoup de cadres du mouvement, c’est la première fois qu’ils ont l’opportunité de participer à un tel congrès. C’est d’ailleurs leur droit. Mais leur nom même n’a pas été mentionné. Ce qui revient à les empêcher de prendre toute leur part dans le congrès et dans les débats. Résultat, beaucoup de cadres sont en colère.

Quelle sera votre attitude durant le congrès ? Vous ferez-vous le porte-parole de Marwan Barghouti ?

Qadoura Fares. Je suis certain qu’il y aura un consensus autour de Marwan Barghouti dans les rangs du Fatah. Les délégués au congrès auront à coeur de l’élire au comité central du Fatah. Plusieurs autres proches de Marwan seront également candidats pour l’élection du comité central.

Quelles sont vos orientations ? En quoi se distinguent-elles de celles de Mahmoud Abbas ?

Qadoura Fares. Nous pensons d’abord que le mouvement, le Fatah, doit être beaucoup plus actif pour être à l’initiative. Il faut changer la mentalité du mouvement, pas seulement la politique que nous avons menée depuis vingt ans. Tout doit être changé, en fait. Nous ne pouvons pas poursuivre les négociations alors que la colonisation se poursuit dans les territoires palestiniens, qu’Israël ne reconnaît pas, dans ses principes, nos droits nationaux. Dans ces conditions, on ne peut pas continuer à négocier. Cela ne rime à rien. C’est juste utile pour l’occupation, pas pour le peuple palestinien.

Comment comptez-vous renforcer votre position au sein du Fatah ?

Qadoura Fares. Pour être franc, nous n’avons aucun représentant au sein du comité préparatoire au congrès. Il y a eu de nombreux problèmes. Ils ont mis en place les cadres qui leur sont favorables, qui voteront pour eux. Malgré cela, nous avons décidé de participer au congrès. Nous ferons de notre mieux pour faire avancer nos idées et les faire partager par le plus grand nombre.

Pensez-vous nécessaire de changer le comité central du Fatah ?

Qadoura Fares. Il le faut. Peut-être ne parviendrons-nous pas à changer tous les membres du comité central. Mais je pense que la majorité sera remplacée.

Est-ce que quelqu’un, au sein de la tendance que vous représentez, entend présenter sa candidature à la tête du Fatah ?

Qadoura Fares. Le congrès est souverain sur la question du secrétaire général. Il sera bien évidemment amené à discuter de cette question. Mais je pense qu’Abou Mazen (Mahmoud Abbas) continuera à être le leader du mouvement.

Comment l’idée même de résistance doit-elle être portée par le Fatah ?

Qadoura Fares. Nous sommes, en tant que Fatah, les fondateurs de la résistance du peuple palestinien [1]. Nous devons continuer notre résistance jusqu’à la victoire. Mais, bien sûr, il y a de nombreuses questions qui se posent, notamment celle de savoir quel type de résistance il faut développer. Je tiens à souligner que nous préférerions retourner à la table des négociations et qu’Israël reconnaisse nos droits. Mais si ce n’est pas possible, le peuple palestinien ne doit pas abandonner son droit à résister. C’est le droit de tout peuple dans le monde d’avoir la liberté, le droit à l’autodétermination, de construire un État indépendant.

Qu’est-ce que le Fatah doit faire, selon vous, pour reconstruire l’unité palestinienne ?

Qadoura Fares. Tout en reconnaissant qu’il est de notre responsabilité de retrouver cette unité, il faut toutefois souligner que nous ne pourrons parvenir seuls à une réconciliation avec le Hamas. Cette organisation a également des responsabilités qu’elle doit assumer. Elle doit partager cette volonté de réconciliation. Malheureusement, jusqu’à maintenant, l’attitude du Hamas ne montre pas une volonté de réconciliation. Mais après l’élection de notre nouvelle direction, nous reconsidérerons toutes les questions et toutes les possibilités. En sachant que le plus important est de poursuivre le dialogue et de parvenir à un accord avec le Hamas.

[1] voir, toujours dans l’Humanité :

Cinquante années d’une lutte inégale. Histoire du Fatah

Le sixième congrès du Fatah se tient à quelques mois du cinquantième anniversaire de la création du Mouvement de libération nationale palestinien.

C’était en octobre 1959 à Koweit. Un petit groupe de jeunes universitaires palestiniens qui avaient tous fait leurs études au Caire décide de créer un Mouvement de libération nationale palestinien. C’est-à-dire l’acronyme du Fatah (inversion de Hataf en arabe). Une appellation copiée sur celle du FLN algérien qui constituait alors, en pleine guerre d’indépendance de l’Algérie, un modèle pour les mouvements de libération arabes. On est un peu plus de dix ans après 1948 et la création d’Israël, ce que les Palestiniens appellent la « Nakba », la « catastrophe ». Le peuple palestinien ne se remet pas de l’exode forcé de plus de la moitié de la population de la Palestine historique, charcutée par le plan de partage de l’ONU pour faire place à l’État d’Israël.

Il est éclaté entre les divers pays arabes qui ont accueilli les milliers de réfugiés - Liban, Syrie, Jordanie, Irak, Koweit et pays du Golfe - et ceux qui vivent sous occupation, qu’elle soit israélienne, jordanienne ou égyptienne. La Cisjordanie est sous la botte jordanienne et la bande de Gaza sous la « protection » de Nasser, le président égyptien, qui se pose en libérateur de toute la nation arabe. Les deux régimes entendaient bien utiliser la cause palestinienne, considérée comme sacrée par l’ensemble de l’opinion publique arabe, au mieux de leurs intérêts respectifs.

En fait, l’embryon du futur Fatah naît et se développe au sein de la Ligue des étudiants palestiniens, constituée au Caire en 1951 et dont Yasser Arafat sera élu président en 1953. Elle regroupait des étudiants de toutes les tendances politiques. Beaucoup venaient des Frères musulmans, mouvement islamiste né en Égypte trente ans plus tôt, mais on y trouvait aussi des baasistes, des communistes, des nationalistes arabes, tous mus par la volonté de libérer la Palestine.

Parmi les fondateurs du Fatah se trouvaient Yasser Arafat, Khalil Ibrahim Wazir et Salah Khalaf (1) qui deviendront les trois grands organisateurs de la lutte armée contre Israël - mais aussi Farouk Kaddoumi, en principe toujours dirigeant en titre du Fatah mais en rupture totale avec l’Autorité palestinienne (il n’a jamais accepté les accords d’Oslo), et enfin Mahmoud Abbas, l’actuel président de cette Autorité. Il est ainsi l’un des derniers chefs historiques d’un mouvement composite qui a connu bien des vicissitudes en cinquante années de luttes.

L’idée première qui animait ces hommes était la nécessité d’utiliser la lutte armée pour libérer la Palestine de la présence israélienne. Aussi le Fatah va-t-il mettre sur pied toute une organisation militaire de fedayins (partisans) qui s’entraîneront dans des camps installés dans les pays arabes où se trouvent les réfugiés palestiniens et leurs familles. Après la guerre des Six-Jours et l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza par l’armée israélienne, le Fatah entreprend les premières opérations militaires : la bataille de Karameh en mars 1968, dont Arafat et ses feddayins sortent victorieux, sera l’un des événements fondateurs de la popularité du Fatah et de son chef, qui intègre alors l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) créée quatre ans plus tôt avec le soutien de Nasser. Arafat en prend la direction dès l’année suivante.

Les années suivantes seront celles des attaques de guérilla menées, le plus souvent sans grand succès, par les fedayins contre Israël depuis les pays limitrophes : la Jordanie d’abord, puis, après septembre noir (2), le Liban. C’est aussi le temps des attentats et des détournements d’avions, opérations menées soit par le Fatah lui-même, soit par des groupes marxistes dissidents mais membres de l’OLP comme le FDLP ou le FPLP.

Car dès cette époque s’est engagé au sein du Fatah un grand débat sur la stratégie à suivre et sur le rôle respectif de la lutte armée et de la lutte politique et diplomatique. Attentats et détournements d’avions non seulement se montrent peu efficaces, mais ils ternissent l’image du Fatah et de l’OLP, et attirent des représailles sur la population palestinienne et sur le Liban, où sont installées les organisations palestiniennes après 1970.

En 1974, Arafat, qui est à la fois chef du Fatah et de l’OLP, lance à la tribune des Nations unies une offre de négociations de paix avec Israël. Une offre qui provoquera de nouvelles scissions au sein du Fatah mais qui sera acceptée par la grande majorité. Mais si le Fatah est prêt à négocier, les dirigeants israéliens s’y refusent encore et continuent de considérer Arafat comme un chef terroriste. Il faudra attendre de longues années, une nouvelle guerre au Liban en 1982, puis l’intifada palestinienne de 1987, avant qu’elles ne commencent, après la première guerre du Golfe, en 1991.

Entre-temps, le Fatah, réfugié à Tunis depuis 1982, a tenu son cinquième congrès à Alger : en 1989, trente ans après sa création, il accepte officiellement la stratégie qu’Arafat a réussi à imposer à l’OLP l’année précédente en annonçant urbi et orbi - à Alger déjà - la création d’un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza, à côté de l’État d’Israël dont il reconnaissait ainsi le droit à l’existence dans les frontières d’avant 1967. Un changement stratégique qui fut difficile à accepter pour bien des militants et qui devait conduire à de nouvelles scissions.

Il devait déboucher sur les négociations - officielles puis secrètes - avec Israël, les accords d’Oslo et la création de l’Autorité palestinienne. Un grand espoir est né. De retour en Palestine en 1994, Arafat confie la plupart des postes dirigeants aux membres du Fatah, resté le parti dominant au sein de l’OLP. Il sera le grand vainqueur des premières élections organisées dans les territoires palestiniens en 1996.

Mais pas plus qu’il n’avait réussi à libérer la Palestine par la lutte armée, le Fatah n’a réussi à obtenir la création d’un État indépendant par la négociation. Empêtré dans la gestion administrative d’une population qui continue de subir l’occupation et ses humiliations, le Fatah est apparu de plus en plus compromis, miné par la corruption, déchiré par les rivalités, incapable d’avancées significatives vers l’indépendance. Aussi a-t-il été durement sanctionné lors des élections législatives de 2006, remportées par le Hamas. Il lui reste à tirer les leçons d’une longue et douloureuse histoire.

Françoise Germain-Robin

(1) Abou Jihad, assassiné en avril 1988 à Tunis par un commando du Mossad dirigé par Ehud Barak, et Abou Iyad, assassiné en 1991 par un agent double, toujours à Tunis.

(2) En septembre 1970, l’armée jordanienne attaque les camps de feddayins et les expulse vers le Liban. Les massacres de ce « septembre noir » ont fait entre 3 500 et 10 000 morts palestiniens.

http://www.humanite.fr/2009-08-04_I...

Entretien réalisé par Pierre Barbancey

http://www.humanite.fr/2009-08-04_I...

L'UNITE DU FATAH ET LA CAISSE DE ABBAS


Par Houssam Kanafan
vendredi 7 août 2009, par : Rédaction Enfants de (la) Palestine,

out le bruit qui a précédé le sixième congrès du Fatah et les rumeurs concernant son ajournement ne l'ont pas empêché de se tenir "avec la participation des présents", même si les absents sont les membres de Fatah de la bande de Gaza. Ceux-la même qui ont révélé la situation délabrée du mouvement après la défaite des élections législatives de 2006 et de l'opération Hamas de juin 2007, et qui étaient supposes être a l'origine de la reforme du mouvement palestinien.

ette absence n'a eu aucun effet sur les plans du Fatah en Cisjordanie, notamment ceux du président Mahmoud Abbas, puisque les membres du "Fatah-Gaza" dont il a besoin sont bien présents sur les terres de l'autorité, avec a leur tête Mohammad Dahlan. Il semble que Abou Mazen compte sur lui pour structurer le mouvement en depit de l'opposition de la majorité des membres du Fatah de Gaza, de Cisjordanie et de l'extérieur, qui font porter a Dahlan la responsabilité de l'intervention militaire du Hamas en juin 2007 et plus généralement de la division qui sévit actuellement en Palestine.

Cette opposition existe et commence a s'exprimer sous la forme de lettres adresses au congres par des membres du Fatah qui restent attaches au cadre traditionnel du mouvement, en dépit des changements projetés et que les rumeurs commencent a révéler, notamment au niveau de la composition du comité central et du conseil de la révolution. Ces changements vont dans le sens d'une rupture avec l'histoire du Fatah ou d'un mixage entre ancien et nouveau sur la base des orientations et des choix politiques de Mahmoud Abbas.

Des le premier jour de son mandat de président, Abbas a commence a "domestiquer" le mouvement par le biais de négociations sécrètes et de transactions souterraines. Mais ce qui est nouveau aujourd'hui c'est le caractère publiquement déclaré de ce qu'on peut désormais qualifier de "Fatah-Abbas". Ce que Abou Mazen avait applique de manière clandestine est aujourd'hui revendique haut et fort.

C'est ainsi que, contournant le comité central et le conseil de la révolution, le programme politique actuel du mouvement vient confirmer la doctrine de Abbas, avec comme point principal les négociations de paix, au motif que "l'époque pendant laquelle Israël maitrisait seul les options internationales est révolue". Abou Mazen a longuement expliqué que son programme politique entérinait la légalité de la lutte armée et a déclaré qu'il réservait "notre droit a la résistance qui nous est garanti par la légalité internationale, et ce que nous garantit la légalité internationale, nous l'acceptons"..

La lutte armée n'est donc plus une notion indiscutable dans ce "Fatah nouveau", mais une question soumise aux interprétations de la communauté internationale et de la légalité internationale et de ses représentants. Abbas est allé encore plus loin et a déclaré que l'application de "ce droit" était fonction de "la compréhension et de l'unanimité nationales et du choix du moment opportun". Tels sont les trois critères pour légitimer la lutte armée et qui dépendent du seul bon vouloir de Abou Mazen, bon vouloir qui s'est suffisamment et clairement exprime au cours des deux dernières années sous l'intitule de "l'absurdité de la résistance".

Dans ce contexte, les déclarations israéliennes concernant une "troisième intifada" et une "déclaration de guerre" a l'issue du congres sont plutôt ironiques venant des dirigeants de l'État hébreu qui connaissent parfaitement le passé de Abou Mazen et son éloignement de la lutte armée tout au long de son activité politique, que ce soit au sein du Fatah, de l'OLP ou de l'autorité palestinienne.

En effet, Abbas continue ses reformes rassurantes [pour les sionistes], il ne craint ni rébellion ni scission et poursuit son programme qui vise a transformer le Fatah en un mouvement d'intérêts personnels vide de toute idéologie révolutionnaire. Ce programme existe d'ailleurs depuis la création du mouvement qui avait, a l'époque, englobé les islamistes et les marxistes sous la bannière de "la libération de la Palestine". La bannière est toujours la même, mais la méthode et l'application sur le terrain ont changé, de sorte que le mouvement est devenu une "source de revenus" via les salaires, les nominations et les privilèges.

A partir de la, c'est la source de financement qui conditionne les éventuelles tentatives de scission. Or,dans le contexte régional et international actuel, les sources de financement alternatives sont bien connues. Du fait que Abou Mazen monopolise les financements États-unien, européen et saoudien, il ne reste a ses opposant que le recours soit au Qatar, soit a l'Iran. Sauf que l'accès a ces sources est semé d'embuches politiques et matérielles. Le financement du Qatar dépend de l'intérêt de Doha a se démarquer de son contexte régional, notamment de l'Arabie saoudite, et reste soumis aux fluctuations des relations entre le Qatar et ses voisins d'une part et les États-Unis d'autre part. En ce qui concerne la source iranienne, la crise financière actuelle du Jihad Islamique, qui a poussé sa direction a envisager la fusion avec le Hamas, révèle une situation problématique qui pourrait être liée a la situation interne de la République islamique.

En tout état de cause et compte tenu de l'échec des précédentes scissions du mouvement, telles que celles de "Fatah Intifada", "Fatah al Yasser" et "Fatah al Islam", il semble que Abbas n'a aucune raison de s'inquiéter au sujet de la direction actuelle du mouvement, tant qu'il tient les clés de la caisse des financements et des nominations, au risque de la faillite de l'Autorité.

Source : http://www.al-akhbar.com/ar/node/150469

CONGRÈS DU FATAH : DES DIFFÉRENDS ÉCLATENT ENTRE ABBAS ET DES DÉLÉGUÉS

A .F .P
jeudi 6 août 2009, par : Rédaction Enfants de (la) Palestine,

es portes ont claqué mercredi au deuxième jour du congrès du Fatah à Bethléem, en Cisjordanie. Des délégués demandent des comptes sur les finances depuis la dernière réunion en 1989, et d'autres soupçonnent le président Abbas d'avoir manœuvré pour faire élire ses alliés à la direction du parti palestinien.

e président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a laissé entendre que le congrès devrait être prolongé de deux jours pour s'achever samedi au lieu de jeudi, selon un délégué, Sami Sarhan.

Ce sommet, vingt ans après celui de Tunis, est censé permettre le renouvellement de la direction, débarrasser le mouvement des soupçons de corruption et le renforcer face à son grand rival islamiste, le Hamas, qui a pris le contrôle de la Bande de Gaza par les armes en juin 2007.

Mais la session à huis clos de mercredi a été ponctuée par des cris, et des délégués sont sortis furieux de la salle de réunion. Un délégué, Hussam Khader, a déclaré qu'il s'était levé et avait demandé au Comité central, l'instance dirigeante, de fournir un rapport détaillé de ses activités des 20 dernières années précisant de quelle façon l'argent a été dépensé.

Mahmoud Abbas a répliqué que son discours d'ouverture de mardi était une réponse suffisante. "J'ai élevé une objection et le président m'a ordonné de m'asseoir. Il m'a dit, 'soit vous vous asseyez, soit vous partez", a raconté le délégué.

Les militants de la "jeune garde" comme Hussam Khader, 46 ans, se plaignent en outre de ce que Mahmoud Abbas et les "vieux" du Fatah se sont arrangés pour faire nombre afin de peser sur l'élection des 21 membres du Comité central. Nombre des 2.270 délégués à Bethléem ont en effet été choisis par le président de l'Autorité palestinienne.

Autre sujet de discorde : la représentation des quelque 400 délégués empêchés de quitter la Bande de Gaza par le Hamas, en représailles au refus de Mahmoud Abbas de libérer des geôles de Cisjordanie environ 900 prisonniers appartenant au Mouvement de la résistance islamique. Une centaine de délégués de Gaza ont cependant pu se rendre au congrès, soit qu'ils ont quitté le territoire juste après sa chute aux mains du Hamas, soit qu'ils ont réussi à sortir clandestinement ces dernières semaines.

Au début du sommet, M. Abbas a désigné chargé une commission de proposer un moyen de faire participer les délégués retenus, éventuellement en les autorisant à voter par téléphone ou par courrier électronique.

Mais un groupe de délégués emmené par l'ancien homme fort de Gaza, Mohammed Dahlan, a exigé qu'un tiers des sièges du Comité central et de la deuxième instance, le Conseil révolutionnaire, soit réservé aux représentants de la Bande de Gaza. Un lieutenant de Mohammed Dahlan, Samir Macharaoui, est sorti en coup de vent après avoir lu à l'assemblée un communiqué du groupe.

Mohammed Abbas a rejeté les critiques, déclarant qu'il y avait "une différence entre demander des comptes et régler des comptes", selon le délégué Sami Sarhan. Le président palestinien a ajouté que le succès du congrès était primordial car le monde observait les événements.

La vieille garde du Fatah accusée de "détourner" son congrès

Le premier congrès du Fatah depuis 20 ans s'est poursuivi à huis clos mercredi à Bethléem, au lendemain de son ouverture par le président palestinien Mahmoud Abbas.

Ce dernier souhaite faire émerger une nouvelle génération issue du terrain à la tête du mouvement nationaliste par le biais du renouvellement de son comité central.

Mais la "vieille garde", dont nombre d'éléments ont passé des années en exil, semble faire de la résistance, aussi les réformistes se montraient-ils pessimistes sur l'issue de la réunion, la première à se tenir en territoire occupé.

Le dernier congrès du Fatah, le Ve, remonte à l'année 1989 à Tunis, où s'était installée la direction du mouvement après son expulsion de Beyrouth, en 1982, et avant les accords d'autonomie conclus à Oslo en 1993. La direction en place depuis cette époque est de longue date accusée de corruption, d'impéritie, de suffisance et d'absence de transparence par les "jeunes loups" du mouvement.

Cette fois, le comité central du mouvement se voit reprocher de tenter de fausser le congrès par l'ajout de 700 délégués non prévus à la liste initiale de 1.550 congressistes.

Selon Mansour al Sadi, un des représentants de la nouvelle génération qui souhaite avoir son mot à dire dans la conduite du mouvement, cette "tentative de détournement" vise à maintenir le statu quo.

"Nous réclamions la tenue de ce congrès depuis de nombreuses années mais ceci n'est pas le congrès dont nous avions rêvé", s'est plaint de son côté un autre délégué réformiste, Kaddoura Farès.

De source proche du Fatah, on exclut pourtant toute scission au sein du mouvement nationaliste, affaibli depuis le coup de force de son rival islamiste Hamas à Gaza à la mi-juin 2007.

Si les délégués débattent du programme politique du Fatah, sa charte fondatrice, qui continue à prôner la destruction d'Israël, n'est pas remise en cause.

Lors de son discours d'ouverture, mardi, Mahmoud Abbas a déclaré que le mouvement était voué à créer un État palestinien et à faire la paix avec Israël mais que la "résistance" demeurait une de ses options.

Il n'a pas précisé quelles formes celle-ci pourrait prendre, mais les délégués discutent de nouvelles formes d'action contre la colonisation israélienne, comme la désobéissance civile.

Certains délégués ont réclamé des comptes sur la défaite du Fatah face au Hamas lors des législatives de 2006, mais d'autres ont préféré regarder devant eux en faisant valoir que la tenue même de ce VIe congrès était un succès, même si les islamistes de Gaza ont empêché 400 délégués du Fatah de s'y rendre. Les statuts du Fatah prévoient un congrès tous les cinq ans, mais le défunt Yasser Arafat s'était arrangé pour différer le VIe afin d'éviter toute remise en cause de son autorité.

Ce VIe congrès, qui pourrait se prolonger jusqu'au week-end prochain, doit élire 18 membres du comité central parmi 80 candidats et 120 membres du Conseil de la révolution parmi des centaines de prétendants.

( Mercredi, 05 août 2009)