samedi 11 juillet 2009

Commandos palestiniens anti-terroristes

Par YAAKOV KATZ

10.07.09
L'armée israélienne pense à permettre aux Palestiniens d'établir une unité spéciale anti-terroriste, un "modèle réduit" des unités de reconnaissance de l'armée israélienne, unités d'élite. Elle serait qualifiée pour mener des opérations ponctuelles et de précision contre des cellules terroristes du Hamas en Judée-Samarie.

Forces palestiniennes de sécurité.
PHOTO: AP , JPOST

Un tel commando d'élite pourrait mener des opérations spéciales contre le Hamas et les infrastructures du Djihad islamique en Judée-Samarie de façon plus efficace que les actuelles forces palestiniennes de sécurité.

Les Français ont d'ores et déjà proposé d'entraîner une telle équipe.

Cette décision a été prise suite à l'opération menée par l'Autorité palestinienne contre une cellule du Hamas à Kalkilya le mois dernier ; opération au cours de laquelle cinq terroristes du Hamas et quatre membres des forces de police palestinienne ont été tués.

Ces quatre bataillons palestiniens, entraînés par les Etats-Unis en Jordanie et déployés en Judée-Samarie ont appris à faire respecter la loi et sont amenés à conduire des contrôles de routine et des opérations propres à la police. Pour autant, aucun entraînement militaire ne leur a été dispensé. Ils sont équipés de pistolets, de Kalachnikov, et le contenu de leur entraînement a été approuvé par Israël.

L'armée israélienne réfléchit donc à permettre l'établissement d'une petite unité d'élite capable de conduire des opérations comme celle menée à Kalkilya, de façon plus efficace et en causant moins de victimes.

L'armée avait récemment opposé son veto à une requête de l'Autorité palestinienne qui demandait à recevoir un entraînement dans les explosifs.

L'AP avait auparavant demandé de pouvoir se doter d'un arsenal de communication militaire avancé ; requête refusée par l'armée qui s'inquiétait d'interférences entre les deux systèmes de défense.

Alors que le Commandement central de l'armée israélienne, sous la direction de Gadi Shamni, est parvenu à réduire de façon significative, l'activité terroriste en Judée-Samarie, un Officier a tiré la sonnette d'alarme jeudi, déclarant que l'armée craignait que le Hezbollah n'active des cellules terroristes dans la région et ne les enjoigne à attaquer Israël.

jerusalem post

Résistance populaire et identité islamique

Monde Arabe - 09-07-2009

Par Youssef Girard

La guerre d’octobre 1973 marque un basculement fondamental dans la résistance à la colonisation sioniste. Pour la première fois des armées arabes parvinrent à tenir tête à l’ennemi sioniste qui fut contraint de reculer. Après la perte du quart de son potentiel militaire, les sionistes, inquiets de voir leurs réserves s’épuiser, furent obligés de faire appel aux Etats-Unis pour organiser d’urgence leur ravitaillement en arme. Le pont aérien organisé entre Washington et Tel-Aviv permit aux sionistes de préserver les positions conquises durant la guerre de juin 1967.

Toutefois, si la guerre d’octobre 1973 vit un rééquilibrage des forces en faveur des armés arabes, elle fut aussi la dernière guerre conventionnelle entre une armée arabe et l’Entité sioniste. Après la guerre, Anouar as-Sadate déclara ouvertement : « cette guerre est la dernière. » [1] Cette déclaration heurta les résistants arabes mais elle exprimait clairement les projets des dirigeants de la région plus soucieux de mettre œuvre l’intifah – l’« ouverture » au capitalisme et à l’impérialisme occidental liquidant les acquis sociaux de la période nassérienne – que de résistance à l’hégémonie occidentale et la colonisation sioniste. A partir de là, tel les hypocrites suivant David, ils affirmèrent : « nous ne nous sentons pas aujourd’hui de force à résister à Goliath et à ses hommes. » [2]

Face à la forfaiture de leurs dirigeants, les peuples arabes répondirent comme ceux qui étaient convaincus de rencontrer leur Créateur parmi les hommes de David : « Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d’Allah, vaincu une troupe très nombreuse. » [3] Ainsi, alors que les gouvernements et les armées arabes abdiquaient devant la puissance de feu sioniste, la résistance populaire devint le principal acteur de la lutte de libération du Machrek, notamment en Palestine et au Liban. La résistance populaire devint la principale expression du refus des peuples arabes de capituler devant l’hégémonie occidentale et la colonisation sioniste.

Avant le renoncement des officiels Egyptiens, la résistance populaire commença à s’organiser à partir des camps de réfugiés Palestiniens de Jordanie ou du Liban. En 1959, le Fatah qui se proposait d’organiser la résistance du peuple palestinien, fut créé par des dissidents de l’organisation des Frères Musulmans, tels que Yasser Arafat, Khalil al-Wazir [Abou Jihad] et Salah Khalaf [Abou Iyad], et un proche du parti Ba’ath, Farouk Kaddoumi [Abou Loutof]. Fraîchement indépendante, l’Algérie, alors dirigée par Ahmed Ben Bella, fut le premier Etat arabe à accorder son soutien politique et militaire à l’organisation palestinienne qui souhaitait mener des actions armées. Dans cette perspective le Fatah créa une branche militaire, al-Asifa [la tempête], qui mena ses premières opérations commandos contre l’Entité sioniste à partir de la fin de l’année 1964. Dans le même temps, certains membres du Mouvement Nationaliste Arabe [MNA], tel que Georges Habache, envisageaient de plus en plus le développement de la lutte armée comme principal mode de résistance à la colonisation sioniste.

Au-delà de la lutte armée, ces organisations réussirent à donner aux Palestiniens dispersés dans les camps du Liban, de Jordanie et de Syrie et dans divers pays une structuration constituant la ‘assabiyya – l’esprit de corps - de leurs nations éclatées par la colonisation. A partir du 1968, cette ‘assabiyyase structura au sein de l’OLP qui représentait l’identité et les aspirations nationales du peuple palestinien.

La débâcle de juin 1967, donna une nouvelle impulsion à la résistance populaire qui se développa dans les territoires nouvellement occupés et dans les camps de réfugiés de Jordanie et du Liban. Les organisations palestiniennes voulaient développer la guerre populaire sur le modèle de la résistance algérienne ou vietnamienne. Faire de Amman un nouvel Hanoi devint l’un des objectifs du Front Populaire de Libération de la Palestine, créé au lendemain de la défaite par Georges Habache et des dissidents du MNA. La bataille de Karamé marqua l’affirmation politico-militaire de cette résistance populaire. Le 21 mars 1968, l’armée sioniste attaqua le camp de Karamé en Jordanie mais elle fut repoussée par la résistance palestinienne qui remportait sa première bataille. Ce succès contribua à renforcer la popularité de la résistance palestinienne dans le monde arabe où le feddayin devint l’incarnation vivante de la moumana’a – résistance - arabe.

Contre cette montée puissance de la moumana’a arabe, le roi Hussein de Jordanie se plia aux injonctions de l’Occident impérialiste et des sionistes en éradiquant la résistance palestinienne en septembre 1970. Les impérialistes et la réaction arabe refusaient que le Jordanie serve de base arrière à la résistance palestinienne. La terrible répression de Septembre noir fut un coup extrêmement dur pour les organisations palestiniennes qui furent contraintes de se replier au Liban où la résistance avait installé des bases militaires dans le Sud du pays après l’attaque de l’aéroport de Beyrouth par les sionistes le 28 décembre 1968. A partir de ces bases, la résistance palestinienne commença à lancer des attaques contre l’Entité sioniste. Cette résistance restera active jusqu’à l’invasion du Liban par les troupes sionistes en juin 1982. Suite à cette invasion, la résistance palestinienne fut contrainte de quitter le Beyrouth. Installé à Tripoli dans le Nord du Liban, Yasser Arafat et 4 000 de ses partisans furent une nouvelle fois contraints de quitter cette ville, le 21 décembre 1983, sous la pression des troupes syriennes et de certaines organisations palestiniennes hostiles à sa politique. S’installant à Tunis, la direction de l’OLP fit de cette ville, éloignée des théâtres d’opérations, son nouveau quartier général.

Ce départ marqua une évolution dans la moumana’a arabe. Premièrement, malgré l’opposition d’une grande partie de ses dirigeants palestiniens, la direction de l’OLP qui n’était plus directement en contact avec le peuple palestinien, s’engagea dans une politique de « compromis » avec l’ennemi. Deuxièmement, après le départ de la direction de l’OLP du Liban, lamoumana’a arabe vit l’émergence d’organisations ayant l’islam comme référence centrale. Le Hezbollah fut créé en 1982 et pris rapidement la tête de la résistance à l’occupation sioniste au Liban alors qu’en Palestine une nouvelle organisation de résistance émergeait en 1981, le Jihad Islamique fondé par Fathi Chakaki, un nationaliste arabe passé à l’islam politique révolutionnaire. Mais cette évolution de la moumana’a arabe était portée en germe par les modalités d’actions propres à la guerre populaire.

Selon Ho Chi Minh, dans la guerre populaire « les troupes régulières, régionales ou de guérilla doivent rester étroitement unies à la population ; si elles s'en détachent, elles connaîtront la défaite. » [4] Cette nécessité d’être dans la population « comme un poisson dans l’eau » obligeait les militants à se mettre à l’écoute du peuple afin d’entreprendre un travail politico-militaire à partir de sa culture spécifique et de ses besoins réels. Les militants étaient appelés à se fondre dans les masses et non à se placer au dessus d’elles en « guide » omniscient. Toute rupture avec la culture des masses populaires arabes au sein desquelles la résistance déployait son action risquait de compromettre sa lutte.

Cette conception de la résistance populaire amena nombre de acteurs à repenser les rapports de moumana’a arabe à la culture et à la civilisation arabo-islamique avant l’émergence d’organisations ayant l’islam comme référence centrale. En 1973, Monah as-Solh écrivait : « quand les masses arabes parlent de leur islamité et ce, quand elles parlent d’une situation politique ou civilisationnelle, elles veulent le plus souvent souligner qu’elle refusent la vassalité à l’égard de l’Occident, entendant souligner ainsi qu’elles se sentent faire partie d’un tout historique et géographique, détenteur d’un héritage, de valeurs, de racines. […] Parfois même, en proclamant leur islamité, les masses populaires entendent signaler leur attachement positif à cette dimension, signifiant aux intellectuels, aux occidentalisés, aux pseudo avant-gardes : « J’appartiens à un monde et vous appartenez à un autre monde ; et nous sommes différents de vous. » » Il ajoutait : « L’attitude de l’intellectuel progressiste arabe consiste toujours à redouter de reconnaître cette unité profonde qui unit ces deux contenus [islamité et arabisme], en apparence vu son attachement à la pureté révolutionnaire et à l’entière rectitude idéelle, mais, en réalité, étant donné qu’il redoute, s’il venait à cet aveu, de donner au mouvement de libération arabe la densité et l’efficacité qui ferait de lui [une force], allant bien au-delà de l’engagement, du sacrifice, de l’esprit combatif qu’il est prêts à prodiguer. […] lui-même, en réalité, n’est pas encore devenu arabe au degré d’arabité vécue par les masses et que son arabité n’est pas haussé au niveau de l’islamité des masses.»

Monah as-Solh concluait ses propos en posant la question : « islamité des masses populaires constitue-t-elle un fardeau pour le mouvement nationalitaire arabe, ou bien plutôt une dimension supplémentaire de ce mouvement ? Telle est la question qui est ici posée aux gauchistes de l’aliénation idéelle comme à la droite [que cimente] l’intérêt –unis les uns et les autres dans leur acharnement à placer l’Islam hors la révolution. » [5]

Cette réflexion sur l’identité culturelle et civilisationnelle des masses arabes et la volonté de se fondre en elles, fut la base des réflexions des militants des Brigades étudiantes du Fatah ou de la Résistance Populaire dirigée par Khalil Akkaoui dans le quartier populaire de Bab at-Tabbané à Tripoli. Ces militants commencèrent à étudier l’héritage islamique afin d’être en phase avec les milieux populaires au sein desquels ils développaient leurs activités. Dirigeant des Brigades étudiantes du Fatah, Mounir Chafiq expliquait : « la ligne de masse, ça m’a aidé à redécouvrir une culture et un fond civilisationnel historique, l’islam. Et je crois que la ligne de masse, d’écouter les masses, de ne pas les mépriser dans leurs sentiments et leurs vécus, c’était très important. » [6]

Partis du marxisme, dans sa version tiers-mondiste, ces militants révisèrent leur conception idéologique du fait de leur pratique militante. Deux responsables des Brigades étudiante du Fatah, Mohammed Bassem Sultan et Mohammed Bohaïss affirmaient : « Marx, en ignorant la réalité de la pluralité des modes de civilisation et en considérant que la voie universelle du progrès était celle de l’Europe, a conclu, s’agissant de l’Inde par exemple, que la Grande-Bretagne y avait une double mission historique : détruire les vieilles structures traditionnelles et y implanter la civilisation européenne. L’hypothèse selon laquelle la destruction des structures civilisationnelles et du système social traditionnel des peuples non européens et la greffe de la civilisation européenne signifiait le progrès et la naissance du capitalisme n’a pas été confirmée par les évènements ultérieurs. Au contraire, les conséquences réelles de ce processus ont conduit à la construction de systèmes occidentalisés dépendant des métropoles capitalistes et impérialistes. La destruction des systèmes sociaux traditionnels était la condition pour saper les fondements de l’indépendance des peuples non européens et leur imposer un état de dépendance permanente qui allait se perpétuer après même les indépendances politiques… Dans l’une des phases de notre réflexion, nous avons affirmé que les processus révolutionnaires sont toujours singuliers, qu’ils sont liés aux spécificités des sociétés qui les engendrent. Indépendamment de nos convictions et de nos vœux, la question qui se posait était : Quel type de révolution sera engendré par la nation arabe ?... En étudiant les spécificités de nos pays, nous avons constaté que le seul système porté en germe par nos sociétés était l’islam. » [7]

Ces discussions sur les fondements idéologiques de leur action amena les militants à repenser le rôle de « l’avant-garde » au sein de la moumana’a arabe. Mounir Chafiq expliquait : « Je crois que le mouvement islamique au Liban et en Palestine a essayé d’aboutir à un autre concept d’avant-garde. Une avant-garde qui ne soit justement qu’une accoucheuse. Lorsque la sage-femme aide l’enfant à venir au monde, elle ne fait justement que l’aider en un sens. Ce n’est pas l’accoucheuse qui va changer les traits physiques de l’enfant, son poids, son code génétique : elle peut favoriser des éléments, ou les défavoriser, c’est vrai. Mais il y a une donnée qui est déjà là. Pour l’avant-garde révolutionnaire, c’est la même chose : tu peux favoriser un processus révolutionnaire, mais il y a des données qui sont là, historiques. Tu ne peux intervenir dans une société sans prendre en compte son histoire politique, sociale, culturelle, tous ces éléments enchevêtrés. […] Cela signifie, pour moi, avec Marx : les conditions d’une révolution viennent de l’intérieur d’une société, de son intérieur profond. Et dans cet intérieur profond, ici, que tu le veuilles ou non, que ça plaise ou non, il y a l’islam, qui a été un courant civilisationnel historique, profond. » [8]

Ces réflexions posées dans les années 1970 prirent une nouvelle ampleur dans les années 1980 avec l’émergence d’organisations de résistance ayant l’islam comme référence centrale et le développement de la lutte des Palestiniens de l’intérieur en dehors du cadre de l’OLP repliée à Tunis. Cette émergence politique des Palestiniens de l’intérieur qui se manifesta publiquement au cours de manifestations durement réprimées par les autorités sionistes en 1982, prit une ampleur nouvelle avec le déclanchement de la première intifadah en décembre 1987. Les émeutes populaires puis les grèves de commerçants firent de la résistance des Palestiniens de l’intérieur le point focal de la moumana’a arabe contre l’Entité sioniste. Une nouvelle étape de la résistance contre colonisation commençait au cours de laquelle le caractère national et islamique de la résistance pris une nouvelle dimension. Au niveau politique, différents mouvements politiques, dont le Fatah, le FPLP ou le Jihad Islamique, constituèrent une Direction patriotique unifiée pour soutenir et organiser l’intifadah.

Parallèlement à la Direction patriotique unifiée, l’organisation des Frères Musulmans en Palestine qui ne participait pas à la résistance populaire concentrant son travail sur la prédication religieuse et l’action sociale, entra dans la lutte en créant le Hamas dirigé par le cheikh Ahmed Yassine. La création du Hamas correspondait à l’intensification de la résistance des Palestiniens de l’intérieur et à la montée en puissance d’une nouvelle génération de militants au sein de l’organisation des Frères Musulmans en Palestine, tel que Abdelaziz ar-Rantissi, résolus à engager la résistance armée à la colonisation sioniste. Rapidement le Hamas mit sur pied sa branche paramilitaire, les Brigades Izz ed-Din al-Qassam, chargée d’organiser la lutte armée.

Refusant d’abdiquer, contestant la conférence de Madrid de 1991 et les accords d’Oslo de 1993, le Jihad Islamique et le Hamas jouèrent un rôle central dans la résistance populaire à la colonisation sioniste dans les années 1990-2000. Au Liban, le Hezbollah remporta des victoires décisives contre l’Entité sioniste en 2000 et surtout 2006. Ce qu’aucune armée arabe conventionnelle n’avait réussi à faire, la résistance populaire du Hezbollah y parvint : faire reculer durablement l’ennemi sioniste. Durant l’attaque de Gaza en janvier 2009, le Hamas et l’ensemble des organisations de résistance empêchèrent, par leur lutte héroïque, l’avancée des troupes sionistes. Comme l’écrivait Ibn Khaldoun en évoquant les mouvements fondés sur la religion, « quand les croyants voient clair dans leurs affaires, rien ne peut les arrêter, parce qu’ils sont unis dans leurs perspectives. » [9]

L’expérience historique a prouvé que les guerres conventionnelles ne sont pas le moyen le plus efficace pour mener à bien les luttes de libération nationale. Du fait de la supériorité technique des puissances hégémoniques, les guerres conventionnelles ne font qu’entériner la domination technico-militaire des nations impérialistes et de leurs alliées. En revanche, les résistances populaires ont réussi à faire reculer les puissances impérialistes comme la France en Algérie, les Etats-Unis au Vietnam et maintenant l’Entité sioniste au Machrek. La victoire de la résistance libanaise dirigée par le Hezbollah et la lutte héroïque de la résistance palestinienne à Gaza marquent le couronnement de la résistance populaire comme modalité principale de lutte contre la colonisation sioniste et la réussite d’organisations de résistance en symbiose avec l’identité civilisationnelle des peuples arabes et palestiniens.

Youssef Girard

Notes de lecture :

[1] El-Bechry Tarek, Les arabes face à l’agression, Paris, al-Bouraq – GEBO, 2009, page 63
[2] Coran 2 : 249
[3] Ibid.
[4] Ho Chi Minh, Sur la guerre de guérilla, 1952
[5] Monah Al-Çolh, Islamité et arabisme, in. Abdel-Malek Anouar, La pensée politique arabe contemporaine, Paris, Ed. Seuil, 1970, page 226-230
[6] Interview, in. Dot-Pouillard Nicolas, « De Pékin à Téhéran en regardant vers Jérusalem : la singulière conversion à l’islamisme des « Maos du Fatah » »,Cahiers de l’Institut Religioscope, n°2, Décembre 2008
[7] Mohammed Bassem Sultan et Mohammed Bohaïss, « Question autour de l’islam et du marxisme derrière les barreaux », Cité par Walid Charara et Frédéric Dumont, Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste, Paris, Fayard, 2004, page 93-95
[8] Interview, art. cit.
[9] Ibn Khaldoun, Discours sur l’Histoire universelle, al-Muqaddima, Paris, Sindbab, 1997, page 242.

Le Hamas : entre principes et nécessité

vendredi 10 juillet 2009 - 06h:42

Ramzy Baroud



Beaucoup peut être dit pour expliquer ou même justifier les récentes concessions politiques faites par le Hamas, dans lesquelles ses principaux dirigeants à Gaza et à Damas ont affirmé leur accord de principe avec un règlement politique basé sur la solution à deux-états.

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Le Premier Ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, lors d’un déplacement dans la ville de Gaza

Le 25 juin, le dirigeant du bureau politique du groupe islamique basé à Damas, Khaled Meshaal a réitéré le refus du Hamas de reconnaître Israël comme état juif, qualifiant avec raison cette désignation de « raciste, digne de Nazis, et comme d’autres prétentions dénoncées par la communauté internationale. » Cependant, il a approuvé l’idée d’une solution à deux-états, laquelle envisage la création d’un état palestinien indépendant sur approximativement 22% de la Palestine historique.

L’annonce était difficilement une surprise, parce que d’autres dirigeants du Hamas avaient fait référence ou avaient simplement fait connaître leur accord avec la même idée dans le passé. Mais ce qui en fait a changé est le langage utilisé par les dirigeants du Hamas pour endosser cette possibilité illusoire et de plus en plus impraticable de deux états. Le vocabulaire de Meshaal était en grande partie laïc, alors que des références au même principe faites par le Hamas auparavant étaient noyées dans un discours religieux.

Par exemple, le Hamas était par le passé d’accord sur un état palestinien couvrant tous les territoires occupés, ce qui imposait la disparition des colonies juives, sous le régime d’une « hudna » [trêve] à long terme. Le terme de « hudna » est chargé de références religieuses implicites et a été utilisé pour présenter les vues politiques du Hamas à la fois comme pragmatiques, mais également basées sur une tradition politique islamique consacrée.

Ahmed Yousef, conseiller en chef au gouvernement du Hamas à Gaza a fait référence au concept de « hudna » dans divers écrits et entrevues avec des médias. Mais ses appels ont sonné plutôt comme une tentative de trouver un espace commun entre les fermes croyances religieuse du mouvement islamique et la pression internationale sous la houlette des Etats-Unis qui vise à forcer le Hamas à entrer dans le même camp politique que celui qui a discrédité son rival du Fatah. Mais la variante introduite par Ahmed Yousef dans sa rhétorique ne peut pas être considérée comme identique aux récentes révélations politiques de Meshaal.

Le boycott du gouvernement élu du Hamas en 2006, et la violence orchestrée qui a conduit à la prise en main [de Gaza] par le Hamas, puis l’isolement et le siège de la bande de Gaza qui ont suivi, étaient censés forcer le Hamas à « modérer » sa position. Une immense souffrance collective a été imposée dans toute la bande de Gaza de façon à ce qu’Israël et ses alliés, dont la direction palestinienne basée en Cisjordanie, forcent le Hamas à sortir de ses retranchements idéologiques pour se joindre au camp « pragmatique », lequel s’est accommodé de compromis politiques stériles.

La constance du Hamas a été suffisante pour faire la preuve de sa crédibilité révolutionnaire et patriotique aux yeux de la plupart des Palestiniens et de ses partisans au Moyen-Orient et dans le monde. Le Hamas a impressionné beaucoup de gens, pas pour ses références théologiques, mais pour sa solidité politique et son refus de l’intimidation. D’une certaine manière, le Hamas a gagné le même statut et la même reconnaissance révolutionnaire que le Fatah dans les années 60.

Il n’est jusqu’à la guerre israélienne contre Gaza en grande partie sans défense commencée fin décembre 2008, dont le Hamas a semble-t-il tiré politiquement profit, et pour une bonne raison. Après tout, c’était un mouvement démocratiquement élu représentant les Palestiniens dans les territoires occupés. L’incapacité de ses rivaux à s’adapter à la nouvelle réalité politique, ainsi que les tentatives israéliennes incessantes de détruire le mouvement et l’emprisonnement en masse de ses parlementaires élus, ont été insuffisants pour le priver de sa légitimité.

Israël a alors lâché une de ses pires campagnes contre les Palestiniens, visant en grande partie les civils et leurs infrastructure dans Gaza. La guerre israélienne était censée faire encore plus que massacrer 1350 Palestiniens ( dont 437 enfants) et en blesser 5450 autres. Elle visait à frapper le mode de pensée même des Palestiniens qui avaient commencé à considérer un monde de possibilités au delà de l’emprisonnement et des promesses de paix peu consistantes infusées par le processus d’Oslo, lequel n’a servi qu’à enraciner l’occupation et à renforcer la colonisation.

La solidarité internationale se construisait lentement avant l’attaque israélienne. Pendant que les bombes israéliennes commençaient à pleuvoir, principalement sur l’infrastructure civile de Gaza, la solidarité internationale a surgi dans le monde entier. La brutale folie israélienne a servi à légitimer le groupe même qu’elle était censée écraser. Les voix qui ont inlassablement exigé du Hamas de céder aux conditions fixées, relayées par le soi-disant Quartet pour la paix au Moyen-Orient, ont été couvertes par les voix exigeant des Etats-Unis et des divers pouvoirs occidentaux de reconnaître et de discuter avec le Hamas.

Une des voix dominantes est celle de l’ancien Président des États-Unis Jimmy Carter, une des premières personnalités occidentales influentes à discuter avec le Hamas et à faire savoir que le Hamas « accepterait un accord de paix avec Israël basé sur deux-états s’il était approuvé par référendum dans la population palestinienne ou par un gouvernement palestinien nouvellement élu. » (The Gardian, 22 avril 2008).

L’insistance de Carter à impliquer le Hamas dans n’importe quel futur accord de paix l’a conduit à Damas, au Caire, en Cisjordanie, puis à Gaza. Sa récente visite dans le territoire assiégé le 16 juin dernier était plus qu’une manifestation de solidarité, car elle visait aussi à convaincre le Hamas de donner son accord à l’objectif de deux états et à l’initiative arabe de paix de 2002. Les conditions alternatives devraient offrir une sortie plus honorable que les demandes agressives et unilatérales du Quartet.

Il est difficile de savoir si le Hamas ira dans le sens de sa demande. Mais ce qui est clair, c’est que le Hamas envoie des signaux variés, tels que sa volonté de s’engager dans un dialogue avec l’administration d’Obama, et aussi l’acceptation de la solution à deux-états, laquelle — selon n’importe quelle évaluation raisonnable « des faits accomplis israéliens sur le terrain » dans Jérusalem et en Cisjordanie occupées — est aujourd’hui une perspective quasi irréalisable.

Inutile de dire que le Hamas en tant que mouvement politique — avec un gouvernement élu et exerçant une juridiction sur presque un tiers du peuple palestinien — a le droit et bien plus l’obligation de manoeuvrer politiquement, de se repositionner et même de se remettre en cause. Briser le blocus de Gaza exige de la constance, c’est exact, mais également de l’ingéniosité politique.

Ceci dit, le Hamas doit être prudent par rapport au prix politique et historique à payer, s’il ne tire pas profit de l’expérience du Fatah aujourd’hui discrédité et corrompu. Les droits des Palestiniens sont sertis dans le droit international et renforcés par les sacrifices sans fin consentis par le peuple palestinien à Gaza comme ailleurs. Par conséquent, le prix de la fin de l’ostracisme, du dialogue et de la reconnaissance politique ne doit pas se faire aux dépens du peuple palestinien, où qu’il se trouve, comme il est stipulé dans de nombreuses résolutions des Nations Unies dont la résolution 194 stipulant le droit au retour pour les réfugiés palestiniens.

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* Ramzy Baroud est écrivain et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com ». Ses écrits ont été publiés dans de nombreux journaux, magazines et anthologies dans le monde entier.
Son dernier livre est « The Second Palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle » (Pluto Press, London).

Site Internet :

www.ramzybaroud.net

29 juin 2009 - Communiqué par l’auteur

Traduction : Claude Zurbach

La Cisjordanie ne doit pas être « nettoyée des juifs », déclare Netanyahu



11/07/2009

Israël doit conserver l'essentiel du Golan, affirme le conseiller national à la sécurité.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré au chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier qu'arrêter la colonisation en Cisjordanie occupée en ferait un territoire « Judenrein », le terme nazi pour « nettoyé des juifs », a-t-on appris hier auprès de la présidence du Conseil.
C'est la première fois qu'un Premier ministre israélien use de ce terme, qui établit un parallèle entre l'exigence d'un démantèlement des colonies de peuplement juives et l'antisémitisme génocidaire nazi. Lors de la campagne avortée contre le démantèlement des implantations israéliennes de Gaza, à l'été 2005, des colons radicaux et groupes ultranationalistes israéliens avaient accusé le gouvernement de vouloir rendre Gaza « Judenrein ».

« L'usage de ce terme est inadmissible et particulièrement injuste, s'adressant au chef de la diplomatie de l'Allemagne, un pays qui plus que tout autre s'oppose au passé nazi », a déclaré à la radio militaire l'ancien ambassadeur d'Israël en Allemagne, Avi Primor. « Personne ni même les Palestiniens ne réclame que la Cisjordanie soit "Judenrein". Il est tout à fait envisageable que des juifs puissent y vivre dans l'avenir, mais pas que ce territoire reste sous contrôle israélien », a poursuivi l'ancien diplomate qui a dénoncé dans les propos de M. Netanyahu une « banalisation de la Shoah ». Sur un autre plan, Israël est prêt à se retirer de certaines parties du plateau du Golan, mais ne renoncera pas à d'autres grands secteurs de ce territoire, dans le cadre d'un éventuel accord de paix avec la Syrie, a déclaré le conseiller national israélien à la sécurité, Uzi Arad. « S'il doit y avoir compromis territorial, ce compromis verra le maintien d'Israël sur les hauteurs du Golan, et cela profondément à l'intérieur », estime Uzi Arad en rappelant que le plateau dispose de précieuses ressources en eau.
Benjamin Netanyahu s'est déclaré prêt à des négociations de paix avec la Syrie, sans conditions préalables, mais souligne que tout accord devra répondre aux nécessités d'Israël en matière de sécurité.
Dans une interview au quotidien israélien Haaretz, publiée hier, ce proche collaborateur de M. Netanyahu a ajouté que dans le cadre d'un accord sur la création d'un État palestinien, il faudrait qu'Israël puisse entrer dans l'OTAN, à titre de contrepartie. Uzi Arad dit ne pas exclure qu'une forme ou une autre d'État palestinien voie le jour dans les années à venir - il mentionne comme date 2015 -, mais estime qu'il s'agira d'une structure fragile. « Un château de cartes », dit-il.
l'orient le jour