vendredi 3 juillet 2009

Piraterie israélienne et tirs sur les pêcheurs palestiniens : la routine

Gaza - 02-07-2009



Par Eva Bartlett
« Ils nous ont dit 'Partez vers l’ouest ou on vous tire dessus', » dit Ashraf Sadallah. « On a d’abord refusé, alors ils ont commencé à tirer très près, autour de notre bateau. » Le 16 juin à 6h du matin, Sadallah et son frère Abdel Hadi Sadallah, une vingtaine d’années chacun, sont allés à environ 400m au large de la côte de Sudaniya, au nord-ouest de Gaza. « Nous voulions récupérer les filets que nous avions posés la veille, » dit Sadallah.




















Un bateau de pêche palestinien haché par les Israéliens. [photo: Emad Badwan]


Leur petit bateau de pêche, appelé un hassaka, était dans les eaux de pêche palestiniennes lorsque trois navires israéliens se sont approchés des frères.

« Après qu’ils aient ouvert le feu sur nous, nous avons pagayé sur environ 3 km à l’ouest, où une canonnière israélienne attendait. Lorsque nous sommes arrivés à environ 30m, les soldats israéliens nous ont ordonnés d’enlever nos vêtements, de sauter dans l’eau et de nager dans leur direction. »

La canonnière, dit Sadallah, a bougé d’un demi-kilomètre après que les deux pêcheurs aient sauté dans l’eau. « Nous avons nagé pendant environ 15mn pour l’atteindre. Ensuite, ils nous ont fait monter à bord, ils nous attaché les mains et bandé les yeux. » En détention illégale, un peu plus tard dans le port d’Ashdod, les deux frères ont été interrogé, mais pas inculpés. Ils ont été relâchés au passage d’Erez plus de 14 heures après leur enlèvement.

Le hassaka des Sadallah est resté à Ashdod, avec, les pêcheurs palestiniens l’attestent, un nombre croissant de leurs bateaux de pêche.

Le remplacement du hassaka coûtera 4.000 shekels (750 €), le double du prix normal à cause du siège de Gaza. Les filets manquants coûtent encore plus : 6.000 shekels (1.100€). « Et la pêche est notre seule source de revenus, » disent les Sadallah, maintenant sans travail.

Jihad Sultan, lui aussi de Sudaniya, parle de son enlèvement par la marine israélienne un mois plus tôt, le 27 mai.

« C’est la troisième fois qu’ils m’enlèvent, » dit-il. « Les Israéliens m’ont accusé d’avoir traversé la « zone interdite », mais c’est faux. » A Ashdod, Sultan dit avoir vu « un hangar plein de filets qui, j’en suis sûr, sont des filets palestiniens volés.»

Zaki Taroush et son fils de 17 ans, Zayed, pêchaient à 600m de la côte et à 200m au sud de la zone fermée le jour où Sultan a été kidnappé. Ils ont eux aussi été obligés, sous les balles réelles des soldats israéliens, de pagayer vers l’est, où une canonnière israélienne attendait, et ils ont vécu la même procédure : déshabillage, nage, enlèvement, menottage et bandage des yeux.

En détention, ils ont été accusés d’avoir été dans les eaux hors-limite, dans ce qui est appelé la zone « K ». Tarroush avait été enlevé, avec sept autres pêcheurs, juste trois mois auparavant, le 13 mars, dans des circonstances similaires, perdant lui aussi son filet lorsque les soldats israéliens ont coupé la corde. A la suite de son enlèvement, les Israéliens ont gardé son hassaka, le lui rendant presque 2 mois plus tard, contre 150 shekels qu’il a dû régler pour frais de transport.

Selon l’accord intérimaire d’Oslo, les pêcheurs palestiniens se sont vus accorder une limite de pêche de 20 miles nautiques, qu’Israël a depuis systématiquement, unilatéralement, réduits à un petit 3 miles.

A Sudaniya, Jihad Sultan explique son travail sur un hassaka brisé posé sur le sable. « Les Israéliens l’ont pris. Quand ils nous l’ont rendu, il était très endommagé. Je suis certain qu’on la fait tomber sur du ciment, » dit-il, montrant de longues fissures dans le bois. « Il faut entièrement le reconstruire. »

Aujourd’hui, un des problèmes, explique Sultan, est le manque de matériaux pour réparer le bateau. « Ca va coûter près de 3.500 shekels, juste pour le réparer. » Les filets de pêche aussi sont faits de pièces indisponibles ou extrêmement chères.

« Les morceaux d’acier qu’on fixe sur le filet coûtent 15 shekels le kilo, contre 6 shekels avant le siège. En plus, on en trouve très difficilement. Les cordages coûtaient 20 shekels pour 100 mètres, maintenant c’est 50 shekels, et il n’y en a pas. Quelquefois, il en arrive par les tunnels, mais ils sont de mauvaise qualité. Même le prix des bouées a triplé, 2 shekels pièce, et on n’en trouve plus à Gaza. »

Avec tant de pièces indisponibles à Gaza, Sultan dit que pour fabriquer un «nouveau » filet, les pêcheurs cousent ensemble des morceaux des vieux filets. Et pire, « quand les soldats israéliens ne trouvent aucun pêcheur à arrêter, ils coupent nos filets, ou les prennent. »

Sur la plage près du hassaka brisé de Sultan, le hassaka criblé de balles d'Awad Assaida gît inutilisé, attendant d’être réparé. « J’étais dans le bateau quand les Israéliens ont attaqué, » dit Salim Naiman. « Ils m’ont tiré dessus pendant 30 minutes, tout autour de moi. » Naiman dit que quand les Israéliens ont fini par partir, un pêcheur palestinien qui était dans le secteur l’a remorqué sur la côte. Plus de 50 impacts de balles crevaient les flancs, le toit et l’intérieur du hassaka.

Les attaques ne sont en aucun cas limitées aux zones du nord, mais ont lieu tout le long de la côte de Gaza. Et elles ne sont pas non plus circonscrites à la période récente, elles ont commencé il y a au moins dix ans. La politique de l’armée israélienne d’attaque et d’intimidation a tué six pêcheurs au cours des quatre dernières années, dont Hani Najjar, tué d’une balle dans la tête en octobre 2006, alors qu’il pêchait à environ 2,5 miles au large de la côte de Deir Al-Balah.

Depuis le 18 janvier, date à laquelle a "cessé" l’attaque sur Gaza, 5 pêcheurs ont été blessés en mer, 5 autres sur la côte, plus de 40 ont été enlevés, au moins 17 bateaux ont été volés et 12 autres endommagés. Sur les bateaux qui ont été rendus, tous ont été abîmés, ou l’équipement volé pendant qu’ils étaient aux mains des autorités israéliennes.

Sultan pense qu’une des raisons des attaques contre les pêcheurs palestiniens est politique. « Les eaux près de la zone « K » sont poissonneuses. Les Israéliens le savent et ils ne veulent pas que les Palestiniens en profitent. Cela fait partie du siège. »
Source : In Gaza
Traduction : MR pour ISM

Les Portes de l’Enfer, ce que le régime égyptien fait aux Palestiniens

Gaza - 02-07-2009


Par Natalie Abou Shakra
Ce que j’ai vécu au terminal de Rafah, du côté égyptien… où je suis restée deux jours, les autorités égyptiennes refusant que je passe en Egypte pour pouvoir rentrer au Liban. Ils n’ont cessé de me demander : « Que faisais-tu pendant sept mois en Palestine ? »… «Qu’est-ce que VOUS n’avez pas fait ? », ai-je répondu à l’officier dumukhabarat (renseignement) au sourire bête et méchant. « Comme es-tu arrivée à Gaza ? », m’a demandé un autre… « Par les bateaux.» « Voilà, maintenant tu sais pourquoi tu ne peux pas partir, » m’a-t-il répondu.























Terminal de Rafah, pour entrer à Gaza. Les mêmes scènes que pour en sortir, une torture organisée par les autorités égyptiennes (photo IntMorb)


Ils punissent les Palestiniens, et tous ceux qui brisent le siège et se tiennent aux côtés des Palestiniens. Maintenant, je suis palestinienne… je suis une réfugiée, je suis une prisonnière, je vis les massacres et le racisme, je vis la résistance et l’endurance à toutes les sortes de techniques de tortures, je suis toujours à Gaza, et les choses risquent empirer, puisque le mukhabarat et le régime égyptiens m’interdisent d’en sortir. Ce n’est plus de la complicité avec l’entité sioniste, mais plutôt une participation directe dans les crimes contre l’humanité que le régime et les autorités égyptiennes perpètrent contre les Palestiniens.

Ainsi, littéralement, c’est un honneur d’avoir partagé leur souffrance avec les Palestiniens au passage. En dépit de la souffrance, au milieu de la souffrance, l’amitié, la fraternité, les rires et les plaisanteries étaient présents…

Les larmes des femmes, ceux qui suppliaient les monstres, et la torture, tout cela doit être dit, quel qu’en soit le prix à payer… et le prix est lourd, celui de ne pas pouvoir rentrer chez soi. Mais nous, activistes en solidarité, avons juré de faire ce sacrifice.

Je ne pourrai jamais oublier l’image de mon amie, Sitt Firial, dont le fils est à l’hôpital Ain Shams, en Egypte, mourant. Elle veut juste être auprès de lui. Hier, ils l’ont tuée : ses larmes coulaient, elle touchait de la main la vitre des bureaux du mukhabarat, regardant au travers : « S’il vous plaît, s’il vous plaît, je vous en supplie, ayez pitié, laissez-moi passer. »

Une autre femme était assise près du bureau du amn dawla (sécurité du gouvernement), regardant l’officier de la sécurité en train de fermer le passage. « Vous m’aviez promis de me laisser entrer, » dit-elle d’une voix douce, épuisée. « S’il vous plaît, laissez-moi entrer, » répétait-elle calmement, de sa voix fatiguée, puis elle m’a regardée, avec de grands yeux tristes, pleins de larme… des yeux d’enfant. J’ai regardé l’officier et je lui ai vomis tous leurs actes. Je savais qu’ils le prendraient personnellement, mais Jenny (Jenny Linnel, d’ISM) et moi, nous avons choisi de parler, de résister et d’agir. Je les ai traités en pleine figure de « barbares », de « sauvages », ça m’a fait du bien.

Une autre femme a offert un bonbon à un officier après qu’il lui ait dit qu’il allait réfléchir à la laisser passer. « Lahza, lahza, tfaddal tfaddal, » dit-elle en pressant le pas derrière lui. Ce sont des gens simples, gentils, honnêtes, authentiques et vrais. Ce qui leur arrive au carrefour s'imprime dans l’âme, la tue et la poignarde. On leur a appris à accepter ce traitement. Mais nous, militants, c’est notre boulot de briser le silence et de hurler contre ces injustices… peu importe le prix.

Alors que je parlais à un ami au téléphone, lui racontant la situation, un homme d’environ 70 ans, un vieux Palestinien malade, est tombé par terre. Saied, dumukhabarat, est venu vers moi alors que je m’approchais du vieil homme qu’un autre officier traînait. Saeid a pointé l’index sur moi : « Je m’assurerai que tu ne sortes jamais d’ici, » d’un ton cruel, bas et mauvais. Je lui ai répondu : «Tout ce que vous avez fait à notre peuple est consigné dans mes carnets. » Il m’a dit d’un ton vindicatif : « Vraiment ? Nous sommes intouchables ! »

Nous avons résisté… et la voix de Jenny criant – je ne pouvais pas la voir – «Lâchez moi, lâchez-moi ! » m’a donnée la force de ne pas bouger, de rester appuyée à la fenêtre.

Une dizaine d’hommes m’entouraient, je les regardai chacun dans les yeux, sachant que je devais les humaniser pour m’humaniser moi-même. « Vous avez une fille de mon âge ? J’ai 21 ans... vous accepteriez que votre fille soit traitée de cette façon ? Je suis ta fille, et la tienne, et la tienne. » De façon surprenante, les officiers avec qui j’avais eu un contact visuel et à qui j’avais parlé ne m’ont pas touchée. Seuls Saeid et un autre officier du mukhabaratm’ont poussée pour me faire partir. Je ne pouvais pas voir Jenny et lorsqu’on m’a traînée vers l’autobus du retour, j’ai vu qu’elle avait refusé d’y monter, ne sachant pas où j’étais. Tandis qu’ils nous traînaient et nous poussaient vers l’extérieur, l’homme qui me tirait par les poignets m’a dit : « Tu as de la chance que je ne te mette pas mon pied dans la gueule, comme ils font en Jordanie. »

Un jeune homme qui ne peut pas parler et qui était dans un fauteuil roulant, dans un moment de désespoir, se frappait continuellement la poitrine. «Hmmm, hmmm hmmm !! », essayait-il de s’exprimer pendant qu’ils le poussaient violemment, lui et son fauteuil, et Jenny ne cessait de dire : « shway shway ! » (doucement !).

Je suis honorée d’avoir vécu la journée d’hier, j’en suis fière. C’est le certificat d’être tuée, de souffrir, d’endurer et de résister avec tout ce qui est la Palestine, la Palestine, la Palestine, avec tous ceux qui tombent dans les mains de l’injustice.

La petite fille dans l’autobus disait « Maman, est-ce qu’on peut collecter de chacun un shekel pour le donner aux Egyptiens pour passer ? » Les gens ont partagé le pain et l’eau, ils ont partagé la douleur et les larmes, ils ont partagé les rires. Oui, nous avons ri. Les rires et l’amour sous les bombes, les rires et l’amour sous le racisme, la dégradation, l’humiliation, sous les monstres en habits.

Que sommes-nous maintenant, et que pourrions-nous être ? Je sacrifie tout maintenant, maintenant je sais ce que ressent un suicide bomber... je connais maintenant… ce sentiment de désespoir.

Hasta la victoria siempre, à bas le colonialisme, le totalitarisme, l’impérialisme, le capitalisme, l’oppression et la répression... Le colonialisme est le pire de tous les maux. A bas les régimes arabes oppressifs, à bas les régimes d’apartheid, à bas les nationalismes, avec les frontières et les limites. Le régime de La Vache Qui Rit tombera... (Moubarak, comme on l’appelle au Caire, ndt).

Ce que j’ai entendu le mukhabarat égyptien et les officiers du amn dawla dire aux Palestiniens, et adressé à moi également lorsque j’ai protesté et refusé de partir sans qu’on me donne la raison de l’interdiction d’entrée en Egypte :

"انته الفلسطينية جبته المشاكل و جيته"
"يلا امشي يلا!" ظابط مصري الى فلسطيني كبير السن
"لما ربنا يساعدنا حنساعدكم" ظابط مخابرات الى سيدة كبيرة السن و هو يتقهقه
"ابو شقرا!! هي خلصت الاسماء ولا ايه؟" وجهه ظابط مصري كريه و لئيم اليّ
"انت... انت مش حسيبك تطلعي من هنا!" ظابط مخابرات الي عندما وقفت الى جانب سيدي المسن عندما اغمي عليه
"مين حيحاسبني؟!" ظابط مخابرات مصري يرد علي عندما فجرت غضبي فيه
"لو كنت في الاردن كانت الجزمة تعتي فوق راسك!" ظابط مخابرات عندما رفضت الخروج من المعبر احتجاجا على تعذيبهم الجسدي و النفسي لي و لزميلتي

Traduction globale... (merci à Marcel Charbonnier)
« Toi, la Palestinienne, c’est toi, qui as amené les emmerdes… »
« Allez, avance, allez ! » (un officier égyptien à un vieillard palestinien)
« Quand notre Seigneur nous aidera, alors là, oui, nous vous aiderons (vous pouvez compter là-dessus…) ! » (un officier du renseignement se moquant d’une dame âgée)
(« Elle s’appelle) « Abû Shaqr » !!! Y’avait plus de noms en magasin, ou quoi ?? » (lance un officier égyptien repoussant)
« Toi… toi… je ne te laisserai pas sortir d’ici ! » (un officier du renseignement, alors que j’étais auprès d'un grand-père âgé, qui s’était évanoui)
« Ah oui, et je devrai rendre des comptes à qui, d’après toi ?? » (un officier égyptien du renseignement, après que je lui ai gueulé après)
« Si tu étais en Jordanie, là, en ce moment, tu aurais mon ranger sur la tronche ! » (un officier du renseignement après que j’eus refusé de sortir du sas afin de protester)
« Laissez-moi les torturer physiquement et psychologiquement ! Enfin, laissez-nous les torturer : faut penser aux copains ! »

INTERVIEW D’UN EX-AGENT DE LA CIA


Robert Baer : « Les autorités militaires US opposent un veto à toute guerre contre l’Iran »
Robert Baer, ancien agent de la CIA et défenseur intelligent de l’Empire états-unien, multiplie les critiques sur la gestion US du dossier proche-oriental. Dans un entretien accordé à l’agence IPS, il livre sa vision de l’affrontement qui oppose Washington et Téhéran, et du rôle de Tel-Aviv dans les perceptions déformées de cette région.
2 JUILLET 2009

IPS : Certains analystes pensent que l’attaque israélienne contre le Hamas à Gaza, deux ans après la guerre des Trente-Quatre jours entre Israël et le Hezbollah, s’inscrit dans un plan plus vaste qui aboutira à une offensive armée contre les installations nucléaires de l’Iran ? Israël en prend-il vraiment le chemin ?

Robert Baer : [1] Non. Je pense qu’il y a un veto des autorités militaires contre toute attaque contre l’Iran [2]. C’est tout simplement impossible.

IPS : Pourquoi donc est-ce impossible ?

Robert Baer : Eh bien, c’est impossible ne serait-ce que parce que nous savons qu’il y aurait des représailles iraniennes dans le Golfe (arabo-persique). S’il était attaqué, l’Iran ne se contenterait pas de répliquer très localement comme le fait le Hamas. L’Iran répondrait au niveau international. Il n’a d’ailleurs pas le choix : c’est en cela que consiste sa puissance de dissuasion. Dès lors qu’il est question de l’Iran, nous marchons sur des œufs, et nous avons des tas de leçons à assimiler.

Si vous étudiez le site ouèbe des GRI [Gardiens de la Révolution Iranienne], vous prendrez connaissances des leçons qu’ils ont retenues de la guerre Iran-Irak. Ce fut une guerre d’usure, le genre de guerre qui ne se termine pour ainsi dire jamais. Ce genre de guerre, vous ne pouvez pas la gagner, en particulier pas contre les Etats-Unis. Alors ils ont mis au point un autre moyen stratégique, alternatif et asymétrique, redoutablement efficace : la guérilla.

Je ne sais pas si vous le savez, mais les forts en thème, en Iran, sont entrés dans les Pasdaran [les Gardiens de la Révolution], sans être pour cela nécessairement des fanatiques. Dans un certain sens, ce sont essentiellement des nationalistes. A ce que j’en ai vu, ces gens, chez les Pasdaran, au niveau opérationnel, sont probablement les penseurs politiques et les commandos de guérilla les plus capables et les plus intelligents au Moyen-Orient, Israël et Jordanie inclus. Ils savaient et ils savent exactement ce qu’ils faisaient et font. De plus, il est évident qu’ils ne rentrent dans aucune des cases de la vie politique iranienne.

IPS : L’éventualité d’une attaque israélienne limitée contre les installations nucléaires iraniennes est-elle également exclue ? En particulier lorsqu’on sait, grâce à un article du New York Times, qu’en 2008, les dirigeants israéliens ont demandé au Président Bush de procéder à une telle attaque, ce que le président américain a, toutefois, refusé ?

Robert Baer : C’est totalement hors de question. Même Bush l’avait compris ! Le New York Times voit juste, quand il écrit que si Bush a mis son veto à toute attaque israélienne, c’est pour la simple et bonne raison qu’il existe, au Moyen-Orient, un équilibre des forces entre les Etats-Unis et l’Iran, et que cet équilibre est vraiment, comment dire ?... équilibré ! Je précise : bien entendu, pas en termes de nombres de tanks projetables par voie aérienne ou en sous-marins, mais bien en matière de monopole de la violence. Là, il y a égalité.

Cela ne fait aucun doute qu’il y a égalité. Nous pourrions bombarder Téhéran, certes. Et puis après ? Après : rien. Cela équivaudrait au bombardement d’un complexe de l’Onu par Israël à Gaza. Qu’est-ce que cela apporte aux Israéliens ? Rien. Oui, ils ont pu le détruire, le compound de l’Onu, mais qu’est-ce que cela leur a apporté ? Le Hamas est toujours là.

Vous pouvez bombarder toutes les bases militaires iraniennes durant deux semaines, mais l’Iran sera toujours là ; et il aura toujours la capacité de projeter sa puissance, de projeter sa volonté et sans doute même de ressortir encore plus fort qu’avant de ce type de conflit. Et puis, pour l’Iran, la puissance militaire est tellement bon marché que le prix du pétrole lui importe peu, pour la simple et bonne raison que le fait d’armer le Hezbollah ou de soutenir le Hamas à Damas ne lui coûte pratiquement rien. Vous voyez, même si le prix du pétrole chutait jusqu’à 10 dollars le baril, l’Iran pourrait sans aucun problème se payer ce type de défense.

IPS : Obama ne cesse de mentionner sa volonté de parler avec les dirigeants iraniens et sa volonté d’apporter un changement à la politique étrangère des Etats-Unis. Jusqu’à quel point la nomination de Dennis Ross en tant que principal conseiller en matière de politique iranienne peut-il contribuer à la réalisation de ses promesses ? [3]

Robert Baer : En ce qui concerne Dennis Ross, le point important, c’est que les Israéliens sont à l’aise avec lui. Si un dialogue avec l’Iran s’instaure, les Israéliens savent qu’il ne les trahira point. Je veux dire qu’ils ont eu des années et des années pour mettre ce type à l’épreuve. Il est juif, il a toujours été franc avec les Israéliens, il a accompagné leurs projets, y compris les plus fous. Si un dialogue s’ouvre entre les Etats-Unis et l’Iran, les Israéliens savent qu’ils n’auront pas de mauvaise surprise. Si Obama avait recruté un homme totalement neuf, quelque professeur de Harvard que les Israéliens ne connaîtraient pas, ils l’auraient immédiatement ostracisé et mis au congélateur, et il y aurait eu d’énormes contrecoups, d’ordre politique.

IPS : Quand on connaît les positions de Ross sur certaines questions au Moyen-Orient et en particulier sur l’Iran, ces dix dernières années, comment Obama pourrait-il adopter une politique étrangère nouvelle dans cette région du monde ?

Robert Baer : Bon. Obama a besoin du soutien du parti démocrate pour faire passer ces choses sur le plan politique, et c’est la raison pour laquelle il a fait appel à des gens tels que Dennis Ross et Denny Blair [4], le Directeur du Renseignement National, tout simplement parce qu’il a besoin de ce soutien politique. Il ne peut pas recruter des gens qui n’auraient pas fait leurs preuves et les laisser affronter le parti démocrate. En effet, s’il y a une ouverture américaine en direction de l’Iran, cela se fera avec une certaine connivence d’Israël, sans doute silencieuse, tout simplement parce que les Israéliens ne pourront rien faire d’autre que l’accepter.

Dans la vie politique américaine, vous ne pouvez rien faire au Moyen-Orient sans le feu vert de Tel Aviv, tout au moins à un certain niveau. C’est totalement impossible. Je veux dire : je ne vois pas d’autre cas, dans l’Histoire, ou un pays (de plus, une superpuissance) qui soit aussi pieds et poings liés vis-à-vis d’un pays aussi minuscule qu’Israël ! Non, je n’en vois aucun. Je ne peux même pas y songer.

IPS : Et pourquoi est-ce ainsi ?

Robert Baer : Voyez New York City. Prenez tous les plus grands journaux. Ils ont un agenda sioniste. C’est une évidence. Je ne suis pas juif. Moi (du point de vue religieux), je ne suis rien du tout, d’ailleurs. Je ne suis pas intéressé par les Israéliens. Et je ne suis pas antisémite non plus. C’est simplement une donnée de fait. J’ai proposé à mon éditeur d’écrire un nouvel ouvrage, sur Israël. Il m’a dit : « Vous feriez mieux de laisser tomber ». Personne ne peut dire la vérité, au sujet d’Israël. Personne. Le seul endroit au monde où vous pouvez dire la vérité sur Israël, c’est en Israël. Là-bas, en Israël, les gens vous raconteront des choses que vous n’entendrez jamais aux Etats-Unis.

IPS : Quel genre de choses ?

Robert Baer : Par exemple, pourquoi les gens qui vivent à Gaza sont-ils tellement malheureux ? Eh bien, si vous deviez vivre toute votre vie en prison, vous, vous seriez heureux ? Voilà le genre de chose que vous ne lirez jamais dans le New York Times. Ouvrez le New York Times : c’est quasiment un prolongement d’Israël.

IPS : Quel est l’impact du conflit à Gaza sur le devenir des relations irano-israéliennes et des relations irano-américaines ? Les dernières attaques israéliennes ont-elles totalement détruit le Hamas ?

Robert Baer : Bien sûr que non ; c’est totalement impossible. Le Hamas, c’est un concept, c’est une idéologie. Le Hamas n’est pas une organisation. Oui, c’est ça : le Hamas, c’est une idée, et à moins que les Israéliens n’entrent à Gaza et ne forcent un million et demi de personnes à fuir en Egypte, ils ne contrôleront jamais la bande de Gaza. Ils peuvent faire une opération terrestre, massacrer tous les dirigeants et jeter dix mille personnes en prison : le Hamas n’en ressortira qu’encore plus puissant. Les grands perdants, dans l’histoire, ce sera les gens du Fatah.

IPS : Quelles sont les principales caractéristiques du comportement militaire et politique du Hamas et du Hezbollah ?

Robert Baer : Les deux ont redéfini le concept de l’inscription de la guerre à l’intérieur d’une géographie donnée. Le fait que le Hezbollah se soit installé dans des souterrains, ou qu’il utilise des fibres optiques pour ses communications démontre une combinaison entre une énorme sophistication et une stratégie guerrière quasi primitive. Je veux dire : quelle armée, au monde, utilise-t-elle des fibres optiques, mis à part le Hezbollah ? Il est totalement impossible d’intercepter des communications par fibre optique, c’est imparable.

Regardez [le leader du Hezbollah Hassan] Nasrallah : il a totalement redéfini la politique islamique, du simple fait qu’il a conclu une alliance avec des chrétiens. Ben Laden, lui, les chrétiens, il veut les occire. Si je voulais symboliser l’opposition totale entre eux, je ne retiendrais que cela : Nasrallah considère, quant à lui, que les chrétiens sont ses alliés.

Omid Memarian
Le 23 janvier 2009.

Propos recueillis par Omid Memarian pour Ipsnews.net(23.01.2009) :
http://www.ipsnews.net/news.asp ?idnews=45526
Notes du Réseau Voltaire.

Traduction Marcel Charbonnier (02.07.2009) :
http://www.voltairenet.org/article160854.html



[1] Ancien agent de la CIA, Robert Baer a été considéré comme l’un des meilleurs agents de terrain au Proche-Orient. Depuis son départ de l’Agence, il a publié de nombreux livres à succès, dont La Chute de la CIA - Les mémoires d’un guerrier de l’ombre sur les fronts de l’islamisme, Gallimard, collection « Folio documents », Paris, 2002. et Or noir et Maison-Blanche - Comment l’Amérique a vendu son âme pour le pétrole saoudien, Gallimard, collection « Folio documents », Paris, 2002. Ces ouvrages ont inspiré le film Syriana. M. Baer fait partie des nombreux experts US qui contestent la version bushienne des attentats du 11-Septembre.

[2] Le Réseau Voltaire a été le premier média à analyser le revirement de Washington face à l’Iran. Voir « Washington décrète un an de trêve globale », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 3 décembre 2007. « Pourquoi McConnell a-t-il publié le rapport sur l’Iran ? », Horizons et débats, 17 décembre 2007.

[3] Dennis Ross a longtemps été l’alter ego de Paul Wolfowitz. Il a mené une brillante carrière au Pentagone, puis au département d’État. Il a co-fondé le Washington Institute for Near East Policy (WINEP), le think tank du lobby pro-Israélien aux États-Unis (AIPAC). Il est aujourd’hui conseiller spécial de la secrétaire d’État Hillary Clinton pour les questions proche-orientales, mais devrait prochainement rejoindre le Conseil de sécurité nationale à la Maison-Blanche comme conseiller du président pour l’Iran.

[4] L’amiral Dennis Blair a notamment été directeur associé de la CIA pour le soutien militaires aux opérations, puis chef du Pacific Command. Considéré comme un possible chef d’état-major interarmes, il avait été écarté par Donald Rumsfeld, principalement en raison de son amitié personnelle avec les Clinton. Obama en a fait le directeur du Renseignement national malgré la désapprobation affiché de John McCain pour les républicains.


Sarkozy ou la souveraineté nationale en péril ?

jeudi 2 juillet 2009 - 06h:23

Paul-Éric Blanrue/Silvia Cattori
Entretien



"...Je pense ici en particulier à la campagne qu’ils mènent en ce moment pour faire passer la loi appelée « Loi Martin Luther King ». Cette loi, qui est en gestation, vise à assimiler légalement l’antisionisme à l’antisémitisme. Si cette loi passe, cela veut dire qu’en France, l’antisionisme sera considéré comme un délit. Critiquer Israël pourra vous conduire en prison. C’est très grave..."

(JPG)
Paul-Éric Blanrue


« Le livre de Paul-Éric Blanrue, Sarkozy, Israël et les juifs (*) s’il arrive à être diffusé, fera date. C’est le premier ouvrage à braquer les projecteurs sur ces groupes de pression, qui évidemment veulent agir dans l’ombre, même si leur influence devient de plus en plus évidente depuis l’élection de Sarkozy », observe le physicien belge Jean Bricmont (**). Car si le livre est distribué dans divers pays, et fait déjà l’objet de quatre traductions, il n’est pas encore diffusé dans le propre pays de l’auteur, la France !


Entretien avec Paul-Éric Blanrue, questions de Silvia Cattori (I)

Paul-Éric Blanrue, 42 ans, est un personnage franc, attachant. Il fait partie de ces historiens qui contestent la légitimité de lois qui portent atteinte à la liberté d’expression, comme la loi Gayssot et qui se rebellent à juste titre contre l’intoxication et la désinformation médiatique et politique.

Silvia Cattori : Votre livre Sarkozy, Israël et les juifs permet de comprendre en quoi les liens tissés entre Nicolas Sarkozy et les différents réseaux sionistes en France, et dans le monde, sont dangereux pour la souveraineté nationale. Liens qui ramènent évidemment à l’Etat juif d’Israël : le cœur du problème. Quel évènement précis vous a-t-il conduit à écrire ce livre en toute hâte ?

Paul-Éric Blanrue : Ce qui m’a fait réagir c’est quand, après le carnage de l’armée israélienne à Gaza, la France de Sarkozy a envoyé la frégate Germinal (1) pour empêcher le transfert d’armes aux Palestiniens assiégés. Cette nouvelle m’a fait bondir parce que c’était un acte politique très clair de la part de la France en faveur d’Israël. C’était un acte d’autant plus grave, à mon sens, que les Etats-Unis n’y avaient pas pris part.

Sarkozy, Israël et les juifs a vraiment commencé à exister à partir de ce moment-là, avec ce qui s’est passé à Gaza. J’ai été scandalisé par la façon dont la France a réagi à ce massacre, dont Bernard Kouchner et les proches de Sarkozy en ont parlé, dont Bernard-Henry Lévy (BHL) en a disserté dans Le Point.

J’ai alors cherché à montrer les accointances qu’il y avait, malgré une réserve de surface, entre BHL, et un certain nombre de personnages qui se prétendent de gauche. Qu’il y avait une véritable coalition du monde intellectuel parisien, de cette intelligentsia déliquescente, avec la politique pro-israélienne de Sarkozy. Que c’était très grave.

Cela dit, je suis un observateur de la chose politique. J’avais déjà accumulé de nombreuses informations lors de la rédaction, l’an passé, d’un petit livre sur le mariage de Sarkozy (2). J’avais suivi sa campagne électorale ; j’avais remarqué comment, grâce à Henri Guaino (3), il avait réussi à se faire passer pour un « gaullien ». Il était parfois libéral dans ses discours. Dans d’autres très protectionniste. La question était : qu’est-ce que cela va donner ?

Par la suite j’ai constaté que la stratégie ouvertement pro-israélienne de Sarkozy, n’avait pas été seulement une tactique pour se faire élire, mais qu’il continuait de s’y tenir. Les résultats sont là. On voit aujourd’hui qu’il s’y est accroché et qu’il est aussi voire plus pro-israélien que ne l’était George W. Bush.

Au mois de janvier 2009 qu’est-ce qu’on a vu ? Alain Finkielkraut se faire décorer de la légion d’honneur (4). Et en avril c’était au tour d’André Glucksmann. Et que tout cela était logique, répondant à une logique incroyable ! Et qui voit-on aujourd’hui défiler, au Trocadéro contre le Président Ahmadinedjad ? On voit les mêmes ! On voit Pascal Bruckner, BHL, Alain Finkielkraut, André Glucksmann, Jack Lang. Bref tout l’entourage pro-israélien de Sarkozy.

Silvia Cattori : BHL ne faisait-il pas partie de l’entourage de Mme Royal ?

Paul-Éric Blanrue : BHL a fait partie de l’entourage de Ségolène Royal durant la campagne électorale, mais pas très longtemps. Elle ne doit pas être considérée comme suffisamment sioniste par le réseau pro-israélien (5). C’est une des rares personnalités politiques à avoir émis des réserves sur le dîner du CRIF.

Silvia Cattori : On sent un vent de liberté chez vous, une énergie toute juvénile, une force, une gravité. C’est fascinant. C’est donc cet alignement de la France sur la politique d’un pays qui prêche la guerre contre ses voisins arabes et l’Islam, qui vous a conduit à réagir ? Est-ce à dire que Sarkozy Israël et les juifs n’aurait jamais vu le jour sans cette alliance entre la France de Sarkozy et Israël ?

Paul-Éric Blanrue : En effet. C’est l’envoi par Sarkozy de cette frégate destinée à empêcher la résistance palestinienne de recevoir des armes qui m’a conduit à réagir. Cette décision m’a paru grave, car nous n’étions plus ici simplement dans le discours.

La France n’aurait jamais agi de cette façon sous la présidence de Jacques Chirac. Ni sous la présidence de François Mitterrand. Même si, avec ce dernier, les choses étaient plus complexes.

Tant que Sarkozy faisait des déclarations destinées à se mettre les musulmans français dans la poche, ou les catholiques (6), nous pouvions mettre cela sur le compte d’une démagogie purement électoraliste. Mais avec l’envoi d’une frégate dans des eaux contrôlées illégalement par Israël, Sarkozy entrait dans l’action.

En 2006 déjà, lors de l’agression israélienne contre le Liban, Sarkozy, alors ministre, avait déjà montré un net parti pris pro-israélien en demandant à Zeev Boïm, ministre israélien en visite à Paris, de « combien de temps » il avait besoin « pour terminer le travail ». Mais alors il n’y avait pas eu d’action concrète, sinon ce parti pris stupéfiant.

Silvia Cattori : Vous avez réussi à rendre accessible à un large public une réalité terriblement complexe. On comprend que 2007, avec l’arrivée de Sarkozy à l’Elysée, marque un tournant. C’est la fin du régime « gaullien ». La France ne sera plus jamais cette nation unique aux yeux du monde ! Finie la résistance aux pressions des réseaux pro-israéliens. Vous vous attaquez à un tabou. Des personnalités en vue qui, par le passé, ont osé l’enfreindre, l’ont chèrement payé. Je pense à Raymond Barre, à Dieudonné, à Tariq Ramadan, à Guigue (7). Les temps sont-ils plus propices aujourd’hui ? N’avez-vous pas pensé que vous marchiez sur un champ frappé d’interdits ?

Paul-Éric Blanrue : Je ne me suis pas posé la question de savoir si c’était dangereux ou pas. Si je me posais cette question, je crois que je ne ferais rien ; je resterais chez moi à regarder la télévision en mangeant des chips. Ca n’a jamais été ma façon de penser ni d’agir. Je ne puis pas vivre sans dire ce que je pense. Je crois qu’il y a en moi une forme d’énergie ou de revendication de liberté, comme Fanfan-la-Tulipe ; un côté mousquetaire. Je ne supporte pas l’injustice ; je ne supporte pas, surtout, la contrainte et l’interdiction de s’exprimer. C’est quelque chose d’épouvantable, cet interdit !

Quand on n’a plus le droit de parler, ça devient très grave. Alors, quand on vit dans un pays où le mot « Liberté » est inscrit sur le fronton de tous les monuments, je crois que, quand même, il faut se dresser. Je crois à la vertu de l’exemple de la personne qui part au combat, « sans peur et sans reproche ». Un côté chevalier Bayard. Mais je ne veux pas me comparer à ces personnages-là parce que, tout de même, je ne fais qu’écrire. Je suis un écrivain, je ne pars pas au combat avec un fusil. Mon fusil, c’est mon stylo. Donc, voila, j’essaie d’être efficace dans mon domaine.

Par ailleurs, je ne suis pas du tout partisan de la guerre ; au contraire, ce livre est également un livre pacifiant, je l’espère en tous cas. Il appelle au calme et à la raison ces représentants de la communauté juive, comme le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), et que je ne confonds pas avec l’ensemble de la communauté juive. Je leur dis qu’ils n’ont pas intérêt à faire monter la tension.

Du reste, on prête beaucoup trop d’importance à ces réseaux pro-israéliens français. Certes ils ont beaucoup d’influence, surtout aujourd’hui où ils sont arrivés au pouvoir grâce à leur homme-lige, grâce à Sarkozy. Mais je pense qu’ils sont en réalité très faibles et divisés. Il y a des tensions énormes à l’intérieur du CRIF. L’ancien président du CRIF, Théo Klein, s’est fait traiter de terroriste par un de ses successeurs. Il suffit d’ailleurs d’écouter Radio J, ou Radio Shalom, - je l’écoutais tous les soirs quand j’écrivais mon livre - pour comprendre l’ampleur des dissensions internes.

Les pro-israéliens se sentent forts parce que certains d’entre eux occupent des postes hauts placés. Un député sur six appartient au Groupe d’amitié France-Israël. Ils ont réussi à faire accourir chaque année le pouvoir politique au dîner du CRIF. Mais rien n’obligeait le président Sarkozy à y aller. Il suffirait que la classe politique dise au CRIF « Nous ne nous rendrons pas à votre dîner annuel » pour que cette influence tombe. Ils sont arrivés au faîte de leur puissance et ils ne peuvent que retomber.

Silvia Cattori : Vous montrez tout cela en perspective. En ce sens, vos réflexions ouvrent une brèche. Elles peuvent conduire ceux qui vous lisent à refuser ce climat d’intimidation et de peur créé par le CRIF et consorts. Vous avez dit : « J’aurai fait tout mon possible pour que ce livre puisse être une base de discussion raisonnable entre deux camps que tout oppose. Il faut que la situation se débloque... ». Quelles sont les chances de sortir de ces blocages, et comment voyez-vous ces deux camps ?

Paul-Éric Blanrue : Je crois que « les juifs » de France - je parle ici non pas de leurs représentants mais de tous les juifs en tant qu’appartenant à la religion juive - vont un jour prendre conscience du fait que le CRIF les manipule. Que le CRIF, qui prétend les représenter, ne les représente nullement. Et que cela leur donne une très mauvaise image. A l’intérieur du CRIF il y a des gens, qui ne supportent plus cette situation. J’ai rencontré hier un journaliste d’un quotidien suisse et d’un hebdomadaire français qui m’a dit « Je ne peux pas faire une interview de toi, car ma rédaction ne le permettrait pas, mais je suis tout-à-fait d’accord avec ce que tu dis ; je suis scandalisé par ce qui arrive aux Palestiniens, et je ne suis pas d’accord avec le fait que le CRIF parle en mon nom ».

C’est pour cette raison que je dis « les juifs » ; car je crois qu’ils peuvent en ce moment agir, être une des sources de salut. Comme disait Léon Bloy : « le salut par les juifs » ! Autrement dit, ils ont, dans l’histoire, souvent eu des caractères, des personnages qui sont sortis du lot. Je ne suis pas religieux du tout, mais si vous voyez le christianisme, c’est une branche qui a rompu avec le judaïsme pour faire tout autre chose, une œuvre civilisatrice à visée universaliste. Il y a eu des personnalités éminentes qui ont rompu avec les synagogues, comme Spinoza ; dans un autre domaine, Karl Marx a lui-même brisé avec son milieu. J’espère que des personnalités vont sortir, et contester le pouvoir du CRIF. J’en appelle à eux parce que, justement, les personnes qui ne sont pas de confession juive, si elles s’entêtent à mener des campagnes, par exemple contre l’existence de la loi Gayssot, ou contre les prérogatives du CRIF, ou contre le dîner du CRIF, seront marginalisées, accusées d’antisémitisme. Donc définitivement disqualifiées, aux yeux des médias en tout cas.

Silvia Cattori : Vous dites « les juifs » comme s’il s’agissait d’une ethnie, comme s’il s’agissait d’un peuple, alors qu’il s’agit d’une religion. Alors, pourquoi ne pas dire « les gens de confession juive » ?

Paul-Éric Blanrue : Je suis entièrement d’accord avec vous. « Juif », c’est d’abord et avant tout une religion. Par le fait du sionisme certains, comme Moses Hess ou Theodor Herzl ont commencé à parler de peuple, d’ethnie ou de race juive. Evidemment c’est une aberration totale. Shlomo Sand l’a très bien montré (8) ; il y a eu une fabrication qui est totalement désastreuse parce qu’elle confond deux choses : une religion millénaire et une idéologie politique destinée à la doubler, voire à la remplacer, ce qu’ont fort bien compris certains rabbins qui se sont opposés au sionisme dès l’origine.

Silvia Cattori : Cette confusion ne sert-elle pas un objectif idéologique bien précis ?

Paul-Éric Blanrue : Oui, l’objectif est très clair. D’abord je dirais que l’objectif principal du CRIF, aujourd’hui, c’est de jouer sur ce terme « juif », sur l’assimilation entre peuple et religion. Je pense ici en particulier à la campagne qu’ils mènent en ce moment pour faire passer la loi appelée « Loi Martin Luther King ». Cette loi, qui est en gestation, vise à assimiler légalement l’antisionisme à l’antisémitisme. Si cette loi passe, cela veut dire qu’en France, l’antisionisme sera considéré comme un délit. Critiquer Israël pourra vous conduire en prison. C’est très grave. C’est l’Union des patrons juifs de France (UPJF), qui soutient ce projet de loi transmis à tous les députés français. C’est le plus fort syndicat sioniste de France - je dis fort dans tous les sens du terme. L’UPJF a élu Sarkozy l’« homme politique de l’année » en 2006, un an avant la présidentielle.

Silvia Cattori : Avant vous, à ma connaissance, en France, voire en Europe, aucun auteur n’avait jamais traité cette question des réseaux pro-israéliens. Vous montrez comment des personnalités politiques haut placées font passer les intérêts d’Israël et des États-Unis avant ceux de leur pays ! On voit comment Sarkozy en vient à renverser les valeurs de la République française. Et en quoi il y a là double allégeance. Toutes choses d’une extrême gravité. Et on se dit avec étonnement : comment se fait-il qu’il ne se soit trouvé personne avant vous, y compris dans l’opposition, pour dénoncer ces dérives ?

Paul-Éric Blanrue : Il n’y a eu personne parce que les gens sont en général terrorisés, moralement, mentalement, professionnellement. Mon éditeur est un Belge, ce n’est pas par hasard ! Lui au moins ne peut pas subir les foudres de Sarkozy. Ces foudres peuvent être multiples ; aller du redressement fiscal, aux convocations à la police, à la garde à vue, et à la perte de son emploi.

Silvia Cattori : Vous ne craignez pas ces foudres ?

Paul-Éric Blanrue : Non, je ne les crains pas. Non, je ne crains rien. J’irais écrire à l’étranger s’il le fallait. S’il faut partir, je partirai. S’il faut s’exiler, je m’exilerai, ce n’est pas grave. Je gagne ma vie en écrivant. Je peux écrire partout, même dans le désert. Il est important que ce livre soit diffusé en France. Il est dans toutes les librairies belges. Il sortira au Canada. Il va être mis en vente au Moyen Orient, en Amérique du sud, dans les pays anglophones. Pourquoi les Français ne l’auraient-ils pas ?

Silvia Cattori : Vous le montrez fort bien. Sarkozy a toujours laissé entendre ce qu’il projetait d’accomplir d’inquiétant. Il n’a jamais caché qu’il allait mettre Israël au centre de tout ; et la France au service du projet unipolaire des Etats-Unis. Il a laissé entrevoir, bien avant d’être candidat, qu’il se consacrait au lobbying en faveur d’Israël ; que les cibles désignées par Israël - les forces de résistance anticoloniales du Hamas, du Hezbollah, les opposants Frères musulmans au régime dictatorial de Moubarak, l’Iran - allaient être également ses cibles prioritaires. Cela, curieusement, n’a jamais fait réagir ses opposants socialistes ! Je me souviens que Nicolas Dupont-Aignan, avait eu, lui, l’honnêteté de dire en 2007 : « Nous sommes à la veille d’un changement profond de la politique étrangère de la France si M. Nicolas Sarkozy ou Mme Ségolène Royal devaient être élus ». (9) Êtes-vous d’accord avec cette symétrie entre les deux grands partis ?

Paul-Éric Blanrue : Nicolas Dupont-Aignan avait raison. Élue, Ségolène Royal n’aurait pas été seule à gouverner. Certes, elle n’a pas exactement la même vision des choses que Sarkozy sur le Proche Orient, je la crois beaucoup plus prudente. En revanche, elle aurait été entourée de conseillers, de ministres qui, eux, sont liés au réseau pro-israélien. Est-ce qu’elle aurait eu la force, l’intelligence, la culture, pour résister à leur pression ? Je n’en suis pas certain. Il ne faut pas oublier que Bernard Kouchner était au Parti socialiste. C’est lui que Ségolène Royal aurait probablement nommé comme chef de la diplomatie étrangère.

Vous avez vu le tollé quand Sarkozy avait laissé croire - encore une fois très fin, très malin - qu’il hésitait entre Védrine et Kouchner. Le nom d’Hubert Védrine avait tout de suite soulevé des protestations à Jérusalem. Le Jérusalem Postavait titré « Nous sommes choqués ». Un journaliste français de la télévision BFM, qui était sur place, rapportait à l’époque que M. Kouchner était vu là-bas comme plus « israélo-compatible qu’Hubert Védrine ».

Silvia Cattori : Ce n’est donc pas la tendance gauche ou droite qui prime, mais le fait que tel politicien est clairement identifié comme sioniste ?

Paul-Éric Blanrue : Exactement. Les réseaux pro-israéliens ont misé sur Sarkozy depuis très longtemps mais ils n’ont pas mis tous les œufs dans le même panier. Ils ont leurs poissons pilotes dans tous les partis : Strauss-Kahn et Sarkozy, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. C’est la raison pour laquelle Sarkozy, aujourd’hui « roi des sionistes », arrive à débaucher des socialistes ou des centristes. La grille de lecture du gouvernement, c’est qu’il est sioniste et que la plupart les gens qu’il nomme, y compris dernièrement Frédéric Mitterrand, sont des amis décomplexés d’Israël.

Silvia Cattori : Ils peuvent aussi se montrer pro-israéliens par opportunisme ?

Paul-Éric Blanrue : Alors là, je n’ai pas du tout sondé les cœurs et les reins de Sarkozy et de tout son entourage ! Je pense que Sarkozy agit plus par opportunisme que par tradition familiale. Anecdote amusante, j’ai rencontré dernièrement, sur la place Péreire, près des Champs-Elysées, Patrick Buisson, un homme brillant, un des conseillers de Sarkozy durant la présidentielle. Sarkozy avait le choix entre capter les voix du centre ou capter les voix de l’extrême droite, c’est-à-dire les voix de Le Pen. Et Patrick Buisson qui, lui-même, vient de la « droite nationale » (il avait une fonction importante à l’hebdomadaire Minute) lui a conseillé de pêcher les voix de Le Pen. Seulement, pour prendre les voix de Le Pen, il fallait tenir un peu le discours de Le Pen sur les immigrés, les banlieues ; en parlant de les « nettoyer au karcher », il allait encore plus loin que Le Pen !. Mais comment faire pour ne pas être considéré comme raciste et pour qu’il n’y ait pas une campagne contre lui dans toute la presse française qui l’assimile à Le Pen ? Eh bien, c’est très simple : il se présente comme sioniste. Autrement dit, il a avec lui, par exemple, la LICRA (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme), dont le président est Patrick Gaubert, qui est un de ses meilleurs amis, un sioniste militant lui aussi. Vous voyez ?

J’ai remis mon livre à M. Buisson ; quand il a lu le titre, il m’a dit « Mais, vous savez, Nicolas Sarkozy ne se sent pas spécialement juif, il se sent immigré hongrois ». Je lui ai répondu : « C’est exactement ce que je dis, c’est par opportunisme, c’est par démagogie, ou en tout cas par intérêt politique, qu’il est allé vers le lobby pro-israélien, américain d’abord, pour ensuite faire sa tournée en Israël, et se présenter comme la valeur refuge des sionistes français ». J’ai ajouté qu’évidemment, comme il soutenait Israël, il espérait le soutien d’Israël en retour. Et là M. Buisson m’a dit « Ah, évidemment, c’est vrai qu’il soutient Israël, on ne peut pas dire le contraire ». Il disait ça sur un ton presque désabusé, mi-ironique.

Silvia Cattori : Pas de réactions judiciaires ? Pour bien moins, le simple sketch de l’humoriste Dieudonné en 2003 avait déclenché une avalanche de procès. L’Etat s’en était mêlé, ce qui avait conduit Dieudonné à être poursuivi par une ribambelle de tribunaux. L’antisémitisme trop galvaudé n’est-il plus un argument qui porte ?

Votre avocat, Maître John Bastardi Daumont, a qualifié le refus par le milieu de l’édition française de diffuser votre livre, de « censure par le vide » (10) N’est-ce pas là le signe que les droits fondamentaux sont menacés en France ? Peut-on parler de censure politique pour autant ?

Paul-Éric Blanrue : L’excellent et très courageux John Bastardi Daumont, qui bataille avec ardeur à mes côtés, a trouvé là le mot juste. Mais attention, mon livre n’est pas interdit, au sens légal, je ne peux pas parler de censure politique. Je ne connais pas la raison exacte pour laquelle il n’a pas été diffusé. Cela dit, mon livre est très posé, ce n’est pas du tout un pamphlet, je donne 500 références. Sa non diffusion en France reste donc une chose bizarre. Mais surtout, les journalistes français, eux, auraient dû en parler, auraient dû se dire « Tiens, un livre qui parle de Sarkozy qui n’est pas diffusé en France, c’est très étonnant ! » Or pas un journaliste français n’en a soufflé mot alors que, l’année dernière, quand j’ai publié deux livres - Carla et Nicolas, Chronique d’une liaison dangereuse et Jérôme Kerviel seul contre tous- j’ai eu une très large couverture médiatique.

On a voulu faire le silence total sur mon livre. Ce qu’ils ne savent pas est que mon livre en est déjà à la seconde édition. J’introduis des corrections, mon avocat y ajoutera une préface, où il expliquera dans le détail le concept de censure par le vide. On est en bonne voie pour trouver un diffuseur français. Le livre est traduit en anglais, en espagnol et en arabe.

Quant à l’accusation, fausse, d’antisémitisme, face à des gens qui ne le sont pas, elle ne porte plus du tout, en particulier chez la jeune génération. C’est un argument trop daté, qui a été trop utilisé. Les jeunes, sur internet, ont trouvé un petit gimmick pour se moquer des gens qui utilisent cet argument, ce sont les « points Godwin »... C’est comme un joker ; on dit : « Tu as utilisé l’argument d’Hitler tu as perdu, tu es éliminé automatiquement du débat » !

On l’a vu avec le livre de Pierre Péan sur Kouchner (11). Cela n’a pas marché. Cet argument ne fonctionne plus. Je suis totalement décomplexé et j’appelle les Français à l’être tout autant.

Silvia Cattori : Vous étiez-vous attendu à ce bannissement humiliant ?

Paul-Éric Blanrue : Ce n’est pas du tout humiliant ! Au contraire c’est honorifique ! Cela montre que j’ai vraiment touché la cible au coeur.

Silvia Cattori : Vous avez dit n’avoir peur de rien. Pourtant, j’ai noté que les gens qui vous lisent et vous apprécient ont peur pour vous. Ils vous qualifient de « courageux ». Ce qui laisse penser qu’il faut du cran pour parler d’Israël et de ceux qui légitiment ses crimes. Vous parlez d’une réalité très inquiétante, faite de manipulations et d’impostures dont l’objectif machiavélique n’est-il pas de préparer la prochaine guerre ? Cela vous honore mais vous expose ?!

Paul-Éric Blanrue : Ce livre est apprécié parce qu’il vient confirmer ce que les gens pressentent, comprennent, mais n’osent expliciter, ou ne le peuvent par manque d’information. En ce qui concerne la prochaine guerre, je crois effectivement qu’Israël se croit obligé, pour survivre, d’entretenir un climat belliqueux permanent. Il y a des divisions en Israël aussi. En fait, ce qui leur permet d’assurer leur cohésion, c’est la désignation d’un ennemi commun, hier Saddam, aujourd’hui Ahmadinedjad.

Silvia Cattori : L’échec de la politique du « Grand Moyen-Orient » de Bush, le discrédit et l’affaiblissement des USA, sont un sujet de préoccupation pour les autorités israéliennes. Sarkozy n’est-il pas arrivé pile, comme un miracle pour Tel Aviv ?

Paul-Éric Blanrue : Miracle préparé tout de même de longue date. Depuis la seconde Intifada, en 2000, ils ont misé sur Sarkozy, sur le bon cheval ; et lui, il a vu tout l’intérêt politique qu’il pouvait en tirer.

C’était donnant donnant. Lui, il s’est dit : je vais être porté au pouvoir grâce aux réseaux ; et les états-majors israéliens se sont dit : une fois que nos amis seront arrivés au pouvoir nous allons avoir un pays de plus dans notre escarcelle pour soutenir l’axe Israël/Etats-Unis.

Ils ont gagné sur toute la ligne, pour le moment. Leur seul problème est que Sarkozy n’avait pas prévu ce que dirait Obama. On pensait qu’Obama allait être un bon pro-israélien, un bon sioniste avec Emanuel Rahm à ses côtés.

Cela dit, attention, il se peut que Sarkozy soit comme le poisson pilote de Washington. Qu’il soit celui qui va plus loin que l’administration Obama pour tâter le terrain.

Silvia Cattori : Nous venons de le vérifier avec l’Iran ! Là où des dirigeants un peu rationnels, comme Obama, sont restés d’abord très prudents, réservés, les pro-israéliens, ce réseau sioniste que vous avez très bien identifié, les ont forcés à crier avec les loups. Sarkozy ne s’est-il pas ridiculisé en convoquant deux diplomates iraniens ? Voulait-il faire oublier ce qui est au cœur du problème : la Palestine ?

Paul-Éric Blanrue : Oui, bien sûr. C’est une opération de diversion par rapport aux excès de l’armée israélienne en Palestine. Les mêmes qui ont justifié Gaza, sont ceux qui vont défiler contre l’Iran. Sarkozy est ridicule mais, pour le moment, les Français ne s’en aperçoivent pas. Pour le moment, je suis l’enfant du conte d’Andersen qui dit « le roi est nu ». C’est un peu mon statut ; tout le monde voit qu’il est obsessionnellement pro-israélien mais personne n’ose le dire.

Silvia Cattori : Les plans de guerre de Sarkozy - Kouchner contre l’Iran sont-ils toujours sur la table ?

Paul-Éric Blanrue : C’est sûr qu’ils vont tout essayer pour déstabiliser ce pays dans les prochaines années. Israël a l’Iran en tête. La France va tout faire pour aider Israël. Mais je crois qu’avec l’Iran, ils sont tombés sur un os. Certains ont essayé de déstabiliser l’Iran de l’intérieur : ils n’y sont pas arrivés. Ils n’y parviendront pas. Il peut y avoir une guerre. Mais les Etats-Unis n’attaqueront pas l’Iran, je crois. Ils ont quantité d’autres possibilités pour déstabiliser l’Iran.

Silvia Cattori : Cette emprise du réseau pro-israélien en France s’est accentuée au moment même où, aux USA, les néoconservateurs avaient perdu de leur allant. Au moment aussi où Bush, l’allié d’Israël, battait de l’aile. Sarkozy ne s’est-il pas démené pour sortir Israël de ce mauvais pas ? Ne se prend-il pas pour le chef du réseau des néoconservateurs pro-israéliens dans le monde ?

Paul-Éric Blanrue : C’est une très bonne définition. Il est devenu le remplaçant de Bush. J’ai l’impression que la stratégie israélienne est une stratégie de fuite en avant désespérée ; je vois que les peuples du monde entier se révoltent. Souvenez-vous de la conférence « Durban II » [12]. Les sionistes s’y sont préparés durant trois ou quatre ans pour la déstabiliser. Ils ont fait un flop.

Le jour où les Etats-Unis comprendront qu’Israël leur est préjudiciable, ce qui lui pend au nez, c’est la fin du soutien financier et militaire. S’ils coupent les fonds, que va devenir Israël ? Ce n’est pas la France qui peut soutenir financièrement l’effort militaire d’Israël !

Silvia Cattori : L’accord militaire signé entre la France et l’Émirat d’Abu Dhabi, lors de l’inauguration par Sarkozy d’une base militaire, n’a-t-il pas placé la France aux avant-postes d’un éventuel conflit avec l’Iran ?

Paul-Éric Blanrue : C’est exactement le sujet de mon livre. Sarkozy met la pression sur l’Iran, parce que c’est un pays qui, sur le plan géostratégique, n’est pas contrôlé par les États-Unis. Jointe à ces raisons il y a la question métaphysico-politique d’Israël qui, lui, a ses propres intérêts. Je crois que Sarkozy est devenu plus pro-israélien que pro-américain. Il veut devenir le nouveau Bush.

Sarkozy nous entraîne dans une course effrénée vers la guerre.

J’aimerais maintenant que les questions graves que je soulève dans Sarkozy, Israël et les Juifs soient mises sur la table, que l’on puisse en discuter avec les responsables politiques. Et que l’on nous explique où nous allons maintenant que la France soutient Israël ! Rappelez-vous Kouchner qui avait proclamé en 2007 que l’alternative « c’est la guerre ».

Israël et ses amis sont persuadés que la guerre leur permet d’exister. Ils ne peuvent pas exister sans cela. S’ils ne bougent pas, ils se dégradent, ils se liquéfient. Ils sont obligés d’être toujours à l’attaque. S’ils sont dans la moindre position défensive pour Israël, ils sont perdants. Ils doivent attaquer en permanence. C’est pour cela qu’ils perdront.

Silvia Cattori : Sans Bernard Kouchner, sans sa diplomatie brutale, violente, sans son vernis « socialiste », Sarkozy aurait-il pu réussir à faire avaler aux Français cet asservissement total à Israël et cette formidable animosité à l’égard de tous les États qui représentent un obstacle au projet atlantiste, Tel Aviv - Paris - USA ?

Paul-Éric Blanrue : Les Français se désintéressent de la politique étrangère. Sans Kouchner, il y en aurait eu un autre, et ça se serait passé de la même façon. Sarkozy a été programmé pour accomplir un programme précis : il l’a fait. S’il cessait de donner des signes forts d’adhésion à Israël, il est probable que les réseaux qui l’ont aidé à accéder au pouvoir le laisseraient tomber. Il n’a aucun intérêt à les décevoir. Il va donc continuer, puisqu’il veut manifestement se faire réélire en 2012.

Silvia Cattori : L’appellation « Sarkozy l’Israélien » prend donc tout son sens ?

Paul-Éric Blanrue : Vous savez que ce n’est pas moi qui l’ai le premier appelé « Sarkozy l’Israélien », ce sont certains cercles israéliens.

Silvia Cattori : En conclusion, la politique de Sarkozy peut avoir de graves conséquences sur la politique intérieure, si la « Loi Martin Luther King », devait passer. Et, sur le plan extérieur, alors que l’indépendance de décision de la France a déjà été compromise par son retour dans le commandement intégré de l’OTAN, l’alignement de Sarkozy sur Tel Aviv conduit la France sur un chemin très dangereux : à se faire la complice de ces opérations de déstabilisation criminelles engagées par le Mossad, pour assurer - comme vous l’avez dit - le « climat belliqueux permanent dont Israël a besoin pour survivre ». C’est-à-dire à favoriser le déclenchement de nouvelles guerres. N’est-ce pas cela le plus grave ?

Paul-Éric Blanrue : En France, Sarkozy dirige tout, ou en tout cas, tente de le faire car en réalité ses moyens d’action sont limités par la crise, par l’Europe, etc. Il gesticule beaucoup. On l’entend tous les jours ou presque à la télévision, comme s’il était une speakerine. Mais même si ses moyens d’action ne sont pas aussi importants que certains le redoutent, il a encore la capacité de nous entraîner dans une nouvelle guerre, car il reste le chef des armées ! Sur ce plan, mon livre tire la sonnette d’alarme. Je veux informer les Français des risques encourus par notre pays. Plus la France soutient Israël, plus nous risquons d’entrer un jour en guerre à ses côtés, au Liban, en Iran ou ailleurs. Mais pour m’entendre, encore faudrait-il que mon livre soit diffusé dans mon propre pays ! Il y a des jours où je me demande où est passée la France. Heureusement, je suis optimiste de nature. Et, comme historien, je sais qu’aucun combat n’est jamais perdu d’avance, surtout dans notre pays, parfois long à la détente, mais qui a la tête dure.

Silvia Cattori


(*) Sarkozy, Israël et les juifs, Éditions Marco Pietteur, 2009 (sans diffuseur en librairie en France, vente exclusive par correspondance). http://www.oserdire.com/, http://sarkozyisraeletlesjuifs.blog....

(**) Figure du mouvement anti-impérialiste, Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ?, (Éditions Aden, 2005).


[1] La France participera au Blocus de Gaza, sindibad.fr, 24 janvier 2009.

[2] Carla et Nicolas : Chronique d’une liaison dangereuse (avec Chris Laffaille). Scali, 2008.

[3] Et Henri Guaino est, depuis le 16 mai 2007, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et l’auteur de tous ses discours.

[4] Elévé par Sarkozy, le 1er janvier 2009, au grade d’officier de la Légion d’honneur.

[5] Voir : http://www.dailymotion.com/video/x8...

[6] Visite officielle au Pape en décembre 2007.

[7] Voir sur :

- Raymond Barre : Raymond Barre se dit injustement accusé d’antisémitisme, saphirnews.com, 7 mars 2007.

- Tariq Ramadan : Oui Monsieur Tariq Ramadan est un antisémite, licra.org, 27 octobre 2003.

- Bruno Guigue : Bruno Guigue l’honnête homme, sanctionné, par Silvia Cattori. silviacattori.net, 26 mars 2008.

[8] Shlomo Sand : Comment le peuple Juif fut inventé », Ed. Fayard.

[9] Voir : Nicolas Dupont-Aignan : “Il est temps que la France sorte de l’OTAN”, par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 30 janvier 2007.

[10] Voir : LA CENSURE PAR LE VIDE - Réaction de Me John Bastardi Daumont, Avocat de Paul Eric Blanrue, auteur de "Sarkozy, Israël, et les Juifs", 30 mai 2009.

[11] Le Monde selon K., de Pierre Péan, Ed. Fayard.

[12] Voir : Le document final de Genève ne répond pas aux aspirations des peuples, par Silvia Cattori et Sandro Cruz, Réseau Voltaire, 28 avril 2009.


Silvia Cattori

"Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir." Albert Einstein

Tout citoyen doit savoir surmonter les obstacles qui l’empêchent d’aller voir de l’autre côté du miroir pour sortir de l’ignorance dans laquelle les pouvoirs étatiques et médiatiques cherchent à l’enfermer.

Rechercher la vérité avec honnêteté, avec courage, et qu’elles qu’en soient les conséquences pour soi-même, est le devoir de tout être humain et, particulièrement, de tout journaliste. 0ffrir une information indépendante et honnête, mettre à nu les diverses formes d’oppression contre des peuples laissés sans défense, peut contribuer à sauver des vies, à alléger des souffrances, à promouvoir la paix. Il faut savoir aller vers ces peuples martyrisés, qui, comme en Palestine, des gouvernements brutaux humilient, alors qu’ils aspirent à être reconnus en leur simple humanité et leur besoin de liberté. Car c’est de ce côté-là, que la vérité nous attend et qu’elle nous fixe avec tendresse.

Petite biographie

(JPG)Silvia Cattori, est journaliste indépendante de nationalité suisse et de langue maternelle italienne. Après sa formation à l’Institut de journalisme de l’Université de Fribourg, (dénommé Département de sociologie, Faculté des sciences économiques et sociales dès 1998) et un stage à l’Agence télégraphique suisse, elle s’est expatriée et a travaillé avec divers organes de presse. Les années qu’elle a passées outre-mer, notamment en Asie du sud-est et dans l’Océan indien, en contact étroit avec le milieu de la diplomatie et des agences des Nations Unies, lui ont donné une certaine compréhension du monde, de ses mécanismes de pouvoir et de ses injustices.

En avril 2002, elle se trouvait en Israël au moment où M. Ariel Sharon a lancé des sanglantes opérations militaires en Cisjordanie. Préoccupée par l’impact que pouvaient avoir les actes de guerre de l’armée israélienne sur les enfants, elle s’est rendue en Palestine occupée pour voir, de ses propres yeux, ce qui s’y passait. Ce qu’elle a découvert d’horrifiant dépassait tout ce qu’il est possible d’imaginer. Après quoi elle a consacré nombre d’articles pour témoigner des violences commises par l’armée israélienne, contre un peuple spolié, exclu, laissé sans protection, inexplicablement.

http://www.silviacattori.net/articl...

29 juin 2009 - Silvia Cattori

Le chat et la souris

jeudi 2 juillet 2009 - 06h:02

Khaled Amayreh - Al Ahram Weekly



Le comportement astucieux du Hamas fait que dorénavant on ne sait plus très bien qui chasse qui, explique Khaled Amayreh depuis Ramallah.

(JPG)
Ismaïl Haniyeh, Premier Ministre palestinien du gouvernement élu de Gaza, et Mahmoud Abbas, ex-président palestinien. Photo datant de mars 2007...

Le Hamas a envoyé des signaux de bonne volonté pour aider ou du moins réfréner l’obstruction aux efforts menés par les Américains en vue de résoudre le conflit israélo-palestinien et de créer un état palestinien sur des territoires occupés par Israël en 1967.

La semaine dernière, le Premier Ministre palestinien basé à Gaza, Ismail Haniyeh, a tenu une « réunion cordiale » avec l’ancien président étatsunien en visite, Jimmy Carter. Celui-ci a circulé dans l’enclave côtière, inspectant les ravages provoqués par Israël durant son assaut contre la Bande sous blocus.

Haniyeh a dit à Carter que le Hamas ne cherchait pas à empêcher ni à contrarier les efforts authentiques visant à mettre un terme à l’occupation israélienne et à parvenir à la paix. « Dans le monde, nous sommes le peuple qui souffre depuis le plus longtemps. On nous tue, on nous mutile, on nous humilie et on nous attaque brutalement tous les jours. Aussi personne ne souhaite autant la paix que nous le faisons. Mais il faut que ce soit une paix digne basée sur la justice et les droits de l’homme » a dit Haniyeh par le truchement d’un interprète. « Ceci étant dit parce que pour être véritable et durable, il faut que la paix repose sur la justice ».

A Damas, le chef du Bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, s’est exprimé sur le même mode, disant que le Hamas était prêt et disposé à donner aux efforts américains une chance de mettre fin aux 42 années de l’occupation israélienne.

Mechaal aurait déclaré à des diplomates occidentaux restés anonymes que le Hamas ne chercherait pas à contrecarrer des vrais pourparlers de paix entre l’Autorité Palestinienne (AP) basée à Ramallah et Israël, s’il apparaissait clairement que de tels pourparlers conduiraient à mettre un terme à l’occupation palestinienne et à la création d’un état palestinien sur 100% de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

Mechaal devrait prononcer un discours le 25 juin où il présentera les « nouveaux gestes » du Hamas envers l’administration Obama. Selon des sources au Hamas, Mechaal pourrait déclarer que le Hamas donnera au président étatstunien six mois voire un an pour qu’Israël cesse son occupation de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la Bande de Gaza. Il devrait également déclarer que le Hamas s’abstiendra de porter des attaques de résistance contre Israël pendant cette période si du moins Israël en fait autant, ce qui doit inclure un réel engagement d’Israël à cesser le blocus de deux années contre la Bande de Gaza.

Plus précisément, on s’attend à ce que Mechaal rejette dédaigneusement le discours prononcé par le Premier Ministre israélien le 14 juin dernier. Dans ce discours, Netanyahou posait des conditions draconiennes qui donneraient forme à un futur état palestinien mais le priveraient de toute substance. Le Premier Ministre a dit qu’Israël devrait exercer un contrôle étroit des frontières, des points de passage, de l’espace aérien, des relations extérieures, des ressources hydriques et des télécommunications de l’état palestinien envisagé. Il a dit par ailleurs qu’Israël maintiendrait son occupation du Jérusalem-Est arabe et refuserait d’autoriser le retour des réfugiés dans ce qui est aujourd’hui Israël. Il a aussi affirmé que les Palestiniens devraient reconnaître que le million et demi de Palestiniens qui sont citoyens israéliens n’ont pas un droit permanent de vivre dans leur patrie ancestrale.

Israël a pris quelques mesures formelles pour alléger son siège rigoureux de Gaza. Mais les sources palestiniennes et internationales se plaignent qu’Israël empêche toujours une masse de produits de consommation d’arriver à Gaza, apparemment pour faire pression sur le Hamas afin de lui extorquer des concessions concernant Gilad Shalit, le soldat d’occupation israélien fait prisonnier par des combattants de la résistance palestinienne il y a trois ans.

Israël a aussi refusé d’autoriser des matériaux de construction pour la Bande de Gaza, ce qui veut dire que la reconstruction de Gaza ne peut démarrer, du moins dans un avenir proche.

Il y a plusieurs raisons à la « campagne de modération » du Hamas. Il espère obtenir un forfait complet en échange de son attitude positive. Selon des sources bien informées à Gaza, la direction du mouvement espère que l’Occident, et spécialement l’administration Obama, lèvera ou du moins allègera ses sanctions contre le Hamas.

L’ancienne administration Bush avait adopté une approche dure et manifestement hostile au Hamas, classant le groupe de résistance comme organisation terroriste et criminalisant toute transaction avec le gouvernement du Hamas, malgré le fait qu’il ait été élu lors d’élections équitables et transparentes organisées à la demande pressante de Washington.

Mais lors de son discours historique du Caire aux musulmans du monde, début juin, le Président Obama a parlé du Hamas en termes relativement cléments.

On estime généralement que l’administration Obama n’insistera pas davantage sur la reconnaissance d’Israël par le Hamas comme condition préalable à tout contact entre les USA et le mouvement islamique palestinien.

En outre, le Hamas espère qu’un certain rapprochement avec les USA et l’Occident ferait également pression sur le régime de l’Autorité Palestinienne [AP] à Ramallah pour qu’elle cesse ses efforts pour isoler le mouvement. Cette semaine, le Président de l’AP, Mahmoud Abbas, aurait ordonné la libération de centaines de prisonniers politiques du Hamas détenus dans des prisons de l’AP en Cisjordanie.

Néanmoins Abbas n’a pas dit quand cette décision serait mise à exécution ni si elle concernerait tous les prisonniers, estimés à 800, y compris la crème de la crème de la direction civile et intellectuelle en Cisjordanie.

L’application de la décision ne paraît pas aisée. Les agences de la sécurité de l’AP semblent résister à la décision en intensifiant les rafles de partisans et de sympathisants du Hamas.

Selon des sources du Hamas, plus de 70 partisans du Hamas ont été raflés par différentes agences de sécurité de l’AP depuis la décision prise le 21 juin. En outre certains sites Web palestiniens ont rapporté que le général étatsunien Keith Dayton, qui supervise l’entraînement et la mise en place de forces de sécurité palestiniennes en Cisjordanie, a avisé Abbas de son opposition à la libération de partisans du Hamas.

En fin de compte, le Hamas espère que tous ces futurs développements pourront créer les conditions favorables à un accord d’échange de prisonniers avec Israël - où des centaines de prisonniers politiques et résistants, notamment le leader du Fatah Marwan Barghouti ainsi que des députés et politiciens du Hamas détenus - avec la libération du soldat Shalit détenu par le Hamas.

Il y a un autre élément qui contribue à la campagne de modération du Hamas. Les dirigeants du Hamas, qui représentent la force motrice de la classe politique palestinienne, sont convaincus que l’actuel leadership israélien n’a ni la volonté ni le désir de faire des pas importants vers la paix. Pour voiler son vrai discours, basé sur la corruption et le jonglage verbal, le gouvernement israélien continuera probablement d’évoquer la paix et de pousser à la reprise rapide de négociations de paix avec les Palestiniens pour des raisons de pures relations publiques.

Le Hamas estime donc qu’il est important et opportun de faire certaines démarches même bénignes, non sans cohérence avec ses principes et lignes rouges de toujours, comme la reconnaissance d’Israël, afin de dénoncer Israël et de démontrer à la communauté internationale, en particulier aux USA, que ce ne sont pas les Palestiniens, ni même le Hamas, qui sont le parti entravant les efforts de paix.

Plus précisément, la modération perçue chez le Hamas va sans doute encourager et renforcer la position de Mahmoud Abbas vis-à-vis du Premier Ministre Benyamin Netanyahou. Ce dernier a utilisé le différend Hamas-Fatah en guise de diversion face au rejet israélien de la solution biétatique et aussi à l’expansion continue des colonies juives de peuplement.

Cette semaine, le Ministre israélien de la Défense Ehoud Barak approuvait la construction d’au moins 200 unités de peuplement en Cisjordanie. La décision viserait à tester la résolution du Président Obama sur le dossier des colonies.

Le 22 juin, les Etats-Unis réaffirmaient leur opposition à l’expansion des colonies, notamment à Jérusalem-Est. Il reste cependant à voir si et quand les USA traduiront leur déclaration d’intention sur les colonies en mesures politiques tangibles

25 juin 2009 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article ici :

http://weekly.ahram.org.eg/2009/953...
Traduction de l’anglais : Marie Meert